Magnifique article d’Eurosport, signé Laurent Vergne. Le début de l’article dit absolument tout du personnage : « John McEnroe est un homme en colère [...] peut-être, tout simplement, est-il en colère parce qu’il est en colère. [...] Il n’y a rien à expliquer. C’est comme ça. Il est comme ça. McEnroe, symbole vivant de la colère. Le bougon, le râleur, le colérique, le nerveux, le « Superbrat ». »
La rage de la perfection
Dans l’un des documentaires sur McEnroe en Français que l’on peut voir sur Youtube (Le crépuscule des dieux, ou Duel de hautes volées consacré à la rivalité avec Jimbo) se niche une interview de Richard Evans, journaliste américain de renom ayant consacré une biographie à McEnroe. Evans rapporte un propos du Sale gosse, qui remonte probablement à cette époque-là, 1984, où il écrasait le circuit : « Je n’y prends pas de plaisir. Je voudrais pouvoir savourer davantage mon jeu, mais je ne ressens que de la pression, je n’en profite pas ».
Le titre du livre d’Evans, La rage de la perfection, qui remonte à 1984, est particulièrement bien trouvé. Il ne recherchait pas la victoire, il recherchait la perfection. Et quand un point sublime car parfaitement exécuté lui apportait cette perfection, il ne le savourait pas, il se mettait déjà la pression pour que le point suivant soit du même tonneau.
Cette rage, cette insatisfaction permanente, ont-t-elles été bénéfiques à sa carrière, ou au contraire l’ont-elles plombée ? Il est difficile de trancher. Je n’ai pas lu le livre de Richard Evans, mais il remonte de toute façon à 1984 et ne peut pas traiter de ce qui a immédiatement suivi. Cette étrange année 1985, où il rentre dans le rang, où il se fait moins rapide, et parfois moins impliqué, moins motivé. Où il gagne quand même 8 titres, mais où il perd dans toutes les grandes occasions.
Les Usual Suspects
Une chronique du déclin de John McEnroe pourrait se décomposer ainsi : d’abord la chute du piédestal ( ? – janvier 1986) qui s’achève, clairement, avec la défaite face à Brad Gilbert au Masters. Ensuite la traversée du désert (janvier 1986 – décembre 1988). L’été indien, enfin (janvier 1989 – décembre 1992), période coiffée de 3 demi-finales en Grand Chelem.
Cette chute du piédestal, il est bien difficile d’en dater le début. 7 dates semblent plausibles :
- La défaite en finale de Roland Garros 1984 face à Lendl.
- Le pétage de plombs de Stockholm en octobre 1984.
- La défaite sans appel en Coupe Davis face à la Suède 6 semaines plus tard.
- La défaite en quarts de finale au tournoi WCT de Dallas 1985 face à Nyström.
- La défaite en demi-finale de Roland Garros 1985 face à Wilander.
- La défaite en quarts à Wimbledon 1985 face à Curren.
- La défaite en finale de l’US Open 1985 face à Lendl.
On éliminera d’emblée la finale de Roland Garros 1984. Elle a été suivie de deux démonstrations de force en Grand Chelem, absolument immaculées, à Wimbledon et à l’US Open.
Les deux dernières dates, Wimbledon et l’US Open 1985, ne font que confirmer une tendance à l’œuvre depuis des mois. Mac n’est plus aussi rapide qu’avant, c’est un constat, et la défaite londonienne contre Curren est assortie de l’étrange impression qu’il ne se sentait même pas concerné. Dans ce tableau d’ensemble, on notera toutefois deux victoires probantes à Stratton Mountain et à Montreal, les deux fois en battant Lendl en finale. Mais les promesses de cet été-là furent tempérées dès l’entrée en lice de Mac à Flushing Meadows : opposé au modeste Israélien Shlomo Glickstein, il frôle l’élimination, ne l’emportant qu’au tie-break du cinquième set. Une autre victoire en cinq sets, face à Wilander en demi-finale, scellera son sort : en finale face à Lendl, il ne tiendra qu’un seul set avant de craquer physiquement. Le tout devant un public new-yorkais acquis à la cause de ses adversaires. Passe encore pour Shlomo Glickstein, New York abritant la plus grande communauté juive au monde. Mais face à Lendl, le doute n’est plus permis : McEnroe n’était plus soutenu par son propre public.
La défaite à Roland Garros face à Wilander fait suite à deux autres défaites contre Lendl, l’une sur le har-tru de Forest Hills, l’autre sur une « vraie » terre battue, à la Coupe des nations de Düsseldorf. Pas de défaites infamantes, mais on ne peut que constater que Mac est loin d’être aussi aérien qu’un an plus tôt.
Faudrait-il donc remonter le hiatus à ses sautes d’humeur de la fin 1984 ? C’est tout aussi discutable. Début 1985, il repart pied au plancher, remportant sans sourciller le Masters – avec à la clé une victoire probante en finale contre Lendl – puis ses quatre premiers tournois de la saison. Ce qui accrédite, à ce moment-là, l’idée que la déroute face à la Suède en Coupe Davis est le fruit des mésententes au sein du trio McEnroe/Connors/Ashe, et non d’une baisse de niveau ou de motivation de McEnroe.
Fibak émerge des brumes de l’hiver
Ne resterait donc que la défaite face à Nyström à Dallas. Défaite surprenante, car Mac semblait alors seul au monde. Surprenante aussi car Nyström n’était pas un adepte des surfaces rapides. Surprenante enfin, car la finale WCT de Dallas était un rendez-vous majeur pour l’Américain. Cette défaite semble néanmoins marquer une rupture dans la saison du new-yorkais, parce qu’elle va être suivie de beaucoup d’autres.
En y regardant de plus près, un autre match mérite qu’on s’y arrête. Il s’agit du premier tour du tournoi indoor de Houston, en février 1985. Finaliste du Masters 1976, Wojtek Fibak avait flirté avec le top ten au cours des années suivantes. Mais à ce moment-là, il émargeait au 77ème rang mondial, et à 32 ans il était clairement sur la pente descendante. C’est l’époque où il connut les jeunes loups Edberg et Becker, dont il fera de saisissants portraits dans les colonnes de Tennis Magazine à la fin des années 80. John McEnroe aura aussi droit à son portrait… et il y sera notamment question d’un obscur match à Houston début 1985, qui a tourné au vinaigre.
Affrontant un John McEnroe n°1 mondial au sommet de son art sur surface rapide, le Polonais n’avait a priori pas grand-chose à espérer de ce match. Mais après la perte du premier set, il se mit à jouer son meilleur tennis et offrit une vraie opposition au Superbrat. Ce dernier va alors franchir le 38ème Parallèle après la perte du deuxième set au tie-break. John passera tout le troisième set à insulter et à trainer dans la boue l’adversaire, sa mère, sa famille, son épouse, son pays. Et s’il s’en sort sur le fil 7/5 au troisième, il n’échappera pas à une petite explication dans le huis-clos du vestiaire. Il faudra un malabar (Zivojinovic je crois) pour les empêcher d’en venir aux mains. Telle est la version de Fibak, qui conclut son article en s’étonnant que les débordements du new-yorkais ce jour-là soient totalement passés en-dessous des radars. Rappelons que cette rencontre s’est disputée devant un corps arbitral loin d’être aussi professionnel qu’il ne le deviendra par la suite.
Nous n’avons pas les images de ce match, et rien pour confirmer les propos de Fibak. Le fameux « The question, Jerk ! » de Stockholm quelques mois plus tôt emporte tout, et là nous avons les images. Mais si ce récit était avéré, il y aurait de quoi se demander comment un Fibak, même en grande forme du haut de ses 32 ans, a pu contrarier à ce point McEnroe à ce moment-là, et surtout pourquoi ce dernier s’est comporté de manière aussi odieuse.
On pourra, du reste, s’interroger sur ce début de saison 1985, marqué de quatre victoires en tournois. De Philadelphie à Chicago, en passant par Houston et Milan, John McEnroe aligna certes les victoires, mais sans avoir à affronter de véritable poids lourd, Jimmy Connors devant renoncer en finale à Chicago en raison d’une blessure au dos.
Les fils se touchent
Cette pièce texano-polonaise s’ajoutant au dossier n’a pas nécessairement une grande importance, pas plus que le grand show de Stockholm face à Jarryd. Mais les deux événements participent à un tableau d’ensemble, dont fait également partie ce Wimbledon 1984 où le Sale gosse réussit à s’astreindre à un silence total pendant ses matchs, non sans prendre énormément sur lui.
En 1984, John n’a jamais été à ce point maître de son jeu, et il exerce sur le circuit ATP un joug ne souffrant aucune contestation. Il marche sur l’eau. Néanmoins, la cocotte-minute est sur le point d’exploser ; il n’est plus une levée du Grand Chelem où son comportement ne sera pas scruté à la loupe. A Wimbledon donc, mais aussi à l’US Open, une partie des officiels, des journalistes et du public n’attendent qu’une chose, non sans une certaine appétence malsaine : qu’il craque. Ce regard inquisiteur, il le sent peser sur lui chaque jour, sur chaque match, sur chaque point ; et ce regard vient s’ajouter à cette pression du match parfait que John se met lui-même.
Les fils ne pourront que finir par se toucher. A Stockholm tout d’abord, ce qui vaudra à Mac une suspension de 3 semaines et le privera de l’Open d’Australie. A Houston ensuite, face à Fibak. A Dallas enfin, face à Nyström, où la pression de rééditer sa saison précédente immaculée est plus forte que jamais. Le premier véritable coup de semonce vient bien à Dallas, mais la nervosité du bonhomme était déjà perceptible en amont.
Ainsi va se poursuivre sa saison 1985, au cours de laquelle il sera capable, sur des tournois mineurs, d’être le plus fort, y compris face à Lendl, mais où son meilleur tennis, sa concentration et sa forme physique ne seront jamais au rendez-vous en même temps. A-t-il entretenu sa condition physique pendant l’intersaison 1984-1985 ? Son parcours à Roland Garros 1985 souffre nettement de la comparaison avec celui de l’édition précédente. Où est-il pendant son quart de finale londonien face à Curren ? Manifestement pas sur le terrain, puisqu’il ne gagnera que 8 de ses 13 jeux de service ce jour-là. Le grand vainqueur du fameux « Super Saturday » de l’US Open 1984, par ailleurs demi-finaliste du double cette année-là, a-t-il travaillé sérieusement son endurance en vue de l’édition de l’année suivante où il n’a pas disputé le double ? Au vu de sa prestation face à Lendl en finale, on peut en douter.
L’ère de McEnroe est en train de prendre fin : en 1984, il a tout simplement créé un monstre trop grand pour son cerveau tourmenté.
L’enfant de la balle
On ne se hasardera pas à prendre pour argent comptant les propos de Mac tant ils ont pu être contradictoires, y compris a posteriori. A tous les micros complaisamment tendus pour le faire parler des raisons de son déclin, il évoque invariablement son mariage et sa paternité. Cette explication ne sera valable qu’en 1986, avec la naissance de son premier enfant (en mai) et son mariage (en août) avec l’actrice Tatum O’Neal.
