Masters Cup et Coupe Davis, le doublé (encore) impossible

By  | 21 novembre 2017 | Filed under: Coupe Davis, Histoire

Un peu d’histoire

Vingt quatre ans !

24 longues années depuis que Michael Stich, le dernier, a réussi le doublé Masters Cup / Coupe Davis.

Merci à Chron'Open pour les photos

Cette année là, en 1993, le longiligne Allemand avait fait sa meilleure saison (n°2 au classement ATP de fin d’année) et bénéficié, il faut le dire, de deux circonstances favorables : d’abord, les « finales » se tenaient toutes deux à domicile pour lui : la Masters Cup à Francfort, et la finale de Coupe Davis (contre l’Australie) à Düsseldorf. De plus, il y avait eu une coupure d’une semaine et demie entre la finale de la Masters Cup (le 21 novembre), remportée en 4 sets face à Sampras, et le premier match de Coupe Davis, le 3 décembre. En revanche, Stich avait dû passer de la moquette à la terre battue, les Allemands ayant préféré jouer sur les faiblesses de leurs adversaires (puisque, excepté Fromberg, les Australiens de l’époque étaient très peu à l’aise sur terre) plutôt que sur leurs propres forces. De ce fait, et malgré la semaine de réadaptation à la terre battue, Stich avait eu un peu de mal lors de son premier match du vendredi, s’imposant difficilement en 5 sets face à Stoltenberg, avant de remporter plus facilement le double et le simple du dimanche.

Auparavant, dans l’ère moderne, trois autres joueurs avaient réussi ce doublé :

  • André Agassi en 1990, de façon très remarquable car en ayant eu à gérer un changement à la fois de continent (de Francfort à la Floride) et de surface (de la moquette indoor à la terre battue indoor), mais avec – heureusement – une semaine et demie de battement entre les deux – et face aux mêmes adversaires que Stich en 1993 (l’Australie de Richard Fromberg, et de son futur coach Darren Cahill).
  • Boris Becker en 1988, là aussi avec un changement à la fois de continent et de surface (de la moquette indoor de New York à la terre battue indoor de la Suède). Becker avait bénéficié d’une semaine et demie de battement entre les deux. Cependant il est à noter qu’il n’avait joué aucune de ces deux finales « à domicile », et qu’il est, de tous les joueurs ayant réussi le doublé, celui qui a dû battre les adversaires les plus redoutables en finale de Coupe Davis (Wilander, Edberg et consorts, chez eux).
  • Et enfin, John McEnroe en 1978, dans les deux cas « à domicile », mais dans l’autre sens, remportant d’abord la finale de Coupe Davis en Californie sur dur outdoor le 10 décembre, puis la Masters Cup au Madison Square Garden de New York sur moquette indoor en… janvier 1979. Un peu exagéré dans ces conditions de parler de doublé…

Ces vingt-quatre dernières années, en revanche, ce doublé n’a plus jamais été réalisé.

Pourtant, on a vu lors de 22 éditions sur 24, un ou plusieurs joueurs participer aux deux événements (ça a toujours été le cas depuis 2000). Ainsi, cette année, c’est David Goffin qui est le nouvel exemple du joueur ayant eu la possibilité de faire le doublé, sans y parvenir.

Le n°1 belge n’a rien à se reprocher, vu que des joueurs aussi prestigieux que Stefan Edberg, Pete Sampras, Lleyton Hewitt, Rafael Nadal, Novak Djokovic, Roger Federer, Stan Wawrinka et Andy Murray s’y sont essayés, pour certains à plusieurs reprises, sans succès.

Le tableau ci-dessous résume les résultats de ces deux épreuves depuis 1993, en se concentrant uniquement sur les joueurs participant aux deux finales (cliquer sur le tableau pour le voir à l’échelle 1).

 Masters_CD_201711a

Depuis le doublé de Stich, seulement trois joueurs qualifiés pour la finale de Coupe Davis venaient de remporter la Masters Cup, mais aucun des trois n’a gagné la Coupe Davis en suivant.

Leurs fortunes ont été diverses en finale de Coupe Davis :

  • Sampras 1997 : se blesse dès son premier match de simple et abandonne. Dans la foulée, les rescapés américains subissent une débâcle face aux suédois de Jonas Bjorkman.
  • Hewitt 2001 : bilan pas folichon, 1 victoire et 1 défaite en simple, 1 défaite en double… Pourtant cette année a vu la seule occurrence depuis 1993 des deux finales ayant lieu dans le même pays, mais Hewitt (et encore moins Rafter, éliminé en poule à la Masters Cup) n’a pas pu en profiter, la faute à un certain Nicolas Escudé.
  • Djokovic 2013 : remporte ses deux simples, mais renonce au double, ce qui fait (peut-être) basculer la finale en faveur de Berdych et Stepanek.

