Roland garros en famille (ou presque)

By  | 27 mai 2010 | Filed under: Bord de court

On dit souvent que les matchs de la première semaine manquent d’intérêt, de confrontations de choix, les meilleurs étant protégées par le format des 32 têtes de séries. Pourtant il faut bien à un moment cesser de faire la fine bouche et essayer de trouver son petit bonheur au milieu de ces premiers tours assez bariolés, voire complètement inattendus. Le tennis ne peut pas se résumer aux meilleurs, qu’ils soient tête de série ou non.

Comment faire son choix de matchs dans ces cas-là ? D’abord, on prend un joueur/se qu’on n’a jamais vu jouer, ou bien la valeur sûre qui proposera un bon niveau de jeu, et puis après il faut un peu de bol ! Bref aucune recette miracle si ce n’est celle d’aimer le tennis sous toutes ses formes.

Le mardi, participants : mon père,  ma sœur Isabelle et moi !

Après avoir hésité entre Querrey/Ginepri et Melzer/Sela, j’opte pour les deux Américains ; concours de gros coups droits en perspective, je m’attends à voir mon poulain Querrey s’imposer, après tout il est le seul Américain à voir gagné un titre sur la terre battue européenne depuis Roddick en 2003 ! Ginepri n’est pas en reste et ne se défend pas si mal, allant provoquer son cadet au tie-break du deuxième set, et là contre toute attente, après une avance de 3-0, Querrey perd les 7 points suivants ! Suite à ce black out, c’est la pause déjeuner dans un coin à l’ombre, avec casse-croûte et café en shaker (les thermos sont confisqués à l’entrée). Je propose de changer de crèmerie et d’aller voir Kohlschreiber, qui vient juste de commencer son match contre le Slovaque Beck. Ça, c’est pour la valeur sûre : avec son revers à une main, l’Allemand est toujours un joueur agréable à voir jouer. Le niveau de jeu n’est tout de même pas transcendant et mon père pique du nez, c’est vrai que c’est plutôt l’heure de la sieste et lui vient pour sa troisième journée d’affilée. A 3-0, on décide de lever le camp pour aller voir Zeballos, le dernier Argentin a être rentré dans le top 100 en 2009.  Mon père lui, accuse son âge et s’offre une sieste au fond des annexes, à l’ombre sous un arbre ! L’adversaire de Zeballos est un Autrichien parfaitement inconnu, Martin Fischer. Plutôt petit (moins d’1,80m), sans doute un handicap qui ne lui a pas permis de percer plus tôt. Mais aujourd’hui il vient de se qualifier pour la première fois dans le tableau d’un Grand Chelem, il joue à fond sa chance contre un Zeballos écoeuré par sa prise de balle précoce et la régularité des coups gagnants. Les revers fusent,  les coups droits sont mordants. Il joue sans complexe et contre toute attente pousse Zeballos à jouer le coup de trop dans le deuxième tie-break, où l’Argentin vendange quatre balles de set dont une volée inratable. Le coup est rude et Zeballos perd sèchement le troisième set dans la foulée. La fin de match sera épique, l’Autrichien cèdera mais en ayant vendu chèrement sa peau avec breaks et débreaks. Presque dommage, car sur ce qu’il avait proposé il aurait mérité la victoire, mais je n’aurais pas aimé le voir complètement dépassé contre Nadal au tour suivant, Zeballos fera mieux l’affaire.

Le mercredi : Marie Jo, Isabelle et Rony le lucky loser de la place de mon père ;)

Pour entamer une journée presque ensoleillée, on avait choisi d’aller voir Cilic contre Gimeno-Traver, et malgré le jeu classique de terrien de Daniel avec des très bons points joués de part et d’autre c’est la solidité et la puissance du Croate qui prime : il empoche sans trop de mal les deux premiers sets. Rony est arrivé entretemps et je baratine pour faire rentrer Rony alors que la fille bloque l’accès du court qui commence à saturer. J’avais finement tapé la tchatche avec elle un peu plus tôt pour que le moment venu, j’ai droit à un petit traitement de faveur. On regarde depuis la passerelle qui surplombe le court 2 et qui dessert aussi le N°3, où on attend De Bakker contre Garcia-Lopez. Les Hollandais sont venus en force soutenir leur compatriote, on voit des tee-shirts orange partout sur les gradins. On regarde un set et demi, et on part pour Kuznetsova.

Les confrontations peu attrayantes sur le papier se révèlent parfois bien meilleures que prévu. Mais il ne faut surtout pas aller chercher ce genre de match du côté du top 10, sauf rare exception comme il y en a forcément une ou deux par tableau : chez les hommes c’était le Gasquet/Murray de lundi, chez les dames je donne mon vote au Kuznetsova/Petkovic. Si je n’ai pas pu voir le match de Gasquet ailleurs qu’à la télé, j’avais une place de premier choix au quatrième rang du court 1 pour voir la jeune Allemande toutes griffes dehors tenter de s’offrir le scalp de la Russe. Démarrage tambour battant, très agressive, Andrea Petkovic assomme Kuze de coups gagnants surtout côté revers. Ce coup est incroyable de facilité, long de ligne, court croisé,  on peut apprécier sa trajectoire hyper tendue à quelques mètres à peine. Voir du tennis dans ces conditions reste un privilège qu’il faut apprécier à sa juste valeur : c’est juste fantastique, du rêve quoi ! Petkovic défend aussi bien qu’elle attaque, Svetlana semble à la rue à 5-2. Mais la Russe est connue pour ses démarrages un peu lents. Comme un bon diesel elle trouve son meilleur tennis à ce moment-là avec quelques rallies somptueux. Elle profite d’un peu de nervosité pour revenir à 5-4. La deuxième fois, l’Allemande refuse de céder et empoche le set le poing rageur. Le match est interrompu, la pluie venant gâcher une partie qui commençait à prendre corps avec les deux joueuses enfin  dans leur match. Parti fumer une clope, Rony se fait accoster par quelqu’un qui le prend pour le frère de Tsonga : il a raté l’occasion du siècle de se faire traiter en VIP à Roland-Garros !

A la reprise, on se fait des soucis pour Svetlana. C’est confirmé, Petkovic breake dès le troisième jeu. La Russe est sous pression et l’Allemande tient parfaitement le choc, elle va servir pour le match. On aperçoit Brad Gilbert au bas du court, micro à la main, aux aguets pour interviewer la gagnante. Il en sera pour ses frais. Petkovic nous fait une Almagro façon Bercy, et tremble au moment de conclure : Kuznetsova sauve quatre balles de match, avec des gros cadeaux sur des fautes directes, elle profite de la déconfiture allemande pour gagner ce deuxième set crucial. Le troisième set verra des hauts et des bas pour les deux joueuses, Petkovic montre qu’elle a des ressources en faisant le break en premier, mais on sent qu’elle atteint ses limites physiques, les jambes commencent à être lourdes, elle jette ses dernières forces pour arracher le jeu de la Russe en sauvant une balle de match. Mais, c’était le baroud d’honneur, Kuznetsova plie le match sur le service de l’Allemande. Entretemps, Gilbert est revenu sur le court, la patience est une vertu pour ceux qui suivent la WTA, il faut se le dire ! Je me demande ce qu’en pense Murray qui lui attend depuis des heures entre la pluie et les retournements de situation de ce match !

Quand Murray arrive enfin sur le court à près de 20H, il semble grognon à souhait ! Chela avec sa démarche flegmatique, est on ne peut plus impassible. Conscient de sa marge de manœuvre limitée dans le temps puisque les matchs doivent se terminer vers 21h30 (il parait que cette règle ne s’applique pas pour Gaël !), Murray démarre pied au plancher et s’offre le break et le premier set  en profitant du démarrage un peu lent de Chela. Bien lui en prend car dès le début du deuxième set l’Argentin joue plus solidement, se fait moins déborder et les amorties souvent judicieuses du Scot se transforment en ratages successifs. Les rallies deviennent longs et durs, Murray peine à l’échange, varie du slice au lift ou au coup à plat, abuse des amorties, bref il commence à perdre sa tactique, tandis que Chela, toujours aussi imperturbable, serre les dents. A trois partout, on arrête le match, je descends les marches aux côtés de Miles Maclagan et je ne peux pas m’empêcher de lui dire : « tell Andy that the dropshop kills the dropshot ». Réponse amusée : «  Andy knows that already ! ». No comment, Andy doit avoir la tête dure pour modifier sa façon de jouer ! Nul doute que la nuit portant conseil, il réattaquera du bon pied dès demain.

Le meilleur pour la fin : en sortant on se retrouve place des Mousquetaires avec les purs et durs, ceux qui restent jusqu’à la fermeture quoi qu’il arrive quel que soit le match ! Comme vous avez tous assisté au « Gaël comedy show », je ne vous dis qu’un truc : il faisait sacrément sombre, et sur le central avec l’effet « fond de caisson » cela devait être pire. Cette décision de faire jouer deux jeux de plus ne visait qu’à favoriser Monfils, c’est évident comme le pif au milieu de la figure. Un traitement limite et anti sportif pour l’Italien, ah faut dire Fognini ! Presque dommage que celui-ci n’ait pas su profiter des crampes de Monfils pour conclure hier soir. Dans les deux cas, c’est l’organisation du tournoi qui en prend pour son grade et sa crédibilité.

Ah, à 22H, il a fallu traverser une partie du bois de Boulogne pour récupérer ma voiture garée à 10mn à pied du stade… la prochaine fois je mets la lampe torche dans le sac à dos itou, on ne sait pas des fois qu’on tombe sur le loup garou du coin !!!

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Grande prêtresse de 15-LT : je désigne les prochains rédacteurs quand on manque d'articles, ils sont automatiquement inspirés pour écrire dans les plus brefs délais ! Un miracle ! ps mon avatar moi sur le canal St Martin un jour d'hiver 2009, en pensant à ce que pourrait être 15love :)

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206 Responses to Roland garros en famille (ou presque)

  1. MarieJo 28 mai 2010 at 22:32

    Salut ! Belle journée de tennis aujourd’hui, on a encore des choses à raconter :)

    Hasek demain on écrit un autre article live, mais par contre on veut bien la présentation de la journée de dimanche. C’est ok ?

    • DIANA 28 mai 2010 at 22:40

      Bravo Marie-Jo pour ton article : très plaisant à lire, et pour sûr qu’aujourd’hui, vous avez du être servis avec tous ces matches regroupés sur une seule et même journée. Hâte de te lire demain :)

    • Hasek 28 mai 2010 at 22:59

      ok ;)

  2. Sylvie 28 mai 2010 at 23:04

    Moi qui ne suis pas WTA, j’ai pris un grand plaisir à regarder Rezaï contre Petrova. Quelle intensité !A côté Monfils et Fognini jouait à la baballe dans des conditions similaires. Chapeau les filles !

    C’est indécis pour demain Je me demande si Petrova n’a pas laissé passer sa chance mais j’avais dit pareil de Fognini. C’était flagrant la différence entre la Petrova des jeux de retour et la Petrova au service pour conclure. Sa fébrilité l’a empêchée de conclure et Rezaï va servir en premier demain.

    Murray et Verdasco se mangent chacun un 6/0 et gagnent. Murray commence sacrément à enchaîner les matchs à rallonge. S’il va en demie je dirais bravo Monsieur.

    Contente pour papy Ljubi et Stan.

    • MarieJo 28 mai 2010 at 23:16

      As-tu regardé dernièrement la boîte mail avec laquelle tu es inscrite ici ? You’ve got a message.

      • Sylvie 29 mai 2010 at 00:04

        oui, merci ;)

  3. Colin 28 mai 2010 at 23:14

    Super l’article Marie-Jo, tu es nos yeux et nos oreilles, notre envoyée spéciale à nous.

    • MarieJo 28 mai 2010 at 23:16

      J’ai aussi deux acolytes ;)

    • Franck-V 28 mai 2010 at 23:24

      Oui, bravo MarieJo, justement j’allais te demander si tu avais pris des notes en direct pour te souvenir d’autant de faits de match..surtout qu’il y en avait un paquet.

      Moi, j’aurais été opérationnel pour noter le nombre de siestes de ton papa :mrgreen: à la rigueur..

  4. Ulysse 29 mai 2010 at 02:06

    Mâtin quel site !

  5. Antoine 29 mai 2010 at 14:55

    Je l’ai écrit sur l’article de Guillaume mais autant l’écrire ici: je l’ai trouvé tip top ton article !

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