Un détour par Lyon, à la veille de « Roland »

By  | 11 juin 2019 | Filed under: Bord de court

Open de tennis de Lyon parc de la Tête d'orJ’avais depuis longtemps envie de voir à quoi ressemblait un tournoi organisé la semaine précédant immédiatement un Grand chelem. Je me disais que l’ambiance devait y être assez différente des autres tournois du circuit. Je n’ai pas été déçu de ma visite à Lyon – pardon, à l’Open Parc Auvergne-Rhône-Alpes. Les pieds à Lyon, la tête à « Roland », c’est le leitmotiv de tout le monde sur site, ou presque. Choses vues.

« T’as vu ? Martineau mène 4-0 contre Ymer… ! » On est à Lyon, et le spectacle sur le court est plutôt sympa avec l’opposition totale (de trajectoire, d’âge, de style) entre Pablo Cuevas et Hubert Hurkacz, mais l’attention des spectateurs n’en est pas moins distraite. Un oeil pour observer la passe d’armes, l’autre rivé sur le téléphone portable pour suivre l’avancée des qualifications, 500 kilomètres plus loin, de Roland-Garros : c’est le lot du tournoi de Lyon comme, sans doute, celui de Strasbourg au même moment chez ces demoiselles, ou d’Auckland à la veille de l’Open d’Australie, d’Eastbourne pour Wimbledon ou Winston-Salem pour l’US Open.

Dans l’ombre médiatique de Roland-Garros, Lyon pousse le vice jusqu’à être organisé dans un cadre arboré faisant inévitablement penser au Grand chelem parisien. Installé au coeur du parc de la Tête d’or, dans le prolongement d’une roseraie, l’endroit est bucolique, avec son Central monté de toutes pièces au milieu d’un vélodrome sur une presqu’île, et les annexes à l’ombre des arbres, que l’on rejoint en franchissant le plan d’eau… Clairement, Lyon remporte d’assez loin le prix du plus beau site d’accueil d’un tournoi ATP / WTA en France – derrière Roland-Garros, encore.

La chanson de « Roland »

Sur place donc, « Roland » est dans toutes les têtes.

  • Dans celles des spectateurs qui scrutent les résultats parisiens et ont bien souvent une virée à Paris prévue dans les quinze jours (grosse proportion de licenciés parmi le public, m’a t-il semblé, sensation apparemment corroborée par la faible promotion du tournoi dans les rues de Lyon… Mes amis lyonnais non branchés tennis n’étaient absolument pas au courant de l’existence d’un tel évènement à côté de chez eux) ;
  • dans celles des membres de l’organisation et d’agences diverses prêts à sauter dans le TGV pour gare de Lyon d’ici la fin de semaine (sans même parler de ceux, type partenaires ou agences RP, qui font des allers-retours à Paris pour la soirée des joueurs du mardi et/ou le tirage au sort le jeudi) ;
  • et dans celles des dirigeants du tournoi enfin, encore plus soumis aux aléas d’entry list que leurs autres homologues du circuit.

Lyon avait un plateau très correct sur le papier ? Trois forfaits d’Isner, Berdych et Raonic plus tard, l’épreuve remportée par Dominic Thiem l’an passé se retrouve avec Nikoloz Basilashvili pour tête de série n°1. Rude changement de standing… A l’opposé, le plateau de son homologue de Genève, peu ronflant au départ, bénéficie en dernière minute des présences de Stan Wawrinka, Alexander Zverev et Grigor Dimitrov. Soit un triple champion du Grand chelem et les deux derniers lauréats du Masters (sans même parler de la présence très remarquée de « Dédé » Agassi dans le box du Bulgare) : glorieuse incertitude des programmations et intérêts des champions à la veille d’un Grand chelem.

Le bataillon français, l’engouement canadien

Benoît Paire Felix Auger Aliassime Lyon 2019Du coup, le plateau lyonnais est abondamment garni de joueurs maison : les Français pèsent un tiers des joueurs du tableau final (9 sur 28). Et ils font parler d’eux, en début de semaine par le bulletin de santé de la génération déclinante (Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet), au milieu par les progrès des p’tits jeunes qui-n’en-veulent (mention particulière à Corentin Moutet qui débarrasse le tournoi de la menace Reilly Opelka – celui-là, au passage, n’a pas fini, pour le meilleur et pour le pire, de squatter les affiches finales des 250 américains type Newport, Atlanta, Winston-Salem and co) et à la fin par la découverte du Benoît Paire nouveau, vainqueur du tournoi sans avoir – sauf erreur de ma part – fracassé la moindre raquette ni s’être pris la tête avec arbitre(s) et/ou spectateur(s). Bref, le « Ben » que l’on allait voir dix jours plus tard se hisser aux portes des quarts de finale de Roland-Garros.

Felix Auger-Aliassime, lui, ne verra pas Paris, pour n’avoir pas écouté ses adducteurs qui lui enjoignaient de lever le pied. Battu par Paire en finale et forfait pour Roland-Garros, pas sûr d’après ses déclas ensuite qu’on le revoit souvent jouer lors de ce créneau de veille de Grand chelem… En l’absence de cadors du classement, les deux prodiges canadiens, Denis Shapovalov et lui, ont été les grandes attractions de la semaine. Il y a une excitation certaine autour d’eux, et le représentant de l’ATP couve ses protégés façon duègne : de la séance d’autographes à l’interview aux médias, du passage au stand partenaire au clinic avec des jeunes, tout est compté, minuté, verrouillé. En quelques années, l’accès aux joueurs s’est durci de manière flagrante, et tant pis pour le côté spontané, convivial, que pouvait encore (parfois) revêtir ce type de « petit » tournoi – vraie question au passage de savoir si le lourd protocole « Grand chelem » a une raison d’être à l’échelon 250…

On parie que votre voisin de gradin parie ?

J’évoquais tout à l’heure les spectateurs scrutant les résultats sur leur portable. Autre activité à base de téléphone portable omniprésente au bord des courts : les paris. L’expansion du phénomène est impressionnante pour moi qui ne faisait plus beaucoup de bord de court depuis deux, trois ans. C’est comme si tout le monde s’y était mis. Impossible de s’asseoir en tribune ou de déambuler dans une allée sans entendre à un moment ou un autre des : « Sa cote est intéressante, vas-y » ou « s’il perd le prochain jeu, on mise sur lui », ou « il m’a fait perdre X euros, ce con » (je vous la fait élégante sur le juron), ou « vas-y, mise sur le set à moins de 8,5 jeux » (oui, les paris proposés sont parfois sacrément tordus).

Benoît Paire dissertait justement là-dessus en évoquant le dévoiement du principe même d’encouragement : « Dans plein de cas, on n’est pas dupe quant au fait que les mecs nous encouragent juste parce qu’ils ont misé sur nous. Ce sont les mêmes qui t’insulteront sur les réseaux sociaux si tu as perdu. » Ce qui ne sera donc pas son cas cette semaine : dernière cérémonie protocolaire, derniers discours, dernières séances photos… Il est temps de démonter les installations et de plier bagages. On est samedi, le grand tableau de Roland-Garros débute demain… Le dernier TGV n’attendra pas : tous au train !

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324 Responses to Un détour par Lyon, à la veille de « Roland »

  1. Anne 29 juin 2019 at 14:44

    Coric est forfait pour Wimbledon

    Et l’ambiance au Conseil des joueurs n’a pas l’air de s’améliorer avec la démission de Robin Haase, l’un des joueurs modérés. Et beaucoup pensent qu’il pourrait ne pas être le seul à le faire…

    • Anne 29 juin 2019 at 14:58

      Coric est remplacé par Berrettini. Pas sûr que RF gagne au change, bien au contraire

      • Jo 29 juin 2019 at 16:15

        Je pense que c’est kif-kif berrecoric. C’est du costaud Borna et il a déjà enquiquiné le Vieux sur surface rapide. Quant à Berrettini, il est en pleine progression et menaçant, mais tant de joueurs menaçants se font empapaouter par Gramoune Rogé. A voir.

        • Anne 29 juin 2019 at 22:37

          Coric, même avant cette bless urée, n’était pas dans la forme de sa vie

          • Jo 30 juin 2019 at 09:01

            Certes mais il n’a pas non plus totalement raté sa saison sur gazon et demeure constant. Je jette un œil sur la Race Live. Berrettini est 13e avec 100 points de plus que Coric, 15e. On est dans un mouchoir de poche.

            PS: L’urée de Borna? Contrôle sanguin? Urinaire? Un scoop sur un éventuel contrôle anti-dopage positif?

  2. Antoine 29 juin 2019 at 15:33

    Coric forfait… est remplacé par Berrettini, lui même remplacé par Struff, lui même remplacé par le LL Schnur…

    Bonne opération pour Schnur qui passe par la caisse départ et prend 45 000 £. Bonne opération pour Baggy qui pour son dernier tournoi devait rencontrer Struff et qui rencontre Schnur.

    Mauvaise opération pour Struff qui pour aller en 1/8emes doit désormais battre Albot, Berdych ou Fritz (en finale à Eastbourne cette après-midi contre Querrey), puis Isner ce qui est plus compliqué a priori que de battre Bedene, Baggy puis Schwartzy pour y parvenir. Comme Berrettini fait le chemin inverse, c’est plus facile pour lui d’aller en 1/8emes. Par contre, il a plus de chances de perdre ce 1/8eme puisqu’il rencontrerait Roger.

    Roger évite donc Coric et Struff qui étaient ses adversaires les plus probables en 1/8emes mais y rencontrera très probablement Berrettini qu’il ne pouvait rencontrer qu’en quarts. Berrettini sera également plus frais. Son quart probable est peut-être un peu plus facile : ce sera sans doute Nishikori ou Isner alors que Berrettini ne sera plus là pour se mêler à cette place. Les + et les – s’équilibrent peut-être…

    On verra. Reste que je trouve qu’un 1/8eme contre Berrettini contre qui il n’a jamais joué, ça pue. J’espérais qu’il le joue à Halle pour éviter ce cas de figure justement mais Goffin lui a réglé son compte. Cela me fait penser à Melbourne avec Berrettini dans le rôle de TsiTsi…Cela dit, s’il n’est pas foutu de battre Berrettini, c’est qu’il n’a pas le niveau pour remporter le tournoi…

    • Paulo 29 juin 2019 at 16:27

      Berrettini c’est bon, mais pas autant que Tsitsi à Melbourne, à mon avis.
      L’Italien était en pleine euphorie les deux semaines passées, mais toutes les périodes d’euphorie ont une (Gof)fin, et après il faut confirmer, ce qui est plus difficile.
      Comme tu dis, s’il ne peut pas battre Berrettini alors qu’il a été à deux doigts de battre un Anderson vraiment très impressionnant l’an dernier, c’est qu’il n’a pas le niveau pour remporter le tournoi. Mais à mon avis, comme il est encore n°3 mondial et qu’il vient de remporter Halle, il n’est pas loin d’avoir le niveau pour remporter Wimbledon.

  3. Renaud 29 juin 2019 at 15:52

    Exactement Antone
    Si maintenant on se fait peur avec des joueurs comme ça alors faut vite qu’il aille élever des vaches en Suisse, c’est beau l’élevage en Suisse, l’herbe est plus verte qu’ailleurs, les chalets typiques, le ukulélé mieux maîtrisé et le pelage des bestiaux s’en ressent…..par contre il faudra que RF perde cette mauvaise habitude de parler plein de langue, le bon suisse parle les mêmes langues que Roger mais jamais ne s’abaissera à parler français au français ce serait trop simple :-)

    humour humour

  4. Renaud 29 juin 2019 at 16:03

    ok ok les suisses (je sais que 15…est international :-) j’aurai du dire Yodel mea culpa !!!

  5. Colin 29 juin 2019 at 17:28

    Bon comme on ne va pas continuer à causer de Wimbledon sur un article consacré à un tournoi disputé avant Roland Garros, et sur terre battue de surcroît, j’ai publié vite fait un support pour nos nouvelles discussions. Tirons donc un trait et passons à côté.
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