La fin de la malédiction ?

By  | 24 novembre 2016 | Filed under: Actualité, Coupe Davis

stock-photo-valencia-spain-november-the-davis-cup-trophy-on-display-at-the-valencia-open-on-november-40555363

 

Vous l’ignoriez peut-être (ou même sans doute) mais le dernier évènement majeur de la saison se déroule ce week-end avec la finale de la Coupe Davis. Autrefois passage incontournable du calendrier, la compétition a, il est vrai, perdu de son prestige face à un calendrier de plus en plus chargé par ailleurs. Malgré tout, la finale, qui se déroule en Croatie en indoor rapide, réunira encore cette année un plateau intéressant avec le numéro 6 mondial (Cilic), le numéro 20 (Karlovic) et l’un des hommes forts de la deuxième partie de saison, à savoir Juan Martin Del Potro. Présentation rapide des 2 équipes, sorties victorieuses de deux parcours très relevés.

 

Argentine

Commençons par l’équipe favorite des cœurs à défaut d’être favorite des bookmakers.

Après une mise en bouche raisonnable face à la Pologne, équipe valeureuse qui a encore sérieusement accroché l’Allemagne en barrages mais limitée en dehors du double, l’Argentine a dû sortir l’Italie chez elle, avec Del Potro uniquement disponible en double, et surtout la Grande-Bretagne, grande favorite du tournoi et tenante du titre.

Evidemment, le retour de Del Potro de plusieurs années de galère n’est pas pour rien dans ce retour au premier plan de l’Argentine qui semblait vouée à une période difficile avec une génération moins prometteuse. C’est d’ailleurs un des paradoxes de ce réservoir argentin avec 9 joueurs dans le top 100 mais aucun dans le top 40 en dehors de Del Potro, 38 ème.

Mais ce serait oublier que l’Argentine sans lui a terminé à un match de la finale l’an passé et qu’il n’a apporté « que » 2 points cette année (1, capital, en simple et 1 en double).

Ce retour au premier plan doit aussi beaucoup au capitaine argentin, Daniel Orsanic (qui a par ailleurs des origines croates), intronisé depuis début 2015 : alors que face à un réservoir aussi variable, il aurait pu faire le choix de privilégier régulièrement la forme du moment, il a choisi de toujours aller dans une logique de groupe, construit pas à pas et sans faire de coupures brusques même s’il a pu ponctuellement faire des petites retouches, sans grand succès d’ailleurs (Monaco en Italie). Il va au bout de sa logique avec cette finale où il continue de faire confiance à Mayer et Pella, pourtant en méforme sur le circuit, alors qu’il avait sous le coude Diego Schwartzman (finaliste à Anvers récemment mais décevant l’an passé en Coupe Davis) ou Horacio Zeballos (6 tournois de double dont 3 sur le circuit principal depuis juillet). Dans un pays où la passion prend souvent le pas sur la raison et où il est souvent critiqué pour ses choix anti-conformistes, c’est peut-être ça finalement la grande révolution. Un petit tour de table rapide des joueurs.

 

Juan Martin Del Potro (ATP 38) : finaliste olympique, vainqueur à Stockholm, il a battu à 4 reprises un top 5 cette saison et revient en forme au meilleur moment pour aider son équipe, avec notamment un match épique face à Murray en demi-finale. Seul hic : sa forme physique laisse penser qu’il ne pourra pas jouer les 3 jours, contrairement à Cilic.

Federico Delbonis (ATP 41) : c’est un peu Boudu sauvé des eaux. Avant son dernier tournoi de la saison à Bâle, il n’avait qu’un seul match sur le circuit principal depuis mi-mai, péniblement face à un obscur US au premier tour de l’US Open et il n’avait d’ailleurs pas été utilisé lors de la demi-finale en indoor face à la Grande-Bretagne. Mais un bon dernier tournoi à Bâle et le souvenir de sa très bonne prestation face à l’Italie en quart lui permettent finalement, non seulement de rester dans le groupe, mais même d’être titulaire pour le premier match face à Cilic. A noter également qu’il avait sérieusement accroché Karlovic lors de leur match à Tokyo il y a un mois et demi (défaite 6/7 7/6 6/7).

