Le Masters vient de livrer son verdict et avec lui la saison 2009 de se clôturer. Certes il reste bien la finale de la Coupe Davis, mais à moins d’être Tchèque ou Espagnol, ou de s’appeler Colin, l’événement laisse un peu la planète tennis à 37°. Penchons-nous donc sur la performance londonienne de nos huit Maîtres, en allant crescendo du pire vers le meilleur.
Rafael Nadal : 3 défaites – 0 victoire
Rafael Nadal quitte Londres sans le moindre set remporté dans sa besace, bilan indigent et infamant pour l’éphémère Gengis Khan du circuit. Trois défaites nettes et sans bavures, et sans qu’aucun de ses bourreaux n’ait joué son tennis « A » (sauf peut-être Davydenko assez inhumain dans le premier set). La déculottée qu’on pouvait craindre au vu de ses performances depuis son retour à la compétition s’est lourdement matérialisée. A aucun moment Rafa n’a ressemblé à l’ogre de Majorque ; il avait plutôt des airs de Petit Poucet et une candeur touchante qui finalement l’humanisent et le rendent sympathique. Sur le court il a manqué de tout, de vitesse, de jus, de longueur, d’inspiration et, comble pour lui, de puissance surtout. On a beaucoup ergoté sur sa perte de poids et de masse musculaire, mais au-delà de toutes les supputations à 3.00 euros il reste surtout des questions quant à sa capacité à rebondir. Même s’il nous avait habitué à des fins de saisons en-dedans de ses performances printanières, on a cette fois eu affaire à un joueur préservé par deux mois de coupure d’avec le circuit, et qui revenu a donné l’impression de se chercher un tennis et une direction, trainant sa convalescence tennistique et métaphysique de tournoi en tournoi. A Londres il n’était clairement pas au niveau. 2010 nous plonge dans le flou total le concernant : va-t-il une fois de plus nous refaire le coup du Phénix, ou cette fois valider pour de bon la thèse des nadalo-pessimistes qui le voient grillé physiquement avant ses vingt-cinq printemps ? Affaire à suivre.
Fernando Verdasco : 3 défaites – 0 victoire
Celui que j’ai surnommé la « pute du top 10 » a réalisé un tournoi conforme à son statut : trois matches accrochés contre ses pairs, mais autant de défaites et l’accréditation de la thèse du gars qui n’en revient toujours pas d’être là. Verdasco a pris soin de ne battre aucun de ses copains de l’élite pour éviter de froisser qui que ce soit, l’encre de son contrat de membre du Top Ten n’étant pas encore sèche. Il conforte sa position de déception de l’année 2009, qui finalement se sera résumée en un duel homérique perdu face à Nadal sous les cieux australiens. Le dépucelage de Fernando devra avant tout se faire mentalement, son tennis n’étant pas moins bon que celui des autres artilleurs du fond du court qui font le gratin du tennis mondial. En tenant compte de l’âge du loustic, on peut difficilement le classer dans la catégorie des espoirs ; au mieux peut-on espérer une victoire en Master 1000 si les astres s’en mêlaient.
Andy Murray : 2 victoires – 1 défaite
Pour la seconde fois de l’année, le très sympathique Andy Murray a déçu ses concitoyens, sujets de sa Gracieuse Majesté. Comme à Wimbledon cinq mois plus tôt, l’Ecossais s’est loupé à domicile et semble finalement ne pas trouver que de la motivation à sentir le souffle chargé de malt et de houblon du peuple british dans son cou. La pression qu’il se défend de subir est pourtant réelle. Andy n’avait certes pas donné tous les gages de performance sur cette tournée automnale, mais on pouvait légitimement en faire un quasi-favori de cette épreuve, une fois de plus. Murray n’a joué aucune grande finale cette année et termine l’exercice 2009 plus éloigné du sommet qu’il ne l’était au départ. La contemplation du Mont Olympe semble décidément brûler les rétines des impudents qui s’en approchent de trop ; seul le duo helvético-espagnol semblant avoir le séant assez large pour s’y poser. Andy a raté toutes ses cibles et pourrait regretter amèrement de n’avoir tiré aucun marron du feu cette année, car la liste des invités aux agapes s’est renforcée de noms supplémentaires.
Novak Djokovic : 2 victoires – 1 défaite
Sonic était l’homme en forme de l’automne, il avait même été taper Roger dans son salon à Bâle. Sa victoire à Bercy avait fini d’asseoir son statut d’épouvantail sur cette fin d’année ; las, le Serbe s’est étiolé jour après jour dans cette compétition qu’il quitte par la petite porte des jeux mathématiques qui lui sont propres. Les qualités d’endurance et d’enchaînement des performances de Novak ne valent décidément pas celles de Roger ou Rafa, sa mécanique est ultra-performante mais son réservoir décidément trop petit pour aborder sereinement l’autoroute qui mène au sommet. La solution pour lui passe par l’intensification d’un travail foncier qu’on sent déjà en progrès, mais pas au point de lui permettre de tenir la distance avec les deux meilleurs. On peut s’interroger sur sa capacité à jouer à fond sur la durée ; à l’instar d’un Hewitt ou d’une Jankovic, les efforts consentis pour accélérer le jeu et tenir la cadence sont peut-être trop importants pour prendre la roue des plus endurants sur plus de deux cols.
Robin Soderling : battu en demi-finales
Le géant Suédois finit au tie-break du dernier set une année formidable qui l’aura vu troquer sa cape de Super connard contre le costume beaucoup plus classieux de tueur venu du froid. Ses impressionnantes qualités de frappe ont encore fait mouche au Masters, dont il s’est extirpé des poules après des victoires sur les N°2 et 3 mondiaux Nadal et Djokovic, à chaque fois en deux sets. Le plus dur sera de confirmer en 2010, mais on peut d’ores et déjà tirer son chapeau à Soderling qui a su jouer les prolongations d’un conte de fées entamé Porte d’Auteuil. Il aura fallu le kryptonique Federer pour le bouter hors de trois Grands Chelems, autrement qui peut prédire où se serait arrêtée sa course? Il a en tout cas honoré son invitation (il remplaçait Andy Roddick) et aura fait plus que prendre des photos et demander des autographes, comme Verdasco. Soderling a changé de statut.
Roger Federer : battu en demi-finales
Il l’avait très mauvaise, l’Helvète, au soir de sa défaite contre Atomic Davy. Sur ce tournoi, on a retrouvé le joueur hésitant et approximatif d’avant Roland-Garros / Wimbledon. Malgré quelques éclairs de génie inévitables, Federer n’a jamais semblé en mesure de s’imposer sur ce tournoi. Il concède sa première (et logique) défaite en carrière contre Davydenko, mais surtout subit une nouvelle désillusion contre Juan Martin del Potro sur dur. La physionomie du match semble se graver dans le marbre de leurs futures oppositions avec un del Potro dominateur et surpuissant, malmenant un Federer constamment dans les cordes et au bord de la rupture face un jeune loup trop fort physiquement. Comme Ali face à Foreman, seul le métier pourra l’aider à se sortir des gnons de cet encombrant Némésis. On le dit gavé, saoulé par les records, les titres et les honneurs ; Roger reste un formidable compétiteur qui même s’il pêche parfois par excès de confiance, sait à quel point cette menace est à prendre au sérieux.
Juan Martin del Potro : finaliste
Pour sa seconde participation, le grand échalas de Tandil n’était pas venu faire du tourisme à Londres. Si on a pu douter de lui sur ses premières sorties après Flushing Meadows, JMDP a répondu présent dès le premier rendez-vous qui compte, et de fort belle manière. Une mise en bouche un peu laborieuse contre un Murray qui ne lui a jamais vraiment réussi (c’est assez indigeste la murène), puis trois victoires pleines de sang-froid et d’autorité dans le money time face à Verdasco, Federer puis Soderling. Plus que son tennis qu’on savait perce-muraille, c’est son mental, son sang-froid, sa confiance en lui qui impressionnent à ce niveau d’inexpérience. Si ce gars-là ne se blesse pas, il constitue une réelle mauvaise nouvelle pour Federer et Nadal. Aucun d’eux ne partira désormais favori lors d’une confrontation directe en Grand chelem, à Wimbledon près.
Nikolay Davydenko : vainqueur
Et un premier grand titre, un ! Le petit Russe à la tête d’ouvrier de sovkhoze frappe un grand coup. Lentement mais sûrement Nikolay est en train de devenir une star de 15-LT qu’il séduit par son tennis incroyable, son attitude inclassable et son côté imperméable au strass de l’ATP. Le Masters vient conclure en beauté une fin de saison remarquable et peut donner des regrets pour une première moitié de saison tronquée par les pépins physiques. Mais c’est également ce facteur fraîcheur qui lui permet de jouer son meilleur tennis quand les autres rajustent leurs sonotones entre deux points et se promènent hors-caméra avec des déambulateurs. Sur certaines séquences en fin de premier set contre Nadal, Davydenko en mode Playstation a donné le tournis à la foule et nous avec ; cette volonté farouche de rentrer dans le court et dans la balle ne s’accompagne d’aucune alternative tactique en cas d’épandage, mais Dieu que c’est bon quand ça passe. Merci Nikolay et rendez-vous sous le cagnard de Melbourne où le fait de peser 38kgs tous pleins faits sera un avantage certain.
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Heu, ça y est, j’ai digéré le masters. Bonne nouvelle : je conclus que Federer, même en jouant un tennis très moyen, a su titiller les meilleurs joueurs du monde et est passé à deux points du match contre Davydenko. Je n’enterre donc pas le Suisse à moins qu’il ne s’exprime maladroitement sur la question des minarets.
Concernant la comparaison entre la finale de Wimbledon 2008 et celle de 2009. Il y a un détail crucial que ceux qui préfèrent la finale de 2008 oublie : Federer n’a jamais vraiment joué libéré dans cette finale 2009, surpris par le niveau de jeu d’A-Rod et tendu parce qu’il jouait pour un 15e grand chelem devant Laver, Borg et Sampras. Il l’avoue subrepticement dans une des interviews d’après match.
Il a raison Pierre, qu’a-t-il voté par procuration au sujet des minarets? Sa défaite à Londres a-t-elle un lien?
Ils ont repassé le truc de Hingis sur Mauresmo c’est la moitié d’un homme. Comme quoi le croisement racial suisse ne marche pas à tous les coups. Bel exemple du génie absolu dans une tête de connasse. Une grosse connasse disons.
Triste pour le retrait de Mauresmo, elle avait encore du tennis, et était passée à rien de revenir au sommet, ce dernier Wimbledon par exemple. Après ça faisait 6 ans qu’elle faisait ses opérations commandos pour revenir, ca fatigue. Hier ils ont fait un parallèle entre la fin de Santoro et d’Amélie… drôle.
Pour 2010 j’attends rien du tennis féminin, à part des bonnes bourinnes, toujours moins ennuyeux à regarder que des pas bonnes bourinnes.
J’attends, je rêve d’un Federer punk. 28 ans, le plus grand joueur de l’histoire, 2 enfants, la même crèmière-Milka depuis 10 ans, faut réagir Roger. Le palmarès tout ca le suisse modèle c’est bien, mais pour faire parti des plus grands faut lacher le sport, Maradona, Ali, Owens. Je sais pas.
« L’ATP est une bande de mafieux qui protège les joueurs dopés. »
« La neutralité de la suisse me fait bien marrer. » rire
« Je vais jouer dans un film de Rocco Siffredi. »
« C’est fini avec Mirka. Je vais tout déchirer, en dehors des cours maintenant. » rire
Sinons on va bien s’ennuyer.
Il va peut etre nous faire une « Tiger »..?
Oh bah côté WTA, y’a le retour de Justine… avec un peu de chance, ça va devenir un peu regardable…