A peine le temps de se remettre des agapes caloriques de fin d’année, que nous reprenons notre lourd bâton de pèlerin de forum pour suivre une nouvelle saison des aventures de « Roger au pays des records ». Notre sitcom préférée promet des rebondissements sans précédents cette année, les scénaristes ayant poussé à l’extrême les coups de théâtres et revirements possibles, en incorporant notamment de nouveaux personnages (del Potro) ou en donnant une aura toute nouvelle et plus de coffre a certains vieux cancres en perte de vitesse (Davydenko). Le trio infernal du Bon (Djoko) de la Brute (Nadal) et du Truand (Murray) reste en embuscade, la Brute ayant même exercé le pouvoir sur l’année 2008.
Le premier gros événement de la saison est évidemment l’Open d’Australie, tournoi du Grand chelem que je place subjectivement à la première place pour ce qui est de l’ambiance, l’atmosphère estivale et joviale qui s’y dégage, la qualité du tennis pratiqué sur une surface qui réalise une sorte de synthèse des styles de jeu (si tant est-il que cette notion eut encore une signification). Envolons-nous donc pour Melbourne et commentons à la va-vite les premiers résultats et faits saillants du tournoi 2010.
A tout seigneur tout honneur, nous ouvrons ce tour d’horizon au pas de charge avec son altesse sérénissime Roger Federer. Le Suisse héritait d’un premier tour piège contre un Igor Andreev à la ramasse depuis l’automne, mais capable de le gêner avec son coup droit non-homologué. C’est exactement ce qui s’est passé avec un Roger qui n’a manifestement pas converti les injecteurs-pompes de son diesel par une rampe commune d’allumage. La mayo a failli tourner à la montée mais notre superstar s’en sort. Au vu des sa prestation il a intérêt à se sortir les doigts de son royal séant, la concurrence ayant laissé une impression bien meilleure. Toutefois on connait la bête, ça démarre lentement et ça ne s’arrête qu’une fois le trophée soulevé. En plus je ne peux pas trop en dire, Antoine et Franck s’étant mis au Viet-vo-dao paraît-il.
Marcos Baghdatis a battu l’inconnu Italien Paolo Lorenzi. Rien à foutre ? Pour moi si, Lorenzi a remporté le Future d’Abidjan y’a deux ans! Quant à Baby Nalbide, sa victoire à Sydney augure de lendemains chantants ; pourquoi ne pas entonner le premier refrain ici à Melbourne?
Mené 0-6 0-6 0-2 par David Ferrer, Federico Gil préfère se retirer du tournoi. L’ATP devrait vraiment légiférer au sujet des abandons ; là on a clairement un superbe plongeon en pleine surface et sans contact avec le défenseur. Ras le bol de ces joueurs qui préfèrent arrêter que prendre la bulle qui leur est réservée. Quatre jeux de plus n’auraient pas fait lâcher son pacemaker.
Dommage pour Juan Carlos Ferrero qui nous promettait une alléchante rencontre contre Fernando « top ten loser » Verdasco. Mosquito a pris 1 et 1 dans les deux derniers sets de son match inaugural, touché physiquement. Le tournoi perd un de ses animateurs outsiders.
Le petit Chauve de Severodonetsk a fait une entrée en fanfare dans le tournoi, façon diable de Tasmanie des Looney Tunes. Quatre jeux abandonnés par ce bon Nikolay Davydenko qui semble accepter son nouveau statut d’épouvantail du circuit avec beaucoup de philosophie et d’humour. Je l’ai déjà écrit, je craque réellement pour cet anticonformiste au physique de jockey mais qui envoie vraiment dru. Le voir soulever la coupe ne me déplairait pas du tout ; par contre la photo avec la peluche kangourou pourrait être too much.
Ce Bon Novak Djokovic a lui aussi réussi son entrée en matière mais affronte désormais un Chiudinelli qui a bien joué en fin de saison dernière. Si Nole règle la mire ça devrait passer malgré tout. Il est toutefois difficile d’avoir une évaluation précise de son niveau de forme, il est carrément le plus discret dans les médias parmi les vainqueurs potentiels. « Chhhhhhhhhut, je veux juste gagner le tournoi… ».
Mikhaïl Youzhny est toujours dans le tableau ; ce qui veut dire que Richard « Donnie Brasco » Gasquet n’y est plus. Le formidable combat qui les a opposés ressemble un peu trop à ces quelques matches superbes livrés par le Biterrois au dénouement identique : une défaite superbe, mais une défaite tout de même. Après sa finale à Sydney en tout cas Gasquet semble sur de bons rails (yek yek) ; espérons que ce début d’année prometteur ne soit pas juste de la poudre aux yeux (re – yek yek). Moi en tout cas j’y crois, cette année le déclic aura lieu. Tout ne peut pas encore être parfait – il a dit qu’il était content d’avoir perdu comme ça – mais on sent frémir les bourgeons d’un printemps fleuri.
Tsonga a fait du Tsonga au premier tour, mais du bon Tsonga. Jo a l’air en forme en ce début d’année et le poète des courts sort de sa harpe des accords parfaits. Attention au prochain tour contre le rocailleux Taylor Dent, qui même branché aux abonnés absents depuis quelques années, possède un tennis de nature à gêner le Manceau.
