On les attendait : et maintenant ?

By  | 20 avril 2015 | Filed under: Regards

Tomic - Raonic, young gunsIl y a désormais presque quatre ans, j’ai publié un article mettant en avant des jeunes joueurs, la fameuse équipe des « Attendus au tournant ». Je profite du début de saison sur terre battue pour dresser un  rapide état des lieux. Il est toujours amusant de retomber sur ses prévisions quelques années plus tard… Attention, certaines chutes sont bien vilaines… C’est l’heure d’un bilan partiel !

  • Milos Raonic

Fin 2011, le Canadien était Top 30, avec un titre en poche. Il a depuis gagné 5 titres de plus, soit grosso modo un par an. Il faut ajouter à cela 7 finales de plus, dont deux en Masters 1000 (Montréal 2013, Paris-Bercy 2014). En Grand chelem, Raonic a obtenu comme meilleurs résultats une demi-finale à Wimbledon 2014, un quart de finale à Roland-Garros la même année et un autre quart lors du dernier Open d’Australie. Le bilan est donc correct, même s’il coince régulièrement face aux top players. Un point sur sa collection de scalps : il bat Andy Murray trois fois (deux fois en 2012, une fois en 2014), Berdych trois fois (2012, 2013 et 2014), Federer une fois (Bercy 2014) et enfin Nadal une fois, à Indian Wells cette année. Seul Novak Djokovic lui résiste pour le moment, malgré des matchs parfois serrés. Depuis 2011, la popularité du protégé de Ljubicic n’a pas augmenté, bien au contraire. On s’amusait alors de voir débarquer de nulle part ce grand dadais à la première balle furieuse, mais aujourd’hui la recette parait bien indigeste. Une tendance à jouer de plus en plus au filet commence à se faire sentir, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais je trouve encore que le gaillard manque sacrément d’arguments… Il reste encore très perfectible et il est tout à fait possible de le voir remporter un Grand chelem. Il est actuellement 6e mondial.

  • Aleksandr Dolgopolov

La courbe inverse de celle de Raonic. L’électron libre du circuit a régressé au niveau du classement : il était 17e lors des « Attendus au tournant » et il pointe désormais à la 65e place. A l’époque j’avais écrit que je le voyais entrer dans le top 10 en 2012, avant de me raviser peu avant la parution de l’article pour y ajouter le revers de la médaille : « En ce qui le concerne, 2012 sera une année pile ou face : soit il intégrera le Top 10, soit il sortira du Top 50″… C’est malheureusement la deuxième option qui a été retenue. C’est bien dommage car il semble faire l’unanimité en sa faveur et le circuit a besoin de joueurs comme lui, originaux et inspirés. Depuis 2011, un maigre titre gagné à Washington et trois finales perdues. En Grand chelem ce n’est pas mieux : quelques troisièmes tours pour meilleurs résultats… Mais le frelon ukrainien reste très dangereux sur un match, en attestent quelques victoires de prestige : Tsonga en 2012, Nadal, Ferrer et Wawrinka en 2014.

  • Ryan Harrison

Là, c’est le désert…  Mea culpa, j’avais essayé de vous le vendre… Je l’aimais bien, moi, ce stéréotype d’Américain bonhomme. Je vantais en 2011 la qualité de son service, et Ryan pointait alors au 76e rang mondial. A son meilleur ? 43e, en 2012.  Aujourd’hui ? 119e… Aucun titre en simple, aucune finale. Jamais mieux qu’un deuxième tour en Grand chelem, même s’il faut préciser que le bougre est un véritable chat noir et un habitué des premiers tours dont personne ne veut. La recette est maigre pour Harrison ! Heureusement pour lui il est encore relativement jeune (22 ans) et tout est encore possible pour lui. Mais je dois bien avouer que je n’y crois plus vraiment…