Guido Pella (ATP 72) : en grande difficulté sur le circuit (en dehors du forfait de Gasquet, il reste sur 1 victoire en 12 matchs), il a toutefois été un des grands artisans de la qualification avec sa victoire face à Edmund.

Leonardo Mayer (ATP 137) : Totalement en perdition cette saison, il a toutefois toujours bénéficié de la confiance du capitaine argentin qui n’a pas hésité à l’aligner lors du match décisif face à Dan Evans. Il faut dire qu’il reste sur 9 succès en simple en matchs à enjeu en Coupe Davis, une confiance très différente de celle qu’il peut dégager sur le circuit. Avec son service particulier, il reste un des Argentins les plus efficaces en indoor et il vaut mieux que son classement (il a été 21 ème à l’ATP il n’y a pas si longtemps).

 

Le point fort : la capacité à faire le bon choix. Souvent en difficulté dans les pronostics, Orsanic a pourtant souvent réussi à tirer le meilleur de ses hommes, que ce soit Del Potro, Mayer, Delbonis ou Pella. Ces coups tactiques fonctionnent souvent comme face en demi même s’il peut y avoir quelques échecs ponctuels.

Le point faible : le double. Avec Berlocq-Mayer, Orsanic avait trouvé un double qui fonctionnait plutôt bien. Mais il a choisi de se passer de Berlocq suite au retour de Del Potro et le double fonctionne nettement moins bien cette saison (1 victoire en 3 matchs). Et Del Potro ne pourra probablement pas jouer les 3 jours.

Le facteur X : Leonardo Mayer. En grande difficulté sur le circuit, il est toutefois beaucoup plus en confiance dès qu’il revient en Coupe Davis. Il sera probablement aligné en double et le voir lors du match 5, s’il devait être décisif, n’est pas une option à exclure. Bref, il apparaît comme une des clés potentielles pour faire basculer la rencontre du côté argentin.

 

 

 



 

Croatie

Côté croate, point d’innovation tactique en général. Cilic et Coric étaient indiscutables en simple, Dodig n’a jamais réussi à prouver qu’il avait le niveau pour être titulaire en simple (en dehors de sa période avec la Bosnie à un niveau très inférieur) mais est un des meilleurs joueurs de double au monde, Karlovic était à la retraite internationale depuis 2012 et aucun joueur testé et aucun autre joueur n’avait le niveau requis pour venir changer cette hiérarchie pour le capitaine croate Zeljko Krajan, en place depuis 2012, et qui n’a pas beaucoup de marge de manœuvre d’ailleurs, il faut le reconnaître.

Seule facétie autorisée : Skugor aligné en double plutôt que Cilic lors du premier tour face à la Belgique avec une victoire croate lors du double.

Alors pourquoi la Croatie se retrouve-t-elle en finale cette fois-ci malgré un parcours très compliqué (élimination du finaliste Belge, des US chez eux après avoir été mené 2-0 puis de la France) ? C’est avant tout une question d’alignement des planètes : Cilic n’est enfin plus blessé ou suspendu, Coric a pris de la maturité et Dodig s’est imposé comme un des meilleurs joueurs de double. Il faut aussi noter que la Croatie a dû visiter le groupe I (équivalent de la deuxième division) en 2014, faute d’être à 100%.

Seul changement mais pas des moindres : Borna Coric est forfait pour la finale après de longues semaines d’incertitude (il avait d’ailleurs été appelé initialement). Mais ce qui aurait pu être une catastrophe a finalement vite été résorbé puisque Karlovic a accepté de revenir en sélection pour cette finale. Petit tour d’horizon des joueurs :

 

Marin Cilic (ATP 6) : vainqueur de son premier M1000 cette saison, plutôt en forme en cette fin de saison, il est évidemment l’arme principale des croates puisqu’il peut jouer les 3 jours. Certes, il a dû aller faire le Masters mais il ne semble pas l’avoir fait à 100%.

Ivo Karlovic (ATP 20) : de retour pour la première fois depuis 2012, il sort d’une des meilleures saisons de sa carrière et sera bien utile suite au forfait de Coric.

Ivan Dodig (ATP 13 en Double) : le patron du double Croate, il est un peu léger pour le simple toutefois. Il n’a pas réalisé une saison exceptionnelle que ce soit en double ou en simple par rapport à l’an passé par exemple. Mais il a, en revanche, toujours été tranchant en Coupe Davis face à la Belgique, les USA et la France.

Franko Skugor (ATP 215) : le moins connu de cette finale, appelé de dernière minute suite au forfait de Coric. Le cinquième croate au classement ATP fréquente essentiellement le circuit Challenger où il réalise des performances honnêtes sans plus (il a battu Florian Mayer récemment mais a aussi perdu face à … Leonardo Mayer aussi). Il joue également en partie en double (il est ATP108 en double) et a été associé à deux reprises avec Dodig en Coupe Davis récemment pour deux victoires intéressantes (face à Melo-Soares en barrages l’an passé, face à Goffin-Bemelmans face à la Belgique).

 

Le point fort : le double. Evidemment, on pourrait citer Marin Cilic mais le double a de grandes chances d’apporter un point à cette équipe croate. Que ce soit Dodig-Cilic ou Dodig-Skugor, ces deux doublettes ont apporté des victoires significatives au double croate récemment. Si le double venait à tomber, ça pourrait mal se terminer pour les Croates.

Le point faible et le facteur X : Karlovic. Difficile de trouver un point faible à cette équipe croate. Karlovic est peut-être le seul car les Croates n’auront pas d’options de rechange derrière et qu’il est parfois en difficulté de manière surprenante. Mais il est en même temps le facteur X car dans un grand jour, il peut pousser Del Potro loin dans ses retranchements et le fatiguer (un élément important de cette finale) et surtout, il est le seul à pouvoir jouer le match 5 décisif.

 


 

Le programme de la finale:

Marin Cilic (CRO) vs. Federico Delbonis (ARG) – vendredi à partir de 14h (heure française)

Ivo Karlovic (CRO) vs. Juan Martin Del Potro (ARG) – vendredi après le premier simple

Double – samedi à partir de 15h (pour l’instant Skugor/Dodig vs. Mayer/Pella mais cela peut changer)

Marin Cilic (CRO) vs. Juan Martin Del Potro (ARG) – dimanche à partir de 14h

Ivo Karlovic (CRO) vs. Federico Delbonis (ARG, à confirmer) – dimanche après le premier simple

 



Les chiffres de la finale :

2. Il s’agit de la deuxième finale de la Croatie. Ils avaient remporté la précédente face à la Slovaquie en 2007, où Karlovic avait été sélectionné mais pas aligné.

3. En trois confrontations entre les 2 équipes, les Argentins ont toujours gagné.

5. Il s’agit de la cinquième finale pour l’Argentine. Ils ont perdu les 4 précédentes (1981, 2006, 2008, 2011) d’où leur réputation d’équipe maudite puisqu’aucune équipe n’a perdu autant de finales sans en gagner une. Une des deux séries prendra donc fin.

1,98. 4 joueurs de cette finale font ou dépassent la taille de 1,98m (Cilic, Karlovic, Skugor, Del Potro). On notera aussi que deux autres dépassent le 1,90m (Delbonis, Mayer). A l’inverse, Pella fait 1,85m et Dodig 1,83m. Cela donne une taille moyenne des joueurs sélectionnés d’1.94m. Un symbole de l’évolution du tennis moderne ?

96. Ivo Karlovic est le plus vieux joueur à disputer un simple d’une finale de Coupe Davis depuis 96 ans.

5/8. La côte moyenne de l’équipe Croate chez les bookmakers, favorite d’après eux. Elle est de 6/4 pour les Argentins.

 

About 

http://

223 Responses to La fin de la malédiction ?

  1. Hasek 27 novembre 2016 at 19:19

    Deja 4h10 de jeu.
    Finalement, l’heure perdue inutilement par chacun des 2 le premier jour pourrait avoir son importance

  2. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:24

    merdouille,
    le palindrome chipe un break d’entrée.
    stupeur et poutrement

  3. Patricia 27 novembre 2016 at 19:24

    Cilic a très bien joué le coup mais double relâchement fatal de Juan-Mammouth à l’entame de la dernière ligne droite….

  4. Patricia 27 novembre 2016 at 19:25

    haha, au bout de l’effort, le point de l’arrache ! Je pense que les deux ont un petit coup de fatigue, là.

  5. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:26

    la course vers l’avant de del po nous rappelle les plus belles courses vers l’avant de Natalie Tauziat.

  6. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:28

    Poutre est bien là. 30/A

  7. Patricia 27 novembre 2016 at 19:29

    balle de débreak, Cilic dévisse son CD.

  8. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:29

    Et debreak point!!

  9. Patricia 27 novembre 2016 at 19:29

    1è balle obèse, deuce.

  10. Patricia 27 novembre 2016 at 19:30

    une autre, sur un retour agressif en revers !

  11. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:30

    Il était quand même plus marrant Ivanisevic…

  12. Patricia 27 novembre 2016 at 19:31

    Et débreak !
    Une histoire qui va durer, hélas y a un TB maintenant je crois…

  13. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:32

    le cri rauque de Rouane Martine sort exactement quand il frappe son coup droit pour égaliser à un partout.

  14. Patricia 27 novembre 2016 at 19:32

    Superbe défense de Cilic, qui résiste à 2 CD et un smash (certes conservateur)

  15. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:32

    Point Davydenkoïen de Cilic qui joue des coups qu’il ne sait pas faire.

    • Zogidur 27 novembre 2016 at 19:33

      et ça passe malheureusement

  16. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:34

    Les gonzes sont quand mêmes costauds en retour…

  17. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:34

    On reste sur 3 breaks sur les 4 derniers jeux jouer. et là, 30/A.

  18. Patricia 27 novembre 2016 at 19:35

    Le CD du mammouth cloue la ligne.

  19. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:36

    le coup droit en décalage de l’époutrifiant argentin manquait de finesse mais c’était réjouissant.

  20. Patricia 27 novembre 2016 at 19:36

    Eh ben l’est pas content Cilic !

    • Patricia 27 novembre 2016 at 19:38

      erreur d’arbitrage apparemment.

    • Zogidur 27 novembre 2016 at 19:38

      En allemand ils ont un mot pour désigner le fait de se réjouir de la souffrance de quelqu’un, je suis très allemand là tout de suite!

  21. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:37

    Le palindrome jette sa raquette de vilaine façon car la Poutre a balayé une ligne de fond…

  22. Patricia 27 novembre 2016 at 19:39

    Je pense qu’il va mettre 4 aces de fureur.

  23. Patricia 27 novembre 2016 at 19:40

    Juste un, et une bonne 2è pour un pt bien construit fini au filet.

  24. Patricia 27 novembre 2016 at 19:41

    Il est pas mal en retour côté revers del Po, ça en fait 2 beaux, là.

    • Patricia 27 novembre 2016 at 19:41

      Et encore un tout beau que Cilic replante dans le filet !

  25. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:41

    Au bout du bras poutru, il y a la main de Dieu…

    • Patricia 27 novembre 2016 at 19:43

      Ca me rappelle des vieux bouquins de western que je lisais gamine, le héros s’appelait Old Shatterhand, traduit « la Main qui Frappe ».

  26. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:42

    sur 2ème balle, cilic est dominé…

  27. Colin 27 novembre 2016 at 19:42

    Tatane et contre-tatane, break et contre-break, les jumeaux de la classe 2008, chéris de la fée 6 pieds 6 pouces, sont plus proches que jamais. 2-2, 2-2.

  28. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:46

    Nom de (main de) Dieu, Poutreux joue méchamment!

    A Patricia:
    oui il y a un air de famille sur celle-ci:
    http://l7.alamy.com/zooms/16fbb307a6d84af6b55d378fc29ae17d/der-schatz-im-silbersee-schatz-im-silbersee-der-old-shatterhand-lex-d23j7x.jpg

  29. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:47

    J’ai tellement envie de voir Karlovic!

  30. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:52

    J’imagine tout à fait ces deux joueurs en tongs…

    • Zogidur 27 novembre 2016 at 19:52

      D.P. et C.

  31. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:53

    Il s’est passé quoi dans le deuxième set?!

  32. Zogidur 27 novembre 2016 at 19:54

    Si Cilic gagne au tie-break, je vais voter.

    • Colin 27 novembre 2016 at 19:59

      Quel tie – break ?

  33. Patricia 27 novembre 2016 at 19:57

    haha, les Argentins qui envoient des bisous au ciel pour la double de cilic !

    • Zogidur 27 novembre 2016 at 19:58

      Les baise-main de Dieu!

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis