John McEnroe, chronique d’un déclin

By  | 5 juillet 2024 | 161 Comments | Filed under: Histoire, Légendes

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Magnifique article d’Eurosport, signé Laurent Vergne. Le début de l’article dit absolument tout du personnage : « John McEnroe est un homme en colère [...] peut-être, tout simplement, est-il en colère parce qu’il est en colère. [...] Il n’y a rien à expliquer. C’est comme ça. Il est comme ça. McEnroe, symbole vivant de la colère. Le bougon, le râleur, le colérique, le nerveux, le « Superbrat ». »

La rage de la perfection

 

Dans l’un des documentaires sur McEnroe en Français que l’on peut voir sur Youtube (Le crépuscule des dieux, ou Duel de hautes volées consacré à la rivalité avec Jimbo) se niche une interview de Richard Evans, journaliste américain de renom ayant consacré une biographie à McEnroe. Evans rapporte un propos du Sale gosse, qui remonte probablement à cette époque-là, 1984, où il écrasait le circuit : « Je n’y prends pas de plaisir. Je voudrais pouvoir savourer davantage mon jeu, mais je ne ressens que de la pression, je n’en profite pas ».

Le titre du livre d’Evans, La rage de la perfection, qui remonte à 1984, est particulièrement bien trouvé. Il ne recherchait pas la victoire, il recherchait la perfection. Et quand un point sublime car parfaitement exécuté lui apportait cette perfection, il ne le savourait pas, il se mettait déjà la pression pour que le point suivant soit du même tonneau.

Cette rage, cette insatisfaction permanente, ont-t-elles été bénéfiques à sa carrière, ou au contraire l’ont-elles plombée ? Il est difficile de trancher. Je n’ai pas lu le livre de Richard Evans, mais il remonte de toute façon à 1984 et ne peut pas traiter de ce qui a immédiatement suivi. Cette étrange année 1985, où il rentre dans le rang, où il se fait moins rapide, et parfois moins impliqué, moins motivé. Où il gagne quand même 8 titres, mais où il perd dans toutes les grandes occasions.

Les Usual Suspects

 

Une chronique du déclin de John McEnroe pourrait se décomposer ainsi : d’abord la chute du piédestal ( ? – janvier 1986) qui s’achève, clairement, avec la défaite face à Brad Gilbert au Masters. Ensuite la traversée du désert (janvier 1986 – décembre 1988). L’été indien, enfin (janvier 1989 – décembre 1992), période coiffée de 3 demi-finales en Grand Chelem.

Cette chute du piédestal, il est bien difficile d’en dater le début. 7 dates semblent plausibles :

  • La défaite en finale de Roland Garros 1984 face à Lendl.
  • Le pétage de plombs de Stockholm en octobre 1984.
  • La défaite sans appel en Coupe Davis face à la Suède 6 semaines plus tard.
  • La défaite en quarts de finale au tournoi WCT de Dallas 1985 face à Nyström.
  • La défaite en demi-finale de Roland Garros 1985 face à Wilander.
  • La défaite en quarts à Wimbledon 1985 face à Curren.
  • La défaite en finale de l’US Open 1985 face à Lendl.

On éliminera d’emblée la finale de Roland Garros 1984. Elle a été suivie de deux démonstrations de force en Grand Chelem, absolument immaculées, à Wimbledon et à l’US Open.

Les deux dernières dates, Wimbledon et l’US Open 1985, ne font que confirmer une tendance à l’œuvre depuis des mois. Mac n’est plus aussi rapide qu’avant, c’est un constat, et la défaite londonienne contre Curren est assortie de l’étrange impression qu’il ne se sentait même pas concerné. Dans ce tableau d’ensemble, on notera toutefois deux victoires probantes à Stratton Mountain et à Montreal, les deux fois en battant Lendl en finale. Mais les promesses de cet été-là furent tempérées dès l’entrée en lice de Mac à Flushing Meadows : opposé au modeste Israélien Shlomo Glickstein, il frôle l’élimination, ne l’emportant qu’au tie-break du cinquième set. Une autre victoire en cinq sets, face à Wilander en demi-finale, scellera son sort : en finale face à Lendl, il ne tiendra qu’un seul set avant de craquer physiquement. Le tout devant un public new-yorkais acquis à la cause de ses adversaires. Passe encore pour Shlomo Glickstein, New York abritant la plus grande communauté juive au monde. Mais face à Lendl, le doute n’est plus permis : McEnroe n’était plus soutenu par son propre public.

La défaite à Roland Garros face à Wilander fait suite à deux autres défaites contre Lendl, l’une sur le har-tru de Forest Hills, l’autre sur une « vraie » terre battue, à la Coupe des nations de Düsseldorf. Pas de défaites infamantes, mais on ne peut que constater que Mac est loin d’être aussi aérien qu’un an plus tôt.

Faudrait-il donc remonter le hiatus à ses sautes d’humeur de la fin 1984 ? C’est tout aussi discutable. Début 1985, il repart pied au plancher, remportant sans sourciller le Masters – avec à la clé une victoire probante en finale contre Lendl –  puis ses quatre premiers tournois de la saison. Ce qui accrédite, à ce moment-là, l’idée que la déroute face à la Suède en Coupe Davis est le fruit des mésententes au sein du trio McEnroe/Connors/Ashe, et non d’une baisse de niveau ou de motivation de McEnroe.

Fibak émerge des brumes de l’hiver

 

Ne resterait donc que la défaite face à Nyström à Dallas. Défaite surprenante, car Mac semblait alors seul au monde. Surprenante aussi car Nyström n’était pas un adepte des surfaces rapides. Surprenante enfin, car la finale WCT de Dallas était un rendez-vous majeur pour l’Américain. Cette défaite semble néanmoins marquer une rupture dans la saison du new-yorkais, parce qu’elle va être suivie de beaucoup d’autres.

En y regardant de plus près, un autre match mérite qu’on s’y arrête. Il s’agit du premier tour du tournoi indoor de Houston, en février 1985. Finaliste du Masters 1976, Wojtek Fibak avait flirté avec le top ten au cours des années suivantes. Mais à ce moment-là, il émargeait au 77ème rang mondial, et à 32 ans il était clairement sur la pente descendante. C’est l’époque où il connut les jeunes loups Edberg et Becker, dont il fera de saisissants portraits dans les colonnes de Tennis Magazine à la fin des années 80. John McEnroe aura aussi droit à son portrait… et il y sera notamment question d’un obscur match à Houston début 1985, qui a tourné au vinaigre.

Affrontant un John McEnroe n°1 mondial au sommet de son art sur surface rapide, le Polonais n’avait a priori pas grand-chose à espérer de ce match. Mais après la perte du premier set, il se mit à jouer son meilleur tennis et offrit une vraie opposition au Superbrat. Ce dernier va alors franchir le 38ème Parallèle après la perte du deuxième set au tie-break. John passera tout le troisième set à insulter et à trainer dans la boue l’adversaire, sa mère, sa famille, son épouse, son pays. Et s’il s’en sort sur le fil 7/5 au troisième, il n’échappera pas à une petite explication dans le huis-clos du vestiaire. Il faudra un malabar (Zivojinovic je crois) pour les empêcher d’en venir aux mains. Telle est la version de Fibak, qui conclut son article en s’étonnant que les débordements du new-yorkais ce jour-là soient totalement passés en-dessous des radars. Rappelons que cette rencontre s’est disputée devant un corps arbitral loin d’être aussi professionnel qu’il ne le deviendra par la suite.

Nous n’avons pas les images de ce match, et rien pour confirmer les propos de Fibak. Le fameux « The question, Jerk ! » de Stockholm quelques mois plus tôt emporte tout, et là nous avons les images. Mais si ce récit était avéré, il y aurait de quoi se demander comment un Fibak, même en grande forme du haut de ses 32 ans, a pu contrarier à ce point McEnroe à ce moment-là, et surtout pourquoi ce dernier s’est comporté de manière aussi odieuse.

On pourra, du reste, s’interroger sur ce début de saison 1985, marqué de quatre victoires en tournois. De Philadelphie à Chicago, en passant par Houston et Milan, John McEnroe aligna certes les victoires, mais sans avoir à affronter de véritable poids lourd, Jimmy Connors devant renoncer en finale à Chicago en raison d’une blessure au dos.

Les fils se touchent

 

Cette pièce texano-polonaise s’ajoutant au dossier n’a pas nécessairement une grande importance, pas plus que le grand show de Stockholm face à Jarryd. Mais les deux événements participent à un tableau d’ensemble, dont fait également partie ce Wimbledon 1984 où le Sale gosse réussit à s’astreindre à un silence total pendant ses matchs, non sans prendre énormément sur lui.

En 1984, John n’a jamais été à ce point maître de son jeu, et il exerce sur le circuit ATP un joug ne souffrant aucune contestation. Il marche sur l’eau. Néanmoins, la cocotte-minute est sur le point d’exploser ; il n’est plus une levée du Grand Chelem où son comportement ne sera pas scruté à la loupe. A Wimbledon donc, mais aussi à l’US Open, une partie des officiels, des journalistes et du public n’attendent qu’une chose, non sans une certaine appétence malsaine : qu’il craque. Ce regard inquisiteur, il le sent peser sur lui chaque jour, sur chaque match, sur chaque point ; et ce regard vient s’ajouter à cette pression du match parfait que John se met lui-même.

Les fils ne pourront que finir par se toucher. A Stockholm tout d’abord, ce qui vaudra à Mac une suspension de 3 semaines et le privera de l’Open d’Australie. A Houston ensuite, face à Fibak. A Dallas enfin, face à Nyström, où la pression de rééditer sa saison précédente immaculée est plus forte que jamais. Le premier véritable coup de semonce vient bien à Dallas, mais la nervosité du bonhomme était déjà perceptible en amont.

Ainsi va se poursuivre sa saison 1985, au cours de laquelle il sera capable, sur des tournois mineurs, d’être le plus fort, y compris face à Lendl, mais où son meilleur tennis, sa concentration et sa forme physique ne seront jamais au rendez-vous en même temps. A-t-il entretenu sa condition physique pendant l’intersaison 1984-1985 ? Son parcours à Roland Garros 1985 souffre nettement de la comparaison avec celui de l’édition précédente. Où est-il pendant son quart de finale londonien face à Curren ? Manifestement pas sur le terrain, puisqu’il ne gagnera que 8 de ses 13 jeux de service ce jour-là. Le grand vainqueur du fameux « Super Saturday » de l’US Open 1984, par ailleurs demi-finaliste du double cette année-là, a-t-il travaillé sérieusement son endurance en vue de l’édition de l’année suivante où il n’a pas disputé le double ? Au vu de sa prestation face à Lendl en finale, on peut en douter.

L’ère de McEnroe est en train de prendre fin : en 1984, il a tout simplement créé un monstre trop grand pour son cerveau tourmenté.

L’enfant de la balle

 

On ne se hasardera pas à prendre pour argent comptant les propos de Mac tant ils ont pu être contradictoires, y compris a posteriori. A tous les micros complaisamment tendus pour le faire parler des raisons de son déclin, il évoque invariablement son mariage et sa paternité. Cette explication ne sera valable qu’en 1986, avec la naissance de son premier enfant (en mai) et son mariage (en août) avec l’actrice Tatum O’Neal.

Sans entrer dans une biographie détaillée de Tatum O’Neal, disons qu’elle est la fille de l’acteur Ryan O’Neal – inoubliable Barry Lyndon devant la caméra de Stanley Kubrick – et qu’elle a eu une enfance perturbée entre un père trop souvent retenu sur les plateaux de tournage (et apparemment violent) et une mère toxicomane. Son Oscar, obtenu à l’âge de 10 ans – un record de précocité – n’est que la surface émergée d’un iceberg particulièrement trouble, comme en témoigne son autobiographie A paper life. Amateur d’art, membre notoire de la jet-set new-yorkaise aux côtés de Vitas Gerulaitis, John McEnroe avait son rond de serviette dans les clubs new-yorkais accueillant les rock stars, et plus globalement fréquentait le même milieu que cette jeune actrice. Sauf qu’à la différence de Gerulaitis, capable de sortir une nuit entière et d’être ponctuel et impeccable au petit matin, McEnroe n’était pas une force de la nature. Et si l’on peut disculper Ivan Lendl de toute fréquentation de toxicomanes, on ne peut en dire autant de John McEnroe, ni exclure à 100% que son déclin soit lié à une consommation excessive de drogues. Car en 1985, au moment où ils officialisent leur couple, Tatum O’Neal est depuis plusieurs années une cocaïnomane.

Plus globalement, la simple appartenance de John McEnroe à la jet-set de la Grosse Pomme donne corps à l’hypothèse que son hygiène de vie n’était pas nécessairement adaptée aux contraintes d’une carrière sportive de haut niveau. N’ayant jamais eu d’entraineur, il n’a jamais pu s’appuyer quotidiennement sur un partenaire stable le ramenant inlassablement à sa carrière, à ses exigences et aux sacrifices qu’elle devait impliquer.

Une légende qui tousse

 

Quarante ans après les faits, l’aura de John McEnroe reste intacte. Dans la mémoire collective, il a certes conservé ses galons de joueur particulièrement colérique revenant invariablement quand il s’agit d’évoquer les plus gros caractères de l’histoire du tennis. Mais cette mémoire collective a également retenu, non sans raison, ses entrechats au filet, son toucher de balle absolument unique et sa faculté inouïe à mettre sans effort l’adversaire loin de la balle. Le génie qu’il a déployé raquette en main lui assure encore aujourd’hui un écrin molletonné de respect, celui d’une voie écoutée et faisant autorité quand on parle de tennis. On ne compte plus les reportages réhabilitant sa légende, son génie, productions d’autant plus hagiographiques qu’elles sont réalisées avec le concours de l’intéressé. Car oui, osons le dire, John McEnroe s’aime. Néanmoins, quelle que soit sa capacité d’oubli, volontaire ou non, de certaines zones d’ombre, le regard candide qu’il porte sur sa propre carrière – et largement véhiculé comme tel – souffre d’insuffisances et d’approximations.

C’est sur ce forum qu’un internaute avait expliqué, à propos de la demi-finale australienne de 1983 entre le Sale gosse et Wilander, qu’en aucun cas le « vrai » McEnroe n’aurait perdu ce match. Je ne ressors ce post du congélateur que pour évoquer le « vrai » McEnroe, celui de 1984 évidemment. La position de surplomb du new-yorkais, en plus d’être indiscutable, a duré une année entière, assez longtemps donc pour susciter encore ce genre de propos des décennies plus tard. Mais c’est un peu court, car dans l’histoire du tennis les saisons aussi immaculées se comptent sur les doigts d’une main. Et attendre du Superbrat qu’il prolonge en 1985 sa domination de 1984, c’était démesuré, même pour lui. Après tout, sa saison 1985, sur un plan strictement comptable, est en tous points meilleure que sa saison 1982 pourtant marquée par la retraite de son grand rival Björn Borg. Simplement ces deux exercices n’arrivent pas au même moment de sa carrière.

En déclarant à Richard Evans qu’il ne parvenait pas à tirer du plaisir de ses exploits, John McEnroe a sans doute, pour une fois, livré sans artifice le fond de sa pensée. La contrepartie de ses exploits de 1984, c’est une pression grandissante, venue à la fois de lui-même et des attentes du public de la petite balle jaune. Et cette pression a fini par engloutir son esprit tourmenté, de manière subliminale fin 1984, mais récurrente en 1985. Il a en outre commis l’erreur de croire qu’il pourrait maintenir son niveau de 1984 avec la même constance sans se plier à la discipline quotidienne nécessaire. Et c’est probablement dans sa vie privée que se nichent d’abord les raisons de ce déclin relatif.

L’effacement progressif de John McEnroe en 1985 ne doit donc rien à l’amélioration des matériels, ni aux progrès d’Ivan Lendl, ni à l’arrivée d’une puissance incontrôlable symbolisée par Becker. C’est lui, avant tout, qui n’est plus le même joueur.

Boris Becker, qui partage avec le Superbrat une vie jalonnée de nombreuses zones d’ombre, a indiqué un jour que l’un des plus grands regrets de sa carrière était de ne pas avoir affronté John McEnroe au sommet de son art à Wimbledon. Un hommage en oblique à un champion avec qui il était capable, le même jour, de s’engueuler copieusement durant le match et de finir la soirée avec lui. Mais Boris ne perdait rien pour attendre : en août 1986, quelques jours seulement après son mariage, le Sale gosse allait offrir à l’Allemand, désormais n°2 mondial, la plus furieuse des oppositions à Stratton Mountain, dans ce qui restera probablement le plus beau match de l’année 1986.

Post-scriptum : l’auteur de ces lignes n’a pas à sa disposition l’autobiographie de John McEnroe. Sujet à caution comme tout ouvrage autobiographique, et encore plus connaissant le personnage, ce livre serait tout de même un éclairage précieux bien que partiel et partial, sur le déclin relatif de Mac en 1985.

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Grand passionné de tennis depuis 30 ans.

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161 Responses to John McEnroe, chronique d’un déclin

  1. Rubens 5 juillet 2024 at 11:35

    Message aux tauliers : j’ai tenté de mettre la photo de Mac et de Curren en « Image à la une ». C’est une image JPG. En mode écriture de l’article, tout en bas à droite, je ne la vois pas apparaître, par contre j’ai bien le bouton en-dessous me permettant de la supprimer. Je crois bien que c’est un bug, parce que j’ai également inséré cette image au début de mon article et elle apparaît sans problème.

    Voyez-vous une solution ?

    • Colin 5 juillet 2024 at 18:30

      Superbe article Rubens.
      Visiblement quelqu’un a fait ce qu’il fallait car la photo apparaît bien en « une ».

  2. Sam 5 juillet 2024 at 21:05

    Super, merci Rubens.
    Et c’est parti pour…Le Coin Des Vieux !
    Evidemment, nous savons tous, nous les vieux, qu’en 84, Mac a marché sur l’eau. A une petite volée de coup droit près, début juin, rien de sérieux. Sauf que, notamment d’après Barthès (Pierre, pas Yann, les jeunes), il était physiquement crâmé ce jour là, dès le 4eme set.
    Là où je suis moins convaincu, c’est sur 1985 : pour moi, il y a amélioration du matos, et progrès d’Ivan. Et n’importe quoi de la prépa physique de Mac.

    Pour ce qui est de l’arrivée des jeunes bombardiers, ça ne saute pas aux yeux en fait, effectivement. Je regarde d’ailleurs le Top de Sept. 85, après l’USO : je ne vois qu’Ivan (1) et Boris (7) pour incarner cet a priori avènement de « la puissance ». Je m’égare un peu, mais tant que je suis sur ce ranking : Jarryd (5), et Nystom (10), sont jeunes, mais incarnent-ils la fameuse puissance ? En 85, Mac a collé une rouste phénoménale, d’ailleurs, à Nystrom, à l’US, du moins les deux premiers sets (perso, une vraie madeleine tennistique), alors, la puissance de celui-là….A noter que Mac fini encore N°2 fin 85.

    • Rubens 6 juillet 2024 at 10:39

      Salut Sam,

      Pour le matériel, je ne sais pas s’il y a ou non une amélioration substantielle entre 1984 et 1985. Mais de toute façon, Mac n’était pas un dinosaure sur ce plan-là, il était à l’écoute des évolutions et il les intégrait rapidement. Le dinosaure de cette époque-là c’est Connors, qui en est resté à sa T-2000. Je crois donc nécessaire de mettre un bémol sur le couplet de ce pauvre John délicat éphèbe submergé par des torrents de puissance rendus possibles par des nouveaux matériels.

      Les progrès de Lendl…

      Je vais convoquer à nouveau Fibak, non le joueur cette fois, mais l’entraineur de Lendl jusqu’en 1984, et qui est notamment dans le box de son poulain le jour de la fameuse finale parisienne qui n’a pas existé (mais entre vieux, on se comprend Sam :mrgreen: ). Quand tu vois le visage d’Ivan à la fin du match, tu vois bien qu’il ne sort pas d’une simple promenade. Mac était sur les rotules, mais Ivan n’était guère mieux. Il a expliqué avoir vomi d’épuisement dans le vestiaire juste après ce match. Et avoir eu une explication avec son entraineur sur la suite. Fibak voulait étoffer le jeu de Lendl afin qu’il ait plus d’options, offensives notamment, et qu’il ne se retrouve pas sans arrêt dans la position du galérien qui court des kilomètres en défense. Mais le Croquemort n’était pas d’accord, pour lui la priorité était d’étoffer sa caisse physique afin de ne plus se retrouver sur les rotules comme cela à la fin d’un match. Quelques mois plus tard, Mac expliquait lui-même que voir Ivan courbaturé et incapable de plier les jambes dans le vestiaire avant leur finale de l’US (le Tchèque avait eu une demi longue et épuisante face à Cash la veille) l’avait galvanisé pour le liquider rapidement. Ce qu’il fit, avec la manière, malgré sa propre fatigue (longue demi contre Connors, + le double).

      Bref, Ivan s’est séparé à ce moment-là de Fibak et a engagé Tony Roche, avec pour feuille de route de bosser avant tout sa condition physique. A partir de 1985, je n’ai pas le souvenir d’un seul match où Ivan aurait perdu pour cause d’épuisement. Le Croquemort de 1985 frappe-t-il plus fort que celui de 1984 ? Je ne le crois pas. Sa puissance gênait McEnroe dès 1981 en fait. Par contre, il court désormais aussi vite au bout de 4 heures de jeu qu’en début de match, et ça c’est une différence majeure.

      Mais les progrès du Tchèque en termes de résistance physique n’expliquent pas que dans leur finale de l’US 85 le Superbrat soit obligé de frapper sa première volée 1m plus loin que l’année précédente. C’est bien Mac qui est devenu plus lent.

      • Achtungbaby 8 juillet 2024 at 22:29

        Big Mac n’avait pas les coups pour lutter contre les joueurs puissants. Son coup droit était assez faible, souvent flottant. Contrairement à son revers qui lui permettait de prendre la balle tôt et de la reaccélérer en faisant opposition avec son corps, dans cette position si particulière sur la pointe des pieds, son coup droit n’avait ni le même avantage d’accélérer la balle ni la même précision.
        Pour moi son jeu ne pouvait pas lutter contre l’arrivée des joueurs puissant notamment en coup droit lourd.

  3. Kristian 10 juillet 2024 at 11:37

    Lecture tres agreable. Et meme si je suis de ceux pour qui le 9 juin 1984 est un tres beau souvenir.
    Quoiqu’il arrive avec le niveau de Mac en 85, on ne peut nier que 85 est aussi un changement d’epoque. Il suffit de voir et revoir les finales de Wimbledon 84 et 85 pour se rendre compte que ces deux matchs appartiennent a deux epoques differentes. En 12 mois on a change de decennies, et le tennis pratique par McEnroe a pris un brutal et terrible coup de vieux.

    • Rubens 10 juillet 2024 at 11:46

      Salut Kristian, et merci pour la lecture :smile:

      Mais pour le coup, je défends l’argument exactement inverse. Le changement d’époque de 1985 n’est perceptible que si l’on regarde uniquement la finale de Wimbledon, qui ressemble en effet à une finale des années 90. Le reste de la saison ne le confirme pas.

      • Sam 10 juillet 2024 at 20:01

        Oui, c’est ce que je voulais dire en fait.
        Le changement d’époque ne saute pas du tout aux yeux à la lecture des top 10 et 20, tout au long de l’année 85. « La puissance », c’est la finale de Wimby, et Ivan, le reste…De mémoire – pas de mémoire de 85 mais mémoire de ma lecture de l’Atp l’autre jour, hein, soyons clairs – à mi-parcours de l’année, je ne voyais que Arias incarner cela, Arias, s’il me permet, un peu has never been, on va pas se mentir.

        Tiens je vais me regarder des HL de ce 10 juin. C’est le jour où je suis vraiment tombé en tennis, en ce qui me concerne.

  4. Kristian 10 juillet 2024 at 19:45

    Totalement bluffe par Musetti. Sa finale au Queens n’etait pas un hasard. Il n’a pas la technique d’un joueur de gazon mais il joue incroyablement juste et son revers fait des merveilles. Ca ne suffira probablement pas pour battre l’affreux, mais c’est superbe

  5. Perse 11 juillet 2024 at 14:50

    Super article Rubens, merci de nous faire partager un tel contenu si régulièrement.

    C’est top d’avoir des récit de cette période qui est antérieure à ma naissance, et forcément obsolète bien malgré soi pour mes yeux.

    ———–

    Pour Wim :

    C’est top pour Musetti d’arriver là, on connaît tous son talent d’autant plus lustré par un revers à une main de toute beauté. C’est un joueur qui enquiquine grave Djoko et peut-être que cette fois-ci sera enfin la bonne pour lui ? C’est tout ce que je lui souhaite en tout cas.

    Sinon en ATP, la dynamique monstreuse depuis 1 ans de Sinner s’essouffle un peu en GC où il montre d’une grande fragilité physique (crampes, vertiges etc…) et c’est finalement Carlitos qui reprend le dessus sur les plus grandes scènes. Pour l’instant son rythme de carrière est de tout premier plan et s’il gagne à nouveau Wimbledon, cela fera 4 GC à même pas 22 ans, c’est hallucinant !

    Chez les filles, c’est toujours instable avec Rybakina en favorite…

    Comme de façon trop récurrente depuis 18 mois, un commentaire qui n’est pas une balle perdue sur Tsitsipas qui paraît jours après jours de plus en plus déphasé alors que c’est un très beau joueur.

    Si ça se trouve c’est Musetti le prochain R1M vainqueur de GC ?

    • Rubens 12 juillet 2024 at 11:58

      Oh oui Lorenzo, viva Italia, vive le revers à une main, et vive le beau jeu en général. Lâche-toi !!!!!!!!!

  6. Guillaume 12 juillet 2024 at 12:08

    En compilant des chiffres, je me suis aperçu qu’il y a un décalage plus que notable entre la très forte réussite de Sinner dans les matchs durant la tranche 3 à 4h (en gros, un match Bo3 très serré, ou en GC 4 sets serrés ou 5 un peu décousus), et son 0/7 sans appel dans les matchs de 4h et plus. Faut-il en conclure qu’avec ses jambes en allumettes et ses bras dont la finesse n’annonce absolument pas la puissance de frappe du loustic, il est un nouveau Lendl 84 qui attend son Tony Roche ? :lol:

    C’est d’autant plus curieux que dans ces 7 matchs, ceux que j’ai en tête le voient plutôt finir fort, comme contre Alcaraz encore récemment à RG, où les derniers jeux sont extrêmement serrés. C’est le trou d’air préalable (entre le break de fin de 4e set et celui du début de 5e, décisif, ça fait 5 jeux de suite pour Alcaraz à ce moment-là) qui lui coûte cher. On n’est pas dans l’effondrement physique total de quelqu’un qui n’aurait plus rien à donner au 5e set, mais l’issue ne lui en est pas moins à chaque fois défavorable. Or dans le tennis moderne qui multiplie les matchs à rallonge (Wim 2024 est d’ores et déjà le GC qui a enregistré le plus de 5 sets, devant… OA 2024), qui plus est matchs à rallonge plus longs qu’avant (on a « gagné » quasiment 1h entre ce qu’on appelait un marathon dans les 90′s et nos marathons actuels survitaminés à la norme Djoko / Nadal), ça va vite devenir un souci pour lui s’il veut engranger les Chelems.

    • Rubens 16 juillet 2024 at 08:39

      Salut Guillaume,

      Alors déjà, il faut souligner 25 fois ton passage sur la durée des matchs. A nombre de jeux égal, un match en 5 sets doit durer en moyenne une heure de plus qu’il y a 30 ans. Je l’avais déjà remarqué l’année dernière après la finale de Wimbledon, qui avait compté 2 jeux de plus que la finale Becker-Edberg de 1990… mais qui avait duré 2 heures de plus.

      Concernant le Béornide, cette stat est édifiante en effet. Si l’explication physique ne tient pas – et selon moi elle ne tient pas – il reste peut-être l’explication tactique. Un match en cinq sets est un match où les deux joueurs disposent du temps nécessaire pour tenter de nouveaux schémas tactiques si ceux qu’ils ont essayés ne marchent pas. Si un joueur parvient à pousser Jannik au cinquième set, c’est qu’il a survécu à la soupe que l’Italien lui a servie pendant quatre heures. Et dans le cas d’Altmaier, de Medvedev et, plus récemment à Roland, de Carlitos, ils avaient encore quelques variations en réserve là où Jannick n’en avait plus. Il va peut-être falloir qu’il enrichisse sa palette tactique.

      Mais ce n’est qu’une hypothèse, et je précise n’avoir vu ni sa demi contre Alcaraz à Roland, ni son quart contre Daniil à Wim. Et je crois aussi que les matchs en cinq sets du Béornide se sont joués à un ou deux détails, c’est-à-dire à une poignée de points qui suffisent à faire basculer un match mais pas à en faire l’analyse stratégique globale.

      Je salue au passage la récente mue de Carlitos en Grand Chelem. Il a ajusté la mire sur le point précis où il pêchait : quand la flamboyance est inefficace, tenter autre chose de moins flamboyant. A Roland, il n’a à aucun moment approché son meilleur niveau mais il l’a emporté quand même. Chapeau l’artiste.

      • Montagne 17 juillet 2024 at 08:48

        Il est vrai que lors du match Edberg – Becker, il était rare, exceptionnel même, de gagner un point en plus de 3 échanges.

        Mais les joueurs prenaient ils une minute trente d’arrêt tous les deux jeux comme maintenant ?
        Il faudrait parler en temps de jeu réel et non en durée du match.

        Comme disent certains commentateurs télé (ou radio) : on joue depuis 30 minutes de jeu !!!!

        • Rubens 17 juillet 2024 at 09:27

          Oui, 1mn30 au changement de côté, comme aujourd’hui. J’ai un doute par contre, c’est à cette époque-là que la durée entre les points est passée de 30 à 25 secondes, mais je ne sais plus si ce changement s’est opéré avant ou après cette finale de Wimbledon 1990. S’il s’est déroulé après, il faudra ajouter les 30s (au lieu de 25) comme pièce supplémentaire au dossier : Edberg et Becker ont fait peu ou prou le même nombre de jeux que Djoko et Alcaraz en finale de Wim, et ils ont mis 3h au lieu de 5h, TOUT EN AYANT 5S DE PLUS ENTRE CHAQUE POINT :smile:

        • Rubens 17 juillet 2024 at 09:41

          Ceci étant, le vrai critère pour prendre la comparaison n’est pas de compter les jeux, mais de compter les points réellement disputés. Et dans ce registre, je pense qu’on pourrait démontrer sans difficulté qu’à nombre de jeux égal, le nombre de points disputés est globalement supérieur aujourd’hui à ce qu’il était dans les années 90. Et la raison me semble évidente : le matos d’aujourd’hui permet au retourneur de renvoyer le service avec la puissance de l’envoyeur. Non seulement il y a moins de services qui ne reviennent pas, mais en plus ça relativise l’importance du service et ça rallonge les jeux. Il y a sans doute, en proportion, plus de breaks aujourd’hui.

          Ces dernières années je me suis parfois demandé, notamment en regardant le tennis féminin, si le concept de « break » n’était pas devenu inopérant. Le service est presque devenu un coup « faible », sauf pour quelques grosses serveuses. Mais bien souvent, c’est presque un coup comme un autre, avec de surcroît la contrainte que c’est un coup plus court que les autres :mrgreen:

        • Colin 26 juillet 2024 at 11:54

          Ouh la la, tout ça fait ressortir une foultitude de questions, qui, elles-mêmes, en amènent d’autres.
          - Les joueurs d’antan avaient 30 s au lieu de 25 entre deux points… Oui mais prenaient-ils vraiment ces 30 secondes? Quand tu viens de faire un rallye de 25 coups, OK, tu as besoin de souffler, mais quand tu viens de faire un service gagnant, ou un échange en 3 coups, bof bof… tu enchaînes.
          - « Il y a sans doute, en proportion, plus de breaks aujourd’hui » Mmmmh c’est à étudier via les stats. Je dirais « pas forcément », car, à l’époque, les joueurs étaient -en moyenne- moins grands qu’aujourd’hui, et la proportion de joueurs qui avaient un « gros » service étaient inférieure à aujourd’hui (du coup la polarité entre les canonniers (Ivanisevic, Becker, Sampras, Rusedski…) et les autres se voyait plus; aujourd’hui il y a, en proportion, moins de joueurs avec un « petit » service).
          - « Mais bien souvent, c’est presque un coup comme un autre, avec de surcroît la contrainte que c’est un coup plus court que les autres » Certes mais a contrario c’est aussi le seul coup où tu frappes la balle après l’avoir toi même envoyée en l’air, donc où tu maîtrises ce que fait la balle avant que ta raquette la touche.

          • Rubens 26 juillet 2024 at 14:34

            Colin, te voila enfin :mrgreen:

            Toi et tes légendaires stats sont justement convoqués pour vérifier ce que je dis, qui n’est qu’une intuition.

            1. Les matchs en 5 sets, pour ne citer qu’eux, sont-ils en moyenne plus longs qu’il y a 30 ans ? Et de combien ?

            2. Si 1 se vérifie, sont-ils plus longs parce que les joueurs disputent plus de points ?

            3. Si 2 ne se vérifie pas, ne reste comme explication que la longueur des points.

  7. Perse 14 juillet 2024 at 17:52

    Oui c’est bien Alcaraz qui est l’alpha de l’ATP dont seul le physique le limite, il a repris une avance considérable sur Sinner avec ce doublé RG-Wim.

    C’est tout de même pertubant de voir la permanence des dominations sur toutes les surfaces, comme si elles n’étaient plus vraiment significatives et n’étaient qu’un paramètre aléatoire supplémentaire…

    Parce que Krejcikova qui passe d’un bilan de 7 victoires/9 défaites en carrière à gagnante à 28 ans, cela fait quand même bizarre.

    • Kristian 15 juillet 2024 at 18:23

      De meme que le joueur ayant gagne le plus de matchs sur gazon cette annee est.. Musetti, qui n’avait quasiment rien gagne sur herbe jusqu’a present. Enfin, c’est pas nouveau. Depuis l’enchainement des finales Nadal/Federer a Roland Garros puis Wimbledon, ca fait bientot 20 ans que ca dure.
      Mais ca revient pour le coup a banaliser l’exploit de Borg qui en reussissant 3 fois de suite l’enchainement victorieux RG-Wim avait realise quelque chose d’assez irrel vu les conditions de l’epoque.

  8. Guillaume 17 juillet 2024 at 16:17

    On parlait l’autre jour des bizarreries de classement à instant T mais on a donc un auteur de doublé Roland-Garros / Wimbledon scotché à la 3e place mondiale. Et toujours 2e à la Race. Il existe bel et bien un monde où Carlitos termine l’année n°3 mondial. Si on pousse le curseur du mauvais esprit, on peut tout à fait l’imaginer, ayant tout donné dans un triplé royal RG – Wim – JO (+ le plus gros des M1000 à Indian Wells), et 3e en décembre derrière Sinner (OA) et Zverev ou Medvedev (US).

    Faut dire qu’il est taquin, Carlitos. Quand on regarde son capital points dans le détail, il bâtit 50% de son classement sur les seuls RG et Wim (4000 points sur 8100). Plus les 1000 d’IW, ça en dit long sur la misère traînée en fin d’année 2023 et les forfaits sur blessure de 2024 (Rio, Monaco, Barcelone, Rome). En ajoutant forfait Bâle + pas de Coupe Davis fin 2023 + pas de tournoi de prépa à l’OA + le Queen’s juste là pour décuver digérer Ibiza :lol: , on se rend compte qu’il a en réalité peu joué depuis novembre dernier : 10 tournois en 8 mois !

  9. Colin 26 juillet 2024 at 11:35

    Presque aussi compliqué d’être ramasseuse de balle à Roland Garros à 15 ans, qu’être première ministre à 37 !
    Ouest France, 2002
    Toute ressemblance avec la situation actuelle est purement fortuite :
    - Elle a été la « seule » sélectionnée dans tout le Calvados, soit parmi 400 candidats, sans qu’elle-même « ne [sache] trop pourquoi »
    - « une erreur peut être fatale et conduire à l’exclusion »
    - « Je n’y vais pas pour contempler… Je suis contente de ma sélection et ce qui compte, c’est que je fasse bien ce pourquoi j’ai été choisie ».
    Matignon, Roland, même combat!
    (Sources: Chez Pol, newsletter de Libé + article de Ouest France édition Calvados, 2002)

    • Guillaume 27 juillet 2024 at 17:55

      Oh c’est beau, ça !

      2002… A quoi, 7 années près, elle aurait pu se retrouver à ramasser les balles d’Amélie Castera :smile:

  10. Montagne 27 juillet 2024 at 19:39

    Trump aussi ramasse des balles, mais avec les oreilles.

  11. Guillaume 30 juillet 2024 at 12:50

    Comme quoi on peut dire ce qu’on veut mais le tennis et les JO ça reste avant tout quelque chose de très personnel, certainement pas une évidence. Certains y sont sensibles, et le tennis a eu la chance que les 4 du Big 4 le soient, et d’autres le sont beaucoup moins. Quand je vois Sinner, déjà forfait à Tokyo, qui manque encore Paris pour « blessure » mais, cinq jours plus tard, est sur le pont pour le Masters 1000 de Montréal… ça sent quand même le mec bien calculateur qui s’est dit cyniquement qu’il avait chaud aux miches au classement et qu’il y avait 1000 points faciles à prendre au Canada :mrgreen:

    • Rubens 30 juillet 2024 at 14:37

      Toute la question est de savoir si le tennis a sa place aux JO. Sans doute mon regard est-il conditionné, non pas par les JO en eux-mêmes, mais par leur retransmission. Quand le direct zappe sans arrêt de la nage libre aux qualifications du 400m en passant par l’escrime, je vois mal comment des matchs de tennis, avec leur format long, pourraient se faire une place. Entre deux olympiades, le circuit ATP fourmille de rendez-vous où l’on peut se régaler devant du tennis et seulement du tennis, pendant des heures si on le souhaite. Une fois tous les 4 ans, les JO permettent de voir beaucoup d’autres sports qui n’ont pas l’exposition médiatique du tennis. C’est cela, je crois, qui explique que la greffe tennis-JO n’ait jamais réellement pris depuis 1988. Sans compter le format des 2 sets gagnants, qui rapproche l’épreuve des JO de n’importe quel tournoi de seconde zone.

      Je ne sais pas dans quelle mesure l’Italie était au diapason derrière son Béornide local pour qu’il aille chercher une médaille, mais de son point de vue à lui, zapper les JO me semble être un choix rationnel. Sans oublier qu’il n’a pas 1000 points à prendre au Canada, mais 1000 points à défendre puisqu’il y est tenant du titre.

    • Guillaume 30 juillet 2024 at 16:43

      Les spectateurs c’est encore autre chose. Roland-Garros est aussi blindé que les autres sites. Ni plus, ni moins. Et dans les centres de presse sur d’autres disciplines je vois bcp de journalistes qui avaient ouvert une fenêtre web pour suivre Nadalcaraz dimanche ou le Nadal / Djoko hier :lol:

      Mon point concernait les joueurs eux-mêmes, chez qui l’importance accordée à l’évènement demeure extrêmement variable. Le tennis a eu un alignement des planètes avec le Big 4 qui y étaient tous sensibles, mais on voit dans le tennis d’aujourd’hui/demain que l’unanimité n’est pas si acquise à travers les choix opposés d’Alcaraz – qui est ric-rac et le paiera plus tard en saison – et Sinner. Cela reste un ressenti très personnel, propre à chaque joueur. Ils y sont sensibles ou pas, contrairement aux Chelems où il ne vient l’idée à personne de se poser la question. Il n’y a bien que Zverev pour tenter de nous (se ?) convaincre que les JO sont plus forts que tout. Sinner ne zapperait jamais Roland-Garros pour privilégier le Queen’s la semaine suivante. Pour les JO en revanche…

      Je dis « prendre » enfin parce qu’à ce stade de l’année pour moi c’est la Race qui importe, pas le classement ATP. D’autant qu’à instant T, l’ATP, Sinner l’écrase. Enlève lui les 1000 points de son titre canadien, il est toujours n°1 mondial. Avec des perspectives d’augmenter à nouveau son pécule à Cincy (battu au 1er tour en 2023) et à l’US (8e en 2023) quand Carlos et Djoko défendent plein de points. Autant dire qu’il ne va pas perdre la place de 1 tout de suite. Par contre à la Race, et donc pour la photographie de 2024 et de celui qui sera 1 en décembre, là il n’a plus que 200 points d’avance sur ALcaraz. C’est à l’aune de la Race que tu comprends le fort intérêt capitalistique du Canada. Mais si c’est ça, ça respire pas le panache pendant que les autres s’esquintent sur une compétition sans points ATP et presque sans thunes (par rapport à la norme tennis).

  12. Guillaume 30 juillet 2024 at 17:01

    Sur la perception de ce forfait en Italie, de ce que je peux entendre ça ressemble quand même à un premier nuage dans la lune de miel. Entre le « je ne suis pas en forme, je préfère travailler mon jeu » pour zapper Tokyo et le « je suis blessé mais pas trop » de Paris 2024, ça grince un peu des dents. Le sport italien est en pleine bourre et avec Marcel Jacobs, Tamberi et quelques autres il faisait partie des leaders de délégation attendus du pays – ceux dont tu attends qu’ils impulsent la dynamique de médailles.

    Et forcément sur cet épisode précis il pâtit du comparatif avec Musetti, encensé en mode « dur au mal » pour avoir perdu une finale au tiebreak du 3e set le dimanche à Umag et être sur le court à Roland le lundi midi – y battant La Monf puis Navone aujourd’hui.

    C’est drôle et je vais sans doute loin, mais je me souviens que quand il est arrivé Sinner suscitait des comparaisons avec Sampras pour son côté impassible, visuellement imperturbable, cool as a cucumber. Il est peut-être proche du Ricain aussi dans une volonté de s’appartenir, de n’être ni étendard, ni leader, ni people (il a refusé l’invitation d’être guest au festival de San Remo, évènement ultra fédérateur et populaire en Italie), ni influenceur (dans sa génération, il est l’un de ceux qui se tiennent le plus éloignés des réseaux sociaux). On retrouverait presque un peu chez lui ce côté samprassien « je viens, je gagne, je me casse ». Et j’en ai rien à battre des JO, en l’occurrence :smile:

    • Perse 30 juillet 2024 at 17:56

      Personnellement, le tennis n’a rien à faire aux JO qui sont une fête des sports « amateurs », à tout le moins des sports non-médiatiques et n’ont pas atteint la taille critique pour générer leur propre écosystème financier.

      Ce Nadal/Djoko avait un intérêt 0 dans ce contexte et ça m’a fait même schmir de le voir à la télé plutôt que le VTT, le kayak ou l’équitation sans mentionner l’escrime.

      C’est vrai que le Big 4 a joué le jeu, mais par exemple Agassi s’est beaucoup appuyé dessus pour « regagner » du terrain sur Sampras alors qu’il apparaît net que la médaille est anecdotique aux yeux de la communauté des suiveurs du sport.

      Ainsi le GC « doré » de 1988 de Graf n’a aucune valeur supérieure à un GC simple pour moi et beaucoup d’autres.

      Donc exit le foot, le tennis, le basket masculin selon ma sensibilité. Sinner est pro et fait le taf avec une exposition colossale au quotidien mais n’est jamais rentré dans le discours un peu jingoïste/nationaliste bas du front que peut prendre les JO.

      Le parallèle avec Sampras me paraît juste en ce sens : il agit sans commentaires ni victimisation et évite de nourrir ce discours.

  13. Kristian 31 juillet 2024 at 09:43

    L’argument « pour » le tennis aux JOs, c’est qu’il redonne ses lettres de noblesses au double, comme le faisait jadis la Coup Davis. Le double sur le circuit ATP n’interesse plus grand monde, ni les joueurs ni les spectateurs, et d’autant plus que ce point decisif en Coupe Davis a disparu. Mais surtout c’est la seule competition ou les meilleurs joueurs du monde jouent le double, et souvent le gagnent, puisqu’ils sont les meilleurs. De Federer/Wawrinka a Nadal/Alcaraz, les JOs, c’est la fete du double.

    • Jo 31 juillet 2024 at 10:33

      Deux facteurs donnent du lustre aux Jeux olympiques de tennis. Le premier, c’est bien sûr la victoire de grands champions en simple (Agassi, Nadal, Murray) ou en double (Becker-Stich, Federinka, Nadalcaraz ?). Les absents ont toujours tort. Le bonus, c’est un stade prestigieux, comme cette année. Cela dit, il est également possible de triompher séparément aux JO et à Roland-Garros.

  14. Guillaume 31 juillet 2024 at 15:25

    Après si je dois donner mon avis personnel, il est assez tranché : pour moi un sport olympique est un sport où les JO sont le Graal, la plus grande compétition que tu puisses remporter. S’il y a plus fort (Grands chelems en tennis ou en golf, Coupe du monde en foot), c’est que tu prends la place d’un autre.

    (autant vous dire que dans ma conception de la chose il ne resterait pas bcp de sports « bankables » aux Jeux :lol: )

    • Rubens 31 juillet 2024 at 16:15

      100% d’accord. Et pour faire le pont avec ce que tu disais plus haut, je suis tout de même dubitatif d’apprendre que seul un Nadalovic ou un double Nadalcaraz sont susceptibles d’éveiller l’intérêt de ta profession. Limite, si les Nadalovic et autres Nadalcaraz avaient eu lieu à Washington cette semaine, tes collègues auraient suivi les JO tout en gardant la fenêtre web ouverte sur les aventures de Rafa à Washington :mrgreen:

      Et je suis quand même dubitatif aussi que seuls les résistants du Big 4 concentrent à eux seuls l’intérêt du tournoi. Ce n’est pas le tournoi de tennis olympique qui suscite l’intérêt, et ce n’est pas le double non plus, c’est juste qu’on continue à suivre Nadal, Murray et Djokovic. Et ils joueraient dans un village du fond de l’Oural que ce village deviendrait pendant quelques jours l’épicentre de la petite balle jaune :mrgreen:

      Et ça, c’est une très mauvaise nouvelle pour le tennis car ce sport ne se résume pas aux aventures d’une poignée d’Avengers. Le niveau de jeu de Rafa était absolument lamentable hier, il a eu, pour la deuxième fois après Zverev à Roland, la chance de tomber sur Djoko et de ne pas sombrer contre un no-name. Mais il y a sans doute la moitié du tableau qui aurait battu Rafa hier.

      Pour les sports bankables aux JO, le sujet est complexe, mais il faudrait prendre, pour chaque sport, la place qu’occupent les JO dans son histoire. Si le Béornide était un coureur du 100m, jamais il n’aurait envisagé de se retirer à cause d’un rhume. Mais je gage aussi que jamais il n’aurait eu un rhume à ce moment-là, parce que pour un sprinter les JO sont le RDV d’une vie et que pour les sprinters il n’y a pas un Roland Garros et un Wimbledon juste avant.

      Les sports bankables aux JO sont les sports dont la notoriété est associée aux JO eux-mêmes. Nadia Comaneci, Laure Manaudou, Bob Beamon, Carl Lewis et Jesse Owens n’auraient pas la notoriété qu’ils ont s’ils avaient réalisé leurs exploits ailleurs qu’aux JO. Que Federer et Djokovic ne soient pas champions olympiques en simple, franchement ça ne pèse pas bien lourd dans leur palmarès. Et quand les journalistes ressortent les calculatrices à chaque nouvel exploit d’un Avengers (désormais de Djoko) je ne vois dans leurs dithyrambes épistolaires nulle référence au « trou » dans leur palmarès que constituerait l’épreuve des JO.

      • Kristian 31 juillet 2024 at 16:31

        Ben non. Le cote exceptionnel du double au JOs, c’est que Federer s’associe a Wawrinka ou Nadal a Alcaraz pour aller gagner une medaille d’or. Ce qui n’est jamais arrive en Grand Chelem.

        C’est comme la Dream Team de 92. Jordan, Magic ou Larry Bird n’auraient surement pas sacrifie une finale NBA pour les JOs, mais ils sont aller former une equipe d’extra-terrestres pour aller gagner la medaille d’or. Et 30 ans plus tard, on ne s’en remet toujours pas. Si ca, ce n’est pas la magie des Jeux Olympiques..

    • Guillaume 31 juillet 2024 at 17:01

      « Et pour faire le pont avec ce que tu disais plus haut, je suis tout de même dubitatif d’apprendre que seul un Nadalovic ou un double Nadalcaraz sont susceptibles d’éveiller l’intérêt de ta profession »

      Je pense que je me fais mal comprendre. Je n’ai pas (encore) mis les pieds à Roland, hein. C’est dans les salles de presse de judo, d’escrime ou de natation que j’ai vu des journalistes, donc pas des spécialistes de tennis, pendus à Nadalcaraz et Nadalovic. Parce que ces gars-là – et surtout Rafa – sont au-dessus du tennis, justement. Ils sont suivis comme on suit Simone Biles, Lebron James ou, vu de France, Teddy Riner. Ce sont des superstars, les légendes de tes légendes, ceux que les sportifs eux-mêmes coursent au Village olympique pour faire des selfies avec eux.

      Réflexion que je développe au fil de l’eau aussi : il y a peut-être un contexte aussi. C’est que, depuis Tokyo, on a perdu progressivement les superstars des olympiades précédentes, en gros celles qui avaient écrit l’Histoire de 2008-2016 (voire 2004-2016). Exit Bolt, exit Phelps, exit Bryant, exit Roger… Des sportifs adulés au palmarès d’exception (réellement d’exception, les 23 médailles d’or de Phelps, le triple-triple de Bolt aux JO), il n’en reste guère actuellement. J’ai cité Biles, James au-dessus et ma foi… Donc Rafa a carrément sa place dans ces têtes de gondole des Jeux, Panthéon des « sportifs préférés de tes sportifs préférés ». A la limite je suis plus étonné de l’engouement autour d’Alcaraz, pourtant encore très jeune mais déjà valeur établie du Village olympique.

  15. Guillaume 31 juillet 2024 at 17:07

    Après là où KriKri voit juste, et d’ailleurs Roger l’a bien perçu en en faisant une des propositions fortes de sa Laver Cup, c’est qu’il y a une demande du public pour des associations de stars en double – comme quand tu réunis des stars ensemble dans des franchises de sport co. Et plus c’est rare sur le circuit, plus c’est précieux quand, parfois, l’alliance des héros se produit aux JO, en Laver Cup voire parfois en Chelem chez les dames – Venus & Serena.

    Là en plus Nadal / Alcaraz tu vends un synopsis de film hollywoodien : le maître et l’élève, le Champion déclinant et l’Héritier… C’est comme Fed / Nadal, les rivaux historiques qui terminent main dans la main, voire Fed / Wawrinka, grand frère / petit frère, l’aîné qui aide le cadet à grandir, le cadet qui aide l’aîné traversant une phase difficile de sa carrière… C’est vraiment ça, tu vends du feel good movie. Nadal et Stan par exemple (j’essaie de trouver d’autres combos mais c’est pas comme si les palmarès à 6-8 Chelems et plus s’étaient multipliés depuis 20 ans :lol: ), tu as une association de cadors mais tu ne « racontes pas une histoire », comme on dit aujourd’hui.

    • Colin 31 juillet 2024 at 18:18

      Nadal+Stan, à la rigueur, tu peux raconter une histoire en monovocalisme. Mais bon, même dans ce cas, Nadal+Alcaraz est supérieur.

  16. Jo 31 juillet 2024 at 17:48

    Borg-McEnroe, chronique d’un déclin et d’un décollage irréversibles. Vu le film dont j’avais oublié qu’il était scandinave. L’ambiance parfois glaciale nous rappelle combien il a sa place sur ARTE. L’enfer de la solitude du champion, soumis à l’exigence de son entraîneur, de son entourage, du public, de l’hubris. Bon point pour la qualité technique et tennistique avec, notamment, des clichés insistants sur le revers de Borg et le service de Mac, immédiatement identifiables par les connaisseurs.

    Un mot sur les acteurs :

    - Sverrir Gudnason incarne un Borg cinématographique parfait. Plus grand que l’original afin d’amplifier sa stature sous toutes des formes, avec un côté très rock star, qui était apparemment authentique, les fossiles du site confirmeront.

    - Drôle d’impression concernant Shia Le Beauf ? La Bouffe ? Beowulf ! On dirait Michaël Youn grimé en John McEnroe (deux histrions trublions, me direz-vous). À un moment donné, j’ai cru qu’il allait baisser son froc, à la Marat, puis montrer son cul, courir le long du Centre Court et hurler : « Mooorniiing Liiive ! You cannot be seeerious ! »

    - La palme du Grand Bluff est attribuée au second rôle qui campe un Gerulaitis criant de mentir vrai, alors qu’il est moyennement ressemblant à l’origine.

    • Colin 31 juillet 2024 at 21:52

      En tant que Fossile n°3 (le n°1 c’était Antoine mais on ne le voit plus trop sur le site, le n°2 étant Montagne) je me dois de réagir… Oui, Borg était une Rock star mais à son corps défendant, il ne faisait rien pour ça. D’ailleurs je suis en train d’écrire un article sur le sujet (ça fait des mois que ça infuse).
      Sinon pour revenir au film Borg/McEnroe, je saute sur l’occasion pour rappeler qu’on a déjà eu droit à deux articles sur 15-love, le premier par Sam, le 2ème par bibi.
      Celui de Sam : http://www.15-lovetennis.com/?p=20769&cpage=1
      Le mien : http://www.15-lovetennis.com/?p=20759

      • Rubens 1 août 2024 at 16:40

        Animateur d’un Ciné-club dans ma médiathèque, j’avais projeté Walk the line, biopic sur Johnny Cash (Joachin Phoenix) centré sur l’évolution tumultueuse de sa relation avec sa muse June Carter (Reese Witherspoon). On était en 2018, et j’étais tombé sur un article consacré à la folie des biopics, leur qualité supposée, fantasmée, projetée, et leur valeur réelle au regard des attentes que le grand public s’en fait. Je précise bien cette date, 2018 donc, parce que Borg-McEnroe et La bataille des sexes étaient sortis quelques semaines plus tôt et ils occupaient une place de choix dans cet article.

        Que disait donc cet article ? Un truc dans lequel je me suis reconnu, et je fais donc mien le propos.

        Le regard critique sur Walk the line a été conditionné par la perception générale que le grand public avait de Johnny Cash, et que seule, ou presque, la prestation de Joachin Phoenix avait été examinée à la loupe. En gros, parvient-il à nous faire croire au vrai Johnny Cash ? La réponse n’a pas été unanime, et donc le film est passé pour un biopic semi-raté. Mais, et c’est là où ça devient intéressant, Reese Witherspoon a été jugée bien meilleure que Joachin Phoenix. Elle a même décroché l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle. Où, disons-le, elle est absolument magnifique :smile: Mon propos n’est pas de tempérer les critiques dithyrambiques sur cette actrice, mais simplement de noter que le grand public connaissait bien Johnny Cash mais beaucoup moins June Carter. Personne ne s’est demandé si Reese Witherspoon était crédible dans ce rôle, parce que personne (ou presque) ne « sentait » le vrai personnage qu’elle incarnait. Elle avait donc beaucoup plus de liberté que lui.

        Pour ma part, j’ai ADORE Walk the line. Bien qu’ayant déjà écouté quelques-unes de ses chansons, je n’avais pas une idée précise de qui était vraiment Johnny Cash, et je n’ai donc pas regardé le film avec le regard pointilleux de celui qui attend le « vrai » personnage à l’écran. Et j’ai trouvé, au final, que la performance d’acteur de Phoenix était aussi formidable que celle de Witherspoon.

        Et j’imagine que vous voyez où je veux en venir :mrgreen: Ayant vu de nombreuses vidéos de matchs et d’interviews de Borg et de Mac, je suis cette fois du côté des inquisiteurs et mon regard est biaisé par la familiarité avec le sujet du film. J’ai trouvé que c’était un nanar de mauvais goût, tout comme j’ai trouvé nuls les biopics sur Gainsbourg et sur Coluche.

        Et Colin, puisque tu évoquais Antoine, je me demandais si on pourrait le rameuter en lui demandant de se muer en réalisateur et de nous faire un biopic sur Bill Tilden et un autre sur Pancho Gonzalez. Et là nous n’aurions aucun problème de consanguinité avec notre sujet, sauf Antoine évidemment :mrgreen:

      • Montagne 8 août 2024 at 19:31

        Cité comme fossile (en deuxième position !!),je plussoie la remarque de Colin. Borg est celui qui a mis le tennis au rang de phénomène de société, alors qu’il n’était jusqu’alors que passe temps d’une aristocratie et d’une bourgeoisie bien pensante.
        Les filles se pâmaient devant le Suédois et tout le monde voulait s’acheter une Donnay et bien sûr mettre un bandeau dans les cheveux.

  17. Guillaume 2 août 2024 at 15:44

    Ceci dit et pour revenir vaguement au thème de l’article, on a raté des moments épiques avec l’absence du tennis aux JO jusqu’à 88. Même en tenant compte des boycotts de 80 et 84 qui nous auraient privé de Mac / Lendl ou Connors / Lendl sentant la poudre, un Noah / Lendl à Moscou ou un Connors / Nastase à Munich, y’aurait eu matière à moments cultes olympiques :smile:

  18. Perse 4 août 2024 at 10:14

    La demi-surprise dans le tableau féminin n’aura pas fait grand-chose et le blockbuster côté masculin n’excite personne non plus.

    Côté double, pour une fois, les spécialistes ont dominé. La petite histoire est la victoire du couple tchèque, couple y compris à la ville et puis j’aime bien Siniakova.

    Je pense tout de même qu’à l’avenir le tennis devrait faire une pause estivale lors des JO et sortir du programme. Les joueurs auraient une coupure bienvenue et un autre sport pourrait profiter des JO.

  19. Jo 4 août 2024 at 15:01

    Finale des Jeux olympiques à Roland-Garros. Alcovic. Le meilleur joueur du monde contre le numéro 2 mondial. Quelque chose entre une finale de Masters 1000 et un simple décisif de Coupe Davis dans un temple du Grand Chelem. Un enjeu historique, un stade plein, une ambiance bon enfant. Des supporters serbes et espagnols chauds mais corrects, un tandem féminin de qualité aux commentaires. Un spectacle très agréable.

    • Guillaume 4 août 2024 at 15:13

      Alors ça pour le coup c’est ma très bonne surprise des JO. Partout où j’ai été, ça soutient à fond les Français mais sans aucun dérapage à la clé, aucune volonté de déstabiliser les concurrents étrangers, pas de sifflets, de broncas… C’est très bon enfant.

      (enfin à part les France – Argentine en sport co, évidemment :lol: )

    • Jo 4 août 2024 at 20:28

      Quel exploit ! Golden Slam pour Djokovic qui rejoint Nadal et Agassi dans la légende.

  20. Perse 4 août 2024 at 20:41

    HS : j’ai lu l’Equipe Magazine samedi (comment ne pas acheter l’Equipe après le vendredi historique ?) dont le grand article concernait la chute de Tony Yoka.

    C’était très intéressant mais destructeur pour l’image de Yoka il faut bien le dire. Le ton neutre et précis permettait d’éviter de tomber dans le pathos même si évidemment, on ne peut s’empêchait de ressentir une certaine commisération à l’égard du boxeur.

    Finalement, c’est un exemple relativement classique d’un gosse brimé à réaliser par procuration les rêves des parents et qui n’ont pas eu l’occasion de s’approprier le projet et le rêve.

    Dans le cas de Yoka, de plus ne s’ajoute aucune prédisposition particulière puisqu’il n’a jamais été particulièrement brillant et talentueux. En revanche, la dose de cheval d’entraînement et d’exercice infligé par le père a pu le mener assez loin.

    Il y a également la description d’une éducation en tant que formation de l’homme lacunaire, pour ne pas dire inexistante avec un jeune homme peu autonome etc… Pourtant, il doit également supporter une pression colossale et même parasitaire de son clan comme pourvoyeur de la maille dès la médaille d’or olympique.

    Comme souvent, le milieu du sport est une jungle qui a l’air d’exacerbé d’importantes zones d’ombres de l’expérience humaine et à titre personnel, est-ce que le jeu en vaudrait la chandelle ? J’en doute.

  21. Jo 9 août 2024 at 12:43

    La spéciale dédicace du jour. J’ai entendu un écrivain dire les mots ci-dessous au cours d’une interview. Allez savoir pourquoi, j’ai immédiatement songé à certains d’entre nous (et je m’inclus dedans, un peu d’honnêteté intellectuelle ne nuit pas) :

    « J’avais un côté insupportable à vouloir imposer mes goûts à tout le monde. Je veux que tout le monde aime Proust, Gide, que tout le monde soit fan de Rossellini ou de Guitry. C’est vrai que j’adore admirer, mais j’adore en plus que les autres admirent la même chose que moi. Je ne suis pas très démocratique en termes artistiques. J’adore influencer les gens, pour le meilleur, parce que je pense qu’ils ont tort de ne pas connaître l’œuvre intégrale de Diderot ou de Péguy. Et donc, effectivement, je n’arrive pas à comprendre que l’on ne soit pas sur la même longueur d’onde et que l’on n’ait pas la même sensibilité que moi. »

  22. Achtungbaby 20 août 2024 at 17:23

    Pour les sports aux JO, je virerais le tennis, le foot et le golf, qui ont leur calendrier et leur histoire hors des JO et qui n’en ont donc pas besoin pour continuer de l’écrire.
    Sachant que le tennis s’est malheureusement fait amputer de la compète qui permettait de défendre son pays…

    Mais contrairement à ce qui a été dit plus haut, je garderais le basket qui a une vrai histoire aux JO et que l’on ne voit pas souvent à la télé, qui n’a pas une économie très développée (en tout cas en Europe si on compare aux USA), par rapport aux 3 sports précités.

    • Perse 21 août 2024 at 12:09

      Le basket européen se porte également très bien avec l’Euroligue qui est l’également de la Superligue « d’après » en foot.

    • Colin 23 août 2024 at 21:04

      La visibilité des J.O., épreuve par équipes nationales, est incomparable (et ne peut pas être comparée) à celle de l’Euroligue, épreuve par clubs. La seule comparaison viable, c’est avec les championnats du monde / d’Europe. Et dans ce cas, il n’y a pas photo. Les USA envoient toujours des équipes B ou C aux championnats du monde, quand ils envoient leurs stars aux J.O.

  23. Perse 21 août 2024 at 12:07

    Hello,

    Décidemment la langueur de l’été a raison de la vie du site et même le coup de tonnerre des contrôles positifs de Sinner a été insuffisant pour agiter un peu le fil.

    Qu’en pensez-vous du traitement du cas ? Est-ce qu’il y a eu un 2 poids/2 mesures par rapport au cas de Simona Halep ?

    Apparemment la concentration de la substance dans le cas de Sinner (1 ng) était vraiment au minimum absolu de la détection, ce qui l’a sauvé pour l’essentiel. Malgré ce fil à la patte, finalement ce trimestre plus inconstant demeure impressionnant.

    Pour Cincinnatti, je dois dire que je n’ai pas trouvé le niveau de jeu particulièrement impressionnant dans l’ensemble (les joueurs avaient du mal à centrer leurs frappes) mais Sinner est le meilleur dans l’enveloppe de « shot tolerance » et sa victoire a paru plutôt logique finalement : indébordable et surpuissant, il fait plus souvent céder l’adversaire que l’inverse.

  24. Nathan 22 août 2024 at 15:35

    Réponse de ChatGPT

    « Vous cherchez à savoir à quel seuil de concentration le clostébol commence à avoir un effet dopant sur les performances physiques.

    Le clostébol est un stéroïde anabolisant synthétique, et comme d’autres substances de ce type, son effet dopant dépend de plusieurs facteurs, notamment la dose administrée, la durée d’utilisation, et les caractéristiques individuelles de la personne (telles que le métabolisme, le sexe, l’âge, etc.).

    En termes scientifiques, il est difficile de déterminer un seuil précis dans l’organisme au-delà duquel le clostébol améliore les performances, car cela peut varier en fonction de nombreux paramètres. Cependant, il est généralement admis que les stéroïdes anabolisants, y compris le clostébol, peuvent améliorer les performances physiques en augmentant la synthèse des protéines dans les muscles, ce qui conduit à une hypertrophie musculaire et une augmentation de la force. Ces effets sont généralement observés à des doses supra-physiologiques, c’est-à-dire bien au-delà des concentrations que l’on pourrait retrouver naturellement dans le corps ou par inadvertance.

    En résumé, il n’existe pas de seuil universellement accepté pour le clostébol en dessous duquel on peut affirmer qu’il n’a pas d’effet dopant. Même à de faibles concentrations, cette substance peut potentiellement influencer la performance, en particulier si elle est utilisée sur une période prolongée. »

    Pourtant David Cowan, Professeur qui a oeuvré pendant 30 ans au King’s Collège of London, qui a dirigé le Laboratoire chargé des analyses anti-dopage aux JO 2012, et qui est intervenu comme expert sur l’affaire Sinner dit que la dose retrouvée, si elle avait été intentionnelle, était sans aucune efficacité sur la performance.

    Mais cela n’épuise pas le sujet puisque les questions qui surgissent alors sont : est-ce que cette dose infinitésimale retrouvée pourrait être le reste d’une dose beaucoup plus importante, et cette fois-ci efficace sur la performance, prise antérieurement ? Et si oui, quel moyen aurait-on pu utiliser pour voir si la prise de clostébol était antérieure ? Un peu comme l’histoire de Gasquet et du baiser à l’insu de son plein gré; est-ce qu’une analyse des cheveux de Sinner aurait pu éclairer la question ?

    Bref c’est une histoire bien compliquée ! Seule certitude, quand on est champion de tennis, il ne faut ni baiser, ni se faire masser. Le sport de haut niveau est un sacerdoce, comme aurait dit l’Abbé Pierre.

    Deuxième question, cher Perse : et les autres condamnés ? Injuste ou pas ? Traitement préférentiel ou pas ? Si les autres joueurs alléguant une prise non intentionnelle de produit dopant ont été condamnés, faut-il en conclure que le brave Sinner aurait dû l’être lui aussi ?

    C’est aller un peu vite en besogne, me semble-t-il. Il faudrait comparer chaque cas très précisément avec celui de Sinner. Sinner apporte beaucoup d’explications plausibles et vérifiables. Est-ce le cas de tous ?

    Bref, my opinion is : Sinner non coupable. Mais je me pose quand même des questions.

  25. Nathan 22 août 2024 at 15:43

    Une chose est certaine par contre, vu l’affluence du site, les afficionados de 15Love ne prenneent pas de clostebol. Ce qui est une bonne nouvelle.

    • Rubens 22 août 2024 at 17:26

      Présent. Mais pas le temps de répondre pour l’instant. Enfants en bas âge.

    • Nathan 22 août 2024 at 19:34

      A moins que certains, profitant des vacances et de l’affaiblissement des contrôles pendant cette période, se gavent de clobestol pour travailler leurs fonds tennistiques à donf, pour être clean et en forme à la rentrée ?

      A chacun sa vérité, à chacun son dopage, à chacun sa pyramide (autre expression du dopage réussi) !

  26. Anne 22 août 2024 at 17:39

    L’affaire Sinner me fait surtout dire que… la plupart des joueurs qui l’ont si rapidement ouvert sur le sujet semblent surtout bien mal informés sur tout ce qui est lié au dopage. A commencer par Pouille qui compare cette affaire à celle d’Ymer… et semble carrément remettre en cause le principe des contrôles inopinés car pour lui, trois « no shows » ne justifient pas de sanction puisque… le-dit joueur n’avait jamais été contrôlé positif avant.
    Et aussi qu’il faudrait qu’ils lisent les attendus d’une décision. Surtout quand elle est aussi détaillée que pour Sinner, tout en restant assez compréhensible.

    Il semble que Sinner soit surtout nettement mieux défendu que Halep. Et dans les deux cas, on ne peut même pas reprocher au premier d’être nettement plus riche que la deuxième. Visiblement, dans le cas Sinner il a fait appel dès que (l’immédiateté jouant visiblement un rôle primordial) les deux contrôles positifs lui ont été notifiés, avec en plus des arguments tels que selon des experts indépendants étaient plausibles. Deux points, qui a priori, semblent totalement différer du cas Halep. Et c’est, de ce que je comprends, ce qui a fait qu’il n’a été suspendu que quelques jours les deux fois.
    Après, il a juste pris le risque… d’avoir joué pour du beurre s’il était finalement sanctionné. Ce qui aura d’ailleurs été le cas pour Indian Wells.

    C

    • Perse 22 août 2024 at 18:02

      Les attendus étant disponibles et bien rédigé (https://www.itia.tennis/media/yzgd3xoz/240819-itia-v-sinner.pdf), il semblerait bien qu’il n’y a pas grand chose à reprocher à Sinner dans le cas d’espèce.

      D’après Sport & Vie, le cas d’Halep était nettement plus flou et contestable par exemple. Pour le cas de Cilic, la négligence de la part du joueur avait été retenu (il n’avait pas vérifié expressément auprès de la pharmacienne le contenu du produit, y compris l’ingrédient soupçonneux – le prenant pour un faux ami en croate -).

      • Perse 22 août 2024 at 18:57

        Et pour continuer je vous recommande de lire la partie sur la jurisprudence avec la revue du cas Gasquet, Johaug (ski de fond), Errani, Santos (natation) etc…

        Honnêtement, j’admire la casuistique juridique et je trouve que les attendus écrase sans problème les chouineries sur Twitter de l’écosystème du tennis.

        La défense de Sinner a dû coûter un pognon de dingue mais elle a été compétente et diligente pour décharger la faute de Sinner. Sinon on a encore la preuve que la réalité dépasse l’imagination en matière d’imbroglio possible.

        Le physio de Sinner a toutes les chances de prendre la porte après cet épisode même si en prenant de la hauteur, cela reste une négligence très bégnigne.

        Il en ressort de tout ça qu’un sportif pro ne peut littéralement pas aller à la pharmacie récupérer une ordonnance et doit se faire accompagner d’un spécialiste et même vérifier scrupuleusement les ingrédients (ce qui a perdu Thérèse Johaug par exemple).

        • Colin 23 août 2024 at 17:27

          « Le physio de Sinner a toutes les chances de prendre la porte après cet épisode »
          Bien vu. 24 heures plus tard, c’est confirmé.

          • Rubens 23 août 2024 at 20:30

            Pas le temps de développer. Mais si réellement le physio était à ce point un incompétent, le Béornide n’aurait pas attendu 5 mois pour le renvoyer. Le coup du physio de l’un des meilleurs joueurs du monde qui va en pharmacie pour acheter un produit interdit, personne ne me le fera avaler.

            Mais ce n’est même pas le point qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est la communication autour de cet épisode. Les communiqués sentent le… communicant à plein nez, c’est-à-dire qu’ils ne nous donnent pas seulement des faits, ils nous disent également ce qu’il faut en penser.

            Du reste, si faute il y a, nous sommes dans le registre du dopage, qui reste un cran en dessous de la falsification de documents médicaux et de la mise en danger d’autrui (Slip, AO 2022).

            • Perse 23 août 2024 at 23:06

              Rubens,

              Lis l’attendu, c’est transparent. Là tu tournes avec de mauvaises informations et tu t’emballes. J’insiste vraiment là-dessus. Le CR journaliste résume de façon honnête mais trop lacunaire, lire la source est indispensable dans le cas d’espèce.

              Dans les faits, les 2 personnes fautives ont disparu dès le mois de juin (c’est-à-dire quand la défense a pu réunir les pièces de l’imbroglio et les fournir au jury).

              Sinner a été sanctionné pour le tournoi où il a été positif, ce qui est juste.

              Oui le kiné a été incompétent, et la justice prend bien en compte l’intégralité des diableries de la vie et sa créativité pour donner des situations merdiques.

              Le fait est qu’en Italie est une crème cicatrisance contenant une substance prohibée en vente libre et que l’écrasante majorité des cas positifs à cette substance provient des italiens et de ce spray.

              Et Sinner est parvenu à montrer de façon plausible qu’il avait fait sa part de boulot pour se conformer à l’anti-dopage et qu’il a été victime d’une erreur humaine faisant suite à un enchaînement improbable de circonstances.

              Et son cas n’a rien à voir à celui de Halep qui avait des anomalies de passeport biologiques en sus des échantillons positifs.

        • Perse 23 août 2024 at 18:59

          100% logique que les 2 payent pour la matérialité du contrôle positif. Même si ce qui ressort des attendus, la faute relève nettement du physio tandis que M. Ferrara endosse la responsabilité (c’était le délégataire de la conformité globale à l’anti-dopage avec de facto une obligation de résultat).

          Le fait que le spray n’ai jamais la salle de bain de la chambre de M.Ferrara par exemple « sauve » Sinner de toute suspension et la divergence dans les témoignage quant à l’avertissement a le bémol que M. Nardi a lui-même reconnu qu’il n’était pas dans son assiette dans cette période en raison de gros soucis familiaux.

          Grosse pression pour les successeurs

  27. Rubens 24 août 2024 at 00:30

    Perse,

    Que des gens du barreau sachent écrire un argumentaire bétonné, encore heureux, c’est même leur métier :mrgreen: Quant aux communicants, ils ont des colles en prépa HEC où ils doivent improviser à l’oral sur la sexualité des pots de yaourts. Je prends ces gens-là très au sérieux, ils réussissent quotidiennement des prouesses.

    Anne, je prends aussi ta remarque : les réactions des autres joueurs démontrent que leur compétence à eux, c’est de jouer au tennis, pas de parler. Quand on parle sur X de toute façon, on n’a que 280 signes, c’est bien peu pour faire dans la nuance.

    Mais cette affaire s’ajoute à une longue liste de malencontreuses histoires de dopage où il est question de l’incompétence de l’entourage et/ou d’une malencontreuse erreur. Et il se trouve que je suis fatigué, ici comme dans tant d’autres domaines de l’actualité, qu’un sous-titrage de sous-titrage soit systématiquement nécessaire quand une info arrive. M’informer est une souffrance, mais de temps en temps, quand par exemple la Russie envahit l’Ukraine, je me rassure en me disant que mes propres lectures annonçaient l’imminence de l’événement un mois avant et que mes focales sont bien réglées.

    Pour ma part, je maintiens qu’il est tout simplement inconcevable qu’un kiné ou un physio faisant partie de l’entourage d’un des meilleurs joueurs du monde en tennis ne soient pas informés qu’un spray fournissant un produit toléré en Italie mais considéré comme dopant ailleurs a déjà été repéré dans des cas similaires, notamment italiens en effet. Inconcevable aussi, à supposer qu’ils ne le sachent pas, qu’ils n’aient pas la prudence minimale de vérifier sur la notice du spray ce qu’il contient. Un peu moins inconcevable, juste un peu, que le joueur ne les vire pas DANS LA MINUTE. Car leur compétence à eux, c’est d’empêcher ce genre de choses.

    Je n’ai pas la moindre idée des raisons pour lesquelles Jannik Sinner s’est fait pincer à deux reprises en mars dernier. Je n’ai pas non plus la moindre idée de ce qui s’est passé avec Simona Halep. Mais je suis sûr d’une chose : que le grand public sache que Sinner se dope serait bien plus grave pour le tennis que de savoir que Halep se dope. Ce que l’ampleur des réactions aujourd’hui confirme à tous les niveaux.

    Pardon pour ce post qui relève d’un cynisme abyssal. Mais je précise que si j’apprenais que Sampras et Federer se sont dopés au cours de leur carrière, je continuerais quand même à les regarder sur Youtube. Moi aussi j’ai besoin de croire à certaines choses, avant tout parce que c’est reposant :smile:

    • Perse 24 août 2024 at 08:06

      Il y a tout de même un gros biais dans ton raisonnement qui s’appelle l’effet d’escalier.
      C’est toujours facile de dire « il aurait fallu que… » une fois que l’on a tous les éléments en main.

      Il a quand fallu faire une enquête, remonter l’arbre des causes, réunir des preuves avant de statuer et tout ceci n’est pas instantané.
      Dès lors, il était matériellement de virer ces deux personnes du staff dès mars.
      Dans les faits, la collaboration a cessé en juin, ce qui parait un délai raisonnable pour prendre une décision basée sur des faits établis et compris.

      Ton avant-dernier paragraphe montre l’absence d’effort pour remonter à la source alors qu’elle est disponible et transparente. Chouiner et se regarder le nombril n’aide en rien.

      Concernant le paragraphe d’avant, en lisant les attendus tu apprendrais que le préparateur physique savait parfaitement que le spray avait une substance prohibée et qu’il fallait être précautionneux. C’est le kiné qui a merdé, ainsi que les circonstances (M. Ferrara n’a pas imaginé la possibilité d’une contamination dermique pour ce produit là).
      D’ailleurs, l’ensemble des précautions prises préalablement à la faute du kiné « sauvent » justement Sinner de toute suspension dans l’argumentaire.

      Si tu veux tout savoir, les attendus du cas Halep sont également toujours disponibles, font 126 pages (au lieu de 33 pour Sinner) et si l’on peut reprocher une habile casuistique de l’ITIA pour sauver sa face, le fait est que Simona avait une barque nettement plus chargée.

      En effet, Halep en plus du Roxadustat a eu des anomalies de passeport biologique. Pour la non-levée de la suspension provisoire, le tribunal considérait que les éléments de preuves réunis quant à la contamination n’étaient pas suffisamment forts.

      Au vu de la bataille d’experts (sur les méthodes de test, les études de contrôle etc…) le temps matériel nécessaire était important. Quand on lit tout le déroulé de la contreverse et des preuves, désolé mais cela est solide.

      Finalement, après une énorme enquête et un grand nombre d’aller-retours entre les experts, le tribunal a déterminé qu’il était possible que le KetO MCT pouvait être contaminé (en faveur d’Halep) mais que la concentration détectée dans les échantillons était beaucoup trop importante pour être l’unique raison.
      Par conséquent, il y avait également une autre source. Sur ce point, pas de preuves ni rien. L’enjeu pour l’autre source était de prouver qu’il n’y avait ni fautes ni négligence de la part d’Halep.
      Le tribunal mentionne clairement que dans ses conclusions paradoxales, c’est le point 1 qui est le plus faible et serait jeté à la poubelle en premier si nécessaire.

      Finalement Halep se fait pincer par son passeport biologique de façon assez certaine et le Roxadustat fait au vu des attendus plus office d’ecran de fumée pour être honnête. Il y avait vraiment anguille sous roche avec son cas.

      • Rubens 24 août 2024 at 11:27

        Je te remercie pour ces compliments qui me vont droit au coeur. Il se trouve que ma lecture de l’Anglais est assez dégradée. Je concentre mes efforts pour lire l’Anglais sur des sujets que je juge plus importants que le tennis. D’autant que pour ce qui est du contenu de ce texte, tu sembles très bien faire le job.

        Mais il est vrai que je me sens en décalage de plus en plus croissant avec les « informations » telles qu’elles nous sont livrées. Ma semaine estivale dans les Pyrénées, assortie chaque année de l’écoute de podcasts en retard pendant que je marche, a été particulièrement féconde cette année. J’en ressors avec un scepticisme renouvelé sur la fabrique de l’information, son écosystème et ses ressorts.

        Tu n’as pas besoin de mon blanc-seing pour te faire ton opinion sur l’affaire Sinner. S’il ressort blanchi de cette affaire, tant mieux pour lui, et peut-être tant mieux pour le tennis. D’autant que peut-être en effet il est innocent.

      • Perse 24 août 2024 at 12:18

        « Je te remercie pour ces compliments qui me vont droit au coeur. »

        Je ne sais pas tout à fait comment le prendre, sache en tout cas que j’adore tes écrits, tes argumentaires et ta plume et qu’il n’y avait aucune intention de te heurter et qu’il n’y a aucune hostilité de ma part.

        Simplement, on est dans un contexte où la loi de Brandolini s’applique et pour le cas Sinner c’est 33 pages, 126 pour Halep. Personnellement, j’ai trouvé la restitution journalistique honnête et toute l’agitation dans un verre d’eau montre plutôt le niveau 0 de beaucoup de gens qui préfèrent brailler plutôt que de creuser les éléments.

        Bien sûr qu’il n’est nul besoin d’avoir ton approbation pour penser :) d’autant en plus qu’il n’y a in fine aucune opacité dans cette affaire, tout est dans les attendus qui sont accessibles gratuitement.

        Au moins tu sauras qu’il y a une fausse équivalence fallacieuse entre le cas Halep et le cas Sinner, que cet argument est tout simplement non-avenu une fois que l’on est informé.

        • Rubens 24 août 2024 at 12:24

          « Chouiner et se regarder le nombril n’aide en rien. »

          • Perse 24 août 2024 at 14:12

            Désolé, ce n’était pas une attaque personnelle. Seulement une fois n’était pas coutume, j’ai trouvé ton argumentaire un peu léger.

  28. Nathan 24 août 2024 at 18:15

    Les explications fournies, si elles révèlent un professionnalisme un peu douteux dans l’environnement pourtant très fourni du n°1 mondial, semblent toutefois plausibles. Par ailleurs, le niveau infinitésimal de la dose relevée soulève la question : « A quoi, tout ça pourrait-il bien servir ? ». Enfin, dans les explications fournies, la notion de vigilance de l’Italien a bien été traitée par la défense avec là encore des arguments crédibles. Je dis bien dans les explications fournies. A partir de là, juridiquement, le raisonnement juridique de la défense se tient. Ajoutons à cela que le droit n’est pas la justice. Bref, dans ce contexte, la décision rendue n’est pas étonante.

    Ajoutons encore à cela, mais là ce n’est pas juridique, c’est un sentiment personnel, qu’attendre d’un sportif le zéro défaut en matière de vigilance anti dopage, me semble une position extrême, excessive (et tout ce qui est excessif… etc.), sauf à vouloir transformer le dit sportif en paranoiaque fini.

    Cela étant, dans cette affaire, je trouve que l’expertise n’a pas été très curieuse. En particulier sur le point de savoir – question que j’ai déjà formulée plus haut mais qui ne semble pas avoir beaucoup retenu l’attention – si l’usage du produit interdit, le clostebol, était une pratique régulière dans l’histoire du n° 1 mondial. Car si c’était la cas, bien entendu, cela changerait complètement la donne.

    Je ne sais pas si scientifiquement cela a un sens, je ne suis pas un spécialiste de l’anti-dopage, mais pourquoi aucune analyse des cheveux de Sinner n’a été faite ou proposée par la défense du joueur pour voir ce qu’il en était de ce côté-là ?

    On sait que postérieurement à Indian Wells, Sinner a perdu beaucoup de masse musculaire. Certes, il était blessé à la hanche, donc moindre entrainement. Mais cette perte musculaire ne serait-elle pas consécutive à un teste positif qui l’aurait rendu abstinent et vertueux ?

    En tout cas, je trouve qu’on n’a pas été très curieux sur ce point.

    • Perse 24 août 2024 at 19:03

      Apparemment le clostebol est le pendant italien du meldonium des sportifs de l’Est.
      Il y a déjà une grosse jurisprudence et littérature sur ces cas de contamination en raison de ce spray vendu spécifiquement sur le marché italien.
      La dose était vraiment suffisamment faible pour conforter l’hypothèse de la contamination sans effet dopant proprement dit.
      Par ailleurs, Sinner a apporté suffisamment de preuves sur le fait qu’il n’avait ni été vu ni été en contact avec le tube de spray incriminé.

      Le jury a jugé qu’au vu des éléments de preuves et de la dose trouvée, il n’y a pas de quoi demandé une analyse de cheveu puisqu’il n’a jamais été question de prise (au contraire du cas Halep) mais bien de contamination transdermique.

      La différence avec le cas Halep étant que Halep a tenté de faire porter le chapeau sur un complément alimentaire lui-même contaminé (ce complément n’étant pas sensé avoir du Roxadustat dans sa compo) et donc une faute du fabricant.

      En outre, pour Halep la quantité trouvée était trop élevée pour que seule une contamination à dose infime du complément puisse expliquer le résultat.

      • Nathan 24 août 2024 at 19:26

        De toute façon, il faudrait être un peu bas du front, non pas pour se doper, mais pour se doper avec un vieux stéroîde anabolisant quand on est n°1 mondial. Ce serait suicidaire.

        On ne peut même pas dire que ce serait un usage infinitésimal du produit poour, je ne sais, j’aimagine, obtenir un meilleur état d’exitabilité ou autre, puisque la molécule n’étant pas produite par le corps humain, la substance, même, à dose infinitésimale, est immédiatement décelée.

        Cela étant, ta réponse ne répond pas exactement à mon interrogation suspicieuse : est-ce que la dose infinitésimale, sans effet particulier dopant possible, pourrait être le reste d’un dopage plus massif effectué à l’entrainement pour augmenter sa caisse physique ? A mon avis, c’est une question qu’ils auraient dû se poser et qu’ils n’ont pas voulu poser. Ce qui est idiot parce que cela l’aurait lavé de tout soupçon.

        • Perse 24 août 2024 at 19:32

          Pour détecter les gros dopages hors-compétition, c’est l’affaire du passeport biologique et du suivi longitudinal.
          Prendre de grosses doses de stéroïdes anabolisant fout les paramètres sanguins en l’air et c’est assez facile à détecter.

          C’est ce qui a foutu Halep dans la mouise d’ailleurs (des anomalies dans son passeport biologique allant dans le sens d’un dopage à des produits de la veine du Roxadustat).

          Or, de ce côté là, il semblerait que Sinner soit propre et que donc il n’y a pas de raison de soupçonner un programme de dopage sous le radar ou hors-compétition (c’est devenu compliqué étant donné la longueur des saisons en tennis – 11 mois -) à l’inverse d’Halep.

          • Nathan 24 août 2024 at 19:45

            Je suis d’accord, le cas d’Halep est très sensiblement différent.

            Ok pour le profil longitudinal. De toute façon, je ne suis pas compétent sur le sujet. Mais bon, une petite analyse de cheveu, deux précautions valent mieux qu’une, ne dit-on pas ?

          • Perse 24 août 2024 at 20:11

            Pour l’analyse du cheveu, ça sert à prouver présence de la substance et la fenêtre de détection est effectivement plus longue. Mais elle n’était d’aucune utilité puisque la présence de la substance n’a pas été remise en cause par Sinner.

            Or l’habilité de la défense de Sinner est de n’avoir jamais contesté ce point : cela a été immédiatement reconnu par la partie défendante.

            Comme il n’y avait pas litige sur ce point, il n’y a pas eu recours à l’analyse capillaire.

            L’affaire est toujours resté simple pour Sinner, pas eu d’écran de fumée ni de complication. Le laboratoire et l’ITIA n’ont pas été remis en cause et par conséquent il n’y a pas eu de montée dans les tours.

            L’ITTIA n’avait pas de biscuit pour soupçonner un programme de dopage chez Sinner au contraire d’Halep. Il y a eu en revanche 2 tests positifs qui n’ont pas été contesté.

            La thèse d’une contamination est apparu très plausible dès le départ et Sinner a su rapidement convaincre qu’il n’y avait ni faute ni négligeance de sa part dans le cadre du réglement antidopage (ça reste un enchaînement de circonstances improbable avec 2-3 diableries).

  29. Perse 27 août 2024 at 23:07

    Début de l’US Open plutôt bien calme sans secousses majeure.

    Bon le champion grec a encore perdu au premier tour de l’US Open, il n’aime manifestement pas le dur US.

    Auger-Aliassime a perdu contre Mensik, surprise à 50% (gros talent que Mensik).

    Sinner a un peu de retard à l’allumage mais pas de stress.

    A la rigueur, c’est la victoire de Goffin qui constitue la surprise principale du 1er tour contre Tabilo.

    Tableau féminin, Swiatek n’a pas distribué de bagel dans ce 1er tour accroché et c’est Ostapenko qui a subi le météore Osaka, pas de chance pour elle.

    Garcia battue encore.

  30. Perse 30 août 2024 at 13:44

    Personne pour réagir à la défaite en rase campagne d’Alcaraz ? Le score est vraiment sec et Botic bien que solide joueur établi n’avait pas la réputation d’être un coupeur de tête.

    Du point de vue quantitatif, cela fait l’équivalent du 2ème tour de RG 2023 pour Sinner même si le contenu est très différent (Sinner avait perdu plus contre le destin que contre le Altmaier). Grosse pression pour Sinner en tout cas maintenant. Il est ultra-favori.

  31. Colin 30 août 2024 at 15:48

    L’autre jour je regardais les highlights de la défaite au premier tour, sèche, très sèche, de Shapovalov contre BvdZ. Et je me disais que, décidément, ce pauvre Deuni semblait définitivement perdu pour la science. Se faire désosser de la sorte par le modeste batave, franchement, c’est la fin.
    Et puis…
    Et puis Alcaraz a fait à peine mieux, ce qui me redonne quelques (maigres) espoirs pour mon poulain.

  32. Perse 31 août 2024 at 15:29

    L’US Open fait de bonnes vidéo, notamment les « condensed matchs » qui font permettent d’éviter tous les temps morts tout en suivant la dynamique du match. Bref, de faire comme Rubens sans les inconvénients.

    A ce titre, j’ai trouvé le match de Muchova contre Osaka super. Dommage que la Tchèque soit si souvent convalescente parce qu’elle est géniale à regarder.

    Côté tableau masculin, grande pression pour Sinner qui a un énorme boulevard et n’a aucune excuse pour céder. Ce pourrait être également l’opportunité pour Zverev dont la caisse physique est mine de rien inégalée à l’heure actuelle sur le circuit.

  33. Perse 3 septembre 2024 at 22:10

    @Rubens : une délicieuse compilation de coup de « main » de Sinner réalisée par Raz Ols, l’un des meilleurs producteur de contenu sur l’ATP à mon sens : https://www.youtube.com/watch?v=2rc94FUfN48

    Dire que Sinner est pourtant considéré (à plutôt juste titre à mon sens) comme fruste niveau main, cela dit beaucoup de la qualité générale des meilleurs mondiaux.

    Parce qu’en effet, Alcaraz est 3 galaxie au-dessus dans ce style de points.

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