Nadal, le transpirénéen

By  | 25 avril 2011 | Filed under: Regards

Faut-il canoniser Rafael Nadal ? Et au besoin, l’achever tout de suite afin d’hâter son séjour parmi les bienheureux ? Telle est la question que je me posai, l’autre jour, lorsque je lus sur la toile des propos d’une rare violence à l’égard du numéro 1 Espagnol. Haineux, les propos. Aptes à en faire un martyr médiatique, immolé sur l’autel du génie fédérérien injustement bafoué.

Il est rare que l’enfant de Manacor occupe à ce point mes pensées : c’est d’habitude une idée lointaine, presque abstraite, qui se meut dans un inconscient vague dont n’émerge que son rival historique, le divin Federer. Car fédérérien suis et entends le rester : ni son déclin relatif, ni son âge avancé, ni même mes propres coups de canifs assénés à sa statue de bronze, rien ne me fera renoncer à l’admiration que je lui voue depuis plus d’une décennie. Aux voisinages de la quarantaine, c’en est fini des divagations existentielles. On s’est bricolé sa propre religion, et l’on n’en démord pas, parfois plus par confort que par conviction profonde…

Mais pour être fédérérien, on n’en est pas moins homme. Retrouvant les réflexes des temps anciens où l’on me forçait à fréquenter les églises, j’ai fait mon examen de conscience. Ai-je toujours été juste à l’égard de Rafael Nadal ? On s’en moque, après tout, dans la mesure où peu importe au jeune champion qu’un obscur, un anonyme, le voue aux gémonies ou le porte au pinacle. Vrai, sans doute. Mais comme mon antipathie est jumelle de celle du commun comme de l’esthète, il ne m’est pas apparu tout à fait vain d’en analyser les causes, ou du moins d’en faire la synthèse.

Il est des jubilations dont on ne se remet pas. La douleur peut s’oublier, mais pas la joie infâme. Roland-Garros 2009. Celui qui fait régner sa loi d’airain sur l’ocre de la Porte d’Auteuil depuis quatre ans, a un genou à terre. Comme le taureau qui ploie sous les banderilles assassines, il refuse de s’avouer vaincu avant d’avoir expiré son dernier souffle. Pourtant, il sait bien qu’il ne peut pas gagner : ses jambes, le matador viking de l’autre côté du filet, et ce public qui a senti l’odeur du sang, cela fait beaucoup d’adversaires à affronter… même pour un demi-dieu. Lorsque tombe le Minotaure, lorsque ce Thésée de pacotille, ce ruffian, ce teigneux, porte le coup fatal, une immense clameur salue le crime païen. Nadal sort sous les lazzi d’une foule odieuse, et la laisse communier en son sabbat hystérique. Il baisse un peu la tête, le jeune Espagnol, esquisse un salut timide, mais c’est pour vous qu’il a honte. Vous n’avez pas eu les oreilles et la queue : vous avez craché sur l’idole, mais l’idole n’en a pas été souillée. L’insulte, décidément, ne déshonore que celui qui la profère. « Plus grand est l’offenseur, et plus grande est l’offense » se lamente Don Diègue après avoir été souffleté par le comte. La maxime admet sa réciproque : à tout petit public, affront minuscule.

Dois-je l’avouer ? A ce moment précis, dans le secret de ma conscience, tapi dans l’ombre de mes bons sentiments, affleure un atroce soulagement. Celui de voir le principal rival de mon Federer adoré tomber sans gloire et de façon si précoce. Si j’étais habité de cet esprit chevaleresque que j’aime deviner chez les sportifs d’exception, je devrais au contraire me sentir dépossédé : la victoire à Roland ne peut s’envisager contre un anonyme. Seule la victoire est belle ? Pour les sous-porters et les imbéciles, sans doute. Mais pour le héros qui vit sa carrière comme une épopée, il n’y a qu’une seule voie : affronter des adversaires à sa (dé)mesure. Et pour l’apprenti biographe, l’aède de supermarché qui entend chanter sa geste, il ne saurait y avoir exploit là où il n’y a pas eu menace. Il FALLAIT que Federer affrontât son éternel bourreau Porte d’Auteuil, pour que la victoire fût totale. Contre Soderling, il s’est contenté de gagner : il n’a pas triomphé…

Alors, pourquoi cette joie ? Pourquoi, dans ce pays-ci, est-on si nombreux à refuser à Nadal le juste hommage auquel il pourrait prétendre ?

Par hispanophobie ? Il faut être bien sot, il ne faut craindre ni la caricature ni les simplifications  outrancières pour avancer que le supporter moyen vomit systématiquement tout ce qui vient d’Espagne. Nous ne tissons pas avec ce pays de relation vraiment problématique, au rebours de celle que nous entretenons avec les USA, par exemple – mélange de fascination et de répulsion. Depuis longtemps, nous n’avons pas vécu sous son joug économique ou politique. La France a plutôt été une terre d’accueil pour les ressortissants espagnols, dès le début du franquisme, et d’innombrables transpyrénéens ont trouvé en France un travail que leur terre natale leur a longtemps refusé. Si « l’espingouin » est vomi par le xénophobe hexagonal, il l’est ni plus ni moins que le « rital », « le roastbeef » ou le «chleu » (plutôt moins d’ailleurs que ce dernier, pour d’évidentes raisons historiques). Je n’ai pas souvenir qu’un Moya, ou un Bruguera, aux temps de leur splendeur, aient déclenché chez nous  de telles réactions outrancières. On les trouvait plutôt sympas, même lorsque Bruguera faisait régner sa loi à Roland-Garros au préjudice de nombreux nationaux.

Par soupçon sur son intégrité ? Soyons sérieux. Ou convoquons les médecins au premier muscle saillant. Pour un Monfils, par exemple. Moins pour un Simon, c’est vrai… Mais au royaume des costauds, « jambes de poulet » ferait plutôt figure d’exception. Si Nadal est dopé – et je n’ai pas dit que cette hypothèse était inconcevable – il ne doit pas être le seul. Et puis dopez n’importe quel yallo qui ne sait pas tenir une raquette, vous n’obtiendrez jamais Nadal. La piqûre ne donne pas de génie à qui n’en a pas. Elle n’inocule pas non plus la grinta par intraveineuse, ou Gasquet serait numéro 1 mondial depuis longtemps.

Parce qu’il a longtemps tué toute concurrence ? Non, cela ne tient pas. D’abord, parce que dans la première partie de sa carrière, la suprématie du jeune Espagnol s’est surtout exercée sur terre battue. Longtemps, le gazon, le dur, se sont refusés à lui. Et puis, s’il est vrai que  l’on soutient plus facilement l’outsider face au champion sortant, on ne hait pas ce dernier pour autant. L’hégémonique Nadal succède à l’hégémonique Federer, qui lui-même succède à l’hégémonique Sampras. Ont-ils été à ce point testés, détestés, contestés ?

Il semble bien qu’en dépit de ses victoires, de sa sportivité, de son charisme, Nadal doive incessamment souffrir de l’a priori qui condamne le tâcheron au profit de l’esthète. Et qu’importe que le jeu de l’Espagnol ne soit pas bâti uniquement sur le physique. Et qu’importe que Federer à son apogée n’ait pas seulement été cet esthète de la balle jaune, qui n’aurait jamais eu à travailler son foncier autant, voire plus, que les autres. Pour le commun, Nadal, c’est d’abord le « transpirénéen », celui qui construit ses victoires à la sueur de son front, de son bras, de ses jambes. Notez d’ailleurs comme on parle de « patte » pour les artistes (Edberg, Sampras, McEnroe) et de bras pour les (supposés) besogneux : Muster, Lendl… et Nadal.

A l’heure où j’écris ces lignes, Djokovic s’est imposé comme l’homme en forme du moment, le nouveau rival capable de faire vaciller la couronne sur la tête de l’Espagnol. C’est une bonne chose pour le tennis et paradoxalement, c’est une excellente nouvelle pour Nadal. D’abord parce qu’avec la hargne qu’on lui connaît, Rafael va repartir au « fight » avec une énergie décuplée. Ensuite, et surtout s’il continue à perdre, sa cote d’amour pourrait atteindre des envolées encore jamais connues. Le public est versatile, et n’aime rien tant que célébrer les champions à titre posthume. Pas sûr, pour autant, que le jeune homme s’en satisfasse, ni que l’opération soit à ce point aisée.

About 

Prof de lettres passionné de tennis sur canapé. Dernière balle touchée en 1986. Surnom de l'époque: Ali bas bâche, pour ma faculté proprement magique à ne jamais cadrer un coup droit. Suis passé au commentaire tennistique avec un peu plus de bonheur (?).

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505 Responses to Nadal, le transpirénéen

  1. Jeanne 25 avril 2011 at 09:22

    Éblouissant !

  2. Pat 25 avril 2011 at 09:22

    Personne encore pour commenter, soit les 15 lovers sont assommés par l’article sur Nadal, soit ils ont une indigestion … de chocolat !
    Ou comme moi, pas grand chose à rajouter, l’article étant équilibré et bien fait.

  3. Kristian 25 avril 2011 at 10:02

    Vamos.

    Personellement je ne comprends pas le phenomene de machin-hater.
    Plutot Nadalien, l’idee d’en devenir Federer-Hater me parait absurde. D’abord parceque aimer le tennis et detester Federer n’est pas conciliable. Ensuite parceque justement ce n’est que du tennis.

    Je n’aime pas Roddick, certes. Mais je trouve Andy plutot sympathique, je le trouve juste pas bon en tennis, voila tout.

    Pour revenir a Nadal, il ennuie peut etre certains. Ceci dit, il y a 2 matchs cette annee que j’ai trouve bons, c’est le Nadal-Djokovic de Miami et le Nadal-Murray de MOnte Carlo. On s’ennuie peut-etre, mais sans Nadal on s’ennuirait encore plus.

    • Diana 25 avril 2011 at 10:18

      VAAAAMMMMMMMMMMMMMOOOOOSSSSSSSSS RRRRRRRRRRRRRAAAAFFFFFFFAAAAAAAAAAAA

      :P :P :P :P

  4. Arno 25 avril 2011 at 10:16

    Excellent article. Une synthèse des raisons pour lesquelles Nadal est si controversé.

    LA phrase de l’article, c’est celle-ci: « Il semble bien qu’en dépit de ses victoires, de sa sportivité, de son charisme, Nadal doive incessamment souffrir de l’a priori qui condamne le tâcheron au profit de l’esthète. »

    Tout est là, c’est l’essence même du problème. Quand Nadal a commencé à gagner (et à battre Federer, accessoirement), j’avais 19 ans. Les premières fois que je l’ai vu jouer, j’ai eu un choc atroce: le mec défendait, bourrinait comme un fou en toute sécurité avec son lift, tirait des passings de cinglé à la moindre montée au filet, ne jouait que le revers de Fed…

    Pour moi, c’était quasiment de la triche, du non-tennis qui aurait dû entrainer de sévères sanctions de l’OTAN!!!!!

    Alors évidemment, avec l’âge et le recul et tout ça, j’ai revu ma position. Rafa a bel et bien un talent énorme, et on ne peut qu’admirer ses qualités mentales et physiques. Mais il me reste toujours un petit quelque chose de ma première impression, qui fait que je ne peux absolument pas l’apprécier. C’est au fond de mes tripes, je peux pas.

    Toutefois, a contrario, je comprends qu’on puisse abhorrer le mec qui semble n’avoir rien à faire pour jouer un tennis de rêve (Fed) et préférer supporter le mec qui le bat en travaillant plus que les autres, sans pouvoir s’appuyer sur son talent inné…

    La vérité? C’est que les 2 théories sont stupides: Fed n’est pas qu’un génie, Nadal n’est pas qu’un physique.

    Mais voilà, le peuple aime bien les petites cases, et cet affrontement est devenu un symbole sportif de tous les antagonismes sociaux: prolo/aristo, beauf’/intello, j’en passe et des meilleurs.

    Fed et Nadal sont devenus les symboles de choses qui les dépassent entièrement.

    • David 25 avril 2011 at 11:19

      J’ai exactement le même a priori que toi vis-à-vis de Nadal. Et puis ce que la finale de Wimbledon 2008 a pu faire mal tout de même !

    • Clément 25 avril 2011 at 11:58

      Tout pareil également Arno. Quand Nadal est arrivé j’ai eu moi aussi cette impression d’anti-jeu. En fait tout un tas de facteurs m’ont fait penser que ce type c’était juste pas possible ; c’était pas un joueur de tennis !

      Entre son bras gauche deux fois plus gros que son bras droit, ses cris, ses sauts de cabri, son lift inimaginable, son mental infaillible, le fait que son oncle l’ait obligé à jouer de la main gauche et qu’il le chapeaute (le contrôle ?) à tous les niveaux, j’avais l’impression de voir Blanka tout juste sorti de la machine cryogénique, la créature de Frankenstein faite pour gagner à n’importe quel prix ! Aucun autre joueur ne m’a jamais fait cette impression.