Réciproquement, depuis 1994, parmi tous les joueurs à avoir remporté la Coupe Davis, ceux qui avaient performé le mieux en Masters Cup juste avant ont été :

  • Sébastien Grosjean en 2001. Finaliste à Sydney sur dur, il soulève ensuite la Coupe Davis à Melbourne sur gazon… mais en perdant ses deux simples (!) dont l’un, face à Hewitt, était un remake de la finale de la Masters Cup.
  • Roger Federer en 2014. Alors qu’il était déjà le recordman des victoires en Masters Cup (6), Fed avait pour la première fois l’occasion d’enchaîner les Masters et la finale de Coupe Davis. Qualifié pour la finale à Londres, il doit hélas déclarer forfait juste avant son match face à Djokovic pour cause de dos en vrac. Superbiquette sera néanmoins suffisamment rétabli moins d’une semaine plus tard pour disputer et remporter la finale de CD de l’autre côté de la Manche, à Lille sur terre battue indoor, avec l’aide précieuse de Stan Wawrinka (celui-là même qu’il avait battu en demi-finale des Masters…)

En fait, bien souvent, les vainqueurs de Coupe Davis se retrouvent parmi les joueurs éliminés précocement à la Masters Cup : 11 cas ces 24 dernières années de vainqueurs de Coupe Davis qui étaient sortis des Masters dès les poules (le plus récent étant Andy Murray en 2015), contre 5 cas de demi-finalistes, et donc deux finalistes dont on vient de parler.

Cependant l’élimination précoce aux Masters ne garantit pas la victoire en finale de Coupe Davis : on a vu 8 cas de joueurs éliminés en poule et qui perdent la finale de Coupe Davis (le plus récent étant Cilic en 2016), et 2 cas parmi les demi-finalistes des Masters.

Conclusion : En prenant en compte uniquement les données de ces 24 dernières années, il semble légèrement préférable, pour augmenter ses chances en finale de Coupe Davis, d’être éliminé en poule ou en demi-finale aux Masters.

L’analyse est bien entendu faussée par le fait que la finale de Coupe Davis se joue en équipe, et qu’une très bonne performance individuelle peut être « gâchée » par des partenaires pas au niveau (exemple : Djokovic 2013), ou, au contraire, une piètre performance individuelle (exemple : Grosjean 2001) être rachetée par des partenaires à leur top.

Un peu de prospective

David Goffin, finaliste malheureux du Masters dimanche dernier à Londres, essaiera le week-end prochain de faire aussi bien que Grosjean 2001 et Federer 2014, et d’apporter sa première Coupe Davis à la Belgique (il faudra même qu’il fasse beaucoup mieux que Grosjean, car on voit mal la Belgique s’imposer sans que Goffin remporte ses deux simples).

Comme Federer en 2014, Goffin n’aura qu’à traverser la Manche puisqu’il aura les mêmes adversaires à affronter (moins Monfils, plus Pouille) dans la même ville et le même stade. Détail en apparence positif : contrairement à Fed en 2014, Goffin n’aura pas de changement de surface à gérer (cependant il suffit de regarder le tableau ci-dessus pour se rendre compte que, suite à un changement de surface entre les deux compétitions, il y a à peu près autant de cas où la finale de Coupe Davis a été gagnée, que de cas où elle a été perdue, donc ce critère ne semble pas décisif). Ceci dit ces deux finales (2014 et 2017) ont, malgré les apparences, plus de différences que de points communs, surtout parce que Goffin n’est pas Federer et que Darcis n’est pas Wawrinka, et donc la Belgique n’a pas autant d’arguments à faire valoir que la Suisse. Après son excellent Masters, la finale de la CD ne pas va être une formalité pour David Goffin.

Davis_Cup_Masters_Cup


NDR : Le présent article est une version actualisée d’un papier initialement paru le 11 novembre 2014

About 

Sous d'autres cieux et en d'autres temps, je fus connu sous le sobriquet de "Colin Maillard et Tartempion".

567 Responses to Masters Cup et Coupe Davis, le doublé (encore) impossible

  1. Remy 25 novembre 2017 at 16:27

    On est obligé de supporter les gros plans sur Noah entre chaque point ?

  2. Gerald 25 novembre 2017 at 16:30

    La Belgique craque sous la pression, ce sera 2-1 pour la France ce soir! Le 4ème set sera une formalité pour les bleus!

    • Colin 25 novembre 2017 at 16:33

      Euh tu vas un peu vite en besogne là.
      Ruben ne va peut-être pas continuer à jouer comme un peintre comme il l’a fait en fin de 3ème.

