Edberg, McEnroe, Lendl et Wilander sur un court de tennis : on n’a pas tout les jours l’occasion de voir jouer ces légendes aujourd’hui retraitées. Alors moi, j’ai sauté sur l’occasion quand j’ai vu que ces gars-là seraient à Paris pour le trophée Lagardère. Et croyez-moi, ce n’était pas uniquement sur le court qu’on avait des retraités ! Quand je suis arrivée vendredi après-midi aux abords du stade Coubertin, les tempes grisonnantes et les tous gris faisaient la queue pour entrer et, pour le coup, je me suis demandée si je n’entrais pas dans un de ces clubs du troisième âge où on joue aux cartes !
Non, sans rire, il y avait un peu de tout, et surtout pas mal d’invités cravatés dans les loges qui ont inscrit dans leur agenda un soi-disant rendez-vous important pour assister au retour d’Ivan Lendl ; on filoute comme on peut ! Les gradins n’étaient pas particulièrement remplis, c’en est presque dommage, mais tout le monde n’a pas la chance d’être à la retraite, faussement occupé, ou comme moi midinette en goguette sur une journée de repos. Aah, les jambes de Stefan Edberg…
Ivan Lendl, retraité depuis des lustres, n’avait plus touché une raquette jusqu’à l’année dernière. Il avait pris des kilos superflus, s’adonnait au golf à plein temps, bref la retraite quoi ! Il a bien maigri pour pouvoir se remettre en jambes sur un court, et avait déjà joué une petite exhibition contre Wilander il y a plusieurs mois. Résultats des courses ? Le retour à la compétition même en mode senior lui demandera sans doute plus d’efforts. Dès le deuxième jeu, après un rallye un peu plus long que les précédents (plus de dix coups) que Lendl finit par perdre, il demande à Wilander « How old do you say you are ? » Avec son accent tchèque, il n’est pas facile à comprendre le père Ivan ! Deux minutes plus tard, sur une course pour aller chercher une amortie, il demande à Mats d’arrêter de le pousser à faire des courses en avant… C’est pas du jeu, non ?! Wilander, bon prince, ne lui en fera pas beaucoup d’autres. Bref, on comprend tout de suite que Mats, de son côté toujours très en jambes, est largement au-dessus, mais qu’il ne va pas chercher forcément à le montrer sur le court. Il se déplace vraiement très bien, et son revers à deux main me fait penser à celui de Djokovic dans sa gestuelle, très facile. Ivan, lui, montre toujours qu’il n’aime pas perdre : il plante son fameux décalage en coup droit à chaque seconde balle de Wilander, ce qui fait la plupart du temps le point ou au pire revient illico dans les pieds de Wilander. Ouaip, pas mal pour le papy, là !
En plus, je trouve que le revers d’Ivan est pas mal du tout, slicé rase motte, on a droit à des échanges en gammes slicées entre les deux joueurs où à chaque fois on croit que la balle va s’arrêter sur le filet, mais non elle passe ! Même en revers frappé le Tchèque est demeuré très précis. Son service de plomb manque encore un peu, mais avec la pratique, qui sait si le retour d’Ivan le Terrible ne fera pas date.
En parlant de retraité, le DJ qui officie aux changements de côtés a décidé de se la jouer 80′s, lui aussi est sorti des années MTV ? Faut croire vu qu’il vient passer le tube « La fotonovela » du météorique Ivan. Un clin d’oeil à Lendl dont il partage le prénom ? OK, mais je crois qu’il a loupé son coup… Mauvais, mauvais, mauvais ! M’enfin j’ai rigolé toute seule dans mon coin
Ivan a perdu logiquement 6/4 6/3, et je suis curieuse de voir ce qu’il fera contre McEnroe dimanche. Direct8 devrait retransmettre quelques matchs. Mats reste reste mille fois plus charismatique (oui oui), et quel sourire ! Tandis qu’Ivan reste Ivan ; il s’est sans doute déridé aujourd’hui sur un court mais a rappelé à tout le monde que ce n’est pas parce qu’il avait gagné un point sur une amortie let qu’il allait s’excuser ! Comme s’il voulait jouer encore le rôle du méchant… Allez Ivan ; mais si voyons tu peux être cool !