      Alors si encore il était resté un anonyme top 30, ça m’aurait pas trop secoué, mais non il fallait bien sûr qu’il batte celui qui incarnait le tennis à mes yeux. Avec le point d’orgue Wim 08, l’ultime affront.

      Et puis une fois que le pire fut passé, quoi que fasse Nadal il ne pouvait plus que m’être moins antipathique. Et c’est bien ce qu’il s’est passé. Le voir perdre RG m’a soulagé quelque part, ça l’a rendu à nouveau humain à mes yeux. Et puis ses blessures, sans me le rendre sympathique, m’ont touché. Au point que j’avais même hâte de le revoir sur le circuit pendant l’été 2009 !

      Malgré tout je vis moi aussi toujours avec des reliquats de cette première impression, c’est assez viscéral effectivement…

  5. Alex 25 avril 2011 at 10:32

    Christian revient ! :-)

  6. Cochran 25 avril 2011 at 10:35

    Très bel article, mais cette haine relative portée sur le roi Nadal me parait un peu exagérée ou à tout le moins surtout le fait d’une minorité d’acharnés assez bruyants. Peut-on être fédéraient et tolérer (je n’ai pas dit apprécier) Nadal ? Poser la question c’est souvent y répondre, surtout dans ce cas précis.

    Mais pour moi la plus grande source de cette haine réside surtout dans sa domination sans partage sur terre depuis 2005. En sport, à moins de révolutionner profondément sa pratique ou d’éblouir par un talent sans égal, les grandes périodes de domination ont toujours géné, voire ennuyé l’amateur moyen. Schumacher et Armstrong en sont de beaux exemples. A l’inverse d’autres grands champions de leur discipline, leur tempérament, leur style, leur méthode n’ont jamais forcé l’admiration du plus grand nombre, à l’inverse d’un Senna, pourtant au caractére de cochon, ou d’un merckxx, pas surnommé le cannibale pour rien.
    Nadal souffre aussi d’un manque de reconnaissance du à plusieurs facteurs. Et la comparaison avec FED le dessert clairement je trouve. Comme tu le soulignes, il ne sera jamais que le « bras », le besogneux, au jeu certes terriblement efficace mais considéré, à tort ou à raison, comme moins flamboyant, moins inspiré, moins beau, moins vrai. Il pourra dépasser le nombre de victoire en GC du Suisse, rien n’y fera, il sera toujours considéré de la sorte.
    Il ne peut non plus compenser ce déficit par une personnalité marquante. Timide, discret, gentil garçon, il ne parle que très peu l’anglais et ne témoigne pas d’un caractère, hors du terrain, qui trancherait avec la majorité de ces collègues. Pas de déclaration fracassante, de choix de vie surprenant, de décisions marquantes. Là ou Fed, lui aussi très lisse, compense par une communication très huilée, Nadal apparaît toujours un peu gauche dans les médias, effacé. Or, un grand champion, dans l’imagerie populaire, doit également être un grand bonhomme en dehors du terrain. Je pense que cela participe grandement de son manque de reconnaissance ou d’égards que son immense palmarés mérite effectivement.

  7. Coach Kevinovitch 25 avril 2011 at 10:54

    En dehors de l’a priori esthète contre besogneux, Nadal souffre aussi de la mauvaise réputation qui existe en France vis à vis des spécialistes de terre battue.

    Disons les choses telles qu’elles sont, la terre battue est souvent considéré comme une sous-surface. Être spécialiste de terre battue en France, c’est connoté négativement là où être spécialiste de dur, ça passe mieux. On lit et entend plusieurs fois des choses des phrases comme « Oui, mais c’est sur terre battue » ou « Oui mais il ne gagne que sur terre battue » avec des sous-entendus très péjoratifs qu’on ne fait pas quand il s’agit du dur, du gazon ou de l’indoor. D’ailleurs d’aucuns prétendent qu’il faut enlever dans le fameux H2H les matches sur terre battue alors qu’on n’a pas encore entendu qu’il fallait « ne pas compter » leurs matches en indoor par exemple.

    PS 1: Je pense que l’auteur l’a fait exprès, son titre est très bien choisi car dans le mot « transpirénéen » il y a le mot « transpire » ce qui retranscrit l’idée de l’effort physique qui correspond à l’image qu’on se fait de Nadal

    PS 2: Elle est vachement mignonne, Julia Georges.

    • Guillaume 25 avril 2011 at 10:59

      Je confirme les deux PS. Oui, Christian l’a fait exprès. En fait, le « transpi » de début de mot était censé passer en italique, mais l’interface me le refuse dans la case du titre. Et oui, la Julia Georges est très jolie, en outre d’avoir un très gros potentiel. Il y a un an cette fille jouait encore des ITF…

    • Christian 25 avril 2011 at 11:02

      Hello Coach K !

      Assez d’accord avec ce que tu dis. Grand paradoxe, pour un pays qui abrite le plus grand tournoi joué sur terre battue, que de dénigrer les joueurs qui y excelle. Enfin, tant qu’on n’aura pas trouvé un successeur à Noah…

      PS: pour le titre, oui, j’ai fait exprès, parce qu’il faut un « y », normalement, à « transpyrénéen »…

      ;-)

    • Sylvie 25 avril 2011 at 11:08

      Une idée avait déjà été évoquée en 2009 que j’avais trouvé intéressante. La terre battue ne permet pas au jeu d’attaque et aux purs esthètes de s’y imposer à part Noah. Du coup, les Français n’ont jamais vu s’imposer chez eux les Mac Enroe, les Edberg, les Sampras et jusqu’en 2009 les Federer qui allaient briller sur les autres tournois du GC. D’où une grande frustration pour les amateurs de ce type de jeu et l’explication de la façon dont les Français ont porté Federer en 2009.

    • Coach Kevinovitch 25 avril 2011 at 11:29

      En effet Sylvie, il a l’idée que les terriens sont des rabats-joie qui brise la fête. On est venu voir Connors, Mc Enroe, Edberg etc gagner parce qu’on l’a jamais vu gagner chez nous et ce tâcheron de terrien nous les brise en les éliminant. Ce tâcheron de terrien qui hors de sa terre sera ce qu’il aura toujours été……UN TÂCHERON! Alors, est-ce qu’il pourrait arrêter ces bêtises?

      C’est comme cela que beaucoup de gens jugent les terriens dans le public de Roland-Garros. Le symbole actuel des terriens, Nadal cristallise toute cette frustration autour de sa personne car il remplit à lui seul cette fonction de rabat-joie si vous remplacez Mc Enroe, Edberg et Connors par Federer là où avant les terriens s’y mettaient à plusieurs et surtout sans qu’un seul d’entre eux ne gagnait « chaque année » RG en commettant à chaque fois le même lèse-majesté comme une personne qui nous fait des crosses constamment presque par plaisir.

      Vous saupoudrez à tout cela un règne presque absolu sur la surface, quelque chose qui est souvent connoté négativement en France et le tour est joué: Pendant Roland-Garros, on passe le temps à entendre dans les médias du « Qui peut battre Nadal » et même avant, je me souviens d’une une de Tennis Magazine Spécial Roland avec comme titre « Tous contre Nadal » là où à Wimbledon, on n’a jamais versé dans ce genre de bassesses quand Federer dominait sur herbe, pourtant la jachère en GC des Britanniques est deux fois plus longue qu’en France.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 11:50

      Je comprends ton point de vue Coach en tant que nadalien et amateur de terre battue mais tu ne pourras jamais rien contre le fait que le jeu basique de terre ennuie beaucoup d’amateurs de tennis. Comme le dit, jérôme, c’est l’esprit de ce type de jeu, remettre la balle, ne pas faire de fautes, piloner le point faible de l’adversaire, qui ennuie. Et je m’inclus. Alors Nadal, c’est bien plus que cela mais ça reste un vrai terrien et la majeure partie de ses joueurs ont ennuyé bien des gens depuis des années et cette lassitude ne se raisonne pas. Elle se vit.

  8. Christian 25 avril 2011 at 10:57

    Merci à vous pour ces premiers commentaires.

    Tu as raison, Cochran, d’évoquer le tempérament de Nadal « hors des courts ». Prince pirate sur le terrain, ogre au regard de tueur, il se mue en gentil garçon (qu’il est sans doute) dès qu’il ne tient plus une raquette. Cet effacement, ce caractère lisse, participent évidemment à l’agacement de certains: j’avais écrit jadis, sous d’autres cieux, un petit article regrettant les « bad boys » des 80′s qui non seulement nous faisaient vibrer sur les courts, mais nous ravissaient par leurs frasques entre deux tournois. Autre époque. Où l’on devait parfois aussi subir la hargne d’un public décidément jamais satisfait. Dans la première partie de sa carrière, Connors a été l’un des joueurs les plus détestés du circuit. Il est vrai que Jimbo ne s’aidait pas lui-même, avec une attitude très souvent « limite ». Mais au moins avait-on l’impression qu’il était doté d’un vrai tempérament…

  9. May 25 avril 2011 at 11:00

    Superbe Christian, quoi qu’il en soit Nadal ne laisse pas indifférent, c’est déjà un bon début pour peut-être un jour être reconnu à sa juste valeur. On connait déjà ses défauts par cœur, ils nous sont rappeler avec une certaine régularité mais on apprendra à reconnaître qu’au delà des résultats irréfutables se cache une personne et un sportif unique en son genre.

    L’amour dont il fait l’objet est inversement proportionnel à l’adoration que vouent les gens à Federer qui n’est pas considéré seulement comme un sportif qu’il est avant tout mais comme un artiste, un esthète doublé d’un génie qu’il est aussi. A part être aveugle ou de mauvaise foi puissance 10 000, nul ne peut remettre en question ce talent là.
    Nadal a commis le crime de lèse majesté et il sera celui qui enraillera la belle mécanique Suisse, le grain de sable qui va dérégler ce que beaucoup considèrent comme la réincarnation du joueur de tennis ultime. La pilule sera difficile à avaler mais ce gars a priori plutôt limité tennistiquement va réitérer cela sur tous les courts du monde jusque dans son jardin privé londonien.

    Beaucoup n’admettent pas que Nadal puisse avoir un quelconque talent, il est souvent comparer à un animal voir presqu’à un monstre et usent d’arguments plus ou moins bancales et artificiels pour justifier cette presque haine en évoquant ses muscles saillants, sa puissance presque inhumaine ou son endurance plus que douteuse en oubliant presque que lui aussi est un artiste de la petite balle jaune. C’est se voiler la face que de le nier. Tout juste on reconnait sa force mentale. Son jeu n’a pas la fluidité et ne transpire pas la facilité, c’est vrai mais des coups de génies partent de sa raquette aussi, mais on ne voit que le tourbillon incontrôlable, qu’on ne lui reconnaisse aussi peu de talent avec tout le chemin parcouru à un si jeune âge c’est juste inimaginable et au-delà du labeur il y a un jeune type qui essaie de réussir dans ce qu’il sait faire de mieux, jouer au tennis.

    Je ne sais pas si c’est de ce manque de reconnaissance qu’il puise cette envie de toujours s’améliorer mais force est de constater que le garçon n’a cessé de progresser pour en arrivé là ou il est car oui, il ira aussi là-haut ou l’attendent les Laver, Borg , McEnroe…

    Evidemment qu’il compte des millions de fans qui le soutiennent mais il manque la reconnaissance des purs pro-Fed qui sont peu nombreux à reconnaître une certaine légitimité à Nadal, peut-être que lorsque les 2 couleront une retraite paisible et mérité, les passions laisserons plus de place à la raison. Combien de talents ont été reconnus post mortem ?

  10. Sylvie 25 avril 2011 at 11:01

    Je trouve ton article intéressant Christian, louable en tant que Fédérien, et plutôt juste sur certains aspects notamment l’idée du bûcheron contre l’esthète, mais sur le fond je ne suis pas complètement d’accord.

    Des tas de gens ont des raisons de ne pas aimer Nadal et tout le monde ne devient pas un hater : son jeu, son ultra domination sur terre, les soupçons de dopage, l’hispanophobie (j’y crois assez peu)… mais c’est exactement la même chose pour Federer.

    A lire ton article, on dirait que seul Nadal souffre d’une injustice. Je viens d’un site où, par rapport à ce qui s’écrit ici, les propos sur Nadal c’est bisounours. Et là-bas, la tête de turc, l’homme de toutes les haines c’était Federer. Va lire sur Eurosport les commentaires des articles qui lui sont consacrés et tu trouveras des haters systématiques venant trouver toutes les occasions de lui cracher dessus.

    15-love est un site fréquenté majoritairement par des fédériens donc ça fausse l’impression. Nadal a autant des fans que Fed et est détesté autant pour des raisons opposées. Là où certains n’aiment pas le bûcheron d’autres vomiront la danseuse, là où certains trouvent Nadal trop langue de bois, d’autres que Federer a le melon et est mauvais perdant. Pour les deux, leur domination a créé de la frustration augmentée par leur rivalité et l’opposition de leur type de jeu.

    Franchement, je n’ai pas envie de m’apitoyer sur le pauvre Nadal car j’ai lu les pires horreurs sur Federer, sa femme, ses filles… Sur le site de t shirts ça a pu aller jusqu’à souhaiter qu’il « crève », je cite.

    C’est la rançon de la gloire. Les deux sont admirés et haïs évidemment par des gens opposés.

    Je suis entièrement d’accord avec Cochran sur le fait que c’est son ultra domination sur terre qui lasse et non un quelconque racisme alliée certainement avec un jeu qui séduit moins.

    Perso, je ne me battrais pas la coulpe de ne pas apprécier Nadal et si une majorité (?) d’amateurs de tennis préfèrent la Federertouch plus rare, plus magique à leurs yeux faut-il les en blâmer ? Le travail, la volonté sont méritoires mais le talent pur, le génie sont quelque chose d’unique et de bluffant. Nadal a du talent mais peut-être qu’une partie du public est plus touchée par un tennis en voie de disparition. C’est leur droit.

    Il ne serait pas étonnant, si Nadal était en difficulté à Roland cette année, de voir le public se comporter à nouveau comme en 2009. Pour moi, ça ne serait pas de la haine ou une hispanophobie dénoncée par tonton Toni mais bien le reflet de l’immense lassitude qui gagne la saison de terre même si c’est d’une grande injustice envers un joueur qui est avant tout là pour gagner.

    • Christian 25 avril 2011 at 11:07

      Hello Sylvie,

      Je comprends tout à fait mais je ne visais pas du tout 15 en écrivant cet article, rédigé et envoyé bien avant la passe d’armes d’hier. Les propos fielleux évoqués dans le chapeau, c’est effectivement sur d’autres sites que je les ai lus. Quant à la haine réservée à la « danseuse », les anciens de SV se souviennent certainement des tribulations du dénommé Gino, plume talentueuse parfois dévoyée dans des combats surréalistes, contre la « seeeeeecte » fédérérienne.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 11:15

      C’est vrai que Nadal reçoit son lot de méchancetés mais pour moi, pas plus que Federer, loin s’en faut et c’est souvent moins violent. Les Nadal haters taclent le jeu et le dopage, les Fed haters attaquent l’homme et ses fans qui sont haïs autant que lui.

  11. Jérôme 25 avril 2011 at 11:43

    Je vais réagir un peu sur le mode du contrepieds amical.

    Christian, ton article est très bien écrit, intéressant, sur un sujet qui ne laisse forcément pas indifférent les 15-lovers.

    Tu choisis le mode de l’introspection chrétienne, sur fond d’exigence morale vis-à-vis de soi-même. Soit.

    Tu abordes l’essentiel des points qui expliquent le phénomène de rejet ou d’adhésion qu’un joueur peut susciter et y apportes des réponses plutôt justes mais assez nettement politiquement correctes.

    Je me retrouve dans une bonne partie de tes analyses mais pas complètement. De mon point de vue, il y a une contradiction dans ton propos : tu fais précisément appel à la morale (il n’est pas bien de se laisser aller à des sentiments mauvais) alors même qu’un des fondements de la critique dont fait l’objet Nadal c’est que certains (moi par exemple) lui reprochent de pratiquer une forme d’antijeu pour gagner.

    Je m’explique tout de suite sur ces derniers mots. Quand j’écris que Nadal pratique une forme d’antijeu, je ne fais pas référence à son formidable mental de warrior qui joue chaque point comme si c’était une balle de match et qui rend le joueur admirable et exceptionnel. Non, je fais référence au fait qu’il est d’une école qui va inlassablement et caricaturalement pilonner le point relativement faible de l’adversaire avec des effets qui sont d’abord faits pour gêner.

    Tout cela est subjectif, mais c’est la motivation profonde qui explique, pour moi comme pour beaucoup, les sentiments que nous inspire le joueur. Avec derrière l’idée évidemment vaine que s’il ne faisait pas ça il ne gagnerait pas tout ce qu’il a gagné.
    Ce développement ne serait bien sûr pas complet si on ne le rapprochait pas de l’éthique du beau jeu qui est largement partagée. Le beau jeu, ça peut être les artistes ou les joueurs hyper-variés. Le beau-jeu, c’est le fait de vouloir gagner et créer plutôt que démolir un adversaire qui n’est pourtant pas naturellement irrégulier ou fragile (aucun reproche à faire déjouer un Gulbis qui déjoue tout seul).

    Nadal, en plus talentueux et plus varié, évoque irrésistiblement pour moi ce que fut Monica Seles au tennis féminin (on est tous bien d’accord sur le fait que le cinglé allemand est un cinglé). Et en politique, on pourrait prendre la métaphore de Sarkozy ou de Royal : ces 2 là ne reculent devant rien pour essayer de gagner, ils tirent la morale politique vers le bas mais sont très efficaces électoralement. Derrière, on ne va quand même pas se flageller de les trouver antipathiques. Ces 2 là n’ont effectivement pas reculé devant des innnovations regrettables. On se serait mieux porté si la manière de débattre politiquement et de faire campagne était restée plus noble. Eh bien j’ai la faiblesse très subjective de penser qu’en tennis c’est pareil.

    Mais tout ça est une histoire de goût et n’est que du tennis. Et il est incontestable que le tennis a grandement gagné de l’opposition de styles entre 2 champions d’exception comme Federer et Nadal.

    • Christian 25 avril 2011 at 12:23

      Propos intéressants, mais sur lesquels je voudrais revenir… Notamment sur le supposé « antijeu » de Nadal, ou de n’importe quel autre joueur. Lorsque je joue au ping’, surtout si l’adversaire est coriace, je ne vais tout de même pas pousser l’élégance jusqu’à jouer tendu sur son coup droit si je sais qu’il va me crucifier à tous les coups. Non, j’essaie de démolir son revers, pour qu’il joue haut, et ensuite oui, j’attaque éventuellement son point fort. Ce que je fais, comme joueur du dimanche, dans un contexte amical, comment reprocher aux joueurs dont c’est le métier, de le pratiquer systématiquement ?

      • Babolat 25 avril 2011 at 16:53

        Ben oui… je n’ai jamais vraiment compris cette histoire d’antijeu moi non plus. L’antijeu, c’est ne pas respecter les règles. Nadal joue avec une raquette, sa balle passe le filet, elle retombe dans les limites du court… ben voila.
        Federer n’a qu’à avoir un meilleur revers, Murray un meilleur coup droit ou Tsonga un meilleur retour epicétout. ;)

        Félicitations pour cet article très bien écrit Christian.

  12. Serge 25 avril 2011 at 11:44

    La raison pour laquelle j aime beaucoup Nadal c est simplement parce que grace a lui je me suis non seulement de nouveau passionne pour le tennis, mais j ai aussi recommencer a pratiquer ce sport.

    « Historiquement » le tennis pour moi se divise en 3 phases:

    - 1988/1996: Ados, je joue tous les jours (moins sur la fin;) , je suis incolable sur tous les joueurs et tous les tournois.

    - 1998/2007: Je ne pratique plus le tennis, je m informe d’un oeuil distrait sur l’actu tennis et voit les derniers joueurs des 90′s prendre leur retraite. Agassi le dernier en 2005. Je remarque vite un certain Federer mais il a l’air tout seul sur la planete tennis.

    - 2007/2011: C est lors des finales RG 07 et Wimbledon 2007 que je m appercoit que l’espagnole rend le tennis de + en + interessant grace a sa rivalites avec Roger. C est la aussi ou je commence a vous suivre sur SportVox ;)
    L’apotheose c est la finale de Wimbledon 2008 que je suis en entier et en direct (le premier que je suis en entier depuis + de 10 ans!). Le lendemain je m achete une raquette et me remet au tennis (a un toujours pietre niveau malheureusement).

    On n a pas toujours le recul necessaire mais la rivalite Nadal/Federer a fait un bien fous a la planete tennis. Sans Nadal, Federer aurait certainement 23 ou 24 titres du Grand-Chelem mais il n aurait pas rendu service a la popularite de ce sport.

  13. Colin 25 avril 2011 at 11:47

    Salut Christian, sympa ton article !

    Moi j’ai pris Nadal comme leader de ma team Odyssée, c’est dire si je ne me sens pas visé.

    Ceci dit, si je pousse l’auto-analyse un poil plus loin, je constate deux choses tout à fait contradictoires:
    1. Quand Nadal joue sur terre battue, je suis toujours pour son adversaire, quel qu’il soit, même le pire des assholes (Soderling, Ferrer, et même Berdych, c’est dire)
    2. Quand Nadal joue sur terre battue, c’est souvent un spectacle extraordinaire à regarder, à condition évidemment que son adversaire ait un minimum de répondant.

    La synthèse de ces deux points est que le tennis sur TB avec Nadal a perdu tout suspense (on connaît le résultat dès le premier jeu du match), mais a gagné en spectacle. Voir un match de Nadal sur TB, c’est un peu comme voir un film de Hitchcock pour la 20ème fois: tout le suspense est tué et tombe à plat, mais on découvre encore des choses qu’on n’avait pas vues avant.

    • Jeanne 25 avril 2011 at 12:20

      Le pire des assholes, Ferrer ? A ce point ?

      • Colin 25 avril 2011 at 12:43

        Qu’est-ce que tu dis de ça:

        http://www.youtube.com/watch?v=U8flsT0jEak

        • Nath 25 avril 2011 at 12:57

          C’est connu. Et puis, ça va, qui n’a jamais eu des propos injustes envers des gens de sexe opposé ? Dans le genre tou(te)s les mettre dans le même sac. La différence, c’est que dans ce cas précis, une caméra était présente (ok, pas à son insu, mais bon).

        • Jeanne 25 avril 2011 at 13:05

          Pas assez hispanophone pour relever toute la subtilité, en gros c’est un macho en colère, c’est ça ? Il n’y plus d’assholes, même Soderling il est devenu trop correct ! Un vrai bad boy genre Rios, ça manque je trouve (oui j’adore les bad boys !)

        • Colin 25 avril 2011 at 16:35

          Ah ben ça c’est la meilleure, Nath et Jeanne qui se liguent pour défendre le droit de Lord Farquad à être un gros macho.

        • Nath 25 avril 2011 at 17:16

          Rien à voir, Colin. Ce que je veux dire, c’est que ma prof de 2nde disait qu’un exemple ne prouve rien en math. Et je pense que c’est valable pour les comportements humains pas trop extrêmes. Parfois je n’en reviens pas de la facilité avec laquelle les gens jugent leurs pairs, comme s’il fallait tout le temps se montrer sous son meilleur jour.

          Donne-moi un ou deux autres exemples et j’admettrai que Ferrer est un gros macho.

        • Jeanne 25 avril 2011 at 18:47

          Non Colin, on ne se ligue pas du tout, mais je suis juste un peu surprise parce que sur les matchs (pas très nombreux c’est vrai) où je l’ai vu jouer, je l’ai trouvé assez éloigné de ça. En plus je ne comprends pas l’espagnol donc j’ignore exactement où il veut en venir avec les femmes.

          J’avais lu un article (impossible de le retrouver internet est trop volatil) qui en gros disait que c’était plutôt un gars bien.

          Un Hewitt avec ses allusions déplacées (mais c’était il y a longtemps c’est vrai) à la couleur de peau du juge de ligne me paraît pire (et ça je n’approuve pas du tout, même si comme je te l’ai dit j’aime bien les types pas trop gentils comme Rios ou plutôt entiers on va dire, qui envoie un Fuck à Nelson Monfort)

          Je suis assez prudente parce que je tape tout ça depuis mon fauteuil et que je ne sais pas ce que je serais capable de faire en état de stress intense sur un court.

        • Colin 25 avril 2011 at 19:05

          Ouh la, on rentre dans des considérations complexes là.
          Pratiquant moi-même de nombreux sports, je sais fort bien que quand on est énervé, on dit des grosses c*o*nneries, ça m’est arrivé assez souvent, y compris des insultes qui volent bas.
          Cependant, il me semble qu’il y a une différence fondamentale entre insulter QUELQU’UN (une femme parce qu’elle arbitre mal, ou encore un juif parce qu’il est radin, un noir parce qu’il est fainéant) et se mettre à GENERALISER à toute une catégorie (genre, religion, couleur de peau): « Tu es une femme, donc comme toutes les femmes tu n’es bonne à rien, et surtout pas à arbitrer » (copyright Ferrer), « Tu es juif, DONC tu es radin », « Tu es noir, DONC tu es fainéant » (ou leurs équivalents positifs d’ailleurs, tout aussi sexistes / racistes: « tu es une femme, donc tu es sensible », « tu es juif, DONC tu as le sens des affaires (/ de l’humour) », « tu es noir, DONC tu as le rythme dans la peau », etc.).
          Ou alors il faut que ce soit une plaisanterie (e.g. Yannick Noah à l’US Open 88 ou 89, qui avait déclaré (en substance) après son match gagné de justesse contre l’Israëlien Amos Mansdorf, considérant que le juge de chaise lui avait été hostile: « Pour avoir un bon arbitrage ici, il faudrait que mon nez soit beaucoup plus long »). Mais en l’occurrence Lord Farquad ne plaisantait pas du tout.

          Par ailleurs, je ne mettrais pas de hiérarchie entre la sortie raciste de Hewitt et celle sexiste de Ferrer.

          Mais bon ceci dit je suis d’accord pour lui accorder le bénéfice du doute, en l’absence de récidive on va dire que c’est un brave type, légèrement macho sur les bords mais sans plus, qui a pété un plomb ce jour là, no?

        • Jeanne 25 avril 2011 at 20:03

          On est d’accord !

    • Coach Kevinovitch 25 avril 2011 at 12:31

      Ferrer, un asshole. Je vous préviens si vous continuez à vous défouler sur lui, je vous ponds une hagiographie du Valencian comme article! :mrgreen:

      Et oui, ce sont des menaces!

    • Christian 25 avril 2011 at 12:35

      Thanks, Colin !

      Le seul suspens concernant Nadal sur terre battue, pour moi, c’est l’état de son physique. L’identité et le pedigree de l’adversaire, c’est presque anecdotique.

  14. The return of John Maquereau 25 avril 2011 at 11:50

    Tout le monde savait que le règne de GrosPif était une parenthèse enchantée dans un univers vérolé entre des Hewitt et des Djokovic. On avait eu du bol avec Muster, fallait bien bouffer notre pain noir avec DoigtDansl’Fion, suffit de ne pas regarder.

    Mais c’est quand même dingue ce que l’on peut lire actuellement, déjà, il faut arrêter de faire comme les modos référence à une supposée guéguerre Federer/Nadal, nul besoin du premier pour ne pas goûter au second, argument pourri.

    Les références constantes à la haine aussi, je me demande bien qui veut enflammer le truc, la haine ce n’est pas ça et ramener constamment à une consonance émotionnelle négative et à la psychologie des objections justifiées* est un procédé que je ne goûte pas, destiné à éteindre voire à retourner le débat, cf le « S’ils ne l’aiment pas c’est qu’ils ne s’aiment pas eux-mêmes » de MJ, putain de ptdr. D’ailleurs c’est vrai que cataloguer les gens (je ne savais pas que l’on pouvait être machin-hater) est un système efficace, plus on sort un gros truc débile en argumentaire, plus il est difficile de répondre, comme quand tonton évoquait le « racisme anti espagnol », on aura tout vu, ça permet de balayer d’un revers de main les soupçons légitimes sur la politique sportive espagnole.
    Le sport professionnel est comme ça on le sait, pas grave on peut tourner le bouton, mais quand c’est enrobé d’humilité et de fair-play à nous faire passer le bonhomme pour un moine bouddhiste, ça commence à puer du bec. Le sport professionnel n’est qu’une exacerbation des rapports de dominance, tout ça ce n’est qu’une question de style et l’on a parfaitement le droit de ne pas aimer celui de Pépito, il ne faut pas trop le dire ici, c’est tout.

    * Ce qui se dit dans les ouvrages de médecins du sport (lire par exemple le docteur Jean-Pierre de Mondenard) sur la pratique des injections (qui sont sur la voie de l’interdiction totale chez ces drogués de cyclistes, il n’y a bien que dans le tennis que cela ne pose aucun problème) et sur l’absence d’hermétisme de la frontière entre médecine et dopage qui lui est associée, les déclarations de Fabrice Santoro ou d’autres anciens professionnels sont par exemple des faits rationnels.

    « Mais au moins avait-on l’impression qu’il était doté d’un vrai tempérament… » Putain de ptdr !

    Bon j’y vais, peut-être que ça colle aux chaussures, t’as dû couper quoi Giacco dans celui-là ?

    • Serge 25 avril 2011 at 12:05

      J’ai pas compris ce que tu voulais dire.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 12:23

      Il ne me semble pas que le fait de ne pas aimer Nadal, de le dire, d’expliquer pourquoi ou même parler du dopage soit un problème en soi. Ce site me semble assez ouvert sur la question.

      Après, il y a une nuance entre le dire sur des raisons précises et le répéter en boucle et chercher à minimiser tout ce qu’il fait. On peut ne pas l’apprécier et reconnaître ses qualités. Ce n’est pas incompatible. Et si, on ne lui en trouve aucune, pourquoi pas, mais d’autres lui en trouvent et je trouve que c’est juste un peu désobligeant pour eux de leur faire sentir à longueur de posts que le mec nous sort par tous les pores de la peau.

      Moi j’ai du mal avec ses ahanements qui m’horripilent mais je ne vais pas le dire à chaque fois qu’il joue. Je l’éprouve juste devant ma télé.

      J’ai des copines nadaliennes qui lisent le site sans y participer et qui ont été blessées par la fait de lire sans arrêt que les amateurs de terre battue étaient en gros des incultes débiles qui n’y connaissaient rien puisque ce n’est pas du tennis. Elles ont trouvé ça méprisant.

      Il y a une nuance entre donner ses goûts et laisser entendre que les goûts des autres sont de la m… mais c’est peut être moi qui suis trop sensible sur ce point là car il y a des choses que je n’aime pas lire quand je me sens concernée.

      Sinon les haters ça existe clairement et j’en ai côtoyé mais il n’y en a pas ici de ce type. Ce sont des gens qui ne postent que pour cracher sur un joueur qu’il déteste et sur n’importe quel prétexte , en boucle et toujours les premiers sur les articles de l’objet haï.

      Disons qu’on est plusieurs à avoir eu peur hier d’un glissement mais je t’accorde que c’est excessif peut-être et qu’il n’y a pas de guerre de clan puisque les nadaliens du site ont eu l’intelligence de ne pas surenchérir.

      Et j’ajoute qu’un article sur la politique espagnole envers le dopage pourrait être intéressant s’il y a des sources d’infos fiables.

    • Christian 25 avril 2011 at 12:33

      Hey Poisson, pas sûr que j’aie tes suffrages, sur celui-là. Heureusement qu’on ne peut pas voter. Je comprends, et suis certain que tu me trouves un peu « foie jaune » pour le coup, mais encore une fois, je visais des propos vraiment pourris que j’ai lus ailleurs qu’ici. Sûr qu’on peut ne pas goûter au jeu de Nadal (c’est toujours mon cas) mais vraiment, certains argumentaires empestent la haine à l’état pur, je maintiens. Connerie dans un camp ou connerie dans l’autre (tiens, tu fais référence au Tonton de SV) c’est toujours les mêmes arguments bas de front. Alors que ceux que tu avances, évidemment qu’on peut les soutenir.

      amicalement,

      Giacco.

      PS: j’ai rien coupé, hormis deux coquilles.

  15. Nath 25 avril 2011 at 12:08

    Eh bien, article qui tombe à pic, Christian. Intéressant, quoiqu’un peu court à mon goût. Ce qui n’est pas si gênant vu qu’il ouvre sur un débat. J’essaierai de repasser, même si je ne suis pas sûre d’avoir quelque chose de nouveau à ajouter.

    PS : J’espère que tu ne m’en voudras pas pour ce petit HS, avant de passer à l’article, j’étais tombée sur ça (faut pas me provoquer sur les photos marrantes) : http://tinyurl.com/65lp9y7

    • Jeanne 25 avril 2011 at 18:49

      très joli !

  16. Jeanne 25 avril 2011 at 12:11

    L’article a le grand mérite de tenter (et réussir avec une élégance exceptionnelle) une analyse d’un ressenti négatif qui ne laisse pas de m’interroger.

    D’autant plus vertigineux que, si j’introspecte, mon rapport au tennis reste peu émotionnel et que mon moteur intime, ce sont plus les beaux matchs, les pépites, que les prouesses nominatives ou cumulatives des uns et des autres.

    En bonne indécise, je n’arrive pas à avoir de préférence absolue, fixe pour un joueur, je ne rêve que de matchs qui sont indécis, funambulesques, et où je sens qu’ils vont puiser très profond en eux. Ce qu’un joueur peut extraire de ses propres abysses pour le transmuter en éclat solaire.

    Je regarde un match de tennis comme je vais au cinéma, où je ne vais pas chercher à savoir qui des acteurs joue le mieux. Seule vont compter pour moi l’intrigue, l’embarquement, l’emballement globaux, le voyage vers un ailleurs, sans que je le fragmente.

    Effectivement connaître déjà la fin gâcherait un peu le plaisir, mais on n’a pourtant jamais de certitude absolue. Et de nouveaux acteurs viennent enrichir et complexifier la distribution. Changer la lumière.

    J’aime autant Federer que Nadal et me refuse à toute classification ou hiérarchie, ça ne m’intéresse pas. Ils ont brillamment animé la décennie passée, c’est tout ce que je sais, ils ont créé des exploits solaires, livré du spectacle époumonant, ils sont allés aux confins alchimiques, fourni du rêve et de l’évasion.

    Et j’adore le jeu sur terre, car les échanges y sont longs, durs, travaillés, forcent à aller chercher des ressources au plus profond dans les zones inexplorées du soi.

    Pour drainer tant de passion, Nadal et Federer sont archétypaux, ou vécus, ressentis, compris comme tels. Un processus de symbolisation ou mieux, de cristallisation s’opère que nous nourrissons de nos propres apports, fibre après fibre. Nous croyons les connaître, eux qui ne savent même pas que nous existons ! Nous convoquons, mots, chiffres, mémoire, comparaisons, instinct pour mieux les saisir.

    Le tennis est bipolaire, et à son image les forums par mimétisme se muent en un court de tennis géant et intangible, où parfois le terrain se scinde , et les mots fusent comme le feraient des balles frappées. Comme si l’important, était en échangeant des messages, de marquer des points. D’arriver à des certitudes. Du bipolaire au manichéen le raccourci peut être tentant. Heureusement ce sont des cas extrêmes.

    Je ne suis pas certaine que Federer travaille tellement moins que Nadal. Comment le savoir ? Impossible. Mais son jeu comporte plus de surprises, de ruptures propres à générer l’ébahissement. Il est plus créatif, oui et répond à notre appétence au ravissement, comble l’enfant aux yeux écarquillés qui est en nous.

    Nadal véhicule d’autres forces, plus telluriques, plus inexorables en apparence. Il illustre ce miracle que peut être la volonté.

    Au final, aimer Nadal ou Federer nous interroge et révèle plus sur nous-mêmes que sur eux. Et les matchs ne sont-ils pas des actes communs de création d’une prestation sportive et visuelle ?

    • Sylvie 25 avril 2011 at 15:46

      Joli post Jeanne. C’est vrai que cet article amène à une réflexion plus large et intéressante sur les représentations, sur la symbolique incarnée par deux joueurs aussi dissemblables qui représentent deux conceptions radicalement opposée du tennis, deux visions de ce sport. On est rarement fan des deux et tu es une exception à aimer les deux. Justement parce que tu n’es pas spécialement fan d’un des deux. apprécier l’un c’est souvent apprécier une philosophie du jeu, une idée du sport que l’autre n’incarne pas.

      Pour schématiser, Fed c’est l’esthétique, l’élégance, la fluidité, l’impression de Facilité, le talent tel qu’on l’imagine… Du coup Nadal apparait comme besogneux, trop physique, trop puissant, trop défensif…

      Inversement pour ses admirateurs Nadal c’est le combattant, le warrior ultime, le travailleur acharné, le gars qui exprime sa volonté sur un court… Et Fed apparait lisse, chiant, sans expression, trop facile, sans mérite…

      C’est rare d’apprécier les deux car aimer l’un des types de jeu incarné c’est souvent détester l’autre. Et la rivalité et internet ont mis du sel sur tout cela.

    • Jeanne 25 avril 2011 at 16:39

      Oui Sylvie, c’est une question de perspective et d’approche, voir l’un à travers le prisme de l’autre c’est nécessairement modifier la vue.

  17. Clément 25 avril 2011 at 12:16

    Salut Prof, content de te relire ! :)

    Ton article tombe à point, même si apparemment ce n’était pas calculé…
    Pas grand chose à rajouter à ce que mes camarades ont pu dire, hormis ce que j’ai écrit plus haut, force est de constater en tout cas que le garçon ne laisse pas indifférent, ce qui ne serait sans doute pas le cas d’un Djoko si jamais il devait devenir n°1 un jour ou l’autre.

    Nadal est une exception à tous les points de vue, il a repoussé je pense le professionnalisme à des niveaux encore jamais vus, de la langue de bois absolu à la débauche physique et mental effarante. Même sa courbe de progression fut diaboliquement efficace, très précoce et sans accroc dans le parcours, rien… 345ème en 2002, 87ème en 2003, 50ème en 2004, 2ème en 2005, 1er en 2008 ; circulez y a rien à voir. Jusqu’aux blessures, qui font quand même revenir sur terre aussi bien le joueur que le spectateur.

  18. Marc 25 avril 2011 at 12:28

    Bon article très bien écrit.

    Je pense que la raison majeure de l’opposition Fed /Nadal vient de l’opposition réelle ou supposée entre talent naturel et talent travaille, entre inne et acquis, entre celui qui vise avant tout a mettre un point gagnant et celui qui veut remettre en jeu la balle une fois de plus que l’adversaire.

    Bien sur, c’est caricatural et réducteur, les attaquants ont toujours bosse et se sont toujours entraines et les défenseurs ont toujours eu du talent. Mais il y a une philosophie de jeu qu’on préfère a travers le temps, qu’il s’agisse de tennis ou d’un autre sport : est on pour celui qui joue en prenant le jeu a son compte, en créant du jeu, ou celui qui empêche de créer du jeu.

    J’ai toujours préfère l’attaquant au défenseur, celui qui prenait des risques, tentait de faire le point gagnant, plutôt que le remiseur j’ai soutenu frenetiquement Mc Enroe contre Borg et Lendl, Edberg contre Wilander, Chang et Courier, Sampras contre Agassi…et Federer contre Hewitt et Fererro. En revanche, je n’ai jamais soutenu celui dont le jeu d’attaque était top limite et dépendant trop de son service : Tanner. Ivanisevic, Roddick…

    Bref, pour moi, aucune haine vis a vis de Nadal, mais souhait habituel que l’attaquant l’emporte sur le défenseur, comme quand le Barca joue contre un Real hyper défensif ou l’Inter, comme quand j’etais fan de Phoenix en Basket NBA en 2005/2007, comme j’etais fan de Senna contre Prost, pareil en Rugby : si je suis fan du french flair qui n’existe quasiment plus, c’est du fait de essais d’anthologie qui ont ete marques par les Francais sur des relance de folie, et non par nationalisme.

    Voilà, je serai toujours de tout cœur pour l’attaquant, la raison me montrant quand mêle a quel point le défenseur est grand. Mais les matchs d’anthologie sont souvent le resultat d’oppositions de style, et on a été gate avec les Nadal/Federer comme avec les Borg /McEnroe ou Sampras/Agassi.

    Exceptionellement, on a parfois de très bon matchs avec des joueurs au style proche (Edberg/Becker, Becker/Sampras, Coria/Nadal) et dans ce cas, c’est vrai que le vainqueur m’est égal, pas de préférence, pas de stress…c’est finalement reposant…

  19. Coach Kevinovitch 25 avril 2011 at 12:36

    Le début de cet highlight est une scène assez amusante: http://www.youtube.com/watch?v=lLTf4s73fxM&feature=related

    • Jeanne 25 avril 2011 at 13:07

      Il voulait lui prendre sa place le chenapan !

  20. Jeanne 25 avril 2011 at 13:48

    Youzhny malmené par un qualifié allemand, ben alors ?

  21. William 25 avril 2011 at 13:56

    Quelle écriture ! Dommage, comme toutes les bonnes choses on trouve que c’est trop court. La première partie, avant les possibles raisons à l’acharnement du public du Chatrier, est superbe. Merci Christian.

    Guillaume nous avait promis un article à débat pour voir ce qu’on avait dans le ventre, je dois dire que je ne suis pas déçu. Par où commencer ? Ca risque de manquer de structure mais voici mes avis sur Nadal, sa côte de popularité, sa défaite contre Söderling et les attaques dont un joueur peut être victime.

    Tout le monde l’a déjà dit, Nadal souffre et souffrira toujours de son image de bûcheron. C’est ainsi. Il ne pourra jamais être non plus dissocié de Federer, d’ailleurs la comparaison lui est plutôt flatteuse étant donné son bilan face au Suisse. Un Suisse qui est également associé à des « types » : la danseuse, le fragile,… Des amis qui ne suivent le tennis que de très loin me tiennent ces propos « Federer on voit bien qu’il n’a pas envie de gagner, il ne montre rien sur le court », tout est dit… Ceci étant dit, le dossard du besogneux n’est pas une insulte en ce qui me concerne. On s’accorde tous plus au moins sur le talent présumé de Gulbis ; seulement voilà, il ne fait rien. Un type plus bosseur et plus acharné peut parvenir à briller. Je précise pour ne froisser personne qu’évidemment Nadal joint le talent au travail, c’est indiscutable et je pense que sur 15-love ce constat est admis par tout le monde.

    Sa côte de popularité maintenant. Je pense sincérement que Nadal n’a rien à envier à d’autres champions au niveau des fans et de l’amour d’un public. Certaines choses jouent grandement en sa faveur : typé Espagnol, physique musclé exposé d’abord par un t shirt sans manches, cheveux longs, oeil du tigre. Nadal plaît aux filles, c’est certain. Les inconditionnels de la terre battue l’aiment aussi (du moins je l’espère, sinon quel ennui pour eux !). N’oublions pas non plus qu’ici il y a une majorité de posteurs qui ont une préférence pour Federer, cela fausse un petit peu la donne. Nadal à son public, ses suppporters, tout va bien pour lui, merci. Je pense qu’il a d’ailleurs un riche vivier de fans en France du fait de la présence du GC français et de Monte Carlo, retransmis sur les chaînes publiques… Vraiment…?

    La défaite contre Söderling n’est pas un problème, les problèmes au genou ont déjà été évoqué. Non, le vrai souci c’est l’attitude du Chatrier ce jour-là. Tout le monde est d’accord là-dessus, le public a été odieux et irrespectueux. L’attitude est indigne. Mais au-delà de ce comportement, que peut-on voir ? Certes, le public soutient toujours l’outsider car il veut du spectacle. La thèse de l’hispanophobie ne tient pas la route 1 seconde, tu fais bien de l’écarter rapidement. Le problème c’est qu’on ne trompe pas le public… Si l’action a été infecte, la pensée derrière était celle de beaucoup d’entre nous : « Bon, il est bien mignon ce Nadal, mais sa fait quatre ans qu’il nous traîne son jeu jusqu’à la coupe, on aimerait bien voir autre chose dimanche prochain ! ». Après, la formulation de ce désir (inconscient ?) s’est faîte avec une délicatesse toute française, serais-je tenté de dire… Peut-on reprocher à tout un public cette attitude ? N’y avait-il que des « Nadal haters » (puisque c’est semble-t-il l’expression à la mode) ce jour-là dans les gradins ? Nadal n’est-il qu’un martyr ? Non, bien sûr.

    Je serai bref sur mon dernier point. Je comprends que la lecture de propos scandaleux ait pu inspirer un article à l’auteur, autant je trouve que les soi-disant attaques dont Nadal a été victime ici depuis deux jours sont légérement exagérées. Ce site propose un bel espace de liberté très bien encadrée, les propos ne sont jamais outranciers, les affirmations sont très souvent argumentées. Parfois, on a besoin de relâcher un peu de pression. Je ne trouve pas que certains aient pu y aller trop fort contre Nadal. J’ai peur d’être catalogué : je suis un fan de Federer, je n’aime pas le jeu de Nadal, il ne me fait pas vibrer, certaines de ses victoires sur Federer m’emmerdent, mais je ne suis pas un « Nadal hater » pour autant et je ne soutiens pas systématiquement son adversaire, dans un mélange de frsutration et de rancoeur. C’est un petit peu facile de tacler ceux qui « chatouillent » Nadal en les frappant de l’anathème « Nadal hater ». Ceci dit, Internet offre un cadeau empoisonné à des posteurs tels que nous : l’instantanéité du point de vue. Je suis bien conscient de la limite à ne pas franchier, mais je ne trouve pas qu’elle l’ait été récemment…

    Un bien bel article Christian, merci à toi. Ton papier nous fait réfléchir et ouvre les débats, ce qui est toujours bon. Parlons de ce qui nous pose problème. Il n’y a que comme ça qu’on évite la frustration du petit fan du dimanche.

    • Jeanne 25 avril 2011 at 14:09

      Sur le public de Roland, le jour de la défaite de Nadal, je ne me souviens pas d’une attitude odieuse, peut-être plutôt un manque de soutien, doublée d’une stupeur devant ce que Soderling était en train d’accomplir.

      Le public de RG veut de la variété, comment lui en vouloir ? La seule chose, c’est qu’inconsciemment la défaite en cours de Nadal ouvrait au rêve d’une victoire de Federer, que le public attendait et espérait, car la domination de Nadal avait été tyrannique.

      Je me souviens de personnes de mon entourage qui devant le match et après, ont dit : c’est la chance de Federer, c’est cette année ou jamais ! Je me suis moi-même fait cette réflexion en me disant que ça serait bien pour Federer (je ne pensais même pas que Soderling puisse l’emporter)

      Toni en a voulu au public pour le déficit de soutien, ou bien les encouragements plus nourris à Soderling. Il a monté en épingle ce qui était une réaction normale. C’est comme ça que je m’en souviens.

      Le public de Roland a pu être bien pire (Serena, Hingis) en manifestant carrément de l’hostilité.

    • Jérôme 25 avril 2011 at 14:36

      Je ne l’ai pas mentionné tout à l’heure mais, comme Jeanne, je m’inscris complètement en faux contre cette exagération qui voudrait que le public de RG ait sifflé Nadal et ne lui ait pas témoigné le respect du quand Soderling l’a battu en 2009.

      20 gusses qui sifflent, ça ne fait pas tout un public. Tio Toni aurait voulu quoi ? Que le public s’arrache les cheveux et se griffe le visage en signe de deuil ? Tout ça, c’était de la communication politique, il jouait facilement la victimisation nationale. Et ça n’a vraiment pas été à son honneur.

      Le public aime le sang et aime voir chuter les idoles, comme l’a dit Christian. J’ai eu à peu près la même impression lors de la finale de WImbledon 2008 où on sentait qu’une bonne partie du public poussait derrière Nadal parce qu’il voulait du changement.

      Peut-être y a-t-il eu une joie particulière dans le cas de Nadal parce qu’il y a une satisfaction spéciale à voir chuter le type qui a l’image du destructeur. Le destructeur qui se fait démonter, il y a pour certains comme un juste retour des choses, une justice divine sur le thème : « celui qui a tué par l’épée, par l’épée périra. »

      Tout comme le public de Flushing a été ravi de voir Federer battre en 2008 en demis un Djokovic qu’il avait pris en grippe parce qu’il avait manqué de respect à Roddick en quart.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 15:15

      Même impression que Jeanne et Jérôme. J’ai suivi le match en direct et je n’ai pas eu cette impression de lynchage collectif lu par la suite. Juste des gens qui poussaient Soderling par envie de changement. Pas pire qu’à l’US où les gens ont clairement soutenu Del Potro. La réaction de Toni Nadal n’était pas très fair play pour quelqu’un qui est supposé l’être. Quant aux sifflets, je ne les ai pas entendus mais s’il y en a eu, et c’est possible, ce n’était pas, je pense, du fait de la majorité du public.

    • William 25 avril 2011 at 15:18

      Je suis d’accord avec vous, Toni a largement tiré l’attitude du public à son avantage. Mais il y avait un malaise certain. Ce n’était pas qu’un habituel soutien de l’outsider. A l’US avec delPo il s’agissait surtout de groupes d’Argentins particulièrement bruyants mais pas désagréables vis-à-vis de Federer. Nadal a bien dû sentir que quelque chose ne passait pas entre lui et le public, ses quelques mots en français lors de la remise des trophées 2010 me conforte dans cette idée.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 15:28

      william, pour te répondre, le fait de ne pas aimer Nadal et de le dire ne fait pas de quelqu’un un hater et heureusement. Franchement, toi un Nadal hater, ça me fait rigoler. Dans ce cas, je le suis aussi.
      Ce qui m’a gêné hier, c’est la redondance de propos un peu dépréciateurs systématiques qui n’apportaient pas grand chose et pouvaient être blessants. Maintenant si les fans de Nadal n’en sont pas gênés et que tout le monde trouve qu’il est inutile de lancer le débat là-dessus, il m’est aussi facile de ne pas monter au créneau pour défendre un joueur que je n’apprécie pas non plus particulièrement.

      je trouvais aussi normal que des non fans de Nadal réagissent sur des propos qui les auraient fait réagir s’ils avaient ciblé leur joueur favori.

      Et des Nadal haters, des vrais, je ne pense pas qu’il y en aient ici non plus.

  22. Jeanne 25 avril 2011 at 16:31

    Alerte rouge à Barcelone : Bartoli, la TS1 en grand danger ! Quoi, comment ça tout le monde s’en fout ???

    • Arno 25 avril 2011 at 16:35

      Non, non, je m’en fous pas!!!! Dis moi que t’as un lien, Jeanne déconne pas!!! ;)

    • Jeanne 25 avril 2011 at 16:40

      Trop tard c’est fini ! Désolée Arno, courage !

    • William 25 avril 2011 at 16:55

      Bartoqui ?

