La défaite en face (3/3)

By  | 14 août 2010 | Filed under: Bord de court

Episode 5- Amicalement vôtre

14h25. Jean-François, Roland (qui a décidé d’être juge de chaise pour ce match) et moi-même entrons sur le court n° 7. L’atmosphère est orageuse. Pas sur le court mais dans le ciel. Depuis quelques heures des nuages noirs planent au-dessus de la Malcombe et la menace se précise sérieusement. Le ciel est de plus en plus gris. Loin de ces considérations météorologiques, je me demande ce que je fais là, en demi-finale, après un demi-match. J’ai beau le détester, Blond-Blond a raison, c’est ridicule. Espérons que ma prestation contre Ramborg ne le soit pas aussi.

Jean-François je le connaissais peu, pour ne pas dire pas du tout. Les amabilités que nous avions échangées avant d’entrer dans l’arène étaient même la plus longue conversation que nous eussions jamais eue. Nous n’étions pas du même monde, que ce soit dans la vie ou sur le terrain. Jean-François était ce qu’on pouvait appeler un fils de bonne famille. Sans en être une caricature, il en était un bon exemple. Jamais un mot plus haut que l’autre mais une manière de se tenir, de se comporter, qui montre une certaine éducation, à défaut d’une éducation certaine, toujours bien mis, même sur le court où la tenue blanche, immaculée, était de rigueur. La rigueur était du reste le point fort de Jean-François. Dans le jeu il était à la fois appliqué et déterminé. Que ce soit sur son service ou sur celui de son adversaire Ramborg prenait la direction des opérations après deux échanges tout au plus. C’était un champion d’échecs qui, une fois l’avantage pris, ne laissait que peu de chances à son adversaire. Peu à peu il améliorait sa position, compliquait la vôtre et le mat devenait inéluctable. J’avais déjà fait les frais de cette stratégie échiquéenne.

Un joueur qui sait marier à la perfection le tennis et les échecs : Richard Gasquet

Bien que nous soyons tous de niveaux fort disparates, Roland tenait à ce que chacun d’entre nous rencontrât tous les autres membres du club, ne serait-ce qu’une fois dans la saison, même pour une demi-heure. « C’est comme ça qu’on apprend » aimait-il à dire. Après quelques semaines au club mes jetons de présence furent assez nombreux pour que j’eusse le privilège de rencontrer « Il Maestro ». J’en avais entendu parler mais je ne l’avais jamais vu jusque là, nous n’étions pas dans le même groupe d’entraînement. Ce fut un massacre. Ballotté de droite à gauche, de long en large, de fond en comble, je subis la loi de Jean-François sans coup férir. Seules quelques volées de bon aloi sauvèrent mon honneur. Après ma défaite (je dis « défaite » mais on ne comptait pas les points lors de ces échanges-là, tant mieux pour moi !) le débriefing fut cuisant. Roland me prit à l’écart, peu amène : « Mais qu’est-ce que t’as fichu enfin ? »

- Ma foi, ce que j’ai pu ! J’ai appliqué  les bases, jouer le revers le plus possible.

-  Ah oui ? Tes coups droits décroisés à répétition c’était pour l’embêter sur son revers, c’est ça ?

- Ben, oui.

- Alors tu vas me faire plaisir de regarder ton adversaire quand tu joues. Jean-François est gaucher ! »

15h15. Alors que, tel un cabri, je suis allé, altier, quérir la balle au meilleur moment un « Klong » aussi sinistre que typique m’a informé derechef que mon coup ne pourrait être qu’un désastre. Raaahhhh ! Une erreur de centrage ! Waterloo, la Bérézina, aussitôt des images de déroutes napoléoniennes s’imposent alors à mon esprit. Mais encore ce n’étaient là que des batailles alors que moi, je dispute un match de tennis ! Que pèsent quelques milliers de cadavres de grognards face à une défaite en deux sets secs ? Je disais que je disputais un match de tennis ? Non, je participe à la victoire de mon adversaire en jouant tous les coups à l’envers. Je n’ai même pas marqué un jeu !

Tandis que la balle disparaît au-dessus du grillage, engloutie au tréfonds d’une dimension parallèle dont elle ne ressortira sans doute jamais, il convient de trouver un moyen de sauver la face, même si elle est couverte d’acné. « Oh, diantre, une des gentilles cordes de ma ci-devant raquette ne se serait-elle pas subitement brisée ! » m’écriai-je. Pour être honnête mes mots exacts furent plus probablement « P***** de b***** de raquette de m**** ! » mais d’une part, ce n’est guère poli d’écrire cela, vous en conviendrez, et de plus ceci me contraint à taper beaucoup d’astérisques et je ne sais jamais où cette p***** de b***** de touche de m**** se trouve sur le clavier.

Revenons sur le court. Je suis mené 0-6, 0-4 puisque mon énième faute directe vient de me faire perdre un nouveau jeu de service. Mon esprit sportif me pousse à continuer même si mon cerveau me rappelle opportunément que Ramborg est bien meilleur que moi et que mes chances de l’emporter sont infimes. Je vous aurais bien raconté le début du match mais je n’étais tellement pas là que c’est impossible. Avant d’entrer dans ce long couloir de désolation qu’est cette rencontre sans cesse flottaient dans mon esprit les pires messages de motivations : « Ne t’énerve pas, ne frappe pas trop fort, ne t’impatiente pas à l’échange, n’oublie pas qu’il est gaucher… ». Noyé dans cette mer de négations, devenue bien vite un océan de négativité, j’ai sombré corps et biens.

Roland, juché sur sa chaise d’arbitre, m’interroge : « T’as un blême avec ta pelle, gamin ? ». Je vais pour répondre « Non je me suis trompé » quand je constate en jetant un bref coup d’œil à ma raquette qu’une corde est bel et bien brisée. Tudieu ! Cela ne laisse pas de me surprendre. Que faire dorénavant ? Je n’ai point d’autre raquette. Soudain mon cerveau est assailli par les sirènes de la défaite et leur chant envoûtant : « Abandonne ! Abandonne ! Abrège tes souffrances. De toute façon dans cinq minutes c’est fini alors… ». Alors, non !  Tel un Ulysse des courts je reste sourd a ces appels, d’autant plus que Roland, mon Zeus, descendu de ses cieux, s’approche de moi avec toute la bienveillance dont il est capable. C’est tout de même grâce à lui que je suis ici, en demi-finale qui plus est. Tandis que mon divin coach prend ma raquette afin de constater la catastrophe je me souviens de ses mots lorsqu’il m’avait convaincu de participer à ce tournoi.

C’était un soir après l’entraînement. Roland m’avait attendu à la sortie des vestiaires, l’air soucieux. « Dis, gamin, il faut qu’on parle tous les deux ! Tu peux me dire pourquoi tu ne t’es pas inscrit au tournoi ? » Je ne savais pas quoi répondre d’autre que «  Je n’ai pas le niveau. ». Roland s’emporta alors : « Le niveau de quoi ? C’est un tournoi de tennis, tu es un joueur de tennis, tu viens jouer, c’est pas compliqué ! Qu’est-ce que tu as ? Tu as peur de perdre c’est ça ? Moi je forme des joueurs de tennis, pas des gagneurs de tennis. D’ailleurs on dit « joueur de tennis » pas « gagneur de tennis », non ? Tu sais petit, celui qui a envie de gagner il ne gagne pas toujours, celui qui a peur de perdre il a déjà perdu mais celui qui a envie de jouer il gagne toujours de toute façon. Et toi t’es pas le nouveau Noah, tu seras peut-être jamais classé mais t’es un bon p’tit joueur alors viens jouer, merde ! ».

Comment refuser après un tel plaidoyer ? Je parvins à articuler : « Oui, d’accord,  je m’inscris ». Roland m’honora alors de sa « spéciale » assortie de la finale « franche hilarité» avant d’achever la conversation à sa façon : « Il me semblait bien que t’étais pas si con que ça. Allez rentre chez toi maintenant, grand cake ! »

15h18. Le coach pose ma raquette contre le grillage puis annonce le funeste diagnostic : « Bon, ben elle est morte ! Va falloir t’en trouver une autre.» Jean-François, qui était venu se rendre compte par lui-même de la situation, réagit aussitôt : « J’en ai deux dans mon sac de raquettes si vous voulez ! » Son « vous » s’adresse au coach, pas à moi. Je n’existe pas vraiment pour lui et je dois reconnaître que ce n’est pas le match d’aujourd’hui qui pourrait lui apporter la moindre preuve que je suis bien en vie. Roland rétorque « Non, t’as une tension bien spéciale toi, ça n’ira pas ». Une voix familière retentit soudain derrière le grillage : « Eh, attendez, j’arrive, je prête la mienne, j’arrive ! » Damned !  Richard, mon ami, mon bourreau en cette occasion précise, pousse la porte du court et nous rejoint, rayonnant, avec son abomination à la main : sa raquette grand tamis !!!

Je suis au bord de l’explosion nucléaire. On ne va quand même pas ajouter le ridicule à l’humiliation, non ? J’ai déjà assez honte comme ça, les gars. Comment me sortir de ce guêpier ? Comment refuser ? Alors que Superpote me tend sa poêle à frire en souriant, j’improvise : « Attends, je ne peux pas accepter. Une raquette c’est comme une femme, ça ne se prête pas ! »

Constatant alors les mines ahuries de mes interlocuteurs, je m’aperçois que j’ai dû utiliser là l’argument le plus foireux de tous les temps. Raahhh ! Je ne vais pas y couper, il va falloir que je termine ce match avec l’ustensile de cuisine de Superpote. Ô rage, ô désespoir !

En me confiant sa raquette Richard me glisse à l’oreille : « C’est quand même pas très bien parti, hein»… « Ah, tu avais remarqué ? » lui réponds-je sur un ton que je voudrais détaché en empoignant l’objet du délit. Mais qui a pu dessiner un truc aussi atroce ? J’ai l’impression de me retrouver dans une case d’un Mickey Parade ou d’un Picsou Géant. En me replaçant pour recevoir, tandis que Richard quitte le court, j’entends une voix aisément reconnaissable qui goguenarde « Vas-y l’OTNI !    Vas-y ! Fais-nous rêver ! » Crétin de Blond-Blond ! Pas de doute si le grillage a été inventé ce n’est pas pour éviter que les balles aillent trop loin mais plutôt pour protéger les spectateurs imbéciles des joueurs vindicatifs.

Jean-François sert. Vert de rage je frappe de toutes mes forces dans la balle sans me soucier du timing et encore moins du placement. Juste un coup pour me défouler. Hulk qui frappe avec la raquette de Mickey, ça c’est vraiment comi(c)que !

"Quand Capri pas content, lui toujours faire ainsi."

Un peu apaisé et persuadé d’avoir fait faute je me rends aussitôt de l’autre côté du court pour réceptionner le prochain service. C’est alors que j’entends Roland annoncer « 0-15 ». « 0-15 » ? Comment ça « 0-15 » ? Je n’ai pourtant pas entendu la musique de la 4ème dimension ! Franchement si jamais mon retour est dans le court c’est que nous nageons en pleine science-fiction. Je fixe la raquette de la honte avec circonspection. Cet outil serait-il, à l’instar d’Ivan Lendl, aussi disgracieux qu’efficace ?

Episode 6 – Vent de révolte

A l’autre bout du terrain, Ramborg, aussi surpris que moi j’ai l’impression, se replace pour servir. Il décoche une mine qui part extérieur. J’avais senti le coup, en cinq pas aériens je suis sur la balle et je délivre un revers si croisé que Godefroy de Bouillon en personne ne l’aurait pas renié. Le cyborg reste scotché à des mètres de la balle, à nouveau transpercé. Jean-François, comme l’assistance, semble stupéfait. Pour être tout à fait honnête je ne le suis pas moins ! Alors qu’il se repositionne, je constate que, pour la première fois de la rencontre, mon opposant me regarde vraiment. Et je parierai bien qu’il commence à douter, un tout petit peu certes mais ce tout petit peu me convient très bien. Je décide de tenter d’élargir l’éventuelle brèche en jouant le gars sûr de lui et de son fait. Au lieu d’attendre la balle  un mètre derrière la ligne, comme je l’ai fait depuis le début du match, je me place juste devant avec le regard cruel du chacal qui a repéré une proie blessé. De l’esbroufe pure et dure, quoi ! Le pire est que ça fonctionne. Une double faute et un coup droit dévissé de Terminator plus tard me voilà enfin pourvu d’un jeu. Un jeu blanc !

Encouragé par ce demi-exploit, je parviens enfin, à la pause, à remettre mes neurones dans le bon ordre pour analyser la situation. Après une rapide concertation avec moi-même je décide d’arrêter de forcer mes coups et de servir comme je sais le faire sur ma mise en jeu. Pas de force, juste le mouvement. Et ça marche ! Au lieu d’un projectile tendu qu’il renvoyait assez facilement mon adversaire se retrouve à recevoir des balles qui rebondissent très haut, ce qui le gêne considérablement lorsqu’elles arrivent sur son revers. En cinq points mon jeu est plié. 2-4. Jean-François semble un peu agacé quand vient son tour d’envoyer. Et ça va se confirmer lors d’un point où, tels des mulets, nous nous entêtons à jouer coup droit décroisé en tapant comme des sourds. Le champion est vexé, il ne réfléchit plus et veut me corriger. Mais le rallye de coups droits tourne en ma faveur. Pendant le point un grondement lointain s’était fait entendre. Il n’émanait d’aucun des deux rivaux. Il semblerait que l’orage tant craint à Baume-les-Dames soit plutôt destiné à Besançon. Le vent a dû tourner. Oui, c’est cela ! Le vent a tourné, Ramborg, et il se lève ! Ne l’entends-tu pas souffler de plus en plus fort ? Désormais mon bras apportera la tempête, il déchainera la foudre. Je suis le dompteur de tornades, celui qui chevauche l’ouragan. En ce jour de tonnerre vénère mon sacre. Orage, ô des espoirs, enfin !

Les points s’enchaînent et ma sensation d’invincibilité s’accentue. Malgré de nombreuses égalités les échanges primordiaux finissent toujours par m’être favorables, je prends même le service de Jean-François pour la troisième fois consécutive sur une volée chanceuse qui reste dans le court par miracle. 5-4 pour moi. Vous y croyez à ça ? Moi, à peine. C’est là que le bât blesse. J’ai tellement du mal à croire que je mène, que je sers pour la manche, que j’en rate totalement mon jeu de service. Deux doubles fautes, une volée dans le filet, un coup droit dehors et nous voilà à 5-5. Mal remis de ma contre-performance je laisse échapper le jeu suivant piteusement. 6 à 5. Pendant la pause je tente de rassembler mes esprits. Mon regard se pose sur Roland. Il a raison Roland (normal c’est le coach) ! Je suis un joueur de tennis alors je vais jouer. L’enjeu, c’est quoi ? Perdre contre Ramborg ? Et quand bien même, tout le monde s’y attend. Aucune pression à avoir, je n’ai qu’à m’amuser en faisant au mieux.

Ragaillardi par son retour en tête Jean-François semble avoir totalement retrouvé ses esprits. C’est sûrement le premier jeu du match où les deux adversaires sont au maximum de leur capacité. Mes services côté revers sont moins efficaces. Je suis admiratif, Jean-François s’est déjà adapté à un coup qui le gênait horriblement il y a peu ! Après quatre points très disputés nous nous retrouvons à 30 partout. J’ai beau avoir décidé de jouer sans pression, je tremble un tout petit peu avant de servir pour le point suivant. Allez, en avant, carcasse ! Une fois de plus je tente service-volée pour forcer le destin, le passing de Jean-François qui part comme une fusée côté revers me met en grande difficulté, je plonge et je ne parviens à renvoyer qu’une balle molle en plein milieu de court. Tandis que je me relève je vois la balle fuser tout près de moi et terminer dans le couloir juste derrière la ligne. Ouf ! « 30-40 » annonce Roland. Ah, non !!! Je m’apprête à contester quand mon adversaire dit posément « Non, elle est dehors ma balle, coach. ». Classe, le monsieur ma foi ! Pendant la désannonce je profite que Jean-François me regarde pour le saluer avec ma raquette comme le ferait un mousquetaire avec sa rapière. Il sourit. Un bon sourire, sans ironie.

Bien, après ses politesses, il serait opportun de couper court. Qui sait combien d’autres occasions d’égaliser j’obtiendrai ? Une invocation à Stefan (Edberg) et Georges (Benson) puis je me lance ! Cette fois-ci pas de balle arrondie, j’ai mis la pêche, histoire de surprendre et… c’est un ace ! Jean-François n’a même pas bougé. Tandis que Roland annonce le tie-break je me rends compte que Jean-François est resté au même endroit. Presqu’immobile, il regarde au travers du grillage quelqu’un ou quelque chose. Au bout de quelques interminables secondes il revient au jeu en dodelinant de la tête comme s’il était fortement contrarié. Contrariété immédiatement constatée sur le terrain. Ramborg nous gratifie tout d’abord d’une double-faute d’anthologie avec deux balles planant loin au-dessus des lignes. Puis, sur mes deux engagements, il  renvoie à chaque fois un missile dans le filet. A 3 à 0 pour moi je suis plutôt content mais je ne comprends pas ce qu’il se passe. Où est le joueur qui me tenait la dragée haute ? Jean-François jette des regards noirs toujours du même côté du grillage et ne se soucie plus vraiment du match. Troublé par son comportement, ainsi que par un vent devenu violent, je finis par déjouer aussi. Des suites de points perdants nous amènent à 6-4 pour moi. Un dernier retour dans le couloir et me voici déclaré vainqueur du deuxième set pendant que quelques gouttes commencent à tomber. A nouveau un grondement se fait entendre. Plus proche que la première fois. Roland à l’air d’hésiter mais finalement il me demande de servir pour le premier jeu de la dernière manche.

Alors que nous avions disputé à peine trois points dans des conditions plutôt pénibles ce sont soudain des trombes d’eau qui s’abattent sur le court. Jean-François et moi n’attendons pas de consignes ! Après avoir récupéré nos affaires tant bien que mal, nous nous précipitons sous le préau pour nous abriter, rejoignant ainsi les spectateurs et les officiels qui nous y avaient précédés.

Episode 7 – Alea jacta est

Le préau s’avérait un refuge bien peu sûr en raison des éclairs ainsi que d’un vent violent qui rabattait la pluie. Très rapidement, tout le monde finit donc par être hébergé au gymnase. Au moment d’entrer Jean-François se comporta bizarrement. En passant auprès d’un jeune gars, qui m’était inconnu, il eut une sorte de recul, comme mû par un dégoût, que je ne compris pas. Sur le coup, je voulus demander à Richard, qui n’était jamais très loin de moi, ce qu’il pouvait bien se passer entre Ramborg et ce type mais dans la cohue qui régnait je n’en eus pas le temps. Je suivis le mouvement de la foule qui voulait à tout prix s’abriter.

Une fois à l’intérieur du gymnase j’en profitai pour me rendre au vestiaire afin de troquer mon maillot et mon short trempés contre un pantalon et une veste de survêtement. Malheureusement je n’avais pas pensé à emmener des chaussettes, ni des chaussures de rechange. Mes pas étaient soulignés par des « Floc ! Floc ! » du plus bel effet. Alors que je viens juste de finir de me rhabiller, j’entends une voix pincée : « Je peux entrer, vous êtes décent ? ». C’est Richard qui plaisante. Je lui rétorque : « Mais oui tu peux entrer, imbécile ! Ou plutôt c’est moi qui sors.» Au sortir du vestiaire, je trouve Richard en grande conversation avec Jean-François. Ils se connaissent un petit peu parce qu’ils font partie du club depuis un certain temps, certes, mais surtout parce qu’ils sont du même quartier et fréquentent le même lycée. Sans être vraiment amis ils sont suffisamment proches pour que Richard appelle Jean-François « Jeff » et assez distants pour que je n’ai jamais eu, jusqu’à aujourd’hui, l’occasion de les côtoyer en même temps.  Je remarque que « Jeff » a eu, lui aussi, recours à la solution survêtement mais je constate, avec envie, que lui a des chaussettes et des chaussures sèches. Bien entendu tout est impeccable, même sa coiffure malgré la pluie battante que nous avons tous deux subie. Une vraie gravure de mode. On dirait une photo issue d’une page du catalogue des « 3 Cuisses » ou de « la Déroute ». Ce que c’est d’avoir la classe, quand même. Je me rends vite compte que j’arrive, en fait, en plein milieu d’une controverse :

« – Alors, t’as bien vu que ma raquette elle est super ! » dit Richard en s’adressant à Jeff.

« - Ca dépend peut-être aussi de celui qui la tient » répond Jean-François.

« - Pfuui ! C’est ça. Vas-y essaies-là ! Tu verras bien. Tu peux lui donner, Philippe ? »

J’acquiesce, je farfouille dans mon sac et je tends à Ramborg l’horreur suprême des courts. Il grimace :

« - Y’a pas à dire, elle est moche quand même ! »

Jeff consent tout de même à empoigner l’objet du délit et fait quelques mouvements à vide avec la poêle à frire. Satisfait par ces premiers essais, il demande une  balle et commence à jouer contre le mur du gymnase, il semble ravi. « Waouh c’est dingue comme les effets sont faciles avec ça ! » puis, me regardant « Allez, on continue la demie contre le mur. Prends ma raquette ». Je suis estomaqué : « T’es sérieux, Jean-François ?»

- Mais non, on ne comptera pas les points. On tape des balles pour s’amuser. Enfin si ça te dit. Eh, au fait, tu peux m’appeler Jeff tu sais ! »

Cela me convient parfaitement, je m’empare donc de sa raquette afin de relever le défi amical. Mais l’esprit de compétition est tellement chevillé à nos corps que, très vite, les échanges sympathiques laissent la place aux balles vicieuses, chacun de nous cherchant des angles de plus en plus improbables. Ce qui me met au supplice car j’ai un mal fou à maîtriser la raquette de Jean-François. Après une bonne demi-heure de ce qu’on pourrait appeler de la « pelote franc-comtoise », nous décidons de faire une pause. Jeff se dirige vers les toilettes tandis que je m’assieds sur un matelas destiné à la réception du saut en hauteur, auprès de Richard. Mes pensées vagabondent, je me dis que Jeff m’est nettement supérieur. Jamais je ne serais parvenu à cadrer quoi que ce soit avec  sa raquette sur un vrai terrain, c’est certain. Et pendant le match je me suis retrouvé  à utiliser un atout majeur dont mon adversaire ne pouvait en aucun cas disposer. C’est plutôt injuste.

J’en suis là de mes réflexions lorsque j’entends dans mon dos « Salaud, connard, je vais te casser la gueule ! ». Je me retourne pour constater que c’est Jean-François qui profère ces insultes ! Il est au paroxysme de la rage, menaçant le gars que j’avais vu à l’entrée du gymnase. Je ne comprends rien à la situation mais, sentant la rixe venir, je m’approche à toute allure des protagonistes et parviens à ceinturer Jeff juste avant qu’il ne tente de décocher un coup de poing à assommer un bœuf. Mais quelle mouche l’a donc piqué ? Jean-François est un peu plus petit que moi mais beaucoup plus musclé, j’ai un mal fou à le maîtriser malgré le renfort de Richard qui m’a rejoint. Heureusement j’aperçois soudain deux paires de mains qui s’accrochent au maillot du forcené. J’identifie les possesseurs des paluches rapidement. Blond-Blond et Brun-Brun ?!?! Les BB à la rescousse ? Je n’aurais jamais cru que nous fissions un jour cause commune.

Au bout d’un bref instant de lutte Ramborg se rend compte qu’à quatre contre un il ne l’emportera pas et abandonne le combat. Nous le lâchons à sa demande et il part s’isoler dans un coin. L’altercation, bien que bruyante, a été plutôt discrète finalement, elle n’a pas attiré l’attention. Ou ceux qui en ont été témoins ont dû croire à une plaisanterie. Blond-Blond, sur un ton courroucé, intime l’ordre au jeune inconnu de s’éloigner : « Dégage, pauvre tâche !»

«- Oh, ça va, on peut plaisanter tout de même !»

«-  Quand c’est drôle seulement.»

«- Vous exagérez les gars !»

«- Non, c’est toi qui as exagéré. Tu sauras peut-être un jour pourquoi. Allez, dégage maintenant ! »

Un peu incrédule, le jeune homme finit par consentir à s’éloigner. J’avoue que je suis aussi perdu que lui quant à la signification des propos de Blond-Blond : « Mais qu’est-ce qu’il a dit à la fin ? Et c’est qui ce type ? » lui demandé-je.

« - C’est le gagnant de l’autre demi-finale. Il a expédié son adversaire du jour et après il est allé voir votre match. Vers la fin du deuxième set il a balancé une remarque du genre : « Jeff, il joue comme sa sœur ».

- C’est vrai que c’est pas très drôle mais il n’y a pas de raison de s’énerver comme ça. »

Blond-Blond marque un temps. Quand il se remet à parler sa voix est étonnamment douce : « La sœur de Jean-François a eu un accident de moto il y a deux ans. Elle est en fauteuil roulant ».

Un frisson me parcourt l’échine. « Il était au courant le gars ?

- Non, je crois pas. Sinon j’aurais laissé Jeff lui refaire le portrait.

- Mais pourquoi il a fait ça ? » La réponse de Blond-Blond est cinglante :

« - A ton avis ? En finale il préfèrerait rencontrer qui ? Il a cherché un truc pour déconcentrer l’adversaire qu’il craignait le plus. Tout ce que je souhaite maintenant c’est que Jeff le corrige en finale».

Fatalitas ! Me voici au milieu d’une affaire d’honneur. Au fond moi aussi j’aimerais bien voir Jean-François massacrer l’autre abruti sur le terrain mais, bon, je ne peux pas non plus le laisser gagner exprès. Le laisser gagner ? Mais écoutez moi donc ce paon, confit dans sa suffisance comme un marron de Noël dans son glaçage ! Sans le changement de raquette, qui m’a doté d’une épée laser alors que je disposais auparavant d’un sabre de bois, et l’intervention de l’autre salopard le match serait peut-être déjà fini.

« Jeff ! Philippe ! Venez m’voir ! » La voix imposante de Roland résonne dans le gymnase. Nous rejoignons le coach qui a l’air soucieux. Il nous entraîne à sa suite dans un petit bureau, ferme la porte et pousse un gros soupir avant de parler : « Bon, les gars, on a un souci. Pour aujourd’hui c’est plié, on ne peut plus jouer. Une autre compétition est prévue demain. En insistant lourdement auprès des organisateurs j’ai réussi à obtenir un créneau d’une heure et demie sur un court. Vu comme vous vous accrochez on arrivera jamais à faire tenir la fin de votre demie et la finale dans de laps de temps. Vous voyez où je veux en venir ? » Jeff et moi nous regardons un peu bêtement.

« Ok, vous fatiguez pas le ciboulot. Va falloir désigner le vainqueur de votre match sur le tapis vert. ». Tu parles d’une nouvelle ! « Et comment vous allez faire ? » demande Jean-François ?

Roland prend une longue respiration avant de répondre : « Il y a plusieurs écoles, les gars. Enfin je dirais qu’il y en a trois ! Soit on considère que celui qui menait au moment de l’interruption a gagné.

- C’est complètement con ! » interviens-je. Roland sourit. Il a dû prendre mon attitude pour du fair-play mais en fait, à ce moment précis, je ne me souvenais même plus que je menais 30-15 avant l’interruption. Je trouvais juste le procédé complétement stupide.

« - Plutôt d’accord avec toi. Soit on considère que celui qui a le plus de jeux a gagné

- C’est pas très intelligent non plus », reprend Jean-François.

« Bien d’accord. Alors il reste la troisième solution, la plus stupide mais la plus équitable au fond…un toss,» Roland farfouille dans ses poches mais visiblement elles sont vides. « Zut, j’ai dû tout mettre dans la machine à café. L’un d’entre vous aurait pas une pièce ? ». Une pièce ? Mais oui j’ai une pièce ! Mon porte-bonheur, qui ne me quitte jamais, est justement dans une poche de ma veste de survêtement. « J’en ai une de pièce, coach ». Je la confie à Roland en lui demandant le privilège de pouvoir choisir en premier. « Vu que c’est ta pièce, ça me paraît acceptable. T’en penses quoi, Jeff ? ». Jean-François hausse les épaules tout en faisant une moue qui indique que peu lui importe. J’énonce mon choix fort et clair : « Pile ! ». Le coach fait virevolter la pièce de monnaie en l’air, la recueille dans sa main droite puis la retourne contre le plat de sa main gauche. Nous contemplons le résultat. « Face ! » annonce Roland. Jean-François, comme Roland du reste, est gêné, il s’excuse presque. Je le tranquillise : « Ecoute, il fallait bien un vainqueur. Ca aurait pu tomber sur moi. C’est comme ça ! ». Et la vérité est que je ne suis absolument pas déçu. Nous nous serrons la main, chaleureusement, comme les grands sportifs que nous sommes, puis notre trio regagne la grande salle du gymnase.

18h30. La pluie a enfin cessé. Les bourrasques aussi. Il va être temps de regagner son chez soi. Après le coup de théâtre du toss un groupe improbable où figurent Richard, Jeff, les BB et moi s’est constitué spontanément,  nous avons tous attendu la fin de l’orage dans un coin du gymnase en papotant. Ce fut une trêve plus qu’agréable entre vrais et faux ennemis. Après avoir rassemblé mes affaires, je dis au revoir à ma mauvaise troupe. Richard d’abord, puis Jeff, qui ne sait pas trop quoi  dire. En lui serrant la main je lui glisse « Fais-moi plaisir ! Rends à l’autre abruti la monnaie de ma pièce ! » Jean-François sourit en me broyant la main: « Alors là, je ferai tout pour. Tu peux en être convaincu !». En passant devant les BB je tente une blague : « Alors les gars, je vous ai fait rêver ? » Blond-Blond rétorque aussitôt : « C’est possible. En tout cas tu nous as bien endormis. ». C’est officiel, la trêve est finie.

18h45. Sur le chemin du retour je pense au match, à son dénouement. Nathalie, ma plus jeune sœur, se moquera sans doute gentiment de moi. Si jamais elle me croit ! La journée a quand même été très étrange. Allez, il n’y a rien à regretter, j’ai fait tout ce qu’il fallait, c’est bien le meilleur des deux joueurs qui s’est qualifié. Je n’ai plus qu’à espérer une belle et franche victoire de Jeff désormais. Machinalement je joue avec la pièce que j’avais remisée dans la poche de mon pantalon. Ma pièce fétiche. Celle que mon oncle, prestidigitateur amateur, m’avait offerte pour mes dix ans. Je me souviens encore de ma surprise lorsqu’il l’avait fait apparaître de nulle part avant de me la donner. C’est cette pièce qui m’a déjà permis et me permettra de gagner tant de paris au fil des ans. Et pour cause, elle est truquée, elle a deux côtés « face ».

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Capri est indéfini.

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306 Responses to La défaite en face (3/3)

  1. Le concombre masqué 15 août 2010 at 01:52

    fed a balancé ses deux derniers coups!?

  2. Jean 15 août 2010 at 01:54

    On est en août et c’est la première fois cette année que le n°2 rencontre un Top 8, évidemment, ça fait bizarre, il faut lui laisser le temps de s’habituer.

  3. Elmar 15 août 2010 at 01:59

    Djoko a enfin cessé de faire des fautes et Fed, as usual, dégoupille. Faudra être bien vigilent sur le jeu suivant.

  4. Franck-V 15 août 2010 at 02:13

    Comme d’hab , quand Fed donne de la cadence à Djokovic, il perd le point.

  5. fieldog 15 août 2010 at 02:31

    Vraiment bizarre ce match…

  6. Elmar 15 août 2010 at 02:32

    pfff… break en poche + des balles de break dans 3 autres jeux de retour et il lâche le set. 22 fautes directes.

  7. fieldog 15 août 2010 at 02:33

    Maintenant Fed risque de ne pas faire le poids pysiquement avec les 3h de match d’hier dans les pattes…

  8. Franck-V 15 août 2010 at 02:40

    Oui, le tournant était à 2-0, il se fait balader là,même si il s’en sort, demain…

    • fieldog 15 août 2010 at 02:44

      Oui même s’il passe il s’en prendra une bonne contre Murray à mon avis.

    • Clément 15 août 2010 at 02:48

      Coucou les noctambules !
      Je sais pas Fieldog, Fed c’est quand même un mec qui ajuste pas mal son niveau en fonction du mec en face… Pas vu le match contre Berdych (à part des highlights), mais apparemment c’était bien mieux qu’aujourd’hui.

      • fieldog 15 août 2010 at 02:51

        Non mais je parlais physiquement pour demain. Il risque d’être un peu court après 6 semaines d’arrêt…

        Je te confirme que le match d’hier était d’un tout autre niveau ;)

    • Franck-V 15 août 2010 at 02:51

      Oui, mais niveau physique, ça va commencer à faire, là, quoique le 1er set à été vite expédié.
      Par contre hier, il a bien eu 3 h de match.

    • Elmar 15 août 2010 at 02:51

      Même si, même si.

      On s’en fout de ça. Match après match. Et je préfère de toutes manières une défaite en finale contre Murray dans la forme de sa vie qu’en demi contre Djoko le soufreteux.

  9. Clément 15 août 2010 at 02:55

    C’est définitif : Nole ne sait vraiment pas volleyer. Pour un type au tempérament offensif c’est quand même problématique à ce niveau…

  10. fieldog 15 août 2010 at 03:03

    Et débreak… :(

    • Clément 15 août 2010 at 03:12

      Et mon stream qui vient de me lâcher ! Monde cruel.

  11. fieldog 15 août 2010 at 03:25

    Fed tient vraiment avec les tripes car il semble de plus en plus émoussé.

    • Franck-V 15 août 2010 at 03:26

      Clair, gros coup de mou. Mais pas que ça, il fait le break le 1er dans le 2° et le 3°, et séquences désormais classiques, il se fait reprendre. Et %tage de bb toujours négatifs.

      En même temps, Djokovic a toujours l’air émoussé..

  12. Franck-V 15 août 2010 at 03:28

    Ce genre de retour sur 2°, ça devrait être interdit :-)

  13. fieldog 15 août 2010 at 03:33

    Yes!!!!

  14. Clément 15 août 2010 at 03:34

    Et voilààà ! Bien joué Roger. C’était quand même chaud bouillant à la fin… Heureusement pour lui que Djoko lui a filé des coups droits gratos dans les bâches.

  15. Elmar 15 août 2010 at 03:35

    On a presque eu le scénario donné plus haut, mais on a évité tout juste le TB. Me réjouis de la finale entre mes 2 joueurs préférés du top-ten. Murray favori étant donné son niveau de jeu et les conditions physiques dans lesquelles sera Fed, qui devra amélioré son pourcentage de 1ères balles.

  16. Franck-V 15 août 2010 at 03:36

    Bon, une finale mais c’est pas encore ça.
    Plein de trucs à régler, manque de rigueur avec un break d’avance, pas normal d’aller à 7-5 au 3°, il a encore été mené 0-30 au jeu précédent.
    En plus, à part des coups droits décroisés de folie quand il est en cadence, pas du super Djokovic non plus.

    Mais bon, 2 top 10 dans la semaine, on a connu pire…
    Ça va être juste en carburant contre Murray, déjà.
    Enfin, on verra bien.

    • fieldog 15 août 2010 at 03:42

      Djoko a surtout été nulissime dans le 1er set où on se demandait ce qu’il foutait là. Après c’était du bon Djoko, pas exceptionnel mais bon.
      Tu as raison sur les coups droits décroisés de folie, il en a rentré un nombre incalculables…

  17. Jean 15 août 2010 at 03:38

    Le commentateur vient de dire qu’il reprenait la deuxième place, c’est déjà ça.

    Trois Top 10 rencontrés cette année pour Djokovic, trois défaites (Tsonga, Verdasco, Rogé).

  18. fieldog 15 août 2010 at 03:39

    Deux matchs consécutifs gagnés à l’arrachée, ça ne peut que le booster mentalement et faire le plein de confiance avant l’US.
    Ces deux matchs, clairement il les perdait en début d’année. Là il les gagne avec ses tripes.
    Bravo champion!

    Malgré tout un match bizarre avec deux joueurs en mode alternatif sauf le 3ème set où ça jouait quand même pas mal du tout.

    Pourla finale demain le manque de fraicheur physique + le niveau de la murène cette semaine devrait logiquement avoir raison du suisse… Mais reste la glorieuse incertitude du sport ;)

  19. fieldog 15 août 2010 at 03:43

    Good night guys (and girls…) ;) See you tomorow

  20. Chris 15 août 2010 at 04:11

    Salut les cocos,

    bah moi je vous le dis, c’est sympa d’habiter a NY en ce moment :)
    ça fera du bien a Superbiquette de gagner des match accroches comme ça.
    Par contre, avec le temps, je trouve que sa seconde balle est de plus en plus moyenne :(
    presque a chaque qu’il sert moins de 50% de première, il se fait breaker…

    • Elmar 15 août 2010 at 06:44

      Je me suis fait la réflexion aussi. Sa 2ème était à chaque fois une offrande pour Djoko. Faut qu’il la travaille, notamment la super kickée extérieure qui peut même lui permettre d’enchaîner au filet derrière.

  21. Cochran 15 août 2010 at 11:06

    De mon côté, j’ai plutôt trouvé que c’était un match sympa à regarder, avec pas mal de rebondissements, des échanges et hauts niveaux et des coups de génies de part et d’autres.
    J’ai trouvé le Suisse presque trop bon jusqu’à 2-0 et redoutait le coup de moins bien avant qu’il ne puisse prendre le large, ce qui est arrivé, avec un Djoko plus tranchant et supérieur dès que l’échange durait et montait en cadence. Fed a tenu bon, il aurait pu craquer et perdre ce match comme tant d’autres en début d’année, alors qu’il avait clairement les armes pour le gagner. Mais non, il a tenu et les balles de break sauvées à 5-5 ont fini de dégouter Novak (et son public décidément trop bruyant).
    Fed a des raisons d’être satisfait : “I’ve had some tough losses this year and it’s nice to get some of those back. I was losing the tight matches that I’m supposed to win. » Mais malgré tout, 21 fautes en coup droit, ça ne pardonnera pas contre Murray qui ne fera pas autant de cadeaux que Djoko. Sans parler du fait que le match se joue plus tôt aujourd’hui et qu’il a 2 matchs chauds en 3 sets dans les jambes.
    A voir, mais je donne un avantage au Scot sur ce match, sauf si Fed arriver à le cueillir à froid d’entrée et que son service flirte avec les 65-70% de première.

    • DIANA 15 août 2010 at 11:19

      coucou à vous,

      Je n’ai pas vu le match (eh non, bien que fan, je ne sais plus sacrifier mes nuits :mrgreen: ) qui sera diffusé à 14h sur Sport+.
      Néanmoins, je trouve que Fed a rempli son contrat, et pense que Murray va en disposer car le peu de temps de récupération et les matches disputés de Fed vont se ressentir. Je suis contente qu’il ait su se faire violence, comme quoi, sa chute au classement aura eu des points positifs. Il a des challenges à relever, ça doit bien le motiver. Et puis, du haut de ses 29 printemps, il n’a certainement plus les mêmes capacités de récupération.

      Une question : pensez-vous que Nadal aurait pu mieux s’en sortir s’il avait joué de nuit ? plutôt qu’en plein soleil, avec des balles plus rapides ?

      • Alex 15 août 2010 at 12:42

        À quelle heure en France la finale ? Pour savoir si j’aurai l’occasion de voir un bout de tennis depuis des lustres …

      • Franck-V 15 août 2010 at 12:53

        1:30 PM heure locale selon le site http://www.rogerscup.com/men/english/home.php
        donc vers 19h30 environ, de quoi te permettre d’en voir un bout.. peut-être même le double qui suit avec Llodra-Bennett contre la vie des Bryan.

  22. Franck-V 15 août 2010 at 13:52

    Federer-Murray, ce qu’il y a de notable, c’est que ces 2 gus ne sont sont jamais rencontrés sur herbe ou TB, seulement sur dur, out ou indoor (comme Santoro :mrgreen: ).
    Notable avec cette 12° rencontre toujours sur hard.
    De ses plus gros H2H, ça doit être le seul cas notoire.

    Djokovic n’a jamais rencontré Fed non plus sur gazon après 15 matchs.

    Par contre DP l’a déjà croisé sur toutes les surfaces après « seulement » 8 rencontres.

  23. Le concombre masqué 15 août 2010 at 14:51

    Bon! je me suis endormi avant la fin; j’avais du sommeil en retard…
    Je vois que le scenario que j’avais annoncé s’est déroulé quasiment à la perfection^^.
    Je ne donnerai pas Fed autant perdant que vous contre le Scot, je le vois bien en mode rappelle toi ce que je t’ai mis à l’AO. et puis après deux victoires comme ça, il ne peut qu’aller au bout no?

    • Franck-V 15 août 2010 at 15:02

      Oui mais justement, en plus d’avoir 2 matchs éreintants dans les pattes, c’est le Murray de MS 1000 que Fed va jouer, pas celui de finale de GC, un Murray qui s’est tout de même débarrassé avec une facilité déconcertante de Nalbandian et de Nadal.
      A posteriori, ça relève la perf’ de Monfils :-)

      Même si Murray n’a jamais battu le boss en finale, il n’y aurait rien de scandaleux à ce qu’il remporte son 1er titre de l’année, avec le jeu développé et la fraicheur conservée.

      Enfin bref , l’essentiel n’est pas là, c’est après Berdych et donc Djokovic, de voir que TMF a encore faim et est décidé à se battre malgré un enjeu qu’il a depuis longtemps dépassé.

      C’est tout ce qu’on avait besoin de savoir depuis l’AO.

      Et j’ai peut-être été rapide dans mon jugement sur la prise d’un coach, pas sur Annacone personnellement que j’appréciais comme joueur puis comme coach du dernier Sampras, mais par rapport au parcours personnel de Federer.

      Finalement, c’est positif, il ne lui rendra pas 5 années de moins, mais il peut positivement accompagner ses derniers exploits, quitte à lui remuer ses lauriers déjà somnolents.

      Bon, quelque soit la physionomie de la finale, faudra voir à ne pas trop s’éreinter à Cinci, éventuellement quelques derniers réglages, car l’essentiel est à l’US Open.

      En ce sens, recadrer Berdych et Djokovic ne mange toutefois pas de pain :mrgreen:

      • Le concombre masqué 15 août 2010 at 15:12

        Je ne peux pas empêcher la création dans ma tête d’une image d’un Fedeer en toge romaine sur un trône avec un mini Annacone au crâne tondu, derrière lui, prenant sa couronne de lauriers et la secouant comme des maracas, 1 cm au dessus de la tête de Fed, qui reste impassible…

        Module tes expressions quand tu t’adreses à des fous.

        Merci

        • Franck-V 15 août 2010 at 15:28

          L’Annacone en question rappelant au César Auguste à l’arrière de son char, tout en maintenant ses lauriers:

          « N’oublie pas que tu es mortel, divin César ».

          • Le concombre masqué 15 août 2010 at 15:30

            Pas mieux.

    • Jeanne 15 août 2010 at 15:04

      Même mal que toi, je n’ai pas pu voir le match et pas entendu l’appel aux morts de Franck-V. Ce soir je crois en Dieu. Les belles qualités de Murray ne suffiront pas à stopper la déferlante Federer. 29 ans c’est vieux certes mais pas au point de lui poser un si grand problème de récup. Mirka a en plus l’air heureuse aux côtés de Paul.

      • Franck-V 15 août 2010 at 15:54

        Si Jeanne,

        Près de 30 ans, au niveau physique, ce ne sont pas forcément les matchs longs qui pèsent dans les jambes, mais la récupération, l’exact inverse des teen-agers qui s’essoufflent vite d’une traite.. mais récupèrent bien de leurs excès.

        On a tous en souvenir la facilité d’enquiller les nuits blanches à 20-25 ans, c’est moins net après 30 ans.. et ça rend du coup, plus difficiles à négocier les nights sessions des Amériques :-)

    • Jeanne 15 août 2010 at 15:09

      Franck, je pense que le jeu d’un Fed aussi funky que celui de cette semaine ne peut que balayer Murray. Nalbandian était épuisé (et toujours gros) et Nadal est vincible sur dur (c’est de nouveau le joueur qui lifte dans le carré de service et n’a plus de revers, et presque pas de service), et les deux ne sont pas des agresseurs comme le Suisse.

      Question angoissante, que devient Severin Lüthi ?

      • Franck-V 15 août 2010 at 15:40

        Je ne peux juger du Nadal, n’ayant vu aucun de ses matchs, et je me garderai donc bien de donner mon avis à son sujet..comme cela m’a été amicalement mais discrètement conseillé :mrgreen:

        Dans l’ignorance donc , je ne peux dire mieux ou pire que ce qu’en disait le professeur Choron comme réponse culte à toute question sur un sujet ou de chalands à ignorer, donc.

        Pour rappel: « qu’ils crèvent ».

  24. Coach Kevinovitch 15 août 2010 at 15:43

    Un peu retardataire, je viens de lire cet article qui est un récit vraiment magnifique. Un grand merci à toi, Capri!

    Bon maintenant, je vais essayer de lire tous les coms si j’en ai la force!

  25. Coach Kevinovitch 15 août 2010 at 15:53

    Les matches d’hier ont confirmé que Nadal ne peut battre un top 4 sur dur que s’il évolue à son meilleur niveau, sinon c’est mort. En fait, ça……on le savait déjà.

    Murray et Federer sont de retour aux affaires et se repositionnent en vue de l’US Open. Le match de Federer contre Berdych m’avait largement convaincu (je n’ai pas vu la demie), si au niveau du jeu, il est sur courant alternatif, pour ce qui est du mental, il est bien présent.

    La finale d’aujourd’hui va juste nous permettre de savoir qui pourra arborer un plus large sourire que l’autre en prenant l’avion pour Cincinnati car les deux sont déjà « vainqueurs » dans une certaine mesure!
    Il n’empêche que la pression sera plus du côté d’Andy car il n’a pas encore gagné de titres cette saison.

    • Patricia 16 août 2010 at 10:22

      J’ai vu le match contre Murray et je ne suis pas tout à fait d’accord… Murray jouait très bien et avait un très mauvais pourcentage de premières balle ; ce Rafa là l’aurait battu si Murray avait été moins exceptionnel, avec ce problème au service. Pareil pour Djokovic : ce Rafa là passe sur dur avec un mauvais Djokovic qui sert mal.

      Quand le trio Roger-Djoko-Murray est bon et régulier (ce qui n’est plus du tout le cas depuis le début d’année), ta remarque est valable: un Rafa moyen est un peu juste sur dur rapide. Sinon, Comme il est le plus régulier et le plus accrocheur, il peut les sortir, top 4 ou pas.

  26. fieldog 15 août 2010 at 16:00

    Petite itw de Fed post-match : http://www.eurosport.fr/tennis/masters-toronto/2010/federer-un-sacre-combat_sto2431335/story.shtml

    J’aime l’état d’esprit en tout cas :)

  27. Le concombre masqué 15 août 2010 at 16:04

    Je regarde la fin du match sur sport + : le niveau de jeu de Fed et sa stratégie (retours de services coupés, et je reste 2 metres derrière ma ligne) ne sont pas encourageants…

  28. Le concombre masqué 15 août 2010 at 16:05

    Ce n’est pas le meme joueur qu’au premier set !

  29. DIANA 15 août 2010 at 16:18

    Bonjour à tous :)

    Je viens de visionner le match (sauf le 1er set malheureusement) et cela appelle plusieurs réflexions :

    1.Match plein d’émotions, de suspens, comme je les aime.

    2. Je vais résilier mon abonnement à Canal (oui, oui) tant le Viard m’insupporte avec son analyse systématiquement négative de tout ce que Fed peut faire, mais quand ce dernier nous offre des points que seul lui sait produire, silence radio.

    3. J’ai l’impression que Nadal et Djoko ont été briefés sur le temps entre les points, car hier comme aujourd’hui, j’ai eu l’impression que ces deux-là servaient plus rapidement.

    4. Je ne pense pas que Fed l’emporte ce soir, mais ne serai pas déçue si Murray l’emporte, tant il joue juste, et il mérite de remporter son premier tournoi 2010 après ses belles prestations face à Nalbide et Nadal.

    • Franck-V 15 août 2010 at 16:22

      Et tu as attendu cette année pour t’en rendre compte?

      Moi, c’est fait depuis 2008.. :-) pas besoin de parasites sur la ligne pour comprendre le jeu.
      Même les comm’ du tchatt sur atdhe sont plus supportables , c’est dire… :roll:

      Si vous lisez chez Canal, virez Viard..car vous perdez des abonnés :mrgreen: ,depuis plus de 20 ans pour ma part, pourtant, mais pas seulement à cause du tennis que canal a découvert somme toute très récemment, c’est tout simplement devenu la chaîne anti beauf qui pour exister doit se faire plus beauf que beauf avec sa Kad’s attitude (pas Merad). Quelle époque!

      La défunte Cinq du temps de Dominguez était autrement plus inspirée.

  30. DIANA 15 août 2010 at 16:22

    Pour en revenir à Djoko, beaucoup lui reprochaient ses tableaux de Mickey cette année,n’empêche que cela a certainement été un bien pour un mal, car à force de ne jouer que des joueurs « moyens », il a fini par perdre pied avec le plus haut niveau. Evident d’après le score du 1er set, alors que dès le second, il a peu à peu remis son jeu en place.

    Je me faisais cette réflexion en regardant le match, puis ai lu l’interview de Fed postée ici, et il semble que nous soyons d’accord, une fois de plus :mrgreen:
    « Parfois, dans un tournoi, on aimerait avoir un parcours un peu plus dégagé mais c’est idiot car en réalité, ce qu’on veut, c’est jouer contre les meilleurs. On se rend meilleurs les uns les autres à travers nos confrontations ».

  31. DIANA 15 août 2010 at 16:39

    Non, Franckie, mais là, c’est la goutte d’eau. Il a tout de même osé dire aujourd’hui que le match de Nadal hier était plus « propre », alors que l’Ibère a joué de façon très maladroite, mal à l’aise sur cette surface visiblement, et qu’il ne nous a pas donné pour habitude de marquer foultitude de points gagnants avec le jeu de défense qui le caractérise.
    En fait, j’ai regardé le match de Nadal hier, pour voir le jeu de Murray et ma foi, on peut dire que l’Ibère n’a pas été avare de fautes directes et nous a proposé un service calamiteux. C’est Murray qui a donné de l’intérêt au match, et je souhaite vivement qu’il continue ainsi, il est talentueux le Scot, et semble vouloir sortir du trou dans lequel il était tombé après l’OA. Ca nous change de toutes façons du tennis bourrinage, et rien que pour ça, je vote Murray et lui souhaite le meilleur pour les années à venir.

    • Franck-V 15 août 2010 at 16:46

      Comme j’ai précisé plus haut.. aucune idée de ce match, et pour cause.
      J’ai pris acte du résultat, et c’est tout.
      Faut bien que je continue à suivre un peu de tennis, quand même, donc y’aura toujours une moitié de tableau, où ce sera plutôt le black-out pour moi. :-)

      • DIANA 15 août 2010 at 16:59

        Décidément, on fait tout pareil :mrgreen: : je crois que c’est le 1er match de Nadal que j’ai regardé… depuis la finale de Madrid. Et tu te doutes pourquoi je l’ai regardée, cette finale :)

      • Jeanne 15 août 2010 at 17:37

        Franck-V + Diana, je grave ces prénoms sur l’écorce de l’arbre 15 Love :mrgreen:

      • Patricia 16 août 2010 at 10:29

        Murray sur dur joue toujours très bien contre Nadal. C’est là qu’il est à son top je trouve (je les préfère à son match de Madrid contre Federer qu’Elmar idôlâtre mais où je l’ai trouvé très bon sans plus !)

        Sur ce match Murray était vraiment très agressif en retour, en fin de match il tentait (et ratait 1 fois sur 2, mais sans se démonter) systématiquement le retour gagnant.

        Son coup droit a progressé, il a plusieurs fois engagé le duel avec Nadal, en patator… Intéressant, car je trouve que c’est aussi le cas, clairement, de Nalbandian qui a fait des choses incroyables contre Robredo notamment… Comme quoi les très doués, (ça se limite peut être aux très grands relanceurs, même si Gasquet avait fait un grand pas récemment) peuvent faire évoluer un coup dans leur arsenal, même tardivement.

  32. Robin 15 août 2010 at 16:45

    Viard c’est bien le mec qui pense qu’un Master 1000 est plus compliqué à gagner qu’un Grand Chelem car il y a 5 matchs à remporter en une semaine contre 7 en quinze jours ?

    • Franck-V 15 août 2010 at 16:49

      Viard c’est le mec censé t’éclairer sur le tennis.. et à la réflexion, voire sans, t’es content d’avoir découvert le tennis avant lui, tout seul comme un grand :-)

      Enfin, si il a découvert le jeu en même temps que les MS 1000 et je crois que je suis large, on ne peut pas fondamentalement lui en vouloir…

    • Le concombre masqué 15 août 2010 at 16:50

      LOL

  33. Jean 15 août 2010 at 16:56

    Signe de la mini déprime qui a frappé le circuit en début d’année, les tops 4 ont assez peu rencontré de tops 10 cette année, avec ce bilan :

    Nadal : 4-4 (selon la surface), Djokovic : 0-3, Federer : 5-3 (simplement avec l’AO + Toronto), Murray : 3-3.

    Entre eux :
    Nadal : 2-2 (1-2 contre Murray, 1-0 contre Rogé), Djokovic : 0-1 (Federer hier), Federer : 2-1 (1-0 contre Murray et Djoko, 0-1 contre Nadal), Murray : 2-2 (0-1 Fed, 2-1 Nadal).

    Assez accroché tout ça, sauf pour Djokovic, bien sûr.

    • Franck-V 15 août 2010 at 17:01

       » sauf pour Djokovic, bien sûr. »

      C’est pourtant cette année où il a été 2 fois successivement n°2, après l’AO et après Wimbledon, alors qu’il crapahutait à la porte depuis 3 ans, cela avec des résultats bien plus flatteurs contre le top 10 globalement et le top 4 en particulier.
      C’est aussi un autre aspect à méditer de l’année 2010.

      Finalement, le Nole , à défaut de mieux, est un bon baromètre :-)

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