      OK OK je sors.

      • Gerald 25 novembre 2017 at 16:33

        Et De Loore qui se fait soigner….

  3. Jo 25 novembre 2017 at 16:31

    Pierre Richard vire en tête. Si laborieux, si franchouillard. C’était la carapate des compères, que dis-je, des chèvres cette fin de troisième set.

  4. Sam 25 novembre 2017 at 16:42

    La coupe de cheveux de Tsonga me fait toujours penser à l’affiche d’Eraserhead (considération de début de set).

  5. Gerald 25 novembre 2017 at 16:52

    De Loore assure au service… c’est déjà ça!

  6. Paulo 25 novembre 2017 at 16:52

    Si la Belgique gagne ce double malgré les hauts et les bas de Bemelmans, on pourra dire que cette paire belge vaut de Loore !

    • Gerald 25 novembre 2017 at 16:56

      A ce moment du match, elle est belle!

      • Paulo 25 novembre 2017 at 17:19

        Belle, même en ce
        moment difficile pour toi, merci.

        (dois-je sortir ou pas ?)

        • Gerald 25 novembre 2017 at 17:22

          Pourquoi difficile, j’ai toujours dit que si la Belgique gagne, ce sera au 5ème match après avoir été mené 2-1 le samedi.
          Il est sûr que ce match laisse des regrets car c’est clairement la pression qui a tétanisé les Belges quand ils ont senti que quelque chose était possible.
          C’est là que l’expérience paie! Et De Loore/Bemelmans n’ont pas l’expérience de P2H et Gasquet!

        • Colin 25 novembre 2017 at 17:29

          « Belle, même en ce »

          Pas besoin de sortir Paulo elle est excellente.

          • Paulo 25 novembre 2017 at 18:09

            Merci… il faut encore que ce soit toi qui t’y colles, hein ;-)

  7. Gerald 25 novembre 2017 at 16:58

    Que de balles de break galvaudées!!!

    • Colin 25 novembre 2017 at 17:04

      Pas pour les frenchies qui concluent sur leur troisième…

  8. Gerald 25 novembre 2017 at 17:05

    Quand je disais que les Belges craquent sous la pression…

  9. Colin 25 novembre 2017 at 17:09

    Il est Looore… Monsignooore… C’est l’hooore…

    • Gerald 25 novembre 2017 at 17:12

      Pas encore, mais P2H doit ne pas craquer maintenant

  10. Colin 25 novembre 2017 at 17:11

    Il est costaud ce De Loore

  11. Paulo 25 novembre 2017 at 17:17

    Nico Mahut aura pu participer un petit peu à cette victoire, c’est bien. Remarquable jeu de service de P2H pour finir !

    • Colin 25 novembre 2017 at 17:30

      Oui il me semble que Gasquet n’a pas touché une seule fois la balle sur ce dernier jeu

  12. Jo 25 novembre 2017 at 17:19

    Du menu fretin, qu’y disait le Rémy. Ne faisons pas la fine bouche, hein. Allez, nous voilà débarrassés de Paul-Henri Herbert, ouf.

    • Remy 25 novembre 2017 at 17:55

      Les belges ont disparu au moment de prendre le 3ème set.
      Ok ils n’étaient pas présent au premier non plus.

      bon c’est la coupe Davis, y a des surprises.
      mais Darcis ne devrait pas faire le point contre Pouille ou Gasquet.

      • Jo 25 novembre 2017 at 18:03

        Je pense comme toi concernant Steve Davis mais je sens le scénario éculé. Le 3-2 des familles, avec un suspense poussif. Un quatre sets accrochés contre un mec pas très bon. France Télé va encore nous vendre du rêve médiocre.

  13. Gerald 25 novembre 2017 at 17:19

    Je l’avais dit: en perdant le 3ème set qui leur était offert, le match était plié pour les Belges!
    Goffin doit gagner demain pour nous offrir la finale rêvée en 5 matchs!

  14. Paulo 25 novembre 2017 at 17:20

    Noah est au bord de la crise cardiaque là.

  15. Paulo 25 novembre 2017 at 17:21

    Je pense que sur la dynamique de ce double, Tsonga peut battre l’épouvantail Goffin demain (à l’instar d’un certain Forget en 1991).

    • Jo 25 novembre 2017 at 17:28

      J’ai trouvé Goofy vraiment impressionnant vendredi, presque au niveau de Dimitrov ( ;-) ). Trente aces minimum pour avoir une chance demain.

      • Paulo 25 novembre 2017 at 18:11

        Soyons honnêtes, ça va aussi dépendre d’une baisse de niveau de la Goff’… parce que s’il joue, et retourne, au niveau de vendredi et du Masters, Jo ne passera pas la moitié des 30 aces requis.