    • Nath 25 avril 2011 at 17:06

      Déjà, quand je vois Bartoli et TS1 associés, ça ne me dit rien qui vaille, surtout pour un tournoi sur TB. Je regardais justement les tableaux WTA de la semaine et me faisais la réflexion qu’un des effets pervers des gros tounois mixtes qui se généralisent (Madrid et Rome pour les plus récents), ça fait vraiment des semaines pauvres par ailleurs. L’autre raison pour laquelle j’aime pas trop ces événements, c’est qu’avec seulement 2 courts télévisés (si je ne me trompe pas), il y a des moments où il n’y a vraiment rien à regarder de mon point de vue vu qu’il y a 2 matches féminins qui ne m’emballent pas, ou un masculin et un féminin. Il y a moins de risques quand il s’agit de 2 matches masculins. Et il y a plus de risques d’y avoir des matches que j’aimerais voir sur d’autres courts, même chez les filles d’ailleurs. Je parle des premiers tours bien sûr.

      (Désolée Christian, je n’arrive pas à mettre mes idées dans l’ordre pour rester dans le sujet que tu as amené)

  23. William 25 avril 2011 at 16:54

    P.S.: bravo pour le titre aussi Christian, très bien trouvé et imagé.

  24. Christian 25 avril 2011 at 18:05

    Merci à tous les posteurs. Peu de temps hélas pour répondre et participer au débat car une tonne et demie de copies m’accaparent, et la rentrée c’est demain ! Non, non, je ne me plains pas et je sais que je sors de deux semaines de vacances, mais bon…

  25. Jeanne 25 avril 2011 at 18:54

    Et Thiemo De Bakker (que j’attendais un peu cette année) qui tombe au premier tour d’Estoril après avoir zappé MC et Barcelone. Petite déception

    • William 25 avril 2011 at 20:55

      Je crois bien l’avoir pris dans ma team celui-là… Une belle opération de plus !

  26. benja 25 avril 2011 at 19:42

    Excellent article, en effet, ton analyse me parait cohérente mais surtout pour les habitués à ce site.

    En effet, en dehors d’ici, ou, en tous cas des forums où la majorité des posteurs sont des fans de Fed, je n’ai jamais ressenti chez les amateurs de tennis une haine quelconque envers Nadal.

    Je m’explique: je joue en club et on discute régulièrment avec les autres membres de l’actualité « Atp ». C’est toujours avec le même respect que chacun parle des joueurs du top. Beaucoup adore le jeu estéthique de Roger mais tout le monde accepte logiquement les progrès énormes réalisés par Rafa en 4 ans pour devenir le meilleur sur toutes les surfaces.

    Autre exemple, depuis 2,3

  27. benja 25 avril 2011 at 19:47

    Autre exemple, depuis 2,3 ans les jeunes s’identifient plus facilement à Rafa qu’a Roger. Certes cela doit être du au fait qu’il est plus jeune et qu’il occupe la place de numéro 1 depuis un certain temps.

    La presse aussi salue toutes les semaines les records que Rafa fait tomber sans jamais lui trouver de mauvais points.

    Tout ça pour dire qu’il s’agit d’un sentiment 15-loviens qu’un sentiment général.

  28. antsiran23 25 avril 2011 at 20:28

    Très bel article Christian. Comme une belle prose relativise et atténue la dureté des propos tenus : Nadal, le transpirénéen. Ton tître est somptueux ! Il résume absolument tout ce que je ressens en regardant Nadal.

    Personnellement je n’ai absolument aucune haine à l’égard du joueur. Je m’en contrefiche. Qu’il soit sympa, dur sur le court (aux limites du ridicule – rien qu’à le voir courir pour gagner le fond du court en sprint ou sautiller pendant le toss – je trouve çà grotesque mais c’est son problème) et doux en dehors, çà m’intéresse autant que le mariage de Willy ou les jumelles de Federer.

    En revanche son tennis ! Quelle barbe. Je n’aime pas. Point. Et ce que je regrette c’est que c’est ce tennis qui est en train de l’emporter sur le tennis d’attaque.

    Ce que j’aime dans le tennis c’est que la technique, la stratégie, les réflexes, l’anticipation, l’imagination peuvent l’emporter sur la puissance pure. Plus pour longtemps. Il y a plus de probabilité que le futur numéro un mondial sera plus costaud que Nadal. On en a déjà un aperçu avec Djokovic qui jusqu’à présent n’avait pas trouvé la solution pour ne jamais être fatigué. Désormais il peut rivaliser avec Nadal.

    Et il n’y a aucun risque pour qu’un nouveau Federer vienne troubler le règne des robots.

    C’est çà qui me désole.

    • Jeanne 25 avril 2011 at 21:10

      Antsiran, tu es pessimiste ! Je crois au contraire qu’il y aura toujours des exceptions aux robots comme tu les appelles, il faudra attendre et aussi que la vitesse des surfaces soit rehaussée, pour mieux suivre l’évolution des matériaux. Des jeunes comme Raonic, Harrison, Berankis, Tomic, Dimitrov ne sont pas des purs robots et j’aimerais vraiment que Harrison fasse quelque chose à Wimbledon par exemple.

      Je suis parfaitement d’accord avec toi cependant sur le fait que le futur N°1 battra Nadal sur ses propres forces. C’est la tendance un peu inquiétante que l’on peut voir se dessiner avec Djokovic et Murray… Del Potro aussi pourrait rejoindre cette caste un peu surhumaine, on verra.

  29. Humpty-Dumpty 25 avril 2011 at 21:19

    C’est beau, il y a dans le traitement de la langue et les références comme un souffle d’épopée, et comme toute bonne mythologie, ça présente des vérités profondes en même temps que ça nous incite à réfléchir sur nous-mêmes et notre regard sur le monde… Bref, c’est du Christian !

    Merci pour cet article agréable à lire et intéressant (même s’il n’apporte pas forcément d’énorme nouveauté par rapport à tout ce qu’on a pu lire çà et là, mais en fait une belle synthèse). Sur le fond, je suis d’accord (comme la plupart sur les premiers commentaires que j’ai lus, je continue après) avec la thèse que parmi les explications multiples au désamour de certains, c’est sans doute le caractère (réel ou fantasmé, ou du moins exagéré et réducteur) « besogneux » (vs gracieux, peut-être) qui en gêne beaucoup. Y compris moi, je dois l’admettre. Eh quoi, ce sport au niveau professionnel est un spectacle, on va le voir pour un spectacle qu’on apprécie, qui nous touche, pas juste pour applaudir une performance quantitative (sinon, autant s’ébahir devant des pages de stats, ça fait le même effet, il y en a qui prennent leur pied comme ça, tant mieux pour eux !) Le tour de France, je suis baba devant les performances physiques des gars (même avec dopage, et baste pour ce sujet), mais à regarder, ça m’emmerde prodigieusement. Je n’aimerais pas que le tennis me fasse le même effet – et je ne me sens pas coupable pour ça ! Après, il est clair que la détestation ad hominem n’est pas cautionnable, bien sûr.

    • Christian 25 avril 2011 at 22:37

      Bon, tu veux que je rougisse, c’est ça ?

      C’est vrai ce que tu dis, H-D, sur le caractère absolument pas révolutionnaire de mes analyses, surtout après les échanges d’hier que je lisais un peu crispé, je dois dire, dans la mesure où ils enlevaient 95% de l’originalité de mon article. Et puis, je me suis dit qu’une petite synthèse ne faisait jamais de mal, que tout cela était seriné depuis belle lurette, et que le sort en était de toute façon jeté !

      Je persiste à ne pas aimer le jeu de Nadal, mais comme tu le dis en clausule, tout n’est pas permis quand même. Le traiter de remiseur, par exemple, non seulement c’est réducteur, mais c’est aussi profondément stupide. Ainsi, il remise lorsqu’il tire ses passings en bout de course alors qu’on le croit à la rue ? Moi qui n’aime vraiment que le service/volée, je dois dire que les rallyes de fond de court m’emm… mais quoi, c’est sa filière à ce garçon, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y excelle.

      En bref, rendons à César ce qui lui appartient, et les cochons seront bien gardés. Après, j’applaudirai toujours plus un Llodra ou un Stepanek, et ça, c’est mon droit le plus élémentaire…

    • Jeanne 25 avril 2011 at 22:40

      César, OK, mais ne crains-tu pas qu’un Brutus se profile ?

    • Christian 25 avril 2011 at 22:51

      Les Ides de Mars sont passées: le meurtre du Père, ce ne sera pas encore pour tout de suite !

    • Jeanne 25 avril 2011 at 23:28

      Et les calendes ocres de juin ?

  30. karim 25 avril 2011 at 21:19

    C’est vraiment un papier majuscule, le style est superbe et le sujet bien abordé. Je n’ai pas encore lu les coms qui au vu de la longueur moyenne doivent valoir le déplacement. J’y reviens dans une heure ou deux.

    Super boulot.

    • Christian 25 avril 2011 at 22:40

      Un tel compliment venant de Karim, ça vaut largement un bâton de maréchal ! Je remercie et je savoure !

  31. Yaya 25 avril 2011 at 23:01

    Christian,
    Ton article ne m’as pas intéressé ; je l’ai lu, l’ai compris me semble-t-il. Pourtant à la fin je me suis dit bof.
    Et j’ai pensé cela parce que le vrai problème c’est ce politiquement correct et surtout le fait que ton texte tombe dans le piège idéologique tendu par les thuriféraires de Nadal. Tu poses les termes du débat de la manière dont les Nadal veulent qu’il soit posé et cela débouche nécessairement sur une impasse.

    Nadal a perdu contre Soderling en 2009. La famille Nadal pose le débat sous l’angle de la culpabilité, du crime de lèse-majesté du public. Or cet épisode prouve d’abord une chose : Toni Nadal est un faux-cul ; il a dit une chose devant Nelson Montfort et une autre devant la presse de son pays ; C’est la marque d’un grand courage ! Mais ça tu n’en parles pas. Pourquoi ? Nadal a perdu RG à Madrid. Etait-ce difficile à expliquer à la presse espagnole ?

    Nadal a perdu face à un type qui a su crânement jouer sa chance. Et donc on insiste, notamment ce cher Karim, sur le fait que le vainqueur de Nadal est une crapule. A vous entendre, Soderling c’est Adolf Hitler. Pour acheter la paix avec les nadaliens il faut brûler celui par qui l’odieux est arrivé. Désolé mais Soderling n’est pas pire que Jimmy Connors par exemple. Hormis Nadal Soderling ne s’est jamais « mal comporté » avec un autre joueur. Mais quand nadal insulte Soderling de fils p*** durant un match c’est bizarre je n’entends aucune récrimination !

    Tu parles à un moment donné de sportivité. Mais quelle sportivité a Nadal ? Est-ce difficile de comprendre que c’est une image construite et que le voile se déchire peu à peu. Où est la sportivité quand on demande que le classement soit établi sur deux ans en feignant que c’est pour les générations futures alors que le but n’est que de figer les positions un peu plus. Nadal a fait un petit chelem en 2010 et aimerait en profiter plus longtemps alors qu’il sent un adversaire pointer le bout de son nez. Un classement établi sur deux ans n’aidera pas les jeunes à progresser rapidement au classement.

    Nadal est un mec normal intéressé par l’argent et prêt à porter une grosse montre en match ou encore à jouer à la baballe avec le fils d’un dictateur pour arrondir sa cagnotte. Donc le défenseur de la veuve et de l’orphelin c’est bon pour amuser la galerie.

    Quant à l’intégrité de Nadal, ton argumentation est faiblarde. En gros il y a un malaise à parler de cela et vous – les tenanciers du site – essayez d’éluder la question par des pirouettes :
    1)Ils sont tous dopés,
    La réponse à cet argument est aisée. Est-il difficile d’imaginer qu’à un moment donné un pays ou un individu dispose d’une avance technologique ? En 2000, Marion Jones disposait de cette avance, elle avait ce qui se faisait de mieux avec la THG de la firme BALCO. Par ailleurs l’amélioration continue des produits dopants permet de développer des styles de jeu inimaginables par le passé. Et en effet on ne se pose pas assez la question de la puissance en Watt que nécessite chaque frappe surliftée de Nadal.
    2) Federer aussi a fait des séries incroyables.
    Bien sûr que Federer peut être dopé et j’ai même tendance à penser qu’il le fait de manière soft et ciblée lors des périodes d’entrainement. L’argument qui consiste à mettre l’un dans la discussion dès qu’on critique l’autre n’est qu’un divertissement. Fan Fou de Fderer, je crois n’avoir jamais lu d’insulte plus subtile.
    3) Enfin comme l’a souligné Jean, l’Espagne attire l’attention par sa politique pro-dopage : une nation dont les sportifs brillent simultanément dans de nombreuse disciplines, une université d’estremadur qui indique aux sportifs comment ne pas se faire choper, une attitude bienveillante à l’égard du cycliste Contador, l’affaire Puerto qui n’est pas allée à son terme, etc.

    Voilà ton article ressemble bien à un discours politique : on est dans l’incantatoire, on joue les bons sentiments, la bienséance, on effleure les sujets sans jamais mettre les pieds dans le plat.

    • Christian 25 avril 2011 at 23:22

      Yaya,

      J’hesite un peu à te dire que ton opinion est respectable, parce que j’ai trop peur d’être accusé de la jouer politiquement correct, sur ce coup-là. En revanche, être associé aux tenanciers du site, du haut de mes trois posts annuels, ça me fait un peu rire, tout de même.
      Maintenant, sur le fond, tu dis beaucoup de choses intéressantes, et sans doute vraies. Mais vois-tu, il m’importe peu de tomber ou ne pas tomber dans le « piège » des Nadal. Je n’ai exprimé que mon opinion personnelle: je n’aime pas les lynchages collectifs, et n’ai jamais été autant fan d’Hingis que lorsqu’elle s’est fait huer par le public de Roland lors de sa finale perdue contre Graf. Après, qu’elle ait été une (délicieuse) petite peste, qu’elle l’ait cherché – comme Nadal, peut-être, le mérite – ça n’enlève rien à l’inélégance du public. Trente mille abrutis qui ont raison contre un gamin ou une gamine, et je perds toute notion du Juste, du Bien et du Vrai.

      Politiquement correct, ce papier ? Sans doute, après tout. Je sors tout juste de ma période punk, si ça se trouve, je vais voter Royale aux prochaines présidentielles, même si elle ne se présente pas.

    • karim 25 avril 2011 at 23:39

       » Et donc on insiste, notamment ce cher Karim, sur le fait que le vainqueur de Nadal est une crapule »

      le fait que Soderling pour moi soit un connard ou pas n’a strictement rien à voir avec Nadal. Je l’ai sauvagement applaudi quand il a tapé Nadal, j’étais heu-reux!!

      Je n’ai donc pas ma place dans ton com.

    • Sylvie 25 avril 2011 at 23:41

      Tu dis des choses intéressantes, sur le dopage, mais le problème avec ce sujet c’est qu’à partir du moment où l’on raisonne sur des impressions ou des présomptions, on est dans l’impasse et on tombe inévitablement dans le délit de sale gueule.

      Comme toi, j’ai plus tendance à penser au dopage en regardant jouer Nadal qu’un autre joueur. En raison de son endurance physique et de ce que l’on sait sur le dopage et l’Espagne. Pourtant, comme tu le dis toi même, il est fort probable que la plupart des joueurs soient dopés et peut-être même Federer. Pourtant, est-ce que tu penses au dopage à chaque fois que tu regardes Federer ?

      C’est quoi le problème, c’est le dopage ou c’est le dopage de Nadal ? Car, çà chaque fois qu’on sort cette histoire de dopage c’est quand Nadal enchaîne les victoires et on n’en parle plus quand c’est Federer par ex. Et pourtant tu dis, toi même, que tu le penses dopé.

      Y aurait-il un dopage acceptable parce qu’esthétique et un autre moins parce que plus visible ou inesthétique ? On en reviens toujours au fait qu’on a tendance à stigmatiser plus facilement les joueurs qu’on n’aime pas que ceux qu’on soutient.

      Dans ce cas, autant, vu l’opacité du système et l’absence de preuves ou de rumeurs type Amstrong, s’en tenir à la présomption d’innocence. Ce n’est pas du politiquement correct, juste du droit et de la justice.En cas de crime dans mon quartier , je n’aimerais pas être accusée juste parce que j’ai plus une gueule de criminelle que mes voisins.

      Après, parler de façon étayée comme tu le fais, du dopage en Espagne, est intéressant car il est évident que ce pays, tant qu’il agira ainsi légitimera les soupçons sur ses athlètes.

      Mais, puisque tu évoques le cyclisme, il n’y a pas que les Espagnols qui se font prendre. Donc, on peut supposer qu’en tennis, si dopage, il y a, il touche de nombreuses nations.

      Pourquoi, dans ce cas, n’évoquer que certains athlètes ?

      C’est un sujet sur lequel on tourne vite en rond en l’absence d’éléments concrets et ni l’ATP ni la presse ne semblent vouloir creuser ce sillon.

      • Yaya 26 avril 2011 at 22:21

        Sylvie, de mon long texte tu focalises sur le dopage. Soit.

        Tu parles de rumeur Armstrong. En fait il n’y a pas de rumeur. Des échantillons d’urine de 1999 ont été conservés. Analysés avec les techniques récentes, ces échantillons ont démontré qu’Armstrong était dopé lors de sa première victoire. Il n’y a aucune rumeur, seulement des faits.

        2) » C’est quoi le problème, c’est le dopage ou c’est le dopage de Nadal ? »
        Pour bien comprendre ma réflexion, il faut bien saisir que je demande de vrais contrôles anti-dopage. Je n’aime pas Nadal pour des raisons de comportement, de caractère, de faits avérés qui n’ont pas de lien avec le dopage. Je n’aime pas Nadal depuis 2005 et cela rien qu’en l’entendant hurler des vamos à tout va qui me paraissaient très irrespectueux pour l’adversaire.

        3) « Y aurait-il un dopage acceptable parce qu’esthétique et un autre moins parce que plus visible ou inesthétique ? »
        Pour moi, le dopage de Nadal nous amène dans une nouvelle ère, de même qu’Indurain et son médecin Sabino Padilla ont ouvert l’ère de l’EPO en 1991. Le problème n’est pas esthétique, il est seulement que beaucoup ne comprennent pas ce dans quoi nous sommes entrés.

      • Sylvie 26 avril 2011 at 22:47

        J’ai focalisé sur le dopage car le reste j’y ai répondu plus haut.

        Perso, je ne me culpabilise pas de ne pas aimer Nadal et je ne vois et n’ai jamais vu en Soderling une crapule ou un mec à abattre. Comme beaucoup, j’ai même été ravie de sa victoire.

        En revanche, si le côté saint Nadal ridicule que nous vendent les médias peut tout autant m’agacer que le côté Saint Roger précédent, je ne pense pas pour autant que le mec soit tout l’inverse. Le voir, lui et son oncle, comme d’infâmes machiavéliques me fait penser à ceux qui voient en Federer une sorte de monstre parce qu’il n’est pas forcément le mec parfait vendu par la presse.

        J’ai toujours tendance à penser que ma subjectivité n’est pas une vérité mais une expression d’un goût ou d’un dégoût. Je ne connais pas Nadal ni toi non plus j’imagine alors il est difficile d’affirmer qu’il est ceci ou cela. Juste qu’on est agacé par telle ou telle attitude et parce qu’on y décrypte à tort ou à raison.

        De même que le politiquement correct que tu dénonces n’est souvent pour moi qu’une forme de politesse. Si tu trouves un collègue de boulot moche et mal sapé, est-ce politiquement correct de lui dire ou juste grossier ? Et est-ce que d’autres ne pensent pas tout l’inverse ? Donner son opinion, exprimer sa pensée, oui, mais quand on la rabâche en quoi est-ce une pierre à l’édifice ?

        Je ne suis pas convaincue par certaines méthodes mais chacun voit midi à sa porte.Je ne pense pas qu’il y ait les faux cul ou les politiquement corrects et les autres mais juste des gens qui n’ont pas le même rapport aux règles sociales et ont plus ou moins de scrupules à exprimer des avis négatifs sur un joueur par rapport à ceux qui l’apprécient.

        Christian n’a fait qu’exprimer son avis propre et n’a incité personne à faire son mea culpa ou à crier vamos. Ce n’était que le préambule à une discussion.

        Pour en revenir au dopage et à Amstrong, il s’agissait effectivement de faits avérés. On n’en est pas là avec Nadal donc le reste demeure supposition.

      • Sylvie 26 avril 2011 at 23:03

        Je parle du respect des autres forumeurs mais je pense aussi que certains en sont venus à réellement et sincèrement réviser leur jugement sur Nadal sans arrière pensée. C’est aussi leur droit le plus strict.

        • Yaya 26 avril 2011 at 23:20

          En tout cas je ne réviserai pas mon jugement.
          Faites de Nadal un martyr victime d’une infâme cabale si cela vous chante.

        • Sylvie 26 avril 2011 at 23:29

          Ben personne ne te demande de réviser ton jugement ni personne ne fait de Nadal un martyr, il me semble. Les avis et opinions me semblent suffisamment divers, variés, nuancés, bref un reflet du forum.

          Tu es libre d’avoir un avis mais les autres sont aussi libres de ne pas le partager. Je ne vois pas trop où est le problème.

    • Coach Kevinovitch 26 avril 2011 at 09:11

      1) Celui qui tue un homme est un meurtrier comme un serial killer en est un. Quand tu as dépassé une certaine ligne même si tu ne l’as fait qu’une seule fois, tu es passé du côté obscur de la force.

      Pour le dopage, c’est pareil, que tu es avalé toute la confiture,le pot avec ou que tu y as juste goûté après avoir mis ton doigt, tu es dopé point barre.

      Quand tu parles d’avancée technologique, tu sous-entends très fortement que c’est Nadal qui l’aurait. Peut-être mais sur quoi se basent ses soupçons? Surement du délit de « sale gueule » tennistique ou sportive (profil du dopé type), un argument maintes fois démonté avec le cas Korda notamment.

      2) FFF est peut-être une insulte subtile mais parfois peut se justifier par les qualificatifs et les périphrases que certains de ses fans peuvent lui donner qui sont assimilables à l’adoration d’une chose parfaite. J’ai moins entendu ce phénomène pour les fans d’autres joueurs. Après, je comprends que le terme puisse ne pas te plaire

      3) Le fait qu’il y a une nation qui semble soutenir le dopage n’exonère pas les autres nations pour autant. Pendant les années 70-80, la nation symbole du dopage était la RDA qui fait du dopage d’état, chose avérée, mais les américains (Joyner,Lewis) et même d’autres nations (les 5 premiers de la finale du 100m de JO 1988 de Séoul sont des dopés de source sure, je veux dire par là pris par des contrôles). Le dopage est universel malheureusement.

      Tu mets les pieds dans le plat de certains sujets avec des a priori et tu y vas pour que le plat les démontre. Quand on met les pieds dans le plat, on y va sans a priori car c’est la meilleure manière de voir les choses dans son ensemble.

      • Jérôme 26 avril 2011 at 09:55

        Je suis en complet désaccord avec ton raisonnement, CK.

        Certes le dopage est vraisemblablement assez largement répandu dans le tennis (comme dans les autres sports). Certains y verront un argument renversable, mais le fait qu’aucun ne dise rien là-dessus avant la fin de sa carrière accrédite de mon point de vue la thèse que quasiment personne n’est complètement irréprochable en la matière. Le premier qui parle se fait « dézinguer » car l’aveu ne concernera que lui alors que tous les autres nieront avec indignation.

        Mac Enroe ne s’est pas caché d’avoir pris des anabolisants. On sait que Borg a eu des problèmes de cocaïne après sa retraite sportive. Rien n’y garantit qu’il ait attendu sa retraite pour y goûter.

        Pour moi, avec mes préjugés d’européen occidental en pleine guerre froide, Lendl suintait par tous les pores les produits chimiques des labos.

        Et Agassi aussi ne paraissait vraiment pas net avec ses tics nerveux, ses déplacements accélérés et certaines expressions rageuses néanderthaliennes qu’on a revu sur le visage de Floyd Landis lors d’un certain tour de France. Ceci dit, il faut pas non plus mettre la chute de cheveux sur le compte du dopage : chez les Agassi, tous les hommes sont dégarnis, aussi bien le père que les frères. On connaît tous un tas de types jeunes et dégarnis qui ne sont pas sportifs pour 2 ronds.

        Mais si le dopage est répandu, ce n’est pas pour autant que tous les dopés sont à mettre sur le même plan. Pourquoi ? A cause d’un principe essentiel qui est celui de la proportionnalité des peines. Entre le gars qui prend une petite dose de temps en temps quand ça va mal ou parce qu’il doit pallier un petit pépin physique et celui qui carbure toute l’année comme un char Leclerc, il y a forcément une différence. Mettre tout le monde sur le même pied d’infâmie, c’est inciter tout le monde à se doper à mort, sur le mode « tant que vous y êtes, ne faites pas les choses à moitié. Allez-y à donf’. »

        Donc, OK pour ne pas faire d’a-priori quand on met les pieds dans le plat, mais pas d’accord pour traiter tout le monde indistinctement.

        Il y aurait d’ailleurs une façon assez radicale de traiter le problème :

        Primo on fait une amnistie parce que c’est d’abord le système qui est responsable et qui fait qu’on pousse les jeunes sportifs à tomber dedans.

        Secundo on annonce que d’ici 6 mois ou 1 an, des contrôles systématiques et impitoyables seront mis en oeuvre, par des labos et des instances indépendants des joueurs, de l’ATP et des fédérations nationales.

        Tertio on le fait et il y a intérêt à le faire vite avant qu’on passe au dopage génétique industrialisé où on n’aura plus des hommes mais des cyborgs mutants.

        L’autre alternative, c’est de continuer avec cette dérive de la science au service du dopage mais alors de reconnaître officiellement que tout cela n’est plus du sport mais un grand cirque de sports entertainement, avec des matches et des carrières scriptées, des histoires de cul entre joueurs et joueuses, joueurs et arbitres, joueurs et ramasseurs de balles, joueurs et patrons de sponsors, joueurs et stars de ceci ou de cela.

  32. Rabelaisan 25 avril 2011 at 23:29

    Christian, il y a une chose que j’aime beaucoup dans ton article, c’est que tu le fais contre toi-même, ton sentiment. On sent que tu te forces à l’objectivité et malgré tout, le ton reste très subjectif.

    Sur l’argumentaire général, je vais éviter les redites par rapport aux commentaires précédents pour quelques points.
    Pourquoi commencer en t’affirmant comme fédérien ad vitam aeternam? C’est quoi un fédérien? Personnellement, j’aime beaucoup le tennis de Fed, j’ai été à l’adolescence fan absolu de Sampras mais je ne me suis jamais senti fédérien ou samprassien.

    Surtout, j’ai beaucoup de mal à te suivre sur la description épique de la défaite de Nadal contre Sod. Déjà parce que ce n’est pas du tout la manière dont j’ai vu le match (pas entendu de sifflets, rien vu de choquant dans l’attitude du public mais ça a déjà été dit). Mais aussi pour le recours au style épique de manière générale, dont l’utilisation trop fréquente à mon goût dans le commentaire sportif me fatigue un peu. Faire de Nadal un Roland à Roncevaux ou le corps déchiqueté d’Hector traîné autour de Troie pour prendre d’autres images que les tiennes, très peu pour moi car cela procède d’une distinction entre le grand joueur dont la peine est forcément sublime et le tâcheron fait pour perdre, imbécile heureux dont les larmes n’ont aucune valeur. Quand Fed ou Nadal perdent un gros match, c’est une tragédie en acte, sortez les violons, quand Cuevas, Phm, ou n’importe quel autre perdent, c’est banal, après tout eux ils ont l’habitude, ça doit pas leur faire de mal. Quitte à faire de Nadal un minotaure, c’est assez méprisant de voir en Soderling un Thésée de pacotille ou plus loin un anonyme (pour le mec qui brise la série des ½ de Fed, c’est un drôle d’anonymat). Ton § est foutrement bien écrit, il y a du style, on sent poindre quelques admirations romantiques (la belle rupture énonciative, « c’est pour vous qu’il a honte ») mais à mon sens faux sur toute la ligne.

    Sinon, je n’ai pas vérifié mais dans mon souvenir, tu triches avec la citation du Cid, il me semble que c’est : « plus cher est l’offenseur » (ah Chimène…). Pour le coup, ça ne colle plus avec ton raisonnement.

    • Christian 25 avril 2011 at 23:46

      Bon, pour commencer, tu as parfaitement raison pour la citation du CId. Je croyais pourtant bien maitriser, et n’ai pas pris la peine de vérifier…

      Du coup, peut-être que ma mémoire me joue aussi des tours, concernant l’attitude du public, mais j’ai le souvenir d’une vraie bronca. Peut-être est-ce une histoire de sensibilité, après tout ?

      Pour le recours au registre épique, je plaide coupable. Mais c’est à cela que j’ai été nourri par ma lecture de l’Equipe depuis l’age le plus tendre. Tu sais, la grande période (que je n’ai pas connue « en direct ») celle du tour de France commenté par Blondin. Je ne sais, je trouve que le sport, et singulièrement les grands duels, s’y prêtent parfaitement. Après, je comprends bien qu’à force ça puisse fatiguer.

      Pour Federer, y’avait cet article du New York Times, où l’auteur assimilait le spectacle d’un match de Federer (à son apogée) à une expérience religieuse. Peut-être est-cela, pour moi: être frappé par le Beau, et avoir d’un seul coup le sentiment de l’évidence. Même si le génie se fait de plus en plus parcimonieux, il y a les saintes reliques, les vidéos de YouTube. Je suis dans une phase mystique, incroyable, moi qui ne crois ni à Dieu ni à Diable !

      • William 25 avril 2011 at 23:52

        Je te rejoins, Christian, sur l’adoption du registre épique pour les grandes rencontres sportives, et a fortiori dans un sport comme le tennis, où le duel se fait l’un face à l’autre.

        Il me semble que dans l’article du New York Times que tu évoques, le journaliste faisait allusion à la finale 2005, contre Agassi. Il y avait alors effectivement matière à avoir recours au registre épique !

        • Christian 25 avril 2011 at 23:55

          Oui, c’est ça ! Belle mémoire !

        • Jeanne 25 avril 2011 at 23:58

          c’est ça ? http://nyti.ms/QCfv si oui à côté tu es d’une totale sobriété

          • William 26 avril 2011 at 00:02

            C’est ça, oui ! Le point dont parle l’auteur est effectivement époustouflant. J’essaye de le retrouver. Tout est dans les pas de replacement de Federer, où il mérite plus que jamais le qualificatif de « danseuse ».

            • Diana 26 avril 2011 at 00:25

              Je ne sais pas William si j’avais proposé cette vidéo, mais puisque tu fais référence aux pas de replacement, jette un œil sur les premières séquences, de toute beauté

              http://www.vimeo.com/15881691

            • William 26 avril 2011 at 00:35

              Oui, je m’en souviens. Merci Diana ! Son placement au service est singulier : l’un des seuls à ne pas joindre les pieds avant de frapper la balle.

              • Diana 26 avril 2011 at 00:53

                Tu sais bien qu’il est unique :) avec un style quasi inimitable. Et cela ne l’a pas empêché de se construire un magnifique palmarès

          • Christian 26 avril 2011 at 00:05

            J’avais adoré cet article ! Le genre de trucs tout à fait baroques qu’on n’ose pas écrire, et qu’on se délecte de lire…

          • William 26 avril 2011 at 00:08
          • Jeanne 26 avril 2011 at 00:12

            Magnifique – Et que dire du niveau incroyable d’Agassi à 35 ans passés.

            • Jérôme 26 avril 2011 at 07:45

              Je suis aussi admiratif, même si je trouve qu’il y a des similitudes frappantes entre Ferrer et Agassi qui partageaient sur le court une attitude de lapin Duracell.

            • Colin 26 avril 2011 at 10:43

              Agassi, dopé !

      • Rabelaisan 26 avril 2011 at 00:20

        Moi aussi, je suis trop jeune pour avoir lu Blondin sur le moment mais après coup, c’est vrai que c’est très beau, le cyclisme s’y prête d’ailleurs très bien en tant qu’expérience physique extrême, tout comme le marathon ou la boxe. En fait le registre épique, je suis fan et il faut bien dire que tu le manies à la perfection mais quand le recours à la mythologie et à l’emphase me permet de revoir le match, de faire jaillir les archétypes sous la représentation de l’instant.

        Le § dont je parlais est pour moi un des plus réussis que j’ai lu de ta plume sur le plan formel, d’ailleurs ce n’était pas toi qui avait commis sur sportvox une légende des siècles version wim?
        Là j’étais surtout gêné par le fait de ne pas retrouver ce que j’avais vu et par certains aspects de ton traitement: le rôle de Soderling comme je l’ai dit plus haut, qui n’est pas un lâche Pâris envoyant une flèche au hasard mais plutôt un Achille coléreux qui déchiquette le corps du Nadal Hector, se vengeant du 6/1 6/0 de Rome à grands coups de parpaings. La manière dont il lève les bras à la fin est d’ailleurs très belle.

        Le parcours de Fed était aussi pour moi un triomphe, peut-être pas contre Nadal mais contre lui-même assurément. Il a eu les foies de sa vie et ne jouais pas son meilleur tennis pendant ce tournoi et s’en est sorti.

        • Jérôme 26 avril 2011 at 10:02

          Soderling a clairement joué le match de sa vie ce jour-là. Il était in the zone et alors que d’habitude son jeu à haut risque le conduit à faire une faute directe tous les 2 points, là il mettait tout à 50 centimètres maximum des lignes.

          Nadal n’était certes pas dans la meilleure forme de sa vie, et d’ailleurs ça c’est joué à peu de choses puisque le match s’est terminé sur un tie-break au 4ème set. Et je suis sûr qu’en cas de 5ème set, Nadal aurait sauvé sa peau au mental. Mais Soderling jouait tellement bien ce jour-là que Nadal, dans un jour sans, a été pris. Soderling à RG 2009, c’était peu ou prou la même chose que Tsonga en demi de l’OA 2008.

          Ca arrive à tout le monde, comme Sampras qui se fait sortir en 3 sets par un Krajicek en feu à Wimby 1996.

          J’ajoute, à propos du Viking, que Soderling est spécialiste des coups de tonnerre puisqu’en 2010 il a récidivé en sortant Federer en quarts de RG.

    • Jeanne 25 avril 2011 at 23:48

      Étonnant à quel point ce match suscite la légende, la réécriture, il faudrait se demander pourquoi. Un article disait : « la plus grosse surprise de l’histoire du tennis » ! Nous l’avons tous vu, mais nous n’avons ni ressenti, ni entendu les mêmes choses. La charge émotionnelle était-elle si forte ? Ou toute la communication faite autour et après a-t-elle altéré notre mémorisation du moment ?

    • Jérôme 26 avril 2011 at 10:08

      D’accord sur l’idée qu’avoir été fan de X ou Y ne vous catalogue pas définitivement.

      D’ailleurs, le fait d’avoir été fan de Sampras puis d’être ensuite passé à Federer montre bien que ce n’est pas le bonhomme qui compte mais bien la lignée dans laquelle il s’inscrit. L’un comme l’autre sont des avatars et j’espère bien que le prochain avatar s’incarnera rapidement pour maintenir l’intérêt du tennis et non pas pour le plaisir de continuer à voir Machin ou Bidule continuer à gagner éternellement.

  33. Nath 25 avril 2011 at 23:48

    En vrac.
    Je n’apprendrai à personne ici, ou presque, que je ne suis fan ni de Fed, ni de Nadal. Je les apprécie pour des raisons différentes, mais il est vrai que si je dois regarder une raclée administrée par l’un des deux à un joueur que je ne connais pas et qui n’a rien à leur opposer, je choisirais le Suisse, tout simplement parce que je trouve ça plus sympa à regarder. Je n’ai pas du tout mal vécu sa période de grande domination, vu que je n’avais pas les chaînes où passaient les gros tournois hors Roland Garros, donc les matches gagnés par Fed hors RG avant l’AO 2008 que j’ai vus se comptent sur les doigts des deux mains. Par contre, j’ai beaucoup plus constaté de mes propres yeux la domination de Nadal à RG. Je pense que l’accessibilité à tous de ce tournoi en France peut avoir joué dans le manque de soutien du public de RG vis-à-vis de Nadal lors de son unique défaite.

    Je suis rarement pour le favori d’un match entre des joueurs que je n’apprécie pas particulièrement, donc je coche le soutien de l’outsider à titre personnel.
    Le style de jeu, ben oui, ça se tient. Mais j’ai du mal à l’appréhender parce que je ne le ressens pas comme ça personnellement. D’autres en ont parlé mieux que je ne le ferais. Comme je l’ai dit il y a quelque temps, je trouve mon compte dans n’importe quel type de jeu, lorsque la qualité est au rendez-vous.

    Concernant le tennis espagnol, il y a quand même chez un certain nombre d’intervenants de forums un certain a priori, entre autre alimenté par les commentateurs, non ? Mais d’accord pour dire que ça ne va pas plus loin que ça.

    La première impression dont parle Arno, très important ! C’est à cause de celle-ci que certains ont du mal à voir le chemin parcouru par Nadal depuis son arrivée sur le circuit.

    Sur les réactions du public lors de ce fameux match, je suis comme certains ici, je n’ai pas entendu de sifflets (et s’il y en a eu, ne pouvaient-ils pas provenir de fans déçus de Nadal ? J’ai toujours eu du mal à comprendre ce genre de réactions). Il ne s’agit pas de haine ici. Je pense que le public a été agréablement surpris du niveau de jeu et du sang-froid de son adversaire ce jour-là, et effectivement le tableau s’ouvrait, pour la première fois depuis longtemps. Il faut dire que la finale précédente n’avait pas réservé beaucoup de suspense… Je suis persuadée que lorsqu’il s’agit de haine (et je ne l’ai pas vue ailleurs que dans des forums), Nadal n’est pas l’exception, Fed est par exemple concerné lui aussi. D’accord avec Sylvie là-dessus.

    PS : C’est court quand même. J’adore ta plume, Christian, faudra écrire plus de mots la prochaine fois ! Et bravo pour le titre ;) (oui, oui, je l’ai vu toute seule)

    PS2 : Je viens de penser que pour les matches les plus accrochés, je préfère en général ceux où Nadal est présent à ceux dont Fed est l’un des protagonistes, contrairement aux « raclées ». Nadal était impliqué dans beaucoup des meilleurs matches de ces dernières années

    • Christian 25 avril 2011 at 23:53

      Je promets de faire un effort, Nath ! ;-)

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