  • Kei Nishikori Kei+Nishikori+Mutua+Madrid+Open+Day+7+FM414-nOqJMl

Voilà ! Enfin un joueur dont il y a des choses à dire ! Pour être tout à fait honnête, je ne lui trouvais pas grand-chose, au Japonais, lors de la parution du premier article. Il ne m’emballait pas et je ne comprenais pas bien ce qui pourrait faire de lui une future bête. Il m’a fait mentir et même plus ! C’est simple, maintenant je l’adore. Je ne vais pas revenir sur son style, pour cela je vous renvoie à l’excellente série d’articles de Patricia sur la pépite nippone, faisons plutôt le bilan de ses haut-faits. 30e mondial en 2011, il a brièvement culminé au 4e rang à l’issue du tournoi de Miami. Après Attendus au tournant, il atteignait la finale du tournoi de Bâle en battant au passage le numéro 1 mondial, Djokovic. Depuis, c’est 7 titres de plus au compteur et 3 finales perdues, dont deux majeures malheureusement, à Madrid et à l’US Open l’année dernière. Je vais lui trouver des circonstances atténuantes : à Madrid, il mène un set et un break contre Nadal avant de se blesser ; à l’US Open, il sort Raonic et Wawrinka en cinq manches, puis Djokovic en quatre, en finale contre un Cilic en état de grâce, il n’avait plus de jus… Il a aussi atteint les quarts de finale à Melbourne cette année. Pour sa première participation au Masters, il accède à la demi-finale à la faveur de victoires sur Ferrer et Murray. Niveau victimes, Kei est le bourreau le plus prolifique de ma promotion : Tsonga, Ferrer, Berdych, Federer, Raonic, Wawrinka, Djokovic, Murray… Il ne lui manque plus que Rafa ! A long terme, je pense que Nishikori est celui qui peut viser le plus haut.

  • Bernard Tomic

L’un de mes préférés. Atypique, unique, fantasque, branleur, tête à claques, fumiste… Vous situez l’énergumène. En 2011 Bernie explosait et depuis… Et depuis on cherche un peu parmi les débris. Je suis sévère, car l’Australien doit avoir son lot de problèmes personnels vu le paternel qu’il se trimballe. Pour ceux qui ne verraient pas de quoi je parle, je vous laisse chercher des images de l’ex-sparring partner de Tomic, Thomas Drouet. Malgré ces déboires, parfois indépendants de la volonté de l’intéressé, Tomic a remporté deux titres pour trois finales. En Grand chelem, rien de mieux que trois petit huitièmes de finale… 2015 semble être une bonne année pour l’ami Bernie, qui vient d’atteindre son premier quart de finale en Masters 1000 à Indian Wells, et qui était à un cheveu d’éliminer Berdych cette semaine à Miami. Niveau scalps, ce n’est pas la folie, même s’il y a du bon : Gasquet à Wimbledon (2013), Ferrer à Indian Wells (2015). 44e mondial fin 2011, il est aujourd’hui 29e. Comme Harrison, Tomic est encore relativement jeune et a le temps de se reprendre. C’est du moins ce que j’espère parce que le tennis qu’il pratique m’emballe vraiment, comme son fameux « tu-crois-que-c’est-un-coup-droit-mais-bim-c’est-une-amortie ». Allez, pour le plaisir et la tête d’ahuri de Julien Benneteau je vous la remets.

  • Donald Young

Bon, là, y a du boulot… Plus simple à vendre qu’Harrison mais quand même… L’Américain se traine et ne fait plus recette. C’était la mauvaise pioche de  ma sélection 2011, encore une fois avec son compatriote Harrison. Il a pourtant une belle patte et des velléités offensives agréables. Une maigre finale atteinte depuis 2011, perdue face à Karlovic, c’était cette année. En Grand chelem, guère mieux : depuis son huitième à l’US Open perdu contre Murray, c’est le vide : deux troisièmes tours, à Melbourne et à Paris, en 2014. En Masters 1000, il pleure aussi, presque uniquement des défaites au premier tour. Et contrairement à Tomic ou à Harrison, lui a déjà 25 ans… A oublier je pense. 41e mondial fin 2011, il est désormais au 44e rang. Stagnation pure et simple.

  • Grigor Dimitrov dimitrov2

Je  n’étais pas fan de lui à l’époque et je ne le suis toujours pas. Ce n’est pas qu’il m’insupporte, mais il m’indiffère tout à fait. On connait son calque de Federer, mais depuis quelque temps je trouve qu’il ressemble en fait de plus en plus à Monfils. Les glissades à tout va sur dur, l’envie de paraître dans les Shots of the day du site de l’ATP, d’énormes capacités défensives, une bonne première balle… Je n’ai jamais vraiment cru en lui, alors je suis un peu sévère avec lui, je vous le concède. Mais rendons à Grigou ce qui appartient à Grigou ! Depuis 2011, Dimitrov c’est 4 titres (sur quatre surfaces différentes) et 3 finales de plus. En Grand chelem, c’est en 2014 qu’il obtient ses meilleurs résultats avec un quart à Melbourne et une demie à Londres. Notons aussi deux demi-finales en Masters 1000 cette même année, à Rome et à Toronto. Il a déjà scalpé Djokovic à Rome en 2013 et Murray à Wimbledon en 2014. 70e mondial au moment du premier volet, il occupe désormais une belle 11e place, après avoir été 8e l’été dernier. Le problème, on en a parlé il y a peu sur 15-love, c’est un manque d’identité même si je ne suis pas tout à fait d’accord. A part la gestuelle, je trouve que son jeu n’a rien à voir avec celui de Federer… Rasheed ne lui fait certainement pas du bien. Peut-être que le Bulgare se regarde aussi un peu trop dans le miroir, je ne sais pas…

  • Benoît Paire

Le dernier de ma promo ! Au propre comme au figuré d’ailleurs… C’était mon coup de poker à l’époque, et on m’avait dit que quitte à placer un Français, autant évoquer plutôt Mannarino. Mais je tenais à mon Benouze ! Un pari presque gagné car en 2012 ce n’était pas grandiose – malgré une finale atteinte en 250 – mais c’est en 2013 qu’il a trouvé son rythme de croisière : une nouvelle finale et deux troisièmes tours en Grand chelem, à Paris et à Londres, ses meilleurs résultats à ce jour. Il en avait aussi profité pour battre del Potro à Rome et ainsi accéder à la demi-finale. Depuis il a longtemps été blessé et il prend désormais le risque de repartir sur une tournée de Challengers, avec de très bons résultats. Très tête à claque lui aussi, mais talentueux et original, c’est un peu le Tomic made in France… Il était 111e mondial à l’époque, il est maintenant 85e (il a atteint le 26e rang mondial fin 2013).

Que retenir des résultats de notre joyeuse bande de bras cassés ? Je pense qu’il faut voir le verre à moitié plein. Nishikori et Raonic cartonnent, Dimitrov c’est du très bon aussi, Tomic est en embuscade, Dolgopolov reste un piège pour tous. Paire est un cas un petit peu à part car blessé, mais Young et Harrison déçoivent, il faut bien le dire. Les ajustements nécessaires à leurs progressions respectives sont parfois minimes (Nishikori, Raonic, même si le travail physique pour adapter un jeu vers le filet est un gros chantier, Dolgopolov), souvent d’ordre mental voire psychologique (Tomic, Paire, Dimitrov). Je continue d’en suivre certains avec plaisir et il ne faut surtout pas faire l’erreur de les enterrer trop tôt ! Et puis le plus sympa dans ce genre de prévisions, c’est justement l’imprévisible : Coric, Janowicz, Goffin, Thiem, Kyrgios, perso je ne les avais pas vu venir !

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A fait l'acquisition d'un revers à une main et vit d'un amour sans fin pour la famille des talents au bras juste. Mon carré d'as : Agassi, Safin, Kuerten, Federer...

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