Depuis l’été 2016 et sa défaite tragi-comique en demi-finale de l’ US Open contre Novak Djokovic, puis son forfait rocambolesque pour la rencontre de Coupe Davis contre la Croatie, je n’attends plus de « la Monf » que ce qu’il semble être en mesure de nous donner : des victoires contre des joueurs moins bien classés puis des défaites « frustrantes » marquées par des « occasions manquées » contre les meilleurs, comme cela s’est encore produit contre Stan Wawrinka à Roland-Garros.
Pendant la décennie 2006-2016 j’ai fait partie des optimistes ou des naïfs qui regardaient le joueur Gaël Monfils en terme de potentiel. Un potentiel athlétique, tennistique, tout prêt d’être libéré, exploité, pour atteindre durablement le top 5 mondial,voire plusieurs finales de tournois du Grand chelem.
Le service et le coup droit de Monfils, amples et surpuissants, incarnaient à mon sens une invitation à jouer un jeu offensif percutant, à même d’assommer n’importe quel adversaire d’un déluge de points gagnants. Le jeu de jambes vif, élastique, la détente et l’envergure exceptionnelles devaient lui permettent de prendre physiquement possession du court à la manière d’un Yannick Noah à l’apogée de sa carrière.
Toutefois, à la lumière d’une saison 2016 d’abord prometteuse puis désastreuse, et du fait que Gaël est désormais trentenaire, j’ai finalement réussi à regarder ce que le joueur montre sur le court sans toujours nuancer la réalité par des « et si ».
Et s’il cessait de faire le show, et s’il cessait de faire des coups bizarres sans nécessité, et s’il cessait de faire des fautes directes dans les moments importants…
Gaël Monfils est et restera un joueur de contre-attaque. Sa zone de confort bien définie se situe entre deux et trois mètres derrière sa ligne de fond de court. Il alterne les coups de remises hauts et liftés avec de temps en temps un coup de boutoir quand il sent une opportunité.
Le jeu d’attaque de fond de court et la montée au filet restent occasionnels. Même Roger Rasheed, l’un des meilleurs coachs du circuit, s’est cassé les dents à essayer de le faire jouer vers l’avant. Gaël ne peut ou ne veut forcer sa nature défensive.
Cela dit, le cas Monfils demeure énigmatique tant les facteurs techniques et psychologiques sont entremêlés, ce qui rend complexe la compréhension d’une « carrière française » teintée comme presque toujours d’espoir puis de déception.
Ce serait trop simple de le qualifier de « loser » à la française comme le font certains commentaires lus sur internet depuis dix ans.
Quelques chiffres : 6e mondial en novembre 2016, ratio victoires-défaites en carrière de 69,04 % .
Un ratio pas formidable mais respectable qui commence à tracer le portrait d’un joueur efficace contre la moyenne des joueurs du circuit, mais dont le tennis défensif n’inquiète pas les meilleurs dans une ère dans laquelle domine le pilonnage imposé dès la première frappe (même Nadal a du adapter son jeu à cette donne).
Quelques réflexions maintenant à propos de l’aspect mental de ses performances.
Quand j’ai vu l’autre jour Benoit Paire tenter contre Nadal un coup entre les jambes alors qu’il avait le temps de jouer un coup droit normal, cela m’a fait penser aux coups étranges dont Monfils nous gratifie régulièrement. On l’a vu parfois évoluer vraiment très très loin derrière sa ligne de fond de court où il multipliait les courses folles, positionnement quasiment toujours perdant à ce niveau mais susceptible de distraire le spectateur de ce choix désespéré pendant que Gaël « fait le show ».
Une autre fissure est apparue dans l’armure à Cincinnati en 2015 quand, pendant le match perdu contre Janowicz, Monfils a tourné le dos à son adversaire sans même attendre la fin de l’échange, et enchaînait les points si rapidement que les ramasseurs de balles n’avaient pas le temps de se replacer.
Enfin, en demi-finales de l’ US Open contre Djokovic l’an passé, Monfils, mené 5-0 dans le premier set, s’est mis ensuite à jouer presque systématiquement des balles chopées sans consistance, ce qui en 2016 à ce niveau ressemblait fort à un « refus d’obstacle » face au numéro 1 mondial.
2017 : De retour après une énième blessure, Monfils perd un match bizarre contre Simon 0/6 6/0 7/6. Plus maigre que jamais, ses jambes ressemblant désormais à celles d’un coureur de demi-fond, il parvient néanmoins à demeurer une fois de plus le dernier Français encore en lice à Roland-Garros.
Certaines accélérations et passings de revers impeccables réalisés lors de ce tournoi montrent que Monfils a dû beaucoup travailler les aspects les plus fragiles de son jeu ces dernières années.
Toutefois l’une des clefs de ses défaites au plus haut niveau réside dans le constat que Monfils utilise une technique de frappe tarabiscotée, caractéristique des joueurs techniquement peu doués. Une technique qui révèle ses fragilités dans les moments de grande tension pendant lesquels le physique et le mental peuvent fléchir un peu.
Les joueurs et les coachs louent souvent la facilité athlétique de Monfils, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu de compliments à propos de sa technique.
Regardez au ralenti le nombre de changements de plan de frappe de la raquette pendant le geste du service ou celui du coup droit, c’est compliqué.
Il est possible que Gaël Monfils ait en réalité beaucoup moins de marge de manœuvre dans sa carrière et dans son jeu que je ne le croyais ; pris entre un instinct de joueur défensif qui lui est naturel et ses limites techniques.
Son tort serait peut être alors, en « faisant le show » par quelque coup bizarre ou avec quelque déclaration décalée d’essayer de perpétuer l’illusion qu’avec un peu plus d’efforts il pourrait égaler les tous meilleurs.
Peut être que Monfils sachant très bien ce qu’il en est, essaie malgré tout de donner le change , réussissant à faire passer pour de l’inconstance ce qui relève en réalité de ses limites techniques ,ce qui serait le malentendu le plus inconfortable et le plus triste d’une carrière assez incomprise.
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Et bien comme d’autres ici, pas emballé par le scénario de la finale. On a vibré (au sens on a été « inquiet ») jusqu’au premier break de Fed, et en l’ayant vu faire 2 doubles fautes d’entrée.
Et on s’est dit que les 2 breaks en un set étaient le signe qu’il avait la vista en retour. Et comme la première balle suivait, on a vite compris que Cilic allait rejoindre la bande des fessés de la quinzaine. La blessure du croate n’a pas changé grand chose à l’affaire. Émotionnellement cette finale n’aura pas, et de loin, atteint les sommets de l’AO. Mais quelle finale pourra le faire ?
Et puis comme le disais l’un d’entre nous, ça va nous faire gagner du temps : déjà qu’on re-re-regarde les HL de l’AO régulièrement, si on devait continuer sur cette lancée avec WIM 17, on n’en finirait plus !
Quoiqu’une petite finale d’anthologie à l’USO (donc forcément contre Nadal ou Djoko), on n’aurait rien contre !
Pour la place de numéro 1 en fin de saison, il faut ajouter aux points de la race les points du masters qui peuvent faire la différence si c’est serré.
Sur le site de Wim :
« 8 - Born on the 8th day of the 8th month, winning his 8th title at Wimbledon with his 8th ace of the match on his 8th meeting with Marin Cilic, losing just 8 games in the final »
J’ajouterais sur un gazon coupé à 8 millimètres de hauteur. Il parait que le chiffre 8 est son chiffre préféré, comme c’est le cas en Asie…
Que de coïncidences! Il n’empêche, sans cette anecdote amusante, à l’heure qu’il est, je ne vois pas qui pourrait le battre à Flushing!
Rafa, Cilic, Thiem, Zverev-le-Jeune…comme principaux suspects…Rafa en suspect numéro un..
Va-t-il également gagner 8 tournois en 2017 ?
En ayant déjà empoché 5, il lui en reste 3 à aller chercher : Cincinnati, l’USO et le Masters ?
Pour les gosses, encore deux grossesses pour Mirka, et le tour est joué
8 cela parait plus que faisable. Je vois que tu choisis les plus gros !..S’il gagne à Cinci, ce sera son 8ème titre là bas…
L’année dernière, il en a gagné 0….En 2013, un seul (Halle)..
En 2012, 6 titres (son meilleur total depuis 2007), en 2014 5 titres, en 2015 6 titres. 2008, 2009, 2011 : 4 titres; 2010 : 5 titres.
S’il gagne 8 titres, ce sera comme en 2007…. Au dessus il n’y a que 2004 et 2005 (11 titres) et 2006 (12 titres).
Encore deux tournois et il aura dépassé l’Affreux croquemort d’Ostrava, avec 95 tournois gagnés en carrière…
Les plus gros oui, tant qu’à faire… surtout s’il est question de viser le trône d’ici la fin de l’année. De plus, comme tu le rappelles, ces 3 tournois lui réussissent bien.
S’il fait Bâle, et il le fera sans doute, et qu’il le gagne en plus des 3 autres, ça fera 9.
Perso j’aimerais bien un 7ème Masters, histoire de maintenir Nole à distance
Bale, il jouera à Bale certainement.
Ce serait son 8ème titre également….
Bravo !
Salut les 15 Lovers !
Merci pour vos encouragements et vos commentaires à propos de mon article.
Effectivement, c’est un casse tête que d’essayer de démêler à partir de ce qu’on observe d’un joueur à partir d’un match de temps en temps ; la part du don, du physique, du mental, du travail et de la technique, des notions que je crois moi aussi plus ou moins entremêlées.
J’ai voulu vous faire part d’une hypothèse : Monfils ne pouvait pas aller beaucoup plus haut car sa technique est trop limitée pour figurer dans le top 4/5
C’est une impression visuelle : je le vois grâce à ses qualités athlétiques, et grâce au lift , compenser des frappes imprécises qui manquent de fluidité et sont déclenchées trop tardivement, ce qui l’amène à surjouer s’il veut rivaliser avec des Nadal et autres cadors
Après c’est assez visible avec Gaël qu’entrent dans ses lacunes une part importante de difficultés mentales à faire face au très haut niveau, difficultés également pour soutenir les charges de travail d’un champion sur la durée, difficultés tactiques pour surmonter ses tendances attentistes, et peut être une part d’inconstance indéchiffrable.
Le dosage entre tous ces éléments qui constituent ses limites, son plafond de verre face au top 5 mondial, est une énigme laissée à l’appréciation de chacun.
Le cas Gasquet est devenu plus clair pour beaucoup d’amateurs de tennis depuis quelques années : ses limites physiques, le manque d’un coup fort qui rapporte beaucoup de points gagnants, ont fait qu’il a vraisemblablement fait une belle carrière et exploité son potentiel ( que la presse avait surestimé, peut être à cause de sa précocité).
Quant à Monfils, j’en viens à regarder ses matchs comme ceux d’un showman dont je n’attends plus de résultat particulier. La défaite contre Mannarino à Wimbledon est assez symptomatique, même si Gaël était vraisemblablement diminué par une blessure.
Il a au moins le mérite de sortir du lot, de rester surprenant et énigmatique, dans un circuit où les pros manient la langue de bois et semblent être corsetés par des intérêts financiers depuis les juniors
Roger Federer est le sujet de mon premier article publié sur 15Love.
Je le voyais bien depuis 2012 disparaître progressivement dans le soleil couchant après une carrière déjà stratosphérique.
Il a encore trouvé le moyen de nous étonner.
Comme l’écrivait un copain c’est peut être l’amour du jeu, libéré de l’obligation de résultats, qui en fait aujourd’hui un artiste au sommet de son art
Cela fait maintenant 10 ans que l’on lit, ici ou là, que Roger est sur le déclin…
Cela a commencé avec ses deux défaites de suite contre l’escroc Canas à IW et Miami au printemps 2007. Pourtant sa saison 2007 était fantastique (3 GC plus le Masters) mais au motif que c’était un poil moins bien qu’en 2006, cette petite musique commençait déjà à poindre. Je me souviens que Wilander avait écrit dans l’Equipe que sa victoire en finale de l’US Open (victoire ne trois sets contre Djoko) était un trompe l’oeil et qu’il fallait absolument qu’il remette les pendules à l’heure au Masters en écrasant tout le mode…
Après sa défaite à Melbourne début 2009, il était quasiment fini : Nadal l’avait battu trois fois de suite en finale de GC, l’écrasant à Roland, le battant dans son jardin à Wimbledon, et enfin sur dur à Melbourne. Il avait quand même été en finale dans les deux premiers tournois et gagné l’US Open entretemps mais c’est comme si cela ne comptait pas. En fait d’être fini, en 2009 il gagne à Roland puis dépasse Pete à Wimbledon et va encore en finale à l’US Open, puis gagne à Melbourne début 2010…
En 2011 même chanson mais c’est Djoko qui a pris les commandes et lui qui n’atteint même plus une finale de GC cette année là, pour la première fois. Dépassé le Vieux. Heureusement qu’il gagne à Wimbledon en 2012 et redevient pour quelques semaines numéro un, sinon, il était bon pour l’hospice.
Après sa défaite à Wim 2013 au deuxième tour, il est donné pour mort et Nadal qui est de retour après une blessure et une longue pause (on l’avait oublié celle là mais le retour de Nadal en 2013 est fracassant et la saison dont il est le plus fier…) rafle tout sur son passage. Roger aggrave son cas en perdant trois finales de GC contre Djoko en 2014 et 2015 puis c’est l’annis horribilis en 2016…
Il a mis quatre ans et demi avant de regagner un GC. C’est long, très long. Cela prouve surtout que sa volonté est en acier. Il y en a pas mal qui auraient raccroché. Pas lui…
A minima il fera une aussi bonne saison qu’en 2009 et peut être une aussi bonne qu’en 2007….
Dix ans de déclin ! What a joke !
Pas de finale de GC pour Fed en 2011 ?? Et RG, c’est du mou de veau ?
Après une demi finale pareille ??
You’re right ! C’était « pas même un GC »…
2009, Federer casse une raquette à Miami dans son match contre Djoko. Émission spéciale sur Canal+, David Douillet : « il faut qu’il arrête. »
https://www.youtube.com/watch?v=Q6t2-2toOwE
Quelle bande de crétins…
Enfin, vous sentez probablement comme moi la fin des Mousquetaires se profiler de plus en plus nettement.
Simon n’a plus le jus pour tout ramener
Tsonga, Gasquet et Monfils sont devenus intermittents, usés par les différentes blessures subies et surmontées au cours d’une douzaine d’années sur le circuit, marqués aussi par la supériorité du quintet Federer Nadal Djokovic Murray Wawrinka
Il y aurait un article à faire sur le sujet, je suggère deux titres « Le Crépuscule des Mousquetaires » ou bien à la Dumas » les Mousquetaires : Dix Ans Après ».
Ils ont été portées au nues par la presse et une partie du grand public à leurs débuts, et puis depuis 5/6 ans largement conspués pour leur « mental en carton » parce qu’ils n’arrivent pas à remporter un grand chelem.
Gilles Simon l’expliquait en interview; le big 4 ou le big 5 est un peu plus précis, un peu plus puissant sur certaines frappes et c’est ce qui fait la différence sur certains échanges clefs ( peut être davantage que le fameux « mental » )
Ca devrait servir de leçon aux acteurs et surtout aux spectateurs du tennis français.
Si c’est pour s’enflammer, se passionner, puis clamer haut et fort sa déception envers nos joueurs français, continuons de rêver sans entraves… le lendemain matin le spectateur reprendra ses activités après s’être bien défoulé.
Si c’est pour essayer de voir les choses telles qu’elles sont, nous pouvons admirer la ténacité de Mladenovic, sans oublier que son jeu de jambe restera lourd, observer la solidité de fond de court de Lucas Pouille, tout en notant que le manque de variété de son jeu permet souvent à ses adversaires de se régler et d’anticiper ses coups
Régis, le dernier des mousquetaires est mort en 1996 c’était René Lacoste.
C’est vrai et c’était bien triste…Je préférais Borotra mais c’était quand même un sale coup quand le croco a cassé sa pipe…
Incidemment, je précise, tout particulièrement à l’intention de Géo, que Borotra conserve encore quelques records que Roger aura du mal à battre, du moins pas avant une trentaine d’années : tout d’abord, il détient le record du nombre de matchs joués par un homme à Wimbledon : 223, un record vraiment difficile à battre (Roger en a à peine une centaine), mais il détient également le record du joueur le plus âgé ayant participé à Wimbledon : 65 piges et 317 jours lors de son dernier match de double messieurs en 1964.
Pour le battre il faudra que Roger obtienne sans doute une wild card en 2047…
Roger peut en prendre de la graine…
La fiche wikipédia indique qu’il » joue son dernier match en compétition à 87 ans lors du tournoi de double mixte vétéran »..
Il faut par moments laisser passer les heures, se bercer du souffle du présent, laisser pénétrer le moment dans nos chairs de sens et admettre, dans le silence, étui de la vérité, que la réalité a des douceurs d ‘instant qui pourraient nous réconcilier avec elle.
Le cours de nos vies a repris, irrémédiablement mais non invariablement. Car tout Roger qu’il est, rien ne pourrait détisser le commerce des hommes et des biens.
Et pourtant ce précédent week end a déroulé son programme avec la fatalité des événements que le destin organise dans le sérieux et la rigueur qui le caractérisent.
On pouvait bien passer du feu d’artifice à la repentance, de la bastille au vélodrome d’hiver en passant par la fête de la fédération.
De Yannick Noah chanteur à Netanyahu recueillant le pardon, le grand écart des commémorations ballade la plèbe, et ses sentiments de devoirs et de recueillements, entre fiertés hontes et espoirs.
Les pensées et les bonnes volontés elles aussi se convoquent. Un 14 Juillet ou 16 Juillet, peu importe l’éphéméride ou l’effet miroir, l’important est de souvenir sur l’instant pour mieux oublier par la suite.
La bastille n’est plus une prison, elle est devenue un opéra, une place, un endroit de rassemblement ou de contournement, un lieu que l’on coche, au-devant duquel on va pour tisser du lien, se baigner dans les pluralités des visages du quartier populo-bobo, réfléchir devant cet espace qui fût, sur une place qui n’est déjà plus, La bastille et ses 7 prisonniers, la bastille et son stock de poudre., un nom, une date, une nation, un drapeau, les ingrédients d’une historicité commune nécessaire au ciment des peuples.
Un lieu que les insurgés, pas encore révolutionnaires, avaient pris, plus par nécessité que par symbolisme et en étaient revenus, forts, armés, déterminés, et bientôt mûrs au régicide.
Les mutations sociétales éventrent, en advenant, les vieux corps à remplacer.
Conquérir une forteresse pour en revenir citoyens, un peu comme prendre Wimbledon et en revenir monarque, l’accomplissement et le devenir s’unissent et se scindent par besoin de s’unir à nouveau, pour se scinder encore et raviver le besoin de s’unir et toujours attiser la quête d’une reconquête, la septième du genre. Dans des jardins verts tracés à la craie blanche, dans une ville où la royauté garde l’éclat d’un prestige entretenu, Federer redonna vie à un pouvoir ancien, redonna droit à une force intemporelle, celle du talent et de la grâce.
Légitiment ambitieux, le croate était, avec Nadal, l’adversaire que Roger craignait le plus à l’ouverture du tournoi.
Les tours et les jours passant, la crainte se renforça, Cilic expédia ses adversaires et l’ombre de l’ogre, qui avait dévasté New-York trois ans auparavant, planait à nouveau au-dessus du central londonien.
Le goéland croate aux ailes de géant voulut s’envoler vers un nouveau soleil. Mais plus qu’un Icare désinhibé, l’infortuné marin est devenu un Phaeton désintégré par le Pied ou un Achille au talon abaissé.
Marin Cilic se savait désigné pour mourir, enfermé dans l’exiguïté du perdant.
Car de finale il n’y eut, hormis un premier quart d’heure où l’agressivité du croate conjuguée à la nervosité du Suisse laissait présager d’une bagarre de style dans le temple de la tradition mais dès la seconde du break survenue, l’esprit de Cilic s’est souvenu que l’ampoule au pied ne pouvait guère éclairer davantage la voie de ses ambitions.
Quelques minutes plus tard, de la sérénité émana de nouveau du visage du Suisse, contrastant avec la frustration de son adversaire. Et pendant le changement de côté marquant le break express du début de la seconde manche, Cilic confirme le risque d’éclatement.
Un Bouleversement émotif jusqu’aux spasmes, prostré en larmes prophétiques, dévoilant ainsi sous la serviette, qui ne préserve aucune pudeur, une fragilité cosmique.
La douleur se propage entre son cœur, vaillant, et l’orée de sa plaie. La scène pouvait se refermer sur le désir elliptique du croate, la transcendance horizontale de ceux naît dans le crépuscule.
Le reste de la rencontre est consigné avant son déroulement, Federer, en maîtrise des éléments, vogue à nouveau à la rencontre de son royaume. En connexion avec le divin, il s’abreuve du miel de la reconquête. Une terre, un lieu, une surface, un instant pour sacrements d’un roi offert à son sport. Un être conçu, développé, éduqué dans les coutures étoilées de ceux vivant pour nous émerveiller, de ceux se forgeant un destin de Roi dans le miroir de l’histoire.
Amen !
Je ne sais pas ce que Fed gagnera encore (ou pas) en GC, mais il va être difficile, et sans doute impossible, de revivre ce que l’on a vécu pour la finale de l’AO en termes d’émotion. Je me disais que ce 8è WIM pourrait nous procurer de pareilles émotions, mais non.
A l’AO le contexte du retour (pouvait-il encore jouer à au niveau), l’attente d’une victoire en GC (4,5 ans) et l’identité de l’adversaire (pas une victoire en finale de GC depuis 10 ans contre Nadal) ont rendu l’événement exceptionnel pour un Fed fan.
Difficile d’imaginer mieux. C’est presque dommage !
Oui je l’avais dit alors: c’était le sommet insurpassable de sa carrière. D’autant plus qu’il faut ajouter à tous les critecritères que tu mentionnes le scénario du match avec ce thriller en 5 sets qui tourne enfin à son avantage au moment où on renvoyait une nouvelle défaite frustrante.
Vivre cela fut fou. Et le Fedfan doit s’y faire, les émotions à venir seront forcément un poil fade à côté. Mais d’un autre côté, en tous cas à titre personnel, cela me permet de vivre désormais ses matchs beaucoup plus sereinement. Je suis nettement moins stressé depuis qu’il a accompli son conte de fées.
Oui en effet, j’oubliais le break encaissé d’entrée du 5è et le scénario cauchemardesque (et déjà vécu en finale de GC contre DelPo, Nadal et Djoko) qui se profilait !!
Et là, la grâce : le tennis en demi volé permanente, le relâchement total, les points de 26 coups qui tournent à son avantage, les coups gagnant des 2 côtés (revers et coup droit), les aces qui tombent au bon moment pour sauver les quelques rares balles de débreak…
Oui, insurpassable. J’en chialais, tremblais, comme d’autres ici.
On peut espérer que la perspective d’un 20ème titre conférera un autre saveur à Flushing!
Maintenant, la principale question à se poser en tant que fan est de savoir si Roger continuera en 2018?
La seule ligne manquante à son palmarès, c’est l’or Olympique et 2020, c’est encore loin!
Je crains qu’en cas de victoire à Flushing, il ne mette un terme à sa carrière!
Certes la surface à NY lui convient. Mais s’il fait très chaud comme il peut faire à cette époque, et qu’il perd quelques sets en route, il faudra voir quand même comment il tient la distance physiquement.
c’est où les JO de 2020 svp ?
Tokyo!!
pour ses sponsors ça peut être tentant qu’il y aille !
je le verrais bien au moins en double pour des raisons commerciales.
Il l’a déjà la médaille en double (avec Stan), ce qui lui manque c’est celle en simple.
certes ! mais faut pas rêver non plus !
A moins qu’il ne se blesse sérieusement, il jouera l’année prochain. Il a été clair sur le sujet lors de son interview d’après finale à Wimbledon : il entend bien défendre son titre. A un journaliste qui lui demandait s’il était possible qu’il joue quand il aura 40 ans, il ne l’a pas exclu.
Il a également dit que si Mirka lui demandait d’arrêter, il arrêterait aussitôt, ce qu’elle n’a pas l’air pressée de demander.
A supposer que Mirka y soit prête et qu’il ne se blesse pas sérieusement, je pense donc qu’il continuera à jouer au moins tant qu’il pensera qu’il peut encore gagner un GC, ce qui peut être le cas pendant encore quelques années, en particulier à Wimbledon. En ménageant son corps et en se limitant à 10-15 tournois par an, il peut certainement durer un bon bout de temps. Sans compter le fait qu’il a un bon job qui lui rapporte 70 M€ par an..
la question me parait donc plutôt être de savoir jusqu’à quand Roger aura une chance réaliste de gagner un GC. Je pense que s’il n’en gagne plus d’ici là, il arrêtera sans doute fin 2019.
Je ne vois effectivement pas Mirka lui demander d’arrêter. Elle est tellement fière de son Roger !
Pour ce qui est de la « chance réaliste » de gagner un GC, vu qu’il vient d’en gagner 2 en 6 mois après avoir attendu 5 ans, cela devrait l’inciter à y réfléchir à 2 fois avant de se dire que c’est mort pour le suivant !
Sachant que le bonhomme a assez d’amour propre pour se dire qu’il peut encore taper les p’tits jeunes !
Je pense surtout qu’on en sait rien !!!
Ces gars là ne font plus du sport mais un métier, tant que ça rapporte des sommes folles pourquoi s’en priver.
Attention soyons clair, je reste d’un côté un enfant qui applaudit à chaque nouvel exploit, qui vibre, qui aime ou aime pas… et d’un autre côté l’adulte en mois n’est dupe de rien.
Le « monde » voulait le 8ème, ça sera trop gros Roger tête de série N°2 mettons le N°3, à quelle heure c’est mieux pour lui de jouer, OK disons 16-18h, le meilleur court pour lui toujours le même….
OK Djoko n’en était pas capable mais pas grave de le laisser croire qu’il jouera en soirée puis de le reprogrammer le lendemain….
Sur le papier et à l’issue du tournoi facile de dire que Roger n’avait besoin d’aucune aide pour remporter ce tournoi (mais j’aurai quand même bien aimé un vrai match contre Cilic et merci Muller pour Nadal) mais l’honnêteté oblige à dire qu’il est plus favorisé qu’aucun autre joueur.
Bref j’oscille entre enfant, adulte puis adulte, non enfant, enfant, encore des victoires de Fed, non pas le méchant Nadal, oh quel vilain ce Djoko et retour à la raison, malheureusement pour l’espérance en l’équité et l’honnêteté même dans le sport.
Que voulez vous je reste un éternel rêveur, ma plus belle histoire de sport c’est lorsque Eric Liddell refusa de courir un dimanche par conviction et toujours en 24 lorsque un athlète britannique déjà champion olympique céda sa place à son compatriote pour que lui aussi puisse tenter de l’être aussi !!!
un peu pareil que vous, avec quelques nuances.
Oui il est clairement favorisé. L’âge, le palmarès, l’air rapidement agacé quand ça ne tourne pas à son avantage, quelque soit la situation (en match ou non) ; tout ça inspire le respect et aussi un peu la crainte de ceux qui l’entourent. Il est devenu intouchable, ce qui n’est jamais bon.
Pour ma part j’ai toujours dit que je le trouve bien loin de l’image que les médias et lui ont construite. Je le vois tout le contraire de modeste par exple. Et pas forcément très fair play. Bref, lui d’abord, et conscient, très conscient de son talent…
En fait plus ça va et plus son personnage m’agace. Mais reste le jeu…
Car la où j’exprime différemment les choses que vous c’est que je ne fais pas la différence entre enfant/adulte. Je ne suis dupe de rien mais je profite à fond de l’essentiel : la beauté de son jeu, les moments de grâce en certaines circonstances. Et j’assume de profiter de ça en tant qu’ »adulte ».
Nous sommes entièrement d’accord, sur la seule partie du JEU il ravit autant l’enfant que l’adulte.
Je sais sans arriver à l’admettre (l’enfant sourire) que l’on peut préférer le besogneux à l’esthète (je suis volontairement titilleur ) et cela est d’ailleurs source d’intense discussion avec mon meilleur ami qui se trouve être autant Nadal que je suis Fed ce qui est peu dire !!!
Maintenant, on commence à pondre des papiers sur un possible 20ème GC pour Roger à l’US Open…D’ailleurs il est favori : sa cote pour le titre est de 3, comme avant Wim et les autres sont derrière à peu près comme à Wim également, 4,5 à 6 pour Rafa, Djoko et Andy.
Roger lui dit que « ce serait une blague » s’il gagnait l’US Open. Il ajoute qu »en gagner deux, c’est déjà assez dingue et cela me suffirait largement » :
https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Roger-federer-gagner-l-us-open-serait-une-blague/819339
Il n’est donc pas super motivé, ce qui me parait normal, et ce serait effectivement une blague s’il en gagnait trois cette année. Une blague qui ne ferait sans doute rire que lui, parce que je pense que les autres tireraient vraiment la tronche s’il gagnait l’US Open. Pas tellement parce que cela leur serait pénible que Roger en gagne un 20ème, mais parce que cela leur renverrait une image d’eux mêmes assez peu flatteuse. S’il n’y a personne pour être capable de battre Roger en GC cette année, il y a quand même un problème de niveau quelque part. A part Rafa lui même, je pense que cela leur ferait également suer si c’était Rafa qui gagnait l’US Open, pour la même raison…
Pour Roger, je pense que cela n’arrivera pas. Faut quand même pas exagérer…
le truc c’est qu’avec cet état d’esprit, il va venir sans pression et qu’il va jouer relâché. Et quand Fed joue relâché…
Etre relâché, c’est bien si on n’est pas trop relâché. Mais cela ne suffit pas, il faut avoir la volonté de produire les efforts nécessaires, avant et pendant le tournoi, avoir vraiment envie de gagner. Est ce que Roger produira ces efforts une fois les vacances terminées ? Est ce qu’il sera autant motivé que pour Wim ? Il peut l’être en se disant que c’est une occasion en or et qu’il faut en profiter avec Djoko et Murray aux fraises, Nadal peut être un peu fatigué, mais ce n’est pas sûr. Même si sa saison s’arrêtait aujourd’hui, ce serait déjà une super saison. Un autre danger le guette : le péché d’orgueil.
oui, vous avez raison.
mais je pense que s’il vient, vu le contexte et la fenêtre de tir, il va y aller à fond !
Alors la déclaration de Fed qui est le meilleur du monde en déclaration modeste sans l’ombre d’un doute je n’y crois pas une seule minute.
Expliquons nous, il n’a pas du hésiter 2 secondes avant de zapper la saison de TB car pour l’avoir rencontré 3 fois cette année il savait très bien que ce ne serait pas la même limonade sur TB contre son éternel rival !!!
Du genre gore, on coupe une jambe à Mirka si tu trouves pas le vainqueur du prochain RG, je mise tout sur Rafa et j’augmente la mise, vous coupez 2 bras 2 jambes si je me goure mais si j’ai raison vous me refaites plus un coup pareil!!!
A l’inverse il connait bien son client et il peut légitimement se dire qu’il y a quelques chances, nous le serons très vite, que Nadal ne tienne pas la cadence en cette fin de saison ???
A aujourd’hui je dirai qu’il ne croit pas à 50% ce qu’il dit et qu’il se donne donc nettement plus de 50% de chance de pouvoir en regagner un à l’USO.
Après le prochain master 1000 le jeux seront plus clair d’ici à la fin de l’année.
Federer est un champion hors normes. Et v’la maintenant qu’il rajoute la touche ultime qui fait chavirer le coeur des dévots dont je suis. Avec lui, le déraisonnable devient possible, le réel plie sous le poids du désir. Sous le gazon, la plage, la mer, l’océan, l’infini qui ne semble pas beaucoup l’effrayer, lui. Et demain, ce sera sous le ciment. Et après demain, sous la terre battue. Qui sait ?
Je ne me prononcerai pas sur le point de savoir si le mec est vraiment sympa et tout ça. Parce que je n’en sais rien et que tout cela n’a pas une grande importance.
Juste une remarque. Assurément Federer est orgueilleux (mais il vaut mieux pour lui qu’il le soit parce que s’il ne l’était pas, je pense que ce serait un sacré crétin qui se serait lourdement trompé de job) mais si l’on en juge par la déclaration rapportée par Antoine, il n’est pas mégalo. C’est déjà, ça.
A moins qu’il mente effrontément. Alors ce serait un grand manipulateur. Voire un pervers de la pire espèce !