Un jour à Roland : Antoine

By  | 2 juin 2011 | Filed under: Bord de court

Il est là, et bien là…

C’est une mauvaise nouvelle, et peut-être même une mauvaise surprise, pour les deux adversaires qui tenteront de l’empêcher de remporter un sixième titre à Roland-Garros et de rejoindre ainsi Björn Borg au palmarès, presque trente ans jour pour jour après le dernier titre de ce dernier, mais Rafael Nadal est bien là, et décidé à défendre son bien. Votre envoyé spécial a assisté à la démonstration de celui qui demeure, au moins jusqu’à dimanche, le numéro un mondial…

A dire vrai, en rejoignant la Porte d’Auteuil vers 14h, je pensais que les choses ne seraient pas simples pour Nadal, même si je n’avais pas trouvé Soderling particulièrement convainquant contre Gilles Simon. Vu le niveau de jeu pratiqué jusqu’ici par l’Espagnol, j’anticipais certes une victoire mais à l’issue d’un match très disputé, probablement en cinq sets. En discutant avec mes voisins durant la fin du match précédent qui a donc vu une joueuse chinoise accéder pour la première fois aux demi-finales de Roland-Garros, il apparaissait que ce sentiment était assez largement partagé : Rafa ne perdrait peut être pas, mais allait souffrir, assurément..

Peu avant que les deux joueurs ne pénètrent sur le court, la brise légère qui soufflait jusque-là a pris de l’ampleur, un mauvais présage pour le Suédois et, de fait, les conditions de jeu furent assez venteuses durant la première heure du match, sans que toutefois elles ne prennent des proportions désagréables, sauf en de rares instants, mais enfin il fallut bien que les joueurs s’y adaptent, ce qui dura une vingtaine de minutes.

Ayant gagné à l’applaudimètre, puis le toss et choisi de recevoir, Nadal remporta la mise d’entrée avec un double break empoché aisément vu que Soderling ne passait pas une première balle et commettait faute sur faute. Lui-même n’était pas très flamboyant non plus au service et le Suédois repris un des breaks de retard pour n’être plus mené que 3-1. L’addition menaçait d’être plus salée pour le Suédois car, au jeu suivant, il dût encore sauver une balle de break, mais se mit enfin à passer quelques premières et conclut le jeu sur un ace extérieur à 212 km/h. Le match était lancé et je pensais alors qu’il avait de bonnes chances de pouvoir refaire son retard car il retournait sans grande difficulté les services de l’Espagnol. Même s’il ne le fit pas, le jeu fût assez équilibré jusqu’à la fin du set et même au cours des deux jeux qui suivirent. Il était cependant assez clair qu’avec à peine une première sur deux et quinze fautes directes contre huit au cours de ce premier set, il avait intérêt à mieux jouer que cela s’il voulait renverser le cours du match…

L’inverse se produisit : Nadal ne commit plus aucune faute ou presque, tandis que Soderling les multipliaient à loisir et les jeux commencèrent à défiler : 6/1 en trente deux minutes et la messe fût dite. Durant cette petite demi-heure, outre la médiocrité du Suédois, la force de Nadal apparaissait plus clairement. Au cours des quelques échanges où Soderling ne commit pas de fautes rapidement, Nadal commença a effectuer quelques prodiges en défense renvoyant trois fois, quatre fois, cinq fois à dix centimètres de la ligne les boulets  qu’expédiait le Suédois tout aussi près des lignes. Son revers slicé faisait merveille et quand le Suédois était lui-même acculé à frapper un coup un peu moins fort ou un peu moins long, Nadal passait à la contre-attaque en deux coups de raquette. Cela dura jusqu’à 2-0 au troisième set.

Cependant, dans ce déroulement à sens unique, la part de responsabilité du Suédois était grande, non seulement parce qu’il ne sait rien faire d’autre que ce qu’il s’efforçait de faire, mais surtout parce qu’il était franchement médiocre dans tous les compartiments du jeu, à commencer par le service. De ce fait, ce n’est que lorsque le Suédois se mit à bien jouer, à 0-2 contre lui, Nadal au service, que je me rendis vraiment compte à quel point Nadal était bon. Certes, ce dernier perdit alors son service, un peu sans doute par relâchement, mais aussi parce que le Suédois fit mouche concluant le jeu par un revers décroisé imparable qui toucha la ligne.

Le réveil était tardif, mais le jeu fût dès lors d’excellent niveau. Soderling dût sauver une  nouvelle balle de break mais parvint à égaliser à 3-3. A 5-5, il obtint deux balles de break, commis une faute sur la première, et encaissa un ace extérieur slicé et kické à la fois, peu rapide mais frappé sur la ligne avec un énorme effet et un bruit distinct au moment de l’impact. Il obtint enfin une nouvelle balle de break deux points plus tard que Nadal sauva par un nouveau service gagnant, puis commit une erreur grossière alors qu’il avait le point tout fait, suite à un excellent retour. Nadal conclut le jeu à l’issue de l’un des plus spectaculaires points du match ou, acculé en défense, il parvint à renverser la situation et à frapper un point gagnant qui dût quelque peu écœurer le Suédois. Celui-ci remporta son service pour obtenir le droit de disputer un tie-break mais peu nombreux sans doute étaient ceux qui pariaient alors sur le fait qu’il puisse l’emporter. Hormis le premier point où il frappa un revers gagnant, auquel succéda une double faute et une faute en coup droit catastrophique, il fût surclassé par Nadal qui excella au cours du point qui devait lui donner un avantage de 4-1 – une réplique du point exceptionnel qui lui avait permis d’égaliser à 5-5- puis en frappant un ace identique à celui qui lui avait permis de sauver une balle de break deux jeux plus tôt, enfin sur les deux derniers points…

En définitive, une raclée identique à la finale de l’année dernière avec un Suédois plus moyen encore, mais un Nadal désormais proche de son niveau d’il y a un an. A titre de comparaison, il a été meilleur en défense qu’il y a un an, certainement l’un des meilleurs matchs que je l’ai vu faire sur ce plan. Son déplacement est désormais parfaitement à son niveau. Il a été moins bon au service, mais avait essentiellement pour objectif de passer un maximum de premières dans des conditions assez venteuses. Enfin, il manque encore un peu de percussion dans le fond de jeu, des deux côtés et sa balle gicle moins haut et moins fort après le rebond. Les balles ont sans doute leur part de responsabilité mais lui aussi. Il lui reste un match pour être au point dimanche. Ce n’est pas Andy Murray, tout heureux d’être encore là, qui le stoppera…

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Né l'année ou Rod Laver réalise son premier grand chelem, suit le circuit depuis 1974, abuse parfois de statistiques, affiche rarement ses préférences personnelles, aime les fossiles et a parfois la dent un peu dure...

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667 Responses to Un jour à Roland : Antoine

  1. Antoine 3 juin 2011 at 15:41

    Apparemment il y a vraiment beaucoup de vent et je trouve Nadal vraiment suspect: 13 fautes directes dans le premier set, autant que pendant tout son match contre Soderling. Il est prenable aujourd’hui mais la Murène n’en profite pas vraiment: 1 balles de break sur 7 de remportée par le Scot..

  2. Jérôme 3 juin 2011 at 15:45

    Ca sentirait pas l’abandon, ça ? Murray n’arrive plus à passer une balle de l’autre côté du filet.

  3. Mathias 3 juin 2011 at 15:47

    3 fautes vraiment non provoquées de Murray et pourtant Nadal jour court-court-court depuis quelques jeux. (je cosigne Antoine maintenant)

  4. Jérôme 3 juin 2011 at 15:48

    Et hop, encore un coup droit de poussin offert en cadeau à Rafa. Break pour l’espagnol. Bon, en même temps, si Nadal joue comme maintenant dimanche en finale contre Rodgeur, ça me convient parfaitement. ;-)

  5. Antoine 3 juin 2011 at 15:50

    Quel âne la Murène ! Il commence par une double, puis tente une amortie en coup droit alors qu’il n’en a pas encore faite une seule, avec le vent ce qui rend le truc beaucoup plus risqué et le voilà à 0-30. Un très bon retour et ça fait 0-40..et break 15-40…

    • Nath 3 juin 2011 at 15:54

      Nadal lui a rendu la politesse concernant la double.

  6. Antoine 3 juin 2011 at 15:54

    Bonne réaction de la Murène et une double de Rafa sur une balle de break: je n’y crois pas !

  7. William 3 juin 2011 at 15:55

    Murray doit s’accrocher, ne pas se frustrer, rester dans le match quoi ! Il peut prétendre à mieux, il y a la place !

  8. Mathias 3 juin 2011 at 15:57

    Contre-break! Et Nadal y a mis du sien.
    Bizaremment, les joueurs ont l’air d’avoir plus de peine à maîtriser le vent dans le dos (2 break successif). Ils sont pourtant avantagés à l’échange. On voit bien que celui qui joue contre le vent a vraiment de la peine à faire rebondir la balle au-delà du carré de service.

  9. Jérôme 3 juin 2011 at 15:57

    Mais non, il n’y a pas la place : tout juste de quoi bousculer l’espagnol, lui prendre 1 set (2 ce serait l’exploit du trimestre). Murray n’a pas l’arsenal ni le mental pour cela.

    Qu’il nous fatigue et nous dérègle bien le Rafa et ce sera déjà très bien.

  10. Mathias 3 juin 2011 at 16:00

    Et pour une fois c’est Nadal qui se voit forcer le coup de trop. Quel défense de Murray…

    • Mathias 3 juin 2011 at 16:01

      « à jouer » le coup de trop

  11. William 3 juin 2011 at 16:00

    Nadal a encore quelques errances… J’attends de voir l’autre demi mais je suis quasiment sûr que Federer irait quand même au casse-pipe. Djoko en revanche…

    • Le concombre masqué 3 juin 2011 at 16:04

      idem

    • Sylvie 3 juin 2011 at 16:05

      Idem aussi. Quand on voit les derniers coups qu’il vient de lâcher. Ce n’est plus du tennis, c’est de la boxe.

      • Jérôme 3 juin 2011 at 16:07

        Faut aussi voir les coups de gamin que lui offre Murray.

  12. Antoine 3 juin 2011 at 16:06

    Ca, c’était le jeu qu’il ne fallait pas perdre petite Murène..

  13. Baptiste 3 juin 2011 at 16:06

    Nadal va le chercher ce break, il se reprend bien

  14. Jérôme 3 juin 2011 at 16:06

    Faudra m’expliquer la tactique consistant à pilonner en revers croisé le coup droit de Nadal … sur terre battue !

    Sur surfaces rapides ou quand on a un super coup droit, je comprends encore. Mais là …

  15. Chris 3 juin 2011 at 16:10

    Nadal domine les points importants, comme contre Federer.
    C’est parceque les regles du Tennis avantagent les gauches.

    Oh lala! Quelle mauvaise foi!

    :)

    • Jérôme 3 juin 2011 at 16:12

      Non, c’est vrai. Les faux gauchers c’est de la concurrence déloyale. ;-)

    • Nath 3 juin 2011 at 16:13

      Qui a dit ça ??!

      • Chris 3 juin 2011 at 16:21

        Bah… moi!

        L’immense majorite des joueurs du circuit servent mieux d’un cote que de l’autre…
        Le cote en question ne tombe sur des balles de break que a 15-40 pour les droitiers, il tombe a 0-40, 30-40 et Av. pour les gauchers.

        Oui, je sais, je sors…

        • Nath 3 juin 2011 at 16:35

          Je réponds quand même. Les droitiers ont l’occasion lors des points impairs (plus souvent donc :) ) d’empêcher leurs camarades gauchers de se procurer la moindre balle de break, no ?

  16. William 3 juin 2011 at 16:11

    Enfin un retour long de la part de la Murène ! Debreak (encore !).

  17. Jérôme 3 juin 2011 at 16:11

    YEEEESS !

  18. Antoine 3 juin 2011 at 16:11

    c’est la WTa ou quoi ? 4 jeux de service paumés de suite…

    • Jérôme 3 juin 2011 at 16:13

      Ben oui, il y en a un qui a les cheveux longs sur le court. Et l’autre qui n’a pas de zguègue. :mrgreen:

      • William 3 juin 2011 at 16:15

        Excellent !

  19. Baptiste 3 juin 2011 at 16:11

    C’etait pas hier la wta? Je croyais que servir était encore un avantage chez les hommes…

  20. Humpty-Dumpty 3 juin 2011 at 16:16

    Je jette un coup d’oeil distrait au livescore depuis le taf : quatre breaks de suite, le vent perturbe terriblement les serveurs, ou ils ont fait je ne sais quel pari idiot ?

  21. Jérôme 3 juin 2011 at 16:17

    Le vent gène certainement les serveurs. En tout cas ces deux-là puisqu’ils servent en moyenne vraiment moins vite qu’habituellement.

  22. Mathias 3 juin 2011 at 16:18

    Ce match est parti pour durer, durer, … pas une surprise. Mais à ce rythme, si Nadal plie pas l’affaire en 3 sets, Fed et Djoko seront les dindons de la farce concoctée par les organisateurs.

  23. Nath 3 juin 2011 at 16:18

    Ça, ça aurait dû rester dedans Andy :|

  24. Jérôme 3 juin 2011 at 16:19

    Mais quelle buse sans roustons ce Murray !!!! C’est énorme ce qu’il a raté dans ce point.

  25. Jérôme 3 juin 2011 at 16:20

    Rafa finit très fort sur ce jeu et va mettre une pression de malade sur la pauvre Murène qui va se liquéfier dans son jeu de service à 5/5.

  26. karim 3 juin 2011 at 16:23

    Nole vs Rafa. On est tous vraiment incorrigibles, tous les indicateurs clignotent comme des fous depuis des mois pour nous dire que c’est la finale à laquelle on n’échappera pas, mais on ne peut pas s’empêcher de souhaiter autre chose, de vouloir un autre résultat et d’y croire du coup.
    Comment peut-on raisonnablement espérer que Murray batte Nadal à Paris?
    Comment ne pas croire que Djoko va étriller Fed? Niveau raison tout m’indique que ce sera peut-être leur match le moins accroché en GC, mais le coeur voudrait tellement autre chose… Je ne suis pas loin de penser que si Fed l’emportait ce serait sa quasi plus belle victoire. Mine de rien en tant que « chassé » il n’a jamais réalisé l’exploit de tomber l’archifavori. Maintenant qu’il est outsider, il peut prétendre à ce genre de victoires de prestige. Ce serait vraiment un formidable achèvement… ruiné par une finale de trop contre Nadal. Leur finale de 2008 doit rester leur dernier affrontement ici, je ne veux plus revoir ça. D’ailleurs si c’est Fed vs Nadal je ne regarderai pas. Aussi simple. Mais s’il gagnait (soyons fous) je me soulerais évidemment avec vous.

    • Djita 3 juin 2011 at 16:26

       » Mais s’il gagnait » hahaha, tu es le premier incorrigible.
      Je regarde le match Murray-Rafa. Ce dernier est vraiment au-dessus même s’il s’égare parfois. Il est trop trop fort Rafa.
      Il remportera son 6ème titre dimanche. Et Nole prendra cher!

    • Kristian 3 juin 2011 at 17:13

      Oui, la derniere fois que Federer a fait tomber l’archi-favori ca doit remonter a.. Wimbledon 2001. Il s’etait presque evanoui a la fin. Enfin ca fait un bail.

  27. Antoine 3 juin 2011 at 16:23

    Il a vraiment intérêt à pas se louper la Murène là à 40A parce que si l’autre breake, il est mort..

    • Chris 3 juin 2011 at 16:29

      C’est clair.
      Et ce serait dommage de pas avoir de Tie break
      Et ce serait dommage que le match finisse en 3 sets
      (ce qui sera le cas tres vraisemblablement le cas, si Murray perd le deuxieme)

  28. Chris 3 juin 2011 at 16:26

    Oui, les breaks s’enchaine, mais c’etait assez previsible:

    - Nadal n’est pas un gros serveur
    - Murray a un service inconstant
    - La terre battue permet moins de points gratuit
    - Le vent les genent
    - Ils sont deux des trois meilleurs relanceurs du circuit.

  29. Antoine 3 juin 2011 at 16:30

    Et voilà, il a allongé le tir le Rafa…si il tient son service ce coup ci, la Murène est cuite..

  30. Sylvie 3 juin 2011 at 16:30

    Break Nadal. Il aura vraiment été meilleur dans ces moments là, alors que dans l’ensemble du match c’est assez serré. Murray risque de prendre trois sets alors qu’il aurait pu prétendre à passer devant de nombreuses fois.

  31. Jérôme 3 juin 2011 at 16:31

    Et voilà. Break Nadal. Et PZ ne peut vraiment s’en prendre qu’à lui-même : il a mené 40/15, ce crétin.

  32. Sylvie 3 juin 2011 at 16:33

    ça devient un scénario récurrent pour Murray ces matchs où il est tout près et où il perd : masters 2010, MC 2011, Rome 2011, ce match là…

  33. Le concombre masqué 3 juin 2011 at 16:34

    ce qu’il remet Nadal, ce que c’est moche , corps de traviole, tout en ayant les jambes de face, une jambe en l’air, une prise de raquette à ne montrer dans aucune école, un mouvement de bras lasso désarticulé..et Murrau qui se place bien et fait un coup droit d’école…dans le couloir.

    DE-SES-PE-RANT

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