        • Jo 25 novembre 2017 at 18:29

          C’est vrai. Ca dépendra aussi de la capacité de Jo à se sublimer sur ses engagements et à toucher des zones intouchables pour le relanceur.

    • Remy 25 novembre 2017 at 18:35

      En temps normal Tsonga est tout à fait capable de battre Goffin.
      Cependant sur la dynamique de cette année, ça parait nettement plus difficile à envisager.

  16. Jo 26 novembre 2017 at 07:26

    Cela fait bientôt dix ans que Jo-Wilfried Tsonga, dit « Couilles-de-Mammouth », a atteint son unique finale de Grand Chelem, dix ans qu’il clame haut et fort ses ambitions, qu’il est le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas, dix ans sans pour autant toucher le Graal ni même rejouer une finale. Aujourd’hui est sa deuxième – et sans doute dernière – chance. Événement majeur, match décisif au meilleur des cinq sets, adversaire digne d’un Big Four. A Jo de se transcender pour enfin savoir, à l’instar d’un certain Guy Forget le dimanche 1er décembre 1991, « ce que ressentent les très grands parce que c’est ce que je ressens en ce moment. »

    • Jo 26 novembre 2017 at 09:39
      • Colin 26 novembre 2017 at 14:34

        Très juste et très complet cet article. Comme souvent avec Vergne.

    • Nathan 26 novembre 2017 at 13:02

      Noah est un « aigle ». Si Tsontson gagne enfin une victoire importante (selon Vergnes), en quoi l’aigle va-t-il se métamorphoser ?

      • Jo 26 novembre 2017 at 13:13

        En rossignol puisque, non content de redevenir personnalité préférée des Français après la victoire en Coupe Davis quelle que soit la configuration, Noah ne manquera pas de revenir à la chanson.

  17. Gerald 26 novembre 2017 at 13:31

    Le match qui risque d’avoir le plus haut niveau tennistique va commencer. ..

  18. Jo 26 novembre 2017 at 13:39

    Chamoulaud: « Jo a un service de mammouth, un coup droit de mammouth. » Et… et…

    • Paulo 26 novembre 2017 at 14:01

      Sans dec ? Euh non, avec dec plutôt, dec.. de mammouth évidemment.

  19. Jo 26 novembre 2017 at 13:51

    C’est pas qu’il ait du charisme le ptit Goofy mais il a un regard, quand même.

  20. Gerald 26 novembre 2017 at 13:56

    90% de premières sur ses 2 premiers engagements oufti comme on dit chez nous.

  21. Gerald 26 novembre 2017 at 14:01

    Tant que que Couille servira du plomb, rien à faire. …

  22. Paulo 26 novembre 2017 at 14:04

    Le revers de Jo, c’est pas ça… heureusement qu’il compense avec son service.

  23. Gerald 26 novembre 2017 at 14:09

    Pourcentage incroyable de premières. À mon avis dès que cela va baisser, on aura droit à un peu de tennis.

  24. Gerald 26 novembre 2017 at 14:13

    Goffin psychote là. ..

  25. Gerald 26 novembre 2017 at 14:20

    Cest sur la tangente. ..

    • Remy 26 novembre 2017 at 14:22

      certes mais sur les points importants, Goffin serre le jeu et fait la différence

  26. Paulo 26 novembre 2017 at 14:21

    Quel niveau de jeu… et quelle confiance extra-ordinaire de Goffin pour sauver les balles de break de cette façon !

  27. Gerald 26 novembre 2017 at 14:29

    C’est moi ou Tsonga me semble très relax ?

    • Remy 26 novembre 2017 at 14:29

      vue la gueule du 5ème match, il n’a pas la pression

  28. Remy 26 novembre 2017 at 14:39

    pour l’instant, ça joue grave des 2 côtés (chacun dans son style)

  29. Colin 26 novembre 2017 at 14:40

    « L’envie, elle est là ». Chamoulaud à son meilleur !

  30. Colin 26 novembre 2017 at 14:41

    P… ça joue à très haut niveau depuis un bon moment maintenant.

  31. Gerald 26 novembre 2017 at 14:44

    Quelle fin de set….

  32. Gerald 26 novembre 2017 at 14:45

    Tie-break qui devrait tourner à l’avantage du meilleur serveur !

    • Remy 26 novembre 2017 at 14:47

      c’est bien de servir le feu pendant 6 jeux, mais aucune garantie de faire pareil au tie break

  33. Paulo 26 novembre 2017 at 14:45

    Monstrueuse fin de set… Goffin impressionnant sur les points importants.

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