Nikolay Davydenko… et moi, et moi et moi

By  | 17 octobre 2014 | Filed under: Légendes

Masters 2009Un joueur emblématique des années 2000 stoppe sa carrière, un joueur également emblématique des années SportVox pour les plus anciens d’entre nous. Voilà qui méritait bien qu’on s’y mette à plusieurs pour le saluer dignement. Alors… Au-delà de ses quatre demi-finales en Grand chelem et 21 titres, dont le Masters et trois Masters 1000, qu’a représenté Nikolay Davydenko pour vous ? La tribune est ouverte.

Nikolay et… Mariejo

La retraite de Nikolay Davydenko me fait ressentir une sorte de nostalgie. Elle me rappelle un peu l’époque de nos échanges compulsifs sur SportVox puis 15-love… Toute une époque avec les blagues « running gag » de Canape-Man et Karim à la clé ! Karim qui, au passage, a déjà consacré cet article au « nabot chauve de Severodonetsk », comme il l’a affectueusement surnommé !

Pour moi, voici ses matchs les plus marquants, palpitants ou même tout simplement époustouflants, ceux où son niveau de jeu rappelle pourquoi il a aussi été surnommé « PlayStation » ou « Mobylette russe » :

Contre Nalbandian et Federer à Roland-Garros en 2007. Contre Nalbandian, une démonstration de jeu rapide sur terre comme on voit trop peu, entre deux joueurs magnifiques de prise de balle précoce, chacun cherchant des angles improbables, décochant des revers faramineux… Un match de haut vol. Et, deux tours plus loin, la demie contre Federer, où le même Nikolay se montre incapable d’achever Roger après avoir eu un nombre de balles de break et de set incalculable… Un tournoi pour résumer les deux facettes de Davydenko, en somme.

Contre Nadal à Rome 2007 et Miami 2008. La demie qui oppose Davydenko à Nadal à Rome en 2007 est pour moi un de leurs meilleurs affrontement, tant le niveau des deux joueurs est élevé. Rafa était sur sa série record de victoires consécutives sur terre, et pourtant aura toutes les peines du monde à faire plier Nikolay (7/6 6/7 6/4). Le match le plus long en deux sets gagnants de l’année 2007, je crois. La saison suivante, ils s’affrontent en finale à Miami, et cette fois Davydenko donne la leçon. Pris de vitesse sur chaque frappe, Nadal est étouffé en deux sets.

L’ensemble de son Masters 2009. Un tournoi fabuleux où il bat Federer pour la première fois de sa carrière, en demi-finales. Il scalpe également Nadal et Soderling en poules, et finalement cueille del Potro pour le titre. Son niveau de jeu est simplement phénoménal.

Je garderai aussi le souvenir de l’homme au visage et à l’humour aussi froids que la Sibérie, mais qui savait également se dérider si l’occasion se présentait…. Il faut lire son blog écrit depuis Pörtschach en 2008 pour se rendre compte à quel point il peut se révéler impayable ! Les photos sont cultes ! Allez, la plus hilarante pour moi : « Je n’ai pas de contrat avec Prince parce qu’ils n’ont pas d’argent. La crise. Je sais que Prince a donné tout le pognon à Sharapova et qu’il ne reste rien pour les autres. »

e n’ai pas de contrat avec Prince parce qu’ils n’ont pas d’argent. La crise. Je sais que Prince a donné tout le pognon àà Sharapova et qu’il ne reste rien pour les autres.
e n’ai pas de contrat avec Prince parce qu’ils n’ont pas d’argent. La crise. Je sais que Prince a donné tout le pognon àà Sharapova et qu’il ne reste rien pour les autres.

Nikolay et… William

Miami 2008Plus petit que Gilles Simon et plus léger que Tommy Robredo, Nikolay n’avait pourtant pas son pareil pour quadriller le court de ses attaques rapides. Il courait vite et imposait un rythme difficile à tenir pour ses adversaires. Parmi ses différents faits d’armes, je retiendrai son plus bel exploit, un track record dont lui seul peut se vanter : mener dans ses confrontations directes avec Rafael Nadal.

Les deux hommes ont tout pour s’entendre. L’un est un brun à la chevelure sauvage, l’autre est chauve ; l’un est une boule de muscle et de testostérone, l’autre a les épaules voûtées et n’a certainement jamais entendu un « Nikolay, will you marry me ? » crié du haut des tribunes par une fan en ébullition ; l’un lifte à tout va, l’autre base son jeu sur des coups frappés très à plat pour ôter du temps à son adversaire. Il est Espagnol, il est Russe. Au terme de sa carrière, Davydenko est le seul et unique joueur à détenir un face-à-face positif dans ses confrontations avec Nadal, parmi ceux qui en ont disputé un nombre significatif : 11, pour un bilant de 6 à 5. Revenons ici en mots et en images sur trois des six victoires de Nikolay, le « pongiste » le plus célèbres des années 2000.

2008, finale du Masters 1000 de Miami : 6-4 6-2

Première victoire sur Rafa. Ce dernier avait remporté leurs deux premières confrontations, à la Masters Cup de Shanghai en 2006 et à Rome en 2007. Changement de surface et le score est sans appel : six jeux laissés à Nadal. Le match dure tout de même 1h30 mais l’Espagnol se fait manger sur ses jeux de services (seulement 60% de points gagnés sur son premier service et 40% sur son second). Quelques mois avant le sacre de son adversaire du jour en tant que numéro 1 mondial, Davydenko, pieds rivés sur sa ligne, multiplie les attaques avec son jeu tout en cadence et commet son premier crime de lèse-majesté. On note que le brave et gollumesque Nikolay n’hésite pas à venir conclure ses points au filet, ses volées liftées très personnelles et tout à fait immondes venant à bout du meilleur passeur du circuit. La vidéo du match.

2009, finale du Masters 1000 de Shanghai : 7-6(3) 6-3

Une année commencée dans la douleur. Forfait à Melbourne et pour les deux premiers Masters 1000 américains, il chute au classement et ne gagne des points qu’à Roland-Garros, à la faveur d’un quart de finale perdu contre, tiens tiens, Robin Soderling. C’est à partir de juillet que le chauve se réveille : titré à Hambourg et à Umag, huitième de finaliste à New York (la faute encore à ce satané Robin), titré à Kuala Lumpur. Il arrive à Shanghai dans de bonnes conditions et avec le dossard de tête de série numéro 6.  Son parcours est impeccable : victoires sur Kunitsyn, Gonzalez, Stepanek et surtout Djokovic en demi-finale. Face à lui, Rafa Nadal, qui mène toujours 4-2 dans ses confrontations avec le Russe. Mais Nadal n’avait pas rencontré grande adversité sur ce tournoi, notamment grâce aux abandons de Ljubicic en quarts et de Lopez en demies, et il ne s’attendait peut-être pas à tomber sur un os nommé Davydenko. Je me souviens bien de ce match, une rencontre totalement dominée par Kolya, un sens unique que le score ne reflète pas… d’autant que, contre le cours du jeu, Davydenko dut effacer deux balles de set à 4-5 au premier acte ! La vidéo du match.

2010, finale de Doha : 0-6 7-6(8) 6-4

Battre Nadal après avoir sauvé des balles de set ? Check depuis Shanghaï donc. A Doha, en janvier suivant, il passe à l’étape supérieure : le battre en perdant un set 6/0 et en sauvant balle de match au deuxième… Doha est certes un tournoi est de moindre envergure, mais la physionomie abracadabrantesque de ce match vaut le détour ! Début 2010, Davydenko a rejoint Nadal à 4-4 dans les face-à-face en l’éliminant en poule de la Masters Cup 2009. Au Qatar, le Russe tente de devenir le troisième homme à battre Federer et Nadal dans un même tournoi, après Djokovic (Montréal 2007) et del Potro (US Open 2009). S’il a sorti Fed en demies, la finale contre Nadal commence bien mal : implacable, Rafa empoche le premier set sans laisser le moindre jeu à son adversaire. Davy n’est pas grand mais il est vaillant, et son break d’avance dans le deuxième tient, tient… jusqu’à ce qu’il serve pour le set ! 5-5… Dans le tie-break, il mène encore 4-1 mais Nadal le rejoint finalement, 4-4. Balle de match sur son service pour le Majorquin à 6-5 mais Davydenko se rue au filet et le passing sort de peu ! Un coup droit gagnant, un revers gagnant et cela fait un set partout. Nadal fait le break en premier et mène 3-1, balle de 4-1… Mais Davydenko s’accroche, effectue ses fameuses volées de revers à deux mains et recolle au score ! De nouveau mené 30-0 sur son service à 4-4, Nikolay prend tous les risques. Le match est bouclé quelques minutes plus tard, Davydenko prenant de manière définitive l’avantage dans le head-to-head. Un match fou dans lequel Nadal aura tout vécu ! Un set d’avance, balle de match dans le deuxième, break d’avance dans le troisième… Mais la mobylette-mitrailleuse était lancée. La vidéo du match.

Que retenir donc de Nikolay Davydenko ? Un joueur terrifiant de régularité mais pratiquant un jeu à  haut risque, un gourmand de tournois carambars mais tout de même détenteur de grands titres et des scalps des plus grands de son époque. Le paradoxe Davydenko… Un personnage haut en couleurs et un joueur offensif : il avait tout pour plaire à la planète tennis ! Son plan de jeu simple aura fait des merveilles face à Rafael Nadal, et on peut mettre en parallèle ses performances avec celles de ceux qui pratiquent un jeu semblable au sien, par exemple Hewitt, Nalbandian ou Djokovic. Tous jouent – ou jouaient – vite et sans complexe face à l’ogre espagnol, avec les résultats que l’on sait. Son héritage est peut-être porté par Nishikori, l’avenir nous le dira.

Nikolay et… Sam

Indéniablement, Davydenko aura marqué l’histoire médiatique de son sport, jusqu’à cet aboutissement ultime, son fan absolu, Canapé Man, totalement à son image. Il y a le tennis, et puis la carrière de Davy en conférences de presse, une sorte de Roddick de l’Est, un bon bougre, intelligent et rafraîchissant.

« I will play the same way in my next match against Roger Federer or Tommy Haas. If I lose the first two sets, I will try to win the third set, if I don’t, then OK. »

« Who cares about Davydenko ? He didn’t win a Grand Slam, was not number one. » [on peoples conception of himself]

« She’s my wife, not my girlfriend. Maybe for her it is better. For me, she’s still the same girl, just my wife. » [on if marriage has changed him]

« They asked my wife : how many kilometres from this street do you live? And she replied ’3,000′. It was funny. Some of the questions these guys were asking, for us they were funny. »

« Wimbledon is the world’s most boring tournament. There’s hardly anything to do apart from tennis. You constantly find yourself yawning – there’s no entertainment here. »

La suite ? Futur député ? Joueur de poker pro ? Pêcheur ? … Longue vie à toi, Nikolay !

Quelques chiffres en vrac

1 : Masters Cup, remportée en 2009, en abattant ce qu’il se fait de mieux (Nadal, Soderling, Federer et del Potro).

1 (bis) : Coupe Davis, remportée en 2006 avec la Russie.

3 : ses victoires en Masters 1000 (Bercy 2006, Miami 2008 et Shanghai 2009).

4 : demi-finales en Grand chelem (Roland Garros 2005 et 2007, US Open 2006 et 2007).

5 : années consécutives dans le top 10 mondial en fin d’année. Entre 2005 et 2009, avec un meilleur classement en carrière en 2006, 3e.

21 : titres ATP… pour 28 finales jouées ! Tout simplement le meilleur ratio parmi les joueurs à plus de 20 titres ATP.

X : une quantité indénombrable de « petites phrases qui tuent ».

A la tienne Kolya !

About 

Tags:

269 Responses to Nikolay Davydenko… et moi, et moi et moi

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis