15 jours à Melbourne (2/4)

By  | 26 janvier 2010 | Filed under: Actualité

Fernando Gonzalez, battu en cinq sets par Andy Roddick (photo DR)« Mayday, bombardement à Melbourne », ou version moderne et tennistique de Le Chêne et le Roseau, de Jean de La Fontaine.

J’ai beaucoup de chance. Je fais partie des privilégiés qui, comme certains d’entre vous, ont eu la chance d’assister au combat que se sont livrés dimanche Fernando Gonzalez et Andy Roddick. Compte-rendu d’un match passionnant.

Premier set, les serveurs font la loi. Solides, fiables, frais, les relanceurs n’ont pas leur mot à dire. Sauf sur un jeu – raté – de service du Chilien. Roddick reçoit volontiers le cadeau offert, et enchaine sereinement.  1 set à 0 pour l’Américain. Mais nous n’avons encore rien vu.

Tout le monde connait le lance-missile du Chilien en coup droit. Il a décidé de l’armer. Bombardement en règle, la guerre fait rage. Quand « Gonzo » sort l’artillerie lourde, ça fait très mal ! Et ce d’autant plus qu’on oublie souvent qu’il est aussi un excellent serveur, a une main très fine au filet, et enfin un revers long de ligne plus que fiable. Ca fait beaucoup pour un seul homme ! Et beaucoup aussi pour son adversaire. Roddick est dépassé, « Gonzo » frappe trop fort et trop juste. Force est de constater qu’il est plus limité techniquement que son adversaire. S’il a beaucoup progressé en couverture de terrain, en jeu défensif, il ne fait plus aussi mal du fond du court. Et encore moins en revers. Il fait très peu de fautes, mais ne fait pas mal non plus.

Gonzalez, lui, allume tout ce qui bouge, et ça reste dedans. Il est impressionnant de puissance, de justesse tactique, et de lucidité. Roddick est dépassé par les « Full Metal Jackets » chiliennes mais ne lâche rien. Une de ses grandes qualités. J’y reviendrai.

Andy multiplie les erreurs tactiques. Montées trop courtes, mauvaises zones visées, Gonzalez se régale en passing, et comme il est plutôt adroit au filet, ça déroule pour lui. Ca ne déroule pas tant que ça en fait, car Roddick tient toujours le match, on se demande encore comment. Mais, plus encore que son service, c’est bien grâce à sa force mentale qu’il reste vivant dans le match. Bien sûr il perd les sets 2 et 3 (Gonzalez était tellement plus fort) mais il ne prend pas des raclées. Il est dedans, il se bat, il lutte bec et ongles, et c’est passionnant à voir.

Roddick est donc mené 2 sets à 1 par le B-52 Chilien. Touché, atteint, mais pas coulé. Il joue le quatrième set point par point. « Gonzo » a toujours la cartouchière pleine. Et ça défouraille. Coup droit atomique, revers long de ligne fulgurant, service imparable, le Chilien continue sur le mode B-52. Roddick, tel le roseau de La Fontaine, plie (il plie même beaucoup !) mais ne rompt pas. Son service est toujours là, moins puissant qu’avant (quand je dis avant, ça veut dire de 2002 à 2004), mais plus sûr. Son pourcentage de premières balles lui garantit beaucoup de points faciles. L’Américain a du mal, assurément, et il le sait. Mais il se bat, encore et toujours. Admirable.

5-4 pour Roddick, service Gonzalez. Quatre balles d’égalisation à deux sets partout pour Roddick. Quatre balles… en vain. Mauvais choix Américains, gros services Chiliens, tout y passe. Roddick n’est pas le volleyeur de l’année, ça c’est sûr, mais c’est surtout à cause de ses pauvres montées qu’il se retrouve tellement vulnérable derrière au filet. « Gonzo », de son coté, commence à voire ses munitions réduites à peau de chagrin. Mais il ne le montre pas, bien sûr.

Deux grands champions sont face à face. Tous les deux, ils sont mentalement très forts. Roddick sait qu’il a laissé des occasions en or à 5-4 pour lui. Il s’en veut. Mais il reste dans le combat. Un grand champion. Il remporte son jeu de service sans coup férir, solide. 6-5.

Et là, arrive sans doute LE coup du match. Balle de set – la cinquième, donc – pour Roddick, qui mène 40-Avantage. Le coup qui révèle aussi les limites du Hawk-Eye. Un coup droit Américain à pleine puissance vient lécher la ligne dans la diagonale. Annoncé faute par le juge de ligne. Ca va tellement vite…

Roddick demande le challenge…. Avec raison puisque la balle mord le blanc. Gonzalez, lui, dès lors que la balle avait été annoncée faute, n’a pas joué le coup, alors qu’il était dessus. Il perd le set 7/5 sur ce coup. Il est furieux, et on le serait à moins. Sincèrement, alors que j’étais plutôt pour Roddick (car j’aime beaucoup ce joueur, et en plus, j’avais pronostiqué une victoire de l’Américain en cinq manches la veille au soir : qui n’apprécie pas de voir ses pronos s’avérer exacts ?), je comprenais la colère du Chilien. J’estime que le point aurait dû être rejoué.

En vain. 7/5 pour Roddick dans le quatrième. Alors on se dit, si Gonzalez arrive à oublier ça, à rester dans le match pour encore et toujours faire parler la poudre, ça peut donner une bagarre mémorable, à l’image de l’ensemble du match. Passionnant. Roddick, bien sûr, est boosté par ces évènements. Alors ? Eh non… Gonzalez n’a plus de gaz. Ses cartouchières sont vides. Il a tellement mitraillé, et le plus souvent avec une précision de tireur d’élite, que là, au début du cinquième, ses flingues sont vides.

Son déplacement devient inexistant, il ne pousse plus sur les jambes, il sert après un seul rebond, beaucoup trop vite. Il en a assez. Il a tout donné, il veut rentrer chez lui.

Roddick a souffert, il a plié, comme le roseau, mais n’a jamais rompu. Et à la fin, comme dans la fable, c’est lui qui s’impose. Logique, finalement. Il termine sans trembler, avec l’expérience de ce genre de match de poids lourds. Il parvient même à breaker un Gonzalez désabusé, pour conclure sur un sévère 6/2.

Les deux hommes ont été admirables, nous ont offert une magnifique bagarre, remplie de coups de fusil (que dis-je ? de lance-roquettes, oui !) atomiques. Je persiste à penser que Gonzalez est un meilleur joueur que Roddick, plus complet, plus puissant. Mais il arrive que le roseau s’impose devant le chêne… Même quand ce chêne-là se branche en mode B-52 atomique. Dès lors que l’arme est vide après 3h de combat, et que l’autre est toujours debout (respect à lui), ça devient compliqué.

Un match/combat passionnant.

Et tous ceux qui ont eu la chance de le voir doivent penser à ceux qui devront se contenter des articles (dont celui-ci) dans la presse et sur le Net demain.

Ce genre de matches nous rappelle que le tennis, dès lors qu’il est joué comme ça, est non seulement un sport extraordinaire, mais aussi un vrai sport de combat. Et Roddick risque de le payer devant Cilic en quarts de finale… Mais ça, c’est une autre histoire !

Roddickement vôtre.

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627 Responses to 15 jours à Melbourne (2/4)

  1. karim 27 janvier 2010 at 14:48

    Guillaume fait nous une passerelle sur un autre article à la « en attendant Karim » celui-ci devient trop lourd.

  2. Franck-V 27 janvier 2010 at 14:48

    Au passage, pour la 3° fois, Nole bute encore sur le N°2 par cette défaite, dingue ça.

     » Tenth-seeded Frenchman Jo-Wilfried Tsonga denied Novak Djokovic an opportunity to rise to a career-high No. 2″

  3. Franck-V 27 janvier 2010 at 21:24

    Euh, je confirme, ça marche lol

    • MarieJo 27 janvier 2010 at 21:49

      salut, je vois que tu étais à l’affût ;)

      bon murray ou cilic ?

    • Franck-V 27 janvier 2010 at 22:02

      Je ne serais pas fâché que Cilic fasse la nique à Murray , mais était-ce besoin de le préciser? :roll:

      Maintenant, ça va dépendre de sa récupération et de sa façon d’aborder sa 1ère 1/2 en GC.

      Murray n’est pas Djokovic, mais l’expérience de ce jour nous montre qu’un parcours trop facile n’est pas toujours un avantage.

      Y’a l’aspect physique et l’aspect mental, pour le 1er, avantage logique à Murray, pour le 2°, pas sûr.

      Sous son air tout mou, Cilic sait se battre .

      C’ est son dernier tombeur en GC et l’Ecossais peut avoir une légère pression si le match se montre indécis et se frustrer, car sa prochaine occasion de prétendre à un Majeur sera, logiquement.. Wimbledon et ses tabloïds impitouaaayaaahableeee.

      C’est comme ça, quoiqu’en pense Chewbie.
      Maintenant, Murray favori « logique » comme depuis plus d’un an sur dur…

  4. Guillaume 27 janvier 2010 at 21:47

    Salut les gens. Pour vous faire un résumé de l’histoire avant de passer à un nouvel article

    1- Visiblement, le site a été hacké dans la nuit. Un truc discret qui a fait chauffer le serveur de notre hébergeur, lequel du coup a coupé le site le temps qu’on trouve la source du problème dans la base. Là, on pense avoir trouvé… On pense. Si demain matin OVH recoupe 15love, c’est que ce n’était pas ça, alors touchez du singe !

    2- Les modifications dans l’apparence du site (petits retour à l’anglais sur la Une, nouvelle imbrications des commentaires) sont indissociables de la mise à jour. Quand on fait une mise à jour du site, nécessaire pour sa sécurité, on prend aussi les évolutions visuelles apportées par le créateur. Désolé d’avance pour ceux qui regretteront l’ancienne apparence du fil de discussion.

    • Franck-V 27 janvier 2010 at 21:52

      Remboursez!! :mrgreen:

      • karim 27 janvier 2010 at 21:53

        Salut Pére F. Dis en vrai passe-partout il est comment?

    • karim 27 janvier 2010 at 21:52

      C’est vrai que ça craint là pour le confort de lecture mais on s’en tape, un junky en manque ne fait pas la fine bouche, il s’inocule la dope salasse qu’on lui refile! On a été sevrés des heures durant!!!!!!!!!!!!!

  5. Antoine 27 janvier 2010 at 22:05

    Guillaume, je te jure que je ne l’ai pas fait exprès avec tous mes com dès 5 h du mat !

    Bon, sinon, je n’ai vu que les deux premiers sets de Djoko vs Ali et j’aimerais bien un avis ou deux sur la suite. Jo jouait il mieux que durant les deux premiers sets ou est ce simplement la panne physique de Nole qui explique sa victoire ?

    Je trouve que cela a une certaine importance en vue de sa demie contre le Suisse parce qu’au vu des deux premiers sets, je ne crois pas que ce soit un niveau suffisant pour le battre..

    • Franck-V 27 janvier 2010 at 22:11

      Il semblerait qu’on puisse désormais attribuer au Serbe, le sobriquet de Djocolique.. si on en croit sa dernière trouvaille.. la gastro! Difficile à mettre en doute, cette fois.. car il menait quand même 2 sets à 1 dont un beau 6-1 dans le 3°.

      Donc à prendre avec des pincettes , la performance de JWT, même si indéniablement, il s’est battu, et a quand même remporté le 1er. mais sinon, avant cet intermède.. que de fautes et de frustrations.

      ça n’a rien à voir avec son match référence d’il y a 2 ans sur son nuage contre Nadal.

      Ce n’est pas pour autant que ça autorise Fed à prendre le même départ qu’aujourd’hui..

      • Antoine 27 janvier 2010 at 22:24

        Mmooouuuaaaaiiis..Cela veut dire qu’il a bien joué dans l’ensemble, mais sans plus si je comprend bien, un peu comme contre Almagro donc..Dans ces conditions, il a peu de chances de battre le Suisse…

      • Cochran 27 janvier 2010 at 22:25

        Pour compléter Francky, étant que j’ai regardé tout le match, je ne pense pas non plus que Jo serait passé sans le coup de mou de Djoko. Au troisième, il n’en n’a pas touché une et a vendangé pas mal, commentant des fautes assez frustrantes et surtout il ne répondait plus présent au service (ce service qui lui a permis de garder le contact tout le fil du match). Plus Djoko rentrait dans la balle et tentait des trucs (plusieurs amorties, pas mal de variations), plus Jo-Wil semblait loin. Et puis, et puis… fin de troisième, sensation étrange, Djoko semble plus lent, fait des grimaces mais conclut le set. Début 4ème, on sent que le vent peut tourner rapidement et Jo retrouve un semblant de jeu tandis que Nole vendange à son tour (alors qu’il n’avait quasi pas fait de fautes au 3ème). C’est bien simple, on aurait dit le quart entre Clijsters et Venus à l’USO.

        Après la perte du 4ème, Djoko a tout tenté au début du 5ème, on sentait qu’il allait mieux puisqu’il avait comblé un de ses 2 breaks de retard. Mais dès que le break a été réalisé par Jo, il a rendu les armes (sans abandonner tout de même) et l’autre a déroulé sans se forcer.

        A voir, mais ce Tsonga là, même s’il a démontré un jusqu’au boutisme méritoire, je ne le vois pas en finale.

        • Antoine 27 janvier 2010 at 22:30

          OK, de toute façon, Federer a le jeu idéal pour le faire déjouer..Il n’y a que quand il est à son max que Jo peut le bousculer suffisamment pour l’emporter et faire cela pendant trois sets sur cinq, cela parait au dessus de sa forme actuelle ou il est bon, mais pas aussi bon qu’à Bercy fin 2008 par exemple..En plus il vient de faire deux cinq sets et risque de manquer d’un poil ou deux de peps indispensable à son jeu..

          Conclusion: Fed en trois ou quatre sets. Si Jo lui en prend deux, c’est une performance…

        • Baptiste 27 janvier 2010 at 22:33

          c est vrai que le serbe nous avait habitue a rentrer au vestiaire pour moins que ca

  6. DIANA 27 janvier 2010 at 22:07

    Bonsoir à tous : contente que le problème soit solutionné, on me refusait l’accès au site, je me demandais ce que je pouvais bien avoir fait de répréhensible !!!

    et ce n’est pas bon d’être sevrée sans être prévenue, vous manquiez déjà pour mon 1/4 d’heure de rigolade du jour.

    Au fait, Cilic/Murray, c’est demain à 9h30, pas vendredi.

    fait ;)

    • Guillaume 27 janvier 2010 at 22:10

      Si, il est apparu plus haut, en réponse au dernier commentaire de Martin.

      Bon, je finis la dernière touche du prochain article, et dans 5 mns tout le monde émigre. Vous pouvez attendre ce laps de temps ? Et moi je pourrai aller manger… Je devrais être salarié de ce site, moi !!!

  7. Damien 27 janvier 2010 at 22:09

    Content de voir le site de retour. Le point positif c’est que les avatars sont plus grands !

  8. Antoine 27 janvier 2010 at 22:11

    Quelqu’un veut bien répondre à mon com svp ?

  9. Franck-V 27 janvier 2010 at 22:28

    Abandon pour coup de chaleur l’an passé, problèmes gastriques cette année…

    Je me demande si Djokovic n’est pas frappé en Australie de la malédiction de la mono qui le poursuit pour payer les dividendes de son titre 2008. :roll:

    Néanmoins, le n°2 reste possible et il doit pour cela prier que Murray ne l’emporte pas, sinon il resterait encore n°3, l’Ecossais passant en 2 et Nadal passant en 4.

    J’ai apprécié son : The hollow feeling of his defeat was evident when asked his thoughts on Tsonga’s chances against Federer. « I don’t know and I don’t care, » he said. :mrroll:

    ça me faisa

  10. Marque 27 janvier 2010 at 22:31

    ITW de DJOKO aprés match :

    Comment pensez-vous que Tsonga jouera contre Roger Federer ?
    Je n’en sais rien et je m’en fous

    2 ans aprés , il resort le « I don’t care » de Fed.

    y serait pas un peu rancunier, ce type?

    • Franck-V 27 janvier 2010 at 22:35

      Moi je trouve que c’est de bonne guerre.. et très honnête du reste.

      Pour reprendre mon post précédent, ça me faisait pensée à la monnaie de la pièce de Fed à Murray à la dernière MC en poule.
      La rancune n’a de toute façon profité ni à l’un, ni à l’autre….

      Bien sûr, si tel était le cas..

    • Marque 27 janvier 2010 at 22:41

      Sur que c’est de bonne guerre, mais de la part de Fed, ca avait été pris pour du mépris alors que là, tout le monde s’en tape.

      • Franck-V 27 janvier 2010 at 22:55

        ça a été pris ainsi par les Fed haters de service, les mêmes que ceux de la bouteille et de la raquette de Miami,rien de nouveau sous le soleil de Floride comme d’Australie.

  11. MarieJo 27 janvier 2010 at 22:53

    l’article va être fermé aux commentaires car trop chargé de comms :)
    le nouveau est en ligne.

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