Le Veau d’or

By  | 13 avril 2010 | Filed under: Insolite

Au-delà de toutes les frontières établies avant lui, au-delà des rêves les plus fous, Roger Federer transporte dans sa caravane du bonheur la planète tennis ivre de joie… repue et comblée ?

L’appétit du Maître et de ses dévots semble sans limite, leur soif d’accomplissement inextinguible. Victimes de l’ivresse des sommets, encouragés par les voyants au vert d’une conjoncture récente par trop favorable, la foule ébahie appelle le Maître à toujours plus d’exploits ; comme des camés avides d’une dope trop puissante qui lui ont bouffé les neurones, les FFF (Fans Fous de Fed) s’injectent des doses de victoires chaque fois plus puissantes. Attention au sevrage…

Une fois ses besoins physiologiques basiques assouvis, sa santé garantie, son gîte et son repas sécurisés, l’homme est par nature mû par la recherche du divin pour cimenter les fondements de sa santé morale. Le divin est immense, effrayant, intouchable. Il a tout créé et peut tout détruire, il se refuse à Nous sans nous abandonner pour autant. Incapable de le toucher, l’Homme l’a matérialisé, lui a donné une forme palpable, sinon humaine. Du Veau d’or à Roger Federer, cette matérialisation de l’Absolu a revêtu toutes les formes. Occupé à fuir l’Egypte de Pharaon guidé par Moïse à travers le Sinaï ou à scruter les cours de l’indice Nikkei sur les moniteurs d’une salle de marchés à Tokyo, le besoin rassurant d’idolâtrie de l’Homme reste le même. Pris dans l’étau de ses croyances et ses craintes, coincé entre l’enclume de ses certitudes et le marteau de ses doutes, il a le besoin viscéral d’un guide fort, d’une représentation palpable de ce Dieu qui manifeste parfois sa joie, souvent sa colère, via des mécanismes qui échappent à notre contrôle. Tant qu’on a son fils avec nous, il ne peut décemment pas nous frapper. Ce fils en l’An 2000 sera Roger Federer.

Si dans le passé lorsqu’il recherchait des symboles l’Homme s’est tourné vers les figures religieuses, politiques, voire militaires, les temps actuels sont très peu favorables à l’émergence de figures universelles issues de leurs rangs : les religions sont en perte de vitesse dans l’Occident, les hommes politiques totalement discrédités pour la plupart et la guerre n’est plus cotée en Bourse, sinon portée très loin du monde « civilisé ». L’icône d’aujourd’hui c’est le sportif, la figure universelle rassembleuse dont les exploits répétés transportent et subjuguent.

Notre époque du « toujours plus » tire son lait des mamelles nourricières des fulgurants progrès technologiques (à défaut d’être sociaux) qui contractent à l’extrême les cycles d’obsolescence des produits, fussent-ils humains. Les capacités des ordinateurs doublent tous les dix-huit mois, les appareils électroménagers sont conçus pour fonctionner trois ans et pas au-delà… Désormais ce sont les artistes qui ont une durée de vie d’un été, plus les albums. Les performances sportives humaines également suivent la tendance, celle de la course à l’armement. Comme les poulets en batterie gonflent tels des baudruches remplies d’hélium en 45 jours, on engraisse, enchaîne, accumule les records et les performances avec un appétit gargantuesque. Pensez donc, notre formidable période nous aura offert :

- Michaël Schumacher : le nouvel ex-retraité de la Formule 1 qui a effacé des tablettes tous les records de sa discipline et les a portés à des cimes vertigineuses.
- Michaël Phelps : dont les Jeux Olympiques de Pékin ont porté la natation au firmament du sport, et qui est plus qu’un homme : un mammifère marin.
- Sébastien Loeb : comme Schumacher, son palmarès ridiculise tout ce qui a été fait avant lui et fait passer les rallymen prestigieux qui l’ont précédé pour d’obscurs routiers.
- Tiger Woods : bien qu’il soit sorti du bois depuis, le Tigre a été une véritable révolution dans le microcosme du golf qui a accédé avec lui au rang de sport presque populaire.
- Usain Bolt : le prodige du sprint est une légende bâtie encore plus rapidement que son 100m victorieux lors des derniers mondiaux.
- Roger Federer, l’homme qui nous intéresse et dont je ne vous ferai l’offense de rappeler les accomplissements.

J’arrête volontairement là ma liste d’extraterrestres du sport qui, par un dosage « magiléfique » de techniques d’entraînement toujours affinées, de cadences sans cesse accrues, de matériels constamment améliorés et d’eau toujours plus claire réussissent à nous faire toucher du doigt le rêve d’un homme bionique. Roger Federer est donc la transposition au tennis de ces Supermen des temps ultramodernes, ces « performers » d’un nouveau genre. On a livré seulement une esquisse de notre Veau, à ce stade il est temps de le sertir de feuilles d’or.

Le sertissage à l’or fin se fera à l’aune des valeurs morales, de la représentation angélique que le Veau d’or donnera de lui-même. La répétition d’exploits purement sportifs fera de l’homme un champion, mais le caractère pur de ses valeurs morales et la noblesse de son cœur l’élèveront au-dessus des flots, feront de lui une sorte d’Absolu. Le Veau d’or ne pète pas, ne chie pas, il est donc immaculé et toujours beau. Il n’a pas mauvaise haleine au réveil et applaudit les beaux gestes de l’adversaire. Roger est l’un des seuls, sinon le seul de ces Supermen du sport à caresser le cul des anges :

- Michaël Schumacher ? Quelques mauvais gestes ont terni son image et il n’a jamais pu se départir de son côté « Boche » acculturé. Il n’y a qu’en Allemagne qu’ils se réclament totalement de lui, de la poupée au suppositoire « Schumi ».
- Michaël Phelps ? Un ado un peu attardé qu’on préfère définitivement voir dans l’eau qu’au micro et qui d’ailleurs, crime passible de pendaison, a été filmé tirant une taffe dans un bong, comme 75% des jeunes issus de son milieu en font l’expérience.
- Sébastien Loeb ? Le monsieur Nobody du rallye a essuyé les foudres de la FIA pour son côté « saut du lit » pas assez classe.
- Tiger Woods ? Le cas le plus extrême, qui devrait faire jurisprudence. Il personnifie à lui seul les éructions d’une société hypocrite et malade qui s’offusque de ce qu’un golfeur célèbre, riche et beau soit également un « queutard » invétéré. Mouais… c’est sûr qu’on n’aurait pas fait pareil !

Bref aucun de ces formidables athlètes n’est éligible au statut de Veau d’or. Ne cherchez pas du côté des footballeurs, souvent issus à la base de milieux les prédisposant à péter les plombs au fur et à mesure que leurs comptes en banque régurgitent le trop plein d’euros : scandales sexuels, castagne dans les bars, nez poudrés, n’en jetez plus la coupe est pleine, on lui tire ses grandes oreilles. Et il y a le Suisse, celui qui réalise l’improbable quadrature du cercle en combinant l’enfilage des records et la perfection de l’immaculée communication médiatique. Un modèle socio-économique et religieux à lui tout seul reposant sur trois fondements :
- L’art, qui consiste à enchaîner les performances, battre les records, mener contre les vents de l’histoire une formidable odyssée dans laquelle il entraîne la foule ébahie.
- La manière, avec un jeu d’une beauté et d’une perfection technique et esthétique presque ridicules, et qui donnent à penser qu’après lui rien ne sera plus jamais pareil.
- L’image, celle du gendre idéal, de l’être généreux, sensible, cultivé, amoureux de son sport, garant de sa tradition et son esprit, vecteur de valeurs morales universelles, un de ces fameux athlètes qu’on veut tant pouvoir montrer en exemple aux enfants.

Roger Federer est le Veau d’or, une création de l’Homme pour se rapprocher de Dieu, une légitimation de sa quête de perfection. Il distrait le peuple (ce qui est la finalité du sportif, comme de l’acteur ou du chanteur) mais le rassure également sur la pérennité de ses valeurs et de ses institutions. Rafael Nadal dans ce sens est une vraie menace, une attaque larvée trop terrestre et terrienne, loin du rêve et du Beau. La bête au teint mat est trop musclée, trop physique, trop brutale, en a bavé et en bave trop pour atteindre et rester au sommet. Nadal ne récite pas son tennis comme des vers, il l’assène, il creuse son sillon dans l’histoire du sport comme un mineur martèle son passage dans une galerie de houille.  Il n’est pas le Veau d’or et constitue même une menace pour lui, c’est un totem de pierre, dur et effrayant. On ergote sur sa dépense d’énergie, mégote sur ses pépins physiques avérés ou promis, radote sur ses fréquentations médicales, sirote ses périodes de disette comme un doux nectar et rote dès qu’il semble sortir la tête de l’eau.

Federer a plongé la planète toute entière dans une douce euphorie, comme un sédatif puissant mais délicat, jouissif et addictif. Nous participons tous à sa formidable épopée, victimes de notre penchant naturel pour le bonheur par procuration : quand Federer gagne, c’est nous tous qui gagnons. Son triomphe à Roland-Garros fait pratiquement autant plaisir à sa victime en finale qu’au public, tous veulent participer au rêve collectif, adversaires compris. C’est l’avantage du statut d’icône, nul ne peut ouvertement lui être opposé et remettre son action en question, sous peine de bannissement. On doit l’aimer, il faut l’aimer, il a été créé pour ça. Alors les gloires d’antan se répandent en dithyrambes sirupeuses dès qu’elles ont la chance qu’on leur tende un micro. Trop heureuses de pouvoir s’exprimer quel qu’en soit le sujet, elles ne se font pas prier ; pourquoi d’ailleurs les interrogerait-on encore si ce n’était pour parler de l’Elu, légitimer son aura ? Les anciens passent sous silence la rancœur et la jalousie certainement ressenties à l’égard de celui qui les raye des tablettes, se lançant dans des odes à sa gloire aussi convenues qu’hypocrites. Il réinvente le tennis, il est le plus grand, il est le meilleur que j’ai vu raquette en main, j’en passe et des meilleures. Ces flagorneries me ramènent quelques années en arrière, elles rappellent à bien des égards l’idolâtrie dont Nelson Mandela faisait l’objet à sa sortie de prison, et plus encore à son accession à la magistrature suprême de son pays. Il n’était alors juste pas concevable pour un homme politique ou une personnalité en vue du showbiz de ne pas se réclamer de ses inconditionnels.

Tant qu’il a été un joueur de tennis, j’ai été un soutien sans faille de Roger Federer ; c’était avant que la statue du Veau ne soit sertie de ses feuilles d’or. Le joueur frais et spontané, le merveilleux soliste qui s’amusait lui-même des coups qu’il réalisait et n’en revenait pas de ses propres performances qui le laissaient souvent incrédule. Il prenait tout ce qui lui arrivait avec modestie, s’étonnait d’être aussi beau, aussi fort. Mais dans sa formidable Odyssée, cet Ulysse des temps modernes n’a pas pris le soin de couler la cire dans ses oreilles une fois ligoté au mat du succès ; le chant des sirènes a bercé sa modestie, flatté son ego, séduit le Narcisse qui sommeille en chacun de nous. Mister Federer a quitté la terre des hommes et arrêté de jouer contre ses pairs. Ses adversaires ne s’appellent plus désormais Nadal, Safin ou Roddick, sans même évoquer les roquets impétueux et baveux comme Djokovic ou Murray ; Roger tutoie Laver et Sampras pendant que Borg lui tient la porte. Bien qu’il continue à s’en défendre mollement et sans conviction, la course aux records a lentement fait de lui un joueur différent, un homme différent. Il est devenu un Être suprême conscient de son vivant de son statut de légende et vivant difficilement les obstacles à sa grandiose destinée. La défaite n’est plus du domaine du possible, l’échec n’est plus envisageable. Celui qu’on a convaincu de son immortalité a souffert plus que de raison sa chute brusque  de l’Olympe, déboulonné par l’Antéchrist en personne, le joueur qui rappelle trop aux hommes dans quel monde sauvage et cruel ils vivent, Nadal. La société romaine était moins hypocrite, elle aimait le sang et se pressait au Colisée. L’homme après tant de siècles d’évolution, après avoir dompté la nature et combattu les éléments, après tant de combats menés pour assurer une vie désormais douce de contemplation, ne peut accepter qu’à son archange choisi soit substitué une réminiscence des jeux du cirque.

L’avènement de Nadal, fut-il éphémère, a plongé toute la religion dans la crise. L’humiliation de Roland-Garros 2008 où comme un bulldozer dans un champ de roses il a concassé l’Elu, le sacrilège de Wimbledon un mois plus tard vécu comme une défloration par viol collectif et l’implosion à Melbourne en 2009 ponctué par les larmes de dépit, tous ces Hiroshima ont traumatisé autant le Veau d’or que ses porteurs hagards qui l’ont posé au sol pour reprendre leur souffle. L’apnée n’aura pas été longue, la vie finalement préférant les belles histoires. La légende s’est remise en marche sur la terre de la bête, sur les terres de la bête. Elle s’est ensuite reposée sur son herbe fétiche avant de courber légèrement l’échine sur le ciment américain, puis reprendre son vol majestueux sous le ciel austral. Les porteurs du Veau d’or ont repris leur office, les bras ragaillardis et le moral dopé à l’EPO. Le rêve n’a plus de limite ni de fin, les adversaires sont anecdotiques, les projections les plus folles se font et se défont au gré des débats de comptoir. La marque des vingt Grands chelems n’est pas utopique, le Chelem calendaire est pour cette année, et les Jeux olympiques de 2012 sont déjà acquis, et seront alors juste à mi-chemin de sa carrière alors ! A l’âge de Connors il jouera comme Edberg ou Rafter au filet.

