Le tennis professionnel avant l’ère Open (5/5)

By  | 15 septembre 2009 | Filed under: Histoire

En 1968, les tournois du Grand chelem « ouvrirent » leurs portes aux joueurs professionnels et le tennis entra alors dans l’ère que l’on continue à appeler « Open » pour cette raison. Les joueurs qui étaient passés professionnels furent alors à nouveau admis dans les principaux tournois dont ils s’étaient eux-mêmes exclus en cédant aux sirènes des promoteurs du tennis dit « pro », parfois longtemps auparavant. Le tennis professionnel n’est pas, en effet, né dans les années 1960 mais dans les années 1920… Les informations contenues dans l’ouvrage essentiel de Bud Collins History of Tennis : An Authoritative Encyclopedia and Record Book permettent de reconstituer cette histoire tumultueuse. Tel est l’objet de l’article qui suit et dont voici la cinquième et dernière partie.

Partie V : L’échec du putsch de Kramer, le déclin du monde pro, et finalement, l’ « ouverture »…

Changement et conservatisme

1960 marqua un changement d’époque. Chez les amateurs, Rod Laver, 21 ans, remporta le premier de ses onze titres du Grand chelem, s’imposant en Australie après une finale épique contre Neale Fraser (5-7 3-6 6-3 8-6 8-6). Fraser prit une double revanche en remportant Wimbledon et Forest Hills, battant à chaque fois Laver en finale, successivement en quatre et trois sets. Chez les dames, Margaret Court remporta le premier de ses sept titres consécutifs en Australie qui devait la conduire à l’actuel record de 24 titres du Grand chelem au court de sa très brillante carrière.

Cette année-là, la Fédération Internationale de Tennis (ILTF) repoussa  une motion qui prévoyait que huit à treize tournois deviendraient « open », c’est-à-dire ouverts aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels. Bien que soutenue par les quatre principales fédérations organisant les tournois du Grand chelem, elle ne put franchir la barre requise des deux tiers des suffrages, cinq voix manquant à l’appel. Une autre motion proposée par la Fédération française prévoyait la création d’une nouvelle catégorie de joueurs, les « registrated players », qui auraient eu le droit de négocier avec les organisateurs de tournois des primes d’engagement supérieures aux « remboursements de frais » qui étaient la pratique courante chez les amateurs. La Fédération américaine torpilla cette proposition, au motif que les soi-disant « registrated players » ne seraient en réalité pas autre chose que des professionnels, ce qui était évidemment exact.

Cette année-là, après la finale de la Coupe Davis, ce ne fut pas la Fédération australienne, mais bien la Fédération américaine qui eut à subir le départ de joueurs amateurs vers le professionnalisme. Barry MacKay et Butch Buchholz, qui pensaient certainement que l’ère Open allait commencer à bref délai, signèrent avec Kramer afin de participer à une tournée en 1961, avec Lew Hoad, Franck Sedgman, Tony Trabert, Ashley Cooper, Alex Olmedo et l’Espagnol Andres Gimeno.

En attendant, la tournée de 1960 fut à nouveau gagnée par Gonzalez, opposé en la circonstance à Olmedo, Segura et Rosewall. Elle fut un échec financier. Simultanément, et pour la première fois depuis 1953, Gonzalez ne gagna pas l’US Pro, le titre revenant à Alex Olmedo qui battit Trabert en finale. Le Péruvien Olmedo avait, en tant qu’amateur, gagné à Wimbledon et en Australie l’année précédente, battant respectivement Laver et Fraser. Ken Rosewall battit Segura en finale à Wembley, et Hoad en finale du French Pro. Pour Gonzalez, qui atteint 32 ans cette année-là, ce n’était pas la fin, loin de là, mais l’emprise absolue qu’il exerçait sur le « circuit » pro depuis sept ans commençait doucement à se desserrer. La menace était désormais clairement Ken Rosewall, qui venait de remporter le premier de ses sept French Pro consécutifs et le premier de ses quatre Wembley Pro consécutifs.

Le coup de force de Jack Kramer

A la suite du rejet par la Fédération Internationale des motions prévoyant d’autoriser, sous une forme ou sous une autre, les professionnels, Jack Kramer sortit son carnet de chèques et entreprit de débaucher non pas un ou deux amateurs de premier plan, mais tout joueur d’un niveau acceptable. Andres Gimeno, Mike Davies, Jean-Louis Haillet, Kurt Nielsen, Barry MacKay, Butch Buchholz furent ainsi recrutés. Son objectif était clair : il s’agissait d’appauvrir suffisamment les rangs amateurs des principales fédérations pour mettre en cause la crédibilité – et donc les revenus – des compétitions réservées aux amateurs, c’est-à-dire essentiellement la Coupe Davis et les tournois du Grand chelem, afin d’obliger celles-ci à ouvrir les compétitions aux professionnels. Il tenta également, mais sans succès, de recruter Neale Fraser et Nicola Pietrangeli, qui venait de gagner à Roland-Garros. Jack Kramer devint ainsi l’ennemi public numéro un des principales fédérations, qui se braquèrent et repoussèrent une nouvelle proposition d’ouverture en 1961. Les délégués votèrent bien une résolution de principe autorisant une expérimentation limitée à quelques tournois, mais en assortissant ce principe d’une étude préalable par le comité exécutif durant un an. Une résolution américaine proposant d’autoriser les fédérations nationales à procéder à de telles expérimentations fut également rejetée. En définitive, l’assaut de Kramer échoua,  faute d’avoir pu convaincre plus de deux amateurs de premier plan de rejoindre les rangs des pros (McKay, classé n°3, et Buchholz, n°5). Restaient parmi les amateurs Fraser, Laver, Pietrangeli, Emerson et Ayala.

L’épisode mit fin à la cohabitation instable entre le petit monde des professionnels et les instances officielles du tennis. Désormais, ces dernières étaient en guerre ouverte contre Jack Kramer La situation de ce dernier devint précaire puisque son écurie comprenait désormais Gonzalez, Hoad, Sedgman, Rosewall, Trabert, Cooper, Olmedo, Gimeno, McKay, Buchholz et d’autres encore, et qu’il pouvait désormais difficilement les rémunérer tous. Pancho Gonzalez domina une fois encore la tournée qui comprenait les précités, à l’exception déterminante de Rosewall. Gonzalez remporta également son huitième et dernier US Pro, battant Sedgman en finale, tandis que Rosewall gagnait à Wembley contre Hoad et au French Pro, battant Gonzalez qui, pour une fois, y participait.

A la fin de 1961, après huit années de domination, exclusive en ce qui concerne les six premières, Pancho Gonzalez, alors âgé de 33 ans, prit sa retraite. Bien qu’il ait parfois connu la défaite et que Hoad eût réussi pendant une brève période à le bousculer, comme Kramer l’avait fait avant lui, il quitta la scène sans que personne n’ait réussi à prendre le meilleur sur lui depuis 1953.

Comme Tilden, il est l’un des plus sérieux candidats pour figurer à la première place du panthéon du tennis. Son départ coïncida avec la fin des grandes tournées professionnelles qui existaient depuis vingt-cinq ans…

La fin des tournées professionnelles

1962 est bien sûr l’année du premier Grand chelem de Rod Laver et d’un Petit chelem de Margaret Smith chez les dames, une année faste dans les rangs amateurs. Chez les pros, la situation était très compromise et, pour la seconde fois depuis la guerre, il n’y eut pas de tournée professionnelle, Kramer renonçant à en organiser une : il ne pouvait faire face financièrement compte tenu de la désaffection du public, d’autant plus que sa tête d’affiche numéro un, Pancho Gonzalez, n’était plus là. Les fédérations nationales semblaient alors gagner la guerre contre Kramer.

Buchholz gagna l’US Pro contre Segura tandis que Rosewall, qui était devenu le meilleur depuis la retraite de Gonzalez, gagnait à Wembley en battant Hoad en finale, et le French Pro en battant Gimeno. Les amateurs n’étaient plus tentés de déserter pour passer pros, ce d’autant moins que les dessous de table commençaient à fleurir dans le monde dit « amateur ». Le tennis pro était en danger de mort et Lew Hoad et Ken Rosewall envisageaient de prendre à leur tour leur retraite. Néanmoins, convaincus que la seule solution consistait à attirer à nouveau le public, ils comprirent sans peine que leur propre survie professionnelle passait par le recrutement du meilleur des amateurs, c’est-à-dire de Rod Laver. Ils montèrent un « pool » et se portèrent personnellement caution de la garantie qu’ils s’apprêtaient à proposer à celui-ci en échange de sa participation à une tournée devant être disputée en 1963. A la fin, Rod Laver décida qu’il ne pouvait pas faire une croix sur le montant  record de 125 000 $ (environ 900 000 $ d’aujourd’hui), et signa.

Laver était sans contestation possible le meilleur des amateurs mais n’était probablement pas au niveau où Hoad et Rosewall escomptaient qu’il fut. Il n’était, probablement, à l’époque que le cinquième meilleur joueur du monde. En effet, au cours de la tournée de 1963, tous deux prirent le meilleur sur lui. Ken Rosewall consolida sa position de numéro un remportant les trois principaux tournois, battant pour la troisième fois consécutive Hoad en finale à Wembley, battant sèchement Laver en finale de l’US Pro, battant enfin Laver, mais en cinq sets, en finale du French Pro. Ken Rosewall fut ainsi le premier joueur professionnel à remporter les trois tournois la même année. Hoad et Laver avaient tout juste réussi à maintenir le « circuit » pro en vie et la tournée de 1963 fut en définitive la dernière, ni l’un ni l’autre n’ayant les dispositions commerciales ad hoc. Les tournées n’ont donc pas réussi à survivre au départ de Kramer, ni à celui de Gonzalez. L’US Pro fut un échec financier.

1964 ne fut guère meilleure pour le monde pro, désormais désorganisé. Des exhibitions sans lendemains eurent lieu, ici ou là, et l’on vit même Rosewall disputer un match contre Segura sur le parking d’un centre commercial de Los Angeles. Un certain Ed Hickey réussit néanmoins à convaincre son boss, le patron de l’England Merchants National Bank de Boston, de dépenser 10 000 $ pour faire revivre l’US Pro à Forest Hills. Jack Kramer fut enrôlé pour convaincre les joueurs dispersés de s’aligner et, avec l’aide de Buchholz, mit sur pied un petit circuit de tournois d’été devant s’achever avec l’US Pro, le tout étant doté de 80 000 $ de prix à se partager entre joueurs, dont 2 200 $ pour le vainqueur de l’US Pro. Un retraité fit sa réapparition, Pancho Gonzalez, qui parvint en finale où il fut battu par Laver en quatre sets, lequel remporta ainsi le premier de ses cinq titres. Laver gagna également le Wembley Pro, battant Rosewall lors d’une finale particulièrement disputée (7-5 4-6 5-7 8-6 8-6), mais perdit contre lui en finale du French pro en quatre sets. Rod Laver peut donc légitimement être considéré comme le meilleur joueur de l’année 1964.

Les pros commencèrent à s’organiser en 1965, année de la création de l’International Tennis Player’s Association (IATP) à l’instigation de Davies, Buchholz et MacKay. Rosewall récupéra son titre à l’US Pro, battant Laver en finale en trois sets, et empocha au passage la somme modeste de 3 000 $. Il le battit également en finale du French Pro, mais ce dernier emporta le Wembley en battant Gimeno en finale.

Le tie breaker de Van Allen

James Van Allen, un touche-à-tout à la fois éditeur, poète et musicien, décida d’organiser un tournoi doté de 10 000 $ venant de ses propres fonds, disputé au Casino de Newport, siège du Hall of Fame, et où se déroule toujours le dernier tournoi sur herbe de la saison, mais qui fut avant tout le lieu où se disputa le championnat des Etats-Unis à compter de sa création en 1881, jusqu’à sa migration à Forest Hills en 1915. Van Allen mit cependant une condition à l’admission des joueurs : ceux-ci devaient accepter de se conformer au système de « round robin » et de comptage des matchs qu’il avait imaginé, le Van Allen Streamlined Scoring System (VASS), et être rémunérés sur la base de 5 $ le point. Une seule innovation de ce système étrange prospéra, le « tie breaker ». Dans son système, Van Allen avait en effet pour objectif de supprimer les égalités et un point décisif devait intervenir à 3 points partout dans un jeu, en faveur de l’un ou l’autre, selon le principe de la « mort subite ».

Van Allen fut l’inlassable promoteur de son système, et la règle du « tie breaker » fut peu après modifiée et devint un « tie breaker » ou le vainqueur était celui qui gagnait la majorité d’un jeu à neuf points avec, par conséquent, une « mort subite » de part ou d’autre, en cas d’égalité à 4 partout. De façon surprenante, la Fédération américaine finit par accepter l’introduction de cette nouvelle règle à l’occasion de l’US Open de 1970 et ce « tie breaker » assez spécial fut en vigueur à l’US Open jusqu’en 1974, date à laquelle la Fédération américaine adopta la formule actuelle de « mort différée » où le tie-break est disputé au meilleur des douze points, avec deux points d’écarts. En 2006 et 2007, l’ATP et la WTA adoptèrent la formule de Van Allen pour les doubles, accordant le jeu à l’équipe qui parvenait la première à marquer quatre points dans un jeu. Compte tenu de la situation du « circuit » pro en 1965, et bien qu’ils n’étaient nullement convaincus de l’intérêt du VASS, les joueurs professionnels étaient prêts à jouer selon n’importe quelle formule du moment qu’on les payait pour le faire. Laver emporta le tournoi de Van Allen contre Rosewall.

La trahison du All England Club

En 1966, le monde pro continua à vivoter, sans les grandes tournées qu’avaient ponctués Tilden, Kramer et Gonzalez. Ils disputaient ici ou là de petits tournois sur invitation. L’US Pro demeurait cependant le phare des évènements américains et, en le remportant au détriment de Rosewall en finale (6-4 4-6 6-2 8-10 6-3), en remportant également la finale de Wembley, Laver s’imposa comme étant désormais l’unique « boss » des pros. Rosewall parvint néanmoins, pour la quatrième année consécutive, à le battre en finale du French Pro, remportant ainsi son septième titre consécutif, indiquant par la même que, sur terre battue, il demeurait le meilleur.

Laver fut intouchable en 1967 et remporta les trois titres majeurs – comme Rosewall en 1963 – battant Gimeno en finale de l’US Pro et en finale du French Pro, battant enfin Rosewall en cinq sets au London Indoor Pro à Wembley.

Toutefois, l’évènement majeur de l’année consista en ce que le All England Club, sous l’influence de son Chairman Herman David, décida d’autoriser les professionnels à disputer un tournoi à huit joueurs sur le Centre Court de Wimbledon, sponsorisé et retransmis par la BBC, cinq ans avant la première retransmission significative sous l’ère Open. Le tournoi fut doté du montant alors record de 35 000 $. La finale, que Laver remporta brillamment contre Rosewall (6-2 6-2 12-10), éclipsa celle de Wimbledon disputée un mois auparavant et où John Newcombe s’était imposé en battant très facilement Wihlem Bungert en trois sets. Cette retransmission télévisée suscita l’engouement du public qui n’avait pas pu voir jouer Rosewall depuis 1955 et Laver depuis 1962. Ce fut le fait déclencheur décisif de la révolution qui allait enfin mettre à bas le vieux système amateur.

En juillet, la Lawn Tennis Association of Britain, c’est-à-dire la Fédération britannique, sous l’influence de David Herman, exigea l’ouverture des tournois amateurs aux pros à l’Assemblée de la Fédération Internationale, ce que celle-ci refusa une nouvelle fois. David Herman dénonça publiquement « l’amateurisme marron » (« shamateurism ») comme étant un « mensonge vivant » et indiqua alors qu’il était hors de question que Wimbledon perdit son rang de tournoi le plus important du monde et qu’il était prêt à l’ouvrir aux professionnels, même si Wimbledon devait être le seul tournoi « open ». En décembre, la LTA fit un coup d’Etat et vota, contre les règles édictées par la Fédération Internationale, l’ouverture de tous les tournois britanniques à compter de 1968. Celle-ci réagit en menaçant d’expulser les Britanniques de toutes les instances internationales.

Alors que ces changements prenaient place, le promoteur Dave Dixon, financé par le pétrolier Lamar Hunt, créa une société dénommée World Championship Tennis (WCT) qui embaucha Dennis Ralston, puis, peu après la finale de la Coupe Davis, les amateurs John Newcombe, Tony Roche, Roger Taylor et Nikki Pilic, un groupe qui comptait trois des quatre demi-finalistes de Wimbledon et qui signèrent tous la même journée. A ces cinq joueurs s’ajoutèrent peu après Cliff Drysdale, Pierre Barthès et Butch Buchholz. Un autre promoteur, George MacCall (capitaine de l’équipe américaine de Coupe Davis entre 1965 et 1967), créa sa propre société, la National Tennis League (NTL) et embaucha l’amateur Roy Emerson et les déjà pros Laver, Rosewall, Gimeno, Stolle, ainsi que l’inusable Pancho Gonzalez et quelques autres. NTL embaucha également des joueuses : Billie Jean King, Rosie Casals, Françoise Durr et Ann Jones. Ces deux sociétés devaient par la suite, en particulier le WCT, jouer un rôle décisif dans l’organisation du circuit jusqu’à la fin des années 1970.

A la suite de ces divers recrutements, la plupart des meilleurs amateurs étaient passés professionnels, et « l’ouverture » devenue, par suite, inévitable. Avec une carte décisive entre leurs mains, Wimbledon, les Britanniques tinrent bon face à la fédération Internationale et, après une série de compromis, le tennis Open devint enfin une réalité à compter de 1968, bien que sous une forme beaucoup plus limitée que ce que les Britanniques avaient envisagé.

Mais c’est une autre histoire….

About 

Né l'année ou Rod Laver réalise son premier grand chelem, suit le circuit depuis 1974, abuse parfois de statistiques, affiche rarement ses préférences personnelles, aime les fossiles et a parfois la dent un peu dure...

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36 Responses to Le tennis professionnel avant l’ère Open (5/5)

  1. Jean 15 septembre 2009 at 15:01

    Bravo, énorme boulot d’une densité incroyable, peut-être pas autant que l’article de Karim, mais bon…

    Ne connaissant rien à cette époque pré-open, il m’est un peu difficile de commenter ou de t’apporter la contradiction, on voit néanmoins que le rôle de Laver fut essentiel et dépasse celui du tennis. Sa signature chez les pros apparaît comme l’évènement ayant permis au concept de ne pas sombrer, par ailleurs, j’ignorais tout de l’acte historique des dirigeants anglais. Un truc à relire dans sa totalité pour s’imprégner de sa cohérence et digérer la masse d’infos, mais grands bravos Antoine !

    • Antoine 15 septembre 2009 at 16:48

      C’est la conclusion que j’ai tiré de ces lectures: si Laver n’avait pas signé, les pro auraient sans doute disparus…

  2. Kristian 15 septembre 2009 at 15:06

    Tres interessant. Evidemment un lendemain de finale du GC, l’histoire du tennis pro semble loin, mais cette serie d’articles vaut le deplacement.
    Si je comprends bien Laver a domine les 4 dernieres saisons de l’ere Pro (64-67) et la premiere saison de l’ere open. Et il etait parmi les tous meilleurs des 62. Je me demande quel aurait ete son palmares s’il n’avait pas passe ses meilleures annees a jouer sur des parkings..

    • Antoine 15 septembre 2009 at 16:46

      Laver domine effectivement le monde pro à compter de 64 et comme il est considéré comme le meilleur en 68, ou il gagne Wimby, et qu’il fait la saison que l’on sait en 69, il a été le meilleur joueur du monde durant six années (64-69), sans jamais toutefois, sauf en 69, prendre un net ascendant sur Rosewall..1967 est probablement sa meilleure année avec 69..

      Il est bien sûr impossible de savoir combien de GC il aurait gagné dans l’hypothèse ou ceux-ci avaient été ouverts à tous comme ce le sera à compter de Roland Garros 68.

      Ce qui est sûr cependant, c’est que Laver a gagné l’US Pro en 64, 66, 67, 68 et 69 (battant Newcombe dans ces deux dernières éditions qui coïncident avec les débuts de l’ère Open). IL va en finale en 65. En 64, en finale, il bat Gonzalez, en 66, Rosewall et en 67 Giméno…Soit, trois titres durant la période pré Open..

      Au London Indoor Pro, il gagne en 64, 65, 66 et 67, battant à chaque fois Rosewall, sauf en 65 ou il bat Gimeno en finale…soit quatre titres durant l’ère pré Open.

      Au French Pro, il fait finale en 63, 64, 65 et 66, ou il est battu à chaque fois par Rosewall. Il gagne en 67 contre Giméno en finale et gagne encore en 68 pour le dernière édition du tournoi.

      Au cours de la période pré 68, il gagne donc huit titres pro majeurs (plus deux autres en 68).

      Ceci sur trois tournois majeurs par an seulement.

      Il ne me parait pas déraisonnable de considérer que si les tournois du GC avaient été Open à l’époque, Laver en aurait gagné un minimum de huit, plus certainement qq Open d’Australie, sans doute une bonne dizaine de GC..Mais ce ne sont que des conjectures…

  3. Ulysse 15 septembre 2009 at 18:45

    Ce genre de papier (toute la série des 5) se prête évidemment moins à l’avalanche de coms qu’un article sur l’actualité ou sur lequel cristallise un fil sur un vieux nanard des tennis-forums comme le GOAT, le revers à deux mains, où la rivalité Fed-Nadal.

    Il n’en reste pas moins que c’est bien écrit, super intéressant de la part la densité pour moi des infos nouvelles, et vers la fin on aborde des bouts d’histoire bien en liaison avec l’évolution encore actuelle du tennis.

    Tout ça me laisse un arrière goût d’envie d’en savoir plus. Finalement, tu nous le recommandes le Bud Collins ? Ca se lit bien ou c’est réservé aux historiens passionnés ?

    J’ai une question : en quoi le système open pro de 1968 était « sous une forme beaucoup plus limitée que ce que les Britanniques avaient envisagé » ?
    Tu finis par « C’est une autre histoire ». J’aime pas ça. Tu vas la raconter aussi cette histoire ?

    • Antoine 15 septembre 2009 at 19:33

      Thanks ! J’avais remarqué qu’il y a effectivement peu de commentaires sur ces articles, sans doute parce que personne ne les a vu jouer mais enfin, je m’efforce de répondre aux questions quand il y en a..

      Je ne peut que recommander très chaudement le bouquin de Collins (en anglais), très bien écrit, très aéré avec plein de photos et qui, comme je l’avais déjà dit, en dehors des palmarès, records en tout genre sur chaque GC, biographies, comporte un récapitulatif de chaque année jusqu’à 2007 inclus..Il y a énormément de choses mais on peut très bien le lire par petits bouts. Je l’ai acheté sur Amazon pour 25 € et ce n’est pas très cher pour 750 (grandes pages format A4 à peu près). Au dos, il y a des mots de qq personnes dont Navratilova: « If you know nothing about tennis, this book is for you. And if you know everything about tennis- Hah!-Bud knows more, so this book is for you too ! »

      Sur la fin, c’est une transition et un « teaser » à peine déguisé pour la suite, à savoir « Les débuts de l’ère Open » qui tentera d’expliquer ce qui s’est passé entre 68 et 74 et qui poussera sans doute jusqu’à la fin des années 70…C’est en cours..

      Sans trop dévoiler le sujet, je t’indiques néanmoins qu’en 68, au lieu d’autoriser tout le monde à disputer tous les tournois, on a crée une usine à gaz avec quatre catégories de joueurs qui ne disposaient pas des mêmes droits et que seuls quelques tournois, un dizaine en 68, plus ensuite, étaient réellement « open ». Fort heureusement tous les GC en faisaient partie, ce qui fait que 68 marque une césure forte… en principe tout au moins parce que les contrats signés par beaucoup des meilleurs leur empêchaient de facto de participer à Roland Garros ou à l’OA…

      L’article expliquera aussi comment en 72, on a failli mettre fin à l’ère Open, pourquoi et comment le syndicat des joueurs s’est crée en 73, le boycott de Wimbledon cette année là, et pas mal d’autres choses..ce n’est qu’à partir de 74, véritable début de l’ère moderne, que le système s’est peu à peu normalisé…

      Voilà l’apéritif..

  4. Bastien 16 septembre 2009 at 00:12

    Merci, très riche et ça permet de remettre en mémoire de manière très synthétique des éléments que j’avais piochés de manière éparse ici ou là.

    En termes de nombre de spectateurs, j’ai l’impression que le circuit était déjà très suivi, même s’il faut tenir compte de plusieurs facteurs concomitants :
    - la population mondiale a explosé pendant le XXème siècle,
    - le tennis s’est considérablement mondialisé,
    - les médias n’ont plus rien à voir.
    - il y a eu également une ouverture au niveau de la typologie du public dans les années 70.

  5. fieldog38 16 septembre 2009 at 22:08

    Je voudrais encore une fois te remercier pour cette épopée passionnante. Je n’ai pas grand chose à ajouter n’ayant que très peu de connaissances tennistiques sur cette période (mais maintenant j’en sais beaucoup plus ;) ).

    Ca a dû te demander un travail considérable de synthétiser et traduire autant d’infos, alors chapeau!

    Pour terminer, à la lecture de tes articles, il apparait que Rosenwall et Gonzalez soient parmi les joueurs les plus sous-estimés de cette période et que Laver aurait pratiquement le double de GC si l’ère open avait vu le jour avant.

    • Antoine 16 septembre 2009 at 23:26

      Thanks ! Si tu as des questions, je serais heureux de tenter d’y répondre mais pour moi aussi tout ceci, ou presque tout ceci, est nouveau ! Cela ne m’a pas demandé un travail considérable, disons environ trois jours durant les vacances pour pondre tout ceci..

      Je pense comme tout, et surtout comme Rod Laver, que Ken Rosewall est le joueur le plus sous-estimé de l’histoire du tennis..Si l’on compte le nombre de tournois pro majeurs qu’il a gagné, plus le nombre de GC qu’il a également remporté, avant de passer pro, puis ensuite quinze ans (!) plus tard, il est devant Rod Laver, et demeure à ce jour le jouer qui a réussi à prolonger au mieux une fantastique carrière, ganant l’US Open à 35 ans, gagnant encore l’OA à 36 et 37 ans, arrivant enfin deux fois en finale d’un GC (Wim et Us Open) à 39 ans, presque 40..Il n’y a pas eu mieux et il n’y aura sans doute jamais mieux..

      Je compte faire un article sur lui, puisqu’il est presque totalement oublié et qu’en dépit de ses exploits, il demeure assez injustement éclipsé par Laver, sans doute uniquement en réalité en raison du fait que celui-ci a fait le grand chelem en 69…

      Quand à Gonzalez que l’USTA a enfin essayer de l’honorer durant le dernier US Open pour fêter les 60 ans de son doublé à l’Us Open, après l’avoir sciemment oublié durant 40 ans, il est clair que c’est sans doute lui le GOAT caché …Huit années numéro un mondial, huit US Pro consécutifs, un type qui a quarante ans est encore capable de battre le numéro un mondial, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Laver…

      Gonzalez, Rosewall, Laver sont trois joueurs qui auraient sans doute gagné entre 15 et 20 GC si les tournois du GC avaient été Open..

      L’histoire n’a retenu que Laver en raison de son Gc en 69..C’est ainsi..

      • fieldog38 17 septembre 2009 at 14:08

        C’est vrai que c’est quand même hallucinant et triste que ces 2 géants du tennis soient complètement tombés dans les oubliettes. Cela amène à se poser la question suivante : n’est-ce pas finalement la médiatisation massive et forcément subjective d’un athlète plutôt qu’un autre qui le fait entrer au panthéon de son sport?
        Difficile de répondre mais en tout cas les exemples de Rosewall et Gonzalez dans le tennis mériteraient de se pencher sur la question.

        Cela prouve également que la notion de GOAT est forcément subjective et ne peut en aucun cas être « officielle ». Finalement les 15 GC de Fed ne sont clairement pas un argument suffisant (nécessaire mais pas suffisant), même chose pour le GC de Laver (ça n’engage que moi)…

        Antoine as-tu un début d’explication pour ces oubliés de l’histoire? Pour ma part, l’argument « temporel » ne trouve pas sa place dans ce schéma puisque on parle plus de Perry ou de Budge que des 2 autres alors qu’ils étaient contemporains d’une époque où le tennis n’était pas encore devenu un sport majeur. Je trouve cela difficilement compréhensible…

        • Antoine 17 septembre 2009 at 14:42

          Je suis bien d’accord que la notion de GOAT ne peut qu’être subjective et c’est bien pourquoi on en parle ! Ni le nombre des GC, ni le palmarès ne peuvent suffire, très largement à cause de la division du monde tennistique entre deux planètes distinctes depuis les années 30 jusqu’à 68..

          Le tennis n’a pas suivi le foot, devenu pro dans les années 30..

          Sinon, je ne trouve pas que l’on parle de Budge, sauf au détour d’une phrase pour dire que c’est le premier à avoir fait le GC..Mais c’est bien loin..mais les deux grandes victimes de l’histoire sont bien Rosewall, éclipsé par Laver uniquement à cause du GC de ce dernier en 69, et Gonzalez, tombé dans l’oubli car désormais on a tendance à considérer que la seule chose qui compte, ce sont les GC, ce qui est un phénomène très récent..

          Quand Emerson a atteint 11, puis 12, il ne savait pas qu’il était le nouveau recordman..On a commencé à en parler un peu avec Borg mais cette focalisation sur le nombre des GC date de Sampras..

          Gonzalez a également été victime d’une autre chose, c’est le préjugé racial aux Etats Unis..

  6. colin 17 septembre 2009 at 00:15

    Ben dis donc quelle somme!

    Comme Ulysse, les deux derniers paragraphes me laissent sur ma fin. Heureusement il ne s’agit que d’un teaser pour la deuxième saga que j’attends avec impatience!

    PS : Si Gonzales, Rosewall et Laver avaient remporté chacun 15 à 20 GC entre 53 et 70, ça n’aurait presque rien laissé aux autres, les pauvres Hoad, Fraser et Emerson en particulier auraient presque fait Fanny!

    • Antoine 17 septembre 2009 at 14:33

      Presque rien Colin ? 53 à 70, cela fait tout de même 72 GC et il reste de la place pour les autres Fraser & Emerson..

      Emerson aurait sans doute vu son total divisé par deux (soit 6) et Neale Fraser était avant tout un formidable joueur de double mais en simple, il n’a remporté « que » trois GC, un Wim (60) et deux Forest Hills (59 & 60)…

      Quand à Hoad, il faut bien constater qu’il n’a jamais remporté aucun de trois tournois pro majeurs..deux finales de l’US Pro en 58 et 59, battu par Gonzalez: 3-6 4-6 14-12 6-1 6-4 en 58, l’un des plus grands matchs de tennis de l’époque et 6-4 6-2 6-4 l’année suivante, trois finales au London Indoor Pro en 61, 62 et 63, battu à chaque fois par Rosewall en quatre sets..une finale du French Pro en 60, battu en quatre sets par Rosewall..Passé pro début 57, à 22 ans, Hoad n’est pas fini mais n’est plus Hoad..

  7. karim 17 septembre 2009 at 14:50

    Je pense que le débat du GOAT est la résultante d’un ensemble de facteurs, dont Roger Federer et la sur médiatisation du tennis ne sont pas des moindres. Entre la télé satellite et le net, on peut bouffer du tennis (ou du foot, ou du sport même) dès le matin au petit déjeuner. Les média se multiplient et il faut bien qu’ils aient des choses à nous dire. Les sujets n’étant pas extensibles à l’infini, on a tendance à retomber sur les mêmes (regardez le magazine Capital par exemple qui republie les mêmes papiers actualisés tous les 18 mois). Donc déjà il faut entretenir le chaland.

    Ensuite on a Federer. L’homme de tous les records et qui justement parce qu’il les éclate tous nous pousse à nous intéresser à ce qui a été fait avant, et à savoir à qui il chipe ces records. Si Safin avait 6 GC, Roddick 5, Hewitt 4 et Fed était resté bloqué à 7 GC, personne ne ferait des gorges chaudes du GOAT. C’est l’actualité qui crée l’intérêt. Et la proximité avec Pete Sampras, le plus récent GOAT, lui-même issu des balbutiements de la génération blog. Sampras à peine enterré on a déjà une relève qu’on n’attendait pas avant 20 ans. Alors on compare, on analyse, on tire des plans sur la comète.

    Si après Fed aucun joueur ne remporte plus de 7 GC au cours des 25 prochaines années, personne ne parlera de Laver, de Borg, voire de Sampras et de Federer. Ils seront gentiment « naphtalinés » dans leurs placards en attendant qu’un nouvel individu GOATable se présente.

