La dernière nuit du dragon

By  | 11 février 2010 | Filed under: Insolite

Le match de trop, il le jouera trois jours plus tard. Peut-être est-ce le tournoi qui fut de trop, ou bien la saison. Toujours est-il que l’histoire eût été plus belle si elle s’était achevée cette nuit-là, si la tempête Hanna n’en avait décidé autrement, accordant un répit au héros promis à l’Hadès du retour à l’anonymat prochain.

Il eût pu ainsi finir en apogée héroïque, perclus de douleurs, sur une jambe franchissant les derniers mètres de l’antichambre des presqu’ombres en vainqueur pour sa dernière lutte, ramenant dans l’ultime voyage une dernière tête de guerrier redoutable, un dernier scalp pour la légende.

Mais non, il devait périr plus tard, les armes encore à la main, et sans gloire.

Son dernier combat – dans une réalité idéale, sans intempéries, sans gloutonnerie de la bouchée en trop que l’on ne digère pas – aurait dû se dérouler dans cette arène, ce soir-là, contre ce héros-là, ce presque Grec, un autre décidément ! Son grand rival des belles saisons, un qui eût ce rare privilège de la sortie capé comme prince, quatre années plus tôt.

Si les statistiques implacables retiennent un obscur Benjamin, ma mémoire elle, celle d’un Homme, donc subjective par essence, ne retiendra que l’autre…

Dans le tunnel le vieux briscard laisse la priorité au cadet. Ce n’est pas un cadeau ou un honneur, non, le match commence déjà là.

Le tunnel est glacial, l’antichambre de l’Hadès doit ressembler à ça. Les gladiateurs s’avancent, nerveux, lequel l’est le plus, jeune ou vieux ?

Le tunnel est constellé de visages connus, ces antiques héros disparus depuis longtemps déjà. Ce sont les âmes des défunts guerriers qui hantent les lieux, comme un écho qui ne veut jamais vraiment mourir ; il y a là le cavalier attaquant génial, le relanceur hoplite cabochard, le grand sec centurion désagréable…. Le vieux lion se dit qu’il les rejoindra bientôt.

La sortie se profile et bientôt la chaleur revient, peut-être celle des flammes de l’enfer.

Cet enfer sera plutôt le purgatoire, la postérité se mérite, jusqu’au bout.

Les yeux se pressent autour d’eux, ces yeux modernes qui se souviennent quand la mémoire humaine défaille. Les flashs crépitent et la rumeur éclate dans l’amphithéâtre, le public veut du sang, de la sueur, des larmes : « Morituri te salutant ! »

En entrant le premier dans l’arène, le jeune chevelu subit la première vague, la moins vive. C’est l’entrée du vieux déplumé qui soulève les passions et qui le frappe de stupeur et lui désunit les genoux lorsqu’il réalise vers qui vont les hourras fournis, qui est leur héros. Le match avait commencé, déjà. La première manche était perdue, déjà.

Les gens acclament le héros, ils aiment d’avance le spectacle promis formidable. Lui n’aime pas tout ça, il n’aime pas ce qu’il fait, mais il va faire plaisir, il va faire son métier, il va sublimer ses propres désirs, il l’a toujours fait.

La deuxième manche, la première en fait sur le terrain sans poussières, où la terre est recouverte et l’herbe ne pousse plus, voit le vieux faire le métier ; il sait qu’il doit se dépêcher, le temps est compté, déjà sa vie s’enfuit par son dos et sa jambe.

Le fluide et les potions avaient fait leur effet, il avait pu démarrer tout de suite à fond sans souffrir, en prenant de vitesse la vitesse elle-même, la jeunesse.

La deuxième joute va dans le même sens, le chauve se joue du chevelu, la cadence lui appartient, il en est l’inventeur, personne ne l’a surpassé ni égalé. Ses droites-gauches armés de sa catapulte à boulets jaunes font mouche, leur précocité surpasse celle du modèle en jeune, l’élève ne peut que regarder et admirer.

Il bouge comme à ses plus belles années, l’autre Grec serait jaloux, lui qui est passé de l’autre côté de l’Achéron outre-Atlantique depuis lurette ; il faut dire que le temps passe plus vite pour les gladiateurs, la plèbe et les Patriciens vivent plus vieux. Le Grec semble appartenir à une autre génération, lointaine.

Ce jeune Grec-là est jeune et vigoureux, il punche courageusement et vaillamment, il a passé l’impression première à présent, il se bat libéré et offre son cœur à chaque gifle de son filet à papillon transformé en lance à dragons. Effet corollaire chez l’ennemi : la douleur revient, la potion a vécu, le dos se crispe, la fatigue creuse les yeux. Il fait lourd ce soir, lourd comme des nuages prometteurs d’apocalypse ou comme des jambes usées qui ont bien trop tricoté. La concentration s’évapore avec la sueur, l’admiration devient haine, enfin le duel vire au sérieux, la tension dépasse le comble, les gens et leurs cris se mêlent, portant au summum les ardeurs guerrières qu’ils ne veulent pas voir fondre trop vite.

Ils ne seront pas déçus : la dramaturgie s’installe, elle sublime le spectacle.

Le jeune gladiateur se rebelle et emporte la troisième course vers le six diabolique. Le corps du vieux gémit, il le rappelle à son âge, celui qu’il voulait ignorer encore un peu, son dos est une horloge à rebours qui égraine les secondes à l’aune de ses rictus de douleurs ; celui du jeune exulte, il balance des éclairs désormais, Zeus fils déchaîné ! Il faut le contenir, et vite !

Le divin chauve prend plus de risques, il joue le tout pour le tout, le baroud d’honneur ne doit pas virer à l’aigre.

Il passe devant dans la quatrième manche, deux fois il prend le tour de son ennemi : le vieux lion rugit encore !

Le jeune aussi, il n’est pas du genre à renoncer, son admiration ne va pas si loin. Il revient bientôt, grignote l’avance, réussit des coups qu’on ne lui connaissait pas, il balaye les lignes et malmène l’adversaire sans ménagement, il fait de plus en mal.

Une force magnétique attire inexorablement le chauve, la porte du départ s’entrouvre, en elle brille une lueur, celle de la fin des maux terrestres, ou bien est-ce une ombre ? Celle du repos éternel promis, les champs Elyséens que l’on devine par-delà l’arène. La force le tire vers le sol, vers le ciel, on ne sait plus. On sait juste qu’il se bat encore, parce que c’est la mode, parce que c’est son destin, parce qu’il a promis à son père, le dragon à qui il doit tout ça, pour la Walkyrie qui l’encourage depuis les gradins, pour sa descendance qui admire le champion paternel, pour moi, pour nous….

Le Grec est revenu à égalité. Tout est à refaire, en pire. Car la douleur est là, non….Il n’y a plus que la douleur, lancinante, insinuée en chaque fibre du dos et de la jambe.

Il doit jouer sur une jambe désormais, et le dos refuse d’en faire plus… mais le devoir est plus fort, point d’abandon pour une sortie ! Mourir mais point se rendre !

Le Perse se parle à lui-même, il s’invective, les pancartes à son nom agitées comme des oripeaux et les cris scandés à son nom le portent, la volonté du public se substitue à la sienne, elle forme une canne pour marcher et un corset pour le maintenir. Il peut encore faire un miracle si la ferveur ne s’éteint.

Un signe est donné en ce sens, l’ultime Spartiate défenseur des Thermopyles boite, il a des crampes ! Preuve qu’il a tout donné pour revenir à niveau.

La bagarre a pris un nouveau tournant, c’est la lutte de deux éclopés, jeune et vieux réunis dans la souffrance et l’enfer de cette nuit interminable. Elle, qui veut son vainqueur et son perdant, ne cédera pas au jour tant qu’un ne tombera pas pour de bon, il ne peut en rester qu’un ! Tel est la loi manichéenne du sport, ce substitut à la guerre, la vraie.

Mais celle-là est vraie ! Nul doute là-dessus, il n’y a que la guerre pour pousser si loin les limites, ce sont de vrais gladiateurs qui se livrent ici, jusqu’à finir exsangues, jusqu’au dernier point. « Morituri te salutant » !

Seuls les bras fonctionnent dans l’ultime partie, et les tripes aussi. Un direct pour une feinte, si possible faire courir l’autre pour l’épuiser sûrement et casser le bois dont sont faites ses jambes, aussi raides.

Le jeune est comme vieux, il se sert de son arme comme une canne, sans elle il tomberait. Elle est en fait la prolongation de sa volonté, inexpugnable.

Le vieux rationne ses efforts, au bord du gouffre il se concentre sur ses fondamentaux, l’expérience pour alliée.

La lutte se fait pied-à-pied, coup-pour-coup, coup droit pour revers, service pour retour, grimace pour grimace, avantage pour égalité, jeu pour jeu, point pour point…

Enfin la délivrance survient, le vainqueur peut lever le poing – s’il en a la force – il tremble, la mort n’a pas voulu de lui, pas cette fois encore… Le jeune a sorti sa dernière frappe, elle s’est perdue dans la nuit, la balle est devenue pénalité : la mort !

Le gladiateur n’est que débutant, il ressuscitera du haut de ses 21 printemps ; pour le Perse, elle n’est qu’ajournée… ou pas, s’il ne peut s’en relever.

Ils se serrent la main et aidés par leurs pairs et les soigneurs regagnent une salle de repos l’un à côté de l’autre, ou l’inverse, loin de la folie de la nuit hurlante, avec leur douleur pour dernière compagne ce soir-là.

Le vieux se gratte le caillou, il entend des nouvelles météo inquiétantes – peut-être la colère de Zeus voyant son fils battu – se souvient de fausses amours, d’illusions, de mensonges, de cheveux artificiels, de dragon paternel…..Il pense que c’est une belle nuit pour mourir.

http://www.youtube.com/watch?v=_4ku1Brn-YM

http://www.youtube.com/watch?v=NgcrS4jhGdY

http://www.youtube.com/watch?v=BcCqgiDFO7w

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232 Responses to La dernière nuit du dragon

  1. Antoine 11 février 2010 at 10:39

    Je le trouve vraiment excellent cet article, très bien écrit, rien à ajouter, ni enlever..

    N’ayant pas suivi le parcours d’Agassi durant cet US Open, pour cause de disparition en première semaine, je n’avais jamais entendu parlé de ce match que je découvre donc en regardant les vidéos mises à disposition par l’auteur et comprend par la même que c’est ce de match dont l’auteur veut parler, que c’est Baggy qui est cet autre grec (et il est bien grec puisqu’il est chypriote, donc héllène)..Disons que ce n’est pas évident à comprendre si on ne connaît pas ou si l’on ne se souvient pas de ce match..peut être le seul défaut de l’article..J’aurais sans doute choisi une autre photo aussi..

    En regardant ces vidéos qui ont à peine plus de trois ans alors que l’on a l’impression que c’était il y a un siècle, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire: c’est dommage pour lui qu’Agassi n’ait jamais eu une vraie première balle quand même..

    • Alex 11 février 2010 at 11:39

      J’ai choisi cette photo car le texte est librement inspiré du livre.Je n’avais pas vu le match non plus avant.J’ai reformulé avec mes mots ceux d’André.Je ne sais pas s’il y a un nègre dans l’ombre du chauve,en tous cas le livre est pas mal écrit du tout !

    • MarieJo 11 février 2010 at 12:24

      alex, j’ai cru comprendre que le rédacteur du bouquin était un journaliste ayant obtenu un pulitzer, donc vraiment pas une quiche le gars ;) je pourrais sans doute retrouver le nom mais pas tout de suite !

      tiens pour ceux qui veulent lire des extraits en VO :
      http://sportsillustrated.cnn.com/vault/article/magazine/MAG1161984/1/index.htm

  2. Franck-V 11 février 2010 at 10:56

    Pareil qu’Antoine,

    Très bien écrit, lyrique, épique.

    Pas vu le match non plus et je ne savais pas que c’était de Baghdatis qu’il s’agissait.. J’étais parti sur du Benjamin Becker.. le jeune.. et après, ça parle de Grec, mais le Grec, il était déjà sur l’Olympe à ce moment-là… J’ai du relire..avec plaisir.
    Donc je m’attendais à la chute du Perse à la fin…

    ça n’en est que plus savoureux en découvrant les vidéos.

    En effet, ce soir là était une belle nuit pour mourir…. après le dernier Spartiate 4 ans plus tôt, la nuit du dernier… Immortel puisqu’il s’agit du Perse.

    Finalement ça s’est terminé sur du initials BB…

  3. Baptiste 11 février 2010 at 12:03

    euuuh franchement je ne suis pas sur d’avoir tout compris.

  4. Ulysse 11 février 2010 at 13:01

    Très bon.
    Même si je connaissais pas le match, ton texte hugolien fait écho à ma mémoire d’autres combats similaires.
    Alex, tu l’avais suivi en direct ou tu ne connais que par Youtube interposé ?

  5. Jean 11 février 2010 at 13:09

    C’est très bien écrit, il m’a fallu un moment également pour tamponner car je n’ai pas suivi la fin de carrière d’Agassi. Comme le dis Antoine, cela semble être une éternité. Puisque tu l’as lu, quel est ton avis global sur le livre ? Les extraits que j’ai vu allaient de l’intéressant au très impudique (le passage où il court après Steffi sur la plage, plié de rire). Déjà la couv est super flippante. Je regarderai les vidéos plus tard.

    • Nath 11 février 2010 at 14:47

      Je suis également intéressée pour un avis sur ce bouquin.

      J’ai lu une bonne partie des extraits diffusés sur internet, et l’ensemble m’a pas laissé une super impression. Ok, ça a l’air bien écrit, mais les extraits que j’ai lus sont globalement assez négatifs, c’est ce qui m’a marquée le plus.

      Sachant que c’est ce qui fait vendre, je me demande si c’est vraiment ce qui ressort du livre, ce qui serait en totale opposition avec les dires d’Agassi sur le sujet, ou si ce sont les médias qui ont choisi les extraits les plus durs, parce que c’est, parait-il, ce que le grand public veut.

  6. Elmar 11 février 2010 at 13:47

    Article bien écrit. Bravo.

    Je suis très étonné que si peu de gens se souviennent de ce match.

  7. Guillaume 11 février 2010 at 14:02

    J’avais suivi avec intérêt le parcours d’Agassi lors de cet US Open. Sa dernière saison était plus que médiocre, mais je me doutais qu’il ferait un beau baroud d’honneur à l’US Open. Déjà, le premier tour qui l’opposait à Andrei Pavel a été un excellent match. Dès lors, il était évident qu’une night session face à Baghdatis, homme de grandes occasions s’il en est, ferait des étincelles. Pas manqué : la dernière victoire d’Agassi est aussi l’un des très grands crus de la décennie à New York.

    C’est vrai que peut-être eut-il mieux valu qu’il perde ce jour-là, pour éviter l’amère sortie, claudiquante, contre un Becker anonyme au tour suivant. En même temps, sur le moment, quand il élimine Baggy, les fans ont tous espéré qu’il passe encore Becker afin de terminer sa carrière sur un 8e de finale de gala contre Andy Roddick. C’aurait été la sortie la plus royale qui soit au pays de l’Oncle Sam.

    La photo qui fait la couverture d’Open est superbe. Si Alex y fait référence, je pense que c’est parce que ce match contre Baghdatis est abondamment traité dans son autobiographie. Agassi raconte que, allongés côte à côte sur la table de massage, perclus de crampes, incapables de bouger l’un comme l’autre, le Chypriote et lui se sont longuement serrés la main en regardant la télé qui diffusait déjà les highlights de la rencontre.

    Thanks Alex.

  8. Nath 11 février 2010 at 14:37

    Moi aussi, j’ai cru un court moment que tu parlais du dernier match. Puis, comme tu qualifies celui-ci de match de trop, j’ai cru que tu allais nous faire une fin alternative, mais ça n’aurait pas du tout collé avec la photo…

    Bref, belle écriture, j’ai bien aimé l’apellation « le chevelu » ! Merci d’avoir parlé de ce sujet.
    « déjà sa vie s’enfuit par son dos et sa jambe » : Là, j’ai eu froid dans le dos.

    Je vois que nous n’avons pas été nombreux à voir ce match en direct. Dommage car c’était sacrément intense, même pour le spectateur. Quand les crampes arrivent pour Bagdhatis, l’arbitre lui colle un avertissement pour dépassement de temps. Le chypriote prend le parti d’en rire, nerveusement, moi aussi.

    C’est un des rares matches que j’ai l’impression d’avoir vécus, et dont je suis sortie épuisée.

    Concernant le match suivant, je n’ai jamais réussi à déterminer ce qui me dérange. Est-ce le déroulement du match qui n’a rien avoir avec celui-ci, l’identité de son adversaire (sérieusement, il a touché les lignes à tous les endroits possibles, et est aussitôt retourné à son relatif anonymat)? Toujours est-il que je fais toujours un peu la gueule quand je vois son nom sur un tableau…

    Un an auparavant, quand Agassi décide de ne pas prendre sa retraite après sa finale perdue contre Federer, je me souviens que McEnroe lui était tombé dessus à bras raccourcis, disant en gros qu’il ne pouvait espérer une meilleure sortie, je n’avais pas été d’accord : de quoi se mêle-t-il, ce gaucher caractériel, chacun doit décider par lui-même ! Un an plus tard, connaissant la fin, je suis toujours du même avis, bien que moins virulente envers l’ainé des deux américains. Agassi connaissait le risque, non ? En plus, nous, public, y avons gagné un match de légende !

  9. John 11 février 2010 at 14:41

    Bonjour à tous,

    je vais être franc Alex: j’aurais souhaité applaudir à ton texte, et je n’y suis pas parvenu.

    Pourquoi ? Tout d’abord, parce que je commence à en avoir assez de cette tendance, dans les blogs et ailleurs, à vouloir considérer les sportifs comme une sorte d’hybride étrange entre le gladiateur damné à la mort et le héros promis aux légendes. Un sportif, ce ne doit pas être un gladiateur et ce ne sera jamais ce qu’on peut appeller un héros. Ce ne doit pas être un gladiateur car le tennis ne doit pas être un spectacle macabre ou un foule de spectateurs dégénérés guettent le crampe, la larme le sang ou l’invective. Et ce n’est pas un héros sans quoi la signification de l’héroïsme se galvaude.

    Pour être plus clair: Federer, Nadal, Agassi, sampras ou Edberg ne sont pas des Rois, des Dieux, des Maitres, des Légendes, des Elus, des Archanges aux Pieds Ailés, ou que sais-je – le kitsh n’a pas de limites, et l’être humain est toujours capable de les repousser. Ce sont des mecs doués pour le sport qu’ils font et pour le jeu qu’ils aiment, et qui nous procurent du plaisir – parfois de l’émotion – pour le talent, le persévérance et le caractère qu’ils y mettent. Pas plus, pas moins. Et pas de quoi crier au dragon, ou de se faire un shoot de micro-fascisme riefenstahlien sur la question.

    Il y a une deuxième raison pour laquelle je n’ai pas aimé ce texte. C’est l’idée, soutenue pour l’auteur, qu’il existe pour un champion ce qu’on appelle le « match de trop ». Selon moi, c’est supposer de nouveau que le champion ne s’appartient pas; qu’il est une créature du public qui le regarde, et le juge apte ou pas à retourner au combat, être labellisé « champion » ou « has been », héros courageux ou combattant sur le retour, etc. Or voilà: si un champion veut continuer à jouer au tennis, y prendre du plaisir et se prendre des roustes, c’est son affaire. C’est sa carrière professionnelle. Et c’est surtout sa liberté d’envisager son sport comme il l’entend. Et en la matière, il n’y a jamais de match de trop. Agassi perd contre Benjamin Becker alors qu’il n’a plus qu’une demi-jambe pour se déplacer ? Et alors ? Il est monté sur le terrain, il se bat avec les armes du jour, il donne – je m’en souviens – tout ce qui lui reste, il perd, il sait que c’est le jeu, le plus beau jeu du monde d’ailleurs. Ce match appartient désormais à ses souvenirs et personne ne peut le lui retirer. Il en ira de même de tous les matches amicaux ou non qu’il a joué et jouera de son enfance à sa mort. Si le match de trop existe, autant ne pas jouer du tout.

    Enfin, troisième détail: en 2006, André Agassi joue pour le plaisir de jouer depuis une dizaine d’années maintenant. Il est blessé. Son dos joue de l’accordéeon et ses jambes ne parviennent plus à faire trois pas en course latérale. Mais il est fou de son sport, et revient comme tel se faire hacher le reste du corps pour un dernier tour de piste…

    Je te remercie pour ton article Alex, qui fait revivre un chouette moment de tennis. Mais nous avons semble-t-il deux désaccords à bastiller…

    • MarieJo 11 février 2010 at 15:52

      bienvenue ! et merci de proposer ton avis :)

      vouloir sublimer nos héros, fussent-ils que de simples sportifs reste toujours un exercice difficile, tous les « excès » doivent-ils être permis ? why not… en même temps, certains joueurs proposent des performances hors normes, non ?

      je pense qu’alex nous offre une vision très personnelle de ce dernier duel, qui s’il avait été le dernier pour agassi aurait sans doute offert à celui ci une sortie mémorable.
      pour moi c’est le cas, match perdu ou gagné c’est celui-ci que certaines personnes retiendront plus que la défaite contre becker au tour suivant.
      et je suis d’accord quand même avec toi, le match de trop n’existe pas, si non safin aurait sans doute joué bcp de matchs de trop !

      je ne pense pas que l’analogie aux gladiateurs soit complètement hors propos, les stades d’aujourd’hui restent les arènes d’antan, on continue de s’y battre avec de nouvelles armes, et vaincre l’adversaire reste toujours le but ultime… même si on ne tue plus l’adversaire au sens propre, le vocabulaire des commentaires reste très guerrier, on tue le point, le match et enfin l’adversaire en lui étant supérieur dans tous les domaines.

      • John 11 février 2010 at 17:05

        Bon, admettons l’exception pour Safin…

        Au niveau des faits, je suis d’accord avec toi. Tout dans la dramaturgie du sport – les présentations d’avant-match, les spotlights à l’entrée du terrain, le visuel du site ATP – rappelle l’image du gladiateur, du combattant, du guerrier.

        C’est vrai par ailleurs que l’organisation économique du tennis est finalement assez proche d’un circuit de gladiateurs. La répartition financière des gains suit le principe du « winner takes all », dans la mesure où la pyramide des gains est très inégalement répartie comparé à d’autres sports: le circuit ATP a en ce sens un petit parfum de « marche ou crève ».

        Néanmoins, le fait que les choses soient ainsi ne m’empêche de rêver quelques fois qu’elles soient autrement. Et de regretter que la symbolique du combat soit à ce point prégnante qu’elle saisisse également les papiers que nous écrivons…

    • Sam 11 février 2010 at 17:36

      Je souscris 2000 chez John: non seulement c’est juste, mas en plus, c’est important.

    • Elmar 12 février 2010 at 12:04

      Je suis pas tellement d’accord avec cette vision du sport qui serait économiquement orienté vers le combat de gladiateurs. Pour moi, c’est bien plutôt une affaire de condition humaine.

      Quand j’avais 5 ans et que je jouais au foot à la cours de récréation, j’étais prêt à TOUT pour marquer un but. Je n’en avais strictement rien à faire de la douleur ou d’autre chose. Seuls comptaient le combat du moment et la victoire au bout. Par tous les moyens permis (j’ai toujours été un mort-la-faim en sport, mais un mort-la-faim fair-play). Bref, j’avais 5 ans et je vivais déjà les choses ainsi. La volonté de vaincre. La condition humaine.

  10. Ulysse 11 février 2010 at 16:29

    Comme MarieJo je pense que le tennisman moderne a beaucoup du gladiateur antique et l’analogie est tout à fait valide.
    Les meilleurs gladiateurs vivaient longtemps, étaient richement récompensés et considérés.
    D’autre part j’ai toujours trouvé le tennis très violent mentalement et véhiculant des valeurs sociales assez douteuses. C’est dur de se voir réduit à l’impuissance en un contre un par un autre plus fort, plus malin, plus habile. Ca se voit très bien en voyant la pression que subissent certains enfants en compétition qui n’ont pas encoreappris à cacher et policer leurs émotions (et parfois aussi leurs parents odieux). Le respect de l’adversaire mis en avant par une sorte de réflexe collectif de compensation dans les arts martiaux traditionnels n’y a pas forcément cours. Comment respecter un adversaire qui te vole ton temps, s’ingénie pendant une heure et demi à te compliquer la vie au maximum, se réjouit de chacune de tes erreurs ?
    Les grands champions sont des tueurs froids, il ne faut pas s’y tromper. Je ne résiste pas à la recaser, la citation qui décrit parfaitement l’angoisse du gladiateur face à son double :
    « It’s one-on-one out there man ! There’s no hiding ! I can’t pass the ball ! »
    Pete Sampras

    • John 11 février 2010 at 17:17

      De fait, le tennis ça ressemble souvent à la guerre: qui a déjà vu partir un parpaing de Blake a me semble-t-il une idée assez précise de ce que doit être un missile sol-air.

      Et pourtant, ce n’est pas la guerre, et c’est ce qui fait toute la différence entre un jeu et la réalité: entre Stratégo et Austerlitz, entre un match de foot et un tournoi de chevaliers, entre un deux sets bien frappés – Roger, un muscadet ! – et un duel au soleil. La guerre tue, quand que le jeu encadre le conflit pour lui garder son sel mais en lui ôtant une part de sa cruauté. C’est d’ailleurs une des choses que j’aimais bien chez le Roger Federer avant qu’il ne commence sa quête aux records: il était capable de sourire par pur plaisir, qu’il s’agisse d’un coup splendide ou d’une faute à pisser de rire. Ou chez Agassi, qui ne personnalisait jamais le match mais considérait plutôt qu’il consistait en un problème à résoudre, un peu comme un puzzle ou un rébus.

  11. Lionel 11 février 2010 at 16:39

    Commentaire intéressant de John. A savoir si l’auteur considère avec Roland Barthes que les sportifs forment une Mythologie, moderne, ce qui est certain. Dieu étant mort avec Nietzsche etc, l’homme c’est dieu qui a besoin de croire quand même, en l’homme donc, donc Agassi, Federer, rien de nouveau.

    Ce ne sont évidemment que des hommes, je pense que cela est clair pour Alex qui ne le laisse pas cependant tranparaitre dans ce texte. Après s’il faut faire une lecture au 1er degré stricto sensu…

    Et même John doit parfois comme tout amateur de tennis considérer Federer, quand il met une bonne fessée à Murray, comme un peu plus qu’un homme. Un spectacle en direct, de quoi se réconcilier avec sa pauvre petite humanité médiocre.

    Pour revenir à ma lecture à moi, dabord j’ai rien compris, jusqu’à l’explication d’Antoine. Alors la solution est apparue et comme un texte de Borges une relecture s’est imposée. Moi j’aime bien; même si le coup du Perse et du Grec c’était pas évident.

    Sur Agassi, sa fin me laisse assez indifférent comme le bonhomme dans lequel je n’ai jamais vu qu’un produit, superbe, original et faisant école certes, mais un produit. Un personnage assez compréhensible, donc un peu ennuyeux, à la différence d’un Noah, McEnroe ou Federer qui resteront toujours un peu étrange. Donc fascinant.

    Le problème de ce texte c’est que pour moi, Agassi n’a rien de mythologique, à part le dieu dollar si on veut, ça va pas plus loin.

  12. alfred 11 février 2010 at 16:44

    « Federer, Nadal, Agassi, sampras ou Edberg ne sont pas des Rois, des Dieux, des Maitres, des Légendes, des Elus, des Archanges aux Pieds Ailés, ou que sais-je – le kitsh n’a pas de limites, et l’être humain est toujours capable de les repousser. Ce sont des mecs doués pour le sport qu’ils font et pour le jeu qu’ils aiment, et qui nous procurent du plaisir – parfois de l’émotion – pour le talent, le persévérance et le caractère qu’ils y mettent. Pas plus, pas moins. »

    Merci Man!!!

  13. alfred 11 février 2010 at 16:50

    « Ce sont des mecs doués pour le sport qu’ils font et pour le jeu qu’ils aiment »

    Je rajouterais que leurs dominations respectives ne se limitent qu’à tout au plus une trentaine de personnes (les adversaires qu’ils battent directement pour remporter les titres) rien de plus.

    • John 11 février 2010 at 17:20

      De fait…

  14. fieldog 11 février 2010 at 17:25

    Salut à tous!

    De retour de vacances après le périple « Federerien » en terre aborigène, je me délecte des derniers articles parus.

    Un grand bravo à Kristian pour son récit teinté d’histoire, à Guillaune pour réussir à nous tenir éveillé dans cette période post-GC et à Alex pour cet article épique et qui ,pour ma part, m’a beaucoup plu.

    Je trouve que mélanger mythologie et sport est très souvent synonyme de franche réussite (surtout avec une telle plume). Car après tout, les sportifs actuels ne sont-ils pas les héros des temps modernes…? En tout cas, ce sont les seuls à pouvoir aujourd’hui nous faire rêver, comme on rêvait gamin en lisant les aventures d’Ulysse (le vrai hein, pas l’usurpateur de 15LT ;) ), d’Alexandre le Grand ou de Ken le survivant (je déconne hein :mrgreen: )

    @ John : les arguments que tu opposes à l’article d’Alex se tiennent et je comprends tout à fait ton ressenti mais avoues que c’est quand même plus fun à lire qu’un banal résumé de match :)
    Et puis s’il y a un sport où on peut comparer les joueurs à des gladiateurs, c’est bien le tennis. Aucun autre sport en « one-to-one » ne peut se targuer d’être aussi dur psychologiquement, avec cette volonté de « tuer » l’autre (au sens figuré du terme bien sûr) sur une durée aussi longue (un effort de parfois plus de 4h) et avec une telle dramaturgie. C’est pourquoi j’ai toujours considéré le tennis comme un sport combat, certes atypique car sans coup physiquement porté à l’autre, mais un sport de combat quand même! Sous cet aspect les joueurs de tennis sont clairement les nouveaux guerriers et les différents « Court Philippe Chatrier », ou « Rod Laver arena », les nouvelles arènes…

    • Ulysse 11 février 2010 at 18:26

      « ce sont les seuls à pouvoir aujourd’hui nous faire rêver, comme on rêvait gamin en lisant les aventures d’Ulysse (le vrai hein, pas l’usurpateur de 15LT) »
      Tu as tort Fieldog, mes aventures sont passionnantes à lire, tout usurpateur que je suis.

  15. Sam 11 février 2010 at 17:30

    Le bouquin d’Agassi est vraiment bas de gamme, sur la forme. Mais il reste infimement supérieur à celui de Santoro. Sur le fond, on y apprend des trucs étonnants: son père, pire que celui de M.Jackson, la vie sous Bolletieri, quelques sensations vues « de l’intérieur » de matchs. Mais, au final sur le fond, et le fond de tennis, c’est assez decevant. Assez peu finalement de description de « l’art de bien jouer au tennis ».Mais là aussi, ça reste infiniment supérieur au Santoro (qui est perso. le bouquin le plus con que j’ai jamais lu). Chez Agassi donc: une grande place accordée à la vie sentimentale de l’auteur. Sentiment sur son père, crise d’ado., sentiment sur les filles et Graf. Sentiment pour le lecteur – ça dépend de chacun- d’un type pas toujours follement subtil. Pour le dire autrement, pas mal de regards « sur la vie » un peu binaires… Pour le dire encore autrement: vachement « américain », si ça peut vouloir dire quelque chose.

    Allez, je vais me taper le Becker.

    • Sam 11 février 2010 at 17:31

      Sorry, plein de fautes:
      ok corrigé :)

      • Lionel 11 février 2010 at 18:21

        Santoro a écrit un livre?

        Et tu l’as acheté vraiment avec de l’argent? Incroyable ça comme nouvelle. Dans la série livre débile sur le tennis t’as le livre de Gunther Bosch sur Becker.

        Alors si tu devais faire un comparatif entre T’as pas deux balles, et l’oeuvre de Santoro. Et le livre de Gérard Holtz il t’a plu?

        • Sam 11 février 2010 at 18:49

          On me les a OFFERT. J’en suis pas plus fier: je les avais réclamés. Tellement même que du coup, Le Santoro, je l’ai … En double. Classes, les rayonnages, entrez les filles (« Pas mal, hein, le p’tit père Mozart ! »).

          Je me suis dit un moment que ça mériterait un article littéraire: le Masque et la Plume, sur 15L. Mais bon … en tous cas, si quelqu’un a besoin d’une autoio. de Santoro …

      • Sam 11 février 2010 at 18:57

        Oh ! Qui c’est qu’a corrigé mes propres fautes ? !! Et inséré un infâme smiley ?? Guillaume, au secours, c’est hanté !

        • Guillaume 11 février 2010 at 19:13

          Pô au courant. Mais je sais que Colin ou Mariejo corrigent parfois les erreurs pointées par le posteur qui se désespère devant ses fautes d’orthographe !

          Vu l’usage du ;) je mettrais une pièce sur MJ.

  16. Antoine 11 février 2010 at 17:52

    Je trouve très intéressant le commentaire de John mais je ne partage pas les deux idées qu’il défend brillamment:

    Et bien si, le sport demeure très largement un moyen pacifique de continuer à faire la guerre par d’autres moyens..C’était le cas à l’origine des JO, cela demeure très largement vrai me semble t il que ce soit un sport individuel ou un sport d’équipe..

    Je ne partage pas non plus la seconde: il faut savoir partir à temps et certains départs sont plus réussis que d’autres..Ce disant, j’ai bien conscience que cela implique, comme le note John, que le sportif ne s’appartient pas ou plus tout à fait, mais c’est bien le cas me semble t il..L’homme s’appartient tout entier bien sûr, mais le sportif, ce pourquoi son sort intéresse d’autres que lui même, ne s’appartient pas complètement et c’est à ses risques et périls qu’il poursuit sa carrière parfois un peu trop longtemps. S’agissant d’Agassi, je me suis fait sur le moment la même réflexion que Mc Enroe: il ne peut plus espérer mieux, il ne gagnera plus, l’autre est désormais trop fort; il est temps de tirer sa révérence..Et que lui a apporté la saison 2006: rien, mis à part qq $ de plus; enfin, pas tout à fait puisqu’il y a eu ce match contre baggy que je regrette bien de ne pas avoir vu à l’époque. C’est quand même peu..

    • John 11 février 2010 at 20:35

      Salut Antoine,

      la citation que tu pastiches est bien sûr « la politique est l’art de continuer la guerre par d’autres moyens ». Ces quelques mots montrent d’eux-mêmes la différence fondamentale entre le sport et la guerre. La politique prolonge la guerre, tout en transformant ses données fondamentales – la recherche de l’intérêt général se substituant au choc des armées. Le sport ne fait que la mimer. Les jeux olympiques de l’époque héllène n’étaient d’ailleurs pas du sport mais, effectivement, un curieux mélange de rite religieux et de diplomatie politique.

      Je crois que j’ai envie de vous proposer un article sur ces deux sujets – le sport et la guerre, et le droit au sportif de s’appartenir. Ce sera l’occasion de vous parler du plus grand tennisman de tous les temps…

      • Antoine 11 février 2010 at 22:52

        On va lire cela avec le plus grand intérêt..Pas sûr toutefois, pas sûr du tout que la politique et la guerre aient des buts différents..

  17. Ulysse 11 février 2010 at 18:45

    Comme dernier match pour fermer le ban d’une carrière, la sortie d’Agassi n’était effectivement pas très réussie.
    Difficile de faire plus classe dans le domaine que son condisciple Sampras qui lui a tiré sa révérence finale sur une victoire en Grand Chelem. Ben oui c’est le genre de petits détails qu’il faut soigner quand on est candidat GOAT…
    Cet exploit avait seulement été réalisé avant guerre par je ne sais plus quelle vieille gloire, peu importe c’était un autre monde.

    Je vous parie que Federer mettra un point d’honneur à soigner sa sortie et s’improvisera en retraite dès qu’il fera une perf un peu marquante au milieu d’un lent déclin vers 2012, 2013.

    • Elmar 12 février 2010 at 10:20

      Concernant le dernier match de Pete: il a effectivement su lire à long terme puisqu’on se souviendra qu’il a remporté un GC et terminé sa carrière là-dessus.

      MAIS: si l’on se replace dans le contexte, Pete a mis presqu’une année pour annoncer sa retraite après ce match-là. Il a annoncé plusieurs fois qu’il reviendrait à la compétition. Sur le moment, j’ai même trouvé cette fin de carrière triste, un peu en eau-de-boudin. On avait l’impression qu’il trainait son spleen, qu’il ne savait pas quelle décision prendre. J’ai toujours préféré les gens qui annonçait à l’avance: « c’est ma dernière saison », style Edberg.

  18. karim 11 février 2010 at 19:21

    Comment réussir sa sortie? Une sortie c’est forcément raté sportivement. Si on sort, c’est parce qu’on est lessivé, rarement parce qu’on est au sommet de son art et qu’on botte encore le cul à tout le monde. C’est Ali qui fait des derniers combats calamiteux et indignes de sa légende. Mais la légende a la vie dure, la sortie ne l’écorne pas.

    Qui est parti au sommet? Pete végétait depuis deux ans, avant cet US Open de fou il n’avait plus remporté le moindre titre depuis deux ans!! Et comme la vie le veut parfois, l’histoire se doit d’être belle, elle n’a pas le choix. Il fait ce dernier tournoi, qui avant le premier échange du premier match, n’était pas dessiné comme tel. Ce tournoi est devenu son dernier par les formidables vers que la plume du destin a posé sur le parchemin de sa vie, après s’être trempée dans un mélange de chance et de retour de flamme. Il a joué le feu, atteint la finale comme les deux années avant, mais cette fois pas de jeune loup injouable en face, juste son meilleur ennemi, un viox comme lui et pas encore sur le départ, donc non-candidat à un dernier moment de gloire. Alors Pete a gagné. Il ne pouvait en être autrement. Cette sortie a effacé deux années de purgatoire. D’un coup sec. Elle a sublimé sa légende.

    De tête je vois également Prost qui se retire au lendemain de son ultime titre sur la Williams qui tuera Senna. Les coulisses de l’histoire ne disent pas que quelques tentatives de retour avorteront au stade embryonnaire. Mais sortie clap clap quand-même.

    Qui a réussi sa sortie au tennis? Edberg, Chang, Safin, trois exemples qui me sautent au visage de joueurs qui ont commis l’erreur d’annoncer que l’ultime saison s’ouvrait devant nous. Et qui sont allés de défaite infamante en petits pots d’adieu sur les courts un soir de premier tour perdu, dans presque tous les tournois joués. Edberg avait même fini par interrompre la sienne me semble-t-il.

    Et ceux qui ont disparu à leur propre insu, plus blessé et vieux qu’ils ne le pensaient et qui un brutal matin n’ont pas eu d’autre choix que de renoncer après avoir fait un débriefing avec leur neurochirurgien juste avant le premier p’tit dej postopératoire?

    Et ceux qui sont partis trop tôt, mais qui n’ont pas su garder leur légende intacte et sont revenus miséreux pour quelques passes hasardeuses? Borg, vous connaissez? Jordan n’aurait jamais du prendre un shoot de plus que celui qui lui offre sa sixième bague contre le Jazz de Malone.

    Je me souviens de Noah, dont le jeu de fond de court était devenu tellement indigent sur la fin qu’on n’avait plus besoin de ralenti pour revoir le point. Il était à ce point dépassé que ses dernières communions émotionnelles se passaient contre des Franciso Clavet ou des… Fabrice Santoro!! Qu’il était loin le temps de Lendl et Borg qu’il tutoyait sur terre…

    Quels sont les joueurs les plus marquants de l’ère Open?

    - Laver: qui joue encore dix ans après son second grand chelem et ne joue plus la moindre finale?

    - Mc Enroe qui remporte son dernier majeur en 84 ou 85 mais joue encore jusqu’au début des années 90 en criant de douleur rossé par Courier?

    - Connors nous fait chavirer quand à 66 ans il tient la dragée haute à Chang à RG et abandonne perclus de crampes au premier échange du cinquième set sur un ultime retour gagnant. Mais il est déjà vieux depuis dix ans et tout ce qu’il fait sur une décade est considéré comme l’exploit du vieux lion, ça lasse.

    - Borg? No comment.

    - Lendl? Au finish ses articulations grinçaient comme une porte de donjon quelque part en Ecosse.

    - Becker: je me souviens de sa prestation contre Rafter à Wimbledon. Incapable de faire avancer la balle et très très nettement surclassé. On était tellement loin de l’explosion des balles de boum boum.

    - Wilander? On se demande si on n’a pas rêvé en 88.

    On peut multiplier les exemples. Ceci pour dire que la sortie d’André n’a rien de ratée, elle n’entache pas son palmarès, ne terni pas son aura. Elle n’est pas pire que celle des autres très grands champions.

    L’erreur c’est Pete.

    Merci pour ce bel article Alex.

    • Lionel 11 février 2010 at 19:30

      Enfin admet que Santoro Noah au premier tour de Bercy 90 ou 91 je ne sais plus, on avait bien rigolé.
      Ca jouait au moins 15/5.

    • Alex 11 février 2010 at 20:13

      Noah/Santoro en 91,mais Yannick avait refait deux réapparitions à Lyon ou marseille en 95 et 96 battu par Forget et Pioline respectivement.Il avait même repassé deux ou trois tours.

      Edberg avait raté sa sortie en effet,pas de chance,sur blessure en Coupe Davis,lui qui était peu blessé en général (en dépit de la finale australe 90 et d’une absence au Masters 91).Il finit sur une défaite contre Pioline et ne peut disputer le match décisif contre Boetsch et se fait remplacer par Nicklas Kulti pour le résultat qu’on sait.D’accord avec Karim sur l’erreur Sampras,mais il a eu le nez creux le Pete,car il n’avait rien prémédité,il a repoussé son retour mois après mois : il devait revenir en Australie 03,puis à Indian Wells,puis…finit par annoncer officiellement sa retraite sur les lieux de son ultime exploit un an plus tard,partant comme un prince.Il a dû réfléchir sur la dernière image qu’il voulait laisser à la postérité et son envie d’en découdre encore,il s’est montré réaliste et opportuniste,bien vu.

      En fait,un départ réussi ou ce que l’on attend de tel de la part d’un joueur,dépend essentiellement du niveau qui fût le sien durant sa carrière,de son aura auprès des fans et des médias,et de l’Histoire.Pete a réussi le grand-chelem en la matière,carrière et sortie au diapason ; Agassi a échoué,ou à demi échoué.. De la part d’un Santoro,on se satisfait plus facilement d’un premier tour en trois sets,pourvu qu’il fasse la grand écart entre quatre décennies,l’attente n’est pas la même.On n’ose imaginer Fed jetant l’éponge au deuxième tour de Wimbledon 2016 battu par le fils de son compatriote Georges Bastl…

    • Franck-V 11 février 2010 at 20:15

      La sortie d’Edberg est passée à un iota.. d’une victoire en CD, auparavant il sort quand même le vainqueur de Wimbledon, Richard (non, l’autre) à l’US Open, et plus tôt, Porte d’Auteuil, son bourreau éternel de RG.

      Rafter, idem d’un rien en CD.. à chaque fois, c’est la France qui en profite, ça nous a valu des matchs décisifs contre… Niklas Kulti et Wayne Arthurs…

      Je ne me suis jamais lassé des sorties de Jimbo, il pouvait toujours se passer quelque chose et il s’est toujours passé quelque chose jusqu’à 40 ans, de toute façon son come-back de 82-83 valait toutes les sorties.

      Borg garde un profil à part, et reste épargné , son loser tour show de 91 m’est totalement passé inaperçu. Avec sa raquettes en bois, c’était déjà une part de tournoi des Légendes dans le circuit.

      Becker, plus que sa sortie, c’est toujours ses … »entrées » qui ont fait la Une, si j’ose dire.. il connaît la musique, à ce sujet il vient d’être papa d’un 4° mouflet très humblement prénommé.. Amadeus…. qui fera peut-être boum boum à sa façon.

      McEnroe, ça fait drôle de le dire, mais il me semble avoir fondu comme une bougie, parti sans faire de bruit, au contraire de sa pétaradante carrière, même si il conduit une dernière belle campagne victorieuse en CD, en double avec Sampras… mais il était dit que par CBS, il tenait à garder les caméras braquées sur lui.

      Lendl semblait reclu pour toujours de toute vie publique, mais le concert d’anciens qui vient donner son avis sur les événements récents (ses records flingués)l’a peut-être incité à se rappeler au bon souvenir du passing shot sur l’homme, en revenant jouer quelques exhib.. et puis Lendl a toujours su monnayer un sourire..ou un tic..

      Hors tennis, y’a quand même l’exemple de Frank Rijkaard, semi-retraité loin des strass milanais qui emmènent les jeunes pousses de l’Ajax Amsterdam à la victoire en Champions League.. contre le Milan AC…

      Et puis y’a Zizou.. qui en vrai champion est parti comme ça….sur un coup de tête.

      Bon, Santoro, il faudra attendre au moins l’AO 2011 avant de se prononcer, et puisque la sortie de Wilander a été évoquée, c’est contre Fabrice à RG 91 que Mats a lui-même signifié qu’il éteignait les feux de la rampe, d’une geste des 2 mains en X en sortant du court qui disait.. »rideau », ça fait déjà 2 ans de trop..

      Pour ma part, après avoir lu ma fiche dans le who’s who, il va de soi que pour la der des der de Qui vous savez, j’en assumerai les conséquences en me retirant définitivement de la vie 15 love tennistique… sans vous demander de vous arrêter! ^^

    • Guillaume 11 février 2010 at 21:08

      Ah ben j’avais pas vu ton post, Franck. J’aurais pu raccourcir le mien de moitié !

      Bien vu pour Rijkaard. T’as Ronaldinho aussi qui prend sa retraite sur une finale de Champion’s League victorieuse en 2006…

  19. Thomas 11 février 2010 at 19:42

    Tiens, c’est marrant ce débat sur les fins de carrières, après cet australian open, je me demandais comment Federer allait il finir la sienne. Au point où il en est, c’est à peut près la dernière chose de vraiment importante qui lui reste à faire.

    Ca me rapelle aussi le dyptique (de Yoda/Karim, si mes souvenirs sont bonns…) sur SV « Briller certes…mais rater sa sortie » « Briller certes…et réussir sa sortie ». Ca m’avait pas mal plu à l’epoque, il faudrait les retrouver.

    • karim 11 février 2010 at 22:46

      c’était morglen/guillaume qui avait écrit ça je crois

  20. Alex 11 février 2010 at 19:47

    Intéressantes réserves de John,je n’avais même pas imaginé les débats que cela pourrait soulever.Ma vision héroïsée du duel provient de ma fascination d’adolescent attardé pour les super-héros et de la mythologie (pour cette dernière j’ai remarqué que nous sommes plusieurs ici),c’est ce qui a orienté ma description de ce match que je n’ai fait « que » décrire à partir des écrits tirés de « Open ».
    Concernant le « dragon »,il faut savoir que c’est le surnom que donnait intérieurement André au lance-balles automatique acheté par son père tyrannique qui voulait faire de lui un futur champion avec ou sans son accord.L’engin était pour l’enfant Agassi comme une bête monstrueusement grande qui crachait ses balles comme des boules de feu d’en haut sur sa pauvre tête.L’animal a servi de métaphore pour le mécanisme mais tout autant pour son propre père,décrit comme autoritaire, plaçant de gré ou de force en ses enfants ses propres espoirs déçus de gloire.

    Explication de texte complémentaire : » le cavalier attaquant génial, le relanceur hoplite cabochard, le grand sec centurion désagréable » sont Mac Enroe,Connors et Lendl,dont les photos sont affichées parmi d’autres vainqueurs multiples de l’US Open sur la cloison du tunnel menant au cours de tennis.

    Je n’ai en fait pas lu entièrement le livre,je ne suis pas allé beaucoup plus loin que cet épisode.Il est la première partie du bouquin,qui sert de moment marquant de départ,à partir duquel le champion,une fois le match fini (merci Guillaume pour la précision),au repos,se remémore le fil de sa vie en partant de son enfance.

    • fieldog 11 février 2010 at 19:52

       » le cavalier attaquant génial, le relanceur hoplite cabochard, le grand sec centurion désagréable  » sont Mac Enroe,Connors et Lendl,dont les photos sont affichées parmi d’autres vainqueurs multiples de l’US Open sur la cloison du tunnel menant au cours de tennis.

      Content d’avoir compris ta métaphore ;)

      • Franck-V 11 février 2010 at 20:23

        T’as oublié Le Léonidas local et Sol Invictus dans le couloir d’Hadès :mrgreen:

    • Alex 12 février 2010 at 09:49

      Et la Walkyrie = Stéfanie Graf

      NB : André l’appelle Stéfanie dans ses mémoires,et dans la vie sûrement.Steffi étant donc un diminutif.

  21. alfred 11 février 2010 at 20:12

    « Jordan n’aurait jamais du prendre un shoot de plus que celui qui lui offre sa sixième bague contre le Jazz de Malone »

    Non pas Mike! Son retour, c’est quand même au moins 20 pts de moyenne avec les wizzards sur les deux saisons. Pas mal à 40 ans. Non? Même le grand kareem avec son record de plus de 38 000 pts n’a pas eu ses perfs en fin de carrière 40 ans.

    • karim 11 février 2010 at 22:49

      20 points à 40% de moyenne au shoot Alfred, contre un exceptionnel 50% pour un arrière shooteur tournant à 30 points pour sa carrière jusqu’au shoot de clôture contre le Jazz.

    • Franck-V 11 février 2010 at 22:56

      Le grand karim? le nain oui!!

      Aaahhh okyyyy celui qui colle son pied sale sur l’auguste buste de Bruce Lee…

  22. Guillaume 11 février 2010 at 21:01

    Est-ce qu’une sortie est nécessairement ratée ? Je ne crois pas. C’est bien sûr la norme, pour le champion comme pour l’anonyme, mais il y a des exceptions.

    Des sorties réussies :

    - Sampras, of course (même si, à titre tout à fait personnel, ses atermoiements les 12 mois suivants m’ont un peu gavé : « je reviendrai pour le Masters », personne au Masters ; « je reviendrai en janvier pour l’Australie », personne en Australie ; « je reviendrai pour Roland-Garros, je sais que j’ai encore une chance de gagner », personne à Roland ; « je reviendrai à Wimbledon », personne à Wimbledon. C’est l’inconvénient de ce genre de cadeau du ciel : son bénéficiaire ne sait jamais trop si c’est une porte de sortie royale ou une invitation à continuer. Mais je chipote. Ce qu’à fait Sampras est superbe.)

    - Rafter, qui arrête en 2001, à seulement 29 ans, encore 6e mondial (finale Wimb, 1/2 OZ entre autres). Mais envie de voir autre chose pour l’Australien, ainsi qu’un certain ras-le-bol d’être trop souvent blessé.

    - Stich, qui s’arrête sur une demi-finale de Wimbledon, annonçant au moment où il serre la main de son vainqueur, Cédric Pioline, qu’il tire sa révérence. Pour moi, le départ le plus classe de tous. Ce côté ‘j’étais décidé mais j’ai gardé la primeur de l’annonce pour mon vainqueur’, j’aime bien. A la fois sobre et classe, oui.

    - Edberg, qui termine sa dernière saison dans le Top 20. Autant Chang et Safin, qui ont voulu copier le principe de la tournée d’adieux initiée par le Suédois, se sont plantés, autant celle d’Edberg avait été unanimement saluée : vainqueur du titre de double en Australie (à une époque où les GC de double avaient encore un certain prestige), 3e tour ou 8e à Roland en tapant au passage son bourreau de 89 Michaël Chang, finale au Queen’s contre Becker (la der des der entre les deux), quart de finale à l’US Open et bien sûr la finale de Coupe Davis perdue contre la France.

    Ce sont les quatre sorties réussies qui me viennent en tête (liste probablement non exhaustive, faudrait que je ressorte mon papier sur le sujet écrit à l’époque de SV). Après, à moindre échelle, on a un Fernando Meligeni qui prend sa retraite sur une médaille d’or obtenue aux Jeux Panaméricains. Ca peut préter à sourire vu de chez nous, mais au Brésil ç’a eu un certain écho.

    Et puis prosaïquement il y a ce que nous, tellement exigeants depuis nos canapés, considérons comme une sortie réussie ou foireuse. Sachant que nos critères ne sont pas forcément ceux du joueur. Et que comme dit John la moindre des choses est peut-être de ne pas les juger là-dessus. Les émotions qu’un Agassi a pu retirer de ses matchs contre Pavel et Baghdatis justifient peut-être amplement à ses yeux cette dernière saison. Or son sentiment est le seul qui compte vraiment.

    PS : J’en profite que je vois John ambitionner de se jeter à l’eau, n’hésitez pas à prendre la plume, les nouveaux comme les anciens. Vu le peu d’empressement de tous à écrire les tops/flops de ces semaines dites « creuses », le stock d’articles commence à être sérieusement bas.

    • Franck-V 11 février 2010 at 21:15

      Edberg en 96, c’est seulement en 1/8 qu’il perd, contre Rosset….après avoir sorti.. Moya et Chang, futur et ancien vainqueurs, y’a pire comme sortie, surtout sa dernière victoire à RG contre son plus grand regret en ces lieux.

      Et à l’instant, je constate que de Wimbledon 83 à l’U Open 96, c’est 54 participations non stop en GC…

    • Thomas 11 février 2010 at 22:01

      A, c’etait donc de toi, l’article de SV, et bien il me semble que tu citais ces memes exemples dedans!

    • Sam 11 février 2010 at 22:23

      Mmmmmm Ivanisevic, c’était direct après Wimby sa sortie ? Si oui, classe.

      • Franck-V 11 février 2010 at 22:43

        ça pouvait être mieux encore.. il était remplaçant lors de la victoire Croate en CD 2005…

  23. Baptiste 11 février 2010 at 21:05

    connors fait aussi une belle sortie il me semble en atteignant les demis a flushing non? ou a t il continue a jouer en 92, je ne me souviens pas.

    • Franck-V 11 février 2010 at 21:18

      oui, mais en 92, Lendl le rince à petit feu au 2° tour, il lui chipe quand même le 1er set… faut dire qu’à 40 ans… ça commençait à bien faire..

      Son dernier gros show à new-York, c’est bien sûr 91.

    • John 11 février 2010 at 21:22

      Et même en 94. A 42 ans, remonte sur le circuit le temps du tournoi de Halle. Juste le temps de mettre la patée à deux jeunes, avant de tomber avec les honneurs contre Marc Rosset (6/3 7/6 si je me souviens bien). La légende raconte que Connors aurait été des commentaires que les joueurs adressaient au circuit « vétéran » qu’il tentait à l’époque de mettre sur pied…

  24. Baptiste 11 février 2010 at 21:06

    also graff qui fini sur une final a wimbledon en 99

  25. John 11 février 2010 at 21:22

    « aurait été vexé » bien sûr

  26. Sam 11 février 2010 at 22:27

    La sortie de Simon a été un peu tristoune.

  27. Franck-V 11 février 2010 at 22:33

    Pendant ce temps avec l’abandon de Stakhovsky au 1er tour et le forfait de Mayer pour les 1/4, à Rotterdam, Djokovic se retrouve en demi en ayant disputé 3 sets complets :-) De quoi peaufiner sa 2° place avant Dubaï.

    De son côté, Davy ne semble pas ébranlé plus que ça par l’AO et continue son rythme de l’automne dernier en écartant Baggy facilement .

    Une surprise, le Sod qui passe 2 tours..et compte donc déjà 2 victoires cette saison..

    • Marc 11 février 2010 at 22:53

      Heureusement qu’il se réveille un peu, le Sod, je l’ai pris dans ma team ! Ce n’est quand même pas Cilic et Fed qui vont se taper tout le boulot, alors que j’ai pris un naze comme Chardy, et des blessés chroniques type Nalby, Tursunov et Acacuso ! Dire que j’ai pris Sela pour innover alors que je ne l’ai jamais vu jouer !

      J’espère que les blessés vont revenir en forme !

    • Carmichael 12 février 2010 at 10:33

      Ne reve pas trop sod est dans ma team il va ce remettre a perdre comme tout les autre!!!!!
      Je vous le dit je suis visionaire!!!

  28. Marc 11 février 2010 at 22:56

    Guillaume a raison, la sortie de Stich, c’était la classe, lui au moins, quand c’est décidé, c’est terminé, et il n’en a pas fait tout un plat !

    Quand on pense qu’un mec aussi doué, avec des coups aussi splendides, n’a gagné qu’un GC ! S’il n’y avait que le talent pour être un champion, Stich aurait été un des grands !

    C’est là qu’on voit que Fed, derière le talennt, a bossé et surtout est obsédé par le tennis…ce que n’était pas Stich.

  29. Lionel 12 février 2010 at 05:29

    Oui raffraîchissons la mémoire à Karim.

    Edberg fait une sortie incroyable en 1996 car pour la première fois il joue décomplexé sur terre battue. Joue comme il ne l a jamais fait sur terre, service, volée, point levé, foule qui gueule.

    Et très franchement il a le niveau pour le gagner ce putain de tournoi, il bat, il ridiculise Chang et Moya à la régulière. On pense que Rosset ne sera qu’une formalité. On regarde le tableau, rien pas encore Kuerten, juste des Stich Sampras et Kafelnikov qui ira au bout.

    Et boom, match quelconque, défaite en 4 sets contre Marc. Oui Edberg pouvait partir en gagnant Roland-Garros 1996.
    Ca aurait été…
    Plus fort je pense encore que la victoire de Federer.

    • Jérôme 12 février 2010 at 07:19

      Plus fort je ne sais pas. L

      • Jérôme 12 février 2010 at 07:21

        Oups !

        L… La différence entre Edberg et Federer, c’est le fait que le public considérait que le second aurait du réaliser le Grand Chelem (cf. les 3 petits chelems calendaires, sans même parler des séries à cheval sur 2 années) alors que le 1er n’a jamais gagné plus d’1 titre du GC par an ni disputé plus de 2 finales dans l’année.

        Ce qui aurait été très fort en effet, c’est de voir un joueur misant sur le service-volée à outrance s’imposer à RG.

      • Ulysse 12 février 2010 at 17:37

        « Ce qui aurait été très fort en effet, c’est de voir un joueur misant sur le service-volée à outrance s’imposer à RG »

        C’était bien le cas en 1983 où Yannick était 3 matchs de suite asphyxié au fond et n’a dû sa survie qu’au filet.

    • karim 12 février 2010 at 08:44

      Edberg n’a pas attendu 1996 pour jouer service volée sur terre battue, même s’il attaquait avec plus de parcimonie que sur les autres surfaces, il restait aimanté par le filet contrairement à Becker ou Sampras qui s’enlisaient en fond de court et se cramaient mentalement avec des questions existencielles.

      En 96 Edberg n’est titrable dans ce tournoi que dans tes souvenirs romancés, dans la réalité il est loin du compte. Il joue bien, est beau et bon, mais pas un gagnant potentiel. On a juste voulu que l’histoire soit belle encore une fois. Et ce qui s’apparent pour moi à un baroud d’honneur ne peut pas effacer les dernières saisons où vraiment il rentre dans le rang. Pour moi la stat marquante qui positionne clairement le déclin d’Edberg, c’est quand il n’arrive plus à battre Becker. C’est plus ou moins l’année de son ultime vol du condor à Flushing en 92. Le H2H passe d’un déjà déséquilibré 18-10 à un infâme 25-10.

  30. karim 12 février 2010 at 08:49

    Sam tu peux nous faire un papier sur la bio de Santoro?

    Je me répète mais l’aura dont il a bénéficié une fois vieux (dix ans déjà qu’il est vieux) m’a réellement agacé. Pour moi ce gars est juste le tennisman le plus horrible sur un court. Il ne joue pas au tennis, on parle de magie? Magie noire alors. Je préfère Karlovic!!!!!!

    • Antoine 12 février 2010 at 09:31

      C’est Pete qui disait que Santoro était un magicien, Karim…Il est quand même un bien meilleur joueur de tennis que Karlovic; d’ailleurs il mène 2 à 0 dans leurs affrontements:

      -victoire 6-3 7-5 à Miami en 2006, et surtout, la plus significative:
      - victoire 3-6 7-6 7-6 3-6 6-4 à Wimby en 2007..et oui, en cinq sets sur herbe à Wimby, qui dit mieux ?

    • karim 12 février 2010 at 09:46

      Pete ne pouvait pas avoir bon partout.

    • Elmar 12 février 2010 at 10:28

      Ca ne m’étonne pas que tu n’aies pas aimé Santoro puisque tu abhores Simon ou Murray. Moi j’aime ce type de joueurs qui transformes le court en échiquier géant. Qui, sans grand coup, parvienne à tirer le maximum de leur potentiel.
      Santoro, pour moi, ca restera toujours une incroyable leçon: la sensation que même moi, j’aurais pu devenir pro. Avec son jeu, avoir tenu pendant 20 ans dans les 100 meilleurs joueurs du monde, c’est une incongruïté pour laquelle je lui voue le plus grand respect.
      Je connais des tas de joueurs de club plus puissants que lui… Santoro, c’est l’image même que même petit, même peu puissant, même sans coup fort, tu peux y arriver en compensant par d’autres atouts. Simon, c’est un peu la même chose.

    • Elmar 12 février 2010 at 10:47

      Karim, tu es un amoureux de la fulgurence et je le comprends. C’est pour cela que tu ne peux plus adhérer au Federer 08-09. Mais reconnais que quand on a pas ce talent-là inné, l’effort pour y arriver mérite tout de même un peu de respect.

      Regarde-moi: je n’ai pas ton aisance littéraire… mais j’essaie!

    • karim 12 février 2010 at 11:12

      C’est vrai Elmar, je suis un fan des  »bras ». Quand la balle explose de la raquette avec facilité, quand ça part à 200km/h sans que le joueur n’ait à crier han hannnnnn, j’aime. Le premier gars qui m’a donné cette émotion était Petr korda. C’était contre Boris à Rolang Garros en 88. Jusqu’ici j’aimais la puissance de Lendl, j’adorais les bombes de Boris, je découvrais l’explosion d’Agassi, mais ça c’était autre chose. Ce type de 51kgs qui lâchait des revers croisés qui déposaient Boris de façon presque drôle.

      Ensuite j’ai aimé l’onctuosité du coup droit de Sampras, ce geste nettement plus lent que la giffle de Dédé ou Jim, mais plus rapide encore et lourd. le swing dans toute sa forme.

      y’en a eu dont la facilité de frappe m’étonnait, comme Bouter ou Malisse.

      Le Fed actuel me plait toujours beaucoup, c’est juste que l’iintérêt est descendu d’un cran pour surexposition. Si j’ai Wawrinka, baggy ou Koly, si j’ai Gasquet ou Dimitrov je vais regarder, par curiosité, pour découvrir, et pratiquement quel que soit l’adversaire. Si j’ai Fed je regarderai si c’est contre un top. c’est comme un CD qu’on a trop écouté et qu’on préfère laisser bien au chaud dans sa collection, et sortir tous les rarement pour le savourer.

      Mais c’est vrai que j’ai un vrai penchant pour la fulgurance. Parfois un joueur frappe juste bien la balle, sans raison apparente il la propulse mieux que jamais. J’ai quelques joueurs qui sur un match m’ont rendu fou de bonheur, avec pourtant la défaite à la clé parfois:

      - Rosset perd contre Chang à RG en 90, c’est la première fois que je le vois, mais son coup droit ce jour-là m’impressionne au-delà de tout ce que j’ai vu jusqu’ici.

      - Ulirach

      - Carlos Moya qui bat PHM à Flushing Meadows y’a quelques années qui dans le dernier set réalisé un coup droit gagnant tous les deux points, je riais tellement c’était bon.

      - Agassi battu par Chang ça devait être en 96 à Indian Wells. il perd sèchement mais sur le dernier set il se met à lâcher des pralines comme je ne l’ai jamais vu faire, Chang défend comme un fou et le pousse souvent à la faute, mais la frappe d’André ce jour me semble irréelle. C’est ce qui m’a conforté dans mon opinion que ce gars ne frappait son coup droit qu’à 70% de ses possibilités et cherchait vraiment le placement et la vitesse de jeu.

      - Et Bodhan Ullirach (aucune idée de comment s’écrit ce truc) qui jouait contre… je ne sais même plus qui, ça m’a échappé tellement l’autre était insignifiant. c’était un top player, sur TB, et qui a gagné. Mais Bodhan largait des missiles qui ne se racontent pas.

      Ce sont vraiment les plus fortes impressions de vitesse de balle que j’ai pu avoir.

      • Elmar 12 février 2010 at 11:33

        Ma première réponse s’est perdue dans les confins de l’Internet:

        Bodhan a dû drôlement t’impressionner pour que tu le places 2 fois dans ta liste! Par ailleurs, suis étonné de voir Baggy invité dans ta liste de revers à une main car le Chypriote ne m’a jamais donné cette impression d’explosivité. Je crois que tu aimes aussi Blake, qu’on peut mettre dans cette liste; et il me semble que tu n’est pas fan de Gonzo qui aurait aussi sa place là-dedans (quoique c’est peut-être plus en force qu’en fulgurence dans son cas).

        Sinon, je vois très bien ce que tu veux dire avec Korda. Ce mec était le meilleur joueur du monde deux fois dans l’année, mais alors, ces jours-là, c’était vraiment qqch! Rosset pouvait aussi, sur un match, battre n’importe qui sans lui laisser voie au chapitre. Le plus impressionant de tous reste évidemment le grand Federer qui frappait des coups gagnants depuis n’importe quelle partie du court.

        Récemment, celui qui m’a donné cette impression-là, c’était Isner contre Roddick à l’US Open. Je ne sais pas si qqn a vu ce match, moi, j’ai été vraiment subjugué. De mémoire, je pense aussi à Dewulf à RG une année, ou à Pioline dans un bon jour.

        • Franck-V 12 février 2010 at 11:42

          Oui, moi aussi, les 2 premiers sets de Isner contre Roddick m’ont assomé autant que le pauvre Andy a été saoulé de coups, surtout qu’il ne ratait rien.
          Heureusement que la caisse physique due à sa taille se grippe encore parce que sinon…

          Il m’a moins impressionné à l’AO par contre, même si il y fait un bon parcours, le PX absorbe une bonne partie de sa puissance, mais le 1er set contre Murray reste tout de même un sacré bras de fer.

      • Guillaume 12 février 2010 at 12:09

        Ulihrach avait une traversée de balle fantastique, toute en vitesse et en relâchement. C’était surprenant, d’ailleurs, de voir ce gars très typé « deux de tension » entre les points tout à coup lâcher une super accélération de revers sans effort apparent. Dans ses bons jours, il pouvait taper à peu près n’importe qui.

        Malisse idem dans la famille, Boutter oui, Vinciguerra pas mal dans le genre je crois, Coutelot aussi.

        Après ces gars-là c’est souvent tout ou rien. Capables de sortir des matchs de fous contre les meilleurs et de galérer la semaine suivante sur un 272e mondial au premier tour d’un Challenger.

    • karim 12 février 2010 at 12:39

      Elmar ma liste ne se limite pas au revers à une main, je parle juste des joueurs qui peuvent faire avancer la balle.

      A ce titre le lien posté par l’un d’entre vous sur la demi Baggy-Nalbi à Melbourne y’a trois ans est excetpionnel. Surtout quand les deux joueurs ont la même tenue, on l’impression de voir un gars devant un miroir. C’est vraiment du tennis magnifique de revers à deux mains, trajectoires tendues, vitesse de balle. ça frappe pas aussi fort qu’un Gonzo-Soderling mais ça va beaucou plus vite.

      Finalement ce qui fait qu’un mastard comme Gonzo a beau frapper comme une mule mais n’impressionne pas autant qu’un Davy, c’est que la prise de balle précoce presqu’en demi-volée terrasse la puissance brute. On prend appui sur la puissance adverse et avec le transfert du poids du corps, la frappe à hauteur de hanche, le placement idéal, on arrive à une vitesse de balle fabuleuse.

      Quand on voit ce que Davy peut mettre, je le trouve cent fois plus impressionnant que Gonzo. on est saoulé, ça va juste trop vite. Gonzo on a le temps de voir ce qu’il va faire, on sait ce qu’il va faire. Gonzo c’est une boîte auto à convertisseur capable d’encaisser les 101mkg de couple d’un V12 biturbo AMG avec des temps de passage de 200 millisec. Davy c’est la boîte zerolift de la Ferrari California, sept vitesses double embrayage et temps de passage quasi-instantanés.

      • Elmar 12 février 2010 at 14:00

        Karim, j’avais saisi l’essence dans ton message. Je constatais juste que ta liste initiale comportait essentiellement des revers à une main. Cela dit, encore une fois, je n’ai jamais été vraiment impressionné par la frappe de balle de Baggy… mais je ne demande pas mieux que de l’être. Même Nalby, je ne le fait pas véritablement rentrer dans cette catégorie-là (sauf peut-être en revers): lui, il met la balle où il veut avec des angles de fous, il a une prise de balle précoce qui lui fait gagner du temps sur l’adversaire, mais je ne verrais pas chez lui cette sorte de fulgurence. Pareil pour Davy. Cela étant dit, ce sont deux joueurs que j’aime bcp du reste. Qui imposent une cadence de cinglés, c’est évident.

        Bon, on me dira que je mange à tous les râteliers puisque j’aime Federer, Murray, Simon, Santoro, Nalby et Davydenko. On peut rajouter à la liste le sympathique Roddick.

        Rassurez-vous, il y a aussi des joueurs que je n’aime pas (Djoko qui en plus ne m’impressionne pas du tout, Nadal pour qui j’ai toutefois de l’admiration) ou qui me laissent froid (Del Potro, Tsonga).

  31. Elmar 12 février 2010 at 10:41

    J’ai déjà posté un peu plus haut ce que je pensais des fins de carrière, mais je développe.

    Je pense qu’il y a deux perceptions différentes de la fin de carrière: la perception ad momentum, telle qu’elle est vécue par les contemporains et la perception légendaire, celle qu’on retiendra pour des siècles et des siècles.

    La perception ad momentum, pour Pete, c’est franchement triste. Le type n’était plus que l’ombre de lui-même pendant 2 ans, on ne sait pas très bien pourquoi il continuait à jouer, jusqu’à l’US Open 2002 qu’il le voit ressusciter. Alors oui, l’histoire a posteriori est belle. Mais sur le moment, burk! Pete, après ce tournoi, a mis grosso modo une année pour déclarer la fin de sa carrière, repoussant à chaque fois un peu l’échéance. Plusieurs fois en 2003, il a annoncé qu’il reviendrait avant de se rétracter. Ce que j’en conclus, c’est que Pete, entre 2000 et 2002, a attendu une belle occasion pour se retirer, et que si celle-ci n’était pas venue, il serait peut-être encore 149ème à l’ATP aujourd’hui. Heureusement pour lui, l’occasion s’est présentée, mais ensuite, il a mis une année à se demander si par hasard, en continuant, il n’y aurait pas encore une autre occasion. Dieu merci, il a finalement pris la bonne décision, celle qui lui permet de jouir de la perception légendaire de sa fin de carrière.

    A titre personnel donc, j’ai vraiment toujours préféré les joueurs annonçant clairement qu’elles étaient leurs intentions (et qui s’y tiennent, pas comme Kafel’ ou Santoro). J’ai aimé la dernière année d’Edberg qui, contrairement à ce que dit Karim, a été une jolie année de renouveau (avec hélas cette blessure en finale de Coupe Davis). En fait, j’aime que la décision soit prise par le joueur à l’avance et non en fonction des événements (du genre: « j’essaie encore et encore mais j’y arrive plus » style Rosset, ou du genre « ca y est j’ai une belle occas’ de me retirer » style Sampras »). J’ai plus de respect pour le décision qui est totalement personnelle et indépendante des résultats.

  32. Jérôme 12 février 2010 at 11:22

    Quelques réactions en vrac sur les différents éléments évoqués concernant les fins de carrière.

    La règle générale, c’est qu’un joueur met fin à sa carrière quand son niveau de jeu (âge, fatigue, baisse de motivation ou dépassement par une concurrence aidant) ne permet plus à un champion de reproduire ses résultats de haut niveau.

    Pour moi, la seule exception, ça a été Borg, car objectivement, la vraie retraite de Borg, ça a été l’automne 1981. Et les pseudo-tentatives de retour de 1982 et 1983 ne doivent pas faire illusion. S’inscrire en touriste à 1 tournoi après 8 mois d’interruption, ce n’est pas continuer une carrière pro. Borg est effectivement parti à 25 ans, en pleine gloire et sur une tragédie : sa 4ème et dernière défaite en finale de l’US Open.

    On peut dire ce qu’on veut, mais voilà un gars qui a réussi sa sortie. Il n’était plus heureux de sa vie de tennisman professionnel. La pression de toujours gagner finissait par le bouffer. J’ai revu sur ESPN Classic une série sur les tournois de Wimbledon, et une interview de Borg par Leconte. Eh bien Borg y indique qu’il ne s’attendait pas à gagner autant de Wimbledon. Il pensait que la série de victoires allait s’arrêter. L’impression de son propos comme des images d’archives de l’époque, c’est vraiment que ça l’aurait soulagé de perdre plus tôt et qu’au final ça l’a soulagé d’enfin perdre à Wimby en 1981.

    La fin de Sampras, je m’en souviens beaucoup plus précisément. J’ai, comme beaucoup de monde, très rapidement été convaincu que Sampras ne jouerait plus après son titre de Flushing 2002. Ce titre était un cadeau inespéré après 2 années éprouvantes où Pete n’avait strictement rien gagné et était même sorti du top ten. Il faut aussi se remémorer la manière dont il a remporté ce 14ème titre du GC.
    J’avais l’impression d’avoir un cadavre ambulant sur le court. Pete n’avait « plus » de revers. La moitié des points gagnés l’étaient sur un ace ou un service gagnant. Son coup droit tenait toujours bon, c’est vrai. Mais il était obligé de se ruer au filet pour ne pas voir l’échange durer, car alors il était quasi-certain de perdre le point.

    La fin de Sampras, on en a tous vu le début officiel lors de sa finale de l’USO 2000 contre Safin. Là, en le voyant sans absolument aucune solution, je me suis dit que ça commençait vraiment à sentir mauvais. Ensuite, ça a été une longue traversée du désert.

    Bien d’accord avec Karim sur le fait qu’à partir de 1993, Edberg est dépassé par l’arrivée à maturité de la génération des cogneurs. Je me souviens notamment de son match du Masters 1992 où il s’est fait littéralement désosser par Becker 6/4-6/0. Et en finale de l’OA 1993, il se fait aussi assez sèchement battre par Courier, malgré un beau sursaut d’orgueil au 3ème set. Et à Wimbledon, à compter de 1991, il n’arrive plus à atteindre la finale.
    Déjà, sa victoire à l’USO 92 m’avait paru être un cadeau du ciel en ce sens qu’il a su être très opportuniste et profiter des errements d’un Sampras qui se cherchait encore. J’ai alors pensé bravo l’artiste, mais ça sentait clairement la fin de série.

    • Elmar 12 février 2010 at 11:45

      Suis d’accord avec ce que tu dis sur Edberg. Mais justement, en fonction de ça, 96 est une belle année pour lui puisqu’il la débute à la 30ème place et la termine à la 14ème et qu’il se retrouve quand même en finale de Coupe Davis.

      J’ai justement trouvé que c’était une belle fin: il annonce sa retraite pour la fin de l’année mais fait néanmoins une bien meilleure saison qu’en 95 (année qui aurait été considérée comme celle de trop s’il s’était arrêté alors).

      Et sur cette question de l’année de trop, ce débat risible:
      http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000#channel=sport;tab=loadprogram;program=169961;vid=10553333

      Je sais pas si on peut voir l’émission en-dehors du sol helvétique. Mais ca vaut le détour, surtout a posteriori!

      • Jean 12 février 2010 at 12:30

        Ca va énerver Franck, ça.

      • Franck-V 12 février 2010 at 12:40

        Non, pas du tout :-), ça reste des analyses mesurées et des questions légitimes, on est loin du « collector » de Canal plus avec Douillet et cie… Il faut qu’il arrête!

         » You write what you want » :mrgreen »

        • Jean 12 février 2010 at 12:45

          Je me suis arrêté à l’intro, avec le recul, c’est du comique de haut-vol.

          Je me rends surtout compte (j’ai découvert Viard seulement l’autre jour avec tes liens) que les journalistes pros ne sont souvent pas beaucoup plus fins que la moyenne basse des forumeurs.

          • Jean 12 février 2010 at 12:47

            Euuuh… Je parlais d’aut’forums, of course.

  33. May 12 février 2010 at 12:28

    Et si Fed n’avait pas existé?

    Si qq’un est intéressé voici l’adresse (j’espère que vous pourrez ouvrir le lien)
    http://www.tennis-x.com/xblog/2010-02-11/3270.php

    • Franck-V 12 février 2010 at 12:52

      « a dream to some and a nightmare to others »

      http://www.youtube.com/watch?v=U8mJwgPiarg

    • Jérôme 12 février 2010 at 13:06

      Si la conclusion globale est assez logique, en revanche je trouve qu’un des prémices de l’extrapolation est particulièrement discutable.

      Pourquoi donc le finaliste alternatif serait-il forcément le gars battu par Fed en demi-finale ? Et quid des joueurs battus par Fed aux tours précédant le stade des demis ?
      Un exemple criant est l’US Open 2004. Je pense que si Fed n’avait pas été là, c’est non pas Henman mais Agassi (battu en quart) qui serait allé en finale et qui aurait battu Hewitt.

      On pourrait continuer la liste ainsi. Dédé aurait alors fini à 10 titres du GC, n’est-ce pas Benja ? ;-)

    • Franck-V 12 février 2010 at 13:12

      Il y a aussi le Wimbledon 2001 à prendre en compte.
      Si Federer n’avait pas été là, Sampras aurait-il été chercher le 8° en battant Henman encore… et Goran …encore?

      • Franck-V 12 février 2010 at 13:13

        et.. Rafter encore?

        • Elmar 12 février 2010 at 18:11

          Pete n’était pas moins bon cette année-là sur le gazon de Wimbly qu’en 2000.

      • Guillaume 12 février 2010 at 18:09

        Mine de rien, c’est une question intéressante que tu poses là, Franck. Considérant les H2H disons… difficiles de ces trois-là face à Sampras (tout particulièrement sur gazon, d’ailleurs), est-ce que l’un d’entre eux aurait pu battre Pete ? Le passif était tel que même sur un Sampras déclinant je ne sais pas si ça serait passé. Rafter, peut-être. Goran, je suis pas sûr et Henman encore moins…

      • Elmar 12 février 2010 at 18:12

        C’était plutôt ici que je devais donner ma réponse sus-mentionnée.

      • Guillaume 12 février 2010 at 18:17

        Aussi bon qu’avant c’est un peu exagéré. Le Sampras cuvée Wimb’ 2000 ne galère pas 5 sets sur un Barry Cowan. Il y a forcément baisse. Mais jusqu’à quel point… ? C’est là qu’on peut effectivement se demander si ses victimes favorites Henman ou Ivanisevic auraient pu – su, plutôt – profiter de la baisse en question (si petite soit-elle) et le stopper…

      • Elmar 12 février 2010 at 20:45

        Je n’avais aucun souvenir de ce match contre Cowan. En fait, je n’en ai toujours aucun, mais je me suis renseigné. Effectivement, ça relativise certaines choses. Cela dit, sur le match Pete-Roger, j’avais trouvé l’Américain plutôt bon.

      • Guillaume 12 février 2010 at 22:23

        Ah tout à fait. Je l’ai encore revu cet hiver et ça joue à un excellent niveau. Le propre des grands champions c’est de répondre présent dans les grandes occasions. Et le match contre ce gamin qu’on appelait encore « mini-Sampras » en était une.

        Ce Sampras-là a baissé par rapport à ses grandes années mais demeure redoutable. D’où d’ailleurs mes interrogations : Henman ou Ivanisevic, avec leur lourd passif contre l’Américain, auraient-ils pu le stopper ?

        Quoi qu’il en soit, tant mieux pour Goran, l’histoire est tellement plus belle comme ça !

    • Franck-V 12 février 2010 at 13:23

      Dans cette hypothèse, et paradoxalement, il apparaîtrait que les joueurs qui sur le long terme auraient eu le plus à souffrir de Federer seraient… Pete Sampras mais aussi Rafael Nadal…

      Au-delà d’un 8° Wimbledon, c’est aussi 10 années consécutives avec un titre en GC pour Pete de 93 à 2002, record absolu, et accessoirement 15 titres en GC en carrière, record qui aurait encore de belles années devant lui…même si Nadal avec 8 titres à 23 ans serait en train de se rapprocher.. et aurait peut-être encore des genoux solides sans cette course épuisante au n°1 depuis 2005 .

      • May 12 février 2010 at 13:44

        Tu crois que c’est Fed qui a cassé les genoux de Nadal? Je croyais que c’était uniquement dû à son style de jeux trop traumitisant pour son corps…
        Au passage si Nadal n’existait pas Fed il aurait combien de GC Fed? Combien aurait-il fait de GC calendaire?

      • Franck-V 12 février 2010 at 13:59

        Pas de mauvaise interprétation de mes propos.

        Non, pas Federer qui lui a cassé les genoux, c’est la place de n°1.. qu’il aurait touché pépère dès fin 2005 ..sans Fed.

        ça lui aurait permis de s’économiser , de faire des breaks salutaires et de voir venir de façon moins brutale plutôt que de s’échiner à prendre les points partout jusqu’à la corde pendant 4 ans…

        En ce sens, Federer l’a obligé à rester en zone rouge plus que de raison.

        Sans Nadal? Je ne sais pas, peut-être 2 GC calendaires, peut-être 22 titres pour Federer, mais Nadal ou pas Nadal, on ne peut pas dire que ça a torpillé sa carrière.. et encore moins son physique.

        De toute façon, avec sa mono 2008, ça ne lui garantissait absolument pas RG 2008 par exemple, Djokovic y était bien plus convaincant.

        Enfin, ça aurait été certainement moins amusant et puis, c’est de la fiction qu’on entretient avec l’article que tu as mis comme lien :-).

        • May 12 février 2010 at 14:32

          Je sais…
          Sinon j’avais bien saisis ton propos, je tenais juste à faire cette remarque car lorsqu’il est blessé c’est seulement son style de jeu qui est remis en cause, pas le fait qu’il s’est arraché comme tu le dis à juste titre à engranger des points… Mais je pense aussi que ce garçon veut avant tout gagner tous ses matchs donc Fed ou pas Fed aurait-il réellement moins jouer? Rien n’est moins sûr.

          Je ne suis pas d’accord avec l’hypothèse que son jeux est plus physique qu’un autre.
          cette sensation que tout le monde a est fossée (je pense..).
          Tous les joueurs mettent une implication terrible lorsqu’ils tapent dans la balle, mais la corpulence de chacun ne renvoie pas la même image.

          En fait, le vrai perdant c’est le brave Roddick. Je ne sais pas si ca vient de moi mais, il renvoit une image de pauvre petit gars qui a eu la malchance de tomber sur Fed si souvent en final de GC.

        • Elmar 12 février 2010 at 14:57

          Le jeu de Nadal sollicite clairement plus son corps que n’importe quel autre jeu de n’importe quel autre joueur.

          1° Sa technique n’est pas propre, ni en coup droit, ni en revers: il demande à son corps de grandes tensions au niveau des genoux et de la ceinture abdominale (le fait de jouer ses coups de face implique de trop grandes rotations).

          2° Son implication permanente sur chaque point, le peu de points gratuits remportés notamment au service est également très dépensier. Nadal, c’est le seul joueur de l’histoire du tennis à parvenir à garder la même implication sur chaque point de chaque match de chaque tournoi. Jamais aucun relâchement. Et ca, ca use.

          • May 12 février 2010 at 15:23

            Tu veux dire pas là que les autres joueurs jouent uniquement avec leur bras sans solliciter les autres parties du corps?

          • Elmar 12 février 2010 at 15:38

            Non, au contraire. Nadal joue essentiellement avec le bras et non avec le corps… du coup, ce dernier doit compenser.

            Observe Federer. Visuellement, c’est très fluide. Après, la technique explique cette impression de fluidité: son corps entier va heurter la balle, il n’y a pas de force de résistance. A l’inverse, chez Nadal, seul le bras frappe réellement la balle et son corps doit résister.

    • May 12 février 2010 at 13:33

      Si Fed n’avait pas existé eh ben… Kolya c’est toujours zero GC.

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