L’autre Roland

By  | 7 juin 2023 | Filed under: Actualité

Etcheverry

J’ai attendu la défaite du dernier survivant, Thomas Etcheverry, pour partager une impression personnelle, sur l’autre Roland.

Cette année plus que les autres, j’ai pu suivre Roland, et notamment en journée. Pour l’essentiel, j’ai délaissé les gros courts, par contre je me suis régalé sur les courts annexes. C’est ce que j’appelle l’autre Roland, celui que le grand public ne voit généralement pas à la télé, ne croisant que furtivement ses rescapés lors de la deuxième semaine, et se demandant ce qu’ils font là car n’ayant jamais entendu parler d’eux auparavant. Les héros cette année furent Varillas, Jarry, Etcheverry, Nishioka, sans oublier leur héros à tous, Ofner, dont l’aventure avait commencé en qualifications. Dans l’ombre de ces cinq noms, j’ai aussi retenu Arnaldi, Kubler, Griekspoor, Olivieri, Vavassori, Giron, Zhizhen, Cachin ou encore Purcell. Et évidemment Daniel Altmaier, dont le match contre Sinner a d’ores et déjà rendu cette édition inoubliable.

Les caméras des courts annexes étant plus basses que celles des grands courts de Roland, on y distingue beaucoup mieux le travail des joueurs sur les effets et les hauteurs des balles, et on prend mieux la mesure de la vitesse à laquelle ça joue. Ce qui permet d’avoir une vision plus globale des affinités (ou pas) des joueurs avec le tennis sur terre battue. La glissade, le sens de la trajectoire, le timing pour distiller une amortie ou au contraire un parpaing depuis les bâches, tout cela, lorsque c’est bien maîtrisé, s’apparente à un ballet où le joueur fait corps avec le terrain. Jouer sur terre battue relève de l’intuition. C’est sublime à voir quand ça se produit… mais ça ne se produit pas toujours, évidemment. Dans le zapping auquel je me suis prêté, il n’était pas bien difficile de distinguer ceux qui faisaient corps avec le terrain de ceux qui faisaient… de leur mieux.

Or, tous les Français que j’ai vus appartiennent à la deuxième catégorie. Tous. Ce sera sans doute un raccourci un peu rapide, car je ne les ai pas tous vus jouer. Mais puisque chacun y va de son petit commentaire sur la débâcle du tennis français sur ses terres et s’interroge sur ce qu’il faudrait faire, je voudrais savoir comment il est possible que les Néerlandais, les Italiens, les Allemands et les Tchèques aient montré lors de cette édition une véritable affinité avec la terre battue, et pas les Français.

Il ne s’agit pas seulement de constater que les joueurs Français évoluent essentiellement sur dur ou sur surface rapide pendant leur jeunesse. Il s’agit aussi de dresser un constat implacable : le top 100 d’aujourd’hui est très majoritairement composé d’Européens, et à l’exception des Français et des Britanniques, tous sont à l’aise avec la terre battue, ils ont constitué l’ossature de l’autre Roland que je décrivais. Et comme on n’est plus un top 100 aujourd’hui en évoluant sur une seule surface, mon hypothèse sera la suivante : les meilleurs joueurs du monde d’aujourd’hui ont grandi tennistiquement sur terre battue, et ils n’ont pas de difficulté particulière à switcher de surface pour se sentir à l’aise sur des terrains plus rapides où il s’agit de courir et non plus de glisser. La réciproque n’est pas vraie : grandir sur dur vous crée un handicap sur terre, sans pour autant vous donner un avantage sur dur.

Il semble que toutes les régions françaises soient frappées par le lent déclin des terrains en terre battue. Non entretenus, ils deviennent de toute façon injouables. D’après les retours que j’en ai, les terres battues synthétiques ne sont pas de véritables terres battues ; en misant sur des fausses terres battues, on aura de faux résultats à la fin. Les clubs répondront en cœur, non sans raison, que l’entretien des équipements sportifs relève généralement des municipalités. Et donc des politiques publiques.

Mme la Ministre, j’ignore le détail de votre feuille de route, j’ignore même si vous en avez une, mais je vous suggère de vous pencher sur cette question. En ne perdant pas de vue que les terrains en terre battue, c’est comme les hôpitaux : c’est super de doter Toulouse, Clermont-Ferrand et Montpellier de clubs luxuriants sur terre battue, mais un enfant doué pour le tennis habitant Séverac-le-Château ne parcourra pas toutes les semaines la distance nécessaire pour aller s’entrainer sur terre battue. D’autant que, pour prolonger le propos du délicieux Giudicelli, en enfermant tous les meilleurs espoirs du tennis français dans des cellules dont les fenêtres donnent sur le périphérique parisien, on est certain d’en perdre quelques-uns en route…

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Grand passionné de tennis depuis 30 ans.

195 Responses to L’autre Roland

  1. Rubens 7 juin 2023 at 23:40

    Ah là là, les tauliers, c’est trop d’honneur…

    • Sam 8 juin 2023 at 09:24

      Fais gaffe, ils vont t’avoir par la flatterie, après tu peux plus t’en sortir…M’ont fait le coup en 2014…

    • Guillaume 8 juin 2023 at 11:31

      Ah ah c’est pas moi, m’sieur, juré craché ! Une pièce sur Colinou… qui a eu bien raison, ç’aurait été dommage de passer à côté de ça.

  2. Jo 8 juin 2023 at 09:07

    OK Midjourney : photo Carlos Alcaraz coupe Roland-Garros.

  3. Perse 8 juin 2023 at 16:19

    Oui la première semaine sur les courts annexes est vraiment génial, et à l’époque où le circuit n’était pas phagocyté par 3 joueurs, on pouvait s’asseoir à côté des staffs de joueurs prestigieux sans difficulté voir même des joueurs dans le public (en 2010, je me suis retrouvé assis à côté de Wozniacki et de son papa qui supervisaient sa future adversaire par exemple).

    C’est vrai que l’industrie du tennis s’appuie énormément sur les infrastructures espagnoles, Altmaier au son de ses vociférations avait l’air bien acculturé à la langue de Cervantès par exemple.

    Caroline Garcia a connu un regain de résultat depuis qu’elle s’est affiliée à l’académie de Nadal, De Minaur, Ruud etc sont tous plus ou moins basés en Espagne.

    —————

    Demi-dames : Le Sabalenka-Muchova est serré pour le moment, Sabalenka développe toujours une puissance hors-norme mais ça ne fait pas encore suffisamment la différence.

    Muchova est présentée comme une tricoteuse, 1,80m quand même qui sert tout de même très bien.

    ———–

    J’ai regardé la finale du double mixte, c’est toujours sympa le double mais on la différence de qualité individuelle par rapport aux joueurs de simple était palpable (smash raté, qualité de déplacement inférieure), comme souvent l’équipe avec la meilleure joueuse l’a emporté et si Andreescu n’est plus aussi forte qu’en 2019, elle a une vraie main.

  4. Nathan 8 juin 2023 at 18:30

    Très beau match de Muchova, avec un tennis très complet, varié, inspiré, et une très bonne attitude aussi. Voilà de quoi se réconcilier avec le tennis féminin qui, au temps jadis, était si enthousiasmant.

  5. Rubens 8 juin 2023 at 18:40

    Yep. Très beau match.

  6. Jo 8 juin 2023 at 18:54

    Il ressort de ce craquage (demi-)final qu’il vaut mieux saisir les occasions quand elles se présentent, surtout quand on est une pétroleuse parpineuse sans plan B. Oui, Caro, oui, Domina, vous avez bien fait de faire péter le Masters / le Grand Chelem. Parce qu’on ne sait jamais (Brico 3000).

  7. Perse 8 juin 2023 at 19:52

    L’accent de Mary Pierce est charmant mais fait un calembours grivois sur le mot « gauchère ».

    • Jo 8 juin 2023 at 20:05

      Si elle s’escrime à mélanger masculin et féminin, elle va se faire dépasser par Djokovic quand ce dernier validera son DELF B1.

      • Perse 8 juin 2023 at 20:41

        Ma grand-mère néerlandaise établie en France depuis 60 ans parle moins bien que Mary Pierce qui est billingue langue étrangère (son accent étranger et ses fautes d’articles sont ses erreurs mais elle ne fait pas de calques, de barbarisme ou d’anglicisme, sans chercher ses mots et sans limitations).

        Mais il faut bien reconnaître à Djoko une vraie capacité à s’exprimer en langue étrangère en plus d’imitation (il paraît que les langues slaves sont plus riches en phonèmes que les nôtres, ça aide pour l’accent).

        • Jo 8 juin 2023 at 21:02

          Ta grand-mère n’a pas trop d’oreille (d’un point de vue linguistique, s’entend, je n’ai pas dit que mamie était sourde).

        • Bapt 8 juin 2023 at 21:35

          J’ai l’impression que Mary Pierce s’est beaucoup améliorée par rapport à une époque en fait.

        • Perse 8 juin 2023 at 21:39

          Oui elle est malentendante mais pas dans le déni et toujours à la pointe de la technologie des aides auditives.
          Mais en effet, à 90 ans c’est compliqué sans appareil.

          C’est vrai que j’avais le souvenir de Pierce nettement moins fluide. Peut-être que s’établir à l’île Maurice l’a rapproché de la langue française par rapport à la Floride.

          • Jo 9 juin 2023 at 07:52

            Je donnerais cher pour entendre Mèwy « casser la blague » en créole.

  8. Jo 9 juin 2023 at 07:59

    Comme il n’y a pas beaucoup de tennis à la télé en ce moment, j’ai vu pour vous 5e set, le film de Quentin Raynaud. C’est un ovni cinématographique intéressant, intrigant, quelque chose entre Black Swan et Rocky Balboa, en version française, cela va de soi. Très subjectivement, j’y ai aussi retrouvé de l’Almodovar dans la façon de filmer avec une précision millimétrée les gestes du labeur (point de travelos à l’horizon) et, parfois, du Steve McQueen dans l’excellent Shame pour des teintes et ambiances blafardes. Le casting principal est de qualité avec un Alex Lutz aux faux airs de vieux Davidovich et une Ana Girardot à l’exquise féminité. Le réalisateur a pratiqué le tennis à un haut niveau et son empathie avec le joueur qui n’est (plus) rien transpire. Les trucages et astuces de la caméra donnent beaucoup de crédibilité aux extraits de matches. L’intrigue, qui reste en surface (ocre), aurait gagné à être fouillée. Peut-être un format de mini-série eût-il donné plus de densité à l’ensemble. Sans spoil aucun, le dernier plan est inattendu et magnifique.

    • Colin 9 juin 2023 at 08:58

      Oui Jo cette allusion au film « Cinquième Set » est parfaitement adaptée dans un article intitulé « L’Autre Roland », puisque c’est exactement ça que le film raconte, ou, plus exactement, tout ce qui est en amont (l’attente angoissée d’une wild card, les trois tours de qualif, et même (ALERTE SPOILER)……




      le 1er tour du grand tableau.
      « Alex Lutz aux faux airs de vieux Davidovich », c’est bien vu (c’est probablement involontaire).
      A noter que le jeune acteur qui jouait son adversaire au 1er tour est un « vrai » joueur, il s’appelle Jurgen Briand il s’est fait connaître tennistiquement en octobre 2022 à l’open de Vendée:
      « Le Français de 23 ans, 487e au classement ATP, a signé le plus bel exploit de sa jeune carrière en s’offrant une légende du tennis tricolore, Richard Gasquet (6-2, 7-5). C’est sa première victoire dans la catégorie Challenger, un moment dont il se souviendra toute sa vie. »
      A part ça, un film agréable mais un peu mollasson. Ce qui m’a fait marrer par contre, ce sont les discussions lors des repas de famille, on dirait que les dialoguistes du film sont venus faire des copiés/collés dans nos échanges sur 15-lovetennis (« Si Djokovic jouait avec une raquette en bois comme Borg, il ne mettrait pas une balle dans le court »)

    • Guillaume 9 juin 2023 at 10:15

      Moi j’en ai gardé une impression mitigée. Le gros « + » est que le film s’intéresse, et aime, le tennis, contrairement aux Borg/McEnroe, Battle of the sexes et autres King Richard, où il n’est finalement qu’une toile de fond pour glorifier des destins exceptionnels – le film serait le même si les protagonistes étaient artistes, politiques ou décroissants repartis élever des chèvres sur le Larzac. Cinquième set respire la passion du tennis. Le réal a été ultra-pointilleux sur les éléments de détail, c’est bourré d’easter eggs pour les mordus de balle jaune, il est généreux et veut mettre plein de choses dans la vision naturaliste de ce sport (le grand blessé qui a vu sa carrière lui glisser entre les doigts, la référence au circuit Future et les galères de composition de calendrier pour un ‘etc’ du classement, la conjointe laissée-pour-compte-alors-qu’elle-aussi-jouait-pourtant-très-bien, la mère et ses doutes toujours là 20 ans plus tard, le pote/coach et sa vie perso en miettes…)… Mais justement, à force de charger la barque je trouve que ça vire au misérabilisme et recourt trop aux violons. Y’a là-dedans la finesse d’un téléfilm de M6 à force d’empiler les tartines d’émotions et de symbolisme.
      Le jeu en lui-même n’est pas si mal filmé mais échoue comme tant d’autres sur la narration du match (les écrans noirs avec l’évolution du score, boarf… ah, et dans le monde de Quentin Reynaud on sert un peu trop d’aces pour du tennis sur terre battue, aussi :lol: ). Lutz enfin surjoue le renfrogné malmené par la vie MAIS réussit in extremis quelque chose d’intéressant en rendant son personnage antipathique à force d’égocentrisme. Je ne sais pas si c’était voulu, mais dévoiler au fur et à mesure un égoïste pareil touche à la vérité du tennisman pro et apporte un réel plus réflexif au film. c’est d’autant plus inattendu d’ailleurs que tout le gotha du tennis français a participé à l’entreprise (FFT, BNP, caméos ou incrustations de PHM, Dip, Guitou) et que par conséquent tu ne t’attends pas forcément à ce que le film vienne ainsi égratigner la noble figure du tennisman !

    • Rubens 9 juin 2023 at 11:20

      Pas vu ce film, mais vous m’intriguez. J’essaierai de le toper un de ces jours. Je vais vraiment commencer à faire gaffe, par contre, à ce que je raconte ici. Non seulement un post d’humeur peut se retrouver comme article à la une :smile: , mais en plus les échanges de 15-Love peuvent servir de base pour les dialoguistes des films. Vous allez finir par me faire flipper :smile:

      Sur l’égocentrisme du tennisman, je ne peux que plussoyer. Tout, dans son métier, est incompatible avec une vie de famille « normale » et le conduit précisément à ne pas en avoir. Il semble d’ailleurs que les choses aient évolué depuis 20 ans. Si j’en crois les différents podcasts tennis qui ont fleuri depuis le premier confinement, il semble que les tournois proposent désormais aux joueurs des solutions pour garder leurs enfants, ce qui facilite la venue des conjoints et enfants. Tout ça n’existait pas il y a 20 ans. Je crois que c’est Llodra qui en parle, il a passé ses premières années de jeune papa à délaisser femme et enfants, avant de progressivement pouvoir s’organiser pour qu’ils puissent le suivre à l’occasion.

  9. Rubens 9 juin 2023 at 12:15

    Un petit mot d’ambiance sur le tournoi féminin. J’ai bien aimé les jeux de Jabeur et de Muchova qui tranchent avec ce qu’on a l’habitude de voir. La Tchèque sera évidemment ma favorite de cœur demain, même si je n’y crois guère.

    Mais sur le plan humain, mon coup de cœur ira à Aryna Sabalenka. Je l’ai trouvée exemplaire du début à la fin.

    Comme j’ai eu l’occasion de le préciser, je plaide pour une séparation totale du sport et de la politique. Je n’ai pas creusé les accointances de la joueuse avec le bourreau Loukachenko. Je rappelle simplement que naître et grandir en Russie est un terreau favorable pour avoir de son pays une image légèrement différente de celles véhiculées par Rocky et James Bond. Marat Safin hier, Daniil Medvedev aujourd’hui, nous rappellent cette évidence à chacune de leurs conférences de presse, et ils n’ont pas besoin pour cela d’aborder des sujets politiques.

    Je me suis gratté la tête au moment de la sortie de Naomi Osaka il y a 2 ans, car les médias ne me donnaient pas l’impression de lui mettre de pression particulière à propos des causes qu’elle défend, c’est elle qui multipliait les signaux de mal-être et la suite l’a amplement confirmé.

    Rien de tel lors de cet opus 2023.

    La poignée de mains à la fin du match a pour vocation, entre autres, de bien faire comprendre à tout le monde que le combat dont il est question sur le terrain de tennis est un combat pacifique, celui ou celle qui s’y soustrait se met en faute. Mais je peux comprendre, sans l’approuver, la réaction émotionnelle des joueuses ukrainiennes dont les familles sont menacées de mort par l’armée russe.

    J’ai par contre la nette impression que les journalistes ont mis sur Sabalenka une pression excessive lors du tournoi. J’ignore à quel point elle en a été perturbée, peut-être qu’elle-même l’ignore, mais la séparation des pouvoirs pour laquelle je plaide permettrait à chacune et chacun de faire son boulot sans avoir à affronter un délit de nationalité. Ça devrait s’appliquer aux joueurs, mais ça devrait s’appliquer aussi aux journalistes, chacun devant bien prendre conscience qu’il ou elle n’a aucune prise sur le déroulement de cette guerre.

    Sabalenka aurait aujourd’hui bien plus d’arguments qu’Osaka pour parler des conférences de presse qui mettent en danger la santé mentale des joueuses. Elle ne l’a pas fait, et elle n’a pas non plus justifié sa défaite hier par l’environnement, disons hostile, dont elle a été entourée pendant la quinzaine. Chapeau à elle. Franchement. Mesdames et messieurs les journalistes, réfléchissez bien à ce que vous faites, vous ne rencontrerez pas toujours la bienveillance dont elle a fait preuve.

    Place au sommet des dieux. Carlitos, tu as mon ruban sur ta raquette. Et n’oublie pas : à la fin du match, sur la caméra, « Vive le Kosovo libre » :mrgreen:

  10. Jo 9 juin 2023 at 13:53

    Nadalcaraz à Madrid l’an dernier, c’était le remake western de Sampras-Federer, dans un écrin crasseux, maculé. L’aspirant plein de promesses prenait le dessus sur le vieux guerrier avant son baroud d’honneur. Alcovic en 2023, c’est en quelque sorte la version grand format, mais sur la surface où Nole est (un tout petit peu) plus faible. Aussi le Sampras de 2001 (2002) peut-il venir à bout du Federer de 2003 (2004) ?

    • Perse 9 juin 2023 at 16:34

      A ta dernière question c’est évidemment non. Mais je peux te renvoyer au Grand Récit de Laurent Vergne sur l’US Open 2002 : Sampras lors de cette édition a montré que l’orgueil de l’hyper-champion tordait la réalité, et Corretja l’explique très bien dans cet article « Il s’est avéré que nous ne le connaissions pas et il nous a bien claqué nos claques-merdes ».
      Donc in fine, peut-être parce qu’un Sampras, un Fed, un Nadal, un Djoko voir dans une moindre mesure un Murray, qui ont la grâce du champion au contraire d’un Berdych, d’un Zverev ou d’un Sinner pourrait le faire.

      • Jo 9 juin 2023 at 17:18

        Je pense effectivement que nous pouvons exclure de cette liste ce sympatoche joueur de Challenger qu’est Murray.

  11. Rubens 9 juin 2023 at 18:31

    Permettez-moi de m’éclipser. Je sais bien que quitter la salle avant la fin de la séance n’est pas très poli, mais je connais la fin et je n’ai pas envie de la voir.

    Ah si… Perse, tu voulais parler des montagnes basques ?

    • Colin 9 juin 2023 at 18:37

      …et le rideau sur l’écran est tombé…

    • Rubens 9 juin 2023 at 18:45

      Figure-toi que je connais assez bien le coin, je l’ai régulièrement arpenté depuis une vingtaine d’années. Je projetais une traversée des Pyrénées d’ouest en est, mais les conditions météo, disons variables, du Pays basque m’ont convaincu de raccourcir un peu la traversée et de ne la commencer qu’à Sainte-Engrâce, le dernier village avant de passer côté Béarn. C’est ainsi qu’à l’été 2006, après une nuit dans le train (la nuit d’un coup de boule célèbre), j’ai enfilé mes chausses pour un périple à pied qui allait me conduire au Canigou cinq semaines plus tard. Un immense moment dans ma vie.

      Du coup, le Pays basque, je ne l’ai pas traversé. Je vois bien le Béhorléguy, mais je n’y suis pas monté. Mais je suis monté à la Rhune, à la grotte d’Harpéa et à l’Errozaté, aux canyons d’Holzarté et d’Ehujarre. Et aussi un sommet au-dessus des Aldudes, dont j’ai oublié le nom. Magnifique région en tout cas.

      • Rubens 9 juin 2023 at 18:52

        Pas Ehujarre pardon, Kakueta.

      • Perse 10 juin 2023 at 18:50

        Je me doute bien que c’est mémorable de faire ce genre de chose.
        J’adore les Aldudes et le Pays Quint, d’un isolement splendide, je me ressource comme rarement quand j’enjambe le vélo et me confrontes aux redoutables dénivelés du coin, ou quand je me pose dans le bureau de la maison avec la vue sur le Muhunoa et un bouquin dans ce siège profond.

  12. Jo 9 juin 2023 at 18:37

    Et à la fin… ce sont les jeunes qui craquent, Carlitos après Sascha ; Sascha à qui je donne une petite chance dimanche contre Djoko s’il s’en sort contre Casper.

  13. Jo 9 juin 2023 at 18:41

    Ah, au fait, peuple de Fed, en cas de 23e Grand Chelem, l’exploit se couplera au triplé minimum dans chacun des quatre.

    • Colin 9 juin 2023 at 18:51

      Et vu qu’il ne lui manquera plus que l’or olympique, il va continuer à nous faire ch… jusqu’à Août 2024.
      Au moins.
      Sigh…

  14. Nathan 9 juin 2023 at 22:02

    Djoko vs Casper. Tout ça pour ça…

    • Jo 10 juin 2023 at 07:00

      Djokasper, it looks like a fucking joke. « Tout ça pour ça. » Luchini, protagoniste du film, louerait ta formule lapidaire. Le génie de l’écrivain traduit, retranscrit ce que le quidam (p)ressentait confusément. Tout ça pour ça…

  15. Jo 10 juin 2023 at 10:37

    Pour rester dans le récit tennistico-romantico-cinématographique, la plus belle victoire est à mettre à l’actif de Fanou qui a pécho Paula Badosa.

    • Perse 10 juin 2023 at 22:43

      C’est vrai que Paula Badosa vérifie l’adage « les chats ne font pas des chats » : les deux parents étant des mannequins qui se font rencontrés à New York, et il faut bien reconnaître que Paula remplissait les canons si elle avait opté pour cette carrière (elle a les traits indéniablement très fin).

      A mettre en perspective avec Kaia Gerber, la fille de Cindy Crawford et de son mannequin de mari qui donne un résultat « décevant », de Lily-Rose Depp dont le vent médiatique me paraît tout de même népotique.

      • Jo 11 juin 2023 at 06:58

        Je dirais même plus, les chiens ne font pas des chiens.

        • Perse 11 juin 2023 at 10:50

          Je fais des coquilles trop souvent ;)

  16. Colin 10 juin 2023 at 11:55

    Bon on va faire comme si ce qui s’est passé hier ne nous avait pas affecté du tout, et, avec le plus grand détachement, on va remarquer avec surprise que cette année encore, pour la troisième fois de suite (et même la 4ème de suite en prenant en compte l’année tronquée 2020), le vainqueur de Roland Garros n’aura remporté AUCUN des 4 principaux tournois sur terre battue pré-Roland (Monte Carlo, Barcelone, Madrid et Rome).
    Bon, OK, Ruud s’est imposé au 250 d’Estoril. Ce simple fait suffit à ne pas le poser comme favori pour demain. Et par conséquent, s’il s’incline comme c’est prévisible (sa devise semblant être « fort avec les faibles, faible avec les forts »), alors on pourra carrément noter que le vainqueur de Roland, pour la 4ème année consécutive, n’aura gagné AUCUN tournoi sur terre battue pré-Roland.
    Pour le coup, Roland est bien « l’autre » par rapport au reste des tournois sur TB.
    Le fait que les 4 derniers vainqueurs s’appelleraient alors Nadal (2020 et 2022) et Djokovic (2021 et 2023) n’étant pas un hasard évidemment : ce n’est que la confirmation d’une tendance lourde observée depuis 3 ou 4 ans, à savoir que les deux derniers Cyborgs se concentrent désormais presque exclusivement sur les tournois du Grand Chelem (à l’exception de l’US Open, étrangement).

    • Jo 10 juin 2023 at 14:37

      C’est un éclairage intéressant. Examinons un peu plus en détail ces éléments. Comme tu l’as rappelé, la saison terrienne 2020, peu significative, a été réduite à la portion congrue. Quant à 2021, Djokovic est finaliste à Rome (donc « vainqueur derrière Rafa ») puis gagne Belgrade. La montée en puissance était palpable. Mea culpa pour 2023, je me suis complètement planté. Au vu de sa campagne printanière vraiment médiocre, j’estimais que Nole n’avait pas suffisamment joué, encore moins gagné, au point qu’il aurait dû déclarer forfait pour Roland (!) et tout miser sur Wimby. Après quoi, je pensais qu’Alex Lutz pourrait le surprendre au troisième tour s’il déjouait, puis qu’il magouillerait jusqu’en demi mais que Carlitos, rey emperador serait un obstacle infranchissable… Las. Non content d’être mythifié par ses adversaires les plus coriaces, Gourou Novak mystifie la terre entière.

  17. Nathan 10 juin 2023 at 17:36

    Et si la femme était l’avenir… du tennis ? (à Roland)

    • Jo 10 juin 2023 at 18:01

      (« Ça sent la double, ça sent la double… »)

    • Colin 10 juin 2023 at 18:46

      L’avantage des tournois féminins, c’est définitivement qu’on y trouve nul cyborg. Et Swiatek a montré aujourd’hui qu’elle n’était pas invincible.

    • Nathan 10 juin 2023 at 21:38

      Rublev qui fait du Rublev (paf/paf/boum/boum, un jour oui, un jour non) Sinner qui fait du Sinner sans victoire probante, Tsitsi qui fait du déni de réalité, Zverev qui fait ce qui peut, qui fait de son mieux mais qui n’est pas un boeuf, un n°1 au niveau de jeu souvent stratosphérique qui nous fait une Coria version Roland 2004 (dit autrement et plus brutalement, qui nous fait une « conversion hystérique » de toute beauté laissant entrevoir un avenir moins radieux qu’on ne l’espérait), un Ruud qui progresse, qui progresse, qui progresse, et qui nous emmerde toujours autant, un enfin surprenant tennis féminin qui termine par une double à la Mauresmo… Rogé, pourquoi nous as-tu abandonnés ?

      • Jo 11 juin 2023 at 07:35

        I had a dream. Au début de l’année, je tirais des plans sur la comète. Je songeais à Féfé, solide Top 10 dans une phase ascendante après un Roland-Garros prometteur et une fin de saison brillante. J’espérais qu’il fît une brillante campagne sur terre battue, remportât un Masters 1000 (Madrid ou Rome, au choix) et abordât le French dans le Top 5. Il aurait mis une branlée à Geoffrey Blancaneaux au premier tour (sourire narquois) et, enfin, reçu la coupe des mains de Noah dans un élan de fraternitude métisse, généreuse et francophone. Requiem for a dream.

      • Kaelin 11 juin 2023 at 08:07

        Ahah Casper le gentil tennisman, ça c’est bien vrai qu’il est un peu chiant bien que solide et surement très sympa.

        Egalement assez d’accord avec toi sur le reste, Tsitsi à la ramasse et qui n’assume pas ses faiblesses (le coup des pilules de mélatonine pour mieux dormir et de la sieste, il fallait quand meme la sortir ahah … Ceci dit son allusion à Alcaraz « Speedy Gonzalez » m’a fait marrer aussi et je me suis demandé si ca n’était pas un sous-entendu de joueur dopé …Carlos pourrait avoir le profil (performances athlétiques, explosion au plus haut niveau très jeune, jeu nécessitant un corps au top, déjà une multitude de blessures à déplorer etc malheureusement) malgré tout son talent indéniable).
        Bon apres le fait qu’il crampe apres 2 sets vs Djoko contredit peut etre un peu l’hypotheses, sauf s’il est avéré que c’est des crampes de stress.

        J’ai bien aimé le run de Rublev à MC mais c’est RG en 5 sets sur terre c ‘est un peu trop pour lui vu son jeu et sa finesse tactique.

        Sinner me plait beaucoup comme joueur mais oui c’est dur pour lui d’aller + loin en GC. Pb mental en partie peut-etre ? Pourtant je le trouve 95% du temps excellent sur ce plan. A moins que ca soit un peu comme Rublev, le manque de plan B … C’est là ou Carlos les décoiffe tout car lui pendant un match sait tout faire et fait tout en effet.

        Féfé et Shapo oui c’est un peu Tsonga / Gasquet, pas sur que ca ira plus loin.

        Je retiendrai toutefois de ce Roland :

        - l’incroyable tournoi de Musetti, magnifique joueur, quelle classe.
        Egalement Fabio la Foudre, j’ai adoré! On en fait des caisses sur Paire qui a presque gagné un match en 5 sets au 1er tour en faisant 80 winners et 130 ue (he’s back!!!!) alors qu’à coté des vétérans au jeu reellement excitant gagnent et perfent reellement et on en parle moins…triste monde!

        - le beau tournoi féminin également

        - cette incroyable disqualification d’une joueuse chinoise qui a tapoté une ramasseuse de balles qui s’est mis à chouiner d’un coup sans raisons ah ah … et la mauvaise foi de leurs 2 adversaires qui ont grandement participé à cela en demandant à l’arbitre d’intervenir pour stopper le match alors que c’etait en voie de ne pas aller trop loin. Un coup à la Rune!

        - les Francais qui sont décidément au fond du trou mais au final, on s’en fout un peu non ? Tant que le tennis vit.

        - Rune qui est décidément un petit con mais ça on le savait deja

        - Le super tournoi de Etcheverry. Belle histoire, surtout vis à vis de sa soeur décédée il y a peu de maladie.

        - Pas trop vu Ofner et Almaier mais ce dernier par son revers à une main m’a bluffé dans les HL. Incroyable ! Wild bien sur aussi. pour son faux air avec Rogé aussi ah ah

        -Le tournoi de Sonego et Khachanov egalement! Sonego c ‘est un OVNI : une tete brulee criarde qui balance des coups splendides un coup sur 2! Viva italia!

        Le tournoi de Zverev aussi bien sur … j’aime bien le joueur. Le personnage beaucoup moins mais bon, je différencie les 2.

        Nan c’etait plutot un bon RG et contrairement à beaucoup ici je ne serai pas contre une victoire de Nole eh eh. Depuis que Rafa est passé devant Rogé en GS, je vois pas pourquoi Nole serait + emmerdant que Rafa finalement … pas taper pas taper !

        Beaucoup d’amis connaisseurs du tennis ici (sphere expat tennis francophone de Phnom Penh) me disent toutefois que si Djoko est bien sur favori pour le titre, on aurait tort de croire que Ruud va se prendre la branlée attendue.

        • Nathan 11 juin 2023 at 09:06

          Tu as raison, ne versons pas dans le pessimisme qui est une facilité de l’esprit.

          Mais la finale se fera sans moi. Déjà que je me suis tapé à Madrid le Ruud-Rublev (pitoyable match de Rublev) puis le Ruud-Jarry sur le Chatrier, voir jouer Ruud contre le cyclo-tennis man et son clan de sales types fanatisés est trop pour moi.

          Il joue très bien Ruud, on ne peut pas dire le contraire.

          Attitude exemplaire. Modeste. Le mec bien. Gendre parfait. Pourtant t’as pas envie de passer les vacances avec lui parce que tu sais que tu veux vivre et t’amuser.

          Quand il faut faire un beau coup droit, il fait un bon coup droit. Quand il faut faire un bon service, il fait un bon service. Quand il faut faire une bonne amortie, il fait une bonne amortie. Quand il faut monter au filet, il fait la volée qu’il faut, etc….

          Pourtant, il perdra contre l’autre (qui se prend pour l’Autre) qui risque pas, lui, de faire une crampe hystérique vu tout le poivre de Kampot (et de la Plantation s’il vous plaît !) qu’il se prend avec ses steaks.

          Au fait les épices, ça se vend toujours bien à Phnom-Penh ?

          • Jo 11 juin 2023 at 12:09

            Casper, c’est le Julien Benneteau des grandes finales qui, malheureusement, maladivement, malgré tous ses mérites, ne sert à rien.

        • Nathan 11 juin 2023 at 09:16

          Ce qui me rend vénère, c’est qu’après l’exaltant Ruud-Jarry (« étonne-moi, Ruud, étonne-moi… ! »), je suis allé voir deux jeunes français sur les courts annexes. C’est clair, va falloir attendre encore un petit moment !

        • Babolat 12 juin 2023 at 15:39

          @Kaelin… c’est une japonaise Miyu kato et non une chinoise. En ces temps troubles, tu veux en plus déclencher un incident diplomatique entre l’empire du milieu et le pays du soleil levant ? ^^

  18. Jo 11 juin 2023 at 16:02

    Le GOAT me paraît bien engoncé, empesé.

  19. Jo 11 juin 2023 at 18:26

    23, vlà le -ic.

  20. Perse 11 juin 2023 at 18:35

    Ce fut force l’admiration est qu’il n’y a pas le moindre signe d’érosion physique chez lui par rapport à Federer et Nadal.

    On n’a pas l’impression qu’il a réalisé des miracles comme les derniers GC de ses compères. En matière de tennis, il a compris des choses qui manifestement hors de notre portée mais son manque de popularité par rapport à ses confrères confirme bien que le sport est affaire d’émotion plutôt que de chiffres.

    Félicitations à lui évidemment mais b*****, qu’il s’occupe de répandre amour, bienveillance et dialogue dans les Balkans au profit de son peuple et qu’il range ses raquettes parce qu’il n’y a rien à faire : le regarder jouer m’ennuie.

    • Sebastien 11 juin 2023 at 23:41

      « Ce fut force l’admiration est qu’il n’y a pas le moindre signe d’érosion physique chez lui par rapport à Federer et Nadal. »

      ==> je sais bien qu’Amazon nous passait sans arrêt la chanson de Noël mais tu y crois vraiment, Perse ?

      On dirait que plus c’est gros plus tout le monde s’émerveille.
      Perso, rien de ce qu’a fait ce joueur depuis début 2011 ne me paraît logique.

      • Perse 12 juin 2023 at 00:00

        Tout à fait je suis dégoûté mais visuellement parlant, il faut bien le reconnaître, il semble avoir nettement plus de potentiel physique qu’avait les 2 autres monstres dont les derniers titres du GC avait des airs samprassiens 2002 (« je suis le plus grand et vous pouvez avaler vos chapeau par la force de ma volonté »).

        Là, la domination objective du serbe est à gerber mais elle est exhaustive, il n’y a rien de mystique dans sa victoire à mon grand dam.

    • Guillaume 12 juin 2023 at 09:17

      Mais je pense que lui aussi est à la limite plus souvent qu’à son tour. Mais il est le plus fort au poker menteur. Et comme Fed et Rafa précédemment, il gagne la plupart de ses matchs dans le vestiaire, avant même de rentrer sur le terrain. Les mecs en face n’y croient pas. Ils sont dans l’allégeance permanente (« c’est le plus fort, le GOAT et il porte mieux le slip que n’importe qui ») et ce n’est pas avec cet état d’esprit là que tu réussis des révolutions. Fokina avait tout pour le battre au 3e tour, il doit tourner à 6/4 6/4 les deux premiers sets. Il avait tout, sauf les idées claires (« mon dieu, je mène au score en lui martyrisant le coup droit, vite jouons son revers pour le relancer »). Khachanov avait pris le truc par le bon bout, et puis il a suffi d’une faute sur le premier point du tiebreak pour que tu sentes qu’il sortait des rails. Sa tête à ce moment-là… Le mec porte tout le fatalisme russe sur les épaules :lol: Et il ne marque plus un point.

      Même Carlitos… Bon contrairement aux autres, lui il y croyait, et il est entré sur le terrain pour gagner. Mais il a conféré trop d’importance à ce match.Il voulait trop bien faire, en mode « je passe l’examen du boss final ». C’est même incompréhensible qu’ils se soient mis (j’englobe le staff, plus fautif encore car plus expérimenté de ce genre de contextes) autant de pression sur ce match. Alors que b.a-ba quand tu joues Fedalovic, « aucune pression, yé né soui pas lé favori, c’est lui qui joue pour l’Histoire et moi je vais faire mon truc dans mon coin ». Là on a eu l’impression qu’aux yeux de la terre entière, et de Carlos en particulier, c’était l’Espagnol qui était le favori du match. N’empêche que sans ces crampes de stress, et pour revenir sur la dimension physique, il était bel et bien en train de prendre le dessus. Djoko aussi est à la limite de la rupture à la fin du deuxième. Gilles Simon, qui avait du temps à tuer et prépare doucement sa reconversion médiatique, en a pas mal parlé sur Twitter, et pour lui, si Alcaraz n’avait pas craqué par pur stress (crampes sur l’ensemble du corps, on voit qu’il en a au bras un point ou deux avant le bas du corps), c’est Djoko qui n’aurait pas tenu physiquement.

      Nadal faisait un peu pareil ces dernières années : il avait grosso modo 2h, 2h30 de gros niveau dans les jambes, où il t’asphyxiait, avant de finir cahin-caha, en gestionnaire. Il a gagné beaucoup de matchs comme ça à Roland ces dernières années. Souvenir d’une demie contre Schwartzman où il l’explose pendant 2 sets et puis un mal fou à finir au troisième, idem la finale contre Djoko en 2020… Ils attaquent pied au plancher et te mettent à l’épreuve de force pour que tu craques le premier. Mais si tu réponds au défi physique, tu as une chance somme toute très raisonnable de réussir à les faire plier (ce que Thiem avait compris et arrivait plutôt bien à faire dans ses grandes années).

      Pour revenir à Carlitos, c’est le genre de match dont je ressors en me disant que s’il bosse bien et en tire les leçons, il n’en perdra pas beaucoup d’autres contre Djokovic. Il l’a dans sa raquette, et ce match doit lui permettre d’en acquérir la conviction. Il lui a manqué de l’avoir déjà affronté plus souvent, ou plus récemment (un seul affrontement précédemment, à Madrid il y a plus d’un an). Après, le coup de la panne chez les jeunes… c’est de l’expérience à prendre. Nadal aussi avait calé pour battre Roro en finale à Miami. Et Djoko était l’homme des abandons douteux à l’Australian (Roddick, Jo).

      Réglons le cas Ruud pour terminer. 3 finales de Grand chelem, bravo. 1 set gagné en 3 finales, pas bravo. Mais t’as tout compris quand tu l’écoutes en conf : « J’ai joué le Rafa du 22e, un Alcaraz en feu et le Novak du 23e. J’espère avoir une fois un mec normal en face de moi. » Sauf que dans l’immense majorité des cas, gagner un Chelem ce n’est pas pour les mecs normaux, et ce n’est pas avec cette mentalité-là que tu vas y arriver, Casper. Si tu attends l’ouverture comme JC Dusse… bon ça peut arriver, mais si tu regardes les palmarès depuis 20 ans tu te rends compte qu’il ne faut pas trop miser sur les malentendus…

      • Nathan 12 juin 2023 at 12:06

        Suis bien d’accord avec cette analyse. Pour avoir suivi la bête, par une sorte de fascination du pire, on n’a pas vu de grandes choses du Serbe au cours de ce Roland Garros.

        Certes, on rétorquera que c’est la spécificité des grands joueurs de gagner quand ils jouent mal. Cette phrase rebattue des coaches a toute sa valeur. Mais là, on parle d’un Grand Chelem tout de même, pas d’un match ou deux. Un Djoko somme toute prenable, avec paradoxalement son meilleur passage dans le 2ème set… qu’il a perdu contre Carlitos qui commençait enfin à bien jouer.

        Par contre, sur les chances de Carlitos de gagner en GC contre Djoko, je serai plus prudent.

        Tout simplement parce que les crampes de stress, c’est un peu comme « la bandaison », « cela ne se commandet pas ».

        Il a psychoté, le Carlitos, pire que tous les autres. Et le plus inquiétant, surtout, c’est que je pense qu’il a psychoté sans avoir peur, sans ressentir le sentiment de peur. « On ne devient le meilleur que si on bat le meilleur ». On était loin de l’humilité prudente d’ »un Nadal.

        La crampe, c’était « plus fort » que lui. Son corps « tétanisait » pour exprimer à son esprit défendant ce que justement son esprit ne pouvait concevoir. A ce niveau de tension et d’excellence, au bout du bout, les victoires se jouent dans la tête.

        Toutes choses n’étant pas égales par ailleurs, après la finale perdue par Coria à Roland s’est ouverte la période du service catastrophique (le seul coup au tennis qui ne dépend que du joueur), le fameux « cancer du service ». Les crampes de stress, cela me rappelle aussi les débuts chaotiques de notre ami Richard. Bref, tout ça, ne sent pas très bon.

        Rien n’est joué, bien sûr. Et bien sûr que Ferrero va l’emmener chez le toubib et surveiller les bidons de son Carlitos pour qu’ils contiennent les minéraux et autres vitamines qui vont bien pour éviter la récidive. Mais comme tu l’as remarqué, Ferrero a participé à faire monter la mayonnaise de l’enjeu… et du stress qui va avec. Tout est préparé avec Ferrero, minutieusement, systématiquement, obsessionnellement. « Born to win ». N’est-ce pas un peu trop justement ?

        Et quand je lis que Ferrero entretient « un rapport fusionnel » avec son poulain, qu’il considère comme son « quatrième enfant » (ils doivent être ravis les autres), je m’interroge. Non, le seul maître à bord, in fine, c’est le joueur. C’est toujours le joueur. Sinon…

      • Colin 12 juin 2023 at 16:46

        Jean-Claude Ruud… ça lui va plutôt bien.
        Le mec, en 13 mois, a joué (et perdu) autant de finales de GC que notre Riri national a joué (et perdu) de finales de M1000 dans toute sa carrière. Pourquoi cette comparaison ? Parce que Richie lui aussi n’a rencontré que des mecs pas normaux lors de ses trois finales en M1000. Dans le cas de Richie c’est encore pire car il a aussi fait 3 demies en GC et là encore il s’est mangé les 3 fois un adversaire « pas normal ».
        Ruud et Riri sont au tennis ce que François Hollande est à la Présidence de la République.

        • Kaelin 13 juin 2023 at 03:02

          Hmm ok pour la comparaison JC Ruusse et Richie « le Revers de Béziers » mais je ne comprends pas trop la comparaison finale avec Hollande puisque celui-ci a fini par transformer l’essai si je ne m’abuse ah ah ?

          Je dirais plutôt Bayrou à la limite ! Toujours placé, toujours battu et ils acceptent d’être battus par + fort qu’eux sans trop broncher.

          • Colin 13 juin 2023 at 10:03

            Ben Hollande le « Président normal » !
            Mais tu as raison sa capacité à conclure en 2012 le rapproche plutôt d’un Wawrinka que de la paire Ruud/Richie.

        • Jo 13 juin 2023 at 09:18

          François Hollande fut en mesure de concourir deux fois aux championnats de France. La deuxième s’est soldée par un piteux forfait tandis qu’il a brillamment remporté la première en deux tours contre le tenant du titre, le redoutable Sarkozic. Honorable capitaine dans les compétitions internationales, Flanby a fléchi en tant que président de la fédération française. Quant à sa capacité à conclure dans l’intimité…

          • Perse 13 juin 2023 at 10:31

            Disons que Hollande pendant longtemps a été perçu comme un éléphant du PS, un expert d’appareil politique dont les fonctions nationales finalement étaient demeurées anecdotiques (jamais ministre, ni chef de groupe dans le bras législatif).
            Pouvoir médiatique, proximité avec les journalistes, « cador » du duopole structurant pendant 30 ans la Vème République, cet élément du paysage, le peuple français n’avait jamais pourtant envisagé qu’il puisse atteindre la fonction suprême.

            Puis advint le miracle de la campagne de 2012 (où Sarko est mauvais de surcroît) et il décroche la timbale et se retrouve parmi les grands de ce monde. La pluie se met à tomber dès qu’il est en déplacement et il se prend tuile sur tuile (Hollande veut rentrer dans le costume présidentielle => photo de la rue du Cirque, Léonarda etc…) quand il a des choses sérieuses à faire ou dire.

            L’impression de hiatus et de malaise s’accroît ainsi tout au long de son mandat.

            La parallèle est assez grossier mais pas faux : si Ruud est un Top 10 légitime, il paraît incongru qu’il puisse gagner un GC où on considère qu’il faut avoir plus que de la régularité : il faut avoir le niveau (de jeu).

            Et si Hollande était un expert tacticien d’appareil doublée d’une roublardise de charcutier bulgare, il n’avait pas la stature et le niveau pour être président, tout comme Ruud a pris le plafond de verre lors de ses 3 finales sans donner l’impression d’y pouvoir faire quelque chose.

            • Jo 13 juin 2023 at 12:48

              Sans oublier l’inénarrable chapka. Attention ! « Un expert tacticien doubléE d’un roublard. » Tu te laisses gagner par le syndrome Mary Pierce.

  21. Nathan 11 juin 2023 at 18:59

    J’aime pas les dimanches. Il ne se passe jamais rien d’intéressant.

    • Sebastien 11 juin 2023 at 23:34

      Tu n’aimes pas le melon, Nathan ? On va en déguster pour encore quelques années…

    • Nathan 12 juin 2023 at 08:44

      Comme l’a dit excellemment Perse, l’émotion n’est pas une quantité.

      J’adore les anciens champions, payés par le cirque, qui encensaient (non sans de très bonnes raisons) le jeu sublime d’Alcaraz qui allait mettre un terme à l’ordre établi et qui maintenant ne tarissent pas d’éloges sur ce Serbe très antipathique à bien des égards et au tennis laid.

  22. Jo 11 juin 2023 at 19:37

    Mon incontestable coup de cœur de la quinzaine : https://youtu.be/cbZTfrhcamA?t=7

    • Nathan 11 juin 2023 at 22:00

      Oui, vivement Noël et les compétitions de ski ! Peut-être qu’on verra Sinner ?

  23. Sebastien 11 juin 2023 at 23:32

    Moi aussi j’ai adoré. Merci Amazon pour cette merveilleuse musique de saison, ça restera mon meilleur souvenir de cette superbe quinzaine

  24. Achtungbaby 12 juin 2023 at 11:28

    IL ne faudrait pas être trop dur avec les joueurs actuels qui partiraient vaincu face à Djoko.

    En en connait tous ici un qui a joué des matchs importants (hum hum) contre le serbe et qui les a perdu après avoir eu 2 BdM (deux…). Alors ne blâmons pas trop les jeunes.

    • Guillaume 12 juin 2023 at 12:26

      Oui… et non.

      Oui, on ne dira jamais assez les monstres d’expérience, de maîtrise et de connaissance – d’eux-mêmes, leur corps, le format long (rappelons que jusqu’à la génération Djoko les 5 sets c’était GC + Davis voire encore quelques finales de tournois… soit une bien plus grande récurrence que ce que les vingtenaires actuels connaissent) que peuvent être des joueurs à 20 titres du GC. Notons, quand on compare toujours Alcaraz à Nadal : Nadal, à RG 2005, est sommé de battre un champion qui ne pèse « que » 4 titres du Grand chelem. Et n’a commencé sa moisson que 2 ans plus tôt. Ils sont quasiment contemporains. Carlitos, on lui demande de déboulonner un mec à 22 Grands chelems, pas 4. Et limite presque le même différentiel d’âge :mrgreen:

      C’est pour ça que je mets Carlos à part. D’autant qu’il a eu droit en quelque sorte à un traitement de faveur : « grands reconnaissent grands » et mettent toujours un point d’honneur à sortir le grand jeu face à eux.

      Lui, son tort est de s’être loupé sur le plus « facile » : ne pas s’être mis dans la position confortable de l’underdog, « rien à perdre, tout à gagner. » Il a été victime de son ambition, quelque part, à vouloir « être à la hauteur ». Faut voir aussi à quel point ce match a été scruté, attendu, comme aucun autre n’impliquant pas des Big 3 entre eux depuis je ne sais combien d’années. Le monde du tennis l’attendait avec impatience, et le grand public avait en quelque sorte pris rendez-vous avec Carlos sur ce match : je ne compte pas le nombre de gens autour de moi qui ont découvert Alcaraz cette quinzaine (hé, on est en France, y’a que RG qui compte)… et, vendredi, ont éteint la télé en se disant « c’est ça le jeune qu’on nous vendait non-stop ? Surcôté ! » Clairement, là-dessus, Alcaraz a loupé un examen de passage. Et son grand tort a été de le vivre lui-même ainsi : un examen de passage. « Suis-je digne d’être n°1 ? »

      Sur les autres, tous les autres, ce que je trouve plus dommageable est qu’il n’y a jamais personne pour faire d’upset dans les tours où Djoko est plus prenable, joue moins bien… 3e tour / 8e, c’est souvent le moment où il laisse une ouverture. Si Enzo Couacaud peut prendre sa chance à fond et gratter un set à Djoko avec conviction, pourquoi Dimitrov (leur 3e tour à l’OA était une blague – vas-y, Perse, je te laisse enchaîner !), pourquoi Fokina qui a la chance en plus d’avoir un revers hautement quali pour résister de ce côté, pourquoi la puissance brute d’un Khachanov… ne pourraient pas de temps à autre engendrer « une Rosol », « une Querrey » (Wim 2016) ou une Dustin Brown, une Millman… Ils ne sont pas moins forts que ces mecs-là – et plus forts que Couacaud ! Mais presque, hormis Querrey, les upsets que je relève ici provenaient de gars qui, justement, jouaient très peu le Big 3. Rosol, Millman, Brown, Darcis… tout ça passait surtout du temps en Challenger. Ils n’avaient pas eu le loisir d’être bercés à longueur de player’s lounge à la Goatisation d’un des trois. Et y ont cru le jour J.

      Dernier truc : l’âge. Qu’on bute sur un Djoko de 32 ans en 2019, c’est une chose – surtout quand on en a soi-même 38 ! Mais que le même Djoko à 36 ans reste intouchable à toute autre personne que Daniil Medvedev et une juge de ligne sur un court de tennis, c’est encore une autre limonade.

      • Achtungbaby 12 juin 2023 at 12:43

        oui enfin à 40-15 sur son service, quand on est un des meilleurs serveurs « de tous les temps » (grrr, qu’elle m’agace cette formule, voilà qu’ils nous la sortent en foot aussi, à propos d’un entraineur, bref…) pas sûr que l’âge joue bcp…

        Mais sinon d’accord, personne pour lui foutre une sortie de route précoce en GC, c’est pas normal.

        • Jo 12 juin 2023 at 14:22

          Rogé n’en était pas à son coup d’essai, qui avait déjà échoué en demi-finale de l’US Open 2010 et 2011 contre Djokovic, en ayant à chaque fois deux balles de match. Néanmoins, je te fais un cadeau, peuple de Fed. Le tournoi de Stuttgart sur du beau gazon fraîchement coupé entre gens de bien : Fanou, Riri, Féli, Dani (le Joli), Lolo, Nicky, Deuni. Manquent juste Grigri le vacancier, qui reprendra sans doute au Queens, Ugo, qui pensait peut-être que Bois-le-Duc se trouvait en France, et Milos, refoulé à l’entrée du club.

        • Colin 12 juin 2023 at 14:34

          Milos Raonic, le retour ? J’avoue que je l’avais totalement oublié, lui… 32 ans, pas encore si vieux. Un come back n’est pas plus improbable que pour notre Pouille national.

        • Perse 12 juin 2023 at 15:59

          Djokovic est bien un monstre mental, celui qui résiste le mieux à l’hypoxie des hautes altitudes du sport. Plus encore que Nadal, tant que la balle de match n’est pas gagnée il est vivant.

          Et c’est probablement le meilleur pour gagner les points décisifs (souvent en faisant jouer de façon agressive – oxymore quand tu nous tiens -).

          De toute façon, le tennis masculin ne se gagne plus par la création mais par les fautes provoquées en tenant l’échange et c’est la spécialité absolue de Djokovic.

  25. Colin 12 juin 2023 at 16:38

    Hé bé voilà c’est fait, Rahan a gagné son premier match depuis 2 ans.
    Faisons brûler un petit cierge pour que le tirage au sort de Wimbledon le désigne comme adversaire de Slip au 1er tour.

    • Guillaume 12 juin 2023 at 18:05

      Naaaan, moi je lui souhaite Sir Andy au premier tour :smile:

  26. Rubens 13 juin 2023 at 11:32

    Bon…

    Guillaume, quand tu dis que Carlitos a eu tort de prendre le match contre Djoko pour un examen, le problème c’est que ce match en avait tous les attributs. On peut retourner les enjeux dans tous les sens, dans ce match il était question, pour l’un, de savoir si ses jambes répondaient encore aux exigences du plus haut niveau incarné par son jeune rival ambitieux et déjà adoubé en GC, et pour l’autre de prouver que son premier grand titre était autre chose que le fruit d’une circonstance favorable liée à l’absence du Serbe.

    Nous avons vu le résultat : Carlitos faisait vraiment ses 20 ans et Novak ne faisait pas du tout ses 36. Quant à l’hypothèse d’un Djoker lui-même au bord de la rupture quand Alcaraz a commencé à avoir ses crampes, c’est plausible dans une certaine mesure. Mais je me souviens avoir vu l’Immonde à l’agonie à de nombreuses reprises au cours de matchs importants, et brusquement hausser le ton pour foncer vers la victoire. Le plus bel exemple est sans doute la finale de l’AO 2020 face à Thiem. Le problème avec lui, encore une fois, c’est qu’on ne sait pas si c’est pour de vrai ou non. Il m’a semblé souffrir aussi dimanche, à la fin du premier set. On peut le croire à l’agonie, mais à la fin il l’emporte (presque) toujours.

    Et c’est précisément une chose de plus qui me gêne dans le personnage : d’un point de vue purement médical, le voir courir comme un lièvre au bout de trois heures de jeu alors qu’il était au bord de l’asphyxie une heure plus tôt, c’est exceptionnel justement, mais ce n’est pas normal. Vraiment pas. Alors il répondra qu’il utilise des aimants, qu’il va se prendre une petite douche au vestiaire, que son staff lui prépare une potion magique spéciale, qu’il examine les alignements des étoiles et y puise de l’énergie, qu’il ouvre ses chakras pour communiquer avec Pepe Imaz, c’est une belle histoire pour les enfants de 4 ans, mais je n’ai plus 4 ans.

    De l’épisode télénovela de l’AO 2022, je retiens deux choses essentielles.

    La première, c’est qu’il a livré une attestation de Covid complètement bidon. Au-delà du rocambolesque de la situation à ce moment-là, cela signifie que le corps médical qui entoure Novak Djokovic n’hésite pas à produire de faux documents si nécessaire. Ce qui met un voile sur l’ensemble des attestations qu’ils ont pu lui délivrer avant et après cet épisode.

    La deuxième, c’est que les autorités australiennes et les instances du tennis n’ont pas jugé nécessaire de lever le doute sur cette attestation et n’ont pas creusé cette affaire, estimant que l’exclure du tournoi et du territoire était une sanction bien suffisante. Au vu des enjeux financiers et d’image pour le tennis, il semble moins grave de laisser Novak Djokovic enquiller les records à la pelle plutôt que d’investiguer plus en profondeur sur les ressorts de son éblouissante forme physique.

    En attendant, la génération née dans les années 80 a été tuée par Federer, la génération 90 l’a été par Djoko, sans oublier évidemment Rafa qui a détruit un peu des deux. Désormais c’est la génération née dans les années 2000 qui commence à souffrir. Et l’enjeu immédiat, ça va être de l’empêcher de réaliser le GC calendaire en 2023. Daniil, tu sais ce qui te reste à faire mais méfie-toi : l’Immonde a commis des erreurs dans sa carrière, mais il ne commet jamais deux fois la même (à part perdre contre Rafa à Roland…).

    • Guillaume 13 juin 2023 at 12:30

      « quand tu dis que Carlitos a eu tort de prendre le match contre Djoko pour un examen, le problème c’est que ce match en avait tous les attributs ». Ah mais je n’ai jamais dit le contraire. Je dis que tout l’enjeu POUR LUI, et surtout pour son staff, était de faire abstraction de cette dimension. Le sport de très haut niveau repose sur la capacité à désamorcer ces éléments de contexte pour faire en sorte que TOUS les matchs entrent dans des cases routinières dans la tête du joueur. Entrer sur le terrain en étant conscient que tu joues plus gros que d’habitude, que c’est un examen de passage vis-à-vis du public, de l’adversaire et, plus encore, de toi-même, c’est le meilleur moyen de te tirer une balle dans le pied.

      Pour le reste je ne serai pas l’avocat de Djoko, j’ai mon lot d’interrogations à son sujet :lol:

      Mais je ne dédouane pas les autres de leurs responsabilités. Il m’est venu un parallèle pour clarifier mon propos : les mecs qui affrontent Djoko en GC = le PSG qui joue un match retour de Ligue des champions à élimination directe. Ils peuvent avoir gagné le premier set / le match aller, avoir le break dans le 2e / prendre l’avantage en première mi-temps du match retour, ils sont toujours dans la crainte de ce qui va merder. Ils voudraient bien gagner, mais au fond d’eux ils ne s’en croient pas capables ou, plus précisément, ils appréhendent – pire, ils attendent – tellement le moment où l’adversaire va revenir qu’ils tombent dans la prophétie auto-réalisatrice. Et dès qu’ils ont perdu ce break du 2e / qu’ils ont encaissé l’égalisation de ce match retour, ils s’écroulent. Alors même qu’ils sont toujours devant d’un set / d’un but ou deux en cumulé. Mais ça s’affole et ça s’effondre : c’est la remontada du Barça, Fritz à l’OA, le Real qui en met 3 en 10 minutes après la boulette de Donnarumma, Sinner à Wim… Même Fanou dans leur finale à RG. Y’a quelque chose de fascinant de voir comment il n’est plus le même après ce gros bras-de-fer en début de 3e qui débouche sur le break de Djoko. Alors ça peut être la thèse du physique, mais que Djoko soit encore hors normes physiquement n’explique pas pour autant pourquoi les autres face à lui explosent au bout de 2h30 / 3h de jeu quand les marathons de 4h et plus sont par ailleurs de manière globale devenus communs… soit il faut se résoudre à explorer le champ de la préparation mentale. Ou alors – mais l’un et l’autre ne sont après tout pas contradictoires – s’interroger sur une baisse de niveau globale du circuit. Qui irait à rebours du dogme « la densité n’a jamais été aussi forte » mais expliquerait de manière collatérale comment Casper le Normal a pu jouer 3 finales de Chelems + celle du Masters en l’espace de 12 mois !

      • Rubens 14 juin 2023 at 00:29

        « Je dis que tout l’enjeu POUR LUI, et surtout pour son staff, était de faire abstraction de cette dimension.  »

        En effet. Et arriver à faire ça à 20 ans, c’est aux limites de l’impossible. Et j’avance une autre hypothèse, qui relève peut-être du café du comptoir, je ne sais pas.

        On a eu plusieurs discussions sur l’âme slave, et sur la culture et les fondamentaux du rapport au monde dans les pays de l’Europe de l’est en général. Je ne compte plus les séries ou les films où apparaissent des gangs de skins ukrainiens, moscovites ou bulgares. Consciemment ou non, ces œuvres conditionnent sur le long terme notre vision de ces pays-là. Sont-elles le reflet de quelque chose de plus profond, je n’en sais rien.

        Si je regarde en arrière des exemples de jeunes loups devant affronter une légende multi-couronnée, deux exemples me viennent en tête immédiatement : Marat Safin (contre Sampras à l’US 2000) et Daniil Medvedev (contre Djoko à l’US 2021). Est-ce un hasard que ce soient deux Russes ? Il faudrait creuser pour voir si d’autres joueurs ont réussi un exploit analogue. L’impression qui est la mienne, c’est que ce monde slave, bohémien, balkanique, produit des nationalismes exacerbés dont nous voyons les conséquences aujourd’hui, mais c’est aussi un monde d’irrationalité (de mon point de vue évidemment). Traduit en tennis, ça donne des joueurs pas forcément plus doués que les autres, mais dont l’irrationalité est un atout précieux pour réussir des exploits. Je ne sais pas si d’autres que Meddy sont capables d’aller chercher le Djoker en GC, mais Daniil, au moins, je suis certain qu’il n’a pas peur de Djoko et qu’il fera son match, bon ou mauvais.

        Et c’est ici que je reviens sur ton inventaire : ils sont un certain nombre en effet à l’accrocher, voire à le dominer, et au final à perdre en 3 ou 4 sets en donnant l’impression de gâcher de grosses occasions. C’est évident pour Boris Morbidovitch Nabilla, c’est évident pour Alcaraz, parce que dans mon hypothèse ci-dessus, ce sont des Espagnols, donc des occidentaux, et donc des cœurs d’artichaut. Leur cerveau turbine à plein régime quand ils jouent le Djoker, leur énergie se consume et au bout de 2 heures il n’en reste plus rien. Remarquons au passage qu’ils sont par ailleurs capables d’enchaîner plusieurs 5 sets contre d’autres adversaires (Alcaraz à l’US). Quant à Khachanov, je n’ai pas eu l’impression d’une grosse occasion : j’ai vu tout le 2ème set, et le score ne m’a pas semblé refléter la domination croissante de Djoko au fil du set : Karen était condamné à l’exploit pour tenir son service. Et quand tu consommes une énorme quantité d’énergie pour tenter de faire abstraction du contexte (monstre sacré, match important, etc.), il est logique que cette énergie physique vienne à te manquer au bout de 2 heures.

        • Rubens 14 juin 2023 at 00:57

          En complément de cette hypothèse, je joins mes conseils à ceux de Sam sur le documentaire « Tous les autres s’appellent Noah ». Un certain Ivan L. arrive dans la deuxième partie. Au fil de la discussion, il évoque la peur de gagner : il ne la comprend pas, pour lui elle n’existe pas. Si tu es joueur de tennis, gagner n’est rien d’autre que ton boulot, du ne dois pas en avoir peur, tu dois au contraire être pressé d’y parvenir.

          Un tel raisonnement ne me semble pas à la portée du commun des mortels, du moins dans mon monde. Mais le croquemort d’Ostrava n’est pas de ce monde-là, il vient de l’autre côté, la République tchèque, et il ne l’a jamais quittée par les neurones.

          • Nathan 14 juin 2023 at 10:55

            Yvan, « la poule mouillée » selon Connors, a dû oublier le temps où il bloquait en GC. Pour passer le cap, je ne sais pas s’il avait peur ou non de gagner, mais il a eu recours à un coach mental pour passer la vitesse supérieure. De même, me semble-t-il, quand il coachait Murray il lui avait proposé de faire de même.

            Tous ces champions ne peuvent pas ne pas craindre la défaite puisque ils consacrent dans l’ensemble un investissement maximum pour décrocher le Graal. Et plus on s’investit, plus on consacre du temps, plus on fait des efforts, plus on se met la pression. C’est humain. C’est comme ça. Ainsi va l’homme.

            La difficulté, c’est que la fameuse « haine de la défaite » ou le « tu dois ne pas avoir peur » ou encore « cette finale de GC n’est qu’un match comme un autre » n’est pas du domaine du rationnel, de la raison raisonnable. La peur de la défaite en GC n’est-elle pas au fond l’écho d’une peur plus archaIque et innommable ?

            En la matière, ce qu’a dit Federer quand il a commencé à gagner me semble assez juste, je ne me souviens plus de mémoire des termes exacts mais c’était quelque chose comme : je me donne le droit de « perdre », parce que qu’au fond ce n’est pas si terrible que ça.

            Le cas Djoko est vraiment particulier par cette faculté dans les moments clés du match d’atteindre précisément cette fameuse « haine de la défaite ». C’est tout à fait remarquable. Est-ce une vision slave du monde, une sorte de weltanschauung slave du monde ? J’y vois plutôt un symptôme et un achèvement du vision paranoïde du monde inculquée par un milieu assez profondément dérangé, qui le plonge dans une sorte d’état second.

            A moins que ce ne soit plus prosaIquement ce qu’il ingurgite, et pas seulement aux pyramides, qui lui permet d’atteindre cet état second. Qui sait ?

  27. Jo 14 juin 2023 at 16:19
  28. Nathan 20 juin 2023 at 23:24

    Il dit : « Je me présenterai au temple londonien sans un seul match sur gazon ». Puis Il s’éclipsa dans la nuit et sur sa montagne.

    Que fera-t-Il d’ici-là ?

    Il se goinfrera de sans gluten, car le vide n’est pas rien et l’essentiel se niche dans l’invisible, c’est bien connu ;

    Il se couvrira le poitrail de patch métallique aux prodigieuses vertus photiniennes et quantiques et s’exposera ainsi au Soleil céleste ;

    Il s’abreuvera de potions, autant publiques que secrètes, au fructose naturel et aux vitamines bio pour pisser clair lors des pauses toilettes qu’il ne manquera pas d’honorer car celui qui pisse régulièrement est forcément dans le don magnanime de sa personne.

    Et enfin, il arrivera le jour J avec une élongation (claquage ?) musculaire de 15 centimètres attestée par le Directeur du Temple, blessure dont il surmontera l’insoutenable douleur, ô terrible Golgotha, grâce à des capacités mentales hors du commun et l’aide de Dieu qu’il rencontra aux saintes Pyramides.

    Et Il gagnera.

    Et la foule sentimentale qui a tellement besoin de croire, elle qui ne croit plus à rien depuis longtemps, chantera pleine d’allégresse : « c’est le Goat, c’est le Goat, c’est le Goat ! ».

    Et les marchands du temple répéteront en écho mercantile : « C’est le Goat, c’est le Goat, c’est le Goat ! ».

    Et Srdjan en transe exultera : « C’est le Fils, c’est le Fils, c’est le mien ! ».

    Et Lui, magnanime, les mains jointes, tête baissée, modeste, dira d’une voix brisée : « Non, mes frères, le Goat n’est pas mon souci ». Dans un geste d’apaisement, Il fera taire la foule en délire. Enfin Il poursuivra dans un silence de cathédrale : « C’est le Kosovo qui m’a donné du coeur à l’ouvrage, car le Kosovo est le coeur de la Serbie, et la Serbie est mon âme ».

    Djoko est le plus grand des magiciens : Il sait comme nul autre attirer l’attention sur ce qui doit se voir pour mieux dissimuler ce qui doit rester caché, secret, invisible.

    • Perse 21 juin 2023 at 10:40

      Toujours aussi enlevé que ces satires taillées à coup de rapière !

      ——————————–

      Sur les tournois de préparation, on peut féliciter Mannarino qui s’est fait Meddy (il aime manifestement bien jouer contre lui) et je suis content pour les vainqueurs des tournois (Griekspoor & Tiafoe) même si c’est dommage pour l’idole de Kaelin qui confirme qu’il a trouvé quelque chose cette année.

      J’aime toujours autant le court du Queen’s, pour moi l’un des plus beau court télévisuel de l’ATP même si son meilleur habillage demeure celui de Stella Artois.

      En matière de jeu, si les échanges sont un peu plus courts que sur TB avec le rebond plus bas, je demeure très étonné par la couverture de terrain des joueurs qui cherchent sans difficultés les amorties en absence de contre-pied parfaitement exécuté.

      Par ailleurs, j’ai trouvé que Griekspoor notamment a été capable de relever nombre de balles à hauteur de chevilles avec des lifts délirants et des trajectoires impressionnantes. Le contraste avec le jeu ante-2005 est en ce sens flagrant sur gazon.

  29. Guillaume 21 juin 2023 at 11:41

    Le tennis sur gazon ne ressemble plus à… rien. Pour quelques plus que trentenaires qui ont un vrai feeling sur la surface (oui Manna, et puis Murray, sans oublier Djoko qui sait a minima s’y déplacer excellemment bien), tous les autres « jeunes » (c’est-à-dire dans le tennis actuel tout ce qui a moins de 30 piges) semble mal à l’aise, malhabile, pataud sur herbe. J’ai vu ces jours-ci Alcaraz, Musetti, Meddy, Fanou, Tiafoe même s’il a su aller au bout, Hurkacz qui a pourtant des références sur herbe (tenant à Halle, demie à Wim)… mais tout ça paraît extrêmement fragile, entre déplacement inadapté, manque de vivacité et/ou d’instinct, préparations trop amples… Ils sont très peu à avoir le jeu de gazon « intuitif ». Et comme ils ont peu de temps pour s’ajuster, ça donne à l’arrivée un truc pas agréable du tout à regarder.

    • Perse 21 juin 2023 at 11:53

      C’est très vrai mais au moins les échanges sont plus courts et ça change des guerres devenues extrêmes d’attrition sur toutes les autres surfaces.

    • Guillaume 21 juin 2023 at 12:51

      Tout à fait. Mais ça réduit d’autant plus le tennis sur gazon à ce qu’il était déjà devenu au calendrier : une parenthèse. Le fait qu’on joue maintenant de la même manière sur dur et sur terre fait d’autant plus du gazon une anomalie. Et même si l’anomalie accueille le plus grand tournoi du monde, elle ne justifie / permet plus qu’on y consacre du travail spécifique au-delà des 5 semaines entre mi juin et mi-juillet.

      Dans ce panorama, pas dit que les gens du All England Club ne s’arrachent pas prochainement les cheveux en se demandant comment faire pour ne pas perdre du standing. Parce que derrière Djoko tout est envisageable, y compris Struff vainqueur de Wimbledon (il a perdu mais lui m’a fait une impression plus que correcte à Stuttgart la semaine passée) !

      • Perse 21 juin 2023 at 13:47

        C’est mon côté conservateur qui s’exprime mais je ne pense pas que Wimbledon perdra de son standing qui se perpétue par son décorum et quelques traditions qui apportent un cachet à nul autre pareil dans le monde du tennis.

        Les 4 GC sont de toute façon « too big to fail » et qu’importe le vainqueur, ce sont eux qui donnent le lustre et pas l’inverse. RG n’a pas été dévalué par toutes ses « one-hit-wonder » telles Ostapenko, Schiavone ou Majoli et si Struff gagne le tournoi masculin, ça ne changera rien au statut du tournoi même s’il y aurait certainement des crises d’apoplexie chez beaucoup de joueurs ;).

        Mais vivement que l’on discute du retour au petit tamis avec cordage standard, de façon à récompenser le parfait centrage. Les ralentis en HD où on voit des missiles spinnés frappés avec le bout de la raquette ne me force pas l’admiration mais me dégoûtent.

        • Perse 21 juin 2023 at 14:43

          Bien sûr que le blanc, les fraises, la référence & la retenue usuelle du public en font partie.

          Si Medvedev dit que l’herbe est pour les vaches – ce n’est qu’une redite de Safin et Sharapova ou de l’homonyme ukrainien après tout -, il n’en demeure pas moins que Wim, c’est Wim.

          Pour Tsitsi, bien sûr que Wimbledon est le tournoi de ses rêves, lui qui se pique d’être réfléchi et cultivé :mrgreen:

          Nous divergeons quant à l’appréciation « inside » des joueurs versus grand public. En effet, l’AO est apparemment devenu de très loin l’organisation la plus au service des joueurs et a poussé l’extra-mile plus loin que le reste. De surcroît, le créneau est en or et ça permet aux européens de s’échapper des frimas domestiques. Qu’ils en soient félicités mais en terme de prestige et d’accomplissement, pour ceux qui ont le luxe de choisir Wimbledon passera devant, même si dans l’absolu c’est la marque GC + 2000 points qui importe.

          RG demeure le 4ème en terme de condition d’accueil (IW, Miami, Madrid ont plus de surface et d’infrastructure que RG après tout) mais la légitimité du tournoi est inexpugnable.

          Oui, ce visuel est tout à fait critiquable pour les raisons que tu écris.
          De toute façon, le changement de garde n’est pas encore acté et si Sinner torrée très bien Alcaraz, il est loin d’être aussi à l’aise contre le reste du champ.

      • Guillaume 21 juin 2023 at 14:23

        Le décorum c’est quoi, le blanc et les fraises ? :mrgreen: Pour moi aucun tournoi ne s’est plus dénaturé que Wimbledon donc il faut croire qu’eux-mêmes ne sont pas si sûrs que leur statut de « plus grand tournoi du monde » soit inébranlable. Ils ont vécu sur cette image vaguement hautaine (« The Championships »), portés par Roger qui en est indissociable et a toujours clamé que Wim était Number 1 pour lui, ainsi que Rafa qui a toujours clamé que c’était le tournoi de ses rêves (au grand dam ici de RG). Mais pas sûr du tout qu’aux yeux de Medvedev, par exemple (je prends, pas tout à fait par hasard, le moins politiquement correct de l’élite) Wimbledon figure en première position du quarté des GC. Est-ce que Rune en rêve plus que de tout autre tournoi ? Musetti ? Fanou ? Et d’autres appelés à prendre la place quand Djoko l’aura cédée… Je n’en suis pas si convaincu. Ton exemple de RG apporte même plutôt de l’eau à mon moulin : RG n’avait pas exactement bonne presse dans les années 90 – début des années 2000, tant auprès des joueurs (sondages « inside » de l’époque qui en faisaient le 3e voire 4e GC selon les divers critères proposés) que des passionnés de tennis. Niveau public, enchaîne quelques équivalents tennis chiant + seconds couteaux au palmarès à Wim et on en reparle :lol:
        Cas d’école : il y a encore 20 ans, l’OA était globalement le 4e GC dans la tête des joueurs, souvent d’assez loin. Aujourd’hui beaucoup le mettraient en 1er. Donc non, ce n’est pas immuable. D’ailleurs c’est marrant parce que Wim a commis hier un visuel sur les réseaux sociaux qui fait justement beaucoup jaser sur le sujet : ils ont pris leurs grandes rivalités historiques (Big 3, Borg/Mc, Navrat / Evert, Edberg / Becker, les WiWi)… pour mieux plaquer en références actuelles Alcaraz / Sinner et Rybakina / Swiatek. Autrement dit, des rivalités largement balbutiantes… et même inexistantes sur herbe. Si ça, ça n’est pas se raccrocher aux branches pour surfer sur la mode de ce qui se dessine ailleurs… Wim était moins suiveur dans les années où leur bouquet final à base de Fedalovic était assuré.

        • Rubens 21 juin 2023 at 18:08

          Votre échange me fait penser aux rappeurs français d’aujourd’hui qui clament sur tous les toits leur amour de Brel, Brassens et Ferré. Je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer… Toujours est-il que les joueurs qui s’épanchent avec lyrisme sur Wimbledon « the Greatest » me font penser à ces rappeurs. Ils disent ça comme si c’était un sésame pour rentrer dans le cercle d’une supposée légitimité, mais dans la pratique, jouer sur gazon les gonfle au plus haut point.

          Guillaume, il ne faut pas aller chercher bien loin les raisons des affinités des trentenaires avec le gazon : ils y sont plus à l’aise parce qu’ils disputent la micro-saison sur gazon depuis plus longtemps que les autres.

          • Perse 21 juin 2023 at 18:25

            De mon point de vue d’amateur de tennis, il y a deux choses :

            - Les GC sont dans une classe à part
            - En zoomant au sein de cette hyperclasse, Wimbledon arriverait numéro 1 et RG numéro 2. Que l’AO et l’US deviennent itinérants ne me feraient presque pas bouger l’une sans bouger l’autre.

  30. Rubens 22 juin 2023 at 10:47

    Concernant la pauvreté du spectacle de Wimbledon, je crois qu’il faut chercher, une fois de plus, du côté des raquettes et de la vitesse à laquelle ça joue. Il y a 30 ans les joueurs avaient une semaine de moins pour préparer Wim, et pourtant ils parvenaient à produire un spectacle autrement plus intéressant. La balle allant moins vite dans l’échange, ils avaient plus de temps pour s’organiser. Ce qui n’empêchait pas une fracture entre ceux qui étaient à l’aise pour se déplacer sur herbe et ceux qui ne l’étaient pas. Aujourd’hui, les raquettes leur font envoyer la balle à des vitesses telles que personne ne parvient à s’organiser, et le spectacle devient une purge.

    Pour le reste, je n’ai jamais été accro à Wimbledon, même si j’y suis allé une fois (en 2001). Le gazon m’a toujours semblé être une surface inadaptée au tennis, en tout cas au tennis moderne. Apprécier les attaquants qui se sont illustrés à Wimbledon est une chose, mais pour ma part j’ai préféré, de très loin, les voir évoluer sur terre battue, surface qui permet de faire beaucoup, beaucoup plus de choses.

    Je n’ai pas de meilleur exemple que la rivalité entre Edberg et Becker, soit-disant magnifiée par leurs trois duels en finale de Wimbledon. Si vous en avez la possibilité, je vous propose un petit exercice : voir en intégralité (ou du moins de longs passages, et surtout pas des highlights) la demi de Roland 89, puis dans la foulée la finale de Wim 90. Si vous préférez Mac, prenez la finale de Wim 80 (ou, pour éviter le biais Borg/Lendl, la demi de Wim 83) et la finale de Roland 84. Vous m’en direz des nouvelles. Je prends volontairement la période « dorée » du tennis du point de vue des anciens de ce site. Mais si vous préférez Roger et Rafa, choisissez la finale de Rome 2006 et celle de Wim 2008, ça marche très bien aussi.

    Pour juger réellement de la qualité du spectacle, il faut parvenir (et je sais que ce n’est pas évident) à mettre de côté l’enjeu, la dramaturgie et le scénario des matchs. Le Borg/McEnroe de 1980 et le Nadal/Fed de 2008 sont effectivement deux matchs sublimes de ce point de vue. Mais imaginez Rafa et Roger improviser un match sur une plage des Landes à marée basse, sur un sable imbibé d’eau ne permettant pratiquement aucun rebond : on peut supposer qu’ils n’auraient pas réussi à faire grand chose de potable avec la balle, et pourtant rien n’interdit d’imaginer qu’ils auraient pu faire un match au couteau en cinq sets. Ma comparaison est-elle si fumeuse que ça ? Oui, elle est exagérée, car le gazon de Wim est quand même plus jouable que du sable humide.

    Et si ma comparaison est fumeuse, c’est surtout en raison du décorum de Wimbledon, la tradition blablabla, les fraises, les tenues blanches, le silence de cathédrale du Centre Court, le poids de l’histoire et tant d’autres choses que J’ADORE à Wimbledon. J’ai vécu la démocratie absolue dans l’accès au stade, en arrivant la veille au soir dans la rue, en festoyant avec les Londoniens dans une ambiance bon enfant, et en me posant sur les bancs en bois au bord d’un terrain annexe pour y assister au cinquième set d’un double de no-names. Tout cela, sans arrière-pensée, c’est formidable, mais ça n’a rien à voir avec la qualité du spectacle sur le terrain.

    Peut-être n’aurez-vous même pas besoin de vous prêter à l’exercice auquel je vous invitais plus haut pour en arriver à la même conclusion que moi : le gazon n’est pas une surface adaptée au tennis, et le tennis que parviennent à pratiquer, non sans efforts, les joueurs d’aujourd’hui, est de piètre qualité en comparaison avec les autres surfaces. Peut-être mon tropisme scientifique est-il à l’origine de mon iconoclasme, en ce qui me concerne il ne suffit pas d’affirmer quelque chose pour m’en convaincre, il faut me le démontrer. Quand les Anglais affirment que Wimbledon est le plus grand tournoi au monde, c’est comme quand ils affirment que le continent est isolé les jours de brouillard, ce n’est pas Wimbledon qui est inégalable, c’est l’humour britannique :smile:

    Pour rebondir sur le post de Guillaume, les dirigeants de Wimbledon ont effectivement du souci à se faire, et cette micro-saison sur gazon est en passe de devenir un vrai problème. Je leur propose une porte de sortie honorable pour le Temple : devenir un Grand Chelem indoor organisé en octobre-novembre, SUR MOQUETTE. J’ai une vieille affinité avec cette surface que j’ai adorée en tant que joueur, on resterait dans le vert, on créerait une nouvelle tradition avec l’obligation pour les joueurs de mettre des chaussures à semelle plate en entrant sur le terrain, ce serait du même calibre que les tenues blanches et nos amis Brits resteraient dans l’originalité. Et accessoirement, cette surface, sans être très répandue, aurait quand même l’avantage d’être jouable à l’année en salle, et permettrait donc aux joueurs de souffler après Roland et de préparer Wimbledon proprement.

    Les tauliers de ce site n’auront sans doute pas attendu la fin de ce post pour lancer un avis de recherche sur ma personne. C’est peut-être la dernière fois que je vous parle avant que les skins moscovites ne retrouvent ma trace dans les Pyrénées aragonaises. J’ai été ravi d’échanger avec vous. Portez-vous bien :mrgreen:

    • Rubens 22 juin 2023 at 11:14

      Et en me relisant, je me dis que la période mars-avril serait peut-être encore plus adaptée pour un GC indoor. Moyennant un léger recul de Roland à la deuxième quinzaine de juin, tout devrait bien rentrer. A condition évidemment de prendre IW et Miami pour ce qu’ils sont réellement : des Masters 1000 certes, mais placés au milieu de rien, et que pour ma part je déplacerais sans vergogne sur une autre période de l’année (juillet ?).

    • Colin 26 juin 2023 at 15:48

      La moquette j’ai plutôt l’impression que tu l’as fumée mon bon Rubens (oui je sais elle était facile celle-là).

  31. Perse 23 juin 2023 at 00:08

    Les highlights de Halle sont plutôt sympa et Griekspoor a sorti HH, ce qui n’est pas nécessairement facile à faire.

    Pour le coup, lui se déplace vraiment très bien et a cuisiné de sacrés lobs!

    La fermeture du toit, la résonances des sons (impacts de la raquette, la pluie frappant le toit) donne également un cachet certain. C’est plus offensif globalement (beaucoup plus de conquêtes du filet chez l’ensemble du joueur même si la quantité de passings incroyable demeure incroyable).

  32. Rubens 23 juin 2023 at 11:18

    Je suis toujours là… Les modérateurs doivent être en vacances.

    En vue du best of 2023, une belle pièce dans la machine…

    https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Le-coup-de-genie-d-hubert-hurkacz-face-a-tallon-griekspoor-a-halle/1404388

  33. Sam 25 juin 2023 at 11:35

    Suis toujours là aussi, je lis, je lis, je suis toujours dans une sorte de perplexité devant cette idée de GC indoor sur moquette…

    Surtout, plus les semaines avancent, plus je commence à sentir clairement vers où mon coeur balance à propos du Carlito. D’ailleurs, en fait, j’étais plutôt content qu’il se fasse sortir par Djoko à RG, qui plus est de la manière qu’on sait. Djoko lui a tout simplement appris le métier.

    Et j’attends donc clairement la même chose à Wimby, j’assume. J’en ai déjà marre de son sourire à la con de premier de la classe qui sait tout mieux que tout le monde - »hihihi, il était vachement facile le devoir de maths », ta gueule – , et vas-y que je te traverse facile le tableau du Queens en virant propre et net Grigou, pourtant pas un peintre théoriquement sur gazon, « hihihi, j’apprends encore sur herbe », le tout sur fond de « c’est important de montrer que ça n’est qu’un jeu et qu’on prend du plaisir » : on le sait mec, que ça n’est pas le bagne d’être payé des millions pour faire un tennis.

    • Colin 26 juin 2023 at 15:24

      Hé ben Homard je te sens bien déprimé et négatif aujourd’hui. Si la fraîcheur et la joie de vivre de Carlito ne te font plus vibrer, il ne te reste plus qu’à regarder le film « 5ème Set » avec un bon Prozac.

      • Sam 27 juin 2023 at 11:37

        Oh, pas négatif ! Ce bon Carlito à malheureusement à mes yeux contre lui un service moche et un R2M. Et vu que je ne suis pas très subtil ni nuancé dans mes appréciations esthétiques…Mais il me reste toujours Arthur Reymond.

        Marrant que tu évoques « 5eme Set », pas trouvé ça terrible -dans le genre, autant regarder le Youtube de Jules Marie – , mais bref, y’a pire. Par contre, je viens de voir le film « Guy », d’Alex Lutz : brrrrrillant’ !

    • Guillaume 27 juin 2023 at 12:12

      Tu t’es fait hacké ton compte ou la maîtresse harassée de Djoko le besogneux a viré sa cutie ? :lol:

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