Dans l’intervalle j’aurai choisi de ne pas remonter dans la caravane du bonheur de Roger. J’ai souffert Nadal, maudit Canas le Judas qui a donné le premier coup de dague dans l’armure céleste, toléré Volandri, Simon ou Karlovic, j’ai craint Murray et redouté Djokovic, mais à l’heure où tous les voyants sont au vert, je ne me sens plus la force de m’agenouiller à nouveau et prier le Veau d’or. Je suis lassé de cette communication trop parfaite et policée, des apparitions pompeuses en blaser sur le Central de Wimbledon, des titres brodés en lettres d’or sur les sacs et les polos, de la connaissance biblique des classiques de son sport quand Nadal doit penser que Bill Tilden est une marque de vêtements urbains branchés. Federer cristallise trop de perfection pour être honnête et finalement personnifie ce que je dénonce dans le sport et la politique, à savoir la quête hypocrite d’une perfection qu’on sait impossible, et l’émoi suscité quand cette impossibilité se manifeste au grand jour. L’homme politique n’a pas le droit de dire « Casse-toi pauvre con » là où nous aurions eu cette même réaction. L’homme politique n’a pas le droit de se livrer à des palpations mammaires sur une stagiaire consentante avec qui on aurait accepté d’avoir des rapports sexuels non protégés dans le lit conjugal pendant que les enfants sont au catéchisme. Le sportif milliardaire et adulé n’a pas le droit de tirer à tout va dans le formidable vivier de groupies jetées à ses pieds. Le Veau d’or est la perfection hypocrite, l’opium de l’amateur de sport dont les relents inhalés assoupissent les neurones. On le prie, on le vénère, on emplit son église et chante ses louanges. Toute cette ferveur n’est cimentée sur aucun socle si ce n’est celui de la précarité de l’adoration, de la fragilité de la croyance. Un scandale sexuel avec un jeune ramasseur de Bâle, une dépendance avouée aux anxiolytiques,  la découverte de traces de stéroïdes anabolisants dans ses urines, il suffirait d’un rien pour que la ferveur se change en vindicte, le culte en lapidation. Les passions sont intenses mais frivoles.

Roger Federer est un homme, pas un dieu. J’ai refusé d’entrer dans l’église du modèle original, qu’elle s’appelle chapelle, mosquée ou synagogue ; pourquoi entrerais-je dans celle de sa photocopie ?

Prochain épisode de la trilogie rédigée depuis le maquis : Roger Federer n’a pas tué Pete Sampras.

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440 Responses to Le Veau d’or

  1. Coach Kévinovitch 13 avril 2010 at 22:01

    Oh, quel article, quel bijou!!

    Tu dis que la perfection est hypocrite mais tu l’as faite verbe!!

    Cet article est comme le coup franc de Roberto Carlos à Gerland contre la France en 1997: Une frappe pure et parfaite, le gardien adverse sait tout cela donc il l’admire lui aussi, il ne plonge pas pour ne pas qu’on puisse ternir la beauté de cette frappe en disant « s’il avait mieux plongé, il aurait pu l’arrêter ». Point de tout cela, la frappe est parfaite revient vers le but en touchant le poteau au dernier moment comme le « au revoir » d’une Hélène (comprenez la plus belle femme du Monde chez les Grecs) qui quitte une soirée pendant laquelle tous les regards des hommes se sont posés sur elle sans qu’aucun n’ait osé l’approché et plus si affinités

    Rien qu’au titre tu avais déjà 21/20!! J’ai longtemps cherché quelle expression pourrait qualifier la bête médiatique Federer mais le veau d’or, c’est tout simplement parfait (mais j’en ai une autre peut-être encore plus exacte, tu verras!!)

    Pour rentrer plus en détail dans l’article, ce que j’ai apprécié aussi c’est ton « cheminement » en tant que fan du suisse. Tu as aimé et aimes toujours le joueur mais beaucoup moins la bête médiatique Federer, ce veau d’or qui est de plus en plus présent.
    C’est ce côté-là qui me dérange beaucoup chez Roger qui tient beaucoup à son image (cf ses propres propos!!), c’est la lessive qui lave plus blanc que plus blanc, cet idéal de perfection exacerbée.

    Comme tu le soulignes, le problème dans tout cela, c’est qu’en construisant ce veau d’or en suivant les canons de la communication et du business. On a l’impression que tout ceci est une vaste escroquerie (comme tous les modèles de perfection de toutes les idéologies créées par l’homme) et que lui aussi du même coup est un sacré menteur de la même veine que les politiciens par exemple alors que ce n’est pas le cas. C’est cet attachement à la perfection qui, chez moi, me confirme que tout est façonné, comme un grand mensonge.

    Mais en revanche, Roger est plus qu’un veau d’or, ça va plus loin!! Il y a un meilleur qualificatif pour le décrire!!

    Je m’explique: Le veau d’or est la personnification des icônes qui sont parfois sacralisées par les hommes qui ne se tournent plus vers Dieu mais regardent vers l’icône!! Mais l’icône n’est pas Dieu et ceux qui se tournaient vers elle en étaients conscients!!
    L’expression encore meilleure pour qualifier cette bête médiatique, tu l’as utilisé dans ton article mais avec son sens contemporain qui n’est en fait pas son sens et nous éloigne de son vrai sens qui colle parfaitement avec le cas étudié. Je te concède le fait qu’en utilisant le « veau d’or », on comprend de suite là où tu veux nous emmener alors avec L’Expression, on aurait pu comprendre l’inverse.

    Cette expression, tu l’as donc utilisé pour qualifier comment était ressenti par les FFF, un certain joueur qui défaisait le mythe Federer en le terrassant, ce qui le rendait plus humain. Mais cette expression ne convient pas du tout à Nadal. En effet, dans la Bible, le livre d’où provient cette expression, ladite expression qualifiait un personnage qui à l’Apocalypse fera des miracles à tel point pour faire croire qu’il est parfait, pour faire croire qu’il est Dieu à tel point que nombreux seront convaincus qu’il est Dieu et le suivront.

    Avec ses coups magiques et sa fluidité, Roger Federer fait des miracles esthétiques, allier esthétique léchée et résultats hors du commun est un autre miracle pour nous convaincre de sa « divinité ». Ajoutez à cela une communication parfaitement maîtrisée et une image de perfection, de gentleman philanthrope d’un fair-play exemplaire admise et reconnue de tous, vous obtenez qu’on surnomme Federer « Dieu » et/ou « le Maître » dans de nombreux forums et sites net comme s’ils étaient convaincus de sa divinité et que tous ceux qui s’y opposent sont comme ostracisés.

    La bête médiatique Roger Federer n’est pas le veau d’or mais il est bel et bien, L’ANTECHRIST au sens premier du terme, tel que cette expression est définie dans la Bible!!

    La fin du monde est pour bientôt, let it be!!

    • Cochran 13 avril 2010 at 22:14

      Rassurez-moi, on parle toujours tennis non ?

      Chewie, une blague de toto, vite.

      • Chewbacca 13 avril 2010 at 22:27

        Pourquoi Federer ne peut pas mettre de supositoire ? Parce que les voies du Seigneur sont impénétrables!

        • karim 13 avril 2010 at 22:46

          trop fort!!!!

        • Cochran 13 avril 2010 at 23:40

          Aaaah, mon poilu :)

    • karim 13 avril 2010 at 22:16

      L’approche théologique plus précise que tu donnes (je ne peux pas aller aussi loin dans l’analogie, je suis athée convaincu au grand damne de… tout le monde en Côte d’Ivoire, la nouvelle patrie de Dieu mais je m’égare) éclaire sous un jour particulièrement intéressant et savoureux l’allégorie de la déification du Roger. Le Maître. Cette simple expression employée pour lui – et peut-être d’autres sportifs avant – est empreinte d’une suffisance et d’une arrogance, d’un narcissisme éblouissants. Il ne s’est pas autoproclamé Maître, ses fidèles (dont moi) l’ont couronné tel.

      Si Fed tente de se faire passer pour Dieu en trompant les hommes alors pourquoi ne serait-il pas l’antéchrist? Mais ce terme est trop effrayant pour qualifier une création, notre création, tellement plus belle.

      • Henri 13 avril 2010 at 22:19

        http://media-2.web.britannica.com/eb-media/14/99014-050-797F3F02.jpg

        L’Antechrist de Luca Signorelli, j’avais pensé à la même chose fut un temps, mais depuis je me suis un peu calmé.

        Le seul problème de l’Apocalypse a dû être écrite par une sorte de Paco Rabane et n’a pas grand chose de crédible, rien à voir avec le reste du nouveau testament.

      • Henri 13 avril 2010 at 22:29

        S’il est notre création, serait-il alors un GOLEM?

      • Coach Kévinovitch 13 avril 2010 at 22:34

        Oui le terme est effrayant surtout parce que dans l’acception moderne, on fait le raccourci antéchrist= le diable. Ce lien pas forcément inexact mais trop rapide donne une idée erronée et incomplète du concept, cette idée nous fait croire qu’il n’est qu’un Lucifer bis alors que c’est précisément sur le fait qu’il tente de se faire passer pour Dieu en faisant des miracles réels que réside le cœur de la notion d’antéchrist.

        C’est pour cela que je t’ai concédé que le terme « Veau d’Or » permettait de voir plus facilement là où tu voulais en venir,elle est peut être même plus en rapport avec la perfection scintillante que symbolise Roger comme un bijou exceptionnel qui rayonne sans défauts!!

        Ce que je rajoutais, c’était juste que d’un point de vue théologique, le phénomène étudié allait plus loin même que la notion de « veau d’or »(qui est une trouvaille magnifique, je n’y avais jamais pensé!!) mais peut-être même jusqu’à la notion d’antéchrist!

        Cochran, on parle toujours de tennis mais l’article traite justement du fait que le phénomène Federer va beaucoup plus loin que cela!!

        • Jean 13 avril 2010 at 22:52

          A priori, l’antéchrist de l’Apocalypse est quand même supposé avoir un impact sur les conscience supérieures à celui d’un joueur de tennis. La théorie se tient, on peut considérer le système médiatico-économique actuel comme le cadre de la corruption menant au jugement, mais j’aurais vu l’antéchrist plus influent, on verra. On peut dire cela de beaucoup de gens qui utilisent l’image, Shakira est-elle la prostituée de Babylone ?

      • Franck-V 13 avril 2010 at 22:54

        Karim, tout de suite , j’ai pensé à ça :-)

        http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=22803

        Mais l’exorciste Robin est passé par là :mrgreen:

      • karim 13 avril 2010 at 22:54

        L’antéchrist est manipulateur, il veut faire croire qu’il est Dieu, il n’est pas une création de l’homme.

        Dans la déification de Fed, même s’il a une tendance à se mettre en scène lui-même, il y a plus une acceptation coupablement jouissive de ce statut qu’une volonté de l’imposer. C’est que je décrivais pas l’image d’Ulysse/Fed ligoté au mat du succès mais bercé par les chants des sirènes (dont l’une s’appelle Nike). Chaque athlète est victime consentante de l’image que les annonceurs créent de lui et pour lui.

        Fed ne s’est pas procalmé Dieu du tennis, mais il l’a accepté volontier. Les hommes ont fabriqué le veau d’or qui a accepté son destin qui est d’être vénéré par eux. L’antéchrist lui vient à dessein, trompeur et faux. Fed ne s’inscrit pas vraiment dans cette logique.

        Il vient doué de pouvoirs et talents que les hommes croient reconnaître comme divins, et lui de se dire « tiens ils me vénèrent et si j’étais vraiment ce Dieu qu’ils appellent? »

        Je le vois davantage comme ça.

        • Franck-V 13 avril 2010 at 23:01

          « bercé par les chants des sirènes (dont l’une s’appelle Nike). »

          C’est de circonstance, Niké est la victoire , telle l’Athéna victorieuse Ἀθηνά Νίκη.

          Appelez-le Héraclès et ses 16 travaux (toujours en chantier), ça fera plus simple.

  2. Jérôme 13 avril 2010 at 22:39

    Bon, j’ai un problème technique qui perdure : je ne peux pas poster le comm que je veux poster. Je teste un autre envoi. Sorry.

    • Jérôme 13 avril 2010 at 22:39

      Voici une énième tentative de renvoi de ma 2ème réaction, notamment suite au long comm de Jean, ainsi qu’à ceux de Karim, d’une part (je m’inscris en faux), et de Cochran (je suis d’accord).

      Je ne partage pas l’avis selon lequel les joueurs actuels manqueraient de charisme et de personnalité, que ce soit Federer ou les autres.

      Les gentils sympathiques, les sales cons, les fades et les bien élevés, il y en a eu à toutes les époques du tennis open.
      Quant au politiquement correct, il est à situer dans chaque contexte. Que Connors et Mac Enroe, sans oublier Nastase et autres joyeux drilles aient été politiquement incorrects parce qu’ils étaient d’abord des enfants de la libération des moeurs dans les années 70, c’est certes incontestable. Mais c’est d’abord le produit d’une époque.

      Aujourd’hui, il n’y a rien de plus conformiste que de faire de la provoc, de monter sur la table et de gueuler ou de baisser son froc pour montrer son cul. Je ne mesure plus depuis belle lurette l’épaisseur d’une personnalité à sa capacité à foutre la merde sur un plateau de télé ou sur un court de tennis. Le dernier politiquement incorrect que j’ai vu, c’est ce c… de raciste australien nommé Hewitt.

      Et, même avec l’excuse générationnelle, Connors comme Mac Enroe se comportaient trop souvent comme des ordures sur le court de tennis, totalement irrespectueux de l’adversaire comme du public qui en a fait des millionnaires. Etre superbrat dans les années 70 ou au début des années 80 passait déjà difficilement. Aujourd’hui j’espère bien qu’on disqualifierait les joueurs ayant de tels comportements.

      Il ne faut pas imaginer que quelque sportif ou artiste que ce soit puisse avoir aujourd’hui un impact sur la société civile comme Borg ou Mac Enroe pour la raison susmentionnée : l’Histoire ne repasse pas les plats. Ca y est : la révolution libertarienne et individualiste a eu lieu. Elle a précisément touché le tennis fin années 70/début années 80. Maintenant qu’elle a eu lieu, par définition, elle ne peut pas se reproduire. Plus personne ne peut avoir l’influence que les vedettes du cinéma de l’âge d’or d’Hollywood, de la 1ère génération du Rock (mi fifties jusqu’à mi seventies), ou des premières années du tennis planétaire (1978/1985) ont pu avoir.

      J’ai donc du mal à te suivre, Jean, quand tu sembles affirmer que Federer ne serait pas responsable de son style. J’ai l’impression que tu tombes dans le piège de l’apparence de facilité que donne le suisse. Ce type bosse comme un malade. Et il a eu pour partie la chance, pour partie l’intelligence, bien entouré et bien coaché dans ses jeunes années, d’être patient et de construire sa montée en puissance dans la durée. Chacun fait ses choix, ni plus ni moins l’un que l’autre.

      Comme d’autres la vie privée de Federer m’indiffère profondément. Seul son possible impact sur son tennis m’intéresse, ainsi que porter un regard amusé sur les images qu’elle renvoie.

      Dans le phénomène Mister Perfect, il y a aussi quelque chose qui n’est pas délibéré. Mirka. C’est à peu près le seul joueur de tennis qui ne soit pas maqué avec une bombe susceptible de figurer sur une pub de lingerie féminine. En foot, il y avait bien Papin puis Ribéry qui étaient/sont carrément avec des tromblons, mais c’est à peu près tout, et le foot ce n’est pas la même origine sociale que le tennis.

      Eh bien, parce qu’il est avec Mirka, Federer est éminemment sympathique et devient dans l’esprit collectif beaucoup plus accessible que tous les autres cadors. Eh oui, comme nous, hommes anonymes, il n’est pas avec un mannequin irréel. Et pour les femmes, eh bien pas besoin d’être ledit mannequin pour se dire qu’avec une carte de membre du club de tennis de Bâle ou de je ne sais plus où, elles auraient tout aussi bien que Mirka pu lever le champion suisse.

      Autre aspect qui cette fois n’est pas fortuit : contrairement à d’autres, le suisse s’adresse à un public d’adultes et pas spécifiquement d’ados. Ce n’est que lorsqu’il était un ado anonyme il ne se soit pas offert les petits plaisirs d’ado façon décoloriage de cheveux. Mais contrairement à Agassi ou à Nadal, pas de tenue bariolée. Choix marketing.

      Quant à certains de ses propos, je ne pense pas qu’on puisse les qualifier d’arrogance tant l’évidence s’impose : dans l’attitude contraire, on lui reprocherait son hypocrisie.
      L’essentiel dans la genèse du phénomène, ce sont (ce point fait d’ailleurs consensus parmi nous) les résultats. Un mec qui aurait ce comportement sans ce palmarès serait l’objet de critiques et de moqueries justifiées.

      Au sujet de Sampras, qu’il soit un des plus grands joueurs de l’histoire du tennis est incontestable. Il est encore plus nettement l’un des très rares prétendants (à mon avis ils sont 4 en tout avec Gonzalez, Laver et Federer) au titre de plus grand joueur de l’histoire sur surfaces rapides.
      Mais Karim, tu tombes dans la caricature quand tu nous sors l’argument syllogistique selon lequel « les grands joueurs gagnent des tournois du GC, or d’autres joueurs ont gagné des tournois du GC à l’époque de Sampras, donc Sampras avait une concurrence plus rude que Fed. »

      D’abord sur terre battue, l’argumentaire des crocodiles des années 90 et du début des années 2000 est totalement inopérant. Pour une raison aveuglante, à savoir que Sampras a le plus souvent été sorti de Roland Garros avant même d’atteindre la 2ème semaine et de devoir affronter lesdits ténors de la terre battue. En 13 participations, Sampras a fait 3 quarts de finale (battu par Agassi, Courier et Bruguera) et une demi-finale (battu par Kafelnikov). Et les 9 autres fois, il a fait 3 défaites au 1er tour, 5 défaites au 2ème tour et 1 défaite au 3ème tour. Il n’a ni su ni voulu se donner le jeu pour avoir des chances sérieuses à Roland Garros.
      Aujourd’hui, Nadal est sur TB un phénomène dominant qui se compare au seul Bjorn Borg. Avec ou sans Bruguera, Courier, Muster, Kuerten, Moya et compagnie, il est très probable que Sampras n’aurait jamais gagné Roland Garros. Sans Nadal, Federer en aurait remporté en tout 4 ou 5.

      Quant aux surfaces rapides et à la concurrence, pareil, faut pas non plus enjoliver. Agassi a eu de longues périodes d’absence : de fin 1992 à mi 1994, puis de 1996 à 1998.

      Conclusion évidente : non, si Federer gagne avec une telle impression de facilité, c’est tout simplement parce qu’il s’est montré capable de voler plus haut, plus longtemps et plus souvent que Sampras, grâce notamment à une palette technique plus polyvalente et plus complète que l’américain. Là où en revanche il y a un très solide argumentaire en faveur de Sampras, c’est sur le gazon wimbledonien où la concurrence a été effectivement beaucoup plus forte qu’aujourd’hui : Edberg, Becker, Ivanisevic, Rafter, là oui c’était du très très lourd.

    • karim 13 avril 2010 at 22:48

      hum, te connaissant un peu, ça fait 300 lignes? :-)

    • karim 13 avril 2010 at 22:49

      coupe le en deux pour voir

  3. Marc 13 avril 2010 at 22:51

    Je pense qu’il y en a quelques uns qui ont fumé la moquette et qui confère au Suisse un rôle d’icône, de héros, de veau d’or; d’Antechrist…qui laisse quand même assez pantois par rapport à un gars qui est juste très doué, qui a un égo énorme, et un amour du tennis plus grand encore, le poussant à vouloir gagner encore et toujours, sans être rassasié.

    Je pense que les post en disent plus long sur leurs auteurs et l’effet que leur produit (ou leur a produit) le Suisse que sur Fed lui-même…et dans le cas de Karim, on a même l’impression qu’on en est à une déception amoureuse, où l’amoureux transi se réveille et brûle de qu’il a adoré.

    En gros, selon Karim et beaucoup d’autres, tout n’est que factice, illusion, comédie chez le Suisse, qui n’est jamais au naturel et surjouerait son rôle de gendre parfait…

    Mouais ! S’il surjouait tant que cela, il n’aurait pas terminé en larmes l’OA 09, et où il se révélait tel qu’il était, à savoir un gars qui a certainement pensé qu’il ne gagnerait plus jamais de GC contre Nadal, qu’il s’en voulait à mort d’être incapable d’achever ‘Espagnol dans chacun des sets pour s’écrouler au 5è set : oui, je pense qu’on a vu à l’OA 09 un gars qui s’est vu ne plus jamais gagner, et qui était désespéré de cela.

    Ce que je regratte dans l’article de Karim, c’est qu’il n’évoque à aucun moment l’effort quasi surhumain qu’a représenté pour Fed le fait de se maîtriser, de maîtriser ses colères, son caractère, d’abandonner les pétages de plomb : combien de gars doués ont gâché leur talent pour n’avoir pas su gommer leurs faiblesses ?

    Pour moi, le Suisse est effectivement en contrôle permanent, non pour donner forcément une autre image de lui que la réalité , mais pour maitriser ses nerfs ; il s’est construit une bulle pour étouffer ses colères et ses frustrations de ne pas frapper à chaque fois le coup parfait. En ce sens, c’est l’opposé d’un McEnroe.

    • Magten 13 avril 2010 at 22:57

      Exact, et c’est pour ça qu’il pleure quand il perd à la fin d’une défaite contre Nadal… c’est la traduction de la rage contenue qu’il a gardé en lui pendant tout le match! il cultive la décontraction à un point qui est impressionnant… sans elle, il peut redevenir un petit branleur au beau jeu qui fait des baches en balançant sa raquette…

      • Magten 13 avril 2010 at 23:07

        Je souscris également à la théorie de la déception quasi amoureuse de l’auteur… qui comme son inspirateur, aspire à une certaine forme de perfection dans le geste…

        mais en rejetant le côté très convenu de l’image du maître, il rêve d’une dimension supplémentaire : celle du révolutionnaire capable de soulever une armée!!

        • karim 13 avril 2010 at 23:16

          on sait où tu habites!!

          • Magten 13 avril 2010 at 23:41

            j’suis SDF…

    • karim 13 avril 2010 at 23:12

      Ma déception amoureuse vis-à-vis de Fed n’est pas un scoop Marc, on l’a cataloguée depuis la vox même si ma mémoire est bonne.

      Ce que tu dis sur sa maîtrise de lui est vrai, c’est quelque chose de remarquable qu’il a réalisé et qui à mon sens est une performance assez surhumaine parce que l’adversaire le plus dur à maîtriser c’est d’abord soi.

      Si tu me relis (courage allez) je ne dis pas que tout n’est que comédie, je dis justement que le naturel et la fraîcheur que je louais ont laissé place à autre chose de moins spontané, de plus marketing et communicationnel. Parmi vous qui imaginerait Sampras sapé en milord sur le central de Wimbledon? Cette mise en scène péché d’orgueil on ne l’a pas inventée. Mais finalement c’est beaucoup de bruit pour rien qui traduit juste un état d’esprit.

      Les pleurs contre Nadal? Chacun voit dedans ce qu’il veut bien, pour toi c’est le dur constat de la supériorité de l’autre et le fait de ne plus remporter de GC. Moi je penche pour un orgueil blessé une fois de trop et dans des conditions cette fois favorables théoriquement. Une énorme déception et l’impression d’être passé à côté, d’un ratage terrible. Les comparaisons n’ont pas de valeur autre que ce qu’on leur attribue, mais je ne vois vraiment aucun des grands champions passés pleurer dans ces conditions. Des larmes de joie étouffées ou libérées ok, mais de frustration et de déception à ce niveau de victoires, c’est assez inouï. Avec leurs égos de champions, je refuse de penser que ce gars se soit vu une seconde comme fini pour les victoires en GC; il y croit encore dur comme fer, et plus par orgueil que fondé sur des éléments tangibles. Mais il y croit sec.

      Personne ne détient la vérité, mais ce sont justement ces points de vues intéressants et partagés qui nous permettent de faire plus que commenter les résultats de la journée. On parle plus que de tennis parce que justement à un certain niveau l’athlète devient plus qu’un sportif, il devient un phénomène de société et un acteur de celle-ci. On aurait de la peine à parler comme ça de Berdych. L’athlète qui s’inscrit dans l’histoire devient « historique » et envisageable sous différents angles. Qui se soucie réellement uniquement de Jules César l’homme de guerre ou Ali le boxeur? On parle des Hommes derrière, comment ils se sont fabriqués et leur impact.

      Borg a eu un impact qui dépassait le tennis. Fed a aujourd’hui une image et une présence même dans le tennis que Sampras n’avait pas. Et le palmarès n’explique pas tout, l’image est très importante.

      • Marc 13 avril 2010 at 23:30

        D’accord avec toi sur l’importance de l’image, Karim, mais au fond, ça reste des joueurs de tennis…

        Pas d’accord sur le fait qu’il y croit toujours après avoir perdu contre Nadal à l’OA 2009, et c’est même à mon sens la cause de ses larmes, il se voit rester à 13 GC comme un con avec un Nadal qui gagne sur toutes les surfaces et lui colle encore une défaire en finale de GC.

        Sur les larmes : oui, tu as raison en terme de tennis, même si McEnroe en 84 était livide, au bord des larmes, après avoir perdu contre Lendl 0 rg.

        En revanche, en foot, rugby, hand…voire en athlé, combien de sportifs ont pleuré après avoir perdu en étant proche de la victoire et en ayant craqué de manière inexplicable ?

        Moi-aussi, je regrette que ses larmes aient terni le bonheur de Nadal et je trouve que Roddick a eu infiniment plus de classe à Wimby (Fed n’en a pas eu), mais j’ai un scoop : Fed est humain, il a des défauts, et il n’est pas parfait !

        En tous cas, superbe article !

  4. Jean 13 avril 2010 at 22:59

    Karim a raison en disant que de tous les nombreux Goats modernes, RF est celui qui correspond le mieux à ce que l’ensemble du système médiatique peut souhaiter, comme Borg était plus consensuel que Pelé ou Ali.

    Le cas de Tiger Woods montre à quel point l’attitude des sportifs est entièrement liée à leurs contrats d’images, et également comme les conceptions « hygiénistes » de l’ensemble du système médiatique et économique (je ne fais aucune distinction entre les deux) sont à côté de la réalité. Tiger a rejoué et tout le monde se tape, même au States, de qui il a culbuté, les sponsors sont plus puritains que la Sainte Inquisition en son temps.

    Bolt est intéressant également car son éclosion express correspond paradoxalement à un arrêt complet de la communication de Puma, qui en avait fait son emblème alors qu’il n’était que junior (et déjà très charismatique), autour de lui.

    Puma a réussi au début des 2000’s un très beau coup en profitant du foisonnement musical et sportif de la Jamaïque, ils ont pu signer aussi bien des artistes tels que Buju Banton qui à un moment faisait ses concerts avec un drapeau Puma derrière lui (Buju a tellement tout compris au mouvement rasta qu’il est actuellement derrière les barreaux pour trafic de coke), aussi bien que les équipes de football, sockers, ou athlétisme. http://www.youtube.com/watch?v=TTd90D6u4kM&feature=player_embedded

    Bref, attitude étonnante pour un sponsor d’arrêter toute communication après un record du monde. Peur de l’inévitable suspicion qui entoure désormais toute performance athlétique, du caractère un peu incontrôlable de Lightnin’ qui en Jamaïque s’affiche très proche d’un milieu dancehall assez éloigné des conceptions moralement acceptables (ses danses de victoires comme ses mimiques d’avant courses ne sont en rien spontanées, elles sont des clins d’œil à un milieu évoluant à peu près dans les mêmes sphères que le gangsta rap, un peu plus ouvertement homophobe néanmoins) ?

  5. Elmar 13 avril 2010 at 23:01

    Roger Federer, ce qu’il a été, ce qu’il est devenu.

    A ses débuts, le petit Roger – on ne sait pas vraiment encore s’il faut prononcer Rogé ou Rodgeur – est un tennisman qui a de belles plumes, mais il ne sait pas très bien encore comment les assembler. Boutonneux, colérique, il balance les raquettes et les matchs – et même les rencontres de Coupe Davis si la tête du capitaine ne lui revient pas. Souvent, donc, ses plumes, tel un paon, traine par terre et le dérange – c’est l’Albatros. Mais, parfois, un peu par chance, tel un paon en rut, il daigne faire la roue et l’on est subjugué.
    Pendant cinq ans, il va chercher le meilleur assemblage possible pour ses belles plumes. Le petit Rogé est devenu Rodgeur, la crise d’adolescence est passée et il peut mélanger le lait qu’il a récolté derrière ses oreilles et la cire de l’intérieur de ses oreilles pour ses fabriquer de belles ailes: Icare prend son envol. On est en 2003, Rodgeur gagne Wimbledon.
    Qu’un homme soit l’égal des oiseaux, c’est tout nouveau, le monde s’en amuse, lui le premier. Il vole au-dessus de ses contemporains, s’en rit un peu, et profite de chaque moment. Il jouit. C’est un bon type, bien dans ses baskets qui ne se prend pas la tête et profite des moments merveilleux qu’îl vit. « C’est sympa d’être important, mais c’est encore plus important d’être sympa », dit-il, ce qui est confirmé par le milieu. Et Rodgeur est alors ce type affable, qui aime partager son bonheur; il est ce type du coin de la rue qui a bien réussi; un sportif (qui fait de la pub pour des yahourts – logique!) suisse (qui fait des pubs pour des montres suisses – logique!).
    Icare vole, tout le monde aime le voir dans le ciel, il fait un peu d’ombre, ca peut même être agréable; et il s’approche de plus en plus du soleil. Il en est tout près en janvier 2007: il remporte sans perdre un set son 10ème GC. Il n’a plus perdu depuis 41 matchs. Bref, il commence à s’emmerder un peu là-haut, tout près du soleil, mais si seul. Deux options s’offrent à lui:
    comme Icare, il se brûle les ailes et retombe de ses hauteurs, comme Wilander deux décennies plus tôt.
    comme les Androgynes , il décide de se lancer un nouveau challenge, d’aller plus haut encore et de se mesurer aux dieux de l’Olympe. « Maintenant, je joue pour devenir une légende », assène-t-il aussitôt.
    Il vole depuis si longtemps qu’il n’y prend plus de plaisir. Il a soif de nouvelles découvertes et c’est la place de divinité qu’il convoite. RF a ouvert la boîte de Pandore, il cède aux chants des sirènes. Il est devenu une icône, pire, une marque (« J’ai compris que je pouvais faire de l’argent », dit-il dans le but pourtant louable de financer des projets humanitaires). De l’image véhiculée par le sympathique Roger, on vend désormais l’icône RF (le robot à balle de la déesse Niké; légende pour sa nouvelle marque de montre; la perfection pour sa compagnie d’assurance). Qu’il est loin le temps où on le voyait manger un jogurt suisse, la taille entourée dans une serviette. La structure familiale a d’ailleurs laissé sa place au monstre IMG.
    RF suit les traces d’Anakin: il devient ce qu’il voulait combattre, dans une soif de pouvoir absolu. Il ne peut plus être ce type sympa, naturel et accessible: il est devenu un dieu et a sa place au Panthéon.

    • karim 13 avril 2010 at 23:21

      les muses sous X volent dans tous les sens sur 15-LT aujourd’hui, que d’envolées mes amis!!!

    • Elmar 13 avril 2010 at 23:29

      Outre les nombreuses fautes d’orthographe, j’ai oublié le super jeu de mots que j’avais préparé.

      A lire donc:

      il cède aux chants des sirènes – mais est-ce sa faute: n’a-t-il pas déjà utilisé toute sa cire pour fabriquer ses ailes?

      • karim 13 avril 2010 at 23:42

        A quoi ça cire d’avoir des ailes? échapper aux sirènes d’auchan!!

        ok bye…

  6. Jérôme 13 avril 2010 at 23:07

    Là, j’en appelle à l’assistance technique des administrateurs, je ne sais fichtre pas pourquoi mais selon ce que j’écris ou que je copie, le site n’enregistre pas mes comms à part ceux dans lesquels je me plains de ce plantage technique.

  7. Florent 13 avril 2010 at 23:10

    Une idee comme ca: est-ce que tu as plus de trois liens sur tes coms ? Si oui, ca n’est pas publie (ca reste chez les modos) !

  8. Elmar 13 avril 2010 at 23:11

    Perso, j’ai souvent réfléchi à cette condition et à la rapidité à laquelle c’est arrivé.

    Roger était un type comme vous et moi qui jouait simplement très, très bien au tennis. Et ca n’est pas si vieux!
    Aujourd’hui, il joue toujours bien au tennis, mais il n’appartient plus à notre monde. Ses amis se nomment Gwen Stefani et Ana Wintour. Il ne passe plus ses vacances au club med…

    Cela étant dit, je ne l’en blâme nullement. Comme aurait-il pu en être autrement? Après l’AO 07, comment pouvait-il trouver encore de la motivation auprès de ses contemporains? Il s’est lancé de nouveaux challenges, précisément pour éviter la lassitude; qui n’en aurait pas ressenti dans sa position? Avant de céder aux sirènes mercantiles, il a cédé aux sirènes sportives. Le reste a suivi.

    • Marc 13 avril 2010 at 23:24

      Tout à fait d’accord avec toi, l’OA 2007 a pour moi été le vers dans le fruit : il a tellement survolé le tournoi, ne perdant pas un set, jouant à un niveai irréel contre Roddick 1 mois après avoir fait un match d’anthologie contre Blake au Masters 2006..il est à la fin de l’OA et avant IW, à quelques matchs de battre le record de victoires consécutives de Vilas, et patatras ! Il tombe contre Canas…mais c’est surtout après l’OA qu’il a cessé de défier ses contemporains pour monter des exhibitions avec Sampras et se mettre à jouer pour l’histoire et non contre ses adversaires.

      Péché d’orgueil, auquel tous les commentateurs de tennis et forumistes ont contribué, en faisant de Federer un Invincible défiaant l’histoire. Il s’est laissé entraîné, a failli rester au bord de l’exploit à 13 GC…et il a eu de nouveau sa chance à RG au moment où plus beaucoup de n’attendaient, même sa victoire contre Nadal à Madrid était encourageante.

      COomme toi Elmar, je crois que cette bataille contre l’histoire était inévitable, quand tous les jours, on te parle du record de Sampras, on te dit que tu es invincible, il y a de quoi péter un cable…

      Je regrette un peu, comme toi, de voir Anna Wintour et Gwen Stafani dans sa loge, ça fait très People et plus trop le bon gars sympa…

  9. Jérôme 13 avril 2010 at 23:15

    Ben là, j’essaie de fractionner le message, et j’obtiens un message de « détection de doublon » alors que précisément, ce de message que j’essaie désespérément de poster depuis 3 heures n’est pas visible sur la page.

  10. Jérôme 13 avril 2010 at 23:21

    Je suis bien évidemment d’accord avec le dernier comm de Karim sur l’importance de l’image. C’est bien le sujet de cet article.

    Néanmoins, par rapport aux précédents échanges de la soirée, je ne suis pas d’accord sur le prétendu manque de charisme des joueurs actuels. Les gentils sympathiques, les sales cons, les fades et les bien élevés, il y en a eu à toutes les époques du tennis open. Quant au politiquement correct, il est à situer dans chaque contexte. Que Connors et Mac Enroe, sans oublier Nastase et autres joyeux drilles aient été politiquement incorrects parce qu’ils étaient d’abord des enfants de la libération des moeurs dans les années 70, c’est certes incontestable. Mais c’est d’abord le produit d’une époque.

    Aujourd’hui, il n’y a rien de plus conformiste que de faire de la provoc, de monter sur la table pour gueuler ou pour montrer son cul, d’insulter les autres. Je ne mesure plus, depuis belle lurette, l’épaisseur d’une personnalité à sa capacité à foutre la merde sur un plateau de télé ou sur un court de tennis. Le dernier politiquement incorrect que j’ai vu, c’est Hewitt le raciste.

    Et, même avec l’explication générationnelle, Connors comme Mac Enroe se comportaient trop souvent comme des ordures sur le court de tennis, totalement irrespectueux de l’adversaire comme du public qui en a fait des millionnaires. Etre superbrat dans les années 70 ou au début des années 80 passait déjà difficilement. Aujourd’hui j’espère bien qu’on disqualifierait les joueurs ayant de tels comportements.

    Il ne faut pas imaginer que quelque sportif ou artiste que ce soit puisse avoir aujourd’hui un impact sur la société civile comme Borg ou Mac Enroe pour la raison susmentionnée : l’Histoire ne repasse pas les plats. Ca y est : la révolution libertarienne et individualiste a eu lieu. Elle a précisément touché le tennis fin années 70/début années 80. Maintenant qu’elle a eu lieu, par définition, elle ne peut pas se reproduire. Plus personne ne peut avoir l’influence que les vedettes de l’âge d’or du cinéma, de la 1ère génération du Rock (mi fifties à mi seventies), ou des 1ères années du tennis planétaire (1978/1985) ont pu avoir.

    J’ai donc du mal à suivre Jean quand il affirme que Federer ne serait pas responsable de son style. C’est le piège de l’apparence de facilité que donne le suisse. Ce type bosse comme un malade. Et il a eu pour partie la chance, pour partie l’intelligence, bien entouré et bien coaché dans ses jeunes années, d’être patient et de construire sa montée en puissance dans la durée. Chacun fait ses choix, ni plus ni moins l’un que les autres.

    Comme d’autres, la vie privée de Federer m’est foncièrement égale. Seul m’intéresse son possible impact sur son tennis ainsi que de porter un regard amusé sur les images symboliques qu’elle renvoie.

    Dans le phénomène Mister Perfect, il y a aussi quelque chose qui n’est pas délibéré. Mirka. C’est à peu près le seul joueur de tennis qui ne soit pas maqué avec une bombe susceptible de figurer sur une pub de lingerie féminine. En foot, il y avait bien Papin puis Ribéry qui étaient/sont carrément avec des tromblons, mais c’est à peu près tout, et le foot ce n’est pas la même origine sociale que le tennis. Eh bien, parce qu’il est avec Mirka, Federer est éminemment sympathique et devient dans l’esprit collectif beaucoup plus accessible que tous les autres cadors. Eh oui, comme nous, hommes anonymes, il n’est pas avec un mannequin irréel. Et pour les femmes, eh bien pas besoin d’être ledit mannequin pour se dire qu’avec une carte de membre du club de tennis de Bâle ou de je ne sais plus où, elles auraient tout aussi bien que Mirka pu « lever » et garder le super champion suisse.

    Autre aspect qui cette fois n’est pas fortuit : contrairement à d’autres, le suisse s’adresse à un public d’adultes et pas spécifiquement d’ados. Ce n’est que lorsqu’il était un ado anonyme il ne se soit pas offert les petits plaisirs d’ado façon décoloriage de cheveux. Mais contrairement à Agassi ou à Nadal, pas de tenue bariolée. Choix marketing.

    Quant à certains de ses propos, je ne pense pas qu’on puisse les qualifier d’arrogance tant l’évidence s’impose : dans l’attitude contraire, on lui reprocherait son hypocrisie. L’essentiel dans la genèse du phénomène, ce sont (ce point fait d’ailleurs consensus parmi nous) les résultats. Un mec qui aurait ce comportement sans ce palmarès serait l’objet de critiques et de moqueries justifiées

    Au sujet de Sampras, qu’il soit un des plus grands joueurs de l’histoire du tennis est incontestable. Il est encore plus nettement l’un des très rares prétendants (à mon avis ils sont 5 en tout avec Tilden, Gonzalez, Laver et Federer) au titre de plus grand joueur de l’histoire sur surfaces rapides. Mais Karim, tu tombes dans la caricature quand tu nous sors l’argument syllogistique selon lequel « les grands joueurs gagnent des tournois du GC, or d’autres joueurs ont gagné des tournois du GC à l’époque de Sampras, donc Sampras avait une concurrence plus rude que Federer. »

    D’abord sur terre battue, l’argumentaire des crocodiles des années 90 et du début des années 2000 est totalement inopérant. Pour une raison aveuglante, à savoir que Sampras a le plus souvent été sorti de Roland Garros avant même d’atteindre la 2ème semaine et de devoir affronter lesdits ténors de la terre battue. En 13 participations, Sampras a fait 3 quarts de finale (battu par Agassi, Courier et Bruguera) et une demi-finale (battu par Kafelnikov). Et les 9 autres fois, il a fait 3 défaites au 1er tour, 5 défaites au 2ème tour et 1 défaite au 3ème tour. Il n’a ni su ni voulu se donner le jeu pour avoir des chances sérieuses à Roland Garros.

    Aujourd’hui, Nadal est sur TB un phénomène dominant qui se compare au seul Bjorn Borg. Avec ou sans Bruguera, Courier, Muster, Kuerten, Moya et compagnie, il est très probable que Sampras n’aurait jamais gagné Roland Garros. Sans Nadal, Federer en aurait remporté en tout 4 ou 5.

    Quant aux surfaces rapides et à la concurrence, pareil, faut pas non plus enjoliver. Agassi a eu de longues périodes d’absence : de fin 1992 à mi 1994, puis de 1996 à 1998.

    Conclusion évidente : non, si Federer gagne avec une telle impression de facilité, c’est tout simplement parce qu’il s’est montré capable de voler plus haut, plus longtemps et plus souvent que Sampras, grâce notamment à une palette technique plus polyvalente et plus complète que l’américain. Là où en revanche il y a un très solide argumentaire en faveur de Sampras, c’est sur le gazon wimbledonien où la concurrence a été effectivement beaucoup plus forte qu’aujourd’hui : Edberg, Becker, Ivanisevic, Rafter, Krajicek, Agassi, là oui c’était du très très lourd.

  11. Jérôme 13 avril 2010 at 23:22

    Je suis bien évidemment d’accord avec le dernier comm de Karim sur l’importance de l’image. C’est bien le sujet de cet article.

    Néanmoins, par rapport aux précédents échanges de la soirée, je ne suis pas d’accord sur le prétendu manque de charisme des joueurs actuels. Les gentils sympathiques, les sales cons, les fades et les bien élevés, il y en a eu à toutes les époques du tennis open. Quant au politiquement correct, il est à situer dans chaque contexte. Que Connors et Mac Enroe, sans oublier Nastase et autres joyeux drilles aient été politiquement incorrects parce qu’ils étaient d’abord des enfants de la libération des moeurs dans les années 70, c’est certes incontestable. Mais c’est d’abord le produit d’une époque.

  12. Jérôme 13 avril 2010 at 23:28

    La suite refuse de passer. j’abandonne. A bientôt.

    Tiens, une tentative de passage fractionné. Karim, prends ça sur Sampras. ;-)

    Sampras, qu’il soit un des plus grands joueurs de l’histoire du tennis est incontestable. Il est encore plus nettement l’un des très rares prétendants (à mon avis ils sont 5 en tout avec Tilden, Gonzalez, Laver et Federer) au titre de plus grand joueur de l’histoire sur surfaces rapides. Mais Karim, tu tombes dans la caricature quand tu nous sors l’argument syllogistique selon lequel « les grands joueurs gagnent des tournois du GC, or d’autres joueurs ont gagné des tournois du GC à l’époque de Sampras, donc Sampras avait une concurrence plus rude que Federer. »

    D’abord sur terre battue, l’argumentaire des crocodiles des années 90 et du début des années 2000 est totalement inopérant. Pour une raison aveuglante, à savoir que Sampras a le plus souvent été sorti de Roland Garros avant même d’atteindre la 2ème semaine et de devoir affronter lesdits ténors de la terre battue. En 13 participations, Sampras a fait 3 quarts de finale (battu par Agassi, Courier et Bruguera) et une demi-finale (battu par Kafelnikov). Et les 9 autres fois, il a fait 3 défaites au 1er tour, 5 défaites au 2ème tour et 1 défaite au 3ème tour. Il n’a ni su ni voulu se donner le jeu pour avoir des chances sérieuses à Roland Garros.

    Aujourd’hui, Nadal est sur TB un phénomène dominant qui se compare au seul Bjorn Borg. Avec ou sans Bruguera, Courier, Muster, Kuerten, Moya et compagnie, il est très probable que Sampras n’aurait jamais gagné Roland Garros. Sans Nadal, Federer en aurait remporté en tout 4 ou 5.

    Quant aux surfaces rapides et à la concurrence, pareil, faut pas non plus enjoliver. Agassi a eu de longues périodes d’absence : de fin 1992 à mi 1994, puis de 1996 à 1998.

    Conclusion évidente : non, si Federer gagne avec une telle impression de facilité, c’est tout simplement parce qu’il s’est montré capable de voler plus haut, plus longtemps et plus souvent que Sampras, grâce notamment à une palette technique plus polyvalente et plus complète que l’américain. Là où en revanche il y a un très solide argumentaire en faveur de Sampras, c’est sur le gazon wimbledonien où la concurrence a été effectivement beaucoup plus forte qu’aujourd’hui : Edberg, Becker, Ivanisevic, Rafter, Krajicek, Agassi, là oui c’était du très très lourd.

    Gros poutous à toutes et tous.

    • karim 13 avril 2010 at 23:39

      on ne frappe pas un homme au sol, ou un posteur qui ne peut pas poster mais…

      d’abord je n’ai jamais écrit ou prétendu ça

      « les grands joueurs gagnent des tournois du GC, or d’autres joueurs ont gagné des tournois du GC à l’époque de Sampras, donc Sampras avait une concurrence plus rude que Federer. »

      c’est plus complexe et subtil que ça. C’est vrai que Fed est victime d’avoir vidé le palmarès de ses contemporains et doit vivre avec les conséquences, mais pour avoir vécu assez intensément les deux périodes et même avec ma subjectivité, il me semble que ces gars qui ont remporté des GC sous Sampras ne les ont pas volés, c’étaient de vrais et beaux champions.

      Les ténors de la TB que je cite ne sont pas ceux qui ont empêché Sampras de gagner RG, il n’a pas eu à les rencontrer. Ce sont des gars qui ont trusté les titres sur ocre et qui ont rarement brillé ailleurs, ou beaucoup moins. Je veux juste dire qu’il y avait de vrais spécialistes incontournables et qu’espérer les taper chacun chez eux était illusoire. Même Agassi qui réussit le grand écart – et on ne le souligne jamais assez – est passé miraculeusement avant le déluge sur Wimbledon, il a commencé par le plus dur et le plus extraodinnairement improbable.

      La concurrence que tu reconnais à Sampras sur gazon n’est pas plus valeureuse que sur TB, ceux que tu cites n’y étaient pas meilleurs que ceux que je cite sur TB. C’est là toute la difficulté à concilier les deux alors. Il n’a même pas pu s’approcher des terriens pour espérer leur y faire de l’ombre!!

      • Jérôme 14 avril 2010 at 00:36

        Les vainqueurs de GC dans les années 90 étaient incontestablement de greands champions. Là où je trouve que Roland Garros a souffert, c’est essentiellement entre 2002 et 2004 où la coupure entre surfaces rapides et terre battue n’a jamais été aussi marquée.

        Mais les autres joueurs que Fed dans les années 2000 n’étaient pour moi pas inférieurs à ceux des années 90 par rapport à Sampras, loin de là. La différence est que Federer a davantage su les étouffer et les empêcher de gagner. 22 finales dont 16 titres du GC en 6 ans et demi (sans même parler des 23 demi-finales consécutives). Même si on prend le point de départ le plus favorable pour Pete, soit juillet 1993, ça donne en 6 ans et demi un total de 12 finales (dont aucune à Roland Garros) dont 11 titres. C’est bien sûr énorme, cet exploit de Pete, mais ça n’est pas tout à fait la même intensité. C’est vrai qu’il a pu y avoir le facteur santé, mais pour avoir suivi Pete, il était certes plus explosif, notamment du fait de conditions de jeu plus rapides. Mais je n’ai pas souvenir d’une telle impression de facilité, et ce dès 1996 : on s’attendait à le voir tout rafler pendant la période de 2 ans où Agassi a plongé, où les vieux avaient sombré et une nouvelle génération pas encore émergé. Mais ça n’a pas été le cas.

        En disant cela, je n’entends pas diminuer les immenses mérites de Sampras. Je ne fais que me livrer à un exercice peut-être boiteux de comparaison froide.

        La différence fondamentale entre tennis et sports mécaniques comme la F1, c’est qu’on ne peut pas invoquer le biais des différences de matos. Le tennis est par essence un sport nettement plus égalitaire que la F1. En F1, je suis de ceux qui penseront à jamais que Senna, comme peut-être Clarke que je n’ai pas vu courir, était foncièrement un chouia supérieur à Prost et à Schumacher.

        Là le style, l’image et le palmarès conduisent à une même conclusion. Pour moi, le débat se joue entre les générations plus qu’à 10 ans prêt et est sans réponse à cause des écarts. Quid si Tilden, Gonzalez, Laver avaient eu en leur temps un circuit open où les meilleurs pros auraient bénéficié de l’accès à des tournois du GC considérés comme aussi importants hier qu’aujourd’hui.

      • Jean 14 avril 2010 at 01:03

        C’est la conception même du circuit, dualiste, qui a explosé dans les 2000’s et je ne pense pas que l’on puisse nier que les évolutions techniques ou choix de politiques comme l’historique ralentissement du gazon, les changements de cordages soient étrangers à cette tendance à l’uniformisation.

        L’obligation de se rendre aux MS peut aussi avoir un impact dans une évolution vers un jeu plus global.

        Gerulaitis ou Pecci avaient été finalistes avant Mac ou Edberg, pour moi c’est Borg qui en ne parvenant pas à réaliser le GC a tué le concept, si lui ne le faisait pas, personne ne le ferait, n’y songerait même et je pense que ce tabou de l’impossibilité du crossover n’est pas forcément étranger à l’échec mental de Mac en 84 (hypothèse, bien sûr).

        Je ne pense pas que Karim résonne en terme de valeur absolue des concurrents de RF et PS mais en terme de variété des situations auxquelles ils avaient et ont à faire face, et donc de diversité des réponses à apporter. Qu’il n’y ait plus un seul spécialiste du gazon hors Federer est logique (Wimbledon se trouve quand même dans une situation très paradoxale de tournoi le plus estimé mais complètement isolé du reste du circuit), mais on peine aujourd’hui à en trouver un de terre, à part Nadal.

        Que les deux seuls types à peu près qualifiables de spécialistes sur ces surfaces soient ceux qui trustent le palmarès depuis tant d’années me pousse d’ailleurs à penser qu’un Djokovic fait peut-être une erreur en cherchant avant tout la polyvalence alors qu’avoir une base géographique semble assez structurant, mais il y aura bien de toute façon un moment où ces deux dinosaures disparaîtrons.

        Mais on a clairement tout un pan du circuit qui avait laissé tomber le jeu sur terre pour ne se concentrer que sur le reste, et inversement. A partir du moment où les qualités requises étaient si différentes pour gagner à RG et à Wim, il était difficile de se préparer à gagner les deux, difficile de ne pas amoindrir ses chances à Londres en passant trois mois à glisser et à faire des ronds. Lendl obsédé par Wim a d’ailleurs fait deux impasses sur RG, ce que faisait plus ou moins Mac en début de carrière.

        La finale de Wim 2002 est quand même symbolique de la brutalité de l’évolution.

  13. Jérôme 13 avril 2010 at 23:29

    Comme d’autres, la vie privée de Federer m’est foncièrement égale. Seul m’intéresse son possible impact sur son tennis ainsi que de porter un regard amusé sur les images symboliques qu’elle renvoie.

    Dans le phénomène Mister Perfect, il y a aussi quelque chose qui n’est pas délibéré. Mirka. C’est à peu près le seul joueur de tennis qui ne soit pas maqué avec une bombe susceptible de figurer sur une pub de lingerie féminine. En foot, il y avait bien Papin puis Ribéry qui étaient/sont carrément avec des tromblons, mais c’est à peu près tout, et le foot ce n’est pas la même origine sociale que le tennis. Eh bien, parce qu’il est avec Mirka, Federer est éminemment sympathique et devient dans l’esprit collectif beaucoup plus accessible que tous les autres cadors.

    Eh oui, comme nous, hommes anonymes, il n’est pas avec un mannequin irréel. Et pour les femmes, eh bien pas besoin d’être ledit mannequin pour se dire qu’avec une carte de membre du club de tennis de Bâle ou de je ne sais plus où, elles auraient tout aussi bien que Mirka pu « lever » et garder le super champion suisse.

  14. karim 13 avril 2010 at 23:30

    Petit interlude non métaphysique…

    Nicolas Almagro a joué dans un des Tintin mais je suis partagé. Il ressemble à un mix du petit Zorino dans le lac aux requins et du petit Indien du temple du soleil dont j’ai oublié le nom.

    fin

  15. Magten 13 avril 2010 at 23:34

    D’une certaine manière, l’image créée autour de Fed, le port du costume à Wimb… ça peut avoir une incidence sur plusieurs choses :

    - d’abord ça satisfait le délire mégalo du bonhomme, qui est traité comme un pacha, comme un type pas comme les autres, ce qui augmente encore sa confiance en lui.

    - ensuite ça alimente aux yeux de ses adversaires l’idée qu’il est supérieur, cet espèce de respect qui vient s’ajouter au fait qu’il a tout gagné et que son palmarès fait passer pour rachitique celui de joueurs comme Safin ou Becker…

  16. Alex 14 avril 2010 at 00:20

    La sirène (mi-femme mi-thon) que Roger nike c’est Mirka

  17. Rabelaisan 14 avril 2010 at 00:56

    Quelques remarques en vrac sur l’article et quelques posts qui ont suivi.

    Je ne vois globalement jamais l’intérêt de s’intéresser à tout le cirque qui entoure le sport et encore moins d’en faire la fondation pour bâtir une critique (déclarations, pubs du genre si t’as pas une rolex à 20 ans, t’es vraiment un Goat de merde, etc). On donne décidément beaucoup trop d’importance aux sportifs. Aucun sportif n’a changé la société, ils peuvent en être l’expression comme n’importe quel gamin dans le métro avec un ipod ou à l’opposé un sweat vantant les logiciels libres, mais ils n’ont aucun effet réel sur la société. Je ne comprends pas vraiment pas quel rôle on veut faire soi-disant jouer à Borg ou Mc Enroe en ce sens.

    Plus généralement, tout ce qui est censé relever de « l’exploit historique » dans le sport me gonfle, il n’y a rien d’historique dans le fait de gagner une coupe du monde, ou 20 GC, juste de l’anecdotique.

    Federer n’incarne rien, Dieu ou veau d’or, le gendre idéal est aussi inexistant que le bad boy.

    Ce qui me gêne le plus, c’est de faire une critique du joueur à partir de sa personnalité qu’elle soit vraie ou pure construction médiatique, c’est pour moi aussi absurde que de critiquer Céline en disant qu’il était antisémite, Verlaine parce qu’il battait sa mère ou Jean Genet parce qu’il taillait des pipes dans les recoins sombres des impasses portuaires. Que Roger soit la nouvelle mère Denis, la belle affaire, seul compte ce qu’il donne sur le court.

    D’ailleurs je m’étonne du paradoxe consistant à trouver la comm de Federer totalement sous contrôle et de relever en même temps qu’il suinte l’arrogance et l’ego surdimensionné.

    Idem lorsqu’il a pu être dit qu’il était un « gestionnaire » (rapproché en cela de Schumacher). Je ne comprends pas dans quel sens est pris ce mot. Comment peut-on « gérer » une victoire en tournoi. En quoi un type qui a essayé de gagner tous les tournois auxquels il a participé pendant 3-4 ans et y est presque parvenu (TB exceptée) peut-il être un gestionnaire, surtout avec un jeu tourné vers l’attaque et la recherche du point gagnant (même si c’est un peu moins vrai maintenant, c’est tout de même de cette manière là qu’il bat Murray en finale de l’OA)?

    Pour finir, j’ai un peu l’impression que le Yo’ et ses troupes risquent de finir comme les farcs, depuis 50 ans dans la jungle sans savoir ce qui les a initialement amenés là.

    • Jean 14 avril 2010 at 01:24

      Beaucoup de sportifs ont changé la société, et chacun est bien sûr produit et producteur, observateur et acteur, de son époque. Borg ou McEnroe, ou Noah en France, l’ont un peu changé dans le sens où pleins de gens se sont mis à jouer au tennis grâce à eux, beaucoup moins à mon avis grâce à Hewitt, ils ont un impact réel dans le mouvement de démocratisation, après à savoir si le mouvement se serait produit quand même sans eux…

      Des Ali, Tommie Smith ou Zatopek ont eu un impact concret sur l’évolution des consciences, une place dans l’histoire, même sans y voir aucun symbole. A quel point, c’est difficile à définir, les artistes changent-ils la société profondément ?

      Des pionniers comme Bikila, Yifter ou Keino ont ouvert une voie très concrète sous la forme d’un débouché économique à la moitié d’un continent africain un peu handicapé dans des formes de sports nécessitant une plus grosse « intendance » comme le football ou le tennis, bien sûr cela ne nous concerne pas mais un type comme Gebreselassié bénéficie d’une influence économique et politique considérable en Ethiopie.

      • Rabelaisan 14 avril 2010 at 01:53

        Entre mon « aucun » et ton « beaucoup », j’ai l’impression que la vérité se situerait plutôt du côté d’une petite minorité.
        Sur les exemples concernant Borg et Mc Enroe, je reste peu convaincu, la promotion d’un sport ne me semblant pas un réel changement sociétal (plus de tennismen = peut-être moins de nageurs, de handballeurs donc un changement peu important)
        Sur Ali, Smith ou Zatopek, j’ai aussi un doute sur le poids réel de l’image médiatique. Disons que je donne plus d’importance à Angela Davis qu’à Tommie Smith (même si bien sûr l’image joue sur les consciences et prépare l’acceptation du changement plus qu’elle n’en crée le mouvement).
        Quant aux athlètes africains, tu as raison, je n’y avais pas pensé. Encore que là encore, l’influence globale est assez difficile à évaluer.

      • Rabelaisan 14 avril 2010 at 02:08

        Ma critique venait aussi de certains rêves médiatiques vite dissipés au contact de la réalité. Le rêve de la France black-blanc-beur après la coupe du monde de 98, qui ne change rien aux discriminations dans la réalité et rapidement oublié avec un Le Pen au 2nd tour en 2002.

      • Jean 14 avril 2010 at 02:36

        Oui, je ne répondais qu’au début de ton post avec lequel je suis en désaccord « argumentable », le reste est une question de vision, je n’ai pas à discuter que tu ne mettes pas de symbolisme dans les sportifs en général.

        Hormis comme tu le dis quelques exceptions notables. C’est un vaste sujet, il semble quand même que le public ait un besoin de reconnaissance passant parfois à travers ses sportifs. La France BBB, il est vrai que les médias conceptualisent aujourd’hui un peu vite et que les buts de Zidane n’ont pas mis un Auvergnat à l’Elysée, mais il y a quelque chose, une représentation du corps ou d’autre chose qui passe par là, peut-être pour de mauvaises raisons liées parfois au nationalisme (ou pour des bonnes, je me répète mais des types comme Keino ont mis en branle un système économique énorme, viable et durable dans des pays qui n’attendent que ça), ou pour d’autres.

        Cela pourra te paraître étrange, mais je place Davis et Smith presque sur le même plan, où tout au moins je ne saurais distinguer une plus grande influence de l’un ou de l’autre dans ce mouvement global. Les athlètes américains de 68 faisaient parti du « Olympic project for human rights » chapoté par Harry Edwards, très proche des Blacks Panthers, et Smith avait déclaré qu’il ne représentait pas un pays le qualifiant de nègre mais le peuple noir. De petits actes bien sûr au regard de l’assassinat de Luther King cette année-là, mais qui peuvent également toucher des gens par cette porte d’entrée que représente le sport. Ceci dit, il est vrai que l’évènement de Mexico 68 a été magnifié et qu’à l’époque peu de gens en ont fait cas hors des USA, tous les athlètes des autres délégations étant concentrés sur leurs perfs. Mais le succès sportif ouvre parfois une voie médiatique vers un message lié au concret.

        L’influence des tennismen… Je me suis demandé si je me serais intéressé au tennis sans McEnroe et Noah et j’ai tendance à répondre par la négative. Cela peut sembler étrange mais la conception complètement marginale du jeu de McEnroe a eu un impact sur mon caisson de gamin, difficilement quantifiable mais réel, à l’image de certains artistes. Les choses avancent aussi par petits pas, sans un joueur de tennis particulier, on ne serait peut-être pas là à discuter à distance, ce qui est aussi un signe de l’évolution des choses.

  18. Jeanne 14 avril 2010 at 00:58

    Le veau d’Or et la femme mi-thon savent nous mettre en lévitation mais comment expliquer que Karim est une réécriture de Mirka ? Les voies de la biquette ultime sont pourtant impénétrables.

  19. Ulysse 14 avril 2010 at 01:57

    Quelques intervenants ici sont de purs joyaux. Ils se reconnaîtront (mais non pas toi ballot : lui, elle, elle, lui, elle, lui, lui et lui bien sur). J’apprécie. Y a d’la qualité sur 15-LT ma bonne dame !

    On ne communique plus sur le tennis mais sur la communication autour du tennis et la façon dont celui-ci est perçu. On a quitté le tennis pour le méta-tennis. A force, même moi j’en ai plein de dos d’entendre litanier sur l’impact sociétal de superbiquette l’ovin brillant de milles feux. A croire que la rébellion arme en sous-main les forces réactionnaires pour mieux marketter la cause. Trahison ! 5 posts brillants de plus et je brûle ma carte du parti pour fonder mon courant : la rébellion canal véritable.
    Et si on parlait du match de l’autre natif de l’autre pays du fromage, celui qui joue juste au tennis, c’est son métier quoi ? Pas veau d’or pour deux sous mais plutôt Vaudois ?

  20. Rabelaisan 14 avril 2010 at 02:11

    Une dernière chose sur la tendance à expliquer les défaites de Federer en ne restant focalisé que sur lui. Le phénomène n’est pas propre à lui. Quand Nadal perd contre Ljubi ou Djoko contre Rochus, l’envie première est bien entendu de voir ce qui n’a pas été chez le joueur normalement plus fort, rien qui mérite de créer un mouvement séparatiste et de lancer des avions kamikazes sur le central de RG.

  21. Lionel 14 avril 2010 at 04:57

    Suite à Ulysse, je propose de rebaptiser le site méta-tennis.

    Vive le temps où l’on allait chez le marchand en début de mois acheter son Tennis Magazine, et ou l’on s’émerveillait sur les résultats COMPLETS du tournoi de Casablanca. Ou quelque Prpic battait par surprise un Jay Berger.

    Aujourd’hui, même un abidjanais peut pérorer à loisir, sur tout, et sur rien surtout. Rien donc, le méta-tennis. Faut dire qu’avec 12 matchs en 4 mois et demi – dont 2 défaites à la Gasquet je le rappelle -, il nous laisse du temps l’innomable.
    Difficile de rester en focus sur Gasquet, Serra ou Murray. On en arrive à disserter sur l’impact du costume de Fed après sa victoire à Wimbledon…

    Je viens de penser à un nouveau sujet. Au début des 90′, souvenez-vous Roger était le nom le plus beauf qui existe – cf Roger Cageot de la Manu Negra – , et Richar peu usité, mais la classe.
    Qui aujourd’hui de raisonnablement cérébré refuserait de nommer son rejeton Roger, ou Roger le petit, en lieu et place de Richard?

    Longue vie à la feignasse Roger!

  22. MONTAGNE 14 avril 2010 at 08:23

    Vous ayant perdu de vue (comme Pradel), depuis longtemps, je vous retrouve à la fois avec plaisir, mais aussi avec un certain vertige à vous lire, articles et comm. Roger et les autres joueurs de balle jaune, méritent-t-ils ces thèses de sociologie appliquées ?

    • Ulysse 14 avril 2010 at 16:36

      Ça alors ! Bienvenue à toi Montagne ! Plus on est de fous plus on délire. T’étais pas le dernier ,e souviens-je…

      Ça doit faire drôle de découvrir 15-Love à la veille de son premier anniversaire. T’as une sacrée lecture en retard !

  23. Henri 14 avril 2010 at 08:37

    Juste une remarque pour répondre à Jérôme, il faut relativiser un peu les parcours de Pete Sampras en GC par rapport à ceux de Federer car la plupart avait lieu à l’époque des 16 têtes de série.

    D’où en 2000 Pete rencontre Philipoussis (numéro 25) au 1er tour de RG, en 97, Francisco Clavet au 2e tour (31). A Wimbledon en 96, il rencontre Richey Reneberg (numéro 21 à l’ATP), et surtout SERGI BRUGUERA au 2e tour à Roland Garros (numéro 23)…

    Il y a sûrement d’autres exemples mais je n’ai pas que ça à faire que de chercher sur internet.Ce genre de confrontations serait impossible aujourd’hui, ce qui rend d’ailleurs les premières semaines de GC imbuvables…

  24. karim 14 avril 2010 at 09:45

    C’était fort ce cocktail de champignons hallucinogènes et de LSD qui était offert gratuitement sur le site hier soir, mais la gueule de bois qui en résulte ce matin est aussi pénible que l’exercice était jouissif.

    Je reviens sur terre avec quelques observations du match Tsonga vs Almagro dont j’ai vu le second set hier soir.

    D’abord chapeau à Jo parce que battre un joueur qui globalement vous domine dans les échanges c’est la marque d’un gars qui a joué avec sa tête, en parfait stratège. Il s’est contenté de gagner les points importants, ou en tout cas de ne pas les perdre. Il était constamment dépassé et pris de vitesse par un Almagro qui frappe sur tout ce qui se présente et des deux côtés. Mais ça fait quand-même une victoire en deux sets pour le Manceau.

    Je ne sais plus qui écrivait hier qu’Almagro n’était pas un spécialiste de la TB, mais pour ce que j’en ai vu hier, je pense qu’il doit s’agir de la surface où son jeu s’exprime le mieux. Sa balle était plus lourde, plus vite, plus « giclante » et plus longue que celle de Jo. Son jeu, son cocktail entre lift et vitesse de balle sont proprement exceptionnels. Il est fait pour cette surface.

    Faire avancer la balle sur TB n’est pas donné à tout le monde, demandez donc à Becker (le vrai, l’Allemand). Almagro arrive à donner à la balle une vitesse sidérante, la manière dont il marchait sur Tsonga était vraiment impressionnante. Mais ça ne suffit pas, et balancer des winners à 40/00 c’est bien, mais si c’est pour faire des bâches à 15/40 c’est pas la peine. On parle de scandale pour Gasquet mais à mon avis Almagro est une plus grande énigme encore, parce que contrairement à Richard, lui a VRAIMENT un bras un or et de la foudre dans les mains. De plus il n’a aucune lacune technique (coup droit de Richie).

    En tout cas à mieux observer ce tableau, la victoire finale de Rafa en tongues me parait moins évidente. Victoire très probable, mais en mouillant un peu son polo.

    • Damien 14 avril 2010 at 11:10

      J’aime beaucoup le jeu d’Almagro, c’est propre et ça part fort des 2 cotés.
      Il y 2-3 ans je pensais qu’il viendrait s’incruster dans le top 10, mais il semble avoir du mal à passer un cap. Peut-être la branlée qu’il a pris en 2008 à RG contre son compatriote l’a traumatisé ?

  25. Kristian 14 avril 2010 at 09:45

    Tres bon texte. Je rejoins la rebellion.

    Un extrait de l’interview de Gasquet hier apres s’etre pris 6/2-6/0 : « Je me regale, c’est tout ce qui compte »

    Meme pas besoin que Capri nous fabrique des fausses interviews marrantes , il les fait tout seul..

    • Damien 14 avril 2010 at 10:21

      Après un 2/6-0/6 fallait la sortir celle-là !

    • Ulysse 14 avril 2010 at 16:47

      On pourrait penser que Gasquet a plus que des tendances masochiste. L’instinct du tueur inversé : il ne prend son pied que le cul tout rouge. Mais je crois qu’il est simplement content d’avoir perdu un match sans jamais avoir eu l’espoir de le gagner. C’est nominal : chacun à sa place et c’est meilleur pour le moral que de déboulonner alors qu’on avait le match en main.

      Je continue de parier sur lui à l’Odyssée parce je pense que sa place est dans le top 25, mais là je dois dire, il me met à l’épreuve.

  26. karim 14 avril 2010 at 09:53

    J’ai une question pour Rabelaisan: ne penses-tu pas que le tennis soit l’exact reflet de la décadence de la société occidentale qui s’étouffe dans le vomi de ses perversions engendrées par un développement technologico-commercial qui se fait au détriment de valeurs humaines propres à cimenter plutôt qu’à dégrader son socle constitutif et que le commerce équitable qui n’est qu’une vaste supercherie visant à raviver un sentiment et une conscience de la morale endormis et n’est en fait que le tie-break de la vie?

    Merci pour ta réponse argumentée en 500 lignes minimum :-) :-) ;-)

    • Rabelaisan 14 avril 2010 at 10:53

      Voilà ce que j’exige du tennisman : de se placer par-delà le bien et le mal, — de placer au-dessous de lui l’illusion du jugement moral. Cette exigence est le résultat d’un examen que j’ai formulé pour la première fois : je suis arrivé à la conclusion qu’il n’y a pas du tout de faits moraux. Le jugement moral a cela en commun avec le jugement religieux de croire à des réalités qui n’en sont pas. La morale n’est qu’une interprétation de certains phénomènes, mais une fausse interprétation. Le jugement moral appartient, tout comme le jugement religieux, à un degré de l’ignorance, où la notion de la réalité, la distinction entre le réel et l’imaginaire n’existent même pas encore.
      Comment ça, c’est du copier-coller de philosophe teuton mal digéré?
      J’aime bien l’expression « le tie-break de la vie », parfois je me dis que l’homme au moment de sa mort ne voit pas sa vie défiler mais que le cerveau se fige sur le coup droit de Gasquet mélangé à la dernière parole qui traverse l’esprit d’Almagro sur chaque balle de break : « Tue le pigeon! » :twisted:
      Hors-sujet mais est-ce qu’un texte avait été pondu sur Pioline ou Kucera sur la défunte vox?

    • Chewbacca 14 avril 2010 at 11:01

      Tout dépend de la conjectures wahhabismo-trotskyste du moment et des fluctuations boursières convergent vers une guerre préventive contre l’élaboration crapuleuse d’un bulle spéculative a hauteur de 19,6 %par tranche de 1$ sur 10000Milliards ( taux adopté par l’OMC et le FMI).Le ciment prompt permet l’élévation structurel des murs porteurs défendant les principes éclairés de la civilisation occidental.

      Philosophiquement parlant le plâtre ne possédant pas les mêmes caractéristiques malgré l’adjonction d’ adjuvant chimique est trop perméable et les fissures occasionnés par les faiblesses de sa composition permettent les évasions fiscales vers la Suisse.

    • karim 14 avril 2010 at 11:10

      Excellent tous les deux, MDR. Je vois que certains boivent abondamment de bon matin (il est 09:00 ici).

  27. Rabelaisan 14 avril 2010 at 11:01

    Gulbis a l’air de jouer en mode suicidé de la société, 0/5 contre Wawrinka en 15 min. 33% de 1ères balles.

    • karim 14 avril 2010 at 11:10

      En même temps si Gulbis fait pas ça on ne sait plus où on va!

  28. karim 14 avril 2010 at 11:12

    J’ai une dernière question pour Rabelaisan et Chewie qui ont l’esprit plein de jus ce matin:

    Est-ce que?

  29. fieldog 14 avril 2010 at 11:21

    Pfffiouuu,ben dis donc. Tout ça, tout ça!
    Ce qui me fait quand même sourire à la lecture de tous ces posts, c’est que sans Roger, on s’emmerderait sévère!

    Enfin Gulbis est entrain de nous montrer que tout ça c’est de la masturbation intellectuelle et que le tennis est beaucoup plus « terre-à-terre »… :lol:

    • Chewbacca 14 avril 2010 at 11:28

      6/3 et1/0 service à suivre pour Ferrero ,je vous le dis il va nous claquer une grosse perf !Je regrette de ne pas l’avoir pris dans ma team pour la TB.

      Bon c’est vrai qu’en face ce n’est que Becker.

  30. Guillaume 14 avril 2010 at 11:36

    Dites-moi, ça tartine grave, ici, mais ça agit peu. C’est ce que vous appelez une révolution ? Quoique la révolution en ballerines ça colle plutôt bien au sujet !

    Ma première observation, c’est que je me retrouve pas mal dans les propos de Marc ou Rabelais. L’interprétation parfois excessive, le désamour aussi marqué que ne l’était l’amour auparavant, la volonté de voir en Roger Federer plus qu’un sportif… C’est un sujet qui au final en dit infiniment plus sur nous que sur Federer himself.

    Je n’ai jamais trouvé Fed si différent des autres champions. C’est juste qu’il faut choisir la filiation. Schumi out pour ses coups fourrés de 94 et 97, ok. Loeb out pour sa discipline trop confidentielle, ok. Mais Fed en filiation d’un Merckx, pour moi oui. Par l’ampleur de la domination d’un cannibale jamais rassasié ; cette mainmise à la fois tout-terrain, toute l’année ; la peur qu’il finit à susciter par sa seule présence dans la liste des compétiteurs ; jusqu’à l’épine dans le pied venue droit d’Espagne, c’est le parallèle qui me saute le plus aux yeux, en fait.

    Pour ce qui est des supposés défauts du Suisse… L’orgueil ? Tu n’arrives pas à 16 GC sans orgueil. Le politiquement correct ? Tu n’es pas politiquement correct quand tu dis « Andy Murray ne fait que remettre la balle. Avec un jeu pareil, il n’est pas près de gagner un GC » ou « Djokovic a tout à prouver par rapport à Rafa et à moi ». La langue de bois ? Pareil qu’au-dessus. Surtout quand en plus les faits vous donnent raison (deux ans après que Fed ait sorti ces deux saillies, qui oserait encore les mettre en doute ?). Les larmes ? L’expression d’un émotif. Fed a chialé après Wimb 2003, a chialé après Wimb 2005, a chialé après l’OZ 2006, a chialé à l’OZ 2009 donc, a encore versé sa petite larme à RG 2009… On oublie trop vite la vraie personnalité du Suisse, que connaissent ceux qui l’ont suivi de 1999 à 2002 en gros. Cette évolution qui mène du petit blond peroxydé instable qui shootait ses raquettes en un modèle de joueur imperturbable et serein. Mais quand le tournoi se termine le dernier dimanche, par une victoire comme par une défaite, il est normal qu’il se relâche et que le naturel reprenne le dessus. Tous les vainqueurs connaissent ce changement d’état, qui est juste plus ou moins intériorisé. Je dirais même que l’on connaît tous ces changements d’état, cette décompression aussi immédiate que brutale suivant la fin d’une tâche qui nous tenait à coeur et qui a longtemps mobilisé notre attention. Les « perles lacrymales » chères à Mustapha sont une expression comme une autre de ce relâchement.

    Et puis bon, la grosse tête, l’insupportable… Pour quelqu’un de si imbuvable, il me paraît remarquablement équilibré avec son amie d’adolescence qu’il a épousé (en couple depuis ses 19 ans ! et tant pis s’il aurait pu prétendre à 1000 canons à la place de Mirka), sa famille toujours proche de lui, ses potes sur le circuit (parce qu’il en a pas mal, mine de rien)… Moi je trouve le mec, la personne, plutôt simple, au contraire. Sur un plan strictement personnel, il y avait la place pour devenir bien plus tête à claques qu’il ne l’est.

    Après, sur un plan médiatique, il est évident que Fed a créé un monstre. Dans tous les sens du terme. Mais c’est notre époque de Communication qui veut ça. A son échelle, celle de 6GC, Nadal en fait de même (ses 6 étoiles : 4 rouges, 1 verte et 1 bleue sur son sac de sport, ses tennis logotypées…), Djoko, à l’échelle de son seul titre en GC, l’a fait aussi (son staff qui porte des T-shirts à son effigie). C’est le jeu actuel qui veut ça et aucun sportif n’y échappe. Simplement ça passe parfois les bornes quand on s’appelle RF et qu’on explose les records de son sport : à palmarès unique, plan marketing unique (la jaquette « 15″, franchement horrible pour Roddick).

    Les records, justement. C’est un truc qui a été peu abordé dans l’article comme dans les coms (ou alors il se peut que j’ai lu trop vite. C’est même probable) mais il me semble que là réside surtout le malaise des amoureux déçus. Je m’explique : avant, chaque génération pouvait prétendre avoir vu évoluer le GOAT. Les plus vieux d’entre nous ? Laver, voire Nastase. Les quadras ? Borg, voire McEnroe (Lendl pour Kristian). Les trentenaires ? Sampras. Et à l’heure de débouler au comptoir pour y refaire le monde, chacun y allait de son débat impossible à trancher. Laver ? Un GC calendaire mais trop peu d’images et de témoignages de gens l’ayant vécu. Un côté un peu mythologique, quoi. Borg ? Les doublés RG-Wim, mais la malédiction NY. Mc ? Une année 84 stratosphérique, mais seulement 7 GC à l’arrivée, moins qu’Ivan Lendl. Lendl ? Une poigne de fer… sauf en finale de grands tournois. Sampras ? Le roi des surfaces rapides mais insipide sur terre battue. Bref 30, 40 ou 50 ans, tout le monde pouvait défendre son champion, celui qui a bercé ses jeunes années. Jeunes années qui comme on le sait sont toujours serties d’or dans les mémoires. Et tout le monde était bien content que la question soit impossible à trancher. Chacun préservait son patrimoine, en quelque sorte.

    Or voilà que Federer clôt petit à petit le débat. On lui a dit « tu dois gagner les 4 GC pour être intronisé GOAT » : il l’a fait. On a voulu qu’il gagne 15GC : le voilà à 16. Il devait aussi battre le record de semaines passées en tant que N°1 : ça devrait venir incessamment sous peu. Il devait surmonter un gros coup de barre en carrière pour tester sa capacité à réagir ? Il l’a fait en 2009, devenant le premier joueur à inverser le cours des choses face à la domination programmée d’un adversaire plus jeune. Que reste t-il alors pour entretenir le débat du GOAT, si cher aux forumeurs ? Se raccrocher à la branche « Nadal a battu plus souvent Fed que l’inverse. » Et puis creuser plus loin : « Il n’est pas modeste ». Et puis « Ce n’est pas un intellectuel ». Bref plus le joueur écrase l’Histoire de son sport, plus on tente de dénicher ailleurs le défaut dans la cuirasse. Histoire de préserver les autres héros, qui, je suis entièrement d’accord avec Karim, vivent très mal la « geste fédérienne ». On aura occasion d’en parler plus tard, mais je trouve d’ailleurs très symptomatique que Karim ressente le besoin de réhabiliter Pete Sampras via un article comparatif, alors qu’a priori quel besoin de « réhabiliter » un mec ayant gagné 14GC ? Elle est là, la marque légendaire du Suisse. Un gars qui, qu’on le veuille ou non, a mis les vieux à la retraite, asphyxié sa propre génération, et contrarie encore les plans de mecs plus jeunes de 5 ou 6 ans. Un type qui a tellement dominé son sport que la crainte est réelle parmi les amoureux du tennis qu’il fasse blêmir l’image des anciens. Mais alors, comment l’écorner ? Après avoir contribué à le déifier, comment pourrions-nous le ramener parmi les mortels ? Bref, c’est aussi la question de l’éternelle insatisfaction de l’Homme qui est posée…

    M’a donné faim, tout ça.

    • Chewbacca 14 avril 2010 at 11:47

      Je vous prie d’excuser mon vocabulaire, mais ça c’est un putain de comm de sa race!

    • fieldog 14 avril 2010 at 11:52

      J’allais dire la même chose (mais dans un langage plus chatié, voyons chewbie… :lol: ) . Je me retrouve totalement dans ton post Guillaume. Particulièrement le dernier paragraphe où tu essaies d’expliquer pourquoi et comment les « anciens » tentent d’écorgner l’homme, puisque le joueur lui est intouchable!
      Chapeau, on sait pourquoi t’es le big boss ici :mrgreen: (je peux avoir une augmentation maintenant chef… :lol: )

    • Le concombre masqué 14 avril 2010 at 11:56

      Et ben on peut fermer les comms maintenant.

    • karim 14 avril 2010 at 12:27

      Le com de guillaume et certains autres d’ailleurs n’ont de valeur que si la thèse qui veut que l’article soit un brulot anti-fed est accréditée. Or il n’en est rien. Certains posteurs ont d’ailleurs exprimé une petite déception parce que l’article de la guérilla n’était pas une charge contre le Mister Perfect du tennis mondial. Un peu comme l’article sur Monfils n’avait pas été assez lapidaire à ceux qui s’attendaient à un défouloir.

      Je n’ai jamais écrit que j’abhorrais désormais le suisse et rêvait de le voir brûler en enfer. Je n’avais pas pour but de montrer les insuffisances de l’homme ou de son tennis. Du point de vue du tennis d’ailleurs, j’aurais été bien bête d’essayer de casser avec un pic à glace la muraille de Chine de ses exploits.

      J’explique sur un plan personnel pourquoi/comment je suis arrivé à ne plus ressentir le même engouement pour lui. Je précise aux défenseurs de la théorie du désamour que même au plus haut de sa domination et de l’admiration que j’ai pour lui, jamais il ne s’est rapproché de Sampras. Choix purement personnel et affectif que je n’entends même pas justifier/expliquer.

      Ce que j’essaye d’expliquer c’est le processus qui a conduit à faire d’un simple joueur de tennis si bon soit-il une sorte de super produit remarquablement bien ficelé. La part de marketing et de com m’a semblé de plus en plus prenante, au fur et à mesure que sa légende se construisait, et que je ne me retrouvais plus dans le mix. Sampras a réalisé des exploits aussi remarquables en leur temps, sans orchestrer, entretenir ou simplement être complice du ramdam qu’il y a autour.

      Chacun voit dedans ce qu’il veut, mais je crois que quand tu écris « C’est un sujet qui au final en dit infiniment plus sur nous que sur Federer himself » c’est d’autant plus vrai que tu décèles chez moi des choses que j’ignore moi-même et que je ne pense pas avoir montrées ou dites!

      Chacun a sa théorie sur Fed et sa domination, même ceux qui se réclament de purs amateurs du jeu et lassés par la branlette intellectuelle à laquelle on se livre actuellement.

      C’est vrai c’est un post magistral, mais qui ne répond pas à ce que j’ai voulu exprimer. Encore une fois entre le jeu de la guérilla qui ne vole pas plus haut que le concept de la Bastille et la réalité de ce que dit l’article, il y a un monde. Le combat de vouloir déboulonner l’idole serait vain et futile, comme ne pas reconnaître ses accomplissements. Mais il y a eu un avant Fed, il y aura un après et crime suprême, il y a même un pendant!

    • karim 14 avril 2010 at 12:34

      « Après avoir contribué à le déifier, comment pourrions-nous le ramener parmi les mortels ?  »

      Ce n’est d’ailleurs pas notre mission à nous. Rafa s’en est très bien chargé l’an dernier. Et d’autres continuent de le faire. Nous on ne fait que regarder et tirer des plans sur la comète, nous ne somme pas acteurs et ne nous investissons pas de missions que nous n’avons ni la force ni la compétence ni les moyens d’accomplir.

    • Djita 14 avril 2010 at 14:18

      Ton commentaire est incroyablement juste.
      Je comprends que cela t’as donné faim. :D

  31. Alex 14 avril 2010 at 12:04

    Le bien et le mal existent bien.Le mal c’est la nuisance non nécessaire infligée à autrui,le bien c’est aider son prochain de façon désintéressée.La morale se veut l’arbitre entre les deux notions.La frontière est parfois fragile et noir et blanc font souvent gris.

    Le sport se veut au-dessus de ces notions,le camp de A ne vaut pas plus moralement que le camp de B.La technique académique et esthétique de Roger ne vaut pas plus que le bourrinage musclé de Rafaël.Tout est affaire de subjectivité et de goût.La seule vérité émergeant à la fin étant le score et le palmarès.Il y a des meilleurs et des moins bons,et des préférés et des peu appréciés.

    Rafaël n’est pas archange,Roger n’est pas Dieu ni antéchrist,ce sont des joueurs de tennis et on a du mal avec leur vies privées si rangées et si lisses : rien à redire ou si peu,alors on s’invente des débats métaphysiques -par ailleurs très intéressants et brillamment menés- sur le sens de la venue du messie du tennis,son impact sur la société et le décryptage de sa mission parmi nous pauvres mortels.

    Je ne suis pas sûr que ces considérations passionnent grand monde à part quelque puissances intellectuelles de par ici remarquables -Je pense à Jean et Karim- qui semblent lancés tous deux sur les traces de Deleuze et de la bible,et mènent un débat par articles interposés sur la quête d’un par delà le sport,la vérité sociologique qu’incarnent des champions d’un sport donné.
    Les gens voient du tennis,des jolis coups,un mental impressionnant,une volonté de fer,une carrière rondement menée,un charisme qui passe par le physique et la tenue aussi…mais la vie privée est déjà une sphère autre : celle des Gala et Voici,ces flatteurs des bas instincts -qui nous animent tous à un moment ou un autre- et là,il n’y a rien à dire…et pire,les champions modernes sont des modèles de fairplay et de langues de bois,pas d’avertissement pour mauvaises conduites,pas un mot plus haut que l’autre,alors que l’on reproche-t-on ? Trop peu d’aspérités ? Que veut-on mettre dans leurs intentions autre que celle de gagner et de marquer l’histoire de leur sport ? N’est-il pas humain de succomber devant les louanges et l’admiration de foules au narcissisme -qui n’est pas fier de susciter l’admiration même momentanée après avoir fait un bon mot ou une démonstration brillante ?

    Nos héros tennistiques,substituts des héros grecs anciens,puis des héros de comics et de manga -dans ma construction psychologique personnelle- en sont une matérialisation palpable,une idéalisation plus réalistes.Ils accomplissent les exploits dont j’aurais rêvé inconsciemment sûrement.Dans l’inconscient donc,peut-être que comme moi,les gens admirent,au delà du sportif,un homme héroisé,quelque part divinisé,un Héraclès demi-dieu.Federer cristallise cette représentation peut-être,consciemment pour des gens qui intelllectualisent beaucoup,comme nous,et sans le savoir pour des gens plus bas du front (je dis ça sans condescendance)

    Pour revenir à la notion manichéenne du sport,un intellectuel (son nom? il était barbu les cheveux blancs..) avait pondu un article très intéressant sur le mal que représentait le fait d’opposer les équipes entre elles,ou les joueurs en duel.Pour lui,le sport se devait de réunir et non confronter,c’était le mal que d’exacerber le dualisme entre les êtres,et il citait l’exemple d’un pays africain je crois qui échangeait ses joueurs en cours de match de foot entre les deux équipes ! Jouer ensemble et non contre ! On peut contre argumenter que la dualité existe quand même et que le sport est un bon exutoire à la guerre,qu’il y a des règles qui régissent le sport et civilise les combattants et que la partie finie la haine de l’autre cesse et la poignée de mains se veut franche..

    Ouf..j’arrête là,voilà un peu de matière pour relancer un débat dans d’autres directions j’espère.(comme une balle de tennis que l’on saisit au vol et à laquelle on imprime un effet inédit en coupant la trajectoire)

    • karim 14 avril 2010 at 12:39

      « Je ne suis pas sûr que ces considérations passionnent grand monde à part quelque puissances intellectuelles de par ici remarquables -Je pense à Jean et Karim- qui semblent lancés tous deux sur les traces de Deleuze et de la bible,et mènent un débat par articles interposés »

      Le pire c’est que tous les deux on continue hors antenne par mail interposés. Deux fous je vous dis, ne nous suivez pas.

    • karim 14 avril 2010 at 12:46

      « Je ne suis pas sûr que ces considérations passionnent grand monde »

      J’ai essayé de parler de tennis ce matin avec Almagro et tout, mais personne n’a réagi. Ils s’en foutent, c’est tous devenu des philosophes maintenant!!

      • Chewbacca 14 avril 2010 at 13:30

        J’ai moi même tenté une incursion avec Ferrero ,mais tout le monde s’en branle.

        • fieldog 14 avril 2010 at 14:15

          En même temps tout le mode a dû plus ou moins faire une indigestion de chocolat après Pâques alors Ferrero… (je suis parti…)

    • Damien 14 avril 2010 at 13:27

      « J’ai essayé de parler de tennis ce matin avec Almagro et tout, mais personne n’a réagi »
      Je proteste, j’étais là mon bon monsieur !

      • karim 14 avril 2010 at 13:40

        Oui je viens de voir ça. Mais ça n’a pas sauvé la journée tennistique malheureusement, on a échoué!!!

  32. Lionel 14 avril 2010 at 12:52

    Florent Serra jette sa raquette, Florent Serra s’invective. 4/0 15-40 en 16 minutes. Florent Serra veut venger Richard.
    Et 13 minutes plus tard, il revient 4 à 1, service à suivre. Après 28″.
    Vamos florent!

    • DIANA 14 avril 2010 at 13:01

      Si je devais transposer Serra dans le monde animal, ce serait un roquet :) hargneux, l’animal :mrgreen:

  33. Cochran 14 avril 2010 at 13:40

    C’est moi où Djoko a autant d’entrain sur le terrain que Chewbie devant un bain moussant ?

    • Chewbacca 14 avril 2010 at 13:52

      J’ai pas vu son matche ,ça va mieux son service depuis qu’il s’est séparé de Mason Capbwel?

      • Rabelaisan 14 avril 2010 at 14:21

        Pas vu le match, mais je parie qu’après Martin il va tenter d’autres influences pour améliorer son service: http://www.youtube.com/watch?v=mtg4Kc5qiec

        • hamtaro 14 avril 2010 at 15:55

          chew non son service est toujours aussi bon :mrgreen:
          s’il sert comme ça il ne passera pas stan enfin en principe…

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