    Chacun est victime et bénéficiaire de son époque. Gonzales n’a pas pu jouer les GC, passé pro très vite. Il a été le pilier du tennis pro qui lui doit énormément. Mais au bout du compte, on ne sait rien de lui par sous-médiatisation de l’époque, absence de documents filmés, palmarès presque vierge des titres qui comptent. C’est comme si le coach de Fed le battait 6/3 6/3 tous les jours à l’entraînement. Il serait le meilleur joueur du monde, mais à part dans un microcosme autour du Suisse ou des joueurs pros, personne ne le saurait. Et Gonzales était le meilleur, mais jouait sur des parkings pour reprendre l’expression.

    Superbe travail Antoine. Vraiment.

    • fieldog38 17 septembre 2009 at 15:05

      Il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis. Les médias veulent systématiquement plus de sensationnel et se montent le bourrichon pour faire vendre des articles. Et cela marche….

    • Antoine 17 septembre 2009 at 15:23

      Thanks ! Je crois que ton observation est très juste Karim: on ne parle que des records et de ceux qui les détiennent que lorsque arrive un joueur ou une joueuse susceptible de les égaler ou les surpasser..

      J’ai entendu reparler de Laver quand Borg a égalé son record en GC, d’Emerson quand Sampras a battu son record et maintenant on reparle de Borg, Sampras et Tilden parce que Federer a battu égalé le record de Borg à Wimbledon, a battu le record de Sampras et qu’il était question qu’il égalise celui de Tilden à l’US Open..

      Federer qui a battu et même pulvérisé beaucoup de records a quand même du mal avec certains: comme Borg, il échoue dans sa sixième finale à Wimby en 2007 et ne bat donc pas son record; et il échoue également à l’US Open au moment ou il aurait pu faire la passe de six comme Tilden..

      Je ne parle pas de Willie Renshaw à Wimby, Bill Larned et Richard Sears à Forest Hills parce que c’est la préhistoire, l’époque ou le challenge round était en vigueur et ou il suffisait d’un match gagné pour conserver son titre..Quand même un peu trop facile..

      Pour ce qui est de l’époque moderne, Federer a encore des choses à faire: encore deux Wimbledon pour égaler Sampras, trois pour le battre et devenir l’unique joueur à avoir remporté huit titres en simple; encore deux US Open pour égaler Tilden et trois pour devenir le seul à avoir remporté huit fois le titre..

      Je parie qu’il fera l’un, mais pas l’autre…

      • fieldog38 17 septembre 2009 at 15:28

        Petite rectification : il manque à fed 1 Wimby pour égaler Sampras et 2 pour le battre. T’es cruel Antoine c’est déjà assez dur comme ça pour ne pas lui en rajouter… ;)

    • karim 17 septembre 2009 at 16:55

      Antoine,

      Sans verser dans le federo-pessimisme encore une fois après une défaite, je ne pense pas que les deux records dont tu parles sont à sa portée. Ce qu’il a accompli est déjà fabuleux, mais je me demande comment il fait pour supporter la pression de ces records qu’on lui sort de partout, en voulant qu’il fasse mieux que tout le monde sur tous les plans. La ligne d’un Aston Martin DBS, le moteur d’une Murcielago LP640, la tenue de route d’une Pagani Zonda, le confort et la finition d’une Bentley Azur et bien entendu la consommation d’une Clio campus. Voilà finalement ce qu’on lui demande à Fed!!!

  8. Antoine 17 septembre 2009 at 17:19

    Fieldog: tu as bien raison; il ne lui manque d’un Wimby pour égaler Sampras, deux pour le battre !

    Karim; tu fais preuve d’une grande constance dans le pessimisme ! Deux Wimby, ce n’est pas la mer à boire tout de même, non !

  9. Franck-V 17 septembre 2009 at 19:05

    Bon, Antoine, tous les compliments ont été faits sur ta saga du professionnalisme , je ne peux que « uper » devant le travail réalisé, mais forcément, comme tu le soulignais, bien peu ici peuvent commenter de ces faits en contemporains. C’est un article pédagogique.

    Je viens seulement de lire ce 5/5 pour cause d’évènement majeur, tu comprendras aisément :-)

    Comme déjà relevé, ça nous permet de remettre Gonzales et Rosewall en perspective, seulement éclipsé par Laver pour cause de Grand Chelem. Finalement Emerson a bien fait de rester amateur… tout en y trouvant quelques compensations financières par dessous de table interposés, il reste dans l’histoire grâce à quelques lignes de palmarès sans devoir aller consulter les archives :-)

    Bon pari, Roy.Borg et Laver? même pas peur :-)

    Sur les derniers propos, c’est fou comme on est exigeant avec Federer. Avant, on disait, avec Nadal, il ne gagnera jamais RG et la correction de 2008 était bien là pour le confirmer.

    Après le séisme de l’AO 2009, on disait, il ne dépassera jamais Sampras vu le traumatisme en mondiovision.

    Maintenant, ce mec n’a même pas été capable de gagner 6 fois de suite Wimbledon et l’US Open. Et même pas capable de faire un Grand Chelem.

    Pour l’US Open, il faut se souvenir que dans l’ère Open, depuis Mc et Lendl avec 3 de suite, c’était déjà les plus proches de Tilden, Mc stoppé net en 3 sets en 82 en 1/2, et Lendl en 5 sets en 88 en 5 sets pour espérer toucher le 4.

    Pour Wimbledon, Borg a raté la passe de 6 en 81 contre Mc en 4 sets et n’a jamais été en position de l’emporter. Sampras arrêté en 4 sets par Krajicek pour le 4° en 1/8 ou 1/4, je crois… et par Federer lui même en 1/8 pour le 5° de suite.

    Et puis, on a Federer, pour les 6 de suite, aussi bien à Wimbledon et l’US Open, qui échoue dans les deux quêtes .. après être passé à 2 points de la victoire, chaque fois

    On constate l’échec à brûle pourpoint, comme une incapacité coupable de sa part mais quand il se sera retiré, on reconsidérera ce genre d’échec… comme beaucoup d’autres de sa part.

    Et on se rendra compte que pour les records à venir, on n’aura pas besoin d’aller chercher Tilden, Sears ou Doherty, car le nom de Federer sera déjà un obstacle pour voir plus loin.

    • Antoine 17 septembre 2009 at 22:32

      Toutes mes félicitations, Frank !

  10. Jérôme 17 septembre 2009 at 19:17

    Bien d’accord avec vous sur le fait que les tournois grand chelem font, de la part de beaucoup de monde, l’objet d’un regard complètement anachronique.

    Si je fais un rapprochement avec l’Histoire, c’est comme quand, à partir de l’époque moderne, on s’est mis à réévaluer le passé antique à l’aune de leurs grilles de lecture du moment. Autrement dit, on donne à des événements passés la signification subjective qu’ils auraient s’ils avaient lieu aujourd’hui, alors même qu’à l’époque les contemporains ne leur donnaient pas la même signification que nous le faisons pour les rééditions contemporaines de ces événements.