Intermède franco-français avec Cédric Pioline et Guy Forget à la suite. Forget sert quand même vachement bien, il doit jouer régulièrement le bougre, on dirait le clone de Micka Llodra, à moins que ce soit l’inverse ? Sans doute qu’à la fédération les chats ne font pas des chiens. En tant que membre de l’organisation Forget est directeur du tournoi (il porte combien de casquettes, lui ?) et on se demande s’il ne gagne pas en raison de ce titre… Parce qu’il faut bien avouer qu’en face Pioline, malgré quelques belles attaques, n’a pas trop envie de gagner, à moins qu’il n’en ait pas les moyens car il cherche son souffle sur les longs échanges. Forget a eu la bonne idée de lui faire amortie-lob deux fois de suite, ça lui casse les jambes au Cédric. Forget 2, Pioline 0. Le match se termine pile à l’heure pour permettre l’entrée en lice des joueurs de double. C’est fou comme on arrive a tenir le timing !
Et voici donc Edberg et McEnroe qui entrent derrière la paire Bahrami-Santoro, faut avouer que c’est baroque comme double ! On sait d’entrée à quoi s’attendre avec les deux « magiciens » comme l’a aimablement rappelé le speaker : des pirouettes, des remises ahanantes, bref, la Commedia dell’arte pour faire face à deux légendes de la raquette. Legendary, comme dirait un certain Barney ! Je ressors la mitrailleuse à clichés numériques, qui a déjà pas mal chauffé avec le premier match. Ah mais voilà Edberg qui se rue sur le filet, et ben c’est pas gagné pour faire une bonne photo ! Faut dire que malgré un très bon matos (prêté par le chef), les conditions indoor sont parfois difficiles à maitriser. Je n’ai pas l’habitude d’un appareil aussi performant ! Bref. Edberg est aérien, léger, il sautille sans arrêt, volleye à tout-va… Il faut dire aussi que Mansour et Fabrice s’arrangent pour que McEnroe et lui effectuent toutes les volées possibles et même inimaginables !
Et voilà qu’au milieu de toutes ces pitreries au filet on a droit au « shot of the year », autrement dit une volée amortie rétro déposée juste derrière le filet et qui repasse le filet dans l’autre sens… Intouchable ! Oui mes amis, celle-là je ne l’avais jamais vue, et en plus c’est Edberg qui l’a fait ! Même le Mac était admiratif, et Santoro doit encore se demander comment il n’a pas vu ce tour de passe-passe venir le narguer au pied du filet. Le public est resté baba, tout comme moi ! Personne ne s’y est trompé, l’applaudimètre a explosé ! S’il ne fallait retenir qu’un seul point de toute cette année tennistique, ce serait celui-là. Ahhh Stefan, j’ai attendu bien longtemps mais ça valait le coup ! Et en plus, il a toujours son look de jeune premier, bien sage. Juste la classe, je suis une groupie, je l’assume.
John McEnroe, tout grisonnant et rajoutant une bonne dose de « Super Brat » pour rigoler, surjoue son propre rôle. Il est vraiment là pour amuser la galerie. Il a une façon de tenir sa raquette complètement improbable : aujourd’hui je pense que sa technique serait rédhibitoire pour gagner, quoique avec lui qui sait ? Il arrive à claquer des volées dans n’importe quelle position au filet, avec des angles qui rendent encore plus chèvre Mansour et Fabrice. Quant à moi je n’ai pas le temps d’analyser comment elles ont pu sortir de sa raquette !
Tout est bien qui finit bien, Stefan et John sortent du court en vainqueurs. Impossible d’imaginer un autre scénario. La journée s’est terminée trop vite à mon goût… heureusement pas trop tardivement quand même, car le parking d’a côté m’aurait couté une fortune !
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Cela me fait penser à autre chose: il y a beaucoup de gens qui n’aiment pas Rafa mais, au final, je me demande bien pourquoi ? Il a un jeu spectaculaire, fait de trucs assez inouïs en défense; il est très très difficile à battre, mouille sa chemise, n’est pas antipathique en dehors du court, bosse et progresse régulièrement; bref, à part le fait qu’il prend souvent un peu trop de temps pour servir quand il est sous pression et abuse du règlement, je ne vois rien à lui reprocher, au contraire…C’est un exemple pour tous ceux qui n’ont pas un talent naturel démesuré (99,5% des joueurs) et il leur montre jusqu’où on peut aller par volonté, effort etc…J’aimerais bien que cet exemple soit plus souvent suivi, en particulier de la part des joueurs français dont beaucoup se reposent sur le fait qu’ils ont une bonne technique sans pour autant maximiser leur potentiel..Nadal lui, quand il arrêtera, pourra se dire qu’il a vraiment tiré le maximum des dons qu’il a reçus. Il y en a combien qui peuvent en dire autant ???
richard?
Antoine, je me trompe ou (hormis pour celui que je ne nommerai pas pour ne pas t’énerver) le palmarès prend une part très importante dans ton appréciation des joueurs?
Il y a toujours une part de subjectif dans les goûts, et même dans les éléments que tu cites ( Il a un jeu spectaculaire, n’est pas antipathique en dehors du court etc), il y en a aussi…
Et de mon point de vue, j’espère que son exemple ne sera surtout pas suivi.
Comme la saison tire à sa fin, quelques bilans, déjà.
Pour la 2° année consécutive, aucun vainqueur de GC 2009 n’aura conservé son titre en 2010, et ce sera idem au Masters (je conserve l’ancienne appellation car WTF bofbof pour moi).
Dans les MS1000, il reste Shanghaï et Bercy afin que Ljubicic, Roddick, Murray ou Federer tentent de doubler la mise, sinon ça sera la 1ère fois depuis 2002 qu’un seul joueur en gagne plus qu’un. Sauf une Nalbandian 2007 ou une Safin 2004 bien sûr, cas où le même joueur gagne les 2 derniers.
2009: Nadal 3, Murray 2, Federer 2
2008: Nadal 3, Murray 2, Djokovic 2
2007: Nadal 3, Federer 2, Djokovic 2, Nalbandian 2
2006: Federer 4, Nadal 2
2005: Federer 4, Nadal 4
2004: Federer 3, Safin 2
2003: Roddick 2, Ferrero 2
2002: Agassi 3
Avant 2002, un seul vainqueur de plus d’un MS 1000 était plus fréquent. En 90-92-97 et 2000. Depuis leur création en 1990, l’année la plus partageuse en MS 1000 a été 2007 avec 4 joueurs à plus d’un titre.
2001: Agassi 2, Kuerten 2
2000: Safin 2
1999: Kuerten 2
1998: Rios 3, Rafter 2
1997: Sampras 2
1996: Agassi 2, Muster 2
1995: Agassi 3, Muster 3, Sampras 2
1994: Sampras 3, Agassi 2, Medvedev 2
1993: Courier 2 , Stich 2
1992: Chang 2
1991: Courier 2, Forget 2
1990: Edberg 3
En 2010 déjà 4 titres sur 7 ont été défendus avec succès, Monte Carlo, Rome, Canada et Cinci.
Anecdote, à Cinci, Federer a remporté son 17° MS.. comme Agassi en 2004.
Merci Marie Jo, très agréable article sur les vieilles gloires encore chères à nos cœurs de vieux c… ! Je ne vais pas ressortir mon éternel couplet sur le charisme d’antan, mais quand on voit combien le temps parvient à humaniser un Edberg, à lui donner une vraie dimension, on se prend à vouloir retrouver les Nadal & Co dans vingt piges, histoire qu’ils prennnent un peu d’épaisseur…
Merci en tout cas: c’était bien écrit et rafraichissant !