Super Krisprolls est la seule pointure qui ait déserté le tableau à ce stade de la compétition (désolé, Robredo chausse du 38). Son élimination surprise a été le choc de la première journée et remet en cause une préparation peut-être sous-optimale. Ce membre du sous-groupe des outsiders de l’ombre (avec Tsonga, Verdasco ou encore Roddick) est renvoyé à ses chères études ; sa prestation en conférence de presse a rappelé Super Connard à nos bons souvenirs.
Andy « silky smooth » Roddick a passé deux tours déjà en mode Jésus-Christ, c’est-à-dire multiplication des pains. Comme d’hab’ je ne peux m’empêcher de ne pas le prendre comme un candidat sérieux, il reste pourtant sur une victoire à Brisbane. A surveiller contre un Feliciano Lopez dont le jeu atypique peut embêter l’Américain qui n’aime pas trop le pressing incessant.
La joute en alexandrins entre les poètes Gonzalez et Berdych n’aura pas lieu au troisième tour, au grand dam des amateurs de rimes riches ; la faute à un Korolev sous pot belge et un Berdych sous Tranxen. Je ne vais pas pleurer sur la disparation du sympathique Tchèque, mais l’opposition contre Gonzo aurait valu son volume de nuoc mâm.
Déception pour tous les pensionnaires du service gériatrie de l’hôpital de Tahiti, leur plus illustre représentant quitte le tournoi dès son entame. Fabrice Santoro a été défait par Marin Cilic à la grande surprise de… personne. Pour le coup, jouer en Grand chelem sur quatre décennies était un joli clin d’œil, mais surtout un pet de mouche dans l’univers tennistique ; à chacun ses records. Comme je l’ai déjà écrit, Santoro malgré tous ses efforts n’était pas assez puissant pour se blesser, ce qui explique sa longévité.
La fête du revers continue pour Stan Wawrinka qui n’a toujours pas perdu le moindre set. Le petit suisse devra s’attendre à une opposition plus musclée au tour suivant, un possible choc contre Gonzalez ou ….IC (Cil ou Tom au choix à l’heure où nous mettions sous presse) étant la prochaine marche à gravir. Je crois en lui pour 2010.
Mon favori Juan Martin del Potro se sort à coups de cornes et au forceps d’un traquenard tendu par un autre bovidé, James Blake. L’Américain était un vrai test et ne s’est pas laissé passer sur le corps sans rebuffades. J’espère simplement que La Poutre se remettra du choc physique et que ce match sera le déclic pour lui et nous renverra le cyborg surpuissant de Flushing Meadows. Je joue ma saison d’Odyssée 15-LT sur son nom, faut pas déconner !
La Murène poursuit son chemin également sans avoir abandonné plus de quatre jeux dans une même manche ; deux victoires nettes et sans bavure, et avec la manière semble-t-il. Il pourrait bien nous faire regretter à tous de ne l’avoir pas pris comme principal animateur du circuit ; car fait extraordinaire, AUCUN posteur du site n’a retenu le sympathique Ecossais dans son Team Odyssée.
Gaël Monfils à défaut de nous intéresser raquette en main continue de nous passionner au micro; c’est avec une constance et une abnégation sans failles que le plus petit QI du circuit distille les bêtises, inepties et fanfaronnades aux journalistes. Sa production du jour est un modèle du genre, jugez sur pièce : http://www.lequipe.fr/Tennis/breves2010/20100120_083646_monfils-maitrise.html.
Radek « Mérou » Stapanek a subi la loi de Ivo « Fil Defer » Karlovic, et comme à chaque victoire du Croate, le public de crier au scandale. Ce bon Ivo ne pourra tout de même pas s’excuser toute sa carrière d’avoir un service de malade ; c’était le moins que Dieu puisse faire pour lui, quand on voit sa tronche…
Rafael Nadal joue bien, très bien même. On se prend à rêver d’un match débridé et fou contre le revers de Kohlschreiber qui se solderait par… Je n’en dirai pas plus, Mariejo pourrait me lire. En tout cas le cul-de-jatte sans abdos (copyright Kristian) a laissé sa place à un taureau véritable qui s’est refait une santé sur l’île du Dr Moreau. Son affrontement programmé contre Murray nous fait déjà saliver.
Un petit mot enfin – c’est contractuel – sur la WTA, pardon sur Justine Hénin. Quelle que soit l’issue de son tournoi, la prestation qu’elle nous a livrée ce matin fait de cette sortie australe un succès déjà. Elle prouve si besoin était encore que le navire de la WTA peut être quitté n’importe quand, et surtout, rejoint n’importe quand. Non, non rien n’a changé dit la chanson. Super match en tout cas, qui nous plonge dans les regrets pour la belle et francophile Dementieva ; elle était dans d’excellentes dispositions sur ce tournoi, dommage.
La suite la semaine prochaine, par le sieur Valentin s’il le veut bien !
Tags: Open d'Australie
Je voudrais bien comprendre comment une personne normalement constituée peu avoir l’idée brillante de mélanger une rayure rose sur un t-shirt orange??…
Du Nadal très solide au premier set. Karlo qui fait du karlo: aces et montées assez réussies je pense… Mais un jeu de fonds assez indigent… et ce revers, mon dieu ce revers… c’est simple, j’ai l’impression que mon revers à une main de 30-2 est un coup magnifique!
Bon il y a eu changement d’article, alors j’émigre chez Kenny maintenant…