    Homère se trahit dans l’Iliade puisqu’il met parmi les alliés achéens qui partent faire la guerre de Troie le roi Ménélas de Sparte (frère d’Agamemnon) à une époque antérieure de 4 ou 5 siècles à la date de fondation de Sparte.

    Si les tournois du GC avaient été si importants que cela à l’époque, alors dès l’origine tous les joueurs les auraient systématiquement joués comme c’est le cas actuellement. Or précisément, ce n’est pas le cas. De ce point de vue, l’open d’Australie est l’indice qui nous guide : jusqu’au début des années 80, la plupart des joueurs n’avait rien à battre de l’OA et le séchait. L’alchimie actuelle entre une tradition en perdition et le professionnalisme s’est faite progressivement au cours des années 70. En 1973, 16 des 20 meilleurs mondiaux n’ont pas craint de boycotter Wimbledon. Et pour l’OA, il a fallu attendre 1983 pour que la majorité des meilleurs le disputent à nouveau.

    Pousser à bout cette logique anachronique reviendrait à se demander si monsieur Mac Machinchose, génie du jeu de paume au 18ème siècle, aurait remporté plus de titres du GC que Federer s’il avait vécu à notre époque.

    On convient tous que les objets comparés sont foncièrement différents.

    En revanche, là où je ne suis pas d’accord avec tout le monde, c’est sur les histoires de GOAT. Même si la caisse de résonnance médiatique est beaucoup plus forte depuis le milieu des années 90, du fait de l’explosion de la diffusion par cable, par satellite et via internet, ce qui se trouve coïncider avec l’ère Sampras/Agassi, ces questions de classement, de GOAT, ont toujours été dans l’air du temps des gens qui s’intéressaient un tant soit peu à l’histoire du tennis.

    Moi, gamin, quand j’ai découvert le tennis, c’était Borg qui était le roi. Et j’avais naturellement demandé à mes aînés : « mais enfin, c’était qui le meilleur avant ? Et avant Connors ? ». Et immédiatement après, suivait la question : « mais qui c’est le plus fort de tous, Borg, Connors, Nastase, Laver ? »

    Et là, on me disait : Laver il a accompli l’exploit ultime, réaliser 2 fois le Grand Chelem.

    Et après, dans les années 90, on avait des experts du jeu qui glosaient sur le sujet, avec par exemple un Tiriac expliquant que, selon lui, Sampras était le 2ème meilleur technicien de l’histoire après Laver qui était le meilleur.

    Et d’ailleurs, si le docteur Pete Fischer a façonné le jeu de Pete Sampras pour le calquer sur celui des grands australiens, et tout particulièrement sur celui (supposé, car il y avait des différences) de Laver, ça montre bien qu’il considérait Laver comme la référence absolue, bien plus que Borg ou Mac.

    Depuis la véritable et pleine entrée dans l’ère open en 1974, à peu près tous les joueurs ont une révérence particulière envers Laver. Mais ça ne règle absolument pas la question parce que ça révèle tout simplement qu’ils étaient trop jeunes pour avoir connu la période de Gonzalez ou de Tilden.

    Et je pourrais prendre pour exemple la Formule 1 où, alors que le fric, les moyens et l’organisation étaient foncièrement différents entre les années 50 et les années 80 , on débattait déjà de savoir dans les années 80 pour savoir qui de Fangio, Ascari, Clark, Prost ou Senna était le GOAT.

    Je pense que cette question a toujours été pendante. Simplement, un public beaucoup plus large a aujourd’hui les moyens de faire savoir aux autres qu’il se la pose.

    • Franck-V 17 septembre 2009 at 19:30

      Humm toujours délicat de méler un sport mécanique d’équipe au tennis, mais si j’osais, je dirais que Federer, c’est le palmarès de Schumacher avec la virtuosité de Senna, lié à la stratégie de Prost.

      Quant à Fangio, c’est comme Tilden, tout le monde en parle mais personne ne l’a vu… alors on en croit que qu’on nous en dit.

  11. karim 17 septembre 2009 at 23:04

    L’exemple de la F1 est super bien choisi pour justement confirmer que cette histoire du GOAT c’est du pipeau. Finalement la comptabilité ne suffit pas. Elle doit être alliée au beau, sinon il y a une sorte de consensus (j’adore ce mot) silencieux de refuser ce titre à celui qui n’est pas aimé, n’a pas fait rêver. Il faut gagner tout, mais « bien », avec panache, il faut une aura. Schumi ne sera jamais le GOAT de la F1. Hypocrites que nous sommes, on entend toujours qu’il a « le plus grand palmarès » nuance… what the fuck does that mean? Are you kidding me? Victoires, titre, meilleurs tours, poles (là je suis plus sûr, Senna ou lui) il est numero uno partout, il faut lui quoi? Ben non, il n’était pas populaire, ne faisait pas rêver, n’a pas eu de concurrence (yeah right)etc. Bref d’un point de vue comptable il les torche tous, mais il ne sera jamais adoubé.

    Je l’avais déjà exprimé. Idem pour Lance Armstrong. Si Nadal fait 17 titres en GC, il ne sera pas le GOAT mais le détenteur du record en GC. Le GOAT doit faire rêver. Est-ce normal que Villeneuve père ou François Cévert, des sans-titres qui n’ont pas dix victoires à eux deux, restent davantage dans les mémoires que des coureurs titrés et avec des palmarès autrement plus fournis?

    Le débat du GOAT est pipé, vicié, biseauté, biaisé. C’est des conneries.

    Le GOAT c’est Gilles Simon.

    On n’est pas en train de relancer le débat du GOAT là? Putain mais on s’en sortira jamais!!!!!!!!

    • fieldog38 17 septembre 2009 at 23:24

      Schumi a bien le record de pôle devant Senna. Par contre, je ne suis pas d’accord avec toi : l’allemand est clairement le GOAT de la F1! Qui pour le concurrencer??? Fangio? Non restons sérieux, c’est comme d’Agostini en moto il faut comparer ce qui est comparable. Non le seul qui a l’aura du GOAT mais malheureusement pas le palmarès, c’est Senna. Le reste ne compte pas ou si peu.

      En vélo, comment les départager étant donné qu’ils étaient tous chargés comme des mules…? Indurain? le mentor du Dr Fuentes n’était pas loin. Merck? Ah oui le pot belge et la cock tournait à plein régime (y’a qu’à voir ça tronche à l’heure actuelle). Armstrong la mobylette? Laissez moi rire.

      En athlétisme, on nous vend aujourd’hui que Bolt est le nouvel extraterrestre. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’il se dope comme les autres!