A l’instant sur Arte, un reportage sur le dopage…. chez les soldats de la Wehrmacht. La blitzkrieg sans effort, tout ça.
» La pilule de Göring »
On en parlait l’autre jour.
coucou Franckie
Décidément… Je viens d’aller faire un tour sur l’Equipe, et le dopage occupe une belle place avec Fraser et son recours possible (elle, elle avait mal aux dents ) un haltérophile contrôlé positif, bref, après Contador et consorts..
En parlant de ça, je me souviens que Marie-Jo avait évoqué un possible contrôle anti dopage de S Williams qui expliquerait sa « longue » absence du circuit. Des tas de rumeurs circulent, le pied n’étant, à mon humble avis, qu’une piètre excuse, car on ne se trimballe pas avec des talons de 10 cm de haut quand on a le pied en compote. J’opterais plus volontiers pour la thèse de la chirurgie plastique, car si vous regardez bien, elle s’est sacrément affinée (visage), elle qui avait des traits plutôt lourds.
http://www.lequipe.fr/Cyclisme/breves2010/20101006_160538_da-pena-pris-aussi-a-l-epo.html
Merde, je l’avais loupé celui-là
Le dopage nous envahit tant que je finis par ne plus le voir
En même temps, si il fallait les citer tous…
…sans vouloir créer de polémique, l’énigmatique Antonio Samaranch (président du CIO pendant 21 ans, oui oui 21 ans) « qui a fait passer l’olympisme de l’amateurisme pur au libéralisme financier le plus débridé » avec toutes les dérives que cela peut entrainer.
…suite (mon ordi déconne)
En effet, fin de l’amateurisme pur, l’explosion de la commercialisation, le dopage… Le triomphe de l’argent et la recherche de la performance à tout prix, rendue possible par le dopage, deux aspects de l’olympisme apparus sous sa présidence, ont été critiqué par beaucoup. »
L’ère Samaranch sera surtout marquée par une flambée des affaires de dopage avec comme point culminant les Jeux de Séoul, en 1988, où le Canadien Ben Johnson, vainqueur du 100 mètres, épreuve-reine de l’athlétisme et des JO, a été convaincu de dopage et exclu des Jeux.
D’autres ont suivi. Le CIO a organisé début 1999 une conférence internationale qui a débouché sur la création de l’agence mondiale anti-dopage (AMA). Avec quel sérieux?
Son premier président, Dick Pound, a cependant déclaré que Juan Antonio Samaranch n’avait jamais été un ardent partisan de la lutte contre le dopage.
Homme d’influence et de réseaux, « qu’il savait cultiver à la perfection » Il n’est pas impossible d’imaginer qu’il est pu utiliser ses influences (qu’il a prit soin de mettre en place) pour fermer les yeux sur certaines dérives sportive…
Et pour finir sur une petite note un peu provocatrice, les hautes instances du sport Espagnol, mais aussi et surtout Nadal, l’ont beaucoup remercié pour tout ce qu’il avait fait au niveau sportif…
http://www.canalplus.fr/pid1784.htm&nav=1 6:54
L’Alchimiste mdrr, c’est lyrique comme du Paulo Coelho lu par Philippe Lucas.
Thanks MarieJo pour cet article teinté de « 80′s ». C’est spontané, frais, bref cela te correspond plutôt bien!
J’aurais vraiment apprécié de voir sieur Edberg en chair et en os. Les seigneurs sont éternels…
En revanche Noah m’insupporte de plus en plus. Je pense que l’homme est bien loin du personnage médiatique qu’il essaie de vendre aux 4 coins de la France. Mais c’est totalement subjectif.
PS : un double merci pour le « Legendary » qui forcément m’a fait de l’œil,
Bon il est très bien cet article, je l’avais pas dit ? Ça parle de McEnroe, ça fait l’éloge d’Edberg… Bravo !