Sans entrer dans une biographie détaillée de Tatum O’Neal, disons qu’elle est la fille de l’acteur Ryan O’Neal – inoubliable Barry Lyndon devant la caméra de Stanley Kubrick – et qu’elle a eu une enfance perturbée entre un père trop souvent retenu sur les plateaux de tournage (et apparemment violent) et une mère toxicomane. Son Oscar, obtenu à l’âge de 10 ans – un record de précocité – n’est que la surface émergée d’un iceberg particulièrement trouble, comme en témoigne son autobiographie A paper life. Amateur d’art, membre notoire de la jet-set new-yorkaise aux côtés de Vitas Gerulaitis, John McEnroe avait son rond de serviette dans les clubs new-yorkais accueillant les rock stars, et plus globalement fréquentait le même milieu que cette jeune actrice. Sauf qu’à la différence de Gerulaitis, capable de sortir une nuit entière et d’être ponctuel et impeccable au petit matin, McEnroe n’était pas une force de la nature. Et si l’on peut disculper Ivan Lendl de toute fréquentation de toxicomanes, on ne peut en dire autant de John McEnroe, ni exclure à 100% que son déclin soit lié à une consommation excessive de drogues. Car en 1985, au moment où ils officialisent leur couple, Tatum O’Neal est depuis plusieurs années une cocaïnomane.
Plus globalement, la simple appartenance de John McEnroe à la jet-set de la Grosse Pomme donne corps à l’hypothèse que son hygiène de vie n’était pas nécessairement adaptée aux contraintes d’une carrière sportive de haut niveau. N’ayant jamais eu d’entraineur, il n’a jamais pu s’appuyer quotidiennement sur un partenaire stable le ramenant inlassablement à sa carrière, à ses exigences et aux sacrifices qu’elle devait impliquer.
Une légende qui tousse
Quarante ans après les faits, l’aura de John McEnroe reste intacte. Dans la mémoire collective, il a certes conservé ses galons de joueur particulièrement colérique revenant invariablement quand il s’agit d’évoquer les plus gros caractères de l’histoire du tennis. Mais cette mémoire collective a également retenu, non sans raison, ses entrechats au filet, son toucher de balle absolument unique et sa faculté inouïe à mettre sans effort l’adversaire loin de la balle. Le génie qu’il a déployé raquette en main lui assure encore aujourd’hui un écrin molletonné de respect, celui d’une voie écoutée et faisant autorité quand on parle de tennis. On ne compte plus les reportages réhabilitant sa légende, son génie, productions d’autant plus hagiographiques qu’elles sont réalisées avec le concours de l’intéressé. Car oui, osons le dire, John McEnroe s’aime. Néanmoins, quelle que soit sa capacité d’oubli, volontaire ou non, de certaines zones d’ombre, le regard candide qu’il porte sur sa propre carrière – et largement véhiculé comme tel – souffre d’insuffisances et d’approximations.
C’est sur ce forum qu’un internaute avait expliqué, à propos de la demi-finale australienne de 1983 entre le Sale gosse et Wilander, qu’en aucun cas le « vrai » McEnroe n’aurait perdu ce match. Je ne ressors ce post du congélateur que pour évoquer le « vrai » McEnroe, celui de 1984 évidemment. La position de surplomb du new-yorkais, en plus d’être indiscutable, a duré une année entière, assez longtemps donc pour susciter encore ce genre de propos des décennies plus tard. Mais c’est un peu court, car dans l’histoire du tennis les saisons aussi immaculées se comptent sur les doigts d’une main. Et attendre du Superbrat qu’il prolonge en 1985 sa domination de 1984, c’était démesuré, même pour lui. Après tout, sa saison 1985, sur un plan strictement comptable, est en tous points meilleure que sa saison 1982 pourtant marquée par la retraite de son grand rival Björn Borg. Simplement ces deux exercices n’arrivent pas au même moment de sa carrière.
En déclarant à Richard Evans qu’il ne parvenait pas à tirer du plaisir de ses exploits, John McEnroe a sans doute, pour une fois, livré sans artifice le fond de sa pensée. La contrepartie de ses exploits de 1984, c’est une pression grandissante, venue à la fois de lui-même et des attentes du public de la petite balle jaune. Et cette pression a fini par engloutir son esprit tourmenté, de manière subliminale fin 1984, mais récurrente en 1985. Il a en outre commis l’erreur de croire qu’il pourrait maintenir son niveau de 1984 avec la même constance sans se plier à la discipline quotidienne nécessaire. Et c’est probablement dans sa vie privée que se nichent d’abord les raisons de ce déclin relatif.
L’effacement progressif de John McEnroe en 1985 ne doit donc rien à l’amélioration des matériels, ni aux progrès d’Ivan Lendl, ni à l’arrivée d’une puissance incontrôlable symbolisée par Becker. C’est lui, avant tout, qui n’est plus le même joueur.
Boris Becker, qui partage avec le Superbrat une vie jalonnée de nombreuses zones d’ombre, a indiqué un jour que l’un des plus grands regrets de sa carrière était de ne pas avoir affronté John McEnroe au sommet de son art à Wimbledon. Un hommage en oblique à un champion avec qui il était capable, le même jour, de s’engueuler copieusement durant le match et de finir la soirée avec lui. Mais Boris ne perdait rien pour attendre : en août 1986, quelques jours seulement après son mariage, le Sale gosse allait offrir à l’Allemand, désormais n°2 mondial, la plus furieuse des oppositions à Stratton Mountain, dans ce qui restera probablement le plus beau match de l’année 1986.
Post-scriptum : l’auteur de ces lignes n’a pas à sa disposition l’autobiographie de John McEnroe. Sujet à caution comme tout ouvrage autobiographique, et encore plus connaissant le personnage, ce livre serait tout de même un éclairage précieux bien que partiel et partial, sur le déclin relatif de Mac en 1985.
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Où l’on voit que cet USO passionne tout le monde….!
Passé Daniil, Sinner a donc manifestement un boulevard, tout le monde sera ok, et on aura un ricain sympa en finale, vu qu’ils sont plutôt sympas ces deux là.
Quoi retenir ? Pour ma part je dirais que la défaite de Z contre Fritz est une des résultats les plus lugubres que j’ai pu lire un matin de découverte des scores à l’USO. Non, mais qu’est ce qu’il lui faut au Z comme fenêtre de tir plus largement ouverte pour réussir à, à, à…? Passée celle-ci, qui peut encore croire qu’il va y arriver ? Des plus lugubres, puisque sur ce critère là, le Tsi est en passe de devenir indétrônable.
Pour le reste est-ce qu’on ne peut pas considérer qu’à 37 ou 38 balais, raisonnablement, il n’est pas étonnant qu’un bonhomme, tout Goat Serbe qu’il serait, peut ne pas gagner de GC de l’année sans que cela ne soit une grande surprise ? Pas mal de gens voyaient une année blanche (« pas mal : les youyoubeurs hystériques que je suis à la place de finir l’article que je me suis promis de publier ici mais ça va venir), elle est arrivée.
Le seul plaisir dans cet USO, c’est Muchova.
Bien d’accord, elle est pour le coup génial à regarder évoluer, pas tant pour sa gestuelle que pour sa créativité qui me rappelle – toute proportion gardée – celle d’un Nick Kyrgios.
Clairement elle comme lui réalisent des points qui ne sont pas reproductibles sur Top Spin tennis, j’adore ses volées mi-courts en extension où elle réalise des coup absolument brillants.
C’est tout de même un peu triste que son physique soit si fragile, puisque cela l’empêche également de se bâtir une caisse physique endurante également.
Sinon on peut tout de même tirer son chapeau à Sabalenka qui a vraiment émergé comme le second membre du duopole. En valeur absolue, Swiatek est capable de jouer une demi-division au-dessus du reste de la WTA avec sa vitesse de déplacement et la qualité de son spin qui lui font faire moins de fautes, mais elle est de plus en plus friable mentalement quand elle est à la lutte.
Ce qui est vraiment plaisant, c’est qu’on sent une intention dans son jeu qui ne se résume pas à : je vais frapper le plus fort possible en essayant d’épuiser mon adversaire. Il y a de la créativité, il y a une extrême attention et adaptation au jeu adversaire et il y a une technique quasi parfaite. Tu as parlé de sa volée mais son coup droit est une mervaille. Il va vite parce qu’elle traverse la balle en avançant et que son coup droit létal est préparé par l’avant dernière balle qui l’a mise en position.
Outre son physique fragile, elle a quelques kilos en trop et une caisse physique, comme tu le dis, sans doute difficile à travailler.
Mais de façon plus générale, j’ai trouvé l’USO féminin bien plus agréable à regarder avec Sabalenka, Navarro et la résiliente Pégula, que l’USO masculin roborratif.
J’ai eu la curiosité de regarder quelques rencontres chez les Juniors. Le fait le plus frappant a été le… désert français.
Muchova, en effet on y retrouve bien le coup droit « Landsdorp » avec une traversée longue en avançant qui est assez analogue au geste de Sampras et Sharapova (il y a une vraie similarité dans l’accompagnement post-frappe).
Pour les kilos en trop, j’ai l’impression que c’est lié à ses blessures (elle a du mal à être « opérationnelle » plus de 50% du temps, ce qui l’empêche de prendre le rythme et de pouvoir réellement s’affiner.) plus qu’à son éthique de travail.
C’est vrai que le tournoi féminin a été plutôt de bonne qualité animé par de jolis match et avec un peu de renouvellement.
J’ai pu voir Navarro à RG et c’était très agréable, j’apprécie beaucoup ce qu’elle fait pour gagner ses matchs et ses constants progrès. Même si elle manque probablement un peu de watts contre Sabalenka. Son coup droit lasso a l’air vraiment efficace in fine en plus d’être joli.
Sans oublier la redoutable Zheng, extrêmemnt rapide, très fit, et dont le revers est redoutable. Mais dans son style de jeu, elle se fera toujours doubler par Sabalenka, plus puissante qu’elle et plus créative.
C’est le problème de la WTA qui donne une prime conséquente à la surpuissance, en tout cas sur dur là où l’ATP met l’accent sur le déplacement et la régularité.
En terme de watts, seule Osaka peut se mesurer du fond avec Sabalenka avec à la rigueur Madison Keys & Rybakina.
Sinner grandissime favori mais Fritz apparemment aime son match-up avec lui et la balle que lui envoie l’Italien.
Il m’aura nettement plus impressionné lors de cet US que lors de Cincinnati en tout cas. Belle caisse physique également mine de rien, quand on voit comment il a essoré Draper en demi-finale.
Dernier mot sur la couverture médiatique « 1er degré » de la vitesse en coup droit supérieure de Sabalenka par rapport à l’ATP : manque de remise en contexte. Les highlights de Sinner montrent bien qu’il est capable de frapper considérablement plus fort quand il a l’ouverture (notamment un coup droit long de ligne pour conclure le 1er set contre Medvedev d’une sécheresse inouïe).
C’est juste que les joueurs se déplacent beaucoup plus et que leurs gestuelles sont beaucoup plus compactes et liftées que chez les filles : résultat, des rallyes plus long avec moins de fautes directes, avec des balles certes légèrement moins rapides dans l’air mais beaucoup plus lourdes et anglées.
Victoire logique qui n’a pas souffert d’incertitude lors de cette finale rapidement décantée.
Depuis 1 an, Sinner a eu des résultats digne des n°1 « majeurs » de l’ère du tennis. Plus que 5 ans à ce rythme et il fera parti du panthéon majeur du tennis, en sera-t-il capable ?
Perso, je ne suis pas tout à fait certain avec la présence d’Alcaraz qui est à date le meilleur en valeur absolue et performe extrêmement bien dans les grands rendez-vous, 4 GC à 21 ans, c’est fantastique.
En revanche, du côté de Tennis Abstract et de son classement ELO, Sinner a déjà atteint un plus haut niveau (il tourne à 2271 vs 2240 au max pour Alcaraz), les victoires d’Alcaraz étant « ternies » par la Covid-19 et l’absence de Djokovic qui ont réduit la force du champs.
Les critiques sur « l’ennui » du jeu de Sinner me semblent injustifiées, il paie sa gueule de roux et sa germanitude. Personnellement, je trouve que son attitude réservée et discrète ainsi que ses progrès constants montrent une belle éducation ainsi qu’une belle mentalité.
Sa gestuelle ne me pose pas problème et sa filière est celle d’un Djoko ou d’un Agassi : pas de main, ou de « génie » mais un timing, une précision et une régularité sans faille.
Disons que le jeu de Sinner manque de fantaisie et de panache. C’est très réglé, puissant et millimétré mais les séquences de jeu qu’il propose sont assez stéréotypés.
Il a dit qu’il devait monter plus au filet d’ailleurs hier en discutant sur ces perspectives par la suite. Mais étant donné les résultats impressionnants qu’il collectionne depuis quelques temps, on ne voit pas trop pourquoi il devrait transformer beaucoup de choses.
Sauf peut-être pour écourter les points et ménager son physique.
Tu as raison de dire que Sinner est dans la filière d’un Djokovic – Agassi. Plus exactement il me semble à un point médian entre les deux : ses qualités défense le rapproche de Djokovic mais sa plus grande agressivité fait penser parfois à Agassi.
Le problème c’est qu’en face Fritz n’avait pas un jeu très différent, sauf que tout était un peu moins bien.
D’où un match pas passionnant.
Heureusement qu’on a Alcaraz qui devrait à la fois le challenger et proposer une opposition de style pour qu’on ne s’ennuie pas à mort dans les années à venir.
Surtout que les rivaux potentiels (Zverev, Medvedev…) ne promettent pas grand chose.
Sinner c’est un croisement entre Lendl et Djokovic. Comment l’aimer ?
« les victoires d’Alcaraz étant « ternies » par la Covid-19 et l’absence de Djokovic qui ont réduit la force du champs. »
C’est drôle parce que pour moi c’est l’été de Sinner qui est terni par son refus d’obstacle aux JO pour mieux ramasser les morts dans une tournée américaine où tout le monde sauf lui était exsangue.
J’ai pas aimé du tout ce côté calculateur, comptable de ses efforts pendant que les autres s’esquintaient pour la gloire (pas de points, peu de thune) aux JO. Plus son histoire de dopage qui quoi qu’il en soit n’est pas jolie, jolie (surtout son attitude derrière) et un jeu que je trouve comme Bapt plus basique encore qu’avant (il a vraiment tout misé sur la puissance maintenant qu’il a pris de la masse musculaire), les dernières semaines ne sont pas loin de l’avoir fait passer du côté obscur de la Force à mes yeux.
Cette remise en contexte permet effectivement de relativiser la pertinence de toute analyse quantitative.
J’ai déjà exposé mon opinion quant à la présence du tennis aux JO, qui est à mes yeux très dispensable. Par conséquent, je ne lui jetterais pas le gant à cet égard.
« Plus son histoire de dopage qui quoi qu’il en soit n’est pas jolie, jolie (surtout son attitude derrière) » : je ne comprends pas en quoi son attitude a été problématique. A part faire et laisser braire (selon moi, la meilleure chose à faire dans la vie), qu’aurait-il dû faire pour te satisfaire (j’ai peut-être raté des trucs, n’hésite pas à m’éclaire là-dessus) ?
Quant au jeu, c’est un peu faire une comparaison fallacieuse vis-à-vis d’Alcaraz qui est le plus grand talent des 25 dernières années en terme de main.
Sinner est un mur lance-balle, c’est la formule gagnante dans le metagame de l’ATP. Il a la meilleure « shot tolerance » de l’ATP, c’est-à-dire qu’il peut frapper dans des conditions favorables plus souvent que le reste parce qu’il centre la balle dans toutes les positions, et qu’importe comment la balle lui arrive.
C’est Mannarino qui en parlait dès 2021 dans le podcast TennisLegend : contre lui, qu’importe comment il lui mettait la balle, c’était soit un missile, soit une remise intelligente.
Comment l’aimer ? Bah, moi j’ai toujours aimé Lendl, et Djoko, curieusement, je m’y fait. Sur le tard, mais je m’y fait. Pas tellement à son tennis moche, mais…Au bonhomme. Je vous vois venir : je vais très bien, merci !
Par contre, le problème reste entier : comment aimer Sinner, oui. Voire, comment aimer le tennis en 2024 ? J’ai un Tchall à 10mn de chez moi qui commence aujourd’hui, et je n’ai absolument aucune envie d’y aller (malgré les places VIP et l’accès à l’Open Bar, qui devraient néanmoins me convaincre). Pourquoi ? Le joueur le plus sympa à regarder est une fois de plus ce bon Manna – doit être sa 54ème participation ici). Mais sérieusement, derrière : Constant Lestienne, H.Mayot, Q.Halys, Ben Bonzi…Oui, c’est le championnat de France, mais c’est surtout le championnat des murs de fond de court à 2 mains. Ce qui Sinner fait en ce moment mieux que tout le monde et surtout beaucoup mieux que Fritz. En tous cas, à Rennes, tout au plus et pour le spectacle, pouvons-nous espérer un fissurage de Ben Paire, ce qui ne devrait pas manquer d’arriver. En plus, pas de chance, puisque Ritchie fait finale à Cassis, il ne vient pas chez nous.
Jeune j’ai idolâtré Big Mac, alors Lendl, comment dire…
Plus vieux j’ai considéré Fed comme un artiste, alors Djoko, je ne supporte ni le jeu ni le bonhomme.
Je dois avoir un goût pour les ballerines.
C’est comme ça que je trouve Simone Bailes certes plus performante que Nadia C mais terriblement moins gracieuse. Bon je m’égare.
Un à qui je m’habitue, c’est plutôt Nadal. Bon mais ça ne demande pas un gros effort vu la trajectoire de l’Espagnol.
C’est prouvé que le cerveau humain n’aime pas le changement. La fin de Nadal et même celle de Djoko approchant, elle vous les rend sympathiques (moi toujours pas ) Quitte à ce que ça ressemble vaguement à un syndrome de Stockholm, les copains
Mais comment aimer le tennis en 2024 ? est une vraie question. Pas pour rien que les acteurs du tennis eux-mêmes bavent tellement devant Alcaraz. Il est quasiment le seul « joueur frisson » de moins de 30 ans sur le Tour. Quand la communauté des joueurs est sondée, donc des mecs qui savent de quoi ils parlent sur ce point précis, qui disent-ils aimer voir jouer ? Carlos, et puis Rafa, Gaël, Grigor. Des propositions de jeu fortes, des styles pas loin d’être uniques en leur genre… mais 38, 38 et 33 ans. La relève a un problème d’identification fort. Soit un jeu typé mais chiant (cc Jannik), soit un truc vaguement informe de joueurs complets partout mais excitants nulle part. Fritz typiquement, j’ai toujours pas compris comment il était Top 8 (pardon, il a été 5e ?). Il doit bien être fort pour être si régulier depuis 2 ans à ces hauteurs, mais fort en quoi ? Qu’est-ce qui marque les esprits dans son jeu ? Le service ? N’importe quel Ricain d’il y a 20 ans en avait un aussi bon que le sien ; le coup droit ? Roddick était meilleur, Blake aussi, Ginepri… Le revers ? Vaut pas les baffes de Blake. Le jeu vers l’avant ? Loin de ce qu’un Fish bien luné pouvait produire, ou Dent… Et on peut faire ça avec la plupart des mecs derrière le quatuor de tête à qui j’accorde un certain crédit. C’est compact mais qu’est-ce qui/qui est-ce qui sort du lot ? S’il ne gagne pas son GC, que restera t-il de Taylor Fritz ? Parlera t-on dans 15 ans du coup droit de Fritz/Paul comme on se souvient de celui de Soderling/Gonzo ? Vantera t-on un coup de l’attirail de Ruud/Hurkacz/Rublev/De Minaur comme on se souvient du revers de Nalbandian ou Gaudio ? Alors après il ne reste que les palmarès, les records pour laisser une trace, voire une personnalité qui fait qu’on s’attache à quelqu’un pour une raison hors sport (et encore, la personnalité ils virent tous dépressifs, autre signe que tout va bien sur le circuit, tiens). Mais quand on parle de jeu, juste de jeu, qui, à part Carlitos quand ça ne bascule pas du côté du n’importe n’awak, peut actuellement se targuer de proposer quelque chose de franchement réjouissant – pas impressionnant comme Sinner, mais réjouissant ? Du funky qui soit capable de gagner un minimum ?
Shapovalov.
Ben quoi… Tu as bien écrit « gagner un minimum »!!!
Comment aimer le tennis en 2024?
Ce n’est pas moi qui vais pouvoir répondre à cette question puisque j’ai pratiquement lâché totalement l’affaire au point que je me demande si ce n’est pas la première fois de l’année que je reviens en ces terres que j’ai tant squattées en d’autres temps.
Et effectivement, le seul joueur que j’aime regarder encore est Alcaraz. Je jette encore un œil à Djoko en espérant qu’il se vautre et je peux parfois regarder ce bon vieux Danil qui offre du spectacle et est assez marrant.
Zverev n’a jamais été ma tasse de thé, Sinner est impressionnant mais chiant, Tsitsipas est descendu du train qui devait l’amener vers un titre du GC et en a conscience.Tiafoe peut offrir des frissons mais genre deux fois par année.
Bref, tout ça n’est pas folichon. Et quand je regarde le classement, y a quand même des gars dans le top 100 dont j’ai jamais entendu parler (coucou Facundo Diaz Acosta) et je pense que ça ne m’est jamais arrivé ces 30 dernières années et ceux dont j’ai envie de regarder des matchs (j’ai bien dit « des » matchs et non pas « les » matchs) de comptent sur les doigts d’une main.
Ah oui, et chez les filles, je les confonds toutes.
Je me suis même un peu remis à suivre le foot, c’est dire si le tennis va mal !
Avoue, c’est parce que j’ai mentionné Robby Ginepri que t’as refait surface…
C’est exactement la question que je me posais. Bublik ? Parfois quand il est en forme et ne fait pas n’importe quoi. Shapovalov ? C’est désespérant tout de même de faire autant de fautes, semaine après semaine.
C’est pour ça que je prefère en ce moment le tennis des filles. Ce n’est pas encore la grande époque du tennis féminin mais au moins il y a des affrontements de styles et l’inéluctable n’est jamais certain, si je puis dire.
Moi, Sinner, je regarde un set, ça me suffit. L’inéluctable est certain, c’est bétonnement très fort, la balle va là où il faut qu’elle aille avec la vitesse et la puissance qu’il faut, il joue comme il faut jouer dans le meilleur des mondes. Inéluctable. Et très chiant.
Du coup, je ne supporte plus les à côtés du tennis, la « petite entreprise » des tronches de cakes qui ont des airs de fakirs sachants, sans oublier la pétasse de service, influenceuse, mannequin à la Redoute ou rien du tout, illustration parfaite de la bêtise, celle « qui donne aux yeux cette limpidité morne des étangs noirâtres, et ce calme huileux des mers tropicales ».
Mais le pire est à venir ! Je crains que Carlito, notre bouée de sauvetage à tous qui aimons le tennis de l’inattendu (« Etonne-moi, Carlito ! ») se fasse laminé par le tennis béton sans faille. Il manque à Alcaraz quelque chose. Il ne s’est pas construit step by step. Il est devenu tout de suite une étoile du tennis. Il ne s’est pas encore habitué à l’amertume de la défaite qu’il faut accepter pour gagner. Si Alacaraz n’est pas brillant, est-il justifié encore à ses yeux ?
C’est vrai qu’il y a le sentiment à l’ATP que l’on touche une asymptote dans le niveau de jeu. Depuis Djoko 2015, il n’y a plus vraiment d’innovation en terme de profil de jeu, hors Carlos Alcaraz et sa main exceptionnelle combinée une explosivité incroyable.
Il y a la sensation que le terrain est devenu trop petit pour les hommes, ou la balle pas assez vive, ou les raquettes trop tolérantes (quoique c’est surtout Nadal qui en a bénéficié quand on voit les ralentis et la radicalité de son coup droit ; Sinner et Djokovic étant au contraire particulièrement brillants dans le centrage à mon sens).
Pourtant il y a un autre son de cloche qui indique que le service n’a jamais été aussi important et que le jeu est devenu un peu binaire : soit c’est – de 3 coups à cause des services, en revanche après 3 coups c’est la guerre des tranchées.
Objectivement, la WTA progresse beaucoup plus et Swiatek de part sa qualité de déplacement et l’utilisation du spin avec une prise de balle tôt se rapproche pas mal du standard masculin. Visuellement elle est assez proche de Schwartzmann l’Argentin quand il était Top 20.
Comment aimer le tennis en 2024, et être Rennais ?
Parmi les principales attractions de ce Chall’de Rennes 2024, nous comptions B.Paire, avec lequel c’est a minima la garantie d’un psychodrame. « Comptions », car je lis sur le score board – oui, j’ai du mal à me motiver pour faire les 10mn à pieds jusqu’au court – que le Paire vient de perdre 6/1 6/0 contre un certain Jacob Fearnley. 6/1 6/0…Ce qui n’est peut-être pas très étonnant, puisque, comme je follow Ben sur Insta, woué gros, je sais que sa dernière et récente publication était une sorte d’image de la radio de je sais pas quelle partie de son corps depuis un hôpital (la dernière « story » de Ritchie, c’est sa promenade au zoo vers Cassis, c’est vraiment bien Insta). Bref, qu’est ce qu’il est venu faire là, Benoît ? Ne lui reste plus qu’à se plaindre des « haters » qui vont immanquablement lui tomber à présent sur le dos.
Alors, que nous reste-t-il comme « attraction » ? Manna, bien sûr, pour sa 64ème apparition ici (et qui a déclaré en gros, en arrivant, que s’il était là, en Chall, c’était « pas bon signe », au moins c’est honnête), ainsi que …Constant Lestienne – c’est pas exciting funky ça ?! – , qui affronte ce soir Jules-salut-les-breakers, oui, ce soir, puisque le top ranking de Constant et les 100K de followers de Jules font de ce match la night session vedette.
Donc, comment aimer le tennis en 2024, un mercredi rennais de Septembre ?
Je regarde la storie de Jules Breaker, « bon appétit le B », en commentaire d’une photo de ce Monsieur « B » (son camarade qui filme et monte les vidéos) en train de manger son petit dej devant une fenêtre qui donne sur un coin de Rennes que je reconnais : Distance / virtuelle / proximité / réalité : où suis-je ? Possibilité : aller voir…Si, allez, aller voir le match pour ensuite pouvoir regarder le montage qu’en fera le B avec les comm’ de Jules, ce qui n’est pas inintéressant (et la story).
Story de Paire : nouvelle coupe de cheveux.
Story de Ritchie : rien de neuf, juste une photo avec une sorte d’orque. Le zoo, donc.
Story de …Eugénie Bouchard. Si ! Je sais, c’est limite limite. Grosse pourvoyeuse de Stories, la Eugénie, elle, plusieurs fois par jour : Eugénie au « pickle Ball » ou un truc comme ça, au Paddle, mais toujours ou presque, Eugénie en maillot de bain. D’où : comm’ de haters.
Pas de story pour Gael, mais j’ai aimé dans son vlog le moment où il est interviewé par Jules Breaker, pour le Vlog de ce dernier. Une interviewe, 2 mecs (+le B), diffusion sur 2 vlogs.
J’avoue que pratiquant mal le franglais moderne, j’ai du mal à suivre les communications de Sam !!
Dommage, car la vie à Rennes, notamment en période de tournoi challenger semble être palpitante.
Cher Montagne, comme je te comprends.
15 Love est un refuge pour les gens qui utilisent encore ces tools qu’on appelle les Phrases et les Mots.
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Ca n’a pas loupé : même le très prudent Ouest France souligne la médiocrité de la « performance » Pairienne et son attitude « désinvolte ». Mahut explique qu’il s’est barré au bout de 4 jeux (soit je pense 6 minutes). Paire sur twitter : 3 émoticones qui rient aux larmes.
Le breaker a tenu jusqu’à 5/5, puis n’a plus marqué qu’un jeu, dans ce qui s’apparente manifestement à un schéma identique à celui de l’année dernière contre Ritchie (toujours au zoo), résistance, puis effondrement. Hâte de voir le vlog. Tout de même courageux et très respectable, le breaker, qui se retrouve quand même clairement de Tchall en Tchall, confronté à ses limites, mais essaie encore.
Mais on est pas les seuls à se poser la question au vu des audiences américaines de la finale de l’US. Alors même que tu avais le n°1 mondial face à un Ricain, on est sur le podium des pires audiences du XXIe siècle (et donc vraisemblablement de tous les temps depuis que la TV diffuse l’évènement) : Poil de Carotte et le conjoint de Morgan Riddle l’influenceuse font 1,7 millions de téléspectateurs. A peine au-dessus de Thiem – Zverev à huis clos (1,5). Et globalement un peu en-dessous de la plupart des audiences féminines des dernières années.
Fed – Roddick 2006, pour la dernière avant ça impliquant un Ricain (et déjà avec la concurrence de la NFL), c’était 6 millions. Sampras – Agassi 2002, 10 millions.
Vu comme ça, on relativise la défaite de la tête d’affiche Ben Bonzi aujourd’hui en quart à Rennes…
Et pour continuer dans ce joyeux panorama, je suis interpellé par ces Challengers français aux tableaux à 75% tricolores. Je sais que les tournois aiment avoir des Fraaaançais, qui font frétiller la billetterie paraît-il, mais quand il ne reste plus que ça dans ton tableau, peut on encore parler de tournoi international quand tu n’y vois que des gars que tu pourrais croiser en CNGT ? L’ATP est censé être un circuit international, quoi !
6 Français en quart ici.
Avec la grosse affiche : Pouille / Lestienne.
C’est largement le tennis de Manna le plus intéressant à voir, au final.
+ un Belge familier des tournois et interclubs en France. Autant dire qu’à la fin l’exotisme est incarné par un Grand Briton qui a traversé la Manche. Wahou
Oui, ce grand briton étant paraît-il « l’épouvantail du tableau », ce qui me laisse songeur.
Victoire finale ici à Rennes de « l’épouvantail » donc, Ecossais (ATP 164). Il paraît que plusieurs observateurs pro du tennis ont déclaré dès le tirage du tableau qu’il était le joueur le plus dangereux du tournoi. Personnellement, ce que j’ai vu de son tennis ne m’a pas chamboulé plus que ça, mais, vu donc ce qui a été dit de lui, et vu sa victoire, pas impossible qu’on tienne là un prochain Top 100 – sa victoire de toutes manière va lui faire faire un grand pas – et bien entendu plus si affinités.
Ce qui devait arriver arriva : 13 Français sur 16 huitièmes de finalistes, 6 Français sur 8 quarts de finalistes, 3 Français sur 4 demi finalistes… mais le titre qui leur échappe à l’arrivée
Pas vu jouer l’épouvantail picte mais c’est probablement, comme souvent dans le tennis actuel, la dynamique du moment qui a amené les spécialistes à le voir favori malgré sa TS 8 : il jouait encore des Futures en début d’année, il va terminer plus ou moins Top 100, Rennes étant son 3e titre Challenger depuis l’été. + un set pris à Djokovic à Wim, ce que ni Rune, ni Musetti ni quiconque d’autre n’a été foutu de faire avant que Carlitos se charge du travail.
Point Carlitos, tiens : vous avez aimé l’épisode de la fiesta à Ibiza pour préparer Wimbledon ? Vous aimerez le match plein sorti face à Humbert en Davis pour qualifier l’Espagne : bah oui, il était hors de question de revenir sur le terrain le lendemain parce qu’il était de mariage ! Alors il a fait ce qu’il fallait pour pouvoir quitter les siens l’esprit tranquille le samedi…
En termes de comm’, c’est important pour le Tchall Rennais de pouvoir afficher sa capacité à faire émerger de futures Stars. On est maintenant accueillis sur le site par une fresque intitulée « légendes », où se côtoient Djo, Rublo, Tsi et quelques autres, qu’ils aient gagné le titre ou pas. Peut-être que les billes ont été mises sur l’Irlandais cette année.
La vie des bas-fonds étant pour moi en ce moment là plus intéressante, je viens de découvrir ceci :
https://www.theguardian.com/sport/article/2024/jun/27/the-loneliness-of-the-low-ranking-tennis-player?CMP=share_btn_url
(« Je vais bien, je le promets », ou, la solitude du joueur de tennis de bas rang), par l’ex N°Irlandais. A ce que j’ai pu lire, à côté, la vie de Jules Marie est vraiment glamour. Surtout depuis qu’il fréquente les ‘Tchall, grosse, grosse différence de standing avec les Futures, comme on sait. Ce bouquin a l’air de très bien documenter tout cela, et en plus, j’y ai découvert un personnage intéressant : « American John Valenti, who went by Johnny Blaze, spent more than a decade on tour without ever earning an ATP singles ranking point, consistently losing in the true obscurity of the first round of Futures qualifying rounds ». Les bas-fonds, je vous dis…
Ah ça me fait penser à ce joueur russe qui avait été pendant quelques semaines la coqueluche de SportVox… Quelqu’un avait exhumé ses résultats, il n’y avait que des défaites lors des 3 dernières années, aux premiers tours de challengers tous plus miteux les uns que les autres… Comment s’appelait-il déjà?
Par chez nous il y avait la chronique des exploits de Filenkov par Ulysse.
https://www.15-lovetennis.com/?p=715&cpage=2
Alexeï Filenkov, bravo Guillaume… C’est tellement vieux qu’il me semblait que ça remontait à SV.
Je relisais cet article et les commentaires qui suivaient, et je tombe là dessus. Un génie, ce Guillaume.
Alors c’est très drôle parce que ça fait partie des convictions très fortes, espèces d’évidences, que j’ai eu parfois (rarement, sinon je n’aurais pas clôturé mon compte de paris en ligne à 0€ ). Dès la demie de RG contre Fed je l’ai vu gros comme une maison à Flushing, avec l’espèce de certitude que le plan se déroulait sans accroc quand, à l’été, il fait finale au Canada (très serrée contre Murray) avant un forfait de précaution très sage à Cincy.
Après, vous me direz, il ne s’en faut que de 2 points pour que Rogé fasse le sextuplé à NY…
Sauf qu’avec un plateau à 80% de Français ils ne risquent pas de voir passer le prochain Tsitsipas ou le prochain Rublev. Est-ce que ce sont les tournois qui font tout pour attirer les FR ou est-ce que ce sont les autres joueurs de la même tranche de classement qui ne viennent plus ? Mais ça m’interpelle, en tout cas. A rebours de cette tendance lourde, t’as Roanne, énième nouveau venu dans la catégorie « Challenger français », qui mise et communique à fond sur les grosses cartes de visite internationale, avec Norrie et Shapovalov pour têtes d’affiche, le prospect Fonseca et à notre ami William Wallace maintenant mis en avant parmi les « must see » du tournoi. Mais c’est l’un des seuls aujourd’hui qui affiche encore une politique volontariste d’un plateau international marqué.
Exact, en 2017, par exemple, l’année Rublev, 9 français seulement dans le tableau.
Mon Dieu, mon Cher Open Blot s’est transformé en CNGT. C’est assez humiliant en fait quelque part. Dire que j’attendais Stan cette année….
On peut aussi penser que certains challengers offrent des garanties à des joueurs type Shapovalov ou Norrie.
Oui, clairement.
Mais je serais curieux des retours sur investissements pour les tournois, si tant est qu’on puisse réellement les mesurer. Je découvre qu’Orléans a peu ou prou les mêmes joueurs que Roanne. Mais à Orléans on communique à mort sur les Fraaaaaaançais (« 10 Français entrants direct ») là où Roanne insiste sur la présence de Shapo ou du « next big thing » Fonseca. C’est marrant ces différences de stratégies.
Salut à tous, dans la lignée de mes « anthologies du tennis au cinéma » publiées ici même il y a quelques années, je viens de publier une vidéo sur YouTube qui est un hommage personnel au cinéma en général et à la web-émission « Blow Up » d’Arte en particulier, et j’y ai placé une petite allusion à 15-lovetennis.com. Bon la vidéo fait 28 minutes en tout et je me doute bien que vous n’irez pas jusqu’au bout, mais les 4 premières minutes sont consacrées au tennis au cinéma donc elles peuvent vous plaire. C’est ici :
https://www.youtube.com/watch?v=OlqezxzOPfs
Un petit commentaire serait très apprécié.
Excellent ! On croirait que t’as fait ça toute ta vie, en plus. C’est ultra quali, que ce soit le montage, le sonore, poser la voix… et je ne parle pas du degré d’expertise sur le sujet spécifique de Blow Up Tu as tout fait tout seul ou vous êtes plusieurs derrière Blow Out ?
Merci Guillaume, ça fait plèz.
Ben j’ai fait ça tout seul comme un grand, mais je l’ai fait vérifier avant publication par ma belle-sœur qui est productrice d’émissions pour la télé, elle m’a donc donné quelques conseils pour lui donner un côté un peu pro, et améliorer aussi son « dynamisme » (c’était un peu mou du genou au départ).
Bravo alors. Le travail sur les vocaux est excellent (la voix bien posée, le débit, l’intonation…), l’animation des images et les découpages sont dynamiques… Sans avoir l’expertise de ta belle-soeur mais pour avoir supervisé/passé commande de nombre de projets vidéo, je peux te dire que ton docu tient déjà largement la route.
Très bien Colin, merci d’enrichir (ou plutôt établir vu l’absence) ma culture musicale. C’est du beau travail !
Admiratif, vraiment un travail de pro.
Du coup j’ai été voir plusieurs épisodes de blow up que je ne connaissais pas.
Mais rien ne remplace bien sûr l’original avec les magnifiques Vanessa Redgrave Sarah Miles et Jane Birkin.
Merci Montagne.
Mais tu sais qu’il est fréquent que Blow Up (l’émission) fasse allusion à Blow Up (le film) dans ses divers épisodes.
Colin, je n’ai pour l’instant eu que le temps de regarder le début, qui m’a beaucoup plus – en clair, je suis lâchement allé vérifier qu’il était bien question de 15L ! – , super tonalité, déjà. La suite ce week-end, et peut être qu’un jour je retrouverai mon mot de passe You tube.
Petit tremblement de terre avec l’appel de l’AMA. Pour tout vous dire, après relecture des 33 pages du jugement de l’ITIA, et en absence des conclusions de l’AMA, cela semble plus être cosmétique et politique que réellement contentieux sur le fond.
L’AMA pour le moment n’a fait qu’un communiqué de presse de 5 lignes pour estimer que la disposition sur « l’absence de négligence » était mal applicable.
Le jugement y consacre la majeure partie de son argumentaire, y mentionnant également les éléments dissidents (notamment le témoignage d’un ami de Sinner sur l’emplacement de la trousse de soin contenant le produit incriminé : Ferrara et Naldi disent que l’application de la pommade avait lieu dans la salle de bain de Ferrara afin justement que cette pommade n’aillent pas se balader près de Sinner ou perdue de vue, l’ami de Sinner dit qu’il semble l’avoir vu quelque part).
Par ailleurs, les 3 experts (dont 2 à l’aveugle sur la personnalité du cas) sont tous accrédités par l’AMA.
Tout bien pesé, cela semble plus être de la politique et du zèle mais je pense que le TAS confortera l’ITIA.
Pékin n’est qu’un ATP 500 à la grosse bourse mais on retrouvera un nouveau classique.
Au vu du jeu déployé et des circonstances, Alcaraz semble être favori (son match contre Griekspoor a été incroyable de qualité). D’un autre côté, Sinner semble d’une solidité inaltérable et il continue à progresser dans l’alternance et même dans le toucher (nombreuses amorties réussies ce tournoi « à la Alcaraz »).
Belle surprise que Bu qui a apparemment est en pleine progression depuis 2 ans et à l’instar d’un Cobolli cette année devrait s’installer au sein de Tennis TV en 2025.
Vivement Vienne qui est mon tournoi indoor favori de l’année (superbe édition l’année dernière).
Match énorme et au couteau entre Alcaraz et Sinner. 3ème défaite consécutive pour l’Italien, opposition incroyable, je trouve que leurs matchs sont bien plus spectaculaires que les affrontements du Big 3.
Paradoxalement, au vu du niveau de jeu et de la dynamique affichée, ce n’est pas trop grave pour Sinner. En effet, Alcaraz a été éblouissant toute la semaine, Sinner en-dedans et pourtant cela donne un match hyper-serré qu’Alcaraz gagne au talent (qui est le plus grand des 20 dernières années). C’est dire le fond de jeu de Sinner quelque part ainsi que sa force mentale.
C’est tout de même Alcaraz qui mène la danse, sur un fil certes, mais il mène la danse. Ce n’est pas tant la variété de ses coups qui est impressionnante (elle l’est) que l’imprévu et la totale créativité de son jeu. A cela s’ajoute l’oscillations de son niveau au cours de la partie. C’est un funambule qui danse au bord du précipice mais tombe rarement. En face, c’est effroyable de solidité et de puissance. Mais à la fin, il perd. C’est presque moral
La créativité est en train de devenir le mantra qualifiant le jeu d’Alcaraz. C’est vrai qu’il est très fort pour poser ses amorties.
Mais ce qui est exceptionnel chez lui est surtout sa vitesse explosive combinée à beaucoup de force. A la fin des fin, en sport, on en revient au physique et celui d’Alcaraz est le plus exceptionnel de tous : c’est un boeuf ultra-léger et vif où il n’a pas à faire de compromis.
Comme Fourcade en biathlon qui était à la fois meilleur skieur, meilleur skieur et 3ème en vitesse de tir.
Je pense qu’on parle de créativité pour Alcaraz parce que son physique / son oeil / sa main lui permettent non seulement d’avoir plein de choix, mais que lorsqu’il est inspiré il pioche à plein dans toutes les options qui s’offrent à lui. C’est cette palette large que non seulement il possède mais aussi qu’il exploite, qui le rend unique à l’heure actuelle sur le circuit. Parlons amorties : hier il en fait relativement peu par rapport à ce qu’il peut à d’autres moments en abuser (et quand il en fait trop, c’est signe de panne d’inspiration, justement). Par contre il décide de changer un peu la physionomie du match-up en agressant Sinner avant que Sinner ne l’agresse. Et le Alcaraz qui tend d’habitude à être sur la défensive face aux grands frappeurs devient un Alcaraz qui joue en filières courtes, prend les cogneurs à leur propre jeu et se rue vers l’avant. Les matchs de ces deux-là nous bluffaient jusque-là par les rallyes de dingos qu’ils offraient, là on est parti sur autre chose hier. J’en souriais par moments à le voir exécuter des retours-volée façon Rogé de la grande époque (11 contre un serveur de la trempe de Sinner). C’est vraiment le rayon de soleil actuel de l’ATP. Au risque que l’attrait du circuit entier ne repose plus guère que sur un môme de 21 ans plus que d’autres sujet aux variations d’humeurs…
Sinner à l’opposé, c’est marrant mais alors que je l’aimais plutôt bien, il ne m’en faudrait plus beaucoup pour qu’il prenne la place de Djoko comme Super-Vilain principal du circuit. Perso je trouve que son jeu s’est appauvri en même temps qu’il a encore gagné en puissance – et en régularité dans la puissance. Il se plante sur sa ligne ou juste derrière et il parpine. On ne peut pas lui en vouloir d’avoir trouvé la martingale, d’autant qu’elle suffit amplement face à tous les Taylor Fritz du circuit, mais c’est devenu très minimaliste. Il créait plus en revers avant, quand son coup droit était plus faillible. Alors oui comme il perfore et qu’il est en confiance il tente de temps en temps une amortie ou une volée de finition, m’enfin c’est pas non plus la panacée, et il est facilement berdychien dans l’exercice.
J’avais déjà eu du mal avec son esquive des Jeux (pas trop eu le temps de développer, mais en gros dès lors que ses homologues top guns, Alcaraz, Djoko et même les légendes du Big 4 vieillissantes, s’y donnaient rendez-vous pour en faire un temps fort de la saison, le n°1 se devait d’y être, pas de préférer jouer les gagne-petits dans un M1000 canadien dont tout le monde se foutait, n°1 Canadien FFA inclus), ensuite toute cette histoire de contrôle positif où, sans avoir d’avis sur le fond (je ne suis ni expert en produits dopants, ni juriste), je suis atterré de la forme – l’omerta 4 mois durant, le mensonge de « blessures » finalement diplomatiques puisqu’il a admis ensuite que c’était surtout mentalement qu’il était touché au moment de Rome, le renvoi tardif de kinés qui doivent être sacrément teubés pour avoir fait entrer dans la sphère de leur joueur un produit connu comme le loup blanc en Italie pour être l’équivalent du Meldonium transalpin, « le » produit trouvable en pharmacie mais qui a déjà piégé nombre de sportifs italiens ces dernières années… Dans un sport qui souffre depuis longtemps de la réputation de couvrir ses stars, le rendu est désastreux. Quand vous causez avec des férus d’autres sports, c’est même plus la peine de leur parler de tennis Pire, on devient la caution des autres, en mode « Et pourquoi on continuerait à chasser nos tricheurs si des sports comme le foot et le tennis ne le font pas ? » T’es le n°1 d’un sport qui lutte avec cette image de complaisance vis-à-vis du dopage, tu dois jouer la transparence dès le 1er jour. Tu ne peux pas la fermer quatre mois durant sur un contrôle positif (quatre mois où tu continues à engranger victoires et titres) et te pointer la bouche en coeur à la fin avec un communiqué en mode Franck Dubosc « chouette, tout va bien, je suis blanchi… Quoi, j’vous ai pas raconté ? Ah mais ouiiiii, j’ai été contrôlé positif et vous n’en avez rien su ! »
Le tout en tirant une gueule de six pieds de long sur le court (qu’est ce que son visage s’est émacié en un an).
Bref, il a intérêt à baffer Djoko prochainement sinon je lui transfère solennellement la panoplie de Fatalis du circuit.
Salut à tous,
Un petit coucou tardif suite à un mois de septembre particulièrement chargé pour moi. Rien vu de l’US, mais je ne crois pas avoir raté grand-chose.
Colin : un grand bravo pour la vidéo. Du travail de pro. Je n’ai évidemment pas en tête tous les films où apparaissent des scènes de parties de tennis, mais il en manque au moins un, sachant que tu ne peux pas non plus être exhaustif et que tu as peut-être fait tes choix d’extraits : dans le film « Le pari », Bourdon et Campan sont totalement à l’envers sur le court dans la foulée de leur arrêt brutal – c’est l’objet du film – de la cigarette.
Guillaume : concernant notre cher Béornide Bolzanini clostébolé, je ne te rejoins pas sur le volet JO. On a déjà eu cette discussion.
Je vais, par contre, compléter ce que tu dis en relatant une petite discussion que j’ai eue voici deux semaines avec mon médecin traitant. Je suis allé le voir pour le certificat médical de ma fille pour son club de tennis ; il a mis également sa fille dans le même club, et il suit un peu le tennis. Je vous restitue approximativement l’échange que j’ai eu avec lui, décontracté de ce que vous savez.
DOCTEUR : Mais dis-moi, tu as longtemps joué au tennis toi-même, si je me souviens bien ?
MOI : Oui, en effet.
DOCTEUR : tu as vu que Sinner s’était fait prendre la main dans le pot de confiture ?
MOI : Oui j’ai vu. Tu imagines les conséquences dans les clubs ? Qu’est-ce que les entraineurs vont dire aux enfants ? Ils vont leur dire de continuer à le regarder à la télé ?
DOCTEUR : Peut-être qu’ils pourront se réfugier – au moins quelque temps – derrière le fait qu’il a été blanchi ?
MOI : une société est prête à d’immenses contorsions pour se raconter à elle-même les fadaises nécessaires pour qu’elle continue à tenir en tant que société. Ceci étant dit, il est bel et bien officiellement blanchi, et il l’a été dans le respect des procédures.
DOCTEUR : Oui, mais je me demande si ce n’est pas justement ça le plus effrayant. Un contrôle positif ne suffit plus, il faut en plus braver les procédures et faire face à des défenseurs absolument magnifiques.
MOI : Ces gens-là sont de véritables génies de la rhétorique. Mais j’ai une question justement : pour ma part, je ne crois pas une seconde à cette histoire de négligence du kiné et du préparateur physique. Mais toi, le médecin généraliste, est-ce que ça te semble crédible ?
DOCTEUR : Imagine que tu sois venu me voir aujourd’hui parce que tu aurais eu les symptômes de ce que tu penses être le Covid. Imagine ensuite que je te réponde « Quezaco le Covid ? C’est une maladie ? De quoi parles-tu ? ». Voila, cette histoire de kiné qui appliquerait un spray sur le n°1 mondial en tennis sans avoir lu la notice, c’est à peu près comme si moi, en 2024, je n’avais jamais entendu parler du Covid. Je ne suis qu’un médecin généraliste, et je n’ai jamais été approché par un sportif de haut niveau pour renforcer son staff. Mais si un jour c’était le cas, je serais donc en position de garant officiel de l’intégrité physique du joueur et à ce titre, ma responsabilité serait engagée dans son alimentation et les traitements qu’il prend. Je n’imagine donc pas une seconde ne pas lire CHACUNE des notices des produits qu’il ingère (c’est de l’Araméen pour le commun des mortels, mais pas pour moi). Je n’imagine pas non plus ne pas examiner en détail la liste des substances interdites par les instances de lutte contre le dopage, quels types de médicaments ou de compléments alimentaires sont susceptibles de contenir ces substances, et recouper tout ça avec ce que prend mon joueur. Et je n’imagine pas, enfin, ne pas faire une veille quotidienne sur le sujet, afin d’être bien à jour sur ce qui est autorisé ou non. Veille quotidienne également sur les affaires de dopage actuelles, récentes, révolues.
MOI : Et donc, par élimination, Sinner est un dopé pur et simple ?
DOCTEUR : A minima, le dossier qui l’a innocenté repose sur un tissu de couillonnades, parmi lesquelles se cachent peut-être quelques vérités. Je ne suis qu’un petit médecin de campagne, appelé parfois à prescrire des pommades à des sportifs pour soulager leurs traumatismes musculaires. Même moi, j’entends parler depuis 2 ans de ce fameux spray commercialisé en Italie mais contenant du clostebol.
MOI : Et si même toi tu es au courant, imaginons le kiné de Jannik Sinner… Il est donc hautement probable qu’il soit dopé au vu et au su de son plein gré. Et cela expliquerait en particulier qu’il ne se soit séparé des « coupables » que 5 mois après la bataille, alors que l’affaire a éclaté et que ça provoque quelques remous. Au vrai, il n’avait strictement rien à leur reprocher.
DOCTEUR : C’est ta conclusion. Et c’est aussi la mienne.
MOI : Le reste, c’est le signal que le tennis envoie au reste du monde en général, et aux autres sports en particulier.
Ah mais j’ai dit aussi que je n’étais pas le plus fervent partisan du tennis au JO. MAIS. J’y mets un « mais » lié au statut du n°1 mondial : si tous tes petits copains avec lesquels tu es censé batailler au sommet du jeu se donnent rendez-vous sur un objectif qu’ils érigent comme majeur, tu ne te défiles pas, tu relèves le gant. Aujourd’hui si je pense Alcaraz, je pense Djoko. Et vice-versa. Alcaraz a pris 2 Wim contre celui qui jouait pour en devenir le recordman de victoires. Djoko a été chercher les Jeux sur le vainqueur de RG. Alors que Sinner a pris ses titres récents sur Dimitrov, Tiafoe et Fritz. ça manque de panache pour quelqu’un qui réalise une saison statistiquement hors normes, mais laisse la drôle d’impression qu’il a évolué à contretemps de ses grands rivaux sur le segment majeur de l’année d’avril-septembre, relativement discret quand les deux autres flambaient, autoritaire quand les deux autres n’étaient pas là. Ce fut stratégiquement payant mais ce n’est pas ce genre de calculs d’épiciers que j’attends d’un n°1 censé contribuer au rayonnement de son sport (qui en a bien besoin, cf les audiences de l’US).
(pour la même raison, il y a 20 ans de ça, j’avais sadiquement jubilé quand Hewitt, qui avait fait l’impasse sur Athènes pour préparer l’US Open et capitalisé avec des titres à Washington et Long Island, n’en avait pas moins pris une fessée en finale à Flushing contre Roro, pourtant présent en Grèce )
Pas mieux sur le volet dopage. Encore une fois, je ne me prononce même pas sur le fond. Mais effectivement, comment un staff responsable fait entrer un médoc connu pour être problématique dans la sphère du joueur ? Ca me fait penser à l’affaire Thibus dont la version officielle est que le mari, à peine retraité, s’est rué acheter en ligne des produits qui lui étaient interdits car catégorisés dopants quand il était sportif de haut niveau… Et ça ne le gêne pas, ni d’y avoir à présent recours, ni de les introduire dans la maison alors que Madame est toujours en activité. Paye le risque que tu lui fais courir (si c’est vraiment ça l’histoire…). Là, t’es kiné d’un sportif de haut niveau, tu te fais une coupure à un doigt : tu ne peux pas juste passer ton doigt sous l’eau et plaquer un pansement ? C’est ça la politique du risque 0 quand tu appartiens au premier cercle d’un sportif. Mais il est vrai que c’est un monde qui a un drôle de rapport aux aides extérieures à la performance. Comme disait l’autre, chez ces gens-là… on aime les médocs. Et quand de rares Kevin Mayer ou Thibaut Pinot y sont réfractaires, c’est tout un milieu qui les considère comme des weirdos, dans une inversion des valeurs complète.
L’omerta sur le contrôle est le coup de grâce. Avec la mauvaise réputation du tennis dans ce domaine précis (cf Dédé il y a 25 ans, et tous les échos de contrôles positifs transformés en blessures diplomatiques relayés par des joueurs eux-mêmes), on entretient toutes les suspicions et toutes les théories (plus ou moins) complotistes. La mienne : du communiqué tardif au renvoi de kiné tout aussi tardif, est-ce que la prise de parole publique était vraiment prévue ou est-ce un imprévu (fuite dans un média quelconque, perspective attendue de la ténacité de l’AMA ?) qui l’a déclenché, imprévu sans lequel tout serait resté sous le tapis ? Qu’importe la réponse, en fait : le mal est là, en ce que le doute en tennis est légitime.
« La mienne : du communiqué tardif au renvoi de kiné tout aussi tardif, est-ce que la prise de parole publique était vraiment prévue ou est-ce un imprévu (fuite dans un média quelconque, perspective attendue de la ténacité de l’AMA ?) qui l’a déclenché, imprévu sans lequel tout serait resté sous le tapis ? »
Je me suis posé la question aussi. Peut-être que ça fait partie de la procédure, et qu’une information sur un contrôle positif doit être publiée dans un temps limité après ledit contrôle ? No se. Je ne suis pas non plus juriste, ni expert en produits dopants
Et Muchova qui bat Sabalenka en 3 sets ! Pas vu le match mais c’est aussi une bonne nouvelle pour le tennis féminin.
@ Rubens : D’abord bonjour et heureux de cette reprise de commentaires !
Alors le médecin de campagne plus fort que les trois experts de l’anti-dopage ? Le « peuple » coontre les élites ? Le « bon sens » contre le raffinement scientifique frelaté des spécialistes ?
Je suis comme Guillaume, je ne suis ni expert en produits dopants, ni avocat spécialisé dans les affaires de dopage.
D’un point de vue basique, à quoi ça sert de se doper avec une quantité de produit dopant qui ne produit aucun effet selon les experts de la chose ? A rien.
Sauf à dire de façon trumpienne que les experts se trompent. « Il peuvent dire ce que qu’ils veulent mais moi je sais bien que. » Le produit dopant en question n’est pas fabriqué naturellement par l’organisme. La moindre trace est alors détectée. Ce qui ne veut pas dire que cette moindre trace a un effet sur les capacités du joueur.
Pour le reste de l’argumentation (ils auraient dû savoir), cela revient alors à dire que les traces du produit ne sont que le reste d’une utilisation beaucoup plus efficiente du dit produit et que la crème ou le spray du kiné n’est qu’un nuage de fumée pour masquer un usage dopant du produit en question. Là, c’est plus intéressant et cela mériterait une réflexion plus poussée. Ce point pourrait peut-être expliquer l’insistance de l’AMA.
Je dis bien « peut-être » parce qu’il semblerait que le raisonnement de l’AMA ne soit pas celui-ci mais plutôt que Sinner n’a pas été suffisamment attentif à prévenir à l’insu de son plein gré l’absorption infinitésimale du produit.
Salut Nathan,
Je ne vois pas vraiment le rapport entre ton commentaire et le mien. Je ne remets pas en question la compétence des experts des commissions anti-dopage. En revanche, je remets la compétence d’un kiné au chevet d’un champion de tennis à la juste place qui est la sienne. Toute l’argumentation du Béornide et de sa petite entreprise consiste à évoquer une négligence de la part de son kiné et de son préparateur physique. Je réponds que ce niveau-là de négligence est tout simplement impossible. Et cela n’a rien à voir avec le bon sens populaire qui s’insurgerait contre une légitimité frelatée.
« D’un point de vue basique, à quoi ça sert de se doper avec une quantité de produit dopant qui ne produit aucun effet selon les experts de la chose ? A rien. »
Et d’un point de vue tout aussi basique que le tien, à quoi ça a servi à Richard Gasquet de se shooter à la cocaïne à la veille d’un tournoi dont il annonça se retirer le lendemain ? A rien non plus. Et là de surcroît, on est dans le cas d’un produit qui raccourcissait sa carrière et sa vie, mais sûrement pas dans le cas d’un produit destiné à améliorer ses performances. Richie n’en a pas moins été suspendu pendant plusieurs mois, le temps pour les avocats de Lagardère (autres ténors du barreau, à n’en pas douter) de produire un argumentaire très solide également, qui l’a finalement innocenté. Deux poids, deux mesures.
Non, il ne s’agit pas d’une affaire de compétences. Une affaire de morale et d’éthique, en revanche, oui. J’ai vu « Painkiller » récemment, saisissante mini-série reconstituant un volet important de l’affaire des opioïdes aux Etats-Unis. D’où il ressort que des milliers d’experts, médecins, juristes, communicants, entrepreneurs, experts (et surtout expertes) en relations publiques et en lobbying, tous bardés de diplômes et parfaitement compétents par ailleurs, ont mis un mouchoir sur leur éthique personnelle et professionnelle pour rendre possible un immense scandale de santé publique, avec des dizaines de milliers de morts à la clé. Une paille.
Je ne mets évidemment pas l’affaire de ce cher Béornide sur le même plan. En revanche, oui, je pense qu’il est plus que temps d’en finir toutes ces affaires de dopage où apparaissent des histoires de négligence, d’oubli ou d’accident, d’insu du plein gré, qui au final innocentent le principal intéressé tout en accablant son staff médical de charges qui n’ont pas une once de crédibilité. Car en effet, si j’en crois les regards de mon entourage, l’image du tennis pâtirait moins de la mise au ban de son n°1 mondial convaincu de dopage que de la situation actuelle.
To be continued…
Ce n’est pas le procès du kiné. c’est celui de Sinner. Son kiné est kiné, il n’est ni pharmacien, ni médecin. Et il a droit aussi d’être con. Quelle est la fonction d’un kiné ? Ce n’est pas d’être la vigie anti-dopage du joueur, me semble-t-il. Mais j’ai l’impression, à ce compte, que les joueurs devront recruter dans leur « petite entreprise » un spécialiste pour ces questions désormais.
On ne peut pas automatiquement rendre responsable Sinner de la négligence ou de l’ignorance ou de la connerie de son kiné qui s’est mis de la crème pour soigner une blessure. Sinner savait-il que le kiné s’était blessé ? et savait-il qu’il mettait cette crème-là ? Enfin ! Il faut corroborer cette explication de la transmission avec la dose infinitésimale retrouvée pour pouvoir juger de sa plausibilité d’une part et de la faute de Sinner quant à son manque éventuel de vigilance d’autre part.
Ce cas est effectivement très similaire à celui de Richard qui a été suspendu immédiatement 2 ou 3 mois et blanchi au final par le TAS. Mais le deux poids deux mesures, parfaitement exact, ne fait que démontrer que ce n’est pas normal de traiter différemment deux joueurs pris dans la même tourmente. Oui c’est inéquitable. Mais la faute à qui ? A Sinner ? C’est inéquitable mais sur le fond de la culpabilité ou de l’innocence de Sinner, c’est sans objet.
Vos arguments, à Guillaume et à toi, que je comprends, en gros, je simplifie : « il y a trop d’odeurs de dopage dans le tennis que cela ouvre la voie à toutes les suspicions complotistes », je les partage. Mais ce sont des arguments généraux.
Or là, il s’agit d’un cas individuel. On juge de la responsabilité individuelle d’un joueur qui s’appelle Sinner. On ne juge pas Sinner comme on prendrait une mesure de prophylaxie pour en faire un exemple. Oui, il y a sans doute du dopage dans le tennis, même chez les plus brillants des joueurs. Mais là, on juge d’un joueur en particulier.
Sinner aurait-il dû de lui-même dire qu’il avait eu deux contrôles positifs ? Cela aurait eu de la gueule, ce comportement héroique. Je vous laisse imaginer le déchainement médiatique ainsi que celui des autres joueurs dans cette hypothèse qui aurait laissé libre cours à tous les discours les plus fantaisistes pas forcément animés des meilleurs sentiments. Il y a de quoi broyer un jeune type, surtout s’il est éventuellement innocent
Merci Nathan de me relayer un peu.
Effectivement, Guillaume et Rubens, vous employez des arguments hégeliens, généraux qui fonctionnent très bien dans le meilleur des mondes. Or la justice doit être individualisée, pesée et balancé vis-à-vis du droit dans notre monde sublunaire à tendance libérale qui suit l’état de droit.
J’ai l’impression que vous n’avez pas lu les 33 pages (c’est pas long) de l’attendu de l’ITIA qui est un cas relativement simple en justice.
Toutes les informations y sont, et selon l’ITIA, Sinner a fait les démarches pour s’assurer du respect de l’anti-dopage et qu’il y a eu diablerie et incompétence mais que lui-même n’a pas été négligent ni fauté.
L’argumentation de l’ITIA repose sur le fait que Sinner avait bien désigné 2 responsables de ce volet là (l’agent et Ferrara le préparateur physique), que Ferrara avait bien toutes les compétences tant livresques (doctorat en pharmacologie) qu’expérientielles, qu’il a pu corroborer son témoignagne qu’il avait été vigilant quant à la blessure de Nardi (il a remarqué la blessure, lui a demandé s’il était vigilant quant à l’antidopage et se lavait les mains).
En somme, qu’il avait accompli la partie du travail qui lui incombait, même s’il ne peut pas matériellement être expert de l’antidopage.
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Quant aux amalgames avec l’affaire Gasquet ou Simona Halep, c’est assez drôle puisque l’ITIA utilise la jurisprudence Gasquet dans le cas Sinner. En réalité Gasquet s’en est très vite sorti mais s’il a pris du conservatoire, c’est parce que le cas était « nouveau » et avec une dose assez importante.
Sinner avait plus de jurisprudence, une dose plus faible, et une argumentation solide (tout en reconnaissant la matérialité du contrôle) qui ont permis la levée de la suspension dans le cadre de l’appel. Je répète mais le cas est peu contentieux.
L’appel de l’AMA consistera à démontrer que Sinner a été négligent ou fautif, on n’a pas pour le moment les conclusions de l’AMA mais je suis impatient de lire l’attendu du TAS qui – il y a de fortes chances – se basera sur l’argumentaire de l’ITIA.
Et pour ajouter, il est logique que Naldi et Ferrara partent après que la décision de l’ITIA, ils paient la matérialité du contrôle. Ferrara pour avoir échouer dans son obligation de résultat et Naldi pour sa négligeance.
Je trouve que les 2 contrôles ont été traités avec beaucoup (trop peut-être de diligence) mais il me paraît ardu de passer la hache précipitamment, même si c’était fatal in fine.
Merci à tous pour vos commentaires agréables sur « Blow Out ».
Pour ce qui est du cas Sinner,
(1) même si je n’ai personnellement aucun doute sur le fait que la grande majorité des sportifs de haut niveau se dope(nt) à des degrés divers,
(2) je pense néanmoins qu’en l’occurrence l’hypothèse de la bévue stupide est très plausible. Mon expérience de bientôt vieux (57 ans quand même) m’a amené à être confronté à des tas d’exemples où on se dit « mais c’est pas possible il n’a pas pu faire ÇA !!! » Et pourtant, si. Et ce, malgré tous les contrôles et toutes les procédures qu’on est censés mettre en place.
Comme disait Rocard, « Toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot demande un rare esprit. »
Ceci dit, pour revenir à mon point (1), la bévue isolée n’exclut absolument pas l’existence du dopage généralisé; c’est juste que dans cette situation précise, si bévue il y a, Sinner doit être innocenté, et ce, même s’il se dope abondamment par ailleurs.
Quant à la discussion entre Rubens et son médecin, là encore, j’y vois l’éternel abîme entre la théorie et la pratique. Evidemment qu’en théorie aucun professionnel un tantinet sérieux n’est censé commettre une telle bévue, digne d’un débutant, stupide de surcroît. Oui mais la réalité est tout autre. Tout le monde fait des erreurs stupides. C’est tellement facile de se goberger en disant « Moi, jamais au grand jamais je ne pourrais faire une bévue pareille ». Ben si, en fait.
Je vois que j’ai réveillé tout le monde avec mon pavé
Salut Perse, I’m back.
Non, je n’ai pas lu les 33 pages du torchon de l’ITIA, et quand bien même je lirais mieux l’Anglais, je ne le ferais pas. Pourquoi ? Parce qu’apprendre que ce document mentionne – mais arrêtez-moi si je me trompe – que le kiné est fautif d’avoir mis dans les parages du Béornide un spray fatidique me suffit largement, non pas pour me faire une idée de ce qui a provoqué ce test positif, mais pour savoir sans le moindre doute que ce document a été rédigé pour innocenter le joueur et non pour expliquer ce qui s’est réellement passé.
Que ce document renferme une énormité pareille discrédite d’emblée toutes les autres informations qu’il contient. Et en ce qui me concerne, j’ai déjà mon lot quotidien d’histoires pour aider mes enfants à s’endormir.
Colin : une erreur stupide, ça arrive aux meilleurs en effet.
Nathan disait aussi un truc vrai : le kiné n’est pas – en tout cas pas nécessairement – la personne référente pour tout ce qui concerne les traitements médicaux et l’alimentation du joueur. Dans le cas de Sinner, je crois que c’est Ferrara, c’est d’ailleurs pour cette « raison » qu’il a été débarqué également.
Puisque vous ne semblez pas prendre tout à fait au sérieux le point de vue d’un médecin (de campagne en plus), je vais prendre la question par un autre bout. En 2012 ou 2013, j’étais tombé sur un podcast avec Kinder Jo et Gillou, sur une radio locale, sans doute pendant un tournoi français où ils étaient alignés tous les deux. Le journaliste leur avait posé une question sur leur façon de s’alimenter et de se soigner.
La réponse de Jo avait d’emblée posé le cadre et mis la question du dopage au centre de la problématique. Il était au contact régulier d’un nutritionniste et d’un médecin du sport, tous deux bien au fait des questions liées au dopage. Ces deux personnes ne voyageaient presque jamais avec lui mais donnaient des instructions très précises à son staff, le but étant d’optimiser son alimentation, mais aussi de surveiller de près les compléments alimentaires et les traitements médicaux divers. Je ne me souviens plus qui dans ce schéma était la personne référente, par contre Jo insistait bien sur l’importance que chaque membre du staff décline l’ensemble des médicaments qu’il prenait pour lui-même, et les communique à tous les autres membres du staff. Et ça s’appliquait à lui, mais aussi à son conjoint, ses enfants. Et il se devait de prévenir tout problème, en mettant à jour toute information nouvelle à ce sujet.
Et Gillou de renchérir, en ajoutant qu’il se reconnaissait pleinement dans ce schéma-là, mais qui dans son cas concernait aussi ses enfants (à ce moment-là, il en avait, Jo pas encore). Gillou racontait donc, le sourire aux lèvres, que tout le monde dans son staff a appris que l’épouse de son entraineur avait changé de médicament pour ses menstruations dans l’heure qui avait suivi la visite de cette dame chez son médecin et avant-même qu’elle n’ait mis la main sur ce médicament Il précisa également que lui et son équipe faisaient toutes les semaines des petits points de 5-10 minutes sur le sujet, parfois consacrés aussi à l’actualité de tel ou tel joueur (pas seulement de tennis) pris par la patrouille, ces événements étant autant de points de vigilance pour tous.
Au journaliste un peu surpris qui leur demanda alors si tout ce schéma ne relevait pas un peu de la paranoïa, ils répondirent que cela faisait partie du job, qu’ils étaient contrôlés TRES souvent, y compris à l’improviste, et que c’était le prix de la probité. Ils avaient aussi noté un point important, c’est que beaucoup d’affaires de dopage semblaient liées à des produits que prenait un membre de leur staff ou de leur famille proche (sans oublier les donzelles fougueuses de Miami ). Et ils conclurent en précisant que de tels dispositifs étaient monnaie courante dans les équipes des joueurs du top 50.
Donc, si l’on prête à Jannik Sinner un professionnalisme à peu près égal à celui de Tsonga et de Simon il y a une dizaine d’années, pour que du clostébol finisse dans son organisme, il faut l’enchainement suivant :
– Le kiné n’a jamais entendu parler du fameux spray, qui a pourtant pris au piège d’autres sportifs italiens dans un passé récent.
– Il est allé à la pharmacie acheter ce spray, en toute innocence bien entendu. C’est à se demander comment ils font dans les autres pays où il est interdit, car il est évident que c’est le seul à être efficace.
– Il n’a pas lu la notice. Ou alors, il n’a rien compris à ce qu’il lisait (un kiné, donc).
– Il n’en a rien dit au reste de l’équipe. Ou bien, s’il le leur a dit, les autres sont au final aussi coupables que lui car aucun n’a activé le moindre warning.
– Il a laissé trainer le spray à proximité immédiate de Jannik.
Colin, une seule de ces erreurs, prise individuellement, relèverait d’une incroyable incompétence, déjà difficile à avaler mais encore à peu près plausible. Mais avec un tel enchainement, nous sortons du cadre de l’incompétence pour rentrer dans autre chose. Nul besoin de convoquer la version rocardienne du rasoir de Hanlon
Et bien dans ce cas tu fais du Fouquier-Tinville et tu te confis dans une posture en ne faisant pas une démarche d’information.
Ce que tu fais est un étalage de moraline qui te permet de te flatter l’intelligence mais te rends également à côté de la plaque dans le cas d’espèce.
Ce que tu as appris sur Jo et Simon, la même chose est exactement décrite pour Sinner par exemple.
Colin l’explique très bien : il n’y a jamais assez de créativité pour faire des conneries, et ça arrive tout le temps. Il y a rarement d’intention maligne, juste de la bêtise.
C’est un cas très léger en tout cas et il n’y a pas de contentieux particuliers entre Sinner et les contrôleurs pour le moment. Attendons de voir l’argumentation de l’AMA pour justifier la négligence.
Un grand merci bis, Perse. Vraiment. Et bravo. Et, dans ton cas comme dans d’autres, une formule malencontreuse est possible, une deuxième n’est jamais fortuite. C’est comme les victoires en Grand Chelem (copyright Marat), une victoire peut être accidentelle, une deuxième non.
Chers amis 15-Lovers, permettez-moi de prendre congé. Je n’ai de toute façon plus grand chose à commenter sur l’actu du tennis, tous mes articles parlent d’une époque révolue. Et pour dire la vérité, je reconnais que mon intérêt pour le tennis est en train de s’émousser. Roger, tu as tué ton sport.
C’est la première fois que j’essuie insultes et mépris sur un forum. Je vais donc flatter mon intelligence et jouer les pères-la-terreur ailleurs.
Allons, allons, Rubens, ne nous quitte pas ! Le tennis est en train de se renouveler, en particulier le tennis féminin, avec plein de joueuses intéressantes. Chez les hommes, il y a un jeune joueur qui joue un tennis extrordinaire avec des sautes de niveau qui rajoutent au suspens.
La joute verbale rajoute à l’intensité de la discussion, diable ! C’est comme un match de tennis. Faut qu’il y ait un peu de fight parfois pour réveiller le spectateur. Et puis Fouquier-Tinville, c’est pas Torquemada, c’est déjà ça !
Rubens, l’enchaînement que tu cites se base sur l’hypothèse de l’ignorance. Or, évidemment, ces gars là sont tout à fait au courant de ce qu’ils font (ou plutôt, de ce qu’ils sont censés faire). Tu oublies simplement un élément qui, à lui seul, explique l’occurrence de ce genre d’erreurs fatales. C’est celui-ci : je sais très bien que ce que je suis en train de faire présente un risque élevé, mais je suis pressé et je n’ai pas le temps de faire autre chose, et donc, je le fais quand même en me disant « bah, ça va passer ». Et dans la plupart des cas, en effet, ça passe. Et puis, un jour, un contrôle antidopage qui tombe pile au mauvais moment, et ça ne passe pas.
Ceci dit, et je me répète, loin de moi l’intention d’affirmer que Sinner ne s’est jamais dopé (je suis même assez convaincu du contraire). Quant à Pogacar, je ne sais pas ce qu’il prend, mais ça doit être de la bonne.
Désolé que tu prennes la mouche mais cette coquetterie de ne pas lire tous les éléments en mains font que tu tournes à vide. Et c’est dommage puisque tu as toutes les capacités pour t’informer.
« Ce document a été rédigé pour innocenter Sinner » : au delà de la dérive téléologique du propos, c’est factuellement faux. C’est un fourvoiement que tu fais là.
Waouh, vous êtes déchainés les gars… ! 15L, le seul site de sport où l’on cite Michel Rocard, merci Colin !
Ci-dessous la vraie actualité tennistique, avec mon pref’ actuel, ce cher Lilian Baduuf, qui décidément n’a pas de bol au tirage :
https://www.youtube.com/watch?v=HXpTRghiJIU
https://www.tas-cas.org/fileadmin/user_upload/CAS_Media_Release_10443.pdf
Le cas Pogba permet de comprendre les nuances juridiques.
Dans le cas de Pogba, il n’a pas cherché un cas de « no fault no negligence » mais a montré que le médecin américain a exagéré sa compétence (le dit médecin disait s’occuper de plusieurs athlètes professionnels et être au fait du code mondial antidopage). Pogba a fait un peu trop confiance, sans suffisamment de contrôle.
Sinner lui n’a fait aucune démarche de prescription auprès d’un médecin.
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Pour l’image du tennis en matière de dopage, depuis que je fouille l’ITIA et en comparaison avec l’AMA et le TAS, je dois bien avouer que l’ITIA publie toutes ses décisions alors que l’AMA et le TAS ne le font pas nécessairement si l’une des parties demande la confidentialité.
Il y a en réalité pas mal de transparence tout compte fait. En revanche, on pourrait pointer que l’étendue du passeport biologique n’est pas suffisante (à peine 300 joueurs concernés, en gros le TOP 100 + les blessés de haut niveau). De même le tennis est soumis au code mondial anti-dopage, même si l’ITIA est indépendante de l’AMA. La situation est bien plus conforme que les sports professionnels américains à l’égard du consensus mondial antidopage.
Enfin dernier éléments : j’ai lu dans Sport&Vie qu’il y avait une différence majeure entre sport collectifs et sports individuels à l’égard de l’antidopage, c’est que seuls les joueurs co « actifs » (i.e : inscrit dans une liste de compétition) sont soumis à l’antidopage tandis qu’un athlète individuel ne peut se libérer des contraintes qu’en étant officiellement retraité.
Avec le gouffre de moyens entre les sports co et individuels en terme de fonction support, il paraît douteux que les premiers soient en retard sur les seconds, d’où peut-être la forte détection du dopage en cyclisme qui est à l’interface des deux catégories.
@tous, Hello!
@Colin, j’espère que tu va renouveler l’expérience, ta vidéo est géniale (et pas trop longue) et j’adore Blow UP que j’écoute depuis des années.
Il y a un épisode que j’apprécie tout particulièrement, il traite de Brian DePalma et donc de Blow out un de mes films préféré surtout de part son scénario. Visuellement il a subit les effets du temps mais l’impact final fonctionne toujours aussi fort.
Je retourne à ma léthargie.
Je viens encore vous lire mais le cœur n’est plus à l’écriture mais je ne m’avoue pas vaincue…
Merci May, ravi que ma vidéo t’ait plu et qu’elle t’ait permis de sortir de ta « léthargie » (en tant que commentatrice de 15-love je veux dire!)