      Mais je m’égare, revenons au tennis. Aujourd’hui, on en veut toujours plus (moi le 1er). On demande à Fed d’égaler et de dépasser tous les records, même ceux qui datent de la préhistoire. Sérieusement qui peut comparer de manière crédible les 6 titres de Tilden au palmarès de Fed à l’US…?

      Je pense pour ma part que le suisse est au minimum le plus grand joueur depuis Laver. Après les époques sont tellement différentes que les comparer n’apporte pas grand chose. Mais étant donné la densité du tennis actuel, je serai très surpris de voir un tel phénomène débarquer dans les 20 voire 30 prochaines années.

      • fieldog38 17 septembre 2009 at 23:26

        (y’a qu’à voir SA tronche à l’heure actuelle). Désolé pour la coquille.

      • karim 18 septembre 2009 at 09:45

        Pour Schumi je te mets au défi de trouver un média français qui le considère clairement comme le plus grand pilote de tous les temps. Tu liras qu’il a le record de titres, de victories, de poles, mais qu’il est le meilleur jamais. On préfèrera dire que Fangio a un ration victoires/courses disputées ou titres/saisons disputées juste inhumain, qu’il a commencé très tard sa moisson de titres, on dira que si Senna n’était pas mort, on dira que Jim Clark était un pure génie, bla bla bla. Mais je n’ai jamais lu Michael Schumacher est le plus grand pilote de tous les temps. Jamais. Et c’est pas faute d’acheter entre cinq et six magasines auto par mois et lire également les sites internets principaux.

        Comment tu peux insinuer qu’il y a du dopage dans le cyclisme? Et dans l’athlétisme? Pendant que tu y es pourquoi pas dans le culturisme ou le football américain? Purée qu’est-ce qu’on peut lire comme conneries parfois sur le site… :-(

        • karim 18 septembre 2009 at 09:47

          Ratio.

        • fieldog38 18 septembre 2009 at 13:39

          Ok je plaide coupable. Je suis mauvaise langue et je vois le mal partout. Ça doit être mon côté parano…mdr

          Sinon ce n’est pas parce l’Equipe, qui a le quasi-monopole de la presse quotidienne sportive en france, ne reconnait pas schumi comme le GOAT que c’est l’avis de tous les français même si la majorité n’a rien à foutre des autres sports que le foot, le foot et le foot :(

          Et puis de toute manière la presse sportive française est loin d’être une référence pour moi. Il n’y a qu’à voir la stupidité des commentateurs du tennis pour s’en convaincre (et ce quel que soit les chaines…). Mention spéciale à Chamoulaud et Luiyat…

  12. Benoît 18 septembre 2009 at 23:12

    Je n’ai lu cette saga qu’aujourd’hui. J’aime lire tous les opus d’une traite, je suis comme ça, je préfère tout enmagaziner d’un coup jusqu’à plus soif !

    5 fois bravo Antoine ! Moi qui pensait connaître en gros toutes les grandes périodes du tennis, je viens de découvrir un nouveau monde !

    L’histoire du tennis est très riche, et beaucoup ont tendance, à tort sans doute, à se limiter au début des années 70′ car, il est vrai, on possède très peu de témoignages visuels sur ce tennis d’antan.

    Evidemment ce type d’historique est bien plus ludique à lire avec un témoignage forcément subjectif, j’entend par là non journalistique, qu’ un article sur wikipédia sans âme. En tout cas je me suis délecté de tes récits !

    Je me rend compte à présent pourquoi les 4 mousquetaires ont été si bons dasn les années 20′, ils étaient amateurs ! Je crois savoir aussi que Borotra, qui a, après sa carrière fait de la politique, s’est vigoureusement opposé à la professionnalisation dans le sport, tu en sais un peu plus Antoine ?

    Je crois qu’on peut à chaque décennie tirer un ou deux joueurs qui ont dominé la période en question : Tilden pour les années 20, Tilden puis Budge pour les 30′, Kramer pour les 40′, Gonzalez pour les années 50, Laver et Rosewall pour les années 60…

    Pour relancer le débat sur le GOAT, je vois, depuis les années 20, 5 candidats qui se dessinnent : Tilden, Gonzalez, Rosewall, Laver, Federer…

    • Antoine 22 septembre 2009 at 10:23

      Benoit, je ne sais pas quelle a été la position de Borotra qui comme tu le rappelle a fait de la politique..En l’espèce il a été ministre chargé des sports durant le régime de Vichy..

  13. Sam 21 septembre 2009 at 14:28

    Hello,
    Et merci pour cette excellentissime saga.
    Le truc qui me taraude toujours sur ce genre de sujets historiques, c’est : quel était le niveau de ces gars ? Ok, Riggs bat B.J.King, mais avant ? Gonzales servait a plus de 200 … On savait mesurer ça à l’époque ? Comment ça jouait un Tilden, voire, Borotra and Co…Peu ou pas d’images disponibles. Je suis preneur de tous ce qui pourrait donner une idée un peu plus concrète du niveau de jeu d’avant-guerre.

    Et aussi de tout ce qui pourrait aider à insérer une petite image (par exemple, un homard) d’avatar.

    • Guillaume 21 septembre 2009 at 15:23

      Facile si tu as un homard dans ton congélo :

      http://www.15-lovetennis.com/?page_id=58

    • Antoine 22 septembre 2009 at 10:40

      Très difficile de répondre à ta question Sam sur le niveau de ces joueurs.

      Je dirais qu’il y a plusieurs époque: la préhistoire ou l’on apprend à jouer, l’entre deux guerres qui à la suite de Tilden devient un sport assez sérieux avec un niveau déjà élevé, l’après guerre avec « l’invention » du « big game » avec Kramer, et puis en suite l’époque contemporaine depuis 74.. A mon sens, ces quatre phases correspondent à des niveaux de jeu croissants: on jouait mieux après guerre que du temps de Tilden et ainsi de suite..

      En ce qui concerne les vitesses de service, on savait déjà mesurer cela notamment grâce aux films. On sait également que Tilden, Vines, Kramer et Gonzalez étaient doté d’un service qui les distinguaient des autres et faisaient leur réputation..

      Il y a des images disponibles à l’INA et au Tenniseum à Roland Garros..

      • Sam 22 septembre 2009 at 14:26

        Merci Antoine,
        J’imagine peut-être d’autres options: le niveau de B.J King contre Riggs / ce que ça donne version homme (vaste sujet)/l’âge de Riggs / un coefficient pour le revaloriser avec 35 ans de moins.

        Sinon, on peut dire par exemple:
        un jeune Agassi, contre un vieux Connors // un jeune Connors contre un vieux Laver // un jeune Laver etc …
        Bofbof …

  14. Sam 21 septembre 2009 at 15:58

    Toujours un, à coté de Mickael Llodra…

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