Pays densément peuplé, pays de sport, pays à la culture tennis certaine, le Brésil n’a pourtant pas été si gâté que ça à l’arrivée niveau figures de premier plan. Au point que d’ici la fin de l’année 2025, la petite perle de 18 ans Joao Fonseca pourrait bien avoir déjà sa place dans le casting ci-dessous.
Maria Bueno
S’il ne doit en rester qu’un, ce sera en l’occurrence une : Maria Esther Bueno, pour la faire courte, c’est John McEnroe au féminin. Pour le palmarès, trait pour trait : quatre Internationaux des États-Unis (1959, 1963, 1964, 1966), trois Wimbledon (1959, 1960, 1964), une malédiction de Roland-Garros (une finale en 1964 et une tripotée de quarts et demies sans jamais taper dans le mille), un « don’t care » de l’Australie et encore plus de réussite en double qu’en simple (11 titres majeurs, dont un Grand chelem calendaire en 1960). Dans sa production raquette en main, aussi, où son sens du jeu et son touché de balle ouvrent une voie singulière entre la répétitivité des Américaines pousse-balle et la si athlétique Margaret Court. Dans l’attitude enfin, tendance un peu moins « brat » mais plus diva… et tout autant torturée.
Sur le court, les retournements de situation sont fréquents, la joueuse en lutte avec ses propres nerfs. En-dehors également, elle combat ses démons intérieurs, tiraillée entre une éducation dévote qui la fait s’inquiéter de la portée licencieuse du jeu en binôme au côté d’une partenaire du même sexe, et des convictions plus progressistes l’amenant à être l’une des rares à accepter de jouer en double avec Althea Gibson.
Qui se risquerait à lui faire le moindre reproche, de toute manière ? Maria Bueno est « la » star de son temps, celle qu’il faut voir jouer, plus que Court ou King, et c’est bien avec Suzanne Lenglen que le parallèle est à l’époque évident. Elle remet au goût du jour les collaborations avec les grands couturiers, comme la Divine avec laquelle elle partage, outre le caractère volcanique (elle fait un esclandre à Ted Tinling qui a eu l’outrecuidance de ne pas respecter l’exclusivité qu’elle estime mériter sur un modèle de jupe !), une santé fragile. Bref, une figure extrêmement importante et hautement intéressante, curieusement assez oubliée aujourd’hui eu égard à son aura à l’époque.
Thomaz Koch
La version brésilienne de Torben Ulrich. Joueur de tennis hippie, à une époque où l’opportunité de vivre sa vie en douceur grâce au tennis (voyages, rencontres, activité sportive adossée à d’autres passions artistiques, peu de gains en espèces sonnantes et trébuchantes mais des invitations partout) l’emportait sur la rigueur du haut niveau. Une certaine idée du monde d’après(-guerre). Chez les amateurs, il enregistre un quart dans chaque Majeur qui compte : USA 1963, Wimbledon 1967 et le premier Grand chelem ouvert aux professionnels, Roland-Garros 1968. Parmi les tournois importants de son temps, il gagne le Godo de Barcelone (1966), puis Washington aux dépens d’Arthur Ashe (1969). Bon joueur de double, il est demi-finaliste à Wimbledon en 1971 et gagne le mixte de Roland-Garros en 1975.
Meilleur joueur brésilien sur près de deux décennies, il est l’homme de tous les records de son pays en Coupe Davis : plus grand nombre de rencontres disputées (44), de matchs joués (118) et de matchs gagnés (74), en simple (46) comme en double (28). Avec son partenaire privilégié Jose Edison Mandarino, ils montent deux fois en finale inter-zones, dernière marche avant le Challenge Round final face au tenant du titre. En 1966, après avoir sorti les USA de Ralston et Richey, la France de Jauffret – Darmon et l’Espagne de Santana (Koch s’y colle pour battre le meilleur amateur du moment), Koch perd le 5e match décisif, en cinq sets, contre l’Inde de Ramanathan Krishnan, alors qu’il menait deux sets à un (3/6 6/4 10/12 7/5 6/2). Ils ont une seconde chance en 1971, mènent 2-1 au soir du double remporté sur la paire Nastase-Tiriac, mais sont loin du compte le dernier jour contre les deux Roumains.
Ronald « Ronnie » Barnes
Contemporain des deux précédents, il contribue à un certain âge d’or du tennis brésilien. Dans un championnat des États-Unis 1963 remporté par Maria Bueno, et où Thomaz Koch fait quart de finale en poussant la tête de série n°1 Chuck McKinley aux cinq sets, Barnes s’invite en demies en sortant le n°5 du tableau Ken Fletcher puis le n°3 Dennis Ralston. Il est ainsi le premier Brésilien à atteindre un dernier carré en Majeur.
L’année suivante, il pointe en quarts à Roland-Garros après avoir battu les Australiens Tony Roche et Fred Stolle, lequel jouera (et perdra) la finale des trois autres Grands chelems cette année-là. Il retrouve les quarts à Forest Hills en 1967, mais renonce en revanche à tenter l’aventure chez les professionnels. Comme souvent à ces époques-là, la réalité s’accommode bien d’un zeste de fiction, à l’image du récit de sa victoire sur Manolo Santana à Miami en 1965 (6/2 7/5), survenue d’après la légende après une nuit passée à jouer aux cartes et à s’imbiber de Black Label.
Carlos Kirmayr
Le joueur de simple réalise sa meilleure saison en 1981 : un huitième de finale à Roland-Garros, un troisième tour à Wimbledon, un titre, le seul de sa carrière, à Guaraja, et même une présence incongrue en finale du WCT Tournament of champions à New York, au milieu d’années où McEnroe, Lendl, Connors et Gerulaitis en monopolisent l’affiche finale. Le tout en s’étant ouvert le tableau comme un grand en battant Johnny Mac d’entrée ! A Roland-Garros c’est Gottfried qui tombe sous ses coups, à Wimbledon, Tanner, et puis Dibbs sur terre battue, Panatta en Italie… C’est de loin la meilleure année de sa carrière, conclue au 36e rang.
Il marche bien aussi en double (10 titres, souvent avec son compatriote Cassio Motta). Mais c’est finalement l’entraîneur qui restera le plus dans les mémoires. Kirmayr sera le guide de tous les succès de Gabriela Sabatini, avant d’autres collaborations moins abouties mais attestant de sa réputation dans les 90’s avec tour à tour Arantxa Sanchez et Conchita Martinez. Sans oublier, mais sûr que si, vous l’aviez oublié, une brève collab’ avec Cédric Pioline post-US Open 1993 !
Luiz Mattar
Il a fait son beurre des tournois brésiliens au calendrier : sur 7 titres ATP, 6 acquis au Brésil – Guaraja 1987, 1988 et 1989, Rio de Janeiro 1989 et 1990, Sao Paulo 1992. Avant de finir par triompher un peu plus au Nord, à Coral Springs, USA (1994). Une finale aussi à Itaparica (1987), où il ne peut empêcher un certain Andre Agassi d’ouvrir son palmarès. Sept titres ATP, onze finales au total : les totaux sont conséquents et, au pays, seul Gustavo Kuerten a fait mieux côté masculin.
Le bilan est moins reluisant en Grand chelem, avec pour meilleur résultat des troisièmes tours à Roland-Garros (1986) et à l’US Open (1991). Il est toutefois passé tout près de jouer les quarts à « Roland », puisque en 1986 il perd en cinq sets sur Johan Kriek, tandis que se profilait derrière le forfait de Yannick Noah. Mais bon, le mérite t-on quand on se dit terrien et qu’on perd sur Kriek ou Guy Forget à Roland-Garros ?
Son nom est d’ailleurs resté curieusement lié aux Français à Paris, entre ceux qui ont grappillé face à lui une de leurs pas si nombreuses victoires à Roland-Garros (Forget mais aussi Boetsch, Delaitre et Potier) et le double choc avec Noah de 1988-1989 : « Yan » gagne le premier tandis que le coup de pied au cul reçu lors du second (Mattar lui inflige son seul « first » Porte d’Auteuil depuis ses débuts !) le remet dans le sens de la marche pour lancer le dernier run glorieux de sa carrière les mois suivants.
Jaime Oncins
Contemporain du précédent sur le plan des résultats. Moins victorieux sur le Tour (Bologne et Buzios en 1992), il résiste en revanche mieux sur les plus grandes scènes. Il atteint ainsi les huitièmes de finale à Roland-Garros en 1992, battant Ivan Lendl au passage en remontant deux sets de retard. Aux JO dans la foulée, il sort Chang avant de perdre en cinq sets en quarts contre Andrei Cherkasov – rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de petite finale mais deux bronzés ; il passe donc factuellement à un set d’un podium olympique, certes moins côté qu’aujourd’hui.
Il est aussi le seul Brésilien à avoir participé aux deux demi-finales récentes de son pays en Coupe Davis, longtemps après les exploits de Koch and Co. En 1992, il est le grand bonhomme de la campagne, battant les Allemands Steeb et Zoecke au premier tour, puis les Italiens Cane et Pescosolido en quarts (sans oublier Ramesh Krishnan et Marcelo Filippini l’année d’avant pour se hisser dans le groupe mondial). Il faut les Suisses Rosset et Hlasek pour les arrêter aux portes de la finale. Huit ans plus tard, il a laissé le leadership à Kuerten et Meligeni mais fait encore le job en double au côté de « Guga » pour écarter les finalistes sortants français et la Slovaquie de Hrbaty – Kucera. Même en demies, sur herbe en Australie au cœur du mois de juillet, ils résistent cinq sets durant aux nettement plus côtés Mark Woodforde et Sandon Stolle.
Gustavo Kuerten
Forcément. Le triple vainqueur de Roland-Garros (1997, 2000, 2001). Le n°1 mondial (43 semaines, dont la fin d’année 2000). Le vainqueur du Masters 2000, justement, chipant le trône sur le fil à Marat Safin à la faveur de ses succès sur Pete Sampras et Andre Agassi lors des deux ultimes matchs de la saison. Le roi de l’ocre de son temps, double vainqueur à Monaco (1999, 2001), à Rome (1999) et à Hambourg (2000). Celui qui ne demandait qu’à étendre son terrain de chasse sur dur (Cincinnati 2001, un Indianapolis 2000 qui n’a rien à envier à un Masters 1000 avec son enchaînement Ferreira, Hewitt et Safin en 72h, ou des finales à Miami en 2000 et Indian Wells en 2003), avant d’être rattrapé par les blessures et voir sa carrière péricliter à 25 ans.
Ce fut bref, mais intense, avec son comptant de matchs renversants à Roland-Garros (il aurait très bien pu n’en gagner aucun des trois à son palmarès, tout comme il aurait pu en rafler deux de plus avec cette édition 1999 imperdable au vu de sa forme et du plateau final, ou ce chant du cygne de 2004 dans un tableau tellement ouvert après qu’il ait fait la leçon à Federer et qu’il ne soit plus resté que les émotifs anonymes argentins en lice à ses côtés) et des rivalités inachevées mais enthousiasmantes avec Sampras, Agassi, Safin, Kafelnikov ou Ferrero.
Dominant à sa manière, un poil mystique mais tellement chaleureux, il apparaît comme l’exact inverse de celui qui lui a réellement succédé à Roland-Garros, et y’en a même qui fantasment encore du rendez-vous manqué entre un « Guga » resté au top à 28, 29 ans, et le « Rafa » encore perfectible des deux, trois premières années de règne.
Fernando Meligeni
Le tube d’un « Roland ». On attendait « Guga », vainqueur à Monte-Carlo et Rome ? On aura Meligeni, pour le plus beau run de sa carrière, stoppé aux portes de la finale en 1999 par Andrei Medvedev après avoir sorti Rafter, Mantilla et Corretja. Terrien sympa à voir jouer, drôlement désarticulé dans la gestuelle, il aime « Roland ». Il en a atteint les huitièmes de finale dès 1993, alors qu’il sortait des qualifications ; retrouve ce stade de la compétition en 1998, où Muster doit s’y prendre en cinq sets pour l’arrêter.
Il gagne trois titres sur terre (Bastad 1995, Pinehurst 1996, Prague 1998) mais laisse la médaille de bronze olympique d’Atlanta à plus improbable que lui encore, à savoir Leander Paes, alors qu’il avait préalablement sorti Albert Costa et Mark Philippoussis. Leur engagement conjoint en Coupe Davis les conduit aussi, Kuerten et lui, à souvent jouer en double ces années-là, et ils gagnent une bonne grappe de tournois sur terre battue (Estoril, Stuttgart, Gstaad, Bologne…), pointant même en quarts de finale du double à Paris en 1998 où ils sont… disqualifiés après un jet de raquette malheureux de Kuerten, l’engin terminant sur les genoux d’un spectateur !
Andre Sa
Un pur one-hit wonder. En 2002, un tableau ouvert bien comme il faut (Antony Dupuis, Stefan Koubek, Flavio Saretta et un tout jeune Feliciano Lopez, pas encore top 100) lui ouvre les portes du Top 8 à Wimbledon, où il n’est pas ridicule face à Tim Henman (quatre sets assez serrés). Trop limité en simple hors ce coup d’éclat sur lequel il vit douze mois durant, il se spécialise ensuite en double, où il rafle 11 ATP 250 et joue les demies à Wimbledon en 2007.
Thomaz Bellucci
Quand il déboule, en 2008, on pense tenir un tout bon. Gaucher, terrien, il sort des qualifications de Roland-Garros se mesurer au modèle ultime nadalien et, fort de ses 9 jeux marqués (7/5 6/3 6/1), sera derrière Djokovic en demies l’adversaire le plus coriace du Majorquin sur la route de son titre de tous les records ! Il gagne son premier tournoi l’année suivante à Gstaad, récidive à Santiago en 2010 avant de jouer les huitièmes de finale à Roland-Garros, fait une demie en Masters 1000 à Madrid en 2011, regagne Gstaad en 2012…
Mais un coup d’éclat par an ne fait pas un champion et son plancher est aussi son plafond : 36e fin 2009, 31e fin 2010, 37e fin 2011, 33e fin 2012… Ses meilleures années sont déjà derrière lui. Un dernier titre tombera en 2015, à Genève, faisant de lui le plus suisse des « sud-ams ». Il manque un gros coup aux JO de 2016, chez lui à Rio de Janeiro, faute d’enfoncer le clou face à un Nadal ric-rac alors qu’il avait gagné le premier set de leur quart de finale. Derrière, il jouait la médaille… Positif à un contrôle antidopage en 2017, il plonge au classement et ne remonte jamais une fois purgée sa suspension.
Marcelo Melo…
Grand joueur de double à une époque où le double n’a plus grand-chose de grand. A chacun de voir où il le place le curseur de la valeur des accomplissements. En attendant, Marcelo Melo, 273e mondial en simple en 2005, a gagné 39 titres en double la décennie suivante, dont Roland-Garros en 2015 (avec Ivan Dodig) et Wimbledon en 2017 (avec Lukasz Kubot). Aujourd’hui âgé de 41 ans, il a encore gagné Stuttgart l’an passé : avec son compatriote Rafael Matos, ils ont battu Julian Cash et Robert Galloway en finale, avant de s’incliner pour le titre à Washington contre Nathaniel Lammons et Jackson Withrow. Vous ne connaissez pas tout ce petit monde ? Moi non plus.
… et Bruno Soares
La même que Melo, avec lequel il a d’ailleurs débuté en double (trois titres à cheval sur 2010 et 2011) avant de connaître ses meilleures années associé à Jamie Murray. Avec le frère de, il gagne Open d’Australie et US Open en 2016, puis y ajoute un troisième Grand chelem à New York en 2020 avec Mate Pavic. Comme Melo, ce sosie de Steve Darcis (il en riait lui-même, avant de tenter un recours peu probant aux implants) n’a jamais fréquenté le Top 200 en simple (221e en 2004). Lui a arrêté sa carrière en 2022.
Beatriz Haddad Maia
Plus d’un demi-siècle plus tard et sans manquer de respect à Neige Dias et Teliana Pereira, jusque-là seules Brésiliennes victorieuses sur le Tour principal dans l’ère Open, revoilà une joueuse de premier plan au pays de Maria Bueno. Gauchère spécialisée dans les matchs à rallonge, elle bat Ons Jabeur pour s’ouvrir les portes des demi-finales de Roland-Garros en 2023, y inquiétant Iga Swiatek dans une fin de deuxième set plus sympa pour les spectateurs que pour la Polonaise.
On la retrouve en quarts à Flushing Meadows l’an passé, et nantie à cette heure de quatre titres WTA (deux 250 sur herbe, un 500 et le Masters bis sur dur), ainsi que d’une finale de WTA 1000 au Canada en 2022, où elle avait battu Swiatek en chemin. Elle a fait un bref passage par le Top 10 au sortir de son « Roland » 2023, et pointe à cette heure 17e, toujours aux avant-postes donc.
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Pas tout vu bien entendu, des premiers tours, mais très impressionné par Lorenzo le Joli. Après un premier set pour dégripper la mécanique, il a vraiment sorti les coups que seuls un joueur full confiance peut sortir.
Au chapitre des R1M :
- Je m’attendais à ce que Tsi galère, manifestement non.
- Ritchie va avoir sa sortie de prestige. On pourra alors passer à la séquence « hommage », leitmotiv de ce début de RG, qui succèdera donc à 6 mois de retours de divers médias sur la carrière de Ritchie.
- M’Petshi a bien un R1M, so what ?
- So long Stan…Hommage à prévoir l’année prochaine (quand même étrange ce trip Hommage, est ce qu’on a fait un hommage à, je sais pas, Albert Costa ?)
Erratum
- Je m’attendais à ce que Tsi galère, clairement, oui.
Mais là, quand même…Est-ce qu’il peut sérieusement revenir à un niveau correct sur la durée ? Ca pose question.
Top do Brasil donc. C’est ça la fameuse pépita Fonseca ? Draper, que je n’imaginais pas aussi facile sur terre, l’a éparpillé. Impressionnant le Draper, depuis le début. Le très possible quart contre Sinner ne sera pas forcément une partie de plaisir pour ce dernier. D’autant que Sinner a quand même laissé 4 jeux aujourd’hui, c’est inquiétant.
En dessous on file droit vers un bon vieux Z Vs Djoko. Pièce solide sur le Z.
Le Musetti Rune s’annonce aussi très cool à regarder. J’espère qu’au final, Lorenzo le joli va tenir les espoirs placés en lui, très curieux de voir ce que ça donnerait en demie contre Carlito.
Par ailleurs, les commentaires de Ben Paire sont très agréables je trouve. Lui voit le Z vainqueur final. A priori, il s’y connait en tennis, donc il doit voir qq chose que moi, en tous cas, je ne parviens pas à discerner.
Moi non plus. Bon, après, si le Z finit par gagner, on criera au génie, moi dans ce cas j’y verrai plutôt le coup de bol du gars qui a eu une vision en rêve après un repas trop riches en champignons rigolos.
Est-ce que Pé-Paire avait prédit la victoire de Bublik face à Draper? Celle-là, elle valait cher.
Ah non, il a clairement dit qu’il ne voyait pas Bub’ prendre ne serait ce qu’un set. Qui pouvait pronostiquer un truc pareil ? Super match en tous cas. A la fin, Draper voulait tellement revenir, affichait une telle détermination, une haine de la défaite qu’il en faisait…Peur, je trouve. Mieux compris pourquoi il était monté 5. Mais en face de lui, c’était irrationnel. Meilleur match du tournoi public, so far (« public », c’est à dire tout ce qui n’est pas en night session).
Pendant ce temps, dans le tournoi Privé, je crois qu’on mesure « l’effet Safin » ce soir.
« C’est parce qu’il est numéro 1 mondial »… l’antienne des commentateurs qui sort avec une régularité métronomique sur les coups de Sinner.
Autre commentaire hautement tennistique : jamais je ne prendrai le chirurgien esthétique de Marijana Veljovic. C’est pire qu’une contre publicité. C’est un massacre. Une faute impardonnable. Une assistance coupable à une personne en danger. Elle est devenue la M-Jackson un peu étrange de l’arbitrage.
Très belle histoire que le parcours de Boisson qui aura abattu des supers joueuses. Elle doit faire une Raducanu !
Sinon, Sinner est impressionnant, comme souvent, il y a un palier en sport individuel où il n’y a pas 3 individus qui y sont. Lui & Alcaraz en sont coloc, le reste semble être une division en dessous, c’est assez dingue.
D’ailleurs l’UTR les classes tout seul à plus de 16 me semble-t-il.
C’est mou. Il ne tente pas grand chose Zverev.
Oui, depuis deux ans, Z est devenu le grand méchant mou.
Dingue comme hier soir il a été incapable de proposer une alternative tactique à Nouveau Djoko (celui qui slice, fait 35 amorties, service volleye…). Si ce Djoko là avait été correctement échauffé, c’est à dire s’il n’avait pas, manifestement pour cette unique raison, été breaké d’entrée, tout ça pouvait faire 3 sets secs et sans discussion.
Oui, d’ailleurs la seule chose que j’attends désormais de Djoko pour devenir un de ses fidèles est qu’il se convertisse au R1M.
Mentalement, Z a un choux mou dans la tête. Jamais il n egagnera un GC. Physiquement, techniquement, il peut le faire. Mentalement, dans les grandes occasions, il n’est pas à la hauteur, il est inhibé, il rate, et le cercle vicieux se met en route.
Même tennistiquement…Il avait l’air d’un junior un peu teubé. Rappelant l’adage qui postule que si tu veux perfer en tournoi, précise que tu es dispo le mercredi, tu vas jouer des jeunes capables de faire l’essuie-glace en fond de court pendant 3h mais incapables de faire face à un slice un peu vicelard.
Tadzio a été comme figé par l’ambre des perfides pyramides.Comment peut-on être d’une telle puissance et si indolent ?
Le cogneur hier soir c’était le fils de dieu, encore et toujours aussi infatigable, pas loin d’être aussi véloce qu’en 2011 et bien meilleur tactiquement.
Sinner va devoir tout donner, c’est du 50/50
Tadzio est mort à Paris… sous les coups perfides de l’Aschenbach des Carpates. Après avoir feint de l’aimer jusqu’à la préférence (c’est toi plus tard que je coacherai, mon Tadzio au charme slave), c’est avec une crauté perverse que l’Aschenbach nongluténisé et pyramidé l’a détruit lentement jusqu’au ridicule. Ah que l’amour est ambivalent !
Cela étant, nous savions très bien que Tadzio était fort avec les faibles et faible avec les forts. Qu’a prouvé le Serbe dans cet exercice ? Qu’il est intelligent et mentalement tenace quand l’enjeu est élevé. Cela aussi nous le savions. Par contre, et pour dire mon sentiment, je n’ai guère vu de vigueur et de promesse dans ce Slip-là. Il est vrai que je ne suis pas très objectif. Réponse cet après-midi.
Tadzio n’était peut-être pas extrêmement motivé à l’idée d’aller se prendre une énième branlée en demie face à son habituel bourreau…
Oui, Tadzio se croit toujours sur la plage du Lido à papillonner dans l’onde mais l’Aschenbach fortement prognathe nous a montré que l’insouciance rétrocogneuse a ses limites.
Bon, me voilà à encourager Djoko devant mon écran. Sinner est monstrueux. Trop.
Il est fort, le vieux, quand même. Bien meilleur tennis que contre Tadzio. Mais Sinner est une machine de guerre. Normalement, il devrait gagner. Sauf si Carlitos est dans une good mood (pas comme aujourd’hui), auquel cas son tennis sera stratosphérique car imprévisible et inspiré. L’avenir tranchera comme on dit.
Ayant pu regarder le 1er set et demi, que dire à part que Sinner est très impressionnant : il ne fait quasiment aucune faute non provoqué et chaque point doit être gagné avec les dents.
Il a réalisé des remises sur des missiles dans les pieds assez époustouflantes.
Après, il est courant qu’en GC, le « challenger » (c’est encore le statut de Sinner par rapport à Alcaraz à RG) parvienne en finale en impressionnant pour mieux se faire emboutir par le « champion » qui est arrivé bon l’an mal l’an au rendez-vous.
AO 2019 ou 2020 ou plus lointain Wimbledon 99 sont des exemples parlants à cet égard. Et je suis préparé à cette éventualité à laquelle j’assisterai en direct puisque je serai dans les tribunes demain.
J’ai eu l’occasion de voir Sinner récemment. J’étais à Rome lors du Foro Italico. J’avais réservé des places pour les demi-finales. Je rêvais de voir l’Alcaraz – Musetti et bien sûr j’ai eu droit au Sinner Tommy Paul. Mais bon, faut pas bouder son plaisir quand même, surtout que le Foro Italico, c’est très beau, très vaste, très vert. Il faisait un temps magnifique, une vraie soirée d’été.
Surprise, Tommy Paul éteint la ferveur italienne (public d’ailleurs extrêmement correct, bien plus fair play que le public français avec sa détestable tibune bleue qui est au sport ce que les ambianceurs sont aux jeux télévisés bas de gamme, litote) avec un 6/1 plus que surprenant.
Plus surprenant encore, le bruit de la balle de Sinner, meme dans ce premier set, un bruit tout à fait particulier, un très joli bruit de balle bien centrée, tapée à pleine puissance. Rien à voir avec le bruit de la balle de Tommy. Tommyjouait très vite, servait très bien. Sinner tapait très fort mais il n’était pas réglé, sa balle sortait de 5 à 10 centimètres.
Et puis Sinner s’est réglé. Alors, c’est devenu inexorable. Une machine à broyer. Tommy était devenu un Junior.
Mais le pire, c’est que Sinner à Rome jouait moins bien qu’à Roland. La tâche sera très compliquée pour Alcaraz. Il ne pourra pas contrer longtemps la machine de guerre italienne qui tuerait père et mère, femmes et enfants et tout ce qui bouge, sans l’ombre d’un affect. Il faudra qu’il joue beaucoup plus intelligemment que Djoko. C’est un comble !
Djojo m’a beaucoup surpris. Il a joué à un super niveau, niveau auquel il ne nous avait pas habitués depuis longtemps. Mais curieusement, il est rentré dans la filière sinnérienne. Il a peu varié, peu surpris. Peut-être, sans doute, n’avait-il pas le temps pour le faire. Cela jouait trop vite.
Voilà la tâche qui attend Alcaraz : tenir, surprendre, varier, passer devant. Sinon…
Parenthèse et conclusion : un Sinner qui joue très bien face à un joueur inférieur (Tommy Paul), c’est boring. C’est toujours le même schéma développé àd libitum. On s’habitue à l’excellence inéxorablement.
Sinner, je l’ai vue depuis le sol dans le Lenglen en 2021 contre PHH lors duquel il sauve 2 balles de match. Il m’avait beaucoup impressionné par son attitude ainsi qu’effectivement par le son de la balle.
Merci pour le récit. T Paul est sensé avoir un excellent déplacement mais son coup droit « next-gen » est tellement biscornu que ça le limite.
Djoko a effectivement très bien joué en tapant très fort et servant très bien (71% de première balle et perdre en 3 sets, c’est fou !) mais quand en face, la balle ne sort pas en allant à 130 km/h et 3000 tpm même quand il est en grand écart, il n’y a pas grand choses à faire.
Quant au public, je n’ai pas noté de débordement sur les centraux cette année. Dans l’ensemble, le public de RG est nettement meilleur que celui de Bercy et si la connaissance du tennis – phagocyté par le Big 4 – a chuté, j’ai trouvé le comportement nettement plus sympathique cette année. Par exemple, la standing-ovation pour Bublik contre Draper est l’un des grands moments d’émotion du tennis cette année.
Merci Nathan pour ce récit de Sinner live. Le mot « inexorable » semble approprié dès que Sinner entre sur un court.
Fou comme Nouveau Djoko a fonctionné contre le Z et comme il n’a manifestement pas eu le temps de sortir de sa boîte contre Sinner.
Alcaraz ? Pour moi, il va y passer. Comme les autres.
Ouf ! Le plus dur reste à faire…
Et si la seule faiblesse de Sinner était l’Alcarazade chronique ?
Après 2023, c’est la deuxième fois que Sinner se prends le destin dans la figure. Ce retour à 30-30 à 5-6 aurait dû être gagnant. Il ne le fut pas.
Il ne pouvait rien arriver à Alcaraz, c’est écrit et même un pouvoir divin n’y peut rien quand le destin décrète.
Sinner se sera battu contre une force irrésistible. Ça reste inouï d’être si fort presque sans rythme.
Un bien belle finale ! Avec l’archidomination de Nadal, on n’imaginait plus des finales acharnées comme celle-ci.
Dès le premier match entre Sinner et Alcaraz (Bercy 2021), j’ai été frappé par la relative immunité d’Alcaraz face à la puissance et au rythme de Sinner. Mieux, il l’avait même surpassé dans ces deux dimensions.
Cette capacité de Carlos à tutoyer les cimes en termes de niveau est étonnante, tout comme ses oscillations de niveau de nouveau dans cette finale. Il est quand même bien sorti du match pendant 30 ou 40 minutes après son soin à l’oeil.
Mais le super tie-break a été divin du côté de l’Espagnol.
Sinner magnifique et tellement digne.
Bravo aux deux : un superbe nouveau Big 2 sur fond de disparition (temporaire ?) des Next Gen 96-98 (sauf le Z)
What a match ! à bien des égards.
« Mais le super tie-break a été divin du côté de l’Espagnol.
Sinner magnifique et tellement digne ».
Absolument sur les deux points : Un super tie-breal de génie après 5h30 de match ! Un Sinner magnifique dans la combativité, l’attitude et la retenue.
Est-ce que Djoko aura envie de revenir au combat, sachant qu’il aura les deux vraissemblablement à se taper, quelle que soit sa place dans un tableau ? Sans compter les autres…
Pour moi, oui, sans aucun doute.
Il est patent qu’il reste convaincu d’être le tout meilleur (cf. ses déclas en Australie, où il affirmait que sans sa blessure il aurait gagné le tournoi)
Quand on est de filiation aussi crapulo-divine, on a le slip arrogant qui n’a peur de rien ni personne.
J’ai trouvé Melon vraiment fort face au Z (bon ça c’est presque normal) mais également face à Sinner qui a dû vraiment s’employer.
Son pic de niveau est toujours extrêmement élevé (JO, la finale), Melbourne, Miami, Roland. Physiquement je pense qu’il est du même niveau qu’Alcaraz et donc probablement plus endurant que Sinner.
Il a encore plusieurs objectifs, dépasser les 103 de Federer (et pourquoi pas les 109 de Connors), le 25ème, le 8ème Wimbledon et quand il a un taux de gluten vraiment trop bas, l’envie d’une deuxième médaille d’or en 2028 à Los Angeles.
Bref on n’a pas fini d’en bouffer du Melon ! On ne remercie jamais assez Medvedev et Alcaraz (entre autres) pour l’avoir privé du Grand Chelem calendaire.
Faillible, il est devenu aimable, voire applaudissable.
Sa combativité légendaire, qui se nourrissait de tensions recherchées et d’une vision paranoïde de la réalité, s’étiole sous les je t’aime du public. Pourquoi combattre si l’on est sûr d’être aimé ? Les applaudissements ramolissent le Slip. Voilà la nouvelle équation à résoudre par le Serbe free glüten.
Excellent. cf. la finale US Open 21, où public, people, stars ont asphyxié Slip d’amour pour le Grand Chelem calendaire.
Outre la super performance de Daniil, Slip s’est effondré, méconnaissable et larmoyant, figé dans une gelée de glüten.
Pour autant, je suis sûr qu’il s’entraîne à gérer ça.
Hélas, il n’y a pas d’entraînement au manque comme au trop d’amour !
Petite analyse statistique du match :
Infosys fournit déjà énormément d’éléments en direct. Sinner a gagné 193 points contre 192 à Alcaraz sachant qu’il perd le super tie-break de 8 points.
Finalement les deux joueurs ont servi autant de fois (191 vs 194 pour Alcaraz) avec Sinner qui l’emporte de 2/3 sur le delta. Un vrai match nul au point par point.
En revanche, Sinner a eu des balles de break sur 12 jeux contre 9. Moins de « clutchitude » chez l’italien. 7 break partout.
Ce qui est surtout intéressant est que Sinner a été nettement meilleur pour les échanges à moins de 4 coups (la base du tennis en match : servir et retourner le service) où il a un différentiel de + 13, qu’il perd sur les échanges entre 5-9 et 9+.
Le dernier point est l’écart d’Ace de 1 en faveur de Sinner.
En faisant un tour chez Tennis Abstract, l’on se rends compte en fait que Sinner est le plus souvent le vainqueur au point et qu’il perd les points importants dans les jeux décisifs. Autrement dit, le Sinner manque de « bol » pour le moment et son H2H est sous-évalué. S’ils continuent à régulièrement se rencontrer, il devrait finir par avoir un retour de balancier.
Sur le fond, Sinner est un meilleur serveur, et aussi bon retourneur. Il n’est en revanche pas aussi bon dans les rallyes (où Alcaraz est de très loin le meilleur à ce jeu) mais comme ces rallyes représentent une portion congrue, ce n’est pas sensé être si décisif.
L’analyse d’un « complexe » à venir me semble en tout cas cousue de fil blanc. Pour l’instant, je pencherais plus sur un manque de « bol » dans les points importants, il bouffe du pain noir contre Alcaraz. Par exemple, cette remise miraculeuse à 5-6 30A service Alcaraz au retour en témoigne. Mais leur niveau sont identiques, le tennis est un sport de marges fines et pour l’instant le sort a nettement favorisé Alcaraz dans leurs match. On ne peut pas dire que Sinner « mouille », c’est un poissard en fait, comme lors de son match contre Altmaier en 2023.
D’ailleurs, on oublie opportunément que Sinner a gagné le match à 6 million de dollars en Arabie Saoudite l’année dernière où il a bien talqué et langé l’espagnol.