Quelle soirée les amis ! J’en suis ressorti épuisé, et passablement éméché, mais le Board a finalement pris sa décision, la bonne. Ce ne fut pas sans mal et bien que simple secrétaire du Board, sans voix délibérative évidemment, je crois bien y avoir pris ma part. Comme vous le savez, le Board du Club se réunit au moins une fois par an, à la veille de la finale de Wimbledon, et si nécessaire à la veille de celle de l’US Open. Les quatre membres : Bill Tilden, Jack Kramer, Pancho Gonzales et Rod Laver étaient là à 22 heures précises, avec votre serviteur pour assurer le compte rendu et pleins pouvoirs ensuite pour assurer l’exécution de la décision. Je vous raconte tout, enfin, presque tout…
Comme l’année passée, la décision à prendre consistait donc à décider qui de Roger ou du robot serbe remporterait la mise à SW 19 cette après-midi. La réunion de l’année dernière m’avait laissé amer car Tilden, aidé par Gonzales, avait réussi à imposer son véto à l’obtention d’un 8ème titre par Roger, pour un motif futile alors que son véto était surtout motivé par ses intérêts personnels, ce que tout le monde savait. Tilden, qui n’apprécie guère Roger mais n’a plus le pouvoir de l’empêcher de rejoindre le Club une fois que ce dernier aura remisé ses raquettes, la décision d’admission du Suisse ayant été tranchée depuis 2009, ne souhaite surtout pas que ce dernier y débarque avec un palmarès trop fourni, propre à lui faire de l’ombre. En tant que fondateur du Club, il estime naturel d’y jouir d’une certaine prééminence et c’est ainsi d’ailleurs qu’il y a six ans, il avait mis son véto à l’obtention par Roger d’un sixième titre à l’US Open, faisant le bonheur d’un obscur joueur argentin. Les autres s’étaient laissé faire, n’osant pas se mettre en travers de ses volontés. Ils savaient trop bien de quoi Tilden était capable pour préserver son record le plus significatif, demeuré intact. D’ailleurs, depuis cette date, Roger n’a plus remis les pieds en finale de l’US Open et Tilden demeure donc l’unique joueur à avoir remporté six fois le titre, ce qu’il ne manque pas de rappeler à presque chacune des réunions du Board.
La décision de l’année passée avait fortement déplu à Kramer qui, en tant qu’inventeur du « power play » (le jeu axé sur le service volée systématique qu’il mit à l’honneur vers 1943-44 et qui demeura la base du jeu jusqu’en 1974), estimait que Roger en avait fait suffisamment pour réhabiliter le jeu, le vrai, pour mériter de remporter une nouvelle fois The Championships et que c’était une honte (« A Shame ! ») de filer le titre une nouvelle fois à un relanceur-contreur comme le robot serbe alors que celui-ci succédait à un autre, Andy Murray, qui avait bénéficié du fait que le Club avait alors surtout décidé que c’en était assez de frapper systématiquement les joueurs locaux au All England Club et qu’après 77 ans, on pouvait bien donner un successeur à Fred Perry. Le robot serbe qui fit donc, suite à la décision du Board, sa plus médiocre finale, y avait acquis une sorte de créance vis-à-vis du Goat’s Club, ou plutôt de certains membres, de sorte qu’il en avait bénéficié l’année passée, en dépit des souhaits de Kramer et de Laver. Mais ce dernier était vu par les trois autres comme étant trop proche su Suisse – et on ne manquait pas de lui rappeler certaines déclarations imprudentes en sa faveur – pour empêcher Tilden d’imposer sa décision, avec Gonzales qui le soutenait par opposition quasi systématique à tout ce que pouvait souhaiter Kramer avec lequel le contentieux était très loin d’être apuré.
C’est donc dans ce contexte qu’eut lieu la réunion du Board hier soir. J’étais arrivé en avance, étant à peu près sûr d’y retrouver Tilden au bar. Il avait déjà pris deux scotchs, la seule chose que les Écossais produisent convenablement dit-il, et m’invita aussitôt à en faire autant. Quand les autres arrivèrent peu avant 22 heures, il en était à cinq et moi à deux. J’avais eu le temps de lui raconter le déroulement du tournoi, ce dont il se fichait pas mal, mais tiqua quand même quand je lui dis que Djokopope avait fait appel au kiné lors de sa demie pour, semble-t-il, un problème à l’épaule gauche. « Quelle mauviette ! » asséna-t-il. « Il faudrait interdire les toubibs et les kinés et supprimer la pause tous les deux jeux » poursuit-il. Je le laissais dire, ajoutant seulement que Djokodope avait abandonné une dizaine de matchs dans sa carrière. « Disgusting ! » fut sa réplique.
Sur ses entrefaites, la réunion du Board débuta et Gonzales commença les hostilités en disant que Roger avait à présent 4 enfants mais qu’il demeurait l’unique joueur à avoir remporté des titres alors qu’il était, lui, grand père. Sa phrase tomba à plat et Tilden le regarda d’un sale œil, lui qui n’avait pas été trop encombré par les problèmes de paternité, et pour cause… Les deux autres rirent sous cape et je vis avec satisfaction que le front Tilden – Gonzales qui avait forcé la décision l’année passée avait du plomb d’en l’aile.
Kramer, qui s’était concerté avec Laver comme je l’appris plus tard de la bouche de ce dernier, se fit alors l’avocat de Roger et l’on commença à parler tennis. Il présenta les arguments en faveur de Roger de façon convaincante, pointant notamment le fait que Roger, sous la houlette d’Edberg, avait maintenant nettement progressé en volée de coup droit et qu’il servait mieux qu’il ne l’avait jamais fait. Tilden se tourna vers moi et me demanda de donner les statistiques afin de vérifier ses dires. J’optempérais aussitôt et fit remarquer que Roger n’avait perdu qu’une seule fois son service de la quinzaine, qu’il n’avait eu qu’une seule balle de break à défendre contre Murray et que ce dernier n’était parvenu que deux fois à égalité sur le service du Suisse. « C’est bien » dit sobrement Gonzales qui s’estimait être le meilleur serveur jamais vu. Laver approuva, mais Tilden fit aussitôt remarquer que Laver avait eu la mauvaise idée de prendre implicitement position pour Roger avant la réunion du Club, ce qu’interdit les statuts, en déclarant publiquement après les demi-finales qu’ « il ne voyait pas comment Roger pouvait perdre la finale » à venir. En l’espèce, Laver aurait mieux fait de se taire car, alors que je pensais que la décision allait être prise assez vite en faveur de Roger, les hostilités reprirent de plus belle.
Pour enfoncer Laver, Tilden me demanda quels étaient les pronostics des bookmakers, qu’il connaissait puisque je les lui avais donnés au bar. Il avait attaqué sa deuxième bouteille de scotch et devenait de plus en plus agressif. Gonzales et Kramer commençaient également à être bien atteints. J’indiquais alors que les pronostics des bookmakers faisaient du robot serbe le léger favori de la finale avec une probabilité de succès de 53-54%. Ce que je m’abstins de dire était que cette probabilité était nettement plus faible qu’au début du tournoi, ou même avant les demi-finales. Autrement dit, Djokopope, après avoir gagné six matchs, était supposé avoir moins de chances de gagner le tournoi que quand il l’avait débuté, ou qu’avant qu’il ne dispute sa demie, ce qui est tout à fait inhabituel évidemment. C’est était trop pour Kramer qui hurla : « Comment ce type peut-il être favori alors qu’il a failli se faire sortir en 1/8ème et n’est pas foutu de faire un slice ou une volée !?! »
Mais Tilden ne se laissa pas démonter et répliqua que si Roger était si bon, c’est lui qui devait être le favori. Or il ne l’était pas, et cela cachait donc quelque chose, selon lui. Et il exigea un vote immédiat, lequel donna une égalité parfaite : 2-2. Kramer et Laver pour Roger, Tilden et Gonzales pour Djokodope. Le front Tilden – Gonzales avait tenu et il fallait détacher ce dernier de Tilden qui ne se laisserait très probablement pas fléchir, surtout vu son état.
Je fis alors mine de n’avoir pas saisi le sens du vote et demanda, en me tournant respectueusement vers Tilden : « Vous souhaitez que le Serbe remporte un troisième titre, comme McEnroe ? » J’avais touché juste car il ne dit rien et Laver, dont Big Mc était le fils spirituel, et Kramer explosèrent de concert en disant que ce serait une véritable honte. Laver menaça même de démissionner du Club. Gonzales dit alors à Tilden : « Bill, you have to be reasonable for once ». Tilden qui, au fond de lui, n’avait aucune sympathie pour le robot serbe, fit mine de résister et monnaya alors son accord alors qu’il comprenait qu’il allait être lâché par Gonzales s’il persistait. Il finit par proposer que l’on donne le titre à Roger à la condition que celui-ci se voit privé d’un nouveau titre à l’US Open, non seulement cette année, mais pour ce qui restait de sa carrière. Les autres étaient d’accord pour cette année, mais ne voulaient pas se lier les mains pour au-delà. Mais Tilden ne voulait rien entendre et finalement un compromis fût laborieusement atteint : Roger ne gagnerait l’US Open, ni en 2015, ni en 2016. Cela pris près d’une heure au cours de laquelle deux nouvelles bouteilles de scotch furent vidées alors que tout cela n’avait guère d’importance puisque Roger n’avait plus été en finale à New York depuis 2009, mais Tilden se méfiait et ne voulait prendre aucun risque.
A quatre heures, la réunion fut levée et je pris congé. Muni de suffisamment de cash issu du Club, et des pleins pouvoirs du Board, je me dirigeais vers l’hôtel de Djokopope ou, moyennant £ 10 000 pour chacun, un serveur pakistanais et le concierge de l’hôtel acceptèrent de verser le liquide que je leur remis dans le petit déjeuner que le premier était en train de préparer pour le robot et son entourage. Ils en seront quittes pour une bonne gastro cette après-midi….
Avec la satisfaction du travail accompli, je regagnais mon hôtel, me félicitant de n’avoir pas rappelé à Tilden que personne, absolument personne depuis 1877, n’avait encore gagné huit titres à Wimbledon…
Tags: Djokovic, Federer, Fiction, Wimbledon 2015
Stefan Edberg est sur le court avec Roger. 2ème balle de set.
Et perde. Fed a été trop attentiste dans l’echange.
Enfoiré de Jean Marc !
ce qui m’impressionne le plus chez Sonic c’est son calme. contre Anderson même mené deux manches à rien il était d’une sérénité inébranlable.
haha Sonic c’est exctamenet ça : un hérisson hyperactif
Allez Roger. On serre le jeu !
Ahlala le stream qui plante ! Quelqu’un a un lien décent ?
http://livetv.sx/fr/eventinfo/324316_wimbledon/#webplayer_alieztv|34347|324316|306871|108|4|fr
Merci !!
de rien!
Et un ace pour finir … Tie break. Il a les nerfs solides le Serbe, incroyable cette confiance qu’il a lors des moments chauds.
Fait chier …
Je viens de rejoindre l’Internationale des gens qui sont dans un pub pour voir la finale de Wimbledon. (Mais a bonne distance de Paris hein.)
Magnifique texte d’Antoine, un autoportrait en greffier des dieux. Seul Antoine pouvait l’écrire ce texte. C’est ça qui est bon!
Par contre, c’est pas simple pour le moment…
ça pue…
Vous le sentez venir le hold-up… Je vais me pendre!
Doudou, ne dévisse pas comme Gasquet, bon sang !
Bon je sens que je vais devoir me trouver une autre activité pour cet aprem…
C’est plié. Federer n’est plus en confiance. Il contrôle mal la balle dans l’echange sur des coups de Djoko qui ne sont pourtant pas intouchables.
Fais chieeeeeeeeeeeeeeer ! Ce set est capital…
Pas d’accord!
J’aimerais te croire Skvo, mais le menton de Jean Marc est de sorti…
Djokovic dans son interprétation favorite: je joue mon meilleur match de la quinzaine en finale contre Federer. Ça calme.
Ca fait chier oui.
quand il a rendu le break immédiatement j’ai eu un spasme… et là il prend l’eau de tous les côtés.
Tie break complètement raté du côté de Federer. Je ne suis pas très optimiste pour la suite…
Tie break complétement gâché, pas une première, ça me gonfle…
7-1, ah!
Il est complètement paumé, le Doudou. Il a perdu son plan de jeu et sa confiance dans ses frappes. J’ai peur que la seule solution soit une bonne engueulade administrée par Mirka.
bon quand on a vu le récital contre Murray il ne pouvait que redescendre et jouer moins bien, beaucoup moins bien.
il sait que c’est cuit! ça ne sort plus de la raquette comme vendredi. il sent que c’est mort. bordel ça se voit sur son visage en plus.
Hallucinant comme Fed ne sent plus les coups là. Que de fautes et d’hésitations dans son plan de frappe…
Et voilà, incapable de retourner maintenant. Bon je vais arrêter de commenter je crois.
Fed ne joue pas suffisamment bien pour le moment : pas assez de 1ères, trop fébrile dans le jeu…
Fait du bien ce jeu facile…
Allez un bon jeu de service ! On remet la machine en marche et on est plus agressif !
Il pouvait pas sortir des points comme ça sur son service pendant le tie break ? Damn.
Bon, autant en début de match j’étais hyper optimiste avec Fed qui contrôlait le match et faisait le break blanc à 4/2 autant maintenant je suis hyper pessimiste. Cette volée loupée à 4/2 lui coûte finalement très cher. Il sert moins bien et est totalement rentré dans la filière du Serbe qui lui a de plus en plus de confiance. Si on reste sur les bases du tie-break cela va faire 3 sets pour Djoko. Il faut vraiment qu’il se remette à bien servir mais je le vois mal lui prendre 3 sets. Quitte à perdre en finale j’aurais préféré contre n’importe qui que contre Robotix.
Oui c’est çela le problème. Djoko a réussi à le faire rentrer dans sa filière juste après avoir sauvé les 2 balles de 1er set que Fed avait eues.
Il doit ressasser cette bon sang de volée bêtement vendangée juste après avoir breaké Djoko dans le 1er set.
Incompréhensible qu’il ne joue pas long de ligne !
Eh les mecs, depuis quand Wimbledon se joue en un set gagnant?? Ayez un peu la foi bordel, sortez les poupées vaudou, les bâtons d’encens et les chapelets rolex! John, l’invocation majeure à Nyarlathotep, c’est maintenant!
le service de Djoko le gêne davantage que celui de Murray, en seconde balle notamment. beaucoup de ratés
Murray n’a pas de 2nde balle aussi. Ça aide…