Ernests Gulbis, Apocalypse Now
Je me souviens de la première mention condescendante que je lus jadis à propos d’un jeune Letton « qui n’avait qu’un service ». C’était quelques années avant son arrivée sur le devant de la scène, et ça n’avait guère de quoi m’allécher. Je ratais sans remords les matchs qui firent ensuite tant jaser à Roland-Garros et Wimbledon en 2008.
Un faquin qui sévissait sur un site que je fréquentais alors se plaisait d’ailleurs à banaliser l’art de mon protégé Richard au détriment du véritable « génie », celui démontré selon lui par Gulbis. Quand je parcourus d’un œil suspicieux une interview dudit prévenu, je ne fus pas surprise de découvrir que le coup favori de Gulbis était alors l’amortie, symptôme assez classique des emmerdeurs foutraques aux nerfs fragiles, catégorie « je comprends pas pourquoi ça marche pas aujourd’hui, à l’entraînement je le réussis sans problème ». Le faquin poursuivait son prosélytisme dans les commentaires, vantant le fameux service en des termes si dithyrambiques que je me hasardais à presser la souris pour cliquer le lien à l’appui, un scepticisme bien senti en bandoulière. Je tombais sur une vidéo silencieuse de quelques minutes en super-slow motion que j’ai cherché en vain à retrouver sur la toile pendant des années. Le lancer de balle à lui seul durait peut-être une dizaine de secondes.
Et la Lumière Fut.
La fougue inouïe du tamis foudroyant la balle, la vibration de météore conférée à l’objet fonçant dans le silence avec la même solennité muette qu’une explosion dans l’espace, laissait un sillage de comète sur ma rétine. Il est aujourd’hui encore rémanent. La sensation de vitesse du geste crépitait comme une fournaise alors même que le temps réel s’étirait, au rythme des services égrenés en ralenti extrême pendant de longues minutes.
La façon dont le corps plongeait vers l’avant son élan jusqu’à l’âme, propulsant la jambe d’un bon mètre dans le terrain, évoquait l’effet d’une explosion cosmique, le coup de pétard céleste d’un artificier à grande échelle, façon « Taadaaa », cuivres et cymbales, 2001, l’Odyssée de l’Espace, Zarathoustra, le Nouveau Monde, vous voyez ce que je veux dire.
Ou encore, ça :
Avec sa belle gueule d’apôtre à bouclettes, l’évangéliste voyou de la raquette avait désormais quelques arguments à faire valoir pour m’intéresser à son cas.
Quand je confessais en ces lieux mon envoûtement pour le Saut de l’Ange de Gulbis, on me répondit bof. On m’opposa perfection Federer (indeed), idiosyncrasies inélégantes… La vidéo avait disparu et je ne pouvais qu’arguer dans le désert de la puissance incomparable, du caractère indiciblement romantique (car irrémédiable) de la chute vers l’avant, de la plongée vers le soleil qui s’en dégageait.
A l’heure de développer ma taxinomie élémentale du tennis, pour alourdir le dossier qui voue au feu le bel Ernests, j’aurais pu scruter les anecdotes pittoresques, ajouter des dimensions psychologiques et comportementales à charge et à décharge (oh l’absurdité de la préparation du nouveau coup droit made in mouette qu’il nous commit ensuite pour sa repentance !). Cette seule pièce me suffit.
Elle précise la notion de durée et d’équilibre qui fonde ma distinction entre les joueurs aériens, quelle que soit leur rapidité objective, et les joueurs incandescents.
Même quand on filme à vitesse normale, Federer est tellement beau, tellement harmonieux, tellement en contrôle que son geste se déploie dans un éternel ralenti. C’est le moment qui passe à l’éternité, le highlight fait homme.
Même au suprême ralenti, l’énergie crépitante d’Ernests ronge les pixels, se rue dans le brasier, proclame l’éphémère, annonce la chute.
Bonus
Une autre vidéo en slow-mo de l’unique service-saut de l’ange de l’ATP.
A passer en mute, en même temps que ça
Puis une deuxième fois.
Bonus
En finale de Marseille 2013, Ernests et Jo Wilfrid atomisent les balles et l’esprit de la lime
Tags: Gulbis, Insolite
Par contre au filet il assure pas mal aujourd’hui Domdom !
Par contre en slice de revers y a du déchet ! C’était très bien à Rotterdam pourtant….
Du fond, en attaque, il est quand même très très fort.
superbe retour de revers llg gagnant ! C’est ce qui marche le mieux en revers . Et maintenant en 2 temps, gros winner en CD !
Un trsè bon retour sur une très bonne 1è et Domdom se procure une balle de set !
Et une autre ! BA sent la pression…
Aie « une faute inutile » de Domi en revers.
Et une bonne 1è de BA pour aller au TB !
Parfait ! la terreur des TB Domi prend le mini break avec un point magnifiquement négocié !
Rhhooo le boss ! Audace et patience en parfait équilibre !
Le boss ! les winners qu’il met dans ce TB, domi !
Ah le culot de ce môme ! Yo !
« la volée de tous les dangers » comme y disent.
Super bien sauvée de BA, avec une attaque en revers llg.
Impeccable à la volée aujourd’hui ! une nouvelle balle de set.
Par contre ça paye pas quand il temporise, 2 fautes inutiles et balle de set BA.
Et vendange de Domi, il s’en sort bien BA, sauvant 3 balles de set sur son service et une sur une 2è balle de Thiem.
Côté positif : le service, le coup droit d’attaque et la volée
Côté négatif : le retour, le revers, des fautes en coups d’attente.
BA loin d’être imprenable, en particulier pas top au service, mais là il est très loin des meilleurs pour en tirer parti, Domi.
Le tennis est injuste.
Roberto, c’est un livret de Caisse d’épargne bien rempli. Il ne faut pas s’attendre à de gros rendements mais, au final, quand tu comptes les noisettes, c’est toujours positif.
rebelote les couilles mammouth pour sauver une BB. Le service va toujours;
Par contre BA enfonce le clou et il n’est pas fatigué, lui.
Divinité du revers pour sauver la 2è BB.
rahha saloperie de filet ! 3è BB !
Je crains que Thiem ne commence à s’épuiser à ce jeu-là.
Oui je pense qu’il manque encore un peu de condition, avec sa préparation qu’il n’a pas pu faire avec sa crève.
Et l’ace qui fait du bien ! C’était chaud.
Bon, les fautes qui n’aident pas… 1er break du match BA.
Il prend rarement un risque, mais quand il le fait, c’est payant. Pas mal l’analogie Caisse d’Epargne, surtout avec sa tête de rongeur.
Ca va être dur. Domi est un peu émoussé, et BA joue mieux et sert mieux qu’au 1er.
Et voilà, il baisse physiquement…
Domi doit être vraiment cuit. Il arrose de plus en plus.
Par contre il fait l’effort au service, c’est déjà ça.
Ce n’est pas être grand voyant que de dire que Thiem n’est pas un joueur d’indoor. Mais, comme Rafa, il s’améliorera avec le temps.
Il n’a pas été très bon en retours, je ne sais pas où en sont les stats mais cela me semble insuffisant.
Disons comme d’hab… Il n’est pas terrible en retour, j’avais vu un mieux dans le match contre Gulbis à Rotterdam mais globalement c’est un point faible.
C’est sûr que pour l’instant, la terre est loin devant.
Mais bon, je vais regarder le verre à moitié plein : il est en net progrès dans ce match sur 2 chantiers d’envergure, le service et la volée ; il est en dessous de ses standards en fond de court malgré un certain nombre de points de toute beauté, surtout en revers.
Je pense que pour l’instant, son équipe voit les choses comme ça : pas le moment de se mettre dans des situations confortables pour engranger, tout au contraire. Il n’aime pas trop l’indoor, on lui colle Rotterdam/Dubai/Marseille, qui dans leur catégorie sont des poids lourds. Il manque de foncier, il joue le double (il est encore en lice en double, il a joué 2 matchs hier). Je suis d’accord que le double est d’actualité pour le triptyque service-retour-volée, mais s’ils ne lui ménagent pas un break de foncier à un moment, ils vont l’user moralement. déjà l’an passé il a eu son passage en burn out (et malgré tout réussi à accrocher la finale à Kitzbühel puis un 1/8è à l’USO dans cet été)…
Le « problème personnel » de Gaël semble être toujours là à sourire niaisement au bord du court. Et son problème personnel, contrairement à ce qu’il affirme, à un impact plutôt positif sur son tennis.
Dologomolotov se rachète une santé lui aussi, toujours à Delray Beach.
Il suffit de l’écrire pour qu’il se retrouve mené d’un break dans le troisième…
Il a dû être pas mal, Young (ou alors Dolgo était très mauvais ?)
Je me suis régalée avec Halep – j’aime bien Gretchen comme faire-valoir, c’est quand même sympa une fille qui a de la consistance.
Nathan : pour « le problème personnel » de Monfils, qui a l’air content de lui d’après l’interview, je m’inscris en faux tout à fait intuitivement et fais ma Jacques Brel de service : c’est tout de sa faute quand ça foire, et quand ça va bien, c’est Gilou et Coach de Witt. Y a qu’à lire ses dernières interviews, à chaque fois il fait un petit descriptif du jeu de l’adversaire, une analyse très « pieds sur terre » et assez fouillée de sa prestation, il s’envoie des fleurs…. Cette association lui fait du bien !
Donner un plan de jeu à Monfils, une certaine sobriété, tout en le laissant s’exprimer, et le convaincre d’être plus offensif, c’est de la haute voltige ! Les coachs précédents s’y étaient cassé les dents (je suis tombée sur un forum recensant les articles de presse sur Monfils depuis la nuit des temps, en ai relu un bon bout… j’étais surprise de constater le discours de Champion, Wino, Rasheed, parlant toujours d’offensive, et de lire que Monfils avait déjà tenté de monter à la volée 30 fois par match… tout ça partant aux oubliettes. Et là : « »J’essaye d’être plus agressif et de chercher de nouvelles choses. Je tente de pousser quand j’ai un bon service, et je fléchis plus les jambes. Il s’agit d’un effort de concentration différent, il faut changer les schémas. Par exemple, lors de mon premier match, j’ai mal servi. De plus, mon coach (Jan De Witt) n’était pas content de l’aspect physique que j’avais dans les échanges. J’ai donc modifié tout ça, d’autant plus que c’est plutôt facile pour moi.(..) Je joue de mieux en mieux au filet. Avant, on me poussait à le faire mais d’une façon qui ne me convenait pas. Je suis désormais beaucoup plus relax, et ça me plaît. Mais ce n’est pas pour autant que je rate… Je dirai même que j’ai une petite main assez sympathique ! Je sens mieux le jeu, ce que je ne parvenais pas à faire avant. J’ai beaucoup moins la pression, j’y vais désormais au flair, avec mon idée. « )
Il avait jamais gagné plus d’un match à Marseille je crois, et là il est bien parti pour la finale (il rejoue BA qu’il a battu à Rotterdam).
Pour la Coupe Davis, j’aimerais beaucoup que Clément l’aligne en simple avec Simon, réservant Richard pour le double (je ne pense pas qu’il le laissera faire tapisserie en titularisant un double de spécialiste, surtout vu que Bennet revient de blessure)
Alors sinon le débrief de Domi : « 6:7, 3:6 contre Roberto Bautista Agut. Le match a été en gros globalement ok sur le plan du jeu. Mais pour le moment je suis vraiment exaspéré d’avoir laissé filer 4 balles de set dans le 1er set. Il a simplement fait parler son expérience. et je n’ai pas su mettre la pression de manière assez constante. Pour le niveau, c’était quand même un progrès. Avant tout je remarque que chaque jour, je regagne un petit peu de terrain sur mon déficit de foncier. Demain Fleming/Marray pour une place en finale du double. »
Je suis étonnée de ne pas le voir plus sévère avec ses fautes en revers, mais peut être qu’il les attribue à ce manque de condition (qu’est ce que ça devait être !)
Mais bon. S’il peut voir la lumière au service, c’est un moindre mal, et ça devrait revenir !
Apparemment, Monfils ne jouera pas le premier tour de la Coupe Davis, pour